• 21 Madame la Notairesse en images anciennes

     

     

     

    21 Madame la Notairesse en images anciennes

     

    1 La chanson de Fortunio, le jeune clerc de l’étude amoureux de la notairesse (Le Chandelier, d’Alfred de Musset, Acte II, scène 3).

     

     

     

     

    Pour masquer ses coupables amours, Jacqueline, l’épouse du Notaire, Maître André, a pris un « chandelier » : Fortunio, le tout jeune clerc de l’étude (selon le dictionnaire d’Emile Littré, dans le langage de la galanterie, Chandelier est le nom de ceux qu'on a mieux nommés paravents, et que l'on rend l'objet de la jalousie du mari, lorsque c'est un autre qui courtise la femme). Touchée par l'amour de celui-ci, elle finira par tomber dans ses bras.

     

    Lors d’un repas, en présence de Maître André, de son épouse, Jacqueline, et du jeune clerc Fortunio, ce dernier, au dessert, à la demande de son patron, chante une chanson qu’il adresse, en termes voilés, à celle qu’il aime encore en secret.

     

     

    Si vous croyez que je vais dire

    Qui j'ose aimer,

    Je ne saurais pour un empire

    Vous la nommer.

     

    Nous allons chanter à la ronde,

    Si vous voulez,

    Que je l'adore, et qu'elle est blonde

    Comme les blés.

     

    Je fais ce que sa fantaisie

    Veut m'ordonner,

    Et je puis, s'il lui faut ma vie,

    La lui donner.

     

    Du mal qu'une amour ignorée

    Nous fait souffrir,

     

    J'en porte l'âme déchirée

    Jusqu'à mourir.

     

    Mais j'aime trop pour que je aie

    Qui j'ose aimer,

    Et je veux mourir pour ma mie,

    Sans la nommer.

     

     

     

       Pour les amateurs, voici une interprétation merveilleuse de la chanson de Fortunio de l'opéra comique Fortunio, écrit par Jacques Offenbach en 1861, inspiré de la pièce d'Alfred de Musset, par le ténor canadien Paul Trépanier, en 1975 :

     

    Paul Trépanier - La Chanson de Fortunio (Jacques Offenbach)

     

     

     

     

     

     

     

    21 Madame la Notairesse en images anciennes

                     

                         2 De l’intimité de Madame la Notairesse (dessin d’A. Gaillard)

     

     

    EN VISITE

     

    - Ah ! Madame, si vous voyiez sa propriété, quel confort !

     

    - Ah ! Vous connaissez l’intérieur de Madame la Notairesse ?

     

    - Très bien, c’es moi qui l’ai passée aux rayons X !

     

     

     

     

     

     

     

    21 Madame la Notairesse en images anciennes

                    3 Le Notaire, ses enfants et son épouse au théâtre. Pendant le ballet !

     

     

     

     

    Libres propos sur l’épouse du notaire par Honoré de Balzac (in « Les Français peints par eux-mêmes : encyclopédie morale du dix-neuvième siècle », 1840-1842, tome second, page 103 et s.  (Paris, L. Curmer, éditeur) :

     

     

    Le notaire pourrait se consoler des affaires par l’amour conjugal; mais pour lui le mariage est plus pesant que pour tout autre homme. Il a ce point de ressemblance avec les rois, qu’il se marie pour son état et non pour lui-même. Le beau-père voit également en lui moins l’homme que la charge. Une héritière en bas bleus, la fille née avec les bénéfices d’une moutarde quelconque, ou de quelque bol salutaire, du cirage ou des briquets, il épouse tout, même une femme comme il faut.

     

    Si quelque chose est plus original que la plate-bande des notaires, peut-être est-ce celle des notairesses. Aussi les notairesses se jugent-elles sévèrement : elles craignent avec de justes raisons d’être deux ensemble, elles s’évitent et ne se connaissent point entre elles. De quelque boutique qu’elle procède, la femme du notaire veut devenir une grande dame, elle tombe dans le luxe : il y en a qui ont voiture, elles vont alors à l’Opéra Comique. Quand elles se produisent aux Italiens, elles y font une si grande sensation que toute la haute compagnie se demande : Que peut être cette femme ? Généralement dénuées d’esprit, très rarement passionnées, se sachant épousées pour leurs écus, sûres d’obtenir une tranquillité précieuse, grâce aux occupations de leurs maris, elles se composent une petite existence égoïste très-enviable ; aussi presque toutes engraissent-elles à ravir un Turc.

     

    Il est néanmoins possible de trouver des femmes charmantes parmi les notairesses. A Paris le hasard se surpasse lui-même : les hommes de génie y trouvent à dîner, il n’y a pas trop de gens écrasés le soir, et l’observateur qui rencontre une femme comme il faut, peut apprendre qu’elle est notairesse. Une séparation complète entre la femme du notaire et l’Étude a lieu maintenant chez presque tous les notaires de Paris. Il n’est pas une notairesse qui ne se vante de ne pas savoir le nom des clercs et d’ignorer leurs personnes. Autrefois, clercs et notaire, femme et enfants dînaient ensemble patriarcalement. Aujourd’hui ces vieux usages ont péri dans le torrent des idées nouvelles tombées des Alpes Révolutionnaires. Aujourd’hui, le premier clerc seul, dans beaucoup d’Études, est logé sous le toit authentique, et vit à sa guise, transaction qui arrange mieux le patron.

     

     

     

     

     

     

     

    La femme du notaire. Une aventure de Jacques Gipar

     

    4 La femme du notaire. Une aventure de Jacques Gipar, t. 4 (auteur Thierry Dubois, illustrateur Jean-Luc Delvaux, éditions Paquet. 2013).

     

     

    Jacques Gipar, un journaliste de France Enquêtes, accompagné de Petit Breton, se rend, au volant de sa voiture, près d’Amiens où l’amant de l’épouse d’un notaire a été abattu. Le notaire, à son tour, est assassiné et l’un de ses clercs disparaît…

     

     

     

     

     

    le hall et l’entrée du Bon Marché en 1872

    5. Transformation de la future notairesse en passant une heure dans le Grand magasin du Bon Marché (le hall et l’entrée du Bon Marché en 1872. Source : Bnf.).

     

     

    Comment devient-on notairesse ou notaresse ? En étant « femme d’un notaire » nous répond Emile Littré dans son dictionnaire avec la précision selon laquelle « notairesse » est un néologisme et qu’il faut dire et écrire « notaresse », peu lui important que mon vérificateur d’orthographe Word souligne notaresse en rouge. Mais comment devient-on « femme d’un notaire » ? Tout simplement en épousant un notaire. Deux circonstances se présentent alors.

     

    - La première circonstance est celle d’une toute jeune fille qui se laisse draguer par un jeune monsieur, fils de notaire, qui fait son droit à l’Université pour devenir clerc dans l’étude de son père, puis, à la retraite ou au décès de ce dernier, notaire en titre.

     

    Voici donc pour illustrer mon propos une série de chromos, datée 1880, du célèbre magasin Au Bon Marché, dans le 7ème arrondissement de Paris, aujourd’hui dénommé Le Bon Marché.

     

     

     

     

     

     

    21 Madame la Notairesse en images anciennes

               6 Jeannette de retour au pays est remarquée par le fils du notaire.

     

     

     

     

     

     

    21 Madame la Notairesse en images anciennes

         7 Se rendre à la gare pour prendre un billet fut pour elle l’affaire d’un instant.

     

     

     

     

     

     

    21 Madame la Notairesse en images anciennes

    8 Une heure passée dans les magasins du Bon Marché amène une transformation complète.

     

     

     

     

     

     

    21 Madame la Notairesse en images anciennes

    9 Le fils du notaire épouse Jeannette et en fait une des personnes importantes du canton.

     

     

     

     

    21 Madame la Notairesse en images anciennes

    10 Un mariage d'amour ! Monsieur vous êtes la honte du notariat moderne ! (réplique de Buzonville, un ancien notaire. Un notaire à marier. Comédie –vaudeville en trois actes d’Eugène Labiche. 1853).

     

     

    - La deuxième circonstance pour devenir femme d’un notaire est de se marier avec un notaire titulaire de son office, célibataire ou veuf. Toutefois, ainsi que nous le rappelle Eugène Labiche dans sa comédie-vaudeville, écrite avec Marc Michel et Arthur de Beauplan, Un notaire à marier, l’amour ou sentiment d’affection peut être ignoré. Je vous invite à le vérifier en lisant cette comédie ci-après reproduite en fichier PDF.

     

     

     

    11 Un notaire à marier. Comédie-vaudeville d’Eugène Labiche. 1853). Texte complet en PDF.

     

     

     

     

     

    Réception : Maître Moisi, Notaire et Madame, née Letude (dessin de Herman Paul, en couverture du n° 60 du 23 décembre 1900 du magazine humoristique Le Sourire, créé en 1899

    12. Réception : Maître Moisi, Notaire et Madame, née Létude (dessin de Herman Paul, en couverture du n° 60 du 23 décembre 1900 du magazine humoristique Le Sourire, créé en 1899 avec pour rédacteur en chef Alphonse Allais).

     

     

     

     

     

    Photographie de Maître t’Serstevens, notaire à Bruxelles, Circa. 1900. © : Husson Editeur/Institut Royal du Patrimoine Artistique

    13 Madame la Notairesse, vue de dos (photographie de Maître t’Serstevens, notaire à Bruxelles, Circa. 1900. © : Husson Editeur/Institut Royal du Patrimoine Artistique).

     

     

       Pour terminer cette série sur les notairesses (ou notaresses), voici  du presque contemporain avec la photographie de l’une d’entre elles prise de dos, avec des proches, par son époux. Celui-ci, Henri t’Serstevens (1868-1933), s’était pris de passion à la fois pour le Droit (docteur de l’Université Libre de Bruxelles), le notariat (il reprit l’étude de son père Ignace François Emile t’Serstevens et sera notaire jusqu’en 1929), et une jeune femme, du nom de Marie Dastot, qu’il épousa lui offrant ainsi le titre envié de « notairesse » !