•  

     

     

    Philocléon : ma passion d’être juge (Les Guêpes d’Aristophane)

                                            1 Aristophane : c’est qui ce type ?

     

    - Ce soir, je joue le rôle du juge Philocléon dans une pièce d’Aristophane, Les Guêpes.

    - Voilà une comédie qui doit être bien légère ! Oh ces jeunes auteurs de Boulevard !

     

    Je rappellerai pour ceux qui n’ont pas lu les pages (excusez-moi, les posts!) précédentes de ce blog, qui m’occupe les jours de pluie sur la côte d'Opale, qu’Aristophane était l’un des principaux poètes de la Grèce antique, avec Eschyle, Sophocle et Euripide.

     

    Toutefois, alors que ses concurrents écrivaient et faisaient jouer des tragédies, Aristophane, lui, préférait les comédies. Parmi celles-ci Les Guèpes qui décrit la folie de juger sans cesse dont est atteint Philocléon.

     

     

     

     

    Le théâtre : une représentation chez les anciens grecs (vignette Liebig des années 1930

    2 Le théâtre : une représentation chez les anciens grecs (vignette Liebig des années 1930)

     

     

    Cette illustration publicitaire enfantine d’une représentation théâtrale sous la Grèce antique est un peu fantaisiste.

     

     

    D’abord, à l’époque, les acteurs étaient tous masculins.

     

     

    Ensuite, ils portaient un grand masque, à l'expression triste ou gaie, qui cachait leur visage (un peu comme celui reproduit à la partie supérieure de l’image Liebig), et permettait d'amplifier leur voix.

     

     

    Enfin, pour paraître plus grand, ils étaient juchés sur des chaussures à semelle très haute, appelées cothumes. 

     

     

     

     

     

    Aristophane, Les Guêpes (image extraite d’une série de six vignettes Liebig des années 1930

    3 Aristophane, Les Guêpes (image extraite d’une série de six vignettes Liebig des années 1930 représentant six comédies différentes d’Aristophane)

     

     

    Aristophane Les Guêpes. La passion d’être juge (548-649)

     

    PHILOCLÉON

     

    Je vais, dès le début même, prouver que notre pouvoir ne le cède à aucune royauté. Qu'y a-t-il de plus heureux, de plus fortuné qu'un juge ? Quelle vie est plus délicieuse que la sienne ? Quel animal plus redoutable, surtout quand il est vieux?  A peine je sors du lit, des hommes, hauts de quatre coudées, m'escortent au tribunal : dès que je parais, je me sens pressé par une main délicate qui a dérobé les deniers de l'État ; les coupables tombent à mes pieds, en disant, d'une voix lamentable : « Aie pitié de moi, mon père, je t'en conjure par les larcins que tu as pu faire toi-même dans l'exercice des charges publiques, ou dans l'approvisionnement des troupes ! » Eh bien, celui-là ne saurait pas même que j'existe, si je ne l'avais acquitté une pre­mière fois.

     

    BDÉLYCLÉON

     

    Bon ; l'article des suppliants... Je note cela sur mes tablettes.

     

    PHILOCLÉON

     

    Ensuite, je prends place au tribunal, chargé de supplications, et, ma colère une fois cal­mée, je ne fais rien de tout ce que j'ai promis ; mais j'entends les voix d'une foule d'accusés qui réclament leur acquittement. Voyez ! quelles caresses ne fait-on pas alors au juge ? Les uns déplorent leur misère, et ajoutent des maux supposés à leurs maux réels, jusqu'à ce que leurs plaintes les égalent aux miens ; les autres nous racontent des histoires, et d'autres quelque trait comique d'Ésope; ceux-là disent quelque bon mot, pour me faire rire et désarmer ma rigueur. Si rien de tout cela ne me touche, ils amènent leurs enfants par la main, filles et garçons ; j'écoute, et, baissant la tête, ils bêlent tous ensemble. Le père, tremblant, rue supplie comme un lieu de l'absoudre, par pitié pour eux : « Si tu aimes la voix d'un agneau, sois sensible à celle de ce petit garçon. » Si j'aime les petites truies, il tâche de me toucher par la voix de sa fille. Et nous alors, en sa faveur, nous relâchons un peu la rigueur de notre colère. N'y a-t-il pas là une grande puissance, et de quoi se moquer de la richesse ?

     

    BDÉLYCLÉON

     

    Autre note à inscrire : le mépris de la richesse. Dis-moi maintenant quels avantages tu retires de cette souveraineté sur la Grèce, dont tu te vantes ?

     

    PHILOCLÉON

     

    S'agit-il de constater l'âge des enfants ? Nous avons le droit de les voir nus. Qu'Oeagre soit cité en justice, il ne sera pas absous avant de nous avoir récité la plus belle tirade de Niobé. Un joueur de flûte gagne-t-il sa cause ? En reconnaissance, il nous joue une marche à notre sortie. Si un père en mourant désigne par testament l'époux qu'il destine à sa fille, son unique héritière, nous laissons là le pauvre testament et la coquille qui recouvre le cachet, et nous donnons la fille à celui dont les prières ont su nous gagner. Et tout cela, sans avoir de compte à rendre ; privilège qui n'appartient à aucune autre magistrature.

     

    BDÉLYCLÉON

     

    De tels avantages sont précieux, et je t'en félicite ; mais casser le testament de l'héritière me semble injuste.

     

    PHILOCLÉON

     

    De plus, quand le Conseil et le peuple sont embarrassés pour juger quelque grande affaire, un décret renvoie les accusés devant les juges. On voit alors Evathos et le lâche Colaconyme, qui jette son bouclier, protester qu'ils ne vous trahiront pas, et qu'ils combattront pour l'État populaire. Enfin, nul orateur ne fait prévaloir son avis devant le peuple, s'il ne dit que les juges ont le droit de se retirer après avoir jugé une affaire. Cléon lui-même, ce grand braillard, ne mord pas sur nous ; mais il veille auprès de nous, et il chasse les mouches. Toi, tu n'as jamais rien fait de semblable pour ton père ; tandis que Théoros, digne rival d'Euphémios, prend l'éponge du bassin et décrotte nos souliers. Vois de quels biens tu peux me priver, me dépouiller ; voilà ce que tu appelles de l'esclavage et de la servi­tude.

     

    BDÉLYCLÉON

     

     Parle tant que tu voudras, tu connaîtras un jour la vanité de ce bel empire ; tu auras beau te laver, tu n'en seras pas plus propre.

     

    PHILOCLÉON

     

    Mais de tous ces biens j'oubliais le plus délicieux. Quand je rentre à la maison avec mon salaire, alors tous viennent m'embrasser pour mon argent; et d'abord ma fille me lave, me parfume les pieds ; elle se penche pour me baiser, et, tout en m'appelant son petit papa, elle réussit à tirer avec sa langue le triobole de ma bouche. Ma femme, habile à me choyer, me sert une pâtisserie délicate ; elle s'assied près de moi et me fait des instances : « Mange ceci, goûte cela. » Tout cela me réjouit ; je n'ai pas besoin de demander des yeux à toi ou au sommelier quand il me fera dîner, tout en me maudissant et en grommelant. Mais s'il tarde à me servir, j'ai là un rempart contre les maux, et de quoi me garantir de tous les traits. Et si tu ne me verses pas de vin à boire, j'ai apporté ce vase qui en est rempli, je le pencherai pour m'en verser moi-même, et son fracas étouffera le bruit de la bouteille. N'est-ce pas une souveraineté véritable, égale à celle de Jupiter ? car on parle de moi comme de ce dieu même. Si nous faisons du bruit dans notre assemblée, tous les passants s'écrient : « O Jupiter, quel orage gronde dans le tribunal ? » Quand je fais éclater ma foudre, les riches et les plus huppés se mettent à me cajoler et à tressaillir d'effroi. Toi-même, tu me crains fort ; oui, par Cérès ! tu me crains. Et moi, que je meure, si j'ai peur de toi!

     

    LE CHŒUR

     

     

    Jamais je n'entendis plaider d'une manière si nette et si habile.

     


  •  

     

    Jean Racine (1639-1699), gravé par Daullé en 1752, d’après le portrait peint par Santerre

    1 Jean Racine (1639-1699), gravé par Daullé en 1752, d’après le portrait peint par Santerre.

     

        Les Plaideurs est une comédie en trois actes de Jean Racine, écrite en vers alexandrins. C’est la seule comédie de ce grand tragédien français. Il ne se cachait aucunement s’être inspiré de la comédie des Guêpes d’Aristophane, un auteur comique grec du Vème siècle avant Jésus-Christ, qui y tournait en ridicule les tribunaux athéniens et les manies des juges (voir les extraits des Guêpes d’Aristophane déjà reproduits dans la rubrique « Comédie du Droit » de ce blog).

     

     

      Voici la célèbre scène des Plaideurs où Racine, à son tour, se moque des procès en général, les « chicanes », par la bouche de « Chicaneau » (selon les éditions, écrit « Chicaneau » ou « Chicanneau ») :  

     

    ACTE PREMIER     SCENE VII 

     

    LA COMTESSE, CHICANEAU

     

     

    CHICANEAU

    Voici le fait. Depuis quinze ou vingt ans en çà,

    Au travers d'un mien prés certain ânon passa,

    S'y vautra, non sans faire un notable dommage,

    Dont je formai ma plainte au juge du village.

    Je fais saisir l'ânon. Un expert est nommé ;

    A deux bottes de foin le dégât estimé.

    Enfin, au bout d'un an, sentence par laquelle

    Nous sommes renvoyés hors de cour. J'en appelle.

    Pendant qu'à l'audience on poursuit un arrêt,

    Remarquez bien ceci, madame, s'il vous plaît,

    Notre ami Drolichon , qui n'est pas une bête,

    Obtient pour quelque argent un arrêt sur requête ,

    Et je gagne ma cause. A cela que fait-on ?

    Mon chicaneur s'oppose à l'exécution.

    Autre incident : tandis qu'au procès on travaille,

    Ma partie en mon pré laisse aller sa volaille.

    Ordonné qu'il sera fait rapport à la cour

    Du foin que peut manger une poule en un jour :

    Le tout joint au procès. Enfin, et toute chose

    Demeurant en état, on appointe la Cause.

    Le cinquième ou sixième avril cinquante-six.

    J'écris sur nouveaux frais . Je produis, je fournis

    De dits, de contredits, enquêtes, compulsoires,

    Rapports d'experts, transports, trois interlocuteurs,

    Griefs et faits nouveaux, baux et procès-verbaux.

    J'obtiens lettres royaux, et je m'inscris en faux.

    Quatorze appointements, trente exploits, six instances,

    Six-vingts productions , vingt arrêts de défenses ,

    Arrêt enfin. Je perds ma cause avec dépens,

    Estimés environ cinq à six mille francs.

    Est-ce là faire droit ? est-ce là comme on juge ?

    Après quinze ou vingt ans ! Il me reste un refuge :

    La requête civile est ouverte pour moi ;

    Je ne suis pas rendu. Mais vous, comme je vois,

    Vous plaidez ?

     

    LA COMTESSE

    Plût à Dieu !

     

     

    Les Plaideurs de Racine (1668)

                    2 Les Plaideurs, Comédie, à Paris chez Claude Barbin (1669)

     

      La pièce des Plaideurs a d’abord été présentée à l’Hôtel de Bourgogne en novembre 1668. Jusqu’au XIXème siècle, elle fut le plus grand succès de Jean Racine concurrençant les comédies de Molière auprès du public. Elle est toujours jouée dans nos théâtres et, parfois encore, par des collégiens ou des lycéens lors des fêtes de fin d’année.

     

       Avec élégance, le Théâtre des Quatre Saisons de Narbonne offre gratuitement, en ligne sur Youtube, depuis le 25 mai 2017, un extrait de sa représentation des Plaideurs de Racine, enregistrée le 4 mars 2017 à la MJC de Narbonne (il y a cinq mois, l’administrateur annonçait que, dès la fin des représentations de la pièce au théâtre de Narbonne, il mettrait en ligne sa version complète).

     

    Les Plaideurs de Racine, Théâtre des Quatre Saisons de Narbonne, 4 mars 2017

     

    Livres audio gratuits. D’autres sites ou blogs ont mis en ligne les versions intégrales audio de représentations données de cette pièce.

     

     Il en est ainsi, par exemple, du site www.litteratureaudio.com qui permet d’écouter et d’enregistrer gratuitement et très facilement une version des Plaideurs, en trois fichiers MP3 (un fichier pour chacun des trois actes). 

     

    Les Plaideurs de Racine, acte I, version audio

     

    Les Plaideurs de Racine, acte II, version audio

     

     Les Plaideurs de Racine, acte III, version audio

     

     

       « Et moi, et moi, et moi… ». Quant à l’auteur de ce blog consacré aux facs’ de droit, si les visiteurs veulent bien le lui permettre, il va leur céder, à titre gratuit, aujourd’hui même, le texte complet des Plaideurs de Racine en un fichier PDF, ainsi que, tout au long des deux semaines à venir (un post tous les deux jours), les plus belles illustrations de cette œuvre dont voici quelques citations célèbres :

     

    Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fiera : Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera. 
    Acte I, scène 1 

     Point d'argent, point de Suisse. 
    Acte I, scène 1

    Sans argent l’honneur n’est qu’une maladie. 

    Acte I, scène 1

     

    On apprend à hurler avec les loups. 

    Acte I, scène 1

     

    Qui veut voyager loin ménage sa monture. 
    Acte I, scène 1

     

    L'un veut plaider toujours, l'autre toujours juger. 
    Acte I, scène 4 

     Compare prix pour prix. 
    Acte I, scène 4 

     L'argent ne nous vient pas si vite que l'on pense. 
    Acte I, scène 4

     Qu'est-ce qu'un gentilhomme ? Un pilier d'antichambre. 
    Acte I, scène 4 

    Le monde est devenu, sans mentir, bien méchant. 
    Acte I, scène 6 

    Si vous parlez toujours, il faut que je me taise. 
    Acte I, scène 7 

     Quand une femme en tête a sa folie ; fou vous-même. 
    Acte I, scène 7 

    On a bien de la peine à se faire écouter ! 
    Acte II, scène 2

     Le plus habile homme peut se méprendre. 
    Acte II, scène 4 

    Je dois parler, je parle, j'ai parlé. 
    Acte III, scène 3 

     On ne court pas deux lièvres à la fois. 
    Acte  III, scène 3 

     Les témoins sont fort chers, et n'en a pas qui veut. 
    Acte III, scène 3

     Qui voudra mordre y morde. 
    Acte III, scène 3 

     

     

    Les Plaideurs (illustration d’un Almanach de l’année 1789)

                  3. Les Plaideurs (illustration d’un Almanach de l’année 1789)

     

                    L’INTRIGUE 

     

    Acte 1 - Dandin, juge à moitié fou, veut sans cesse juger des procès. Son fils Léandre, aidé de Petit Jean, le portier de la maison du juge, et de l’Intimé, le secrétaire de cette même maison, parvient à l’empêcher de sortir de chez lui. Surviennent Chicaneau, un bourgeois, et la comtesse de Pimbesche, qui viennent voir Dandin pour des causes différentes. Les deux plaideurs finissent par se chamailler entre eux. De son côté, Léandre cherche un moyen d’obtenir la main d’Isabelle, la fille de Chicaneau.

     

    Acte 2 - Sur une idée de Léandre, l’Intimé se déguise en huissier et va présenter un billet à Isabelle. Chicaneau s’interpose. Léandre, déguisé en commissaire, réussit à lui faire signer un papier qui, soi-disant, règle cette affaire. Dandin, quant à lui, réclame toujours un procès à juger. Léandre lui propose de s’occuper du cas d’un chien qui a volé un chapon.

     

    Acte 3 - Le procès du chien se tient chez Dandin. Petit Jean et l’Intimé, avocats improvisés, tiennent des discours incohérents. Enfin, Léandre présente à son père le contrat qu’il a fait signer à Chicaneau. C’est une promesse de marier sa fille au jeune homme. Dandin donne son arrêt : le contrat est valide et le mariage aura lieu !

     

     

    Dandin, le juge, interprété par Baptiste Cadet au Théâtre Français (gravure de Pierre Paul Prud’hon, d’après un dessin de Sébatien Coeuré)

    3. Dandin, le juge, interprété par Baptiste Cadet au Théâtre Français (gravure de Pierre Paul Prud’hon, d’après un dessin de Sébatien Coeuré).

     

    « Je ne veux de trois mois rentrer dans la maison,

    De sacs et de procès j'ai fait provision » (Acte I. Scène IV).

     

    Baptiste Cadet (1765-1839), pseudonyme de Paul-Eustache Anselme, était un acteur de théâtre, sociétaire de la Comédie-Française (1799-1822). Sous la Restauration (1814 1830), il interpréta le rôle de l’Intimé et celui de Dandin des Plaideurs. 

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine (1668)

       4. Gravure illustrant une édition des Plaideurs, de Jean Racine. 

     

     

                     LES PERSONNAGES   

     

    DANDIN,      Juge.

    LÉANDRE,   Fils de Dandin.

    CHICANEAU, Bourgeois.

    ISABELLE,   Fille de Chicaneau.

    LA COMTESSE.

    PETIT-JEAN, Portier.

    L'INTIMÉ, Secrétaire.

    LE SOUFFLEUR. 

     

     

    5. Les Plaideurs, comédie en trois actes de Jean Racine (texte complet en fichier PDF). 

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine (1668)

    6. Les Plaideurs, Comédie de Jean Racine (œuvres de Jean Racine, Paris, 3 volumes, 1760, illustrées de 12 planches gravées d’après les compositions de Jacques de Seve).

     

     

        ACTE PREMIER     SCENE 1

     

    PETIT-JEAN (traînant un gros sac de procès)

     

    Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fiera:

    Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.

    Un juge, l'an passé, me prit à son service ;

    Il m'avait fait venir d'Amiens pour être suisse.

    Tous ces Normands voulaient se divertir de nous :

    On apprend à hurler, dit l'autre, avec les loups.

    Tout Picard que j'étais, j'étais un bon apôtre,

    Et je faisais claquer mon fouet tout comme un autre.

    Tous les plus gros monsieur me parlaient chapeau bas ;

    Monsieur de Petit-Jean, ah! gros comme le bras!

    Mais sans argent l'honneur n'est qu'une maladie.

    Ma foi, j'étais un franc portier de comédie,

    On avait beau heurter et m'ôter son chapeau,

    On n'entrait pas chez nous sans graisser le marteau.

    Point d'argent, point de suisse ; et ma porte était close.

    Il est vrai qu'à Monsieur j'en rendais quelque chose :

    Nous comptions quelquefois. On me donnait le soin

    De fournir la maison de chandelle et de foin ;

    Mais je n'y perdais rien. Enfin, vaille que vaille,

    J'aurais sur le marché! fort bien fourni la paille.

    C'est dommage : il avait le cœur trop au métier ;

    Tous les jours le premier aux plaids, et le dernier ;

    Et bien souvent tout seul, si l'on l'eût voulu croire,

    Il s'y serait couché sans manger et sans boire.

    Je lui disais parfois : « Monsieur Perrin-Dandin,

    « Tout franc, vous vous levez tous les jours trop matin.

    « Qui veut voyager loin ménage sa monture ;

    « Buvez, mangez, dormez, et faisons feu qui dure. »

    Il n'en a tenu compte. Il a si bien veillé

    Et si bien fait, qu'on dit que son timbre est brouillé.

    Il nous veut tous juger les uns après les autres.

    Il marmotte toujours certaines patenôtres

    Où je ne comprends rien. Il veut, bon gré, mal gré,

    Ne se coucher qu'en robe et qu'en bonnet carré.

    Il fit Couper la tête à Son Coq, de Colère,

    Pour l'avoir éveillé plus tard qu'à l'ordinaire ;

    Il disait qu'un plaideur dont l'affaire allait mal

    Avait graissé la patte à ce pauvre animal.

    Depuis ce bel arrêt, le pauvre homme a beau faire,

    Son fils ne souffre plus qu'on lui parle d'affaire.

    Il nous le fait garder jour et nuit, et de près :

    Autrement, serviteur, et mon homme est aux plaids.

    Pour s'échapper de nous, Dieu sait s'il est allaigre.

    Pour moi, je ne dors plus : aussi je deviens maigre ;

    C'est pitié. Je m'étends, et ne fais que bâiller.

    Mais, veille qui voudra, voici mon oreiller!.

    Ma foi, pour cette nuit il faut que je m'en donne !

    Pour dormir dans la rue on n'offense personne.

    Dormons.

    (Il se couche par terre.) 

     

     

      Post à venir. A très bientôt pour les six « post » suivants (ou chapitres pour ceux de ma génération), au rythme d’un envoi tous les deux jours (je ne sais toujours pas s’il faut mettre un s final au mot post au pluriel !).

     

    2 Les Plaideurs de Racine. Dessins de Prévost d’après Taunay (1801)

    3. Les Plaideurs de Racine. Les costumes des personnages

    4. Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout (1945)

    5. Les Plaideurs de Racine. À l'école du théâtre

    6. Les Plaideurs de Racine. Images publicitaires anciennes.

    7. Les Plaideurs de Racine. Le procès du chien

     


  •  

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Dessins de Prévost d’après Taunay

    1. Les Plaideurs de Racine : acte I, scène IV. Gravure sur cuivre de Benoit Louis Prévost, d’après un dessin de Nicolas Antoine Taunay (extraite des Œuvres de Racine, Paris, Didot l’aîné, 1801-1805, 3 volumes. Lieu de conservation: New York, The Metropolitan Museum of Art).

     

     

     

     

            ACTE I. SCÈNE IV des Plaideurs de Racine (fichier PDF)

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Dessins de Prévost d’après Taunay

    2. Les Plaideurs de Racine : acte II, scène IV. Gravure sur cuivre de Benoit Louis Prévost, d’après un dessin de Nicolas Antoine Taunay (extraite des Œuvres de Racine, Paris, Didot l’aîné, 1801-1805, 3 volumes. Lieu de conservation: New York, The Metropolitan Museum of Art).

     

     

     

     

     

     

           ACTE II. SCÈNE IV des Plaideurs de Racine (fichier PDF)

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Dessins de Prévost d’après Taunay

    3. Les Plaideurs de Racine : acte III, scène III. Gravure sur cuivre de Benoit Louis Prévost, d’après un dessin de Nicolas Antoine Taunay (extraite des Œuvres de Racine, Paris, Didot l’aîné, 1801-1805, 3 volumes. Lieu de conservation: New York, The Metropolitan Museum of Art).

     

     

     

     

     

     

          ACTE III. SCÈNE III des Plaideurs de Racine (fichier PDF) 


  •  

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Les costumes des personnages


                     1 Ébauche de costume pour le procès des Plaideurs de Racine

     

     

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Les costumes des personnages

                                                     2 Dandin, le juge (nd)

     

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Les costumes des personnages

                                    3 La Comtesse (gravure de Geffroy. 1832)

     

     

     

    La Comtesse.           - Laissez faire, ils ne sont pas au bout :

                                  - J’y vendrai ma chemise ; et je veux rien ou                                    tout.

                                     (Acte I, scène VII)

     

     

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Les costumes des personnages

                                   4 Dandin, le juge (gravure de Geffroy. 1832)

     

     

     

    Chicaneau.             - Certain quartaut de vin

     

    Dandin.                  - Hé ! je n’en ai que faire

     

    Chicaneau.             - C’est très bon muscat.

     

    Dandin.                  -  Redites votre affaire.

                                   (Acte II, scène XI)

     

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Les costumes des personnages

       5 L'Intimé, secrétaire (Illustrateur E. Friant - Portrait de M. Coquelin Cadet). 

     

     

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Les costumes des personnages

                         6 Dandin, le juge                           7 Léandre, le fils du juge 

     

     

     

     

    Cette gravure et la suivante sont (difficilement) extraites du chapitre 10 du manuel scolaire de Marcel Berry, Une semaine avec ... (CM et CS), publié en 1938.

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Les costumes des personnages

              8 Petit-Jean, le portier de Dandin           9 L'intimé, secrétaire

     

     

     


  •  

      

     

    Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout

                           1

     

     

          En 1935, est parue une première édition des Plaideurs de Jean Racine, tirée à 705 exemplaires, illustrée par Albert Dubout (1905-1976), suivie, en 1945, d’une nouvelle édition tirée à 2000 exemplaires (Paris. A l’Emblème du Secrétaire).

     

         Cet ouvrage, fort recherché par les bibliophiles, comporte 35 compositions en couleurs d’Albert Dubout « un des plus beaux fleurons de la satire française ».  En voici quelques unes que j’ai récupérées sur les sites en ligne d’achat et de vente de livres anciens qui, pour séduire les amateurs éventuels, en présentent quelques unes (je vous laisse identifier les scènes et les personnages !).

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout

                                   2

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout

                                  3

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout

                                                       4

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout

                                  5

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout

                                                      6

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout

                                  7

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout

                                  8

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout

                                  9

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout

                                10

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout

                                  11

     

     

     

     

     

    Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout

                                  12





    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique