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    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 4/4

    31 – Laissez dire un peu de mal de vous… laissez dire… tout à l’heure, moi, je vais injurier toute la famille de votre adversaire !...

     

     

     

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    32 – Quel dommage que cette charmante petite femme ne m'ait pas chargé de défendre sa cause... comme je plaiderais que son mari est un gredin !...

     

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 4/4

    33 – Encore perdu en Cour Royale… et il se lamente comme s’il ne lui restait pas encore la Cour de Cassation !

     

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 4/4

    34 – Vous avez perdu votre procès c'est vrai… mais vous avez du éprouver bien du plaisir à m'entendre plaider.

     

     

     

     

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                             35 Grand escalier du Palais de Justice. Vue de faces.

     

     

     

     

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    36 – Il paraît décidément que mon gaillard est un grand scélérat… tant mieux si je parviens à le faire acquitter, quel honneur pour moi !...

     

     

     

     

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                                            37 Quand le crime ne donne pas.

     

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 4/4

    38 – Vous êtes jolie ... nous prouverons facilement que votre mari a eu tous les torts !...

     

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 4/4

                                                39 La veuve en consultation

     

     

     

     

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                                                         40 Mauvais perdant.

     

     

     

     

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                                                       41 Cause… toujours.

     

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 4/4

                               42 L’avocat – L’affaire marche, l’affaire marche

                             Le plaideur – Vous me dîtes cela depuis quatre ans : si elle marche    longtemps encore comme ça, je finirai par n’avoir plus de bottes pour la suivre !...

     

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 4/4

    43 – Ils ont tous des cliens*… moi seul n’en ai pas ! Il faudra que je finisse par commettre quelques forfaits pour avoir enfin la satisfaction de me confier ma défense ! (*orthographe d’origine).

     

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 4/4

        44 – Enfin, nous avons obtenu la séparation de biens des deux époux.

        – Il est bien temps, le procès les a ruiné tous les deux !

     

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 4/4

    45 – Ne manquez pas de me répliquer, moi je vous rerépliquerai… ça nous fera toujours deux plaidoiries de plus à faire payer à nos cliens* !… (*orthographe d’origine).


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    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 3/4

    16 – Mr l’avocat a rendu pleine justice au rare talent déployé par le ministère public ans son réquisitoire ; Mr le procureur général s’empresse de rendre un hommage mérité à l admirable éloquence du défendeur ; Mr Le président applaudit aux deux orateurs ; bref tout le monde est excessivement satisfait, excepté l’accusé.

     

     

     

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    17. Maître Chapotard lisant dans un journal judiciaire l’éloge de lui-même par lui-même.

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 3/4

                18  – Ce qui m’chiffonne, c’est que j’suis accusé de douze vols !

                 – Il y en a douze… tant mieux… je plaiderai la monomanie !

       

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 3/4

           

    19 – Mon cher Monsieur, il m’est absolument impossible de plaider votre affaire,… il vous manque les pièces les plus importantes…. (à part : les pièces de cent sous !)...

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 3/4

    20 – Voilà le ministère public qui vous dit des choses très désagréables… tâchez donc de pleurer d’au moins un œil… ça fait toujours bien !...

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 3/4

    21 – Il défend la veuve et l'orphelin, à moins pourtant qu'il n'attaque la veuve et l'orphelin.

     

     

     

     

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    22 – En attendant l'audience, Démosthène*, déjeune aux frais du client, le bifteck aux pommes pousse à l'éloquence.

     

    *On trouve, dans la littérature populaire de la Troisième République, le nom de Démosthène pour nommer, par moquerie, un avocat sans le moindre talent oratoire. En effet, Démosthène (384-322 av. J.-C.), pourtant célèbre pour avoir été le plus grand orateur de la Grèce antique, cité par Cicéron comme le modèle même de l’éloquence, était, à ses débuts, bien malheureux, lorsqu’il prenait la parole en public, en raison, d’une part, d’un trouble de la parole, le bégaiement, d’autre part, d’un trac le conduisant à soulever sans cesse une épaule. Aussi était-il hué par le public lors de ses premiers discours. 

     Pour en savoir plus sur Démosthène :

    http://droiticpa.eklablog.com/droles-d-avocats-en-chromos-a209767802

     

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 3/4

                                         23 Une péroraison à la Démosthène.

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 3/4

    24 – Mr le juge de paix à rendu sa décision, les parties sont censées conciliées.

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 3/4

                                            25.  Un plaideur peu satisfait.

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 3/4

    26. Un défenseur en Justice de Paix causant l’affaire dans son cabinet habituel.

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 3/4

    27 – Ainsi donc, quoique j’vous avoue, entre nous qu’c’est moi qu’a volé la toquante au père Jérôme. Vous n’mabandonnez pas pour ça !...

       – Eh ! mon cher voleur… vous connaissez bien mal mon cœur… s’il n’y avait plus de filous il n’y aurait plus d’avocats… maintenant que je suis bien certain que c’est vous qui avez fait le coup, je plaiderai l’alibi !...

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 3/4

     28 – Plaidez, plaidez… ça sera un bon tour à jouer à votre voisin… vous lui ferez manger plus de cent écus !...

       – Oui mais c’est qu’moi… j’en mangerais itou des miens… des écus… et j’ai pas d’appétit pour ça !...

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 3/4

    29 – L’avocat qui se trouve mal. – dernière ressource quand la cause est bien malade.

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 3/4

        30  – Nous avons grande représentation aujourd’hui, M’sieur Galuchet !...

         – Parbleu j’crois bien… un assassinat orné de viol !...


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    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

    1. – Perdu, monsieur… perdu sur tous les points… et vous me disiez encore ce matin que ma cause* était excellente !

         – Parbleu… je suis encore tout prêt à la soutenir si vous vous voulez en appeler… mais je vous préviens qu’en Cour royale, je ne le soutiens pas à moins de cent écus !...

     

    * Dans le monde judiciaire et procédural, une cause (civile, criminelle) est une affaire pour laquelle une action est intentée en justice et qui fait l'objet d'un procès. La cause s’identifie donc au procès. En quelque sorte, c’est un litige, un conflit, un différend désormais cristallisé dans une procédure. 

     

      De multiples expressions judiciaires intègrent ce mot : Se charger d’une cause ; Plaider sa cause ; Appel des causes ; Gagner ou perdre sa cause ; Être mis en cause ; Remettre cette cause à un autre jour ; Mettre quelqu’un hors de cause ; Avocat avec ou sans cause ; Cause pendante (le tribunal a été saisi de la cause, mais il ne l'a pas encore jugée), etc. 

    Pour en savoir plus :

    http://droiticpa.eklablog.com/une-cause-toujours-celebre-en-chromo-a209784624

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

                                  2. – Avons saisi dito… un pot à eau sans eau

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

                            3. – Gibier qui peut être chasse en toutes les saisons.

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

    4. – La cour, vidant le délibéré, et adjugeant le profit du défaut, met l'appellation, et ce dont est appel au néant, emendant quant à ce, corrigeant réformant la sentence des premiers juges, décharge l'appelant, condamne l'intimé aux dépens de l'incident; dont distraction au profit de M. Bizotin avoué, qui la requiert pour le surplus des fins de la demande, met les parties hors de cause et les renvoie dos a dos dépens compensés ! . . . . . .

       – Saperlotte quel jugement ! . . . mon avoué va me demander au moins soixante quinze francs pour m'expliquer la chose ! . . .

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

                                 5. – Faut-y faire une lettre pour l’attendrir ?...

                                 – Attendrir un huissier* !... Vous n’êtes donc pas français mon brave homme ?...

     

    * Huissier. Honoré Daumier connaissait bien cette catégorie assez méconnue des gens de justice, puisqu’il fut, à l’âge de douze ans, Petit-Clerc, dit Saute-ruisseau, d’une étude d’huissier de justice à Paris.

    Voir ma page précédente :

    http://droiticpa.eklablog.com/honore-daumier-les-gens-de-justice-caricatures-1-4-a212079381

     

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

    6. – Un avocat qui évidemment est rempli de la conviction la plus intime… que son client le paiera bien.

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

    7. – Allons donc, chers confrères… vous avez tort de vous disputer hors de l’audience… ce lieu ci doit être la salle des pas perdus* pour le plaideur… mais jamais des avocats ne doivent y perdre des paroles…

     

    * Le nom de Salle des Pas-Perdus était à l’époque (et aujourd’hui encore) en usage pour de larges vestibules ou halls communiquant aux bureaux ou autres salles de bâtiments publics (gare, mairie, palais de justice…). C’est ainsi que le Dictionnaire de la langue française d’Émile Littré, publié de 1872 à 1877, précise qu’une salle des pas-perdus désigne la : « Grande salle qui précède ordinairement la chambre des audiences d’un tribunal, et où le public se promène. »

     

    Pour en savoir plus : 

    http://droiticpa.eklablog.com/tirage-sur-papier-albumine-le-palais-de-justice-de-paris-3-3-a204144556

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

           8. – Comme je vous ai bien dit vertement votre fait !

               – Mais aussi que je vous ai crument riposté les choses les plus désagréables !

               – Nous avons été beaux !

             – Nous avons été magnifiques !... Ce n’est réellement qu’au palais qu’on connait la manière de se disputer et de s’en dire toutes les couleurs sans se fâcher !...

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

    9.  – Vous m’avez injurié dans votre plaidoirie, mais je saurai bien vous forcer à m’en rendre raison !...

         – Monsieur apprenez que je ne vous crains pas !... j’ai au plus haut degré le courage civil de ne jamais répondre à une provocation !...

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

    10.  – … et parlant à sa portière, ainsi déclarée, lui ai signifié qu’il eut à obtempérer à ladite sommation, sinon et faute de ce faire, qu’il y sera contraint par toutes les voies de droit, et lui ai, parlant comme dessus, laissé copie du présent.

    – Comment ! parlant comme dessus… comme dessus qui… comme dessus quoi ? 

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

    11 Oui, on veut dépouiller cet orphelin, que je ne qualifie pas de jeune, puis qu'il a cinquante sept ans, mais il n'en est pas moins orphelin.... je me rassure toutefois, messieurs, car la justice a toujours les yeux ouverts sur toutes les coupables menées!...

    À rapprocher de la plaidoirie d’un jeune avocat, bien plus drôle, sous un chromo pour enfants : 

      – Mon client, Messieurs, a tué son père et sa mère ; C’est vrai ! Mais songez qu’il est orphelin

    http://droiticpa.eklablog.com/droit-et-justice-l-humour-en-chromos-19-a207510432

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

    12 Et dire que voilà trois de mes prévenus que je n’ai pas pu faire condamner !... je vais être perdu de réputation !  

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

    13 Mon cher que voulez-vous… nous avons eu du malheur… je n‘ai pas pu prouver votre innocence, cette fois… mais à votre prochain vol j’espère être plus heureux !... 

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

    14 – Dites donc, confrère, vous allez soutenir aujourd'hui contre moi absolument ce que je plaidais il y a trois semaines, dans une cause identique... hé hé hé !... c'est drôle !... Et moi je vais vous redébiter ce que vous me ripostiez à cette époque... c'est très amusant, au besoin nous pourrons nous souffler mutuellement... hi hi hi !...

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 2/4

    15 – Vous aviez faim... vous aviez faim...ça n'est pas une raison... mais moi aussi presque tous les jours j'ai faim et je ne vole pas pour cela !...


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    Honoré Daumier, Les Gens de Justice : caricatures. 1/4

    1. Honoré Daumier : photographie prise au début des années 1850 (source : Histoire des artistes vivants, français et étrangers, peintres, sculpteurs, architectes, graveurs, photographes : études d’après nature. Paris. 1853. Ed. Blanchard, pp. 49).

     

        Honoré-Victorin Daumier est né à Marseille, le 26 février 1808, d’un père ouvrier-vitrier et poète. Peintre (plus de cinq cent tableaux), sculpteur et lithographe (plus de quatre mille dessins), il est reconnu comme l’un des plus grands artistes français du XIXème siècle. Il nous séduit aujourd’hui encore par ses nombreuses caricatures humoristiques consacrées notamment aux hommes politiques, aux bourgeois et aux Gens de Justice de son époque. Presque aveugle, il se retira, dans les années 1870, à Valmondois, dans l’ancien département de la Seine et Oise (actuel département du Val-d’Oise de la région Île-de-France), où il mourut complètement ruiné le 10 février 1879. Son corps fut plus tard transféré au cimetière du Père Lachaise de Paris, aux côtés de ses amis Corot et Daubigny. On peut lire sur la pierre de sa tombe cette épitaphe : « Ci-gît Daumier, l’homme de bien, le grand artiste, le grand citoyen ».

     

     

     

    Honoré Daumier, Le Petit-Clerc dit Saute-ruisseau.

    2. Le Petit-Clerc dit Saute-ruisseau. « Le Petit Clerc mange peu, court beaucoup, flâne davantage et revient le plus tard possible à l’étude où il est le souffre douleur. Il s’appelle ordinairement Godard ou Galuchet » (lithographie et légende autobiographiques d’Honoré Daumier, parue [en noir et blanc], dans le journal Le Charivari du 23 septembre 1835. Première planche de sa série intitulée : Types français).

     

       Honoré Daumier, Petit-Clerc d’huissier. Arrivé avec ses parents à Paris en 1814, le jeune Daumier avait rapidement quitté les bancs de l’école élémentaire où il était un élève médiocre. C’est ainsi qu’il devint, en 1820, à l’âge de douze ans, Petit Clerc* dans une étude d’huissier de justice. Il y était surnommé Norin (diminutif d’Honoré-Victorin), et passait donc ses journées à sauter les nombreux caniveaux de la capitale (d’où l’appellation Saute-ruisseau) pour retirer ou déposer des colis et des lettres missives, et remettre aux greffes des tribunaux des placets**. Il put ainsi observer les divers gens de justice qu’il y croisait (juges, avocats, avoués, greffiers, huissiers…), ce qui lui permit de les reproduire avec leurs travers quelques années plus tard dans ses peintures et lithographies.

        

    * Honoré de Balzac, qui fut clerc de notaire de 1816 à 1819, nous a décrit le Petit-Clerc en ces termes : « Jeune clerc chargé des courses, dans une étude de notaire, d'avoué ou d’huissier. Le saute-ruisseau est généralement (...) un garçon de treize à quatorze ans, qui dans toutes les études se trouve sous la domination spéciale du principal clerc, dont les commissions et les billets doux l'occupent tout en allant porter des exploits chez les huissiers et les placets** au palais. » (Honoré de Balzac, « Le Colonel Chabert », p. 6, première version de 1832). 

     

      ** Le placet est une copie de l’assignation, contenant les prétentions du demandeur, remise au greffier d’un tribunal pour l’enrôlement de la cause.

    http://droiticpa.eklablog.com/le-petit-clerc-dit-saute-ruisseau-1-3-a129438286

     

     

     

     

    Louis-Gargantua (lithographie d’Honoré Daumier, parue le 15 décembre 1831, dans le journal La Caricature

    3. Louis-Gargantua (lithographie d’Honoré Daumier, parue le 15 décembre 1831, dans le journal La Caricature, représentant le roi Louis-Philippe sous les traits du géant Gargantua, le célèbre personnage du roman de Rabelais écrit en 1534).

     

      Après avoir abandonné sa fonction de Petit-Clerc qu’il abhorrait, Honoré Daumier devint, en 1821, commis chez Delaunay, un libraire-éditeur au Palais-Royal à Paris. Comme il passait tous ses loisirs à dessiner, son père présenta quelques uns de ses dessins à Alexandre Lenoir (1761-1839), un ancien élève du peintre Gabriel-François Doyen (1726-1806), devenu historien de l’art et conservateur du Musée des Monuments français. Ce dernier reconnut aussitôt les talents du jeune Daumier et lui donna ses premières leçons de dessins et de peintures. Toutefois, Honoré Daumier, peu enthousiasmé par le classicisme de son maître, le quitta et s’inscrivit, à Paris, aux cours de dessins de l’Académie Suisse et de l’Académie Boudin. En 1825, il devint l’assistant de l’éditeur-lithographe Beillard, spécialisé dans le portrait, et, en 1830, le principal dessinateur du journal satirique hebdomadaire La Caricature, tout juste créé par Charles Philipon, et dont Honoré de Balzac fut l’un des premiers rédacteurs. 

     

        Honoré Daumier y publia, dans le numéro du 15 décembre 1831, sa célèbre lithographie Gargantua qui représentait, de manière caricaturale, le roi Louis-Philippe, avec une tête en forme de poire, une énorme bedaine, et ses rouflaquettes (mèches de cheveux sur la joue). Plus risqué, le roi Louis-Philippe, connu pour son amour de l’argent et son avarice, y est représenté, de manière on ne peut plus vacharde, sous deux angles. En bas à droite, il prélève les impôts des gens du peuple et des miséreux. En haut à gauche, d’une part, il avale des sacs de pièces d’or offerts par des notables et des courtisans, d’autre part, il défèque ce butin à une nuée de députés réunis devant le Palais Bourbon (assimilés à des excréments du roi, ces député sont représentés à l’extrême gauche du dessin, sous le « trône » même du roi Louis-Philippe, autrement dit la chaise percée sur laquelle il est assis).

     

      Cette caricature politico-fécale valut à Honoré Daumier une condamnation à 6 mois de prison ferme et cinq cent francs d’amende, prononcée par la Cour d’assises de la Seine, le 22 février 1832,  « pour excitation à la haine et au mépris du Gouvernement du roi » (la Cour d’assises ordonna également le destruction de sa lithographie Gargantua). Honoré Daumier fut alors appréhendé le 30 août 1832 et enfermé à la prison Sainte-Pélagie, à Paris, avant d’être transféré à la Maison de Santé de l’aliéniste Pinel, jusqu’en janvier 1833.

     

       « Qui aime bien châtie bien » (maxime ignorée d’Honoré Daumier). À sa sortie de prison, en 1833, Honoré Daumier reprit ses publications de caricatures acerbes, dirigées, cette fois, à l’encontre des gens de justice qu’il avait pu observer, de loin, dans ses jeunes années, lorsqu’il était Petit-Clerc, et de plus près, comme prévenu devant la Cour d’assises de la Seine.

     

     

     

     

    Le Charivari : Journal publiant chaque jour un nouveau dessin (Journal quotidien [puis hebdomadaire], illustré satirique, paru de 1832 à 1937)

    4. Le Charivari : Journal publiant chaque jour un nouveau dessin (Journal quotidien [puis hebdomadaire], illustré satirique, paru de 1832 à 1937).

     

     

     Séries de planches caricaturales de Daumier.  C’est en 1835 qu’Honoré Daumier commença sa collaboration avec le journal hebdomadaire « Le Charivari ». Il y publia, pendant plusieurs années, chaque semaine, une lithographie intégrée à diverses séries. Parmi celles-ci : Caricaturana ; La Chasse ; Galerie physionomique ; Croquis d’expressions ; Mœurs conjugales ; Types parisiens ; Proverbes et Maximes ; Robert Macaire ; Physionomies tragi-comiques ; Les Chemins de fer ; Les Canotiers parisiens ; Les beaux Jours de la vie ; Les Bas-bleus ; Les Etrangers à Paris ; Les Philanthropes du jour ; Professeurs et moutards ; Locataires et propriétaires ; Les Baigneuses ; Quand on a du guignon ; Les Bons bourgeois…

     

       Séries de planches de Daumier consacrées aux Gens de Justice. Entre le 21 mars 1845 et le 31 octobre 1848, Honoré Daumier publia notamment, dans Le Charivari, une série de près de quarante planches consacrées au corps judiciaire (juges, avocats, avoués, greffiers, huissiers…), sous l’intitulé Les Gens de Justice. En novembre-décembre 1851, il publia, dans ce même journal, une autre série de quatre dessins, intitulée Les Avocats et les Plaideurs.

     

     

     

     

    Robert Macaire : avocat (lithographie en couleur d’Honoré Daumier).

                             5. Robert Macaire : avocat (lithographie en couleur d’Honoré Daumier).

     

    -  Mon cher Bertrand, donnes moi cent écus, je te fais acquitter d’emblée.

    - J’ai pas d’argent.

    - He bien donnes moi cent francs.

    - Pas le sou.

    - Tu n’as pas dix francs ?

    - Pas un liard !

    - Alors donnes moi tes bottes, je plaiderai les circonstances atténuantes.

     

      Honoré Daumier publia également quelques caricatures d’hommes de lois (notaires, juges, avocats…) dans son ouvrage, paru en 1840, sous le titre « Les cent et un Robert Macaire » (Daumier y emprunte le nom de l’un des personnages de l’œuvre de Balzac. De plus, il publiera une planche, en 1843, dans Le Charivari, sous le titre « La Comédie Humaine », en référence à l’édition Furne de l’œuvre complète de son ami Balzac, éditée en dix-sept volumes à partir de 1842).   

     

     

     

     

    Honoré Daumier, Les Gens de Justice

    6. Daumier, Les Gens de Justice. Préface de Julien Cain de l’Institut (ouvrage édité le 18 octobre 1954 par André Sauret, éditions du Livre-Monte-Carlo. Lithographies reproduites dans les ateliers des frères Mourlot, lithographes à Paris).

     

      Les caricatures judiciaires d’Honoré Daumier connurent un grand succès qui ne se démentit jamais au fil des ans. Aussi les éditeurs n’hésitèrent-ils guère à les réunir dans des ouvrages autonomes. Ils ne manquèrent pas de joindre aux lithographies en noir et blanc de Daumier plusieurs de ses peintures pleines de couleurs représentant également, de manière caricaturale, des gens de justice.

     

     

     

     

    Affiche d’une exposition consacrée, en 1968, à Honoré Daumier (Galerie R.G. Michel, Paris)

    7. Affiche d’une exposition consacrée, en 1968, à Honoré Daumier (Galerie R.G. Michel, marchand d’estampes à Paris de 1912 à 2018 [17 Quai Saint-Michel. Vème arrondissement]. Cette affiche reproduit une peinture d’Honoré Daumier intitulée par celui-ci : Grand escalier du Palais de Justice). 

     

       Je vous ai reproduit la quasi-totalité des caricatures judiciaires d’Honoré Daumier publiées, selon le procédé de la lithographie, dans Le Charivari, à la Belle Epoque, en trois pages successives (une page tous les trois jours). Chacune de ces pages réunit 15 images (mon hébergeur à titre gratuit eklablog me recommande de ne jamais dépasser ce nombre par page). Ces dessins sont évidemment en noir et blanc comme tous ceux publiés dans Le Charivari. Tout au plus, pour atténuer leur caractère tristounet, je les ai très légèrement colorisés pour leur donner une apparence du genre sépia.

     

     

     

     

    Honoré Daumier : Trois avocats

                                  8. Honoré Daumier : Trois avocats (avant ou après leur plaidoirie ?).

      

      En attendant, ces trois prochaines pages, voici pour clore cette page introductive plusieurs des peintures d’Honoré Daumier représentant des Gens de Justice. Certaines d’entre elles furent également reproduites en noir et blanc par Daumier dans Le Charivari.

     

     

     

    Honoré Daumier : Les avocats avant l’audience dans la salle des Pas Perdus

                       9. Honoré Daumier : Les avocats avant l’audience dans la salle des Pas Perdus.

     

     

     

     

     

    Honoré Daumier : Au palais de Justice

                                                10. Honoré Daumier : Au palais de Justice.

     

     

     

     

    Honoré Daumier : L’avocat et sa cliente

                                                   11. Honoré Daumier : L’avocat et sa cliente.

     

     

     

     

     

    Honoré Daumier : L’avocat lisant

                                                        12. Honoré Daumier : L’avocat lisant.

     

     

     

     

    Honoré Daumier : L’avocat plaidant

                                                13. Honoré Daumier : L’avocat plaidant.

     

     

     

     

     

    Honoré Daumier : Le défenseur

          14. Honoré Daumier : Le défenseur (source : RMN-Grand Palais [Musée d’Orsay]. Michel Bellot).

     

     

     

     

     

    Honoré Daumier : Les Gens de Justice.

                                              15. Honoré Daumier : Les Gens de Justice. 


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    La Fontaine (Jean de). – Fables. Illustrations par Jean-Jacques Grandville (Garnier Frères, libraires-éditeurs. Paris. M DCC LXII).

    1 La Fontaine (Jean de). – Fables. Illustrations par Jean-Jacques Grandville (Garnier Frères, libraires-éditeurs. Paris. M DCC LXII).

     

     « Il arrive si peu que le dessinateur puisse se commenter, s’expliquer, se justifier avec la plume devant le public qui ne peut connaître que son crayon et son pinceau, et je ne puis trop le répéter, ce m’est une grande satisfaction que de trouver ainsi l’unique occasion que j’ai pu trouver de faire l’auteur (lettre-préface de la main de Grandville, adressée « Au possesseur présent et futur de cet album », contenant ses dessins des Fables de La Fontaine.

     

       Artiste, Bon Artiste, Grand Artiste. Dans huit précédentes pages de la rubrique « Comédie du Droit », j’ai présenté huit fables de Jean de La Fontaine évoquant, de manière satirique, le droit et la justice de son temps. Elles étaient accompagnées d’illustrations de graveurs, lithographes, caricaturistes, peintres…, autrement dits d’artistes dont au moins quatre d’entre eux sont aujourd’hui labellisés « Grands Artistes » : François Chauveau (1613-1676), Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), Jean-Jacques Grandville (1803-1847), et Gustave Doré (1832-1883).

      

       Voici les liens pour retrouver les illustrations de ces quatre dessinateurs, jointes aux huit fables juridico-judiciaires de Jean de La Fontaine. Celles de Jean-Jacques Grandville, issues de l’ouvrage des Fables de la Fontaine, édité par divers éditeurs (H. Fournier et Perrotin 1838-1840 ; Garnier Frères en 1852, 1864, 1868…), figurent en début de chaque page.

    L’Huître et les Plaideurs

    La Fontaine et le Droit 1

    L’âne portant des reliques

    La Fontaine et le Droit 2

    Les animaux malades de la peste

    La Fontaine et le Droit 3

    Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe

    La Fontaine et le Droit 4

    Les Frelons et les Mouches à miel

    La Fontaine et le Droit 5

    Le Chat, la Belette, et le petit Lapin 

    La Fontaine et le Doit 6

    Testament expliqué par Esope

    La Fontaine et le Droit 7

    Le Juge arbitre, l'Hospitalier, et le Solitaire

    La Fontaine et le Droit 8

     

    Florian. Le Procès des 2 Renards (chromo Au Bon marché. Illustration de Jean-Jacques Grandville).

    2. Florian : Le Procès des 2 Renards (chromo Au Bon marché. Illustration de Jean-Jacques Grandville).

     

        Jean-Jacques Granville est également l’auteur de ce dessin animalier en couleur illustrant une fable de Florian (Jean-Pierre Florian Claris de Florian [1755-1794]), intitulée : Le Procès des 2 Renards. J’en présenterai le texte dans une prochaine page avec celui d’une autre fable de Florian : Les Deux Bacheliers (sous l’Ancien Régime, le diplôme de bachelier en droit était délivré après trois années d’études à l’Université de Paris ou cinq à celle d’Orléans …).

     

     

     

     

    Les gens dans les bêtes d’après Jean-Jacques Grandville (carte postale d’Armand Noyer [A.N.], éditeur, boulevard de Strasbourg, Paris).

    3. Les gens dans les bêtes d’après Jean-Jacques Grandville (carte postale d’Armand Noyer [A.N.], éditeur, boulevard de Strasbourg, Paris).

                              - De la naïveté, je le dis sans caprice,

                                - Le comble n’est-il pas de croire en ta justice ?

     

         Jean-Jacques Granville fut également l’un des deux illustrateurs (l’autre étant Wilhem von Kaulbach [1805-1874], d’un « Album des bêtes à l’usage des gens d’esprit » (Paris, éd. Nain Jaune, 1864. Texte par Aurélien Scholl et Charles Joillet). À cette occasion, il nous a offert ce dessin représentant un magistrat.

     

     

     

    Les loups ne se mangent pas entre eux » (dessin signé Jean-Jacques Grandville. 1845).

    4. « Les loups ne se mangent pas entre eux » (dessin signé Jean-Jacques Grandville. 1845).

      

       On retrouve encore dans la malle sans fond d’Internet des dessins de Jean-Jacques Grandville provenant de son recueil de lithographies intitulé Cent Proverbes qui, sauf erreur, aurait été édité, vers 1845.

        Parmi les proverbes plus ou moins juridiques illustrés par Jean-Jacques Granville : celui-ci « Les loups ne se mangent pas entre eux », qui aurait pour origine cette variante du début du XVIIème siècle : « Loup ne mange pas chair de loup ». Au moins, ce dessin nous rappelle-t-il que, à l’instar d’Honoré Daumier (1808-1879), le plus grand caricaturiste judiciaire de son époque, Jean-Jacques Grandville ne tenait guère en estime les Gens de justice, avocats ou magistrats (il fit équipe avec Honoré Daumier, dans les journaux satiriques La Caricature et Le Charivari, et tous deux connurent des démêlés avec la police et la justice pour leurs dessins sarcastiques à l’encontre du roi, des bourgeois et également des magistrats supposés corrompus).

     

     

    Nécessité n’a point de loi » (dessin signé Jean-Jacques Grandville).

                      5. « Nécessité n’a point de loi » (dessin signé Jean-Jacques Grandville).

     

     « Nécessité n’a point de loi », ou encore « Nécessité fait loi », signifie que, lorsque l’on est face à la nécessité, l’on a le droit de faire ce que l’on fait, peu important l’absence de lois, voire l’existence de lois interdisant notre action. La nécessité devient donc équivalente à une loi et elle peut même rendre excusables des fautes volontaires blâmables, comme, sur ce dessin de Grandville, la satisfaction du besoin pressant du chef d’une pauvre famille à la rue, malgré l’affiche d’interdiction.

     

         Cet aphorisme est fort ancien puisque l’on en trouve trace dans l’antiquité romaine avec un dicton latin parfois attribué au poète Publilius Syrus (né vers 85 av. J.-C ; mort vers 43 ap. J.-C.) : « Necessitas non habet legem » (La nécessité donne la loi et ne la reçoit pas). Au Moyen Âge, il apparaît sous d’autres formes : « Nécessité n’a loy » (début du XVème siècle.) ; « Nécessité n’a point de loi » (vers 1410). Puis, à la fin du XVIIème siècle, sous celle-ci : « Nécessité contraint la loi ».

     

     

     

     

     

     

     

    Les Métamorphoses du jour, Planche n° 37 (dessin de Jean-Jacques Grandville.

    6. Les Métamorphoses du jour, Planche n° 37 (dessin de Jean-Jacques Grandville. Lithographie originale de Pierre Langlumé.  1829. Editeur : Joseph Bulla, 38 rue Saint-Jacques. Source : Maison de Balzac, l’un des quatorze musées de la ville de Paris, gérés par Paris Musées).

     

    - Et dans cette demande en séparation Messieurs, observez bien deux choses. 

     

        Les Métamorphoses d’un jour qui comprennent 73 planches rehaussées en couleur de Jean-Jacques Grandville est son premier ouvrage illustré qu’il a publié, à l’âge de vingt-six ans, en 1829.  Cet ouvrage connut un grand succès grâce aux techniques utilisées (lithographie et gravure sur bois debout), à la finesse des dessins, à leur esprit satirique (plusieurs fustigeant le pouvoir royal furent interdits de publication !), et à la représentation de créatures hybrides, mi-hommes mi-animaux (zoomorphisme ou similitude entre le faciès humain et animal, à l’origine de nos amis Mickey Mouse et Donald Duck !).

     

     

     

     

     

     

     

    Peine de cœur d’une chatte anglaise (dessin de Jean-Jacques Grandville de l’ouvrage de P.-J. Stahl : Scènes de la vie privée et publique des animaux – Etudes de mœurs contemporaines. Paris, 1842. Editeur : Hetzel et Paulin. Graveur : Louis-Henri Brévière. Source : Maison de Balzac, Paris Musées).

    7. Peine de cœur d’une chatte anglaise (dessin de Jean-Jacques Grandville de l’ouvrage de P.-J. Stahl : Scènes de la vie privée et publique des animaux – Etudes de mœurs contemporaines. Paris, 1842. Editeur : Hetzel et Paulin. Graveur : Louis-Henri Brévière. Source : Maison de Balzac, Paris Musées).

     

    -         Milords, dis-je, je suis une Chatte anglaise, et je suis innocente. 

     

      Jean-Jacques Grandville a illustré chacun des textes de divers auteurs, réunis dans l’ouvrage de Pierre-Jules Hetzel, dit P.-J. Stahl, publié, vers1840 et 1842, sous le titre : Scènes de la vie privée et publique des animaux – Etudes de mœurs contemporaines. Le dessin de Jean-Jacques Grandville ci-dessus reproduit accompagne le texte d’Honoré de Balzac intitulé : Peine de cœur d’une chatte anglaise.

     

    Les amateurs peuvent lire ce mélodrame félin d’une dizaine de pages qui est en libre accès sur Wikisource, sous ce lien :

     

    Balzac : Peine de coeur d'une chatte anglaise

     

     

     

     Ils y découvriront Beauty, une chatte blanche anglaise qui, s‘ennuyant à mourir auprès de son époux le bel et riche angora Puff tomba amoureuse de Brisquet, un banal matou français (les anglais désignent  puffers, ce que les français appellent des blagueurs : d’où les mots Pouff ! Pouff !,  en usage sous la monarchie de juillet, et devenus pschitt, à propos des blagues et des caricatures).

     

     Malheureusement, la romance de Beauty et de Brisquet, commencée sur les gouttières londoniennes, s’achèvera devant les Doctors’ Commons de Londres (société de juges de Londres pratiquant notamment le droit ecclésiastique). Ce tribunal avait été saisi par Puff pour des paroles inconvenantes que Beauty aurait échangées avec Brisquet, selon des ragots. C’est à l’occasion de son procès que Beauty lancera en pleurs : « Milords, […], je suis une Chatte anglaise, et je suis innocente ». Elle fut quand même condamnée par les juges, puis elle divorça de Puff, et pleura bientôt la mort de Brisquet assassiné par une émeute dont Puff était lui-même à l’origine.

     

           Et Balzac de conclure : « Vous voyez, ô Animaux français, qu’en nous familiarisant avec les Hommes, nous en prenons tous les vices et toutes les mauvaises institutions. Revenons à la vie sauvage où nous obéissons qu’à l’instinct, et où nous ne trouvons pas des usages qui s’opposent aux vœux les plus sacrés de la nature ».

     

     

     

     

     

     

     

    Une audience du « Théâtre des Folies-Politiques » (lithographie de Jean-Jacques Grandville. La Caricature, 21 mars 1833).

    8. Une audience du « Théâtre des Folies-Politiques » (lithographie de Jean-Jacques Grandville. La Caricature, 21 mars 1833).

     

     - Messieurs, l’auteur de la pièce que nous avons eu l’honneur de jouer devant vous désire garder l’anonymat.

     

     De manière sous entendue, ce dessin et sa légende évoquent un véritable procès qui s’est tenu devant la Cour d’Assises de la Seine, en mars 1833, contre Bergeron et Benoit, suspectés d’avoir tiré des coups de pistolet sur le roi Louis-Philippe. Ils furent tous deux acquittés grâce aux jurés populaires, au grand bonheur des antiroyalistes. De dos, en bas et au centre du dessin de Grandville, le souffleur n’est autre que le roi Louis-Philippe*.

     

    * Sous la Monarchie de Juillet, le journal satirique La Caricature, fondé en novembre 1830, par Charles Philippon, publia de nombreux dessins ridiculisant le roi Louis-Philippe. Ce journal fut absorbé, en 1843, par un autre journal satirique, également créé par Charles Philippon, Le Charivari, qui durera jusqu’en 1837. Jean-Jacques Grandville collabora à ces deux journaux avec Honoré Daumier, le plus célèbre caricaturiste judiciaire du XIXème siècle.

     

     

     

     

     

     

     

    9. Le procès de la Liberté (lithographie de Jean-Jacques Grandville. La Caricature, octobre 1832).

    9. Le procès de la Liberté (lithographie de Jean-Jacques Grandville. La Caricature, octobre 1832).

     

     

      Dans cet autre dessin de Jean-Jacques Grandville publié dans le journal satirique antiroyaliste et républicain La Caricature, les magistrats royaux sont la première cible. L’allégorie de la Liberté, assise, à droite, dans le box des accusés, est alors jugée et condamnée par des magistrats soumis au roi Louis-Philipe, qui leur donne ses ordres, caché, debout derrière un journal, à gauche du dessin.

     





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