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    Amphis en ruine de nos universités (5/5)

    1 Étudiants de l’université de Bologne écoutant la leçon de droit romain de leur Maître. 

     

     

    Voici le dernier chapitre de cette chronique ordinaire des amphis en ruine de nos universités. Je la consacre à l’aménagement des amphithéâtres pour permettre aux étudiants-filles (ancien terme utilisé par la faculté de droit de Paris dans les années 1900, sans « e » au mot étudiant) et aux étudiants-garçons (nos jeunes messieurs) de suivre les cours de droit dispensés par leurs maîtres et professeurs.

    Les concepteurs des amphis de nos facultés sont surtout préoccupés par la bonne perception visuelle et auditive du professeur par les étudiants dont le nombre peut avoisiner le millier pour le droit. En revanche, le confort des sièges ou des bancs laisse souvent à désirer, ainsi que l’équipement (absence de prises électriques pour les portables).

     

    En visionnant diverses images et photographies d’amphis de nos facultés de droit ou de lettres, j’ai constaté que ces amphis pouvaient être réunis en trois groupes : ceux sans tables ou tablettes, ceux avec tables ou tablettes, et ceux mixtes (une partie des bancs est équipée de tables ou tablettes, l’autre pas). 

     

    Tables ou tablettes ? Après plus de cinquante ans de vie à l’université comme étudiant et professeur, je viens de découvrir, cette semaine, en lisant diverses études consacrées à la conception des amphithéâtres des universités, que les planches en bois qui permettent aux étudiants d’écrire ou de poser leur portable portent le nom de tablettes ! J’utiliserai donc ce terme, qui évoque également le bon chocolat et la lecture numérique, pour désigner les planches de bois mises à la disposition de nos étudiants par le MEN (ministère de l’Éducation nationale).

      

     

     

     

    Amphis en ruine de nos universités (5/5)

    2 Le grand amphithéâtre de la Faculté de droit de Paris (Louis Rousselet, Nos grandes écoles militaires et civiles. Paris Hachette. 3ème édition. 1892. Ouvrage illustré de cent gravures sur bois. Celle de l’amphithéâtre de la Faculté de droit de Paris à la Belle Époque a été dessinée par P. Renouard. L’ouvrage est en libre accès et peut être téléchargé sur le site gallica.bnf.fr).

     

     

    Voici tout d’abord la gravure d’un amphi d’une Faculté de droit construit dans la seconde moitié du XIXème siècle. Il est édifié en gradins avec des bancs sans tablettes pour écrire. Cette conception nous rappelle que, à cette époque,  les cours de droit étaient souvent destinés à un public éclairé pas toujours étudiant. La parole du  professeur devait donc être plus entendue que transcrite.

     

     

     

     

    Amphis en ruine de nos universités (5/5)

                        3 L’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne un jour de grève. 

     

    Aujourd’hui, les amphis sans tablettes, qui étaient d’usage jusqu’au XIXème siècle, n’ont pas disparu. Voici, par exemple, le célèbre amphi Richelieu de la Sorbonne (Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne).

     

    Pour y décrire un cours, je préfère céder la plume à Jules Romain :

    « Une lumière un peu sale tourne dans l’amphithéâtre comme si elle en essuyait la concavité. Il y a, au fond, un homme qui parle derrière une sorte de comptoir en bois naturel, et qui fait de petits gestes. A première vue, il tient du prédicateur (…) et du commerçant qui, en termes modérés, propose une marchandise » (Romains (J.), Naissance de la Bande. Les hommes de bonne volonté, t. 23, Paris, réed. 1988, Robert Laffont, coll. Bouquins, p. 195).

     

     

     

     

    Amphis en ruine de nos universités (5/5)

                      4 L’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne un jour de cours 

     

     

    Bien qu’il soit aujourd’hui rebaptisé Auditorio-Richelieu, l’amphi’ Richelieu de la Sorbonne sert toujours de salle de cours aussi bien en droit qu’en lettres. Il est vrai que, pour ces disciplines, le cours tient entièrement dans la parole. 

     

     

     

     

    Amphis en ruine de nos universités (5/5)

                       5 Un amphithéâtre de la Sorbonne mixte (avec et sans tablettes)

     

     

    Lorsque la retranscription du cours du professeur par les étudiants s’est imposée, les amphis ont été équipés de tables ou de tablettes. Parfois, des tables pour un ou deux étudiants. D’autres fois de longues tablettes pour une rangée entière de bancs d’étudiants. Plus original, cet amphithéâtre de la Sorbonne avec des tablettes en bas pour les étudiants, et sans tablettes en haut pour d’autres auditeurs éclairés.

     

     

     

     

    Amphis en ruine de nos universités (5/5)

    6 Grande salle de l’amphithéâtre avec tablettes à encriers de la Faculté des Lettres de l’université de Poitiers.

     

     

    Progressivement, les amphithéâtres de nos universités ont été équipés de tablettes pour permettre à l’ensemble des étudiants de retranscrire la parole du professeur. Certains d’entre eux furent même enrichis d’encriers pour que les étudiants puissent y plonger leur plume Tongimed dite État Major ! J’ignore qui les remplissait ! Dans les années « yéyé » de nos écoles communales, c’était souvent le fayot du maître, en général le premier de la classe !

     

     

     

    Amphis en ruine de nos universités (5/5)

    7 Un amphithéâtre de la Sorbonne avec tablettes sans encriers (cours du professeur Michaud).

     

     

    Bientôt, avec l’apparition des stylos plumes à recharge d’encre, il n'a plus été nécessaire d’équiper les tablettes d’encriers. Une simple planche de bois suffisait pour permettre aux étudiants d’y déposer leurs cahiers.

     

     

     

     

     

    Amphis en ruine de nos universités (5/5)

             8 Un amphithéâtre à tablettes à bic de l’université de Bordeaux (circa 2000).

     

     

    Le grand avantage des amphithéâtres de nos Facultés de droit avec tablettes sans encrier est qu’ils ont pu s’adapter aisément à l’aire du stylo à bille.  Quant aux autres équipements de nos amphis en droit ou en lettres, ils ont été enrichis de tableaux derrière la chaire ou le bureau du prof’.

    Mon expérience personnelle de l’enseignement du droit me permet d’ailleurs d’affirmer que le tableau noir à craie ou le tableau blanc à marqueur est utile pour écrire son nom, la date de l’exam’, un mot latin, ou éventuellement expliciter un point du cours. Tout le problème pour le prof’ est de trouver des craies ou des marqueurs, étant précisé que les kleenex généreusement prêtés par des étudiants font office d’effaceurs.

     

     

     

     

    Amphis en ruine de nos universités (5/5)

           9 Un amphithéâtre à PC/Mac d’une Faculté de droit ou d’économie (circa 2017)

     

           

      Nos universités n’ont pas raté la révolution technologique. C’est ainsi que certaines d’entre elles ont équipé la table ou la chaire du prof' de micros avec ou sans fil, très rarement en état de marche. Mais, surtout, elles ont autorisé leurs étudiants à poser leur portable PC ou Mac sur les tablettes de bois, sans jamais y installer des prises électriques car elles n’ont de sous pour cette dépense !

     

     

     

     

    Amphis en ruine de nos universités (5/5)

                             10 Nos facultés de droit et la révolution technologique


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    Le ventre législatif. Honoré Daumier. 1834

                                                       Le ventre législatif (dessin d'Honoré Daumier. 1834)

     

     

    Sondage prévisible et déterminable réalisé auprès de dix concitoyens dont un parlementaire :

     

    Question 1.    Pour ou contre une réduction de 30% du nombre des                   parlementaires ?                                     

                                Pour 90%. Contre 10%

     

    Question 2.  Pour ou contre une réduction de 30% du poids de chaque parlementaire ?                                       

                                 Pour 90%. Contre 10%

     

    Question 3.  Pour ou contre une réduction de 30% des indemnités des parlementaires ?                                   

                                Pour 90%. Contre 10%

     

     

    Vers une réduction du poids des parlementaires !

                                   Récompense honnête aux électeurs obéissants

     

     

     

             


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    Le jargon universitaire


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    1 Seconde contribution au Marathon du Droit de Boulogne-sur-Mer, le 15 mars 2019, sous le soleil sporadiquement radieux de la Côte d’Opale soutenu par une pluie fidèle au rendez-vous, accompagnée d'un vent oscillant aux alentours de 47 km/h (Marathon du Droit à Boulogne-sur-Mer, le 15 mars 2019).

     

     

     

    Bavardage et babillage des Professeurs des Facultés de Droit

    2 Mon premier cours de droit (souvenirs d’un jeune étudiant des années 1970)

     

    « Je dirai que  le principe, du latin principium, fréquentatif de principem, de primus, premier, et capere, prendre, c’est le principe, et l’exception, du latin exceptionem, fréquentatif de excipere, de ex, hors, et cipere pour capere, prendre, mettre en dehors, c’est l’exception au principe. En droit, il n’y a point de principe sans exceptions. L’exception confirme toujours le principe, nonobstant les réserves aux exceptions, les tempéraments aux réserves, et les modifications apportées aux tempéraments. Cela ne souffre point d’exception ! C’est ainsi que la Jurisprudence applique l’exception au principe, tandis que la Doctrine applique le principe de l’exception…

     

    … Mais je dois m’interrompre à grand regret car il m’est toujours très difficile de faire une heure de cours en cinquante minutes ! Il n’y a point d’exception à ce principe. Non ne prenez pas note de cette dernière réflexion, car sauf exception elle ne se trouve pas, en principe, dans votre livre ! »

     

     

     

    Edmond Faral (1882-1952), professeur au Collège de France

    3 Edmond Faral (1882-1952), professeur au Collège de France et administrateur de celui-ci.

     

    « Quel bavardage*, que de paroles creuses à la Faculté de Droit ! Et il faut voir ceux qui reviennent de la capitale des études juridiques, où ils sont allés se perfectionner : ils babillent** comme des étourneaux en cage, sans souci de ce qu’ils disent, pourvu qu’ils y trouvent profit » (Edmond Faral. La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 93).

     

    Cette phrase d’Edmond Faral est aujourd’hui citée dans plusieurs dictionnaires et encyclopédies de la langue française recensés par la base de données ORTOLANG (Outils et Ressources pour un Traitement Optimisé de la LANGue) du CNRTL (Centre national de Ressources Textuelles et Lexicales), créé, en 2005,  par le CNRS, pour illustrer les mots bavardage et babiller. Serait-elle donc en passe de devenir un Principe, dans le sens de Maxime, sous réserve d’Exceptions ? N’y aurait-il point prescription juridique par la Grâce de Dieu ?

     

    * BAVARDAGE, substantif masculin 

    Assez souvent avec une nuance péjorative. Action de parler longuement, familièrement, souvent pour ne rien dire; par métonymie, ensemble de paroles abondantes, souvent dépourvues d'intérêt. 

     

    ** BABILLER, verbe intransitif, provenant d’une onomatopée (formation d'un mot dont le son est imitatif de la chose qu'il signifie), bab., qui indique certain mouvement des lèvres :

     

    A.− Parler avec abondance, d'une manière vive et volubile. Babiller avec quelqu’un.

     

    B.− Péj. Parler avec abondance et vite pour le seul plaisir de parler; tenir des propos futiles sans ordre ni suite. Babiller à perdre haleine, tant et plus.

     

     

     

    Un maître de l’université de Paris en chaire, au Moyen Âge

    4 Un professeur de droit en chaire, au temps de Saint Louis (d’après un bas-relief du Moyen Âge de l’Université de Paris). Du bavardage et du babillage en latin ? 

     

     

     

    L'art de la plaidoirie de l'avocat : bla., bla., bla...

         5 De l’art de la plaidoirie : Bla... Bla... Bla... (onomatopée tripartite désignant le bavardage et le babillage sans intérêt).

     

    Pour en savoir beaucoup plus sur le bla…bla… bla… des avocats issus de nos Facultés de Droit, ne manquez surtout pas, sur ce blog, à partir du dimanche 17 mars prochain, l’exceptionnelle série de sept post (j’ai horreur de ce mot !) ou posts (faut-il mettre un s au pluriel à ce fichu mot ?) consacré, dans la rubrique Comédie du Droit, à la pièce des Plaideurs de Racine, en textes, images et cartes postales anciennes (ICPA J).  

     

    Par ordre d’entrée en scène : 

     

          1  Les Plaideurs de Racine (1668) 

    2  Les Plaideurs de Racine. Dessins de Prévost d’après Taunay (1801) 

    3  Les Plaideurs de Racine. Les costumes des personnages 

    4  Les Plaideurs de Racine. Illustrations d'Albert Dubout (1945) 

       5  Les Plaideurs de Racine. À l'école du théâtre 

    6  Les Plaideurs de Racine. Images publicitaires anciennes 

    7  Les Plaideurs de Racine. Le procès du chien 


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    Job étudiant à la Bibliothèque Universitaire de Droit

    « Le Livre de Droit est fort instructif » (Dictionnaire de l’Académie française, 8ème édition).

     

     

    Nous cherchons un assistant bibliothécaire (H/F) en charge des documents en Droit, de formation supérieure de type Bac + 7 minimum, disponible après la fermeture au public, chaque soir de 22 h à 24 h.

     

     





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