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Par J.B. le 18 Octobre 2019 à 07:00
- Dire, ma fille, que ne peux pas traverser le Jardin du Luxembourg, sans être suivi par un étudiant ! (Le Rire, 27 février 1910. Dessin de Genty. Source : gallica.bnf.fr.).
Message : Chers visiteurs occasionnels ou accidentels de ce blog consacré au Droit en Images et Cartes Postales Anciennes (ICPA), qui m’occupe les jours de pluie ou de forts vents sur la Côte d’Opale, je vous informe que j’ai profité de cet été pour consulter l’intégralité des numéros du journal Le Rire paru entre 1894 et 1924, aujourd'hui offert en ligne par la Bibliothèque nationale de France sur son site Gallica (gallica.bnf.fr.).
J’ai ainsi pu y sélectionner de très nombreux dessins humoristiques plus ou moins en relation avec la thématique de ce blog. Par exemple, vous pourrez le constater dès demain matin avec le « post » intitulé « Le Sénatorium et la réduction du nombre des parlementaires. » Les dessins humoristiques des années 1900 restent étonnamment d’actualité !
Quant au mot drague que j’utilise aujourd’hui dans mon titre pour racoler les visiteurs, j’ai eu la surprise de constater qu’il était inconnu, dans son sens familier (aborder, accoster, faire la cour à quelqu’un), des dictionnaires d’Émile Littré (1873-1877) et de l’Académie Française (édition de 1835). En revanche, un site contemporain (seductionbykamal.com.) qui recense les lieux de drague à Paris les plus courus cite le Quartier Latin et le Jardin du Luxembourg avec leurs étudiants. En somme, rien de bien nouveau depuis ce joli dessin de Genty publié en 1910 dans le journal Le Rire !
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Par J.B. le 19 Octobre 2019 à 07:00
1 Une séance au Sénat : un discours plein d’intérêt (Le Rire, 24 décembre 1894. Toutes les images de cette page sont extraites de la collection complète de ce journal satirique de la Belle Époque disponible en ligne sur le site gallica.bnf.fr.).
Le célèbre dictionnaire d’Émile Littré, dont je me sers pour faire croire que je suis cultivé, énonce :
primo que « le sénat désigne le lieu où le sénat s’assemble » ;
secundo que « le sénateur c’est celui qui fait partie du sénat » ;
tertio que « la sénatrice est la femme de sénateur ».
Ces définitions, sobres sur la quantité et la qualité, présentent au moins l’avantage d’exister. Tel n’est pas le cas du mot, beaucoup plus imaginatif, Sénatorium (mot non valide au Scrabble) que l’on confond parfois avec le mot Sanatorium. Fort heureusement, à l’époque de la liberté de la presse, le journal Le Rire, dans son numéro du 20 janvier 1906, avait remédié à cette lacune au moyen des dessins de Grandjouan qui suivent :
2 Quand un député commence à donner des signes indéniables de faiblesse, on l’envoie au Sénatorium (Le Rire, 20 janvier 1906).
3 Pour cela, on réunit des délégués sénatoriaux, gens à la hauteur, élus pour leur aptitude à la sénilité (Le Rire, 20 janvier 1906).
4 Le Sénatorium possède un grand jardin appelé Luxembourg, placé sur une hauteur, orné d’une pièce d’eau, de chevaux hygiéniques* et autres distractions de la sainte enfance. Comme dans les maisons de santé, on donne aux sénateurs des représentations** (Le Rire, 20 janvier 1906).
* Chevaux de bois
** Théâtre de Guignol
5 On leur envoie, de temps en temps, le moins dangereux des ministres avec quelques projets de lois, pour qu’ils puissent jouer à la balle (Le Rire, 20 janvier 1906).
6 Ils moisissent ainsi rapidement, c’est ce qu’on appelle avoir des idées avancées en âge. Mais quand ils deviennent incurables, on essaie de les rouler jusqu’à un asile encore plus charitable (Le Rire, 20 janvier 1906).
7 L’exclusion d’un parlementaire trop âgé (Le Rire, 27 janvier 1907).
« Vieillard, lui dit la Mort, je ne t’ai point surpris ; Tu te plains sans raison de mon impatience » (La Fontaine, Fabl. VIII,1). Afin de réduire le coût financier de cette dernière solution pour le budget de l’État, le projet de loi sur la réforme des institutions, présenté à la fin du mois d’août 2019, prévoit de réduire le nombre des députés et des sénateurs de 25% (433 députés contre 577 actuellement ; 261 sénateurs contre 348 actuellement). Les victimes de ce coup de ciseaux seraient les députés et les sénateurs les plus âgés, dénoncés par leurs collègues.
8. La sauvegarde du ventre législatif (Le Rire, 10 novembre 1894, n° 1)
En revanche, pour éviter une hécatombe, ne seraient pas pris en compte la surcharge pondérale, l’assiduité aux séances et le montant du patrimoine non déclaré des élus de la République.
9. Le rire hors séance (Le Rire, 10 novembre 1894, n° 1)
Quant aux modalités de la disparition des députés et des sénateurs avancés en âge, elles n’ont pas encore été fixées dans le projet de loi qui pourrait être soumis au vote du Parlement à la Saint Glinglin selon la déclaration de politique générale du premier ministre Edouard Philippe, en juin dernier. Car, en effet, celui-ci a dit attendre " le moment propice et la manifestation de volonté du Sénat, qui peut-être ne viendra qu'après* le renouvellement de la Haute Chambre en 2020 ". Et d’ajouter cette boutade humoristique selon laquelle il ne semble pas « utile d’inscrire le texte à l’agenda tant que nous ne sommes pas certains d’obtenir un accord global préalable du Sénat et de l’Assemblée nationale.» Cette manifestation de volonté des députés et sénateurs pourraient d'ailleurs s'exprimer sous diverses formes, hors séance, au cours de repas informels de travail avec homards de Bretagne au menu, et temps de pose pour s'auto-congratuler et rigoler un bon coup.
* formule « énarquienne » (mot valide au scrabble) synonyme de jamais (en aucun temps).
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Par J.B. le 21 Octobre 2019 à 07:00
- Non, ce député ne devient pas fou ! Seulement, il a reçu un choc, une idée lui est venue au cours de son déjeuner de travail informel, remboursé une ou plusieurs fois, avec ses petits enfants. Il la peaufinera ce soir lors d’un dîner de travail informel, remboursé une ou plusieurs fois, avec sa maîtresse, une jeune stagiaire de son cabinet d'avocats, et vous la révélera, demain, après son petit-déjeuner de travail informel, remboursé une ou plusieurs fois, avec son épouse, co-associée de son cabinet d'avocats.
La suite donc demain sur ce blog : Du homard de Bretagne au Resto’U pour 3,25 €.
Ce dessin de Boyd est extrait du journal Le Rire du 10 octobre 1896, en libre accès sur le site de la BnF (gallica.bnf.fr.), avec cette légende originale :
- Non il ne devient pas fou, ce député, seulement, il a reçu un choc, une idée lui est venue.
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Par J.B. le 22 Octobre 2019 à 07:00
1 Nouveau menu de rentrée des Resto’U
Chers visiteurs, les grandes chaines d’information nous ont abreuvés, une partie de l’été 2019, de cancans sur les frais de bouches de nos hommes politiques lors de leurs repas de travail informels, selon les termes de l’un d’entre eux, « afin de rester connecter à la vraie vie ». Ces propos étaient complétés de commentaires puérils d’éminents spécialistes auto-intitulés politologues, déontologues, homarologues ou science-potologues, le plus souvent eux-mêmes assidus à ces repas informels pour s’alimenter en… ragots.
Aujourd’hui, je demande aux divers Crous (centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) qui gèrent les Resto’U (du latin restauratorem; en vieux français : restaurant universitaire), de nos jeunes étudiants sans le sous, de mettre au menu de cette rentrée universitaire du homard de Bretagne, sans pour autant augmenter le prix du ticket usager (3,25 €).
2 Buvard pour escholier du Droit faisant la queue au Resto’U
Pour y parvenir, il suffit aux Crous de solliciter les députés et sénateurs de leur ressort respectif afin qu’ils fassent une donation ad hoc dite de frais de bouche estudiantine (FBE). Ces parlementaires pourront en prélever le montant sur leurs frais de mandat et le déduire de leur IR.
3 Le homard de Bretagne, bien que plus cher, est toujours préférable à celui, américain ou canadien, des dîners de travail informels de la présidence de l’Assemblée nationale.
Pour les inciter à contribuer au nouveau menu estudiantin de rentrée, les Crous pourraient promettre d’afficher le nom des généreux donateurs à l’entrée des Resto’U à l’approche des élections.
4 Vendeuse de homards de Bretagne tout juste pêchés
Plus encore, en remerciement, les Crous pourraient les convier à des repas de travail informels avec nos jeunes étudiants, « afin de rester connecter à la vraie vie », au tarif non usager (7,48€).
5. Cuisinier de Resto’U
Mais surtout que nos hommes et femmes politiques qui n’ont par essence et nature aucune vue de récompenses se rassurent, ils pourront quand même déduire ce montant de 7,48€ de leurs frais de mandat puis de leur IR !
6. Sur ses lauriers
Mise à Jour sans fin… La presse a révélé, en septembre 2019, une enquête de la Chambre régionale de la Cour des comptes selon laquelle des députés se feraient rembourser deux fois leurs « notes de frais annuels » incluant des repas particulièrement copieux (coupes de champagne, huîtres, « king crabe », Saint-Jacques, homard…). Ces étourdis adressent à l’Assemblée nationale leurs notes de frais de restaurant, et le « doublon » de ces mêmes notes à la société d’économie mixte locale d’aménagement qu’ils président en tant que maire (sauf erreur de ma part, l’objet des discussions studieuses et la qualité des heureux convives amateurs d’homards n’ont pas à être justifiés).
Encore des députés-maires qu’il faudra consoler, si jamais ils perdent leur siège à l’Assemblée nationale, en les élevant à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur (mot synonyme de Talent, dans le sens d’Habileté), et en leur offrant un siège quasi éternel au Sénat, au Conseil constitutionnel ou au Parlement européen !
7. Ah ! la sale bête !
8. Préparation du homard de Bretagne en cuisines universitaires
9. Pitié, moi aussi, je veux « rester connecter à la vraie vie »
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Par J.B. le 24 Octobre 2019 à 07:00
1 Sur les traces du roi Albert Ier, alpiniste.
Jean de La Bruyère écrivait : « C'est un métier que de faire un livre, comme de faire une pendule ». Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que : « C'est un métier que de faire de la communication, comme de faire de l’escalade ».
2 Sur les traces de Donald, alpiniste
Car, en effet, un ancien ministre, actuellement député, nous a offert, le 20 août dernier, sur son compte Twitter, une photographie de ses vacances à la montagne, en train d’escalader, sans échelles ni escabeaux, l’aiguille d’Argentière, photographie aussitôt reprise par nombre de journaux.
Sans doute, les étudiants-sans-le-sous qui n’avaient pu se payer des vacances méritaient-il mieux que cette nouvelle d’un homme politique pouvant se payer une escalade estivale avec son guide de haute montagne attitré. Après les nouvelle estivales relatives, d'une part aux menus avec homard de repas informels de travail d’un ex président de cette même Assemblée nationale intégralement remboursés, d'autre part au double remboursement de ces mêmes frais de repas informels par un autre député, cela ne pouvait que couper l’appétit de ceux qui n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent.
3 " La Hutte " année 1930
« Youkaïdi, Youkaïda, Youkaïdi, aïdi, aïda ». Mais le plus embarrassant c’est que beaucoup de jeannettes, guides, louveteaux, scouts et autres éclaireurs, adeptes des ascensions à la montagne, se sont aussitôt inquiétés des risques de chute que pouvait encourir cet alpiniste, certes de grand talent, mais quand même de l’âge de leurs papys (né en 1956), et diplômé, dans les années seventies, donc au siècle dernier, d’une licence en Droit de l’Université Paris II (Panthéon-Assas), sans spécialité sportive.
4 La vie scoute, de Maurice Besson
Mais qu’ils se rassurent, il existe des techniques imparables pour éviter, dans certaines positions d’escalade, les risques de chute.
5 Les scouts du Camp Granada en escalade (image extraite d’une ancienne vidéo).
Parmi celles-ci, la technique dite du relevé qui consiste à se remettre debout, sur ses pieds, dans sa position naturelle. Elle nous est présentée par trois jeunes scouts du camp Granada entre les 17ème et 23ème secondes de cette ancienne vidéo, de nouveau disponible sur Youtube sous ce lien :
https://www.youtube.com/watch?v=9M7i6Iu-big
6 Sur les traces de Bécassine, alpiniste
Toujours est-il que cette technique est étrangère à la position réelle de notre homme politique d’escalade, certifiée par son guide personnel de haute montagne, l'office de haute montagne et des experts nationaux et internationaux en photographie de hautes montagnes.
7 Le scout est maître de lui, il sourit et chante dans les difficultés (dessin de T. Hauriou).
Fort heureusement, notre homme politique, injustement mis en cause, a su garder le sourire et répondre non sans humour :
« L’avalanche (phénomène dangereux en montagne...) de commentaires suscités par la publication d’une photo de montagne m’oblige à dire, au risque de décevoir, que cette image est vraie et sans retouche, le sens de la photo est le bon, mais le bon sens est une valeur rare…»
8 À la montagne (La vie scoute, de Maurice Besson, carte postale n° 10)
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