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Par J.B. le 16 Mars 2017 à 19:52
4. La Faculté de Droit de Paris en 1900
La première partie de cette histoire illustrée des Facultés de Droit en images, cartes postales et photographies anciennes est consacrée à la Faculté de Droit de Paris depuis son origine au Moyen Âge à sa disparition avec la dissolution de l’Université de Paris, le 31 décembre 1970. Cette partie (ou rubrique) sera divisée en soixante-dix chapitres (ou articles, ou post !) publiés à intervalle régulier au cours des prochains mois.
En voici la liste. Ils sont numérotés en chiffres romains pour rappeler que l’étude du droit n’est pas née au Moyen Âge, mais qu’elle existait déjà pour les enfants des familles aisées dans la Rome antique se destinant au métier d’avocat ou de jurisconsulte.
5. Le jeune Cicéron lisant un livre (fresque de Vincenzo Foppa, vers 1464)
C’est ainsi que Cicéron (106 av. J.-C.-43 av. J.-C.) étudia le droit sur le forum de Rome avec les jurisconsultes Scaevola l’Augure et Quintus Mucius Scaevol, dit le Pontife. Il fut un célèbre avocat avant de franchir les divers grades du cursus honorum de la magistrature publique et judiciaire : questeur, édile, préteur, consul.
6. I=1 ; V=5 ; X=10 ; L=50 ; C=100 : D=500 ; M=1000
I. L’enseignement du droit en Gaule Celte et en Gaule Romaine
II. Le droit dans les écoles monastiques du Haut Moyen Âge
III. Charlemagne et l'enseignement du droit
IV. Les Écoles du cloître de Notre-Dame de Paris
V. L’enseignement du droit dans les Écoles du cloître
VI. La naissance du Quartier Latin au XIIème siècle
VII. L'enseignement du droit à Paris au XIIème siècle
VIII. La promulgation des statuts de l'Université de Paris en 1215
IX. La fondation de la Sorbonne
X. La Faculté de Décret de la Sorbonne
XI. Les étudiants de Paris à l’Université d’Orléans
XII. La Faculté de Décret, rue Saint-Jean de Beauvais
XIII. Saint Yves : avocat des pauvres et patron des avocats
XIV. Saint Yves : étudiant en droit à Paris et Orléans vers 1270
XV. Refus de Cujas d'une chaire à l'Université de Paris en 1576
XVI. La Faculté des Droits au Collège Royal
XVII. Sceaux de l'Université et de la Faculté de Droit de Paris
XVIII. J.-G. Soufflot, l'étudiant en droit devenu architecte
XIX. L'École de Droit en 1774, place du Panthéon
XX. L'École de Droit en 1774 : la façade
XXI. L'École de Droit en 1774 : l'intérieur
XXII. Leçon d'Histoire de France
XXIII. Ouverture et fermeture de l'Ecole de Droit (1789-1802)
XXIV. Le maintien des Ecoles privées de Droit sous la Révolution
XXV. Réouverture de la Faculté de Droit de Paris en 1805
XXVI. Les diplômes de la nouvelle Ecole de Droit de Paris
XXVII. Une Faculté de Droit subordonnée à l'Etat depuis 1806
XXVIII. Choix et fonctions des premiers Doyens
XIX. Onze Doyens de la Faculté de Droit de Paris au XIXe siècle
XXX. L'affaire Nicolas Bavoux... Bah vous ! (1819)
XXXI. La Faculté de Droit de Paris (L'Illustration, 1847)
XXXII. Les chaires de la Faculté de Droit de Paris au XIXème siècle
XXXIII. Le Seyllier et Ortolan, des professeurs imposés par l'Etat
XXXIV. Les professeurs Paul & Charles Gide, et le jeune André
XXXV. Professeur Gustave Émile Boissonade de Fontarabie
XXXVI. La Faculté de Droit en 1888 par Louis Rousselet
XXXVII. La Faculté de Droit par Pérot et Gustave Doré
XXXVIII. Construction du Grand Amphithéâtre de 1828 à 1831
XXXIX. Les travaux d'agrandissement de 1876 à 1900
XL. La Bibliothèque de Droit, rue Cujas (1/3)
XLI. La Bibliothèque de Droit, rue Cujas (2/3)
XLII. La Bibliothèque de Droit, rue Cujas (3/3)
XLIII. Fonds de droit d'autres bibliothèques de Paris
XLIV. Fonds de droit des B.I.U. Sainte-Geneviève et Sainte-Barbe
XLV. La Faculté de Droit de Paris par les frères Neurdein (CPA 1900)
XLVI. La Faculté de Droit de Paris par Léon & Lévyy (CPA)
XLVII. La Faculté de Droit de Paris par d'autres éditeurs de cartes postales des années 1900.
XLVIII (ou 48) : Emile Accolas, Doyen virtuel sous la Commune (1871)
XLIX (ou 49) : Quatre Doyens de 1899 à 1922
L (ou 50) : Manifestations étudiantes entre 1909 et 1922
LI (ou 51) : La Faculté de Droit de Paris et la guerre de 14-18 (1/4): les étudiants festifs d’avant-guerre, la loi des Trois ans, et la mobilisation des étudiants sous les drapeaux.
LII (ou 52) : La Faculté de Droit de Paris et la guerre de 14-18 (2/4): les Professeurs sous les drapeaux et les Professeurs en poste.
LIII (ou 53) : La Faculté de Droit de Paris et la guerre de 14-18 (3/4) : la lente démobilisation des étudiants en Droit.
LIV (ou 54) : La Faculté de Droit et le guerre de 14-18 (4/4) : Les étudiants et les professeurs Morts pour la France.
LV (ou 55) : Quatre Doyens de 1922 à 1955.
LVI (ou 56) : L'affaire Georges Scelle (1925).
LVII (ou 57) : L'affaire Gaston Jèze et François Mitterrand.
en février et mars 2020 :
LVIII (ou 58). La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (1/7) : Petite leçon d’histoire de France.
LIX (ou 59). La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (2/7) : les étudiants appelés sous les drapeaux.
LX (ou 60). La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (3/7) : 1940-1941.
LXI (ou 61). La Faculté de Droit de Paris sous l'Occupation (4/7) : 1942-1944.
LXII (ou 62). La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (5/7) : les souffrances des Étudiants juifs.
LXIII (ou 63). La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (6/7) : l’exclusion des Professeurs juifs.
LXIV (ou 64). La Faculté de Droit de Paris sous l'Occupation (7/7) : ses étudiants devenus avocats.
LXV (ou 65). La Faculté de Droit sous l'épuration (1/2): ses professeurs et ex-étudiants épurés.
LXVI (ou 66). La Faculté de Droit sous l'Épuration (2/2): ses ex-étudiants devenus avocats-défenseurs d’épurés.
Le 23 mai 2020 :
LXVII (ou 67). Cinq Doyens de 1944/1945 à 1970
Quelques jours après :
LXVIII (ou 68). Professeurs de Droit de Paris en caricatures (1/3)
LXIX (ou 69). Professeurs de Droit de Paris en caricatures (2/3)
LXX (ou 70). Professeurs de Droit de Paris en caricatures (3/3)
LXXI (ou 71). Professeurs de Droit par Pazzi (1936)
Et, pour finir, en octobre 2020 :
LXXII (ou 72). Étudiants en Droit du baby-boom de l'année 1945 aux années 1970.
LXXIII (ou 73). Le nouveau bâtiment rue d’Assas (c. 1960) et la délocalisation partielle à Nanterre (c. 1965).
LXXIV (ou 74). La dissolution de l’Université de Paris et de sa Faculté de Droit, le 31 décembre 1970.
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Par J.B. le 17 Mars 2017 à 08:14
7. L’école au temps des Gaulois. Le magister ludi avec deux élèves et un esclave debout (Relief trouvé à Neumagen dans le land de Rhénanie-Palatina, près de Trèves).
En 1964, France Gall connut un grand succès avec sa chanson Sacré Charlemagne au refrain envoûtant : « Qui a eu cette idée folle, un jour d’inventer l’école… C’est ce sacré Charlemagne. Sacré Charlemagne… »). Elle fut aussitôt contredite par les Professeurs d’Histoire du Moyen Âge qui lui attribuèrent un 0/20 avec l’annotation qui va de pair : « Une grande marge de progression ! ». Il est vrai que l’école existait bien avant la naissance de Charlemagne (v. 742). L’on y enseignait même le droit !
8. « Dieu et Dieu font Droit » (Obélix à l’école du druide Panoramix. Enluminure du XXème siècle).
D’abord, dans la Gaule Celtique ou antique, depuis le IVème siècle av. J.-C, avec les druides (de « dru-wid-es » : qui signifierait : « très savant »).
9. Dans un village Gaulois, un druide transmet aux jeunes les connaissances qu’il a acquises de ses propres anciens (Image. 1957).
En effet, de l’ordre sacerdotal possédant le Savoir et faisant la Loi, les druides étaient tout à la fois chargés du culte, de la justice et de l’éducation des jeunes gaulois. Dans leurs collèges sacrés, ils se devaient de transmettre à leurs élèves, destinés ou non à être druides, les règles de droit qu’ils connaissaient et appliquaient, à savoir les coutumes régissant les rapports des membres de leur tribu celtique respective.
10. Un Maître d'école en Gaule romaine avec, sur l’épaule, une férule (palette de bois ou de cuir pour frapper les élèves en faute).
Ensuite, dans la Gaule Romaine, après l’invasion de Jules César (58 - 52 av. J.-C), avec la multiplication des écoles publiques municipales gallo-romaines de trois niveaux : élémentaire pour les enfants âgés de 7 à 12 ans (apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul) ; secondaire pour les ceux âgés de 11-12 à 15 ans (étude de la grammaire et des auteurs classiques comme Ovide, Virgile, Salluste et Cicéron) ; et supérieur pour les meilleurs élèves âgés de 15 à 20 ans. Ces derniers y apprenaient non seulement l’art oratoire et la rhétorique, inspirés du modèle éducatif grec, mais la science juridique pour leur permettre de devenir avocat. L’enseignement du droit était confié à un master juris recruté sur concours.
11. Les régions de la Gaule romaine (carte de Jan Janson. 1657)
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Par J.B. le 18 Mars 2017 à 20:14
12. Écoliers au Moyen Âge dans une école monastique. Les élèves sont ici tonsurés. Parmi eux, des oblats, c’est-à-dire des enfants consacrés à Dieu et donnés par leurs parents à un monastère (l’oblation sera définitivement interdite au XVème siècle).
Au Vème siècle, avec la fin de la domination romaine et les premières invasions barbares, les écoles gallo-romaines disparurent et furent remplacées par des écoles romano-chrétiennes sous l’emprise de l’église. Ces écoles prirent d’abord naissance dans les monastères pour éduquer de jeunes garçons, dès l’âge de 6 ou 7 ans, destinés ou non à la vie cléricale.
13. Moines copistes travaillant dans un scriptorium
(enluminure extraite du Livre des Jeux. XIIIème siècle).
En effet, à cette époque, les monastères constituaient de véritables foyers artistiques et culturels depuis que les moines, dits copistes, y copiaient à la main les manuscrits des œuvres classiques et des textes des Pères de l’Église, ainsi que, un peu plus tard, les livres de droit civil ou romain.
14. Page enluminée du Livre de Kells, aussi appelé Codex Cennanencis ou Grand Evangeliaire de Colomba. Réalisé par des moines vers l’an 800, il est écrit en latin et contient les quatre évangiles.
D’autres moines, les enlumineurs, ornaient les livres de peintures ou de dessins (certains moines étaient à la fois copistes et enlumineurs).
15. Une école monastique au Moyen Âge. Le Maître, un moine à la tonsure romaine, tient à la main une férule pour affirmer son autorité. Il s’agit d’une petite palette de bois ou de cuire à l’extrémité plate et élargie avec laquelle il frappait la main des jeunes écoliers fautifs (Enluminure, XIVème siècle).
Les moines, convertis en maîtres d’écoles, enseignaient à leurs jeunes élèves la lecture, la grammaire, la logique, le calcul, le latin, le chant liturgique et, dans une moindre mesure, l’écriture. Quant au droit, il n’était pas enseigné. Toutefois, les écoliers pouvaient le découvrir sous deux aspects insolites : le châtiment corporel, d’une part, les beaux-arts, d’autre part. Les moines avaient en effet hérité des maîtres des écoles romaines (magister, grammaticus…) le droit de correction. Ils pouvaient donner des coups de spatule sur le bout des doigts de leurs jeunes élèves lorsque ceux-ci avaient commis une faute ou pour les aider à appendre leurs leçons par cœur.
16. Manuscrit juridique du Midi de la France (XIIIème - XIVème siècle).
Les moines devaient enseigner à ceux de leurs élèves dont ils avaient repéré la capacité à bien écrire et dessiner l’art des copistes et des enlumineurs de manuscrits. Devenus copistes, les jeunes moines, en reproduisant inlassablement à la main des manuscrits juridiques, pouvaient devenir de savants connaisseurs des règles juridiques qu’ils contenaient.
17. Le Corpus Juris Civilis recopié à la main et enluminé par des moines (XIIème siècle).
De plus, ceux qui accédaient à la fonction de bibliothécaire pouvaient, à ce titre, conserver les livres juridiques et en contrôler l’utilisation, comme le plus célèbre d’entre eux : le Corpus juris civilis de Justinien retrouvé par les juristes d’Italie du Nord au XIème siècle (v. VIII. La Faculté de Décret de la Sorbonne).
18. Pierre Abélard (1079-1142), qui fut élève dans une école monastique de Chartres, puis à l’école cathédrale de Paris, se fit moine à Saint-Denis en 1099. Il y fonda une école de rhétorique et de théologie. C’est alors qu’il fut confronté au courant réformateur monastique animé notamment par Roscelin de Compiègne, un maître ès-arts libéraux, qui l’aurait eu pour élève. Roscelin lui rappela les paroles de Saint-Jérôme : « Le moine n'est pas fait pour donner des cours, mais pour se mortifier », avant de conclure : « Puisque tu enseignes, tu as cessé d'être moine » (Abélard est ici avec Héloïse, l’une de ses étudiantes qui lui donna un fils : Astrolabe).
Les écoles des moines commencèrent à décliner au XIème siècle sous la pression de réformateurs monastiques pour qui un moine ne pouvait être en même temps un maître d’école. Elles furent progressivement remplacées par des écoles urbaines. Les unes indépendantes étaient créées par des clercs. Les autres épiscopales dépendaient des évêques et les enseignements y étaient donnés par des chanoines réguliers et des clercs séculiers.
19. Le Livre d’Heures en latin (XIVème siècle).
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Par J.B. le 27 Mars 2017 à 08:02
20. Charlemagne visitant les écoles
D’autres types d’écoles apparurent aux Moyen Âge, s’ajoutant aux écoles monastiques. Il en fut ainsi des écoles paroissiales (ou presbytérales), en milieu rural, et des écoles épiscopales (ou cathédrales), en milieu urbain.
21. Scène d’enseignement au Bas Moyen Âge dans une école cathédrale. Le Maître enseigne depuis sa chaire professorale (du grec kathedra [latin : cathedra], dérivé de hedra « siège »). Les élèves sont souvent assis, à même le sol, sur de la paille.
Ce développement des écoles chrétiennes nous ramène à ce « Sacré Charlemagne » de la chanson de France Gall. Son enfance est peu connue et nul ne sait s’il a eu la chance, diraient les premiers de classe, ou la malchance, diraient les joyeux cancres, d’aller à l’école pour apprendre si ce n’est le droit au moins la lecture (il apprit à écrire à l’âge adulte). Pourtant, c’est bien Charlemagne qui a encouragé la création d’écoles chrétiennes, en dehors des monastères, dans les églises collégiales et cathédrales, sous l’autorité des chanoines.
22. Le chapitre 72 de l’ordonnance de Charlemagne Admonitio generalis (BNF, Manuscrits, Latin 10758, p. 50)
Ainsi son ordonnance impériale ou capitulaire « Admonitio generalis » (exhortation générale), promulguée le 23 mars 789, longue de 82 chapitres (capitula), comporte-t-elle un chapitre 72, spécialement adressé aux prêtres, qui invite les monastères, les presbytères et les évêchés à créer des écoles pour instruire les enfants. Charlemagne y déclare : « Nous voulons que des écoles soient créées pour apprendre à lire aux enfants. Dans tous les monastères, dans tous les évêchés, il faut enseigner les psaumes, les notes, le chant [d’église], le comput [calcul], la grammaire et les livres religieux : parce que souvent, ceux qui souhaitent bien prier Dieu le font mal, à cause de livres non corrigés. Ne permettez pas que vos élèves les altèrent, soit en les lisant, soit en les écrivant. Et s’il faut copier les Évangiles, le psautier ou le missel, que des hommes d’expérience les transcrivent avec le plus grand soin… ».
23. École épiscopale au Moyen Âge. Les jeunes gens y suivent un enseignement supérieur.
Par la suite, les écoles épiscopales ou cathédrales furent chargées de l’enseignement supérieur des jeunes gens se destinant ou non à devenir clerc. Dans la mesure où les évêchés étaient déjà en charge des tribunaux ecclésiastiques, ils pouvaient fort bien enseigner le droit et la procédure. D’ailleurs, plus tard, ces écoles cathédrales furent à l’origine des premières universités et de nos Facultés de Droit (v. les prochaines rubriques). En extrapolant, on peut donc considérer que la Faculté de Droit de Paris, héritière de la communauté (ou université) des « Maîtres et écoliers de Paris », elle-même descendante de diverses écoles du cloître de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui avaient migré au début du XIIème siècle sur la Rive Gauche de la Seine, doit en partie son existence à notre « Sacré Charlemagne ». L’intitulé de cette rubrique « Charlemagne et l'enseignement du droit dans les écoles cathédrales » n’est ainsi pas tout à fait infidèle !
24. Maîtres et écoliers au Moyen Âge
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Par J.B. le 3 Avril 2017 à 10:47
25. Scène d’enseignement dans une école épiscopale au Moyen Âge. Le maître exécute la lectio (lecture) sur sa chaire, appelée cathédrale (enluminure du XIVème siècle).
D'autres ordonnances de Charlemagne et des prescriptions de l’Église faisant suite au Concile d’Aix La Chapelle de 816 sur la discipline ecclésiastique demandèrent à chaque cathédrale d’ouvrir une école pour y dispenser des enseignements supérieurs aux jeunes gens qui se destinaient à devenir clercs de l’Église. Plus tard, les écoles cathédrales accueillirent également des jeunes gens étrangers à toute vocation ecclésiastique.
26. Au Moyen Âge, l’école de la cathédrale de Laon accueillait des jeunes élèves anglais pour les former à la vie cléricale (Dessin : Tavernier de Jonquières. Gallica-BNF).
En province, plusieurs écoles cathédrales s’ouvrirent ainsi à l’enseignement supérieur (Lyon, Chartres, Orléans, Reims, Laon, Rouen et Langres). Elles avaient pour point commun de dépendre institutionnellement de leur chapitre respectif (le chapitre désignait un collège de clercs appelés chanoines) et du Chancelier de l’Église. En revanche, il ne semble pas qu’il y ait eu une grande uniformité dans leurs modes de fonctionnement et les études dispensées.
27. L’Île Saint-Louis et la cathédrale Notre-Dame de Paris (plan Truschet et Hoyaux, vers 1550).
Pareillement, plusieurs écoles se créèrent dans l’Île de la Cité, au centre de Paris, comme l’École du cloître (escoles du cloistre), aussi appelée École de Paris. Elles connurent leur apogée au XIIème siècle avec des Maîtres de grand renom parmi lesquels Guillaume de Champeaux (v. 1070-1121) et Pierre Abélard (v. 1079-1142). L’université de Paris (ou de la Sorbonne) et sa Faculté de Droit en sont les héritières lointaines.
28. Le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris où étaient installées les écoles
Certaines de ces écoles étaient installées sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris au côté des étaux de marchands. Voici la légende de cette estampe ancienne, en vieux français : « Vue de la principalle entrée de l’Eglise de Nostre Dame de Paris, Bastie sous le Regne de Philippes Auguste environ l’an 1200. Tout cet édifice eft fondé sur Pilotis et creux par-dessous en plusieurs endroits, la hauteur des Tours ou Clochers eft de 65 Toises. Ce lieu est estimé le plus bas de Paris ».
29. Le cloître Notre-Dame vu de l’Île Saint-Louis (Nicolas Raguenet, 1753)
D’autres étaient installées dans le cloître (cloistre) de la cathédrale Notre-Dame. Le cloître désignait un ensemble, clos de murs avec quatre portes, d’une cinquantaine de maisons de l’Île de la Cité (les églises Saint-Jean-le-Rond et Saint-Denis-du-Pas étaient situées dans le cloître). Ces maisons étaient habitées par les chanoines de la cathédrale (les écoliers internes étaient fréquemment logés chez les chanoines).
30. Rue du Cloître Notre-Dame (n° 16) : la Maison du chanoine Feydeau
Le cloître Notre-Dame se situait au nord et à l’est de la cathédrale, le long de la Seine (quartier aujourd’hui délimité par la rue du Cloître Notre-Dame qui longe la cathédrale, la rue d’Arcole et le quai aux Fleurs qui borde la Seine). La plupart des maisons des chanoines du Cloître Notre-Dame ont disparu. L’une des seules qui subsistait au siècle dernier, était celle du chanoine Feydeau au numéro 16 de la rue du Cloître Notre-Dame. Elle servit un temps comme presbytère de l’église Saint-Jean-le-Rond. Nul ne sait quand et pourquoi elle a été rebaptisée Maison du Roi Dagobert. J’ignore si elle existe encore.
31. Le parvis de Notre-Dame et l’Hôtel-de-Dieux (Hôtel Dieu).
La présence dans le cloître de jeunes écoliers laïcs externes parfois turbulents portait atteinte à la tranquillité des chanoines. Aussi plusieurs écoles du cloître furent-elles transférées au sud de la cathédrale sur un terrain dénommé « le Chantier », entre le « Port-L’Évêque » et l’« Hôtel-de-Dieux ».
32. L’Hôtel-de-Dieux (Hôtel Dieu), à proximité duquel s’établirent plusieurs écoles de la cathédrale.
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