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    Veuillez ne pas encombrer l'issue de secours

                      1. Veuillez ne pas encombrer l’issue de secours. 

     

     

     « Il n’y a que les professeurs de droit qui aient encore des bibliothèques de livres de droit, anciens, rares et de belles éditions : et l’on sait qu’ils ne les lisent jamais car les textes cités sont tous périmés. ».

     

     

    La bibliomanie des hommes de lois. Les bons étudiants en droit et leurs professeurs sont des bibliotaphes, à cause du soin qu’ils ont de refermer leurs livres et de ne les prêter à personne. C’est pourquoi il a dû être institué des bibliothèques de livres de droit qui sont ouvertes, en dehors des petites et des grandes vacances, presque tous les jours de la semaine, à l’exception des dimanches, des samedis après-midi et parfois des lundis matins, des jours fériés, d’inventaire, de formation des bibliothécaires ou de grève. Les jours d’ouverture, on peut en général y entrer et emprunter des livres de 10 heures à 17 heures (en 1887, la Bibliothèque de la Faculté de Droit de Paris était ouverte le soir de 17 heures à 22 heures).

     

     

     « La vérité ne fait pas tant de bien dans le monde que les apparences y font de mal » (La Rochefoucauld). Chers visiteurs de ce blog, qui m’occupe les jours de pluie sur la Côte d’Opale où j’ai pris ma retraite de l’Université, n’attachez pas trop d’importance à cette dernière blague de potache sur les jours et heures d’ouverture des bibliothèques universitaires. Ainsi, par exemple, en 2019, la Bibliothèque de Droit de la rue Cujas, héritière de la Bibliothèque de la Faculté de Droit de Paris, est ouverte, pendant l’année scolaire, du lundi au vendredi de 9 heures à 21 heures, et le samedi de 9 heures à 18 heures. Pendant les vacances d’été, elle est encore ouverte tous les jours de 13 heures à 19 heures. 

     

     

     

     

     

     

    Souvenir d’un étudiant de BU

                                   2 Souvenir d’un étudiant de BU : 

     

     

     

    « La BU, j’y restais enfermé des heures et des heures pour faire croire que je travaillais. »

     

     

     

         BU (J : part. passé du verbe boire. Qui a bu, boira). Les Bibliothèques Universitaires (BU) sont nées au Moyen Âge pour réunir les collections de manuscrits des Universités. Elles étaient alors appelées librairies (Maître de la librairie, se disait du bibliothécaire du droit). Car, en effet, jusqu’au XVIème siècle, le mot librairie désignait à la fois une collection de livres et le bâtiment destiné à recevoir des livres (par exemple, les librairies des Universités d’Avignon, Orléans, Angers et Poitiers, construites dans le courant du XVème siècle). Le terme Library a été conservé dans ce sens dans les pays anglo-saxons.

     

     

     

     

     

     

    Le savant chercheur (dessin de John Wills)

                    3. Le savant chercheur en BU (dessin de John Wills) 

     

     

    « Si vous possédez une bibliothèque et un petit chien vous avez tout ce qu’il vous faut. » (citation inspirée de celle de Cicéron : « Si vous possédez une bibliothèque et un jardin vous avez tout ce qu’il vous faut. ») 

     

     

         Aujourd’hui, chaque université dispose d’une Bibliothèque Universitaire intégrée, dite BU,  ainsi qu’une ou plusieurs bibliothèques associées qui sont gérées par les UFR (ou Facultés), les Instituts, et les Laboratoires de recherche (l’ensemble est fédéré au sein d’un Service Commun de Documentation : SDC).

     

       Malheureusement, il est toujours interdit aux étudiants en droit d’accéder aux BU accompagnés de leurs toutous, ce qui occasionne à ces derniers un grand préjudice moral. Fort heureusement, la Cour européenne des Droits de l’Homme, le 1er avril dernier, vient de condamner la France pour sa vision non humaniste et non éthique des animaux de compagnie, en  violation de la reconnaissance par le nouvel article 515-14 du Code civil de l’animal comme « un être vivant doué de sensibilité et toujours près à suivre son maître en BU » (issu de la loi n° 2015-177 du 16 février 2015).

     

     

     

     

     

     

     

          Une ancienne salle de lecture de La Sorbonne

    4. Une ancienne salle de lecture de La Sorbonne (avant 1910, la Bibliothèque de l’Université de Paris était composée de cinq sections, dont une pour le Droit, à l’origine de la Bibliothèque Cujas de Droit et de Sciences économiques).

     

     

     « Il suffit de passer cinq minutes à la bibliothèque de droit de la rue Cujas pour s’endormir. »

     

     

    À Paris, les étudiants en droit peuvent aussi accéder aux Bibliothèques InterUniversitaires, dites BIU, comme la célèbre Bibliothèque Cujas.

     

    La BIU Cujas est l’héritière de l’ancienne Bibliothèque de la Faculté de Décret de la Sorbonne (rebaptisée Faculté des Droits en 1680, puis École ou Faculté de Droit), dont la première mention date de 1475 avec 17 manuscrits parmi lesquels le Code Justinien, le Digeste et les Décrétales (tous détruits sous la Révolution de 1789). Aujourd’hui, elle est la première bibliothèque de droit français et francophone d’Europe (Du grec, Europe, fille de Phénix et mère de Minos), avec plus d’un million de volumes (le volume se dit d’un livre relié ou broché, imprimé ou manuscrit. Il peut être in-folio, lorsque la feuille est pliée en deux ; in-quarto lorsqu’elle est pliée en quatre feuillets, ce qui fait huit pages, in-plano, lorsqu’elle ne contient qu’une page de chaque côté,  etc.).

     

     

     

     

     

     

    Recueil Dalloz de l’année 1833

                                       5. Recueil Dalloz de l’année 1833

            

     

    « Le secret d’une culture juridique intelligente, c’est de savoir sur quel rayon de la bibliothèque se trouve le Répertoire Dalloz de Droit civil ».

     

     

    Chercheur, celui qui cherche (dict. Emile Littré). Ces bibliothèques sont également ouvertes aux chercheurs et enseignants-chercheurs en droit. Ils sont appelés chercheurs, car ils cherchent avec activité et persévérance, d’abord, une place pour garer leur voiture, puis la porte d’entrée de la BU, ensuite des revues et des livres de droit, déjà empruntés régulièrement ou pris furtivement, rangés sur des étagères interminables par thème subtilement organisé (civil, criminel, privé [par opposition à public], public [par opposition à privé], introduction, sortie, etc.), au moyen de codes tenant de l’allégorie (ex. : BMW X3 M), enfin une photocopieuse en état de marche et dont l’usage ne serait pas restreint aux seuls détenteurs d’une carte magnétique disponible le mardi de 14h à 14 h 30 à l’accueil de la Bibliothèque sur présentation de justificatifs dont la liste est consultable au bureau des renseignements de l’Université, aux jours et heures d’ouverture affichés sur le site Internet de la Faculté de Droit en cours de construction.

     

     

     

     

     

     

    Les meilleurs bonbons des BU : JCP ou SJ ?

                        6. Les meilleurs bonbons des BU : JCP ou SJ ?

     

     

    « S’il fallait étudier toutes les lois, on aurait jamais le temps de les transgresser. »

     

     

    « Ma p’tite Semaine Juridique ». La plus grande épreuve de l’étudiant en droit de première année, affublé du qualificatif ethnologique de primo arrivant par le MEN (ministère de l’Éducation nationale) ; est de découvrir en BU le dernier numéro de la Semaine Juridique, la revue concurrente du Recueil hebdomadaire Dalloz. Car, en effet, dans le catalogue des BU, la Semaine Juridique (SJ) s’appelle aussi le JurisClasseur Périodique (JCP), et le JurisClasseur Périodique s’appelle aussi la Semaine Juridique.

     

    Pourquoi deux noms pour une même et unique revue me direz-vous ? Ben’ la réponse est toute simple comme la Sainte Binité ou 1 x 1 = 1 : c’est parce que c’est comme ça !

     

     

     

     

     

     

            

          La rue Saint-Étienne-des-Grés renommée rue Cujas (détail d’un plan de Paris levé par Edme Verniquet entre 1785 et 1791)

    7. La rue Saint-Étienne-des-Grés renommée rue Cujas (détail d’un plan de Paris levé par Edme Verniquet entre 1785 et 1791).

     

     

    « En raison de votre nombre, plus de 847, vous serez répartis pour l’examen d’Introduction au droit entre les amphis A, B et C, de l’UFR D dans le bâtiment E de l’Université. Le Code civil étant autorisé, vous en trouverez quelques exemplaires à la BU dont un ou deux de cette année. »

     

     

    Coupe-Gueule et Coupe-Gorge. C’est un décret du 2 octobre 1865 qui, en raison du voisinage de la Faculté de Droit, donna le nom de Jacques Cujas à une rue légendaire du Quartier Latin : l’ancienne rue Coupe-Gueule, où étaient installés les premiers locaux du Collège de la Sorbonne, non loin de la rue Coupe-Gorge. La rue Coupe-Gueule fut renommée rue des Grès ou des Grès (dérivé du mot Grec), puis rue Saint-Étienne-des-Grés, enfin rue Cujas.

     

     

    La section de droit de la Bibliothèque de l’Université de Paris alors installée au sein même de la Faculté de Droit n’a pas craint de s’approprier aussitôt le nom de Cujas, incomparablement plus attractif que celui de Coupe-Gueule. 

     

     

    Le plan d’Edme Verniquet ci-dessus reproduit représente : la nouvelle église Sainte-Geneviève, renommée Panthéon, achevée. Devant elle (en vert), l’École de Décrets (ancien nom de l’École des Droits, puis de Droit, avant la levée de l’interdiction de l’enseignement du droit civil ou romain à Paris) a déjà été construite par l’architecte Jacques-Germain Soufflot, la rue Soufflot n’a pas encore été formée vers la rue Saint-Jacques, et l’ilot des anciennes maisons de la rue Saint-Étienne-des-Grés (en jaune), derrière l’École de Droit, est toujours présent. Il ne sera annexé à l’École de Droit qu’au cours du XIXème siècle pour permettre l’agrandissement de celle-ci jusqu’à la rue Saint-Jacques avec une grande salle de lecture dénommée Bibliothèque de droit Cujas (voir le Chapitre XLI : La Bibliothèque de Droit, rue Cujas 2/3). 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Jacques Cujas (dessin et gravure/gillotage de Pérot dans  « Le tour de la France par deux enfants. Devoirs et patrie », de G. Bruno, édition Eugène Belin, 1877, chapitre LXXXIV. – Toulouse. – Un grand jurisconsulte, Cujas)

     

    8. Jacques Cujas (dessin et gravure/gillotage de Pérot dans  « Le tour de la France par deux enfants. Devoirs et patrie », de G. Bruno, édition Eugène Belin, 1877, chapitre LXXXIV. – Toulouse. – Un grand jurisconsulte, Cujas).  

     

     

     

    « Il suffit de savoir les vingt-quatre lettres de l'alphabet et de vouloir ; avec cela, on apprend tout le reste. » (G. Bruno : Le tour de France par deux enfants, en prologue au récit de la vie de Jacques Cujas).

     

     

    Jacques Cujas naquît à Toulouse en 1522 et il professa le droit successivement à Cahors (1554-1555), à Bourges (1555-1557), à Valence (1557-1559), de nouveau à Bourges (1559-1566), à Turin (1566-1567), à Valences (1567-1575), peut-être à Paris, en 1576 (c’est discuté), et encore à Bourges jusqu’à la fin de sa vie, le 4 octobre 1590.

     

     

    Pour en savoir un peu plus sur ce grand jurisconsulte, voici ce que G. Bruno (de son vrai nom Augustine Fouillée), racontait avec simplicité et talent aux jeunes orphelins André et Julien, dans son célèbre livre d’instruction élémentaire « Le tour de la France par deux enfants (plus de 8,4 millions d’exemplaires vendus à ce jour !) : 

     

      

     

     

     

     

     

     

     

    G. Bruno : Le tour de France par deux enfants. Devoirs et patrie. Éditions Bélin, 1877. LXXXIV. – Toulouse. – Un grand jurisconsulte, Cujas. 

     

     

     

     

     

     

     

    Jours et heures d’ouverture de la Bibliothèque Cujas en 1907

    9. Jours et heures d’ouverture de la Bibliothèque Cujas en 1907 (source : htpp://expo-paulviollet.univ-paris1.fr/).

     

     

    « On apprend moins des cours en amphis que des bibliothèques universitaires ».

     

     

          Impair et pair. Pour découvrir la Bibliothèque Cujas en images et cartes postales anciennes (ICPA), je vous invite à me suivre, ces prochains jours, à ses heures d’ouverture, d’abord, du côté des numéros impairs de la rue Cujas où cette bibliothèque de droit fut créée (chapitre XLII : La Bibliothèque de Droit, rue Cujas 2/3), ensuite, du côté des numéros pairs de la même rue où elle fut transférée, en 1958, dans de nouveaux bâtiments, dont la salle de lecture a été modernisée en 2012-2013 (chapitre XLII : La Bibliothèque de Droit, rue Cujas 3/3).

     

     

    À très bientôt donc pour le chapitre XLI : La Bibliothèque de Droit, rue Cujas (2/3)


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    Plan de l’École de Droit de Paris, dessiné par Jacques-Germain Soufflot en 1771

    1. Plan de l’École de Droit de Paris, dessiné par Jacques-Germain Soufflot en 1771

     

     

    La première bibliothèque. Ce plan du premier étage de l’École de Droit, construite de 1771à 1773 au sommet de la Montagne Sainte-Geneviève, place de la nouvelle église Sainte-Geneviève (devenue place du Panthéon), mentionne comme bibliothèque une pièce rectangulaire, d’une superficie de 40 m² environ (soulignée en jaune). Ultérieurement, l’architecte Jacques-Germain Soufflot modifia son projet initial et déplaça la bibliothèque au deuxième étage de l’édifice, juste au dessus de la salle des actes de forme et superficie identiques.

     

    Cette bibliothèque permettait d’accueillir une vingtaine de  personnes. À l’ouverture de l’École de Droit, en 1774, elle pouvait mettre à leur disposition le fonds d’ouvrages manuscrits et imprimés de l’ancienne Bibliothèque de la Faculté de Décret de la Sorbonne (rebaptisée Faculté des Droits en 1680).

     

    Mais, sous la Révolution, les douze écoles de Droit de l’Ancien Régime, dont celle de Paris, furent supprimées (décret de la Convention nationale du 15 septembre 1793). Tous les livres que possédait la nouvelle Bibliothèque de l’École de Droit disparurent (détruits ou volés). Aussi, en 1805, à la réouverture de l’École de Droit de Paris (rebaptisée Faculté de Droit le 1er janvier 1809), sa Bibliothèque ne possédait-elle plus aucun ouvrage ! Puis progressivement, grâce à des acquisitions et des dons de particuliers, un fonds de livres de droit conséquent put être mis à la disposition, d’abord des seuls professeurs, puis des étudiants eux-mêmes (depuis le 1er janvier 1874, les étudiants devaient acquitter, chaque année, sur chaque première inscription, un supplément de droit de dix franc, destiné à créer un fonds communs pour les Bibliothèques des Facultés de Droit. Loi du 29 septembre 1873, art. 9; et Loi du 3 août 1875, art. 9).

     

     

     

     

     

    Paul Viollet (1840-1940), premier bibliothécaire de la Faculté de Droit de Paris

    2. Paul Viollet (1840-1940), premier bibliothécaire de la Faculté de Droit de Paris.

     

     

    On reconnaît à Paul Viollet, directeur de la Bibliothèque de la Faculté de Droit de Paris de 1876 à 1914, un grand rôle dans  l’enrichissement du fonds d’ouvrages de droit de cette Bibliothèque.

     

    En voici les chiffres : 25 000 volumes – livres, périodiques et thèses confondus –, en 1876 ; 42 000 en 1888 ; environ 50 000 en 1895, plus de 112 000 en 1914 dont 500 périodiques.

     

    Ces chiffres intègrent trois exemplaires des thèses soutenues chaque année à la Faculté de Droit (150 exemplaires en 1881, 819 en 1901, 1 086 en 1911, 681 en 1914), ainsi que les ouvrages entrés à la Bibliothèque à la suite de dons de particuliers (ex. : en 1902, le legs Goullencourt, un ancien étudiant licencié et docteur de l’École de Droit de Paris). 

     

     

     

     

     

    Henri Roger, gendre de Paul Viollet, sur le paratonnerre de la Bibliothèque la Faculté de Droit de Paris, le 10 décembre 1899.

    3. Henri Roger, gendre de Paul Viollet, sur le paratonnerre de la Bibliothèque la Faculté de Droit de Paris, le 10 décembre 1899. 

     

     

     

    Biographie (sorte d’histoire drôle ou triste qui a pour objet la vie d’une seule personne). Paul Viollet naquit le 24 octobre 1840 à Tours où il suivit ses premières études dans une institution fondée par l’abbé Viot, un ancien professeur de l’Université. À l’âge de dix-huit ans, sur les conseils de ce dernier, il partit à Paris pour s’inscrire à l’École de Droit ainsi qu’à l’École Impériale des chartes, dont il sortit premier en 1862 (école instituée pour apprendre à lire et à interpréter les chartes, diplômes, etc., et en général pour étudier les titres, les institutions, les usages du Moyen âge. Certains écrivent École des chartes, d’autres école des Chartes !). 

     

    Paul Viollet fut d’abord secrétaire général archiviste de la mairie de Tours, et, peu de temps après, gestionnaire de la bibliothèque des Archives nationales.

     

    Puis il obtint d’être nommé, en 1876, bibliothécaire-archiviste de la Faculté de Droit de Paris, dont le poste venait d’être créé. Il exerça cette fonction jusqu’en 1914, année de sa mort (François Saleilles lui succéda), sous l’autorité directe du Doyen de la Faculté de Droit et la surveillance d’une Commission spéciale composée du Doyen, de trois professeurs et de deux agrégés.

     

     Habitant avec son épouse et ses sept enfants un logement de fonction, dans le bâtiment même de la Faculté de Droit, Paul Viollet connut et supporta pas moins de huit décanats successifs : Gabriel Colmet Dâage de 1868 à 1878, Charles Beudant de 1879 à 1887, Edmond Colmet de Santerre de 1888 à 1896, Eugène Garsonnet de 1896 à 1899, Ernest Glasson de 1899 à 1906, Charles Lyon-Caen de 1906 à 1911, Paul Cauwès de 1911 à 1913, et Ferdinand Larnaude de 1913 à 1919.

     

     L’une de ses filles épousa Henri Roger, un ingénieur devenu l’un des précurseurs du trucage photographique, auteur, à ce titre, de cette étonnante photographie de l’année 1899 où il apparaît accroché au paratonnerre du toit du bâtiment de la Bibliothèque de la Faculté de Droit de Paris, sous les yeux de son épouse. 

     

    Mais Paul Viollet ne donna pas qu’une heureuse impulsion aux collections de la Bibliothèque de la Faculté de Droit et à son paratonnerre. Il mena également une activité d’enseignant et de chercheur. C’est ainsi qu’il fut professeur d’histoire du droit civil du Moyen Âge et de droit canonique à l’École des chartes en 1890, auteur notamment d’une Histoire du droit civil français (introuvable sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France). Il fut encore membre de l’Institut en 1887 (Académie des inscriptions et belles-lettres), et l’un des créateurs, en 1898, de la Ligue des Droits de l'Homme. 

     

    Pour en savoir bien plus sur ce premier bibliothécaire de la Faculté de Droit de Paris, je vous invite à découvrir, en ligne, les textes, images et photos de l’exposition qui lui a été consacrée par la Bibliothèque Cujas et l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en partenariat avec l’École des chartes et Sciences-po :       Paul Viollet

     

     

     

     

     

     

    Dessin de John Wills

    4 J’comprends pas pourquoi y’a des arrêts qui commencent par « Attendu que », et d’autres par « Considérant que » !

    J’espère qu’on m’posera pas la question au concours de l’agrég. des profs de droit ! (dessin de John Wills).  

     

     

     

     

    À la réouverture de l’École de Droit, en 1804-1805, la bibliothèque était réservée aux seuls professeurs. Puis, en 1829, elle fut ouverte aux étudiants en thèse, et, en 1831, à tous les étudiants en droit de Paris. Mais en  raison de l’augmentation considérable de leur nombre (500 en 1805, 1095 en 1808, 2055 en 1817, 3097 en 1818, 2500 en 1865), ceux-ci pouvaient difficilement trouver place dans la toute petite salle de lecture de la Faculté de Droit :  

     

    « Quelques heureux parvenaient à s'asseoir autour d'une table centrale, tandis que, derrière eux, guettant impatiemment leur départ pour les remplacer à ces places privilégiées, d'autres étudiants, pressés sur des bancs étroits, lisaient, comme au vol, les livres qui, pour peu qu'ils provinssent des rayons supérieurs, étaient presque hors d'atteinte, l'unique marchepied de la bibliothèque étant généralement chargé de lecteurs à qui la compassion de l'huissier permettait de chercher sur les échelons un siège bien précaire » (Notice sur la vie et les travaux de M. Paul Viollet, par Henri-François Delaborde. In : Bibliothèque de l’école des chartes, 1918. Tome 79. pp. 147-175. En libre accès sur le site Persée : https://www.persee.fr/). 

     

     

     

     

     

     

    Planches de la nouvelle Bibliothèque de l’École de Droit de Paris construite par l’architecte Lheureux entre 1876 et 1878

    5 Planches de la nouvelle Bibliothèque de l’École de Droit de Paris construite par l’architecte Lheureux entre 1876 et 1878 : à gauche, la façade sur la cour, au centre, la coupe transversale, à droite, la façade sur la rue Cujas (In Félix Narjoux, Paris : monuments élevés par la ville, 1850-1880. Volume 2, Paris, Vve A. Morel, 1883, « Bibliothèque de l’École de droit. ») 

     

     

     

    Aussi, dans un premier temps, deux salles de lecture plus vastes furent-elles construites, entre 1876 et 1878, par Louis-Ernest Lheureux, l’architecte du Vème arrondissement en charge des bâtiments de la Faculté de Droit.

     

    Édifiées au sein même du site de la Faculté de Droit, ces nouvelles salles de lecture occupaient un espace d’environ 300 m² compris entre le second amphithéâtre et les maisons donnant sur les rues Cujas et Saint-Jacques. On y accédait par le rue Cujas, du côté des numéros impairs.

     

     

     

     

     

    Entrée, rue Cujas, de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit, construite par Lheureux en 1878 (photographie de Charles Marville 1813-1879)

    6. Entrée, rue Cujas, de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit, construite par Lheureux en 1878 (photographie de Charles Marville 1813-1879).

     

     

     

            Cette photographie de l’entrée de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit a été prise par Charles Marville, soit en 1878, année de l’achèvement du bâtiment, soit en 1879, année de sa mort.

     

    Aujourd’hui, ce bâtiment n’existe plus.

     

     

     

     

     

    La grande salle de lecture de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit construite par Lheureux en 1878

    7 La grande salle de lecture de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit construite par Lheureux en 1878 (In Félix Narjoux, Paris : monuments élevés par la ville, 1850-1880. Volume 2, Paris, Vve A. Morel, 1883, « Bibliothèque de l’École de droit.)

     

     

     

    La grande salle de lecture pouvait accueillir quatre-vingt dix personnes contre vingt pour l’ancienne bibliothèque.

     

     

    Règlement pour le service de la Bibliothèque de la Faculté de Droit de Paris, en date du 14 mai 1887. Art. 9 : « La Bibliothèque est ouverte tous le jours, sauf les dimanches et jours de fêtes légales, de 9 heures ½ du matin à 5 heures du soir, et en outre, de 7 à 10 heures du soir. Elle est fermée pendant les vacances et pendant les congés de la Faculté. »

     

     

     

     

     

    La grande salle de lecture de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit, construite par Lheureux en 1878

    8. La grande salle de lecture de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit, construite par Lheureux en 1878 (In, Louis Rousselet, Nos grandes écoles militaires et civiles, ouvrage illustré de 160 gravures sur bois, dessinées par A. Ferdinandus, Jeanniot, A. Lemaistre, Fr. Régamey et P. Renouard. Librairie Hachette, 1888).

     

     

    On remarquera sur cette gravure les étonnants porte-chapeaux improvisés.

     

    Règlement pour le service de la Bibliothèque de la Faculté de Droit de Paris, en date du 14 mai 1887. Art. 10 : « Sont admis de droit dans les salles de lecture :

    1° Les Membres en exercice et les membres honoraires des établissements d’enseignement de l’Académie de Paris, ainsi que le Secrétaire de la Faculté de droit ;

    2° Les Bibliothécaires des mêmes établissements ainsi que des grandes Bibliothèques de Paris ;

    3° Les étudiants de la Faculté de droit de Paris, sur la présentation de leur carte d’étudiant ;

    4° Les candidats à l’agrégation des Facultés de droit pendant la durée du Concours*.

    Seront admis, en outre, les personnes munies d’une autorisation délivrée par le Doyen.

     

    *Aujourd’hui encore, la Bibliothèque Cujas met son fonds de droit et une salle à la disposition des candidats aux concours de l’agrégation en histoire du droit et des institutions, de l’agrégation en droit privé et sciences criminelles, et de l’agrégation en droit public, pour la préparation de leur leçon en loge.

     

     

     

     

     

    Vue panoramique prise depuis le Panthéon en 1908

    9. Vue panoramique prise depuis le Panthéon : en bas, à gauche, la rue Soufflot ; en bas, au centre, jusqu’à la rue Saint-Jacques, les nouveaux bâtiments de la Faculté de Droit, ouverts en 1898. La façade gauche de la Faculté de Droit donne sur la rue Soufflot, la façade droite sur la rue Cujas avec la grande bibliothèque (circa 1908).  

     

     

     

              Rapidement saturée, en raison de l’augmentation continue du nombre des étudiants (3 200 en 1893, 4 600 en 1899), la bibliothèque dût être reconstruite, entre 1893 et 1898, toujours par Louis-Ernest Lheureux, dans le cadre de la reconfiguration générale de la Faculté de droit suite à ses travaux d’extension jusqu’à la rue Saint-Jacques (v. le chapitre XXXIX. Les travaux d'agrandissement de 1876 à 1900). 

     

     

     

     

     

    La grande salle de lecture de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit, reconstruite par Lheureux en 1898

    10 La grande salle de lecture de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit, reconstruite par Lheureux en 1898 (gravure extraite d’un ouvrage de l’année 1898, intitulé Le magasin pittoresque, également reproduite dans L’Illustration).

     

     

    Située au numéro 5 de la rue Cujas, dans l’îlot même de la Faculté de Droit, la nouvelle bibliothèque pouvait  accueillir 288 lecteurs dans deux grandes salles se divisant chacune en deux sections distinctes.

     

               Voici la description de cette bibliothèque donnée, en 1898, par Victorien Maubry, sous la page 36 de la revue ou du livre Le magasin pittoresque :

     

    « La grande salle de lecture pour la bibliothèque, œuvre de M.E. Lheureux, architecte honoraire de la ville de Paris, contient 230 places d’environ 80 cm chacune, et ayant toutes des chauffe-pieds, et un dépôt de livres contigu à la salle de lecture, communiquant facilement avec celle-ci par trois larges baies.

     

    Le dépôt des livres et la salle de lecture sont chauffés par la vapeur à basse pression et munis de l’éclairage électrique. La salle de lecture reçoit la lumière du jour par un vaste plafond vitré occupant le centre de la coupole ; elle est sur trois de ses faces garnie par trois étages de casiers auxquels on accède par des escaliers disposés dans les angles de la salle.

     

    Le nombre des volumes réunis dans les deux locaux, peut être évalué à soixante mille ».

     

     

     

     

     

     

    La grande salle de lecture de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit (photographie datée 17 juin 1917)

    11 La grande salle de lecture de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit (photographie datée 17 juin 1917).

     

     

    Je publierai deux autres photographies éditées par les frères Étienne et Louis-Antonin Neurdein, vers 1900, de la grande salle de lecture de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit, dans le chapitre XLIV intitulé : La Faculté de Droit de Paris par l’éditeur Neurdein (ND).

     

     

     

     

     

     

    Sortie de la Bibliothèque de la Faculté de Droit de Paris en 1910

    12 Sortie de la Bibliothèque de la Faculté de Droit de Paris en 1910

     

     

    Cette photographie de 1910 donne à penser que, à cette époque, la misogynie avait droit de cité à Bibliothèque de Droit de  la rue Cujas.

     

    Heureusement, les choses vont changer avec le transfert de la bibliothèque, en 1958, de l’autre côté de la rue Cujas. Désormais nos étudiants-garçons des années sixties pourront fréquenter la BU pour y regarder les étudiantes-filles tout en faisant croire qu’ils travaillent.

     

     

     

     

     

     

    Amédée Britisch, bibliothécaire en chef à la Faculté de Droit de Paris de 1927 à 1930

    13 Amédée Britisch, bibliothécaire en chef à la Faculté de Droit de Paris de 1927 à 1930 (illustration de Mme Favrot-Houllevigue, page 125 de l'ouvrage Nos Maîtres de la Faculté de Droit de Paris, édité en 1932, en free access sur Gallica.bnf.fr).

     

     

    Mais, avant de traverser la rue Cujas pour découvrir la nouvelle bibliothèque de la Faculté de Droit, permettez-moi de vous présenter Amédée Britisch.

     

    Né le 15 avril 1878 à Blois et décédé le 2 avril 1960, Amédée Britisch, de souche alsacienne, fut élève au Prytanée militaire de La Flèche, et au lycée Henri-IV à Paris, puis licencié ès lettres et diplômé d'études supérieures d'histoire et de géographie des Faculté des Lettres de Clermont-Ferrand et de la Sorbonne (il y fut docteur ès lettres de la Sorbonne, en avril 1926).

     

    Reçu premier à l'Examen Professionnel pour le Certificat d'Aptitude aux fonctions de Bibliothécaire Universitaire (Paris, les 8 et 9 juillet 1903), il fut successivement : stagiaire à la Bibliothèque Universitaire de Clermont-Ferrand (de 1901 à 1903); attaché à la Bibliothèque Universitaire de la Sorbonne (1903 à 1907); Secrétaire Bibliothécaire de l'Ecole Française d'Athènes (1907); puis Bibliothécaire à la Sorbonne (1908 à 1927). C'est le 30 juillet 1927 qu'il fut nommé Bibliothécaire en chef de la Faculté de Droit de Paris, poste qu'il occupa jusqu'à sa retraite en décembre 1940.

     

    En marge de son métier de bibliothécaire universitaire, Amédée Britisch, passionné d'histoire, écrivit plusieurs ouvrages. L'un d'entre eux, La Jeunesse de Philippe Egalité (Paris, Payot, 1923), obtint en 1927 un prix de l'Académie française. 

     

     

    À très bientôt pour le prochain chapitre XLII : La Bibliothèque de Droit, rue Cujas 3/3.


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    le bâtiment d’entrée du Collège Sainte-Barbe, vu depuis le  Panthéon (c. 1900)

    1  Années 1900 : le bâtiment d’entrée du Collège Sainte-Barbe, vu depuis le  Panthéon.

         

    De gauche à droite : le Panthéon (1) ; la Faculté de Droit (2) ; le collège Sainte-Barbe (3) : la Bibliothèque Sainte-Geneviève (4).

     

     

    Dès 1946, fut envisagé le transfert de la Bibliothèque de Droit Cujas, alors implantée au numéro 5 de la rue Cujas au sein même de l’îlot de la Faculté de Droit, de l’autre côté de cette même rue, dans une partie des locaux du collège Sainte-Barbe. Ce collège, l’un des plus vieux de Paris (il avait ouvert ses portes en 1460), avait été reconstruit et agrandi en 1845-1846 par l’architecte Théodore Labrousse.

     

     

     

     

     

    La rue Cholet sur le plan levé par Edmond Verniquet entre 1785 et 1791

    2 La rue Cholet sur le plan levé par Edmond Verniquet entre 1785 et 1791.  

     

     

     

    Au XVIIIème siècle, la porte d’entrée de l’ancien collège Sainte-Barbe donnait sur la rue de Reims (1). Des murs du collège donnaient sur l’ancienne rue Cholet (2) s’ouvrant sur la rue Saint-Etienne-des-Grés (3), renommée aujourd’hui, rue Cujas, et sur l’ancienne rue des Chiens (4), renommée rue Jean Hubert en 1806, et supprimée lors des travaux d’agrandissement du collège Sainte-Barbe et de construction de la bibliothèque Sainte-Geneviève. 

     

     

    La rue Cholet a été supprimée, le 5 septembre 1845, pour permettre l'agrandissement du collège Sainte-Barbe et du lycée Louis-le-Grand. La voie, aujourd’hui sans nom, qui lui a succédé, donne toujours sur la rue Cujas et la place du Panthéon. Elle est bordée d’un côté par l’un des murs d’un nouveau bâtiment du collège Sainte-Barbe (aujourd’hui, intégré à la Bibliothèque de Droit Cujas), de l’autre, par  l’un des mur de la nouvelle Bibliothèque Sainte-Geneviève, construite par l’architecte Henri Labrousse (frère de Théodore Labrousse), sur les vestiges de l’ancien collège de Montaigu fermé en 1792 (5).

     

     

     

     

     

     

     

    La Bibliothèque de Droit Cujas, vue depuis le Panthéon

    3 Années 2000 : la Bibliothèque de Droit Cujas, vue depuis le Panthéon (source de la photographie : Wikipédia, Bibliothèque Cujas). 

     

     

    De gauche à droite : la façade de l’ancienne Faculté de Droit, aujourd’hui Centre Cujas (1) ;  le pavillon de la Bibliothèque de Droit, dans l’un des anciens bâtiments du collège Sainte-Barbe (2) ; la grille d’entrée permettant d’accéder au nouveau bâtiment Chartière de la Bibliothèque de Droit, construit en arrière du pavillon (3) ; et la Bibliothèque Sainte-Geneviève (4).

     

     

    Les travaux de construction de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit eurent lieu de 1952 à 1958, et le transfert fut effectif le 24 novembre 1958 au numéro 2 de la rue Cujas dans deux bâtiments disjoints :

     

     

    - d’une part, le pavillon donnant sur la rue Cujas, qui avait été construit, un siècle auparavant, par Théodore Labrousse pour le collège Sainte-Barbe ;

     

     

    - d’autre part, un bâtiment neuf, dit bâtiment Chartière, édifié par l’architecte Raymond Detolle. Ce bâtiment, à la façade ennuyeuse, abrite la grande salle de lecture de la Bibliothèque, avec sa  verrière zénithale. Il ne donne pas directement sur la rue Cujas : on y accède par une courte voie (l’ancienne rue Cholet) dont les grilles de la porte d’entrée sont scellées, d’un côté, sur le mur du pavillon de la Bibliothèque Cujas, de l’autre, sur le mur de la Bibliothèque Sainte-Geneviève.

     

     

     

     

     

     

     

    L’ancien collège Sainte-Barbe (gravure de Montmory. In La Semaine des constructeurs, 21 mars 1891)

    4 L’ancien collège Sainte-Barbe (gravure de Montmory. In La Semaine des constructeurs, 21 mars 1891, 2ème série, 5ème année).

     

     

    1 : Entrée rue Cujas (aujourd’hui entrée de la Bibliothèque Inter Universitaire de Droit Cujas)

    2 : Entrée rue Valette (aujourd’hui entrée de la Bibliothèque Inter Universitaire Sainte-Barbe) 

    3 : Bibliothèque Sainte-Geneviève (inaugurée le 4 février 1851)

    4 : Bâtiments rue Chartière

    5 : Cour Rose (surnommée ainsi à cause de la couleur de ses briques) 

     

     

     

    La nouvelle Bibliothèque Cujas, achevée en 1958, est donc bien loin de couvrir l’ensemble des bâtiments et cours de récréation du collège Sainte-Barbe. Sous l’impulsion de l’Association amicale des anciens élèves de Sainte-Barbe, cet ancien collège avait été reconstruit  en 1840 et en 1884 par les deux frères Théodore et Henri Labrousse, anciens barbistes. Ces derniers lui adjoignirent deux nouveaux pavillons, dont celui donnant quasiment sur la place du Panthéon, au numéro 2 de la rue Cujas.

     

     

     

     Le collège Sainte-Barbe formait ainsi un gigantesque U qui, calé sur la bibliothèque Sainte-Geneviève, le rendait clos, avec une entrée principale, rue Cujas, et une autre entrée rue Valette (ancienne rue des Sept Voies). Cette seconde entrée permettait d’accéder à la Cour Rose de l’école préparatoire aux grandes écoles du Collège, et à son gymnase d’été.  

     

     

    C’est donc uniquement la partie du collège donnant sur la rue Cujas et se prolongeant vers la rue de Reims, avec, dans le premier pavillon, l’entrée principale, l’administration, et le parloir, et, à l’arrière, la cuisine, les réfectoires, la lingerie et la chapelle, qui fut attribuée à la Bibliothèque Cujas.

     

     

     

    Quant aux bâtiments du collège donnant sur la rue Valette, ils ont été transformés en Bibliothèque Inter Universitaire parisienne, dans le cadre du plan U3M (Universités pour le troisième millénaire). Le collège Sainte-Barbe a définitivement fermé ses portes en 1997, et la BIU Sainte-Barbe a ouvert les siennes en 2009 (voir le prochain chapitre XLIIII : les fonds de droit des autres bibliothèques de Paris). 

     

     

     

     

     

     

    L’entrée principale de l’ancien Collège Sainte-Barbe, rue Cujas, devenue, en 1958, l’entrée de la Bibliothèque de Droit Cujas

    5 L’entrée principale de l’ancien Collège Sainte-Barbe, rue Cujas, devenue, en 1958, l’entrée de la Bibliothèque de Droit Cujas. 

     

     

          À l’occasion d’une commémoration (dont j’ignore l’année), une plaque en marbre a été apposée à l’entrée de la Bibliothèque de Droit de la rue Cujas. Il y est gravé ces mots :

     

    « Cette entrée fut jusqu’en 1950 celle du Collège Sainte-Barbe fondé en 1460 en l’Hôtel de Chalon par Geoffroi Lenormant » (Geoffroi Lenormant était l’ancien principal des grammairiens du Collège de Navarre). 

     

     

     

     

     

     

    Salle de lecture principale de la BIU Cujas (source de la photographie : Wikipédia, Bibliothèque Cujas)

    6 Salle de lecture principale de la BIU Cujas (source de la photographie : Wikipédia, Bibliothèque Cujas). 

     

     

     

    BIU (J : dérivé de l’adjectif tout, toute : qui comprend la totalité, sans rien laisser en dehors, aussi appelé mille feuille administratif). La Bibliothèque Cujas a été transformée par un décret du 10 février 1972 en une Bibliothèque InterUniversitaire (BIU), spécialisée en droit, sciences économiques et sciences politiques, commune aux treize nouvelles Universités des académies de Paris, Créteil et Versailles (Paris 1-Panthéon-Sorbonne ; Paris 2-Panthéon-Assas ; Paris 10-Nanterre, Paris 8- Vincennes à Saint-Denis ; Paris 9- Dauphine ; Paris 11-Sceaux ; Paris 13-Villetaneuse). 

     

     

     

    Depuis janvier 1979, la BIU Cujas relève d’une convention entre les Universités de Paris 1-Panthéon-Sorbonne  et de Paris 2-Panthéon-Assas, tout en restant rattachée administrativement à l’Université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne (vous suivez j’espère !).

     

     

     

     

     

     

    Dysfonctionnements de la Bibliothèque Cujas. Question écrite d’un sénateur et réponse du ministre de l’Éducation (JO Sénat des 27/04/2000 et 13/07/2000).

     

     

    On ajoutera que la Bibliothèque Cujas a fait l’objet de divers travaux pour remédier à certains dysfonctionnements dénoncés entre autres par un sénateur ingénu qui assimilait, par exemple, toute tentative de consultation des livres à un véritable parcours du combattant.

     

     

     

    Ainsi, en 2004, sa verrière zénithale a-t-elle été améliorée. Et, en 2012-2013, d’une part, ses locaux ont fait l’objet de travaux de mise en conformité (installation d’ascenseur, d’un escalier de secours et de fenêtres de désenfumage ; éléments pour l’accueil des personnes à mobilité réduite, etc.) ; d’autre part, sa grande salle de lecture a été rénovée (changement du système d’information, remplacement d’une partie du mobilier, augmentation du linéaire de rayonnage, etc.).

     

     

     

     

     

     

    Rat de bibliothèque (chercheur en droit qui passe son temps à compulser des livres).

    7 Rat de bibliothèque (étudiant en droit qui passe son temps à compulser des livres).  

     

     

    « Le prof de droit il a dit qu’il ne faut surtout pas apprendre, mais seulement tout savoir pour l’exam’ ». 

     

     

     

    De l’excellence. Aujourd’hui, la BIU Cujas, qui dispose  d’environ 80 agents titulaires, est la première bibliothèque de droit français et francophone d’Europe avec plus d’un million de volumes (elle souscrit également à près de 1500 abonnements dont 557 à des titres français et 936 à des titres étrangers).

     

     

     

    Elle est ouverte gratuitement aux enseignants et chercheurs de l’ensemble des Universités françaises, aux étudiants en droit des Universités Paris 1-Panthéon-Sorbonne  et Paris 2-Panthéon-Assas à partir de L2 (Licence), ainsi qu’aux étudiants des autres Universités à partir de M1(Master).

     

     

     

     

     

    Internet, la nouvelle Bibliothèque Universelle (BU) des étudiants, professeurs et chercheurs juridiques

    8 Internet, la nouvelle Bibliothèque Universelle (BU) des étudiants, professeurs et chercheurs juridiques.

     

     

    « Tout ce qui se perfectionne par progrès périt aussi par progrès » (Pascal. Pens. XXIV, 96 bis, édit. Havet).

     

     

    Hier, le droit c’était du papier, beaucoup de papier, énormément de papier. Aujourd’hui, l’imprimerie juridique c’est le numérique, et Internet est devenu le rendez-vous des étudiants, des professeurs et des chercheurs en droit. 

     

    Aussi la BIU Cujas a-t-elle dû s’adapter :

     

    - Désormais son catalogue est accessible sur Internet:

     

                   Catalogue en ligne de la BIU Cujas

     

     

     

     

     

    L’accès distant au Recueil Dalloz de la BIU Cujas

    9 L’accès distant au Recueil Dalloz de la BIU Cujas

     

     

    « Mieux valait habiter Paris pour accéder aux Bibliothèques Universitaires… Un renseignement, une citation pouvaient coûter des journées de voyage et des heures de recherche. Mais aujourd’hui, Clic, un centième de seconde pour le même résultat » (Michel Serres, C’était mieux avant !, éd. Le Pommier, 1977, p. 61).

     

     

    - Et, comme toutes nos bibliothèques universitaires de droit, la BIU Cujas met gratuitement à la disposition de ses lecteurs les ouvrages et revues des meilleures bases de données juridiques (Dalloz, Lexis Nexis JurisClasseur, Lextenso, Lamyline, Doctrinal Plus, Westlaw, Francis Lefebvre., Cairn, Persée, Kluwer Arbitration et Oxford Journals, etc.). 

     

     

    Les étudiants en droit et leurs professeurs peuvent donc consulter tous ces documents numérisés aussi bien, sur place, au Quartier Latin, dans les locaux mêmes de la Bibliothèque de Droit Cujas, qu’en accès distant. Cette dernière formule, très à la mode, peut désigner, par exemple, le lit (terme d’ancienne jurisprudence).

     

     

    M’enfin’ c’est une autre histoire, pour l’heure étrangère à la thématique de ce blog, à savoir le droit en images et cartes postales anciennes (ICPA).

     

     

     

    À bientôt donc pour le chapitre XLIII de cette rubrique consacrée à l'histoire de la Faculté de Droit de Paris : Les fonds de droit des autres bibliothèques de Paris.  


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    La Bibliothèque de l’Université de Paris du collège Louis-Le-Grand, rue Saint-Jacques

    1. La Bibliothèque de l’Université de Paris du collège Louis-Le-Grand, rue Saint-Jacques.

     

     

        La Bibliothèque de la Sorbonne a été créée en 1770 sous le nom de Bibliothèque de l’Université de Paris. Elle était composée de la bibliothèque personnelle de Jean-Gabriel Petit de Montempuis, ancien recteur de l’Université de Paris, léguée en 1762, d’une partie de la bibliothèque du collège jésuite Louis-Le-Grand, attribuée en 1764 à l’Université de Paris, et des bibliothèques de 28 petits collèges parisiens alors rattachés au Collège Louis-Le-Grand.

     

     

    La Bibliothèque de la Sorbonne fut d’abord installée, rue Saint-Jacques, dans les galeries Fouquet et Harlay de l’ancienne bibliothèque du collège Louis-Le-Grand qui, fermé en 1762 à la suite de l’expulsion des Jésuites de France, était devenu le siège de l’Université de Paris. Devenue, en 1808, Bibliothèque de l’Université de France, elle se transporta, en 1823, dans l’ancien collège de Sorbonne, de l’autre côté de la rue Saint-Jacques. Elle y occupa une suite de salles au quatrième étage des ailes nord et ouest du bâtiment.

     

     

     

     

     

     

    La nouvelle Sorbonne (façade sur la rue Saint-Jacques)

         2 La nouvelle Sorbonne (façade sur la rue Saint-Jacques)

     

     

    La Bibliothèque de la Sorbonne quitta les bâtiments de l’ancien collège de la Sorbonne pour intégrer ceux de la nouvelle Sorbonne entièrement reconstruits à partir de 1885 (bâtiment rectangulaire isolé dont les murs donnent sur la rue Saint-Jacques, la rue Cujas, la rue et la place de la Sorbonne, et la rue des Écoles).

     

     

     

     

     

     

    La salle de lecture des étudiants de la Bibliothèque de la Sorbonne,  au numéro 17 de la rue de la Sorbonne

    3 La salle de lecture des étudiants de la Bibliothèque de la Sorbonne,  au numéro 17 de la rue de la Sorbonne (la photographie ne donne que la moitié de la salle).

     

     

    Dans « Le Guide manuel des étudiants en droit pour l’année scolaire 1879-1880 » (Paris, Librairie de Marescq Aîné, 1879. En libre accès sur le site gallica.bnf.fr/), il est mentionné maints ouvrages de la Bibliothèque de la Sorbonne susceptibles d’intéresser les étudiants en droit notamment un manuscrit palimpseste de Vérone des Institutes de Gaïus (voir ci après).

     

    Mais nos jeunes estudiantins en Droit de Paris purent bientôt se dispenser de fréquenter la salle de lecture de la Bibliothèque de la Sorbonne, qui donnait sur la rue de la Sorbonne, car la section de Droit de cette Bibliothèque se vit attribuer un nouveau bâtiment construit, entre 1876 et 1878, par l’architecte Louis-Ernest Lheureux, au numéro 5 de la rue Cujas, au sein même de l’îlot de la Faculté de Droit. Ces salles sont à l’origine de la Bibliothèque Cujas de Droit et de Sciences économiques déjà présentée dans les trois pages précédentes (voir les chapitres XLI, XLII et XLIIL : La Bibliothèque de Droit, rue Cujas).

     

     

     

     

     

     

    La salle de travail des professeurs à la Bibliothèque de la Sorbonne

     

    4. La salle de travail des professeurs à la Bibliothèque de la Sorbonne (source : gallica.bnf.fr/). La vie universitaire à Paris. Ouvrage publié sous les auspices du Conseil de l’Université de Paris, par Paul Boyer, Maurice Caullery, Alfred Croiset et alii. Préface d’Émile Durkheim. Éditeur : A. Collin. 1918. Planche IV).    

     

     

     

    Le mille-feuille des BU et BIU de Paris. Quant à la Bibliothèque de la Sorbonne, un temps dénommée Bibliothèque de l’Université de Paris, puis Bibliothèque de l’Université de France, elle est devenue, aujourd’hui, une Bibliothèque Interuniversitaire (Paris I, III, IV, V et VII), rattachée pour sa gestion à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Son fonds initial est réparti entre la nouvelle Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne et la Bibliothèque Nationale de France.

     

     

    Elle vient, par ailleurs, de rejoindre la Bibliothèque Interuniversitaire Sainte-Barbe dans les anciens bâtiments du Grand collège et de l’École préparatoire Sainte-Barbe donnant sur la rue Valette, mitoyens de ceux des BIU Sainte-Genevève et Cujas, et non loin de la BU d’Assas. Quant à la salle de lecture de l’ancienne Bibliothèque de l’Université de la Sorbonne, du 17 rue de la Sorbonne, ses 318 places assises ne sont plus accessibles aux juristes. Elles sont réservées aux étudiants de littérature et sciences humaines, à partir de la troisième année de licence. 

     

     

     Nota bene. J’ai beaucoup de mal à comprendre ce nouveau mammouth des BU et autres BIU de Paris. Et puis, zut !, car de toutes les manières, désormais, nos étudiants en Droit et leurs  professeurs peuvent consulter gratuitement, sur la toile de Pénélope, la quasi-totalité des encyclopédies, codes et revues juridiques des bases de données juridiques auxquelles leurs BU et BIU sont toutes abonnées, d’un seul clic, même de leur lit de justice. 

     

     

     

     

     

    Fragment du manuscrit de Vérone des Institutes de Gaïus découvert en 1816

    5 Fragment du manuscrit de Vérone des Institutes de Gaïus découvert en 1816 (d’autres fragments ont été découverts en Égypte en 1932).

     

     

    Quant aux Institutes de Gaïus, dont la lecture était recommandée à nos étudiants enDroit de Paris dans leur Guide manuel pour l’année scolaire 1879-1880, il apparaît dans les catalogues en ligne de l’ensemble de nos BU et BIU de Paris (Cujas, Sorbonne, Sainte-Geneviève, Sainte-Barbe, Assas), en plus de celui de la BnF (il est même en open access sur Gallica).

     

    Je rappellerai donc que le prénommé Gaïus (nul ne connaît son nom) était un professeur de Droit, au IIème siècle après J.-C. dans la partie orientale de l’Empire romain. Il était l’auteur des Institutes, un ouvrage destiné à ses étudiants, où il exposait les règles de droit dans un ordre logique en suivant un plan en trois parties : « Omne autem jus quo ultimur val ad personas pertinat vel ad res vel ad actiones ». (Il y a dans le droit positif, les personnes, les choses et les actions en justice). En fait, ce plan résulte d’une stricte observation du monde : il décrit la vie juridique comme une action dramatique en examinant les acteurs (les personnes), le décor (les biens), et les mouvements de scène (les actions ou obligations). Le plan de notre Code civil de 1804 s’inspire de ce plan, remanié au XVIIème siècle par Leibniz et les jurisconsultes de l’École du droit naturel.  

     

     

     

     

     

     

     

    M. L. Domenget : Institutes de Gaïus contenant le texte et la traduction en regard

    6 M. L. Domenget : Institutes de Gaïus contenant le texte et la traduction en regard (Paris, A. Marescq Aîné. 1866. Le livre est consultable et téléchargeable gratuitement sur le site gallica.bnf.fr/).

     

     

       Si on connaissait, depuis des siècles, une large partie des Institutes de Gaius grâce aux nombreux commentaires et extraits de celles-ci par Justinien dans ses propres Institutes promulguées en l’an 533, en revanche, nul ne disposait de leur version originale. Mais tout a changé avec la découverte, en 1816, dans la bibliothèque capitulaire de Vérone d’un manuscrit copié à la fin du IVème siècle, mais  recouvert d’une seconde écriture par des copistes du Moyen-Âge pour reproduire des lettres de Saint Jérôme (le palimpseste désigne un manuscrit sur parchemin d'auteurs anciens que des copistes ont effacé, puis recouvert d'une seconde écriture, pour éviter d’acheter un parchemin neuf hors de prix !). Un savant allemand a pu faire une copie (apographe) de ce manuscrit original, qui reproduit dans le détail la première écriture. À partir de cette copie, une multitude d’auteurs et de professeurs d’histoire du droit ont publié des savants ouvrages reproduisant l’intégralité du texte latin des Institutes de Gaius, parfois accompagné de la traduction en français, et complété de commentaires.  

     

     

     

     

     

     

     

    La salle de lecture de l’Association Générale des Étudiants (1908)

    7. La salle de lecture de l’Association Générale des Étudiants (1908).

     

     

    Mais, pour revenir à l’objet premier de ce chapitre, à la Belle Époque, les étudiants en Droit de Paris, les plus sérieux, et leurs professeurs, toujours éminents, pouvaient consulter et emprunter des ouvrages juridiques ailleurs que dans les Bibliothèques de l’Université de la Sorbonne et de la Faculté de Droit de Paris de la rue Cujas. 

     

    Tout d’abord, nos jeunes messieurs les plus distingués de la bourgeoisie provinciale, venus à Paris pour faire leur Droit et trouver une riche dot (comme Eugène de Rastignac dans Le père Goriot d’Honoré de Balzac), pouvaient être logés au sein d’institutions privées de bonnes renommées (d’autres, pour éviter les frais, dangers et plaisirs de la capitale ne venaient que quatre fois par an pour satisfaire aux quatre inscriptions annuelles). Ils pouvaient donc y consulter les traités des grands jurisconsultes et les codes de lois précieusement rangés dans les bibliothèques de ces institutions, souvent issus de dons.

     

    Un premier exemple en est donné avec cette photographie, prise en l’an 1908, de la salle de lecture de lAssociation Générale des Étudiants. Cette dernière, familièrement appelée l’ « A », avait été créée, le 30 décembre 1883, au 13 rue des Écoles, en plein cœur du Quartier Latin, pour accueillir les jeunes bacheliers venus de province étudier le Droit, les Lettres ou les Sciences dans la capitale.

     

     

     

     

     

     

          La bibliothèque de la Réunion des Étudiants, rue de Vaugirard

    8 La bibliothèque de la Réunion des Étudiants, rue de Vaugirard.

     

     

    Un second exemple nous est donné avec cette photographie de la bibliothèque de la « Réunion des Étudiants » du 104 rue de Vaugirard, à Paris, dans le VIème arrondissement.

     

    La « Réunion des Étudiants » était un foyer catholique d’étudiants, créé par les Pères Maristes, en 1895, sous le nom de « Cercle de Jeunes Gens », à l’initiative du Père Peillaube. Pendant plus d’un siècle, la « Réunion des Étudiants » accueillit des anciens élèves des collèges de la Congrégation des Pères maristes (Société de Marie), venus suivre des études supérieures à Paris. François Mauriac et Jean Guitton en furent un temps les présidents. Elle fêta son cinquantenaire, en 1945, en présence du futur pape Jean XXIII, nonce à Paris. En 1984, la « Réunion des Étudiant » a été transformée en un Centre culturel pour l’accueil d’activités associatives. 

     

     

     

     

     

    XLIII  Fonds de droit d’autres Bibliothèques de Paris

        9. La Bibliothèque du Foyer International des Étudiantes 

     

        La Faculté de droit de Paris attendit les années 1884 et 1885 pour permettre à une jeune femme d’assister aux cours, sous réserve d’être accompagnée d’un chaperon, sa mère ou son mari (cette personne, la roumaine Sarmiza Bilescuest, deviendra la première licenciée en droit en 1887. Elle soutiendra sa thèse en 1890 sur un sujet on ne peut plus ad hoc : « De la condition légale de la mère »).

     

     

        Puis, progressivement de plus en plus d’étudiantes étrangères arrivèrent à Paris. De 1905 à 1913, elles étaient même plus nombreuses que les étudiantes françaises à l’Université de Paris et dans sa Faculté de Droit ! La majorité d'entre elles venaient de Russie, de Roumanie et de Pologne. Les causes de leur présence étaient diverses. Tout d'abord, le gouvernement d'Alexandre III, après avoir laissé les femmes étudier, leur ferma les cours de médecine à Saint-Pétersbourg ; ensuite, les pogroms lancés contre les juifs en 1881 et le numerus clausus qui leur limitait  l'accès à l'Université, comptent parmi les facteurs importants qui stimulaient l'émigration vers l'ouest.

     

     

       Mais avec l’arrivée en grand nombre des étudiants-filles étrangères à la Sorbonne et à la Faculté de Droit de Paris, il fallut bientôt se préoccuper de leur hébergement, évidemment dans d’autres pensions et institutions que celles de nos jeunes étudiants-garçons, encore plus ou moins boutonneux, venus de province étudier le droit et conquérir, si ce n’est la dot d’une jeune femme ou d’une riche veuve, au moins le cœur d’une grisette du Quartier Latin.

     

     

     

       Telle fut l’origine du Foyer International des Étudiantes (FIE), au numéro 93 Boulevard Saint-Michel avec sa belle Bibliothèque pleine de livres de droit. Fondé en 1906, il fut le premier foyer d’étudiantes ouvert au Quartier Latin grâce à la persévérance de Grace Whitney (1862-1938), une américaine qui s’installa à Paris avec son époux, Whitney Hoff, et offrit sa fortune pour construire ce foyer et permettre ainsi l’accès des jeunes filles à l’éducation et à l’enseignement supérieur. Démoli puis reconstruit en 1928, Grace Whitney le donna à l’Université de Paris. Ce foyer, avec 98 chambres, 165 places et sa belle bibliothèque, est toujours ouvert au 93 Boulevard Saint-Michel.

     

     

     

     

     

     

            La Bibliothèque nationale : rue Notre-Dame-des-Champs (site Richelieu)

    10. La Bibliothèque nationale : rue Notre-Dame-des-Champs (site Richelieu).

     

     

     

    Dans les années 1870-1880, la Bibliothèque nationale de Paris (BnP), renommée, par un décret du 3 janvier 1994, Bibliothèque nationale de France (BnF), pour éviter tout amalgame avec la Banque nationale de Paris (BnP), était déjà située, dans le IIème arrondissement, dans un quadrilatère délimité par les rues des Petits-Champs, Vivienne, Colbert et Richelieu.

     

     

     

     

     

     

     

             La Bibliothèque nationale : salle de lecture du Département des Imprimés

    11. La Bibliothèque nationale : salle de lecture du Département des Imprimés. 

     

    Les salles du site Richelieu. À cette époque, la Bibliothèque nationale était divisée en quatre départements, savoir : 1° les imprimés, avec une salle publique de lecture, dont l’entrée était rue Colbert, et une salle de travail, dont l’entrée était rue Richelieu : 2° les manuscrits ; 3° les médailles ; 4° les estampes (aujourd’hui, la BnF comporte quatorze départements).

     

     

     

     

     

     

    La Bibliothèque nationale : carte d’admission dans la salle de travail du département des imprimés

    12. La Bibliothèque nationale : carte d’admission dans la salle de travail du département des imprimés.

     

    La salle de lecture du département des imprimés était ouverte à toute personne de plus de seize ans. Quant à la salle de travail du même département, on y était admis avec une carte qui devait être demandée par lettre affranchie à l’administrateur général, en lui faisant connaître les travaux auxquels on voulait se livrer. Les étudiants en Droit et leurs professeurs pouvaient donc accéder à chacune de ces salles. Plus encore, les étudiants en Droit préparant leur doctorat pouvaient emprunter les livres de ces salles sur la présentation d’un certificat du Doyen qu’ils étaient licenciés en Droit, et après avoir prouvé leur solvabilité !

     

     

     

     

    La Bibliothèque nationale de France : le site Tolbiac, dit François Mitterrand

    13 La Bibliothèque nationale de France : le site Tolbiac, dit François Mitterrand. 

     

    La Bibliothèque nationale de France (BnF), héritière, en 1994, de la Bibliothèque nationale de Paris, n’est pas une bibliothèque universitaire :

     

    - Les taxinomistes disent qu’il s’agit d’un établissement public à caractère administratif autonome sous tutelle du ministère chargé de la Culture. 

     

    - Les historiens lui donnent pour origine la bibliothèque du roi Charles V (1364-1380), qui avait réuni, dans la tour de la Fauconnerie du Palais du Louvre, près d’un millier de manuscrits, alors confiés à Gilles Mallet, premier libraire (ou bibliothécaire) du roi.  

     

    - Les statisticiens disent qu’il s’agit de la plus importante bibliothèque de France avec environ 14 millions de livres et d’imprimés, dont près de 12 000 incunables (livres datant des commencements de l’imprimerie), et 250 000 manuscrits dont 20 000 enluminés médiévaux.

     

    - Les géographes situent toujours le site initial de la Bibliothèque nationale (le site Richelieu) dans le IIème arrondissement de Paris, dans un quadrilatère délimité par les rues des Petits-Champs (au sud), Vivienne (à l’est), Colbert (au nord) et Richelieu (à l’ouest). Ce site abrite aujourd’hui les collections spécialisées de la BnF : Arts du spectacle, Cartes et plans, Estampes et photographie, Manuscrits, Monnaies, Médailles antiques. Il a fait l’objet d’une rénovation entre 2010 et 2017.

     

    - Les modernes rappellent que la BnF est la maîtresse de sa propre bibliothèque numérique Gallica (htpp://gallica.bnf.fr/), qui offre gratuitement en ligne la reproduction de plus d’un million de documents  tombés dans le domaine public en raison de leur grand âge (plus de soixante-dix ans).  

     

    - Quant aux professeurs et leurs étudiants en Droit, ils apprécient, aujourd’hui encore, la richesse des collections juridiques de la BnF, heureuse bénéficiaire du dépôt légal gratuit institué sous François Ier par l’ordonnance de Montpellier du 28 décembre 1537, et actuellement régi par un décret du 31 décembre 1993. Ils rappellent cependant que les collections juridiques imprimées, qui étaient installées dans le site initial Richelieu, du IIème arrondissement de Paris, ont été transférées, en 1996, dans le Département pour le Droit du nouveau site Tolbiac, dit François Mitterrand (Bibliothèque d’études,  salle D : droit, économie, politique ; Bibliothèque de recherche, salle 0 : droit et publications officielles). Ce site, situé dans le XIIIème arrondissement de Paris, sur la rive gauche de la Seine, est accessible à tous à partir de 16 ans, malheureusement moyennant un tarif de 20 euros pour les étudiants de moins de 35 ans, et à condition de venir à bout de la queue souvent interminable. 

     

     

     

     

          Une salle d’étude à la bibliothèque Nationale de Paris (Gravure de Perrot, extraite du « Tour de France par deux Enfants » d’Augustine Fouillée, dite G. Bruno, éditions Belin, 1877)

    14. Une salle d’étude à la bibliothèque Nationale de Paris (Gravure de Perrot, extraite du « Tour de France par deux Enfants » d’Augustine Fouillée, dite G. Bruno, éditions Belin, 1877).

     

    Pour conclure, aujourd’hui, je donne la parole à Augustine Fouillée qui présentait ainsi la BnF à André et Julien, deux jeunes frères orphelins :

     

    « C’est le roi Charles V, dit le Sage, qui fonda cette bibliothèque devenue si célèbre. Il avait rassemblée dans une tour, dite tour de la librairie, 600 volumes manuscrits, car l’imprimerie n’était pas inventée. Sous Colbert, la bibliothèque nationale prit des développements immenses. C’est maintenant la plus grande qui existe et qui ait existé : elle possède trois millions de livres imprimés et deux cent mille manuscrits. Chaque jour, par centaines, des hommes, des jeunes gens, laborieux, des femmes viennent consulter, dans l’une des vastes salles de ce palais, les ouvrages dont ils ont besoin ».

     

      À bientôt pour le chapitre XLIV : Fonds de droit des BIU Sainte-Geneviève et Sainte-Barbe.

     


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       Les livres [de Droit] sont aujourd'hui multipliés à un tel point que non seulement il est impossible de les lire tous, mais d'en savoir même le nombre » (Voltaire, Dict. phil. Prior, Butler et Swift, Livres, sect. 3).

     

     

     

    Le Panthéon et la montagne Sainte-Geneviève

                        1 Le Panthéon et la montagne Sainte-Geneviève

     

     

    Les étudiants en Droit de Paris et leurs professeurs peuvent accéder à deux Bibliothèques universitaires, mitoyennes l’une de l’autre, construites, sur la rive gauche de la Seine, sur la montagne Sainte-Geneviève, à proximité du Panthéon, de l’ancienne École de Droit (aujourd’hui siège de l’Université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne et de son École de  Droit de la Sorbonne, et de l’Université Paris-II-Assas), et des deux Bibliothèques de Droit : celle Cujas et celle d’Assas.

     

     

     

     

    Démolition de l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève en 1807 (aquarelle de Denis Duchateau-Destours, Musée Carnavalet)

    2 Démolition de l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève en 1807 (aquarelle de Denis Duchateau-Destours, Musée Carnavalet) 

     

     

    Bien avant eux, l’épouse de Clovis, Sainte-Clotilde (morte le 3 juin 543), montait au sommet de cette colline, alors appelée Mons Lucotitus, pour prier Sainte-Geneviève (423-512), la douce et miraculeuse patronne et gardienne de Paris. Elle empruntait alors un chemin devenu, depuis le XIIIème siècle, la rue de la montagne Sainte-Geneviève. Le Panthéon, édifié au sommet de cette montagne, n’est autre que la nouvelle église Sainte-Geneviève construite, entre 1758 et 1790, sur des plans de l’architecte Jacques-Germain Soufflot, juste au devant (et non à l’emplacement même) de l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève, qui ne fut détruite qu’en 1807.

     

     

     

     

    Ancien plan de la montagne Sainte-Geneviève (actuelle place du Panthéon)

    3 Ancien plan de la montagne Sainte-Geneviève (place du Panthéon).

     

    (1)  Collège de Montaigu fondé en 1324. Fermé en 1792. Bâtiment démoli en 1844 pour construire la Bibliothèque Sainte-Geneviève.

    (2)  Église Sainte-Geneviève sur les ruines de laquelle fut construite la nouvelle église Sainte-Geneviève, achevée en 1790 et devenue le Panthéon en 1791.

    (3)  Emplacement sur lequel fut construite, de 1771 à 1773, l’École de Droit.

    (4) Emplacement sur lequel fut construite, en 1860, la mairie du Vème arrondissement de Paris (à l’époque, XIIème arrondissement).

    (5) Emplacement donnant sur la rue des Sept Voies (aujourd’hui, rue Valette) sur lequel furent construits, de 1845-1846, de nouveaux bâtiments du collège Sainte-Barbe par  Théodore Labrousse. Ces bâtiments, restaurés en 2009, accueillent depuis la Bibliothèque Sainte-Barbe.

     

     

     

     

    La Tour Clovis de l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève

              4. La Tour Clovis de l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève.

     

     

    La Bibliothèque Sainte-Geneviève, aussi connue sous le sigle  BSG, située aujourd’hui au numéro 10 place du Panthéon, dans l’actuel Vème  arrondissement, a donc pour origine la bibliothèque du monastère des Saints-Apôtres, édifié, en 502, par Clovis, devenue, par la suite, la bibliothèque de l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève.

     

    Cette bibliothèque de l’ancienne abbaye occupa, jusqu’en 1842, le dernier étage de celle-ci. Démolie, l’abbaye fut remplacée par l’École Centrale du Panthéon, qui devint le Lycée Napoléon en 1804, puis le lycée Henri-IV. Il ne reste plus de l’abbaye ancienne que quelques bâtiments monastiques et ce clocher, connu sous le nom de « Tour Clovis », de l’actuel lycée Henri-IV.

     

     

     

     

    L’École de Droit, la Bibliothèque Sainte-Geneviève et le Panthéon.

    L’École de Droit, la Bibliothèque Sainte-Geneviève et le Panthéon.

     

     

    En 1851, la Bibliothèque Sainte-Geneviève s’installe (dzolé pour les maniaques de la conjugaison mais c’est souvent plus facile de raconter le passé au présent qu’au passé simple ou composé, ou qu’à l’imparfait !) dans le nouvel édifice construit par l’architecte Henri Labrouste, place du Panthéon, à côté de l’École de droit. Elle est érigée à l’emplacement de l’ancien collège des Aicels, devenu collège de Montaigu, qui avait été fondé en 1314 par la famille Aiscelin de Montaigu (Érasme et Rabelais y étudièrent). Fermé en 1792, le collège désaffecté abrita, de 1792 à 1800, la prison de la Garde nationale, appelée « Hôtel des Haricots » en souvenir du surnom donné au collège de Montaigu par ses élèves en raison de la pauvreté des repas composés, le plus souvent, de soupe de haricots) .

     

     

     

     

    La façade principale de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (BSG), place du Panthéon

    6. La façade principale de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (BSG), place du Panthéon.

     

     

     

    L’édifice construit par Henri Labrousse de 1844 à 1851 mélange deux sortes de matériaux. D’une part, la pierre qui rappelle l’antiquité romaine et les nouveaux édifices de la place du Panthéon (le Panthéon lui-même, l’École de Droit, et la mairie du Vème arrondissement). D’autre part, la fonte et le fer, qui évoquent la révolution industrielle.

     

    Le rez-de-chaussée est pourvu de fenêtres étroites, car il est destiné à conserver les collections et les ouvrages précieux assez peu consultés. En revanche, la grande salle de lecture du premier étage est percée de 42 larges fenêtres thermales en hauteur pour capter toute la lumière du jour et du soleil. 

     

     

     

     

     

    La grande salle de lecture de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (gravure de l’an 1859)

    7. La grande salle de lecture de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (gravure de l’an 1859).

     

     

    Cette salle de lecture majestueuse du premier étage, de forme rectangulaire (80 mètres de long, 17 de large), est composée de deux nefs parfaitement symétriques, séparée par une colonnade centrale, sur le modèle du réfectoire de l'ancienne abbaye de Saint-Martin-des-Champs (actuellement bibliothèque du Conservatoire National des Arts et Métiers et Musée National des Techniques). Sa structure est en fer, et ses colonnes sont finement ciselées.

     

     

     

     

     

     

    Plan du mur du fond de la grande salle de lecture de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, dressé par Henri Labrouste

    8. Plan du mur du fond de la grande salle de lecture de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, dressé par Henri Labrouste.

     

     

     

    Les livres usuels tapissent les murs de cette salle de lecture sur deux niveaux, dont le second est accessible par une galerie reliée à la salle par des escaliers.

     

     

     

     

     

     

    La grande salle de lecture de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (nef gauche donnant sur la place du Panthéon)

    9. La grande salle de lecture de la Bibliothèque Sainte-Geneviève        (nef gauche donnant sur la place du Panthéon). 

     

     

     

    En 1930, la Bibliothèque Sainte-Geneviève a été rattachée à l’Université de Paris. En 1972, elle est devenue une bibliothèque interuniversitaire (Universités de Paris 1, 2, 3, 4 et 7), rattachée administrativement à l’Université de Paris 3-Sorbonne Nouvelle. Aussi les étudiants en droit des Universités adjacentes de Paris 1 Panthéon Sorbonne et de Paris 2 Assas aiment-ils à s’y retrouver pour réviser leurs examens ou consulter les manuels, les encyclopédies et les revues juridiques, d’autant plus qu’elle est ouverte de 10h à 22 h du lundi au samedi.

     

     

    Car, en effet, la Bibliothèque Sainte-Geneviève est bien loin d’être étrangère au droit. D’une part, au rez-de-chaussée de l’édifice, sa « Réserve » de manuscrits et imprimés anciens, rares et précieux, consultables sur justificatif de recherche, comporte de nombreux documents juridiques forts appréciés des chercheurs. D’autre part, au premier étage, son « Fonds général », de près de deux millions de volumes, privilégie le droit avec d’autres sciences.

     

    Tout au plus, la Bibliothèque Sainte-Geneviève a-t-elle dû compenser la perte, en 1997, du bénéfice du dépôt légal de tout nouvel ouvrage de droit imprimé, par des achats pour maintenir ses collections juridiques à un niveau universitaire. Aussi son fonds d’ouvrages et de périodiques de droit est-il toujours fort conséquent et toujours bien actualisé comme le prouve son catalogue accessible en ligne que je vous invite à tester :

     

                               BIU Sainte-Geneviève

     

         https://www.bsg.univ-paris3.fr/iguana/www.main.cls

     

     

     

     

     

    Collège Sainte-Barbe, sous la Restauration

    10 Du Collège Sainte-Barbe, sous la Restauration, à la Bibliothèque Inter Universitaire Sainte-Barbe (BSB)

     

     

     

     

    Je t’aimais bien, ô mon vieux collège, 

    Où de pain tendre et d’eau claire on soupait ; 

    Mais rajeunir est un doux privilège : 

    Je t’aime mieux sous ton nouvel aspect, 

    Beau, sans avoir moins de droit au respect. 

    Autour de toi plus d’égouts, de prison ! 

    Tu n’as gardé de la rue des Sept-Voies 

    Que le chemin qui mène au Panthéon. 

    Tout chemin te mène au Panthéon. 

     

    (Jean-Antoine de Mongis. 1802-1879)

     

     

    Le collège Sainte-Barbe était l’un des plus vieux collèges de Paris, fondé en 1460 par Geoffroy Lenormant, sur la montagne Sainte-Geneviève rue des Sept Voies (aujourd’hui, rue Valette). Ignace de Loyola et François Xavier, fondateurs de l’ordre des Jésuites, en furent les élèves, ainsi que Jean Calvin en 1527. En 1820, l’Association amicale des anciens élèves de Sainte-Barbe décida de le reconstruire entièrement. Les travaux furent entrepris, entre 1840 et en 1884, par les architectes Théodore et Henri Labrousse, deux anciens barbistes. À la suite de ces travaux de grande ampleur, le collège Sainte-Barbe forma un gigantesque U qui, calé sur la Bibliothèque Sainte-Geneviève, le rendait clos, avec une entrée principale, rue Cujas, et une seconde entrée rue Valette (ancienne rue des Sept Voies).  

     

     

    Après la fermeture du collège dans son ensemble (Petit Collège, Moyen Collège, Grand Collège, École préparatoire), les bâtiments donnant sur la rue Cujas furent attribués à la nouvelle Bibliothèque Cujas de Droit et de Sciences économiques, achevée en 1958 (voir les chapitres XLI, XLII et XLIIL : La Bibliothèque de Droit, rue Cujas). Quant aux bâtiments donnant sur la rue Valette, ils ont été transformés en Bibliothèque Inter Universitaire parisienne, dans le cadre du plan U3M (Universités pour le troisième millénaire). La BIU Sainte-Barbe, aussi connue sous le sigle BSB, a ainsi pu ouvrir ses portes en 2009. 

     

     

     

     

     

     

    L’entrée du Collège Sainte-Barbe, rue Valette

                     11 L’entrée du Collège Sainte-Barbe, rue Valette.

     

     

    L’entrée du Collège Sainte-Barbe donnant sur la rue Valette (ancienne rue des Sept Voies) permettait d’accéder notamment au Grand Collège, à l’École préparatoire, ainsi qu’au gymnase d’été. Les bâtiments en meulière et en brique qui longent la rue Valette sont l’œuvre de l’architecte Louis-Émile Lheureux, un élève d’Henri Labrouste.

     

     

     

     

     

    Le Grand Collège Sainte-Barbe et la Cour Rose (Paris. c. 1900)

         12 Le Grand Collège et la Cour Rose (au fond, le toit du Panthéon)

     

     

     

    Le bâtiment du Grand Collège, rénové pour accueillir la BIU Sainte-Barbe, est en meulière et en brique. Quant à la Cour Rose elle doit son nom  à la couleur de ses briques.

     

     

     

     

     

     

    L'Ecole préparatoire du Collège Sainte-Barbe et la Cour Rose (Paris. c. 1900)

            13 L’École préparatoire aux grandes écoles et la Cour Rose.

     

     

     

    L'ensemble des bâtiments du Grand Collège et de l’École préparatoire a été rénové entre 2005 et 2007 par l’architecte Antoine Stinco, afin d’y installer la nouvelle Bibliothèque Inter Universitaire Sainte-Barbe qui a ouvert ses portes en 2009.

     

    À cette occasion, la grande Cour Rose entre les deux grands bâtiments a été transformée en cour anglaise avec végétation et de larges fossés ont été creusés et dotés de lampes très brillantes afin d’éclairer les salles du rez-de-chaussée bas (à demi enterré).

     

     

     

     

     

     

    Le réfectoire du Collège Sainte-Barbe avant sa rénovation (c. 1900. Paris)

     14. Le réfectoire du Collège Sainte-Barbe avant sa rénovation.

     

     

     

    Les bâtiments de l’ancien Collège Sainte-Barbe étaient particulièrement appréciés des professionnels des arts pour trois salles : l’amphithéâtre de chimie avec sa hotte pour l’évacuation des émanations ; la salle de dessin dotée d’une verrière à l’architecture métallique et ornée de bas-relief de Charles Gauthier ; et le réfectoire décoré de mosaïques de Gian Domenico Facchina.

     

     

     

     

     

    Le réfectoire de l’ancien Collège Sainte-Barbe après sa transformation en Bibliothèque

    15. Le réfectoire de l’ancien Collège Sainte-Barbe après sa transformation en Bibliothèque (source de cette photographie : https://www.biu.sorbonne.fr/bius/blog/les-salles-de-lecture-de-la-bibliotheque-de-la-sorbonne-sainte-barbe).

     

     

     

    Ces trois salles de l’ancien Collège Sainte-Barbe ont été conservées et rénovées dans le cadre des travaux d’édification de la nouvelle BIU Sainte-Barbe.

     

    Les tables en marbre et les mosaïques de fleurs et d’oiseaux de Gian Domenico Facchina du réfectoire ont été restaurées et ornent la grande salle de lecture, en rez-de-chaussée, qui a été attribuée, en 2016, à l'Institut de recherche et d'histoire des textes. Elle offre 118 places, et 16 d’entre elles permettent d’accéder au catalogue et aux ressources électroniques.

     

    Une seconde salle, également en rez-de-chaussée, héritière de la salle de dessin de l’ancien Collège Sainte-Barbe, offre, quant à elle, 200 places dont 12 équipées de postes informatiques.

     

    Que nos étudiants en droit parisiens et franciliens en quête d’un refuge confortable et moderne pour travailler sachent que la BIU Sainte-Barbe leur est ouverte chaque jour, du lundi au samedi, de 10 h à 20 h, au numéro 4 de la rue Valette. Mais qu’ils ne s’avisent pas de s’interrompre trop longuement dans leur travail car les pauses sont chronométrées : pas plus d’une heure et demie par jour !

     

    Quant au fonds d’ouvrages et de périodiques de droit en accès libre ou électronique, il n’a rien à envier à nos meilleures bibliothèques de Droit comme le prouve son catalogue accessible en ligne que vous pouvez tester :

     

     

                                       BIU Sainte-Barbe

     https://www.bsb.univ-paris3.fr/accueil-bsb

     

     

     

           À bientôt pour le prochain chapitre XLV : La Faculté de Droit de Paris par les frères Neurdein (CPA 1900)





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