• Faire son droit

     

     

     

     

    Faire son droit

     

                                    - Liberté ! Justice ! Dignité ! Paix !!

                                    - Mais qu'est-ce qu'on va faire de lui plus tard ?

                                    (- il fera son droit !)

     

     

       « Faire son droit ». Voila bien une de ces expressions courantes imagées et amusantes dont aucun de nos auteurs de dictionnaires et d’encyclopédies ne donne l’origine.

      L’expression « faire son droit » est tout au plus mentionnée dans le dictionnaire d’Emile Littré, reproduit par le site Internet du Centre National de Ressources textuelles et Lexicales du CNRS, en ces termes :

    6. Connaissance, science des lois. Étudier le droit. École de droit. Professeur en droit. Les étudiants, les élèves en droit. Étudier en droit, faire son droit, fréquenter les écoles où l'on enseigne le droit.

     

    Du côté des dictionnaires, vocabulaires et lexiques juridiques de Gérard Cornu et Cie  (PUF) et de Guinchard, Montagnier et Cie (Dalloz), ce n'est pas plus brillant ! Pas un mot sur cette belle expression connue de tous, alors même que ces ouvrages consacrent plusieurs pages à définir le mot Droit (héritier du mot latin Directus), et à citer d'innombrables groupes de mots commençant par Droit (droit des gens, droit civil, droit de garde, droits de l'homme, etc.), de manière bien aléatoire (aucune référence au droit de cuissage ou de jambage des Seigneurs du Moyen Âge, ni aux droits de présence versés aux professeurs des Facultés de droit par les étudiants au XIXème siècle pour passer leurs examens !). 

     

     

    J’irai droit au but. Faire son droit ou faire droit, à l’instar des expressions faire sa médecine ou faire médecine, veut dire faire ou suivre des études de droit ou de médecine.

     

    Un exemple en est donné avec le jeune Gustave Flaubert qui, après avoir été reçu bachelier, prit ses inscriptions à l’Ecole de Droit, sans grande conviction.

     

     

    Dans une lettre à son ami Ernest Chevalier, il écrivait : «  En tout cas je ferai mon droit, je me ferai recevoir avocat, même docteur, pour fainéantiser un an de plus ».

     

     

    Il récidiva, dans l’un de ses romans, en ces termes : « M. Frédéric Moreau, nouvellement reçu bachelier, s’en retournait à Nogent-sur-Seine, où il devait languir pendant deux mois, avant d’aller faire son droit » (G. Flaubert, L’éducation sentimentale, 1869).

     

    Quelle est alors l’origine de cette expression  ? Je l’ignore. Mais je vous reproduis une hypothèse, bien séduisante, que j'ai trouvée sur le site WordReference.com  :

     

       Il me semble que c'est lié à une tradition familiale qui veut (ou voulait) que le fils (aîné) - mais aujourd'hui aussi la fille - prenne automatiquement la succession de son père comme avocat, magistrat, notaire... Pour moi, "il/elle fait son droit" implique cette vision d'une étape obligée (il faut bien passer par là) dans un parcours tracé d'avance. Je ne sais pas si j'utiliserais cette expression pour un jeune issu d'un milieu plus populaire et qui se serait orienté vers des études de droit.

      C'est ce qui expliquerait aussi pourquoi on peut parfois entendre "il fait sa médecine", pour les mêmes raisons, mais qu'on n'utilise pas cette expression pour des études plus récentes ou des carrières qui ont moins cette image de "succession de père en fils/fille". "Il fait son informatique", "elle fait son histoire", "il fait son ingénieur"... seraient curieux ou prêteraient carrément à sourire.

     

    https://forum.wordreference.com/threads/faire-son-droit.2342596/?hl=fr