• Faluche à liséré rouge d'étudiants en Droit

     

     

     

    Paul Merwart : L’étudiant à faluche et sa grisette à la fête carnavalesque de la Mi-Carême de l’année 1896

    1. Paul Merwart : L’étudiant à faluche et sa grisette*** à la fête carnavalesque de la Mi-Carême de l’année 1896 (dessin de Paul Merwart. Journal bi-annuel  illustré, littéraire et artistique, Au Quartier Latin, n° 1, 1896. Source https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k894388m).

     

        " Depuis lors* les étudiants de chaque université avaient à cœur, en certaines occasions officielles ou festives, de se coiffer de la faluche au sein de leurs associations : les bitards, les basochards et les faluchards. […]. La faluche, qui au départ se portait seule, s'était au fil du temps enrichie de rubans et d'insignes propres** à chaque corporation " (Édouard Brasey, Les Fils du patriarche, Calmann-Lévy, 2017, chap. 5).

     

    *référence aux fêtes de l’université de Bologne, en juin 1888, à l’occasion de son huit centième anniversaire, auxquelles participa une délégation d’étudiants français.

    **Pour les étudiants en Droit, le ruban est en satin couleur rouge et les insignes propres à leur corporation sont la balance et parfois le glaive (voir ci après).

    *** La grisette désignait  une jeune fille de petite condition, coquette et galante, qui fréquentait nos étudiants de la Sorbonne, en droit ou en d’autres sciences, se plaisant aux choses légères et sans importance. Elle était ainsi nommée parce que, autrefois, les filles de petite condition portaient une veste ou casaque de couleur grise (pour en savoir plus sur la grisette étudiante ou la grisette de l’étudiant, voyez l’article illustré que je lui ai consacrée :

     http://droiticpa.eklablog.com/la-grisette-de-l-etudiant-en-droit-du-jardin-du-luxembourg-a148974782 

     

     

             Ce dessin de Paul Merwart (1855-1902), un artiste peintre franco-polonais, touche à tout, en couverture du premier numéro du journal Au Quartier Latin de l’an 1896 (journal bi-annuel paru sous divers titres de 1894 à 1903. Quinze numéros en accès libres sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327065251/date), nous rappelle que des étudiants peuvent porter, depuis 1888, dans des réunions amicales et festives un béret de velours noir en forme d’un pain typique du Nord de la France auquel il a emprunté le nom de faluche.

     

               Pour tout savoir sur cette faluche des étudiants, je vous invite à consulter l’excellente étude réalisée par des contributeurs volontaires, anonymes, compétents, honnêtes, bénévoles et  désintéressés de l’encyclopédie libre wikipedia, gratuitement accessible en ligne et en plusieurs langues :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Faluche_(coiffe)

    https://www.wikiwand.com/fr/Faluche_(coiffe)

     

     

           Quant à moi, je me contenterai d’illustrer cette page de la rubrique Droit artistique de mon blog dédié aux Facultés de Droit, de plusieurs dessins ou peintures à huile d’artistes plus ou moins célèbres ayant représenté des étudiants ou des personnalités coiffés d’une faluche : Paul Merwart (n° 1), Geoffroy Dauvergne (n° 2), Pablo Picasso (n° 3), Paul Carlo Bunode  (n° 4), Gonzague Privat (n° 5), et Jacques Villon (n° 6).

     

       Je les compléterai d’une photographie noir et blanc d’un Professeur de Droit à faluche de l’année 1895 (n° 7), d’une stéréocopie des années 1910 d’étudiants de Paris en goguette, eux aussi coiffés de la faluche (n° 8), et de divers autres dessins ou images de la Belle Epoque de la fin du XIXème siècle à 1914 (n° 9 et s.).

     

     

     

     

    Geoffroy Dauvergne : portrait de Jacques Dauvergne,  étudiant à la Faculté de Droit de Rennes en 1943

    2. Geoffroy Dauvergne: portrait de Jacques Dauvergne,  étudiant à la Faculté de Droit de Rennes en 1943 (Source de l’image: https://sites.google.com/site/lesamisdegeoffroydauvergne/oeuvres-diverses/portraits).

     

            Geoffroy Dauvergne, d’une famille de gens de lois (notaire, magistrat), est un artiste peintre figuratif, né le 29 octobre 1922 à Flers, dans l’Orne, et décédé accidentellement,  le 23 janvier 1977, à Saint-Lunaire, en Bretagne. Il nous a laissé cette huile sur toile représentant un parent devenu notaire, Jacques Dauvergne, alors étudiant à la Faculté de Droit de Rennes, coiffé d’une faluche avec liséré rouge et tenant des gants « beurre frais » (gants en maille ou en cuir dont la couleur rappelle celle du beurre frais).

     

       Liséré satin rouge. Ce portrait de famille nous rappelle ainsi que, lorsqu’elle est portée par des étudiants en Droit, la faluche est généralement bordée d’un ruban étroit, le liséré, en satin de couleur rouge (celui des étudiants en médecine est également de couleur rouge, mais en velours).

       Dans ce cas, elle est souvent complétée de deux emblèmes de la déesse grecque de la Justice Thémis épinglés, soit sur le ruban lui-même, soit au dessus. Le plus courant est celui de la balance, qui exprime l’équilibre, l’impartialité et l’équité, en ce qu’elle est censée ne pencher en faveur d’aucune des parties. L’autre éventuel est celui du glaive, une courte épée qui exprime la force (le troisième symbole de la déesse Thémis est le bandeau sur les yeux). 

     

     

     

     

    Pablo Picasso. L’étudiant à la pipe… coiffé d’une faluche

    3. Pablo Picasso. L’étudiant à la pipe… coiffé d’une faluche (Hiver 1913/1914. Plâtre, sable, papier collé, huile et fusain sur toile, 73 x 59 cm, New York, Museum of Modern Art, lègue de Nelson Aldrich Rockfeller). 

     

      Quant à Pablo Picasso (1881-1973), dans sa période du cubisme, il avait représenté, en 1913/1914, un étudiant à la pipe, également coiffé d’une faluche, mais sous des formes géométriques. Peut-être s’agit-il d'un étudiant français et non d’un étudiant espagnol, puisque Pablo Picasso a passé l’essentiel de sa vie en France.

     

     

     

     

    Paul Carlo Bunode : l’étudiant à faluche et sa grisette à la fête carnavalesque de Mi-Carême de l’année 1901

    4. Paul Carlo Bunode : l’étudiant à faluche et sa grisette à la fête carnavalesque de Mi-Carême de l’année 1901 (Journal bi-annuel  illustré, littéraire et artistique, Au Quartier Latin, n° 1, 1901. Source Gallica. Bibliothèque nationale de France).

     

     

     

     

    Gonzague Privat : « Au Quartier Latin… M. Lépine, Préfet de Police, vient de se faire recevoir membre inamovible de l’Association des Étudiants »

    5. Gonzague Privat : « Au Quartier Latin… M. Lépine, Préfet de Police, vient de se faire recevoir membre inamovible de l’Association des Étudiants » (dessin caricatural du 8 avril 1905 de Gonzague Privat).

     

          Lépine, préfet de police, coiffé d’une faluche à liséré rouge. Comme l’a fort bien représenté l’artiste peintre Louis Marie Numa Privat (1843-1917), dit Gonzague Privat, Louis Jean-Baptiste Lépine, un avocat devenu préfet de police de Paris et de la Seine, à la suite des journées d’émeutes de juillet 1893 ayant opposé des étudiants à la police parisienne, est coiffé de la faluche des étudiants en Droit à liséré rouge. Quant à l’Association des Étudiants mentionnée dans la légende du dessin, il s’agit sans doute d’une allusion à l’Association générale des étudiants de Paris (AGEP, reconnue d’utilité publique en 1891), appelée aussi « L’A », qui, de 1884 à 1934, voulait représenter l’ensemble des étudiants parisiens (en concurrence avec l’UNEF). Cette association est d’ailleurs à l’origine du port de la faluche par les étudiants de Paris, suite à la participation de plusieurs de ses membres aux fêtes de l’université de Bologne, en juin 1888.

     

     

     

    Jacques Villon : Étudiant à faluche sur le Boul’ Mich’

    6. Jacques Villon : Étudiant à faluche sur le Boul’ Mich’ (Journal bi-annuel  illustré, littéraire et artistique, Au Quartier Latin, n° 1, 1896. Source https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k894388m).

     

       Jacques Villon (1875-1962), pseudonyme de Gaston Émile Duchamp, est un peintre, dessinateur et graveur lié au mouvement cubiste. En 1894, il s’était installé à Paris pour étudier le Droit, pas pour bien longtemps… car, dès l’année suivante, il commença à faire des illustrations pour des journaux, dont celle-ci publiée dans le n° 1 du journal Au Quartier Latin de l’année 1896. Elle représente un étudiant en Droit coiffé de sa faluche et accompagné d’une jeune femme lors d’une cavalcade de Mi-Carême sur notre célèbre Boul’ Mich’ (ancien « boulevard de Sébastopol rive gauche » pour la portion allant de la place Saint-Michel à la rue Cujas, bordée par la Faculté de Droit, renommé, en 1867, boulevard Saint-Michel, et, dans le jargon estudiantin boul’ mich’.).

     

     

     

    Paul Baugas, futur Doyen de la Faculté de Droit catholique d'Angers, coiffé d’une faluche

    7. Paul Baugas, futur Doyen de la Faculté de Droit catholique d'Angers, coiffé d’une faluche (portrait photographique du Cabinet Rémy Gorget à Dijon, vers 1895).

     

            Plus rare encore, une carte photographie d’un Professeur de Droit, coiffé d’une faluche. Il s’agit de Paul Baugas, né à Saint-Denis-la-Chevasse, en Vendée, le 19 octobre 1861. Après avoir soutenu à la Faculté de Droit de Caen, en 1888, sa thèse de Doctorat en Droit (Le prêt à intérêt en droit romain et en droit français. Paris : Rousseau, 1888), il devint Professeur d’Histoire du Droit à la Faculté de Droit catholique d'Angers (fondée en 1875, cette Faculté est à l’origine de l’actuelle Université catholique de l’Ouest, dite La Catho, dont Paul Baugas fut Doyen dans les années 1910).

     

     

     

     

    Les étudiants de Paris, coiffés de la faluche, en goguette vers 1910 (stéréoscopie* « Le merveilleux », brevetée E.L.D. Paris).

    8.  Les étudiants de Paris, coiffés de la faluche, en goguette vers 1910 (stéréoscopie* « Le merveilleux », brevetée E.L.D. Paris).

     

         *La stéréoscopie, créée en 1832 par l'Anglais Charles Wheatstone, un peu avant la photographie, est un procédé de restitution de la vision en relief au moyen de deux capteurs optiques prenant une scène identique à partir de deux points de vue légèrement distants. Un stéréoscope permet alors de visionner les cartes ou photographies stéréoscopiques. Il est composé de  deux lentilles prismatiques insérées dans une visière, et d’un support en bois pour tenir la carte. Il restitue une seule image avec une impression de relief à partir de deux photographies pas tout à fait identiques. 

     

     

     

    Jeune fille coiffée d’une faluche pendant une fête de Mi-Carême (CPA, tampon du timbre poste de l’année 1903).

    9. Jeune fille coiffée d’une faluche pendant une fête de Mi-Carême (CPA, tampon du timbre poste de l’année 1903).

     

     

     

    Professeur de Droit en toge rouge et noire, étudiant coiffé d’une faluche, et monôme* d’étudiants devant la Faculté de Droit de Paris (chromo du chocolat Suchard pour enfants sages. Circa 1900).

    10. Professeur de Droit en toge rouge et noire, étudiant coiffé d’une faluche, et monôme* d’étudiants devant la Faculté de Droit de Paris (chromo du chocolat Suchard pour enfants sages. Circa 1900).

         

    * Le monôme désignait un joyeux cortège organisé dans les rues par les étudiants, pour fêter la Mi-Carême ou la fin des examens. Ils défilaient, coiffés d’une faluche, « comme un seul homme » (origine du mot monôme ?), en file indienne, soit en se donnant la main, soit la main posée sur l’épaule de celui qui précède. 

     

     

     

    Faluche à liséré rouge d'étudiants en Droit

     

    11. Les trois symboles de l’étudiant du Quartier Latin : sa faluche, sa pipe et sa grisette