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    Panonceaux de notaire au fil des ans

                                           1 Panonceaux de notaire au fil des ans

     

         Le panonceau désigne une plaque métallique fixée au dessus de la porte de certains officiers ministériels comme les notaires et les huissiers de justice.

     

    La porte, grise et proprette, avait cette barrière à claire-voie armée de sonnettes, qui dit autant que les panonceaux: ici respire un notaire (Honoré de Balzac, Cabinet ant., 1839, p.80).

     

     

     

     

     

    Panonceau de notaire sous le Second Empire

                              2 Panonceau de notaire sous le Second Empire.

     

     

     

     

     

    Panonceau de notaire au XXème siècle

                                   3 Panonceau de notaire au XXème siècle.

     

    Il se fit au soleil sur le mur de pierre grise les panonceaux de l'officier ministériel (Anatole France, Génie lat., 1939, p. 317).

     

     

     

     

     

     

     

    Panonceaux de notaire contemporain style vintage

                           4 Panonceaux de notaire contemporain style vintage.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Panonceau de notaire contemporain style moderne

                        5 Panonceau de notaire contemporain style moderne. 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Panonceaux de notaires

                               6 Souvent qui choisit prend le pire (Proverbe). 

     

     

     

     

     

     

     

     

    Sceau de notaire en bronze du XIXème siècle.

    7 Sceau de notaire en bronze du XIXème siècle. Aigle Impérial. Marquage : Émile Rothra, notaire à Altkirch, Haut Rhin.

     

     

       Le sceau désigne un grand cachet, souvent en métal (plomb, bronze…), sur lequel sont gravées en creux la figure, les armoiries, la devise, le nom, la qualité, etc., d'un souverain, d'un État, d'un prince, d'un corps (notaire, huissier de justice, juge de paix, etc.), d'une communauté, d'un seigneur.

     

     

     

     

     

     

     

     

    cachet de cire d'un sceau de notaire en bronze du XIXème siècle.

                     8 Cachet de cire du sceau d’Émile Rothra, notaire à Altkirch.

     

    Le sceau permet alors de faire des empreintes en cire, en relief, sur des lettres, des diplômes ou des actes publics pour les rendre authentiques. 

     

     

     

     

     

    Sceau de Maître Bordes notaire à Blajan ; Tribunal de Paix de Boulogne (1830).

    9 Sceau de Maître Bordes notaire à Blajan ; Tribunal de Paix de Boulogne (1830).

     

     

     

     

     

     

     

                Cachet de cire rouge du sceau de Maître Dupire, notaire royal ; Valenciennes Nord (1824).

    10 Cachet de cire rouge du sceau de Maître Dupire, notaire royal ; Valenciennes Nord (1824).

     

    La cire pour les sceaux est jaune, rouge ou verte ; la première est naturelle ; l'autre est teinte, l'une avec du vert-de-gris, l'autre avec du vermillon (Genlis, Maison rust. t. I, p. 397, dans Pougens).

     

     

     

     

     

     

     

    Pin’s de notaire

                                    11 Pin’s de Maître Ch. Lefevre, notaire

     

    Le pin’s (du mot anglais pin, épingle), est une sorte de badge qui a connu son apogée dans les années 1990, donc au siècle dernier (Comme le temps passe !). Il se fixait comme une broche au moyen d’une épingle traversant le tissu d’un vêtement et était bloqué par un « papillon ».

     

     

     

     

     

     

     

    Pin’s humoristique : la femme de ménage du notaire (marqué au dos : ATC)

    12 Pin’s humoristique : la femme de ménage du notaire (marqué au dos : ATC).

     

     

     

     

     

     

    Pin’s ou badge à épingle annonçant le 6ème jogging des notaires du 1er décembre 1991

    13 Pin’s ou badge à épingle annonçant le 6ème jogging des notaires du 1er décembre 1991.

     

     

    Logo des Notaires de France

                              14 Notaires de France (époque contemporaine).

     

    Aujourd’hui, ce logo des Notaires de France peut être apposé même sur des clés USB 2 ou USB 3 ! Mais n’oublions jamais ce qu’écrivait La Bruyère : « Nous qui sommes modernes, serons anciens dans quelques siècles ».


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    Un notaire prospère (dessin de Claude Bils. 1884-1968).

                          1 Un notaire prospère (dessin de Claude Bils. 1884-1968).

     

    - Pourriez-vous chiffrer les bénéfices, Maître ?

    -  Mes bénéfices !!... Ils sont « incalculables » !!...

     

     «  Que maudit soit le bec cornu de notaire qui me fit signer ma ruine », écrivait Molière dans Le Médecin malgré lui (I,1). Cette image parfois accolée à la personne du notaire peut-être illustrée au moyen de deux sortes d’objets, oubliés de tous à l’exception des collectionneurs qui hantent les salles de vente, les brocantes et les vide-greniers : d’une part, les jetons de notaires, d’autre part les ex-libris de notaires. Car, en effet, pendant longtemps, pour gagner de l’argent, le notaire essayait de placer à ses clients une monnaie non officielle, dite jetons de notaires, dont le bénéfice lui permettait de s’offrir une bibliothèque de livres anciens de grande valeur, qu’il ne lisait jamais, à l’exception de son ex-libris apposé à l’intérieur de chacun d’entre eux portant son nom ou ses initiales et exprimant sa réussite sociale !

     

     

     

     

    jeton de notaire à l’effigie du roi Louis XIV, daté 1700.

     

              2 Recto d’un jeton de notaire à l’effigie du roi Louis XIV, daté 1700.

     

    Dans la famille numismatique (qui a rapport aux médailles), voici, tout d’abord, les jetons de notaires. Ils se présentent, le plus souvent, sous forme de rondelles de métal, d’un diamètre de l’ordre de 30 mm, en plomb ou en cuivre et plus rarement en argent (d’où l’expression de tous ceux qui se sont fait gruger en croyant être en possession de métal précieux : « Être faux comme un jeton »), sur lesquelles des symboles sont gravés. Sans être des monnaies officielles, ils ont pu être utilisés comme monnaie de substitution pendant les crises monétaires.

     

     

     

     

    jeton de notaire avec les mots gravés : Conex du Roy et Notaires. 1700

    3 Verso du précédent jeton de notaire, avec les mots gravés : Coners du Roy et Notaires. 1700 (l'ancien mot coner désignait le conseiller).

     

           Les jetons d'hommage dédiés ou à l'effigie de notaires particuliers sont les plus rares. L’un d’entre eux souvent cité est celui frappé aux armes de Jacques Charmolue, notaire du roi et changeur du Trésor sous Louis XII et François Ier. Mais, le plus souvent, sous l’Ancien Régime, les jetons étaient émis par des assemblées ou des compagnies de notaires, devenues chambres de notaires (de villes ou d’arrondissements). Depuis le XXème siècle, ils le sont par des conseils régionaux, des assemblées et des congrès de notaires.

     

     

     

     

     

    Jeton octogonal de la Compagnie des Notaires de Paris à l’effigie du roi Louis Philippe Ier

    4 Jeton octogonal de la Compagnie des Notaires de Paris à l’effigie du roi Louis Philippe Ier.

     

    Les jetons de notaires peuvent aussi être de forme octogonale, donc à huit pans, ce qui permet de ne pas les confondre avec les jetons de caddies des collectionneurs, dits caddiecologues, qui sont toujours ronds.

     

     

     

     

     

    Jeton en argent de la Chambre des notaires du Maine et Loire de l’arrondissement de Saumur

    5 Jeton en argent de la Chambre des notaires du Maine et Loire de l’arrondissement de Saumur.

     

          Pour conclure avec nos jetons de notaires, cette précision selon laquelle ils ont surtout été frappés en Normandie, Picardie et Ile-de-France, ainsi que dans certaines grandes villes comme Toulouse, Montpellier et Marseille.

     

     

     

     

     ex-libris

    6 Collection d'ex-libris d’un collectionneur (celui ou celle qui fait des collections !). « C’est que, collés aux livres, les ex-libris sont vivants, et que, réunis en tas, ils sont morts. » (Henri Bouchot. Les Ex-Libris et les Marques de possession du livre. Paris, Édouard Rouveyre, 1891, p. 17). 

     

         Dans les familles héraldique (qui a rapport aux blasons) et bibliomaniaque (maladie en usage jusqu’à l’ère informatique), voici maintenant l’ex-libris du notaire (du latin ex libris meis : « faisant partie de mes livres »). Il désigne une inscription personnalisée qu’un notaire colle soit sur le contre-plat de livres (à ne pas confondre avec la contre-platine d’un fusil ou d’un pistolet), c’est-à-dire à l’intérieur de la couverture (le plus souvent sur le plat supérieur), soit sur la page de garde de ses livres (feuillet mis au commencement d’un livre), comme marque d’appartenance.

     

    Cette inscription peut être une gravure ou prendre la forme de tampons, de cachets, etc. Elle permet ainsi au notaire de marquer de son empreinte sa précieuse collection de livres.

     

     

     

     

    Ex-libris de Jacques Thibout (1402-1555), seigneur de Quantilly (Cher), notaire et secrétaire du Roi

    7 Ex-libris de Jacques Thibout (1402-1555), seigneur de Quantilly (Cher), notaire et secrétaire du Roi (imprimé au verso du titre d’un livre des coutumes du Berry, publié à Lyon en 1517. Bibliothèque municipale de Bourges).

     

    Cet ex-libris du notaire du roi Jacques Thiboust, gravé sur bois, porte sa devise : « Ley et Regio » ; son nom anagrammatisé (transposition de lettres, qui d'un mot ou d'une phrase fait un autre mot ou une autre phrase) : « Qui voyt s’esbat » ; et ses armes.

     

     

     

     

    Ex-libris aux armes d’Antoine-François Doyen, notaire à Paris (1693-1767)

    8. Ex-libris aux armes d’Antoine-François Doyen, notaire à Paris (1693-1767).

     

     

     

     

    Ex-libris de Desains, notaire à Saint-Quentin (XVIIIème siècle)

             9. Ex-libris de Desains, notaire à Saint-Quentin (XVIIIème siècle).

     

     

     

     

    25 Jetons et ex-libris de notaires

    10. Ex-libris d’E. Aubert, notaire à Langres : « Qui me nomme me rompt ».

     

    L’ex-libris comporte parfois une devise ou une citation chère au propriétaire du livre, accompagnée de son nom et de sa fonction (en l’espèce notaire).

     

     

     

     

    Ex-libris d’André Fournier, notaire à Lille (c. 1924)

                        11. Ex-libris d’André Fournier, notaire à Lille (c. 1924).

     

    Lorsque l’élément graphique principal de l’ex-libris est un dessin allégorique, le propriétaire peut en être lui-même l’auteur. Tel ne paraît pas être le cas de cet ex-libris d’André Fournier sur lequel on identifie difficilement la signature de l’auteur du dessin.

     

     

     

     Ex-libris de Jean Allemes, notaire à Dunkerque (cliché typographique 1913)

    12 Ex-libris de Jean Allemes, notaire à Dunkerque (cliché typographique 1913).

     

    Au contraire, cet ex-libris de Jean Albert Emmanuel Allemes, notaire à Dunkerque, mentionne de manière parfaitement lisible l’auteur de son dessin maritime : Henry-André.

     

     

     

    Ex-libris de Charles-Edmond Mitandier, notaire à Troyes.

                      13 Ex-libris de Charles-Edmond Mitandier, notaire à Troyes.

     

    Plus sobre, mais non moins possessif, l’ex-libris de ce notaire de Troyes en Champagne

     

     

     

     

    Ex-libris de Balthazar Picsou, ancien notaire de  France, arrivé en Amérique en 1947 où il fut banquier

    14 Ex-libris de Balthazar Picsou, ancien notaire écossais, arrivé en Amérique en 1947 où il fut banquier (cette information inédite m’a été certifiée par Riri, Fifi et Loulou, hier après-midi sur une plage de la Côte d'Opale alors qu'ils construisaient un château-fort pour se protéger de la montée des eaux).

     

     

     

     

     


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    Un Notaire pas très Clerc : Maître Grattetout !

                                    1 Un Notaire pas très Clerc : Maître Grattetout !

     

     

    Je vous informe que mon état de santé me force d’entreprendre un petit voyage au long cours. J’emporte les fonds que vous m’avez confiés en vous priant d’être rassurée sur leur sort : ils seront bien employés. Au plaisir de ne jamais vous revoir.

     

                                                J. Grattetout, Notaire

     

    PS. Si vous voulez entrer chez moi, vous trouverez la clef sous le paillasson.

     

     

     

     

     

    Un Clerc d'un Notaire en Fugue !

     2 Un Clerc d'un Notaire en Fugue ! (image publicitaire. Poivres et thés Sarah)

     

     

    Clerc de Notaire demande Commanditaire pour acheter l’étude de son patron, qui vient de filer en Belgique. À l’occasion, ferait comme lui.

     

     

     

     

     

    Un notaire qui fait des « châteaux en Espagne »

                  3 Un notaire qui fait des « châteaux en Espagne ».

     

     

    Châteaux en Espagne est une expression qui évoque quelque chose d’impossible ou d’irréalisable.

    « Qui ne fait châteaux en Espagne ? » (La Fontaine. Fables. La laitière et le pot au lait. I. 30).

     

     

     

     

     

    L’œil du monocle du notaire pendant la Grande Guerre (dessin de Rouff. c. 1915-1920)

    4 L’œil du monocle du notaire pendant la Grande Guerre (dessin de Rouff. c. 1915-1920). 

     

    - Regardez donc l’notaire, si c’est pas honteux de porter un monocle par ces temps de guerre.

     

    Sans doute, cette légende est-elle en relation avec l’image satirique de l’officier d’état-major prussien ou allemand, plein de morgue, le monocle vissé à l’œil, fixée en France une fois pour toute lors de la guerre de 1870-1871.

     

     

     

     

     

    26 Des Notaires pas très Clercs en anciennes images

             5 La vie chère après la Grande Guerre (almanach. Mardi 20 avril 1920).

     

    C’est un peu cher cette paire de poulets, j’en parlerai à mon notaire. Cependant, dîtes-moi, en ajoutant une trentaine de francs, on ne pourrait pas avoir la ferme avec ?

     

    Je profite maladroitement de ce dessin pour caser cette citation astucieuse de Gustave Flaubert, tirée de son Dictionnaire des idées reçues, concernant les émoluments des notaires :

     

    « Les ministres [et les fonctionnaires] le nomment : traitement ; les notaires : émoluments ; les médecins [et les avocats]: honoraires ;  les employés : appointements ; les ouvriers : salaires ; les domestiques : gages. L’argent ne fait pas le bonheur ». 

     

     

     

     

    26 Des Notaires pas très Clercs en anciennes images

                        6 Le Notaire, 1904 (dessin de Hermann-Paul. 1864-1940).

     

           - Comment savoir si un notaire vous ment ?

           - Ses lèvres bougent. (Félix Leclerc. L’héritage).

     

     

     

     

     

    Dingo, d'Octave Mirbeau

    7 Filou : Homme malhonnête et sans scrupule qui trompe ou vole autrui (dictionnaire d'Emile Littré).

     

          Pour conclure cette page permettez-moi de joindre un extrait d’un roman d’Octave Mirbeau, paru en 1913, Dingo, où l’auteur décrit un notaire, Maître Anselme Joliton, un peu, beaucoup, à la folie, filou. Je consacrerai une page spéciale au notaire provincial, décrit de manière un peu vacharde, par l'ancien étudiant en Droit du Quartier Latin, Octave Mirbeau, dans ce même roman (voir le chapitre 43).  Il se destinait au notariat avant d'être emporté par le journalisme et la littérature. 

     

     

    Maître Anselme Joliton était notaire à Ponteilles depuis douze ans. Il avait succédé à maître Léonce Vertbled. Selon le rythme habituel, maître Vertbled, après vingt années d’exercice loyal et de confiance universelle, était parti un matin d’avril — ô joies du printemps — avec tout l’argent déposé dans son étude, tout l’argent de la Fabrique, dont il était le trésorier, tout l’argent d’un certain baron de Vissepet dont il gérait les propriétés, pour le compte de qui il touchait fermages, arrérages et redevances, et qui se tua, le pauvre baron, découragé à la pensée qu’il devrait désormais les toucher lui-même, ce dont il ne se sentait pas capable… Le plus douloureux, ce n’était pas ce que maître Vertbled emportait, c’était ce qu’il laissait… Non seulement maître Vertbled était un génial voleur, c’était un puissant ironiste. Il laissait une situation tellement inextricable, au point de vue des attributions hypothécaires, et même des origines de la propriété dans tout le canton, qu’il en résulta de nombreux procès, dont quelques-uns se plaident encore, se plaideront longtemps, se plaideront peut-être toujours. Presque tout le pays fut ruiné, plus que ruiné, bouleversé de fond en comble. Il semblait qu’une révolution sociale fût passée sur lui. Par suite de faux, par suite de manœuvres frauduleuses, comme on n’en avait pas encore vu jusqu’ici, il arriva que certains furent dépouillés de terres qu’ils possédaient de père en fils, légitimement. D’autres se virent attribuer des terres qu’ils ne possédaient pas. Personne ne savait plus ce qu’il avait ou ce qu’il n’avait pas. Effroyable gabegie, dont on ignore à l’heure actuelle si l’on sortira un jour…


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    Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

              1 Albert Robida, petit clerc de notaire à Compiègne

     

     

    Pour poursuivre cette série consacrée aux notaires, dont la longueur s’explique par la richesse des illustrations anciennes les concernant, voici une page consacrée à un petit clerc de notaire, dit saute-ruisseau, qui devint l’un des plus grands caricaturistes de son temps : Albert Robida (1848-1926).

     

    Albert Robida est né le 14 mai 1848 à Compiègne, rue de Boucheries,  d’un père menuisier-ébéniste d’origine flamande et d’une mère d’origine alsacienne. Après sa scolarité à l’école primaire Hersan, sa belle écriture lui permit d’entrer, en 1862, à l’étude de Maître Rouard, un notaire de Compiègne. Il y occupa diverses fonctions jusqu’en 1865.

     

    Seulement, notre jeune clerc de notaire n’était guère passionné par ses taches de saute-ruisseau et de croque note.

     

     

    Selon certains de ses biographes, il déshonorait même l’étude par ses facéties, par exemple, en lançant, depuis les fenêtres, des boulettes sur les consommateurs du café de la Cloche !

     

     

     

     

    27 Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

    2 Albert Robida, rédacteur et illustrateur du « Manuel du parfait notaire » (1865)

     

     

    Pour occuper le temps, Albert Robida s’amusait également à caricaturer son entourage, notamment le personnel et les clients de l’étude notariale. C’est ainsi qu’il rédigea et illustra, en 1865, un petit cahier humoristique intitulé « Manuel du parfait notaire », qui lui valut d’être mis à la porte par son patron !

     

     

     

     

     

     

    Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

             2 bis Albert Robida, "Manuel du parfait notaire" (1865)

     

     

     

     

     

     

     

    27 Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

            3 « Manuel du parfait notaire » d’Albert Robida (1865)

     

     

    Le très jeune clerc Robida avait notamment distillé dans ce manuscrit divers conseils pour faire un bon notaire comme : « Avoir fait son droit. – Être doué d’un physique agréable. – Bien écorcher les clients.- Ne jamais les faire crier.- Les flanquer à la porte s’ils crient. ».

     

     

     

     

     

    Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

    4 Albert Robida. Le droit mène à tout à condition d'en sortir !

     

     

    Après avoir été renvoyé de l’étude de maître Rouard, Albert Robida prit des cours de dessin gratuits dispensés par la ville de Compiègne, et il remporta un premier prix de dessin en 1866 (il avait bénéficié des enseignements de Félix Deligny). 

     

    Alors recommandé à Alexandre Dumas père par le caricaturiste Cham, Albert Robida partit, à l’âge de dix huit ans, à la conquête de Paris. Dès 1866, il fut engagé comme dessinateur de presse au Journal amusant. L’année suivante, il devint chroniqueur et caricaturiste de divers autres journaux (Paris-Caprice, Le Polichinelle, Paris Comique).

     

     

     

     

     

    Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

    5. Albert Robida. La grande mascarade parisienne. Une vie de polichinelle.

     

     

    Mais là où Albert Robida m’intéresse, c’est lorsqu’il évoque les gens de justice dans son monumental recueil : La grande mascarade parisienne. Une vie de polichinelle, dont il est l’auteur et l’illustrateur (1881-1884. En free access sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France). 

     

    En voici un petit résumé :

     

     

    Œil pour œil ! Dent pour dent ! Par un testament olographe, Timoléon Badinard, un riche bourgeois de Paris, à légué à Antony Cabassol, son cousin, jeune étudiant, la somme de cinq ou six millions, à la seule et unique condition de le venger, dans le délai de trois années, de 77 hommes, dont il a trouvé les photographies avec dédicaces compromettantes, dans l’album de sa femme.

     

    On retrouve donc, au fil de près de mille pages, un notaire et son principal clerc, exécuteurs testamentaires, ainsi que des juges et des avocats lors d'un procès mémorable.

     

     

     

     

     

     

     

    Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

          6 Maître Taparel, notaire, et Nestor Miradoux, principal clerc dudit.

     

     

    Ils étaient deux, l'un gros et  rond, l'autre long et sec, l'un rouge et chauve, l'autre jaune et chevelu, mais tous les deux sanglés dans une redingote noire, tous les deux majestueusement cravatés de blanc, tous les deux portant haut le nez surmonté de lunettes et  tous les deux porteurs d'un grand portefeuille noir bourré de papiers, évidemment timbrés.

     

    Le premier, le gros rond, rouge et chauve, n’était autre que Me Taparel, notaire, 82 rue du Bac, la meilleure étude de Paris ; le second, le monsieur long, sec, jaune et chevelu, avait le droit d'inscrire sur ses cartes de visite le nom harmonieux de Nestor Miradoux, avec celle qualification : Principal clerc de Me Taparel.

     

    — " Vous êtes bien dit le notaire en ouvrant sa serviette bourrée, de papiers, vous êtes bien monsieur Georges-Antony Cabassol, étudiant en... ,

    En ? répéta Cabassol.

    Oui, étudiant en quoi ?Pardon de vous avoir dérangé, dit enfin le notaire, mais est-ce bien à M. Antony Cabassol que j'ai l'honneur de parler ?

    A lui-même, fit d'un signe de tête Cabassol.

    Très bien ! Je suis Me Taparel, notaire à Paris, et je viens vous entretenir d'une affaire importante !

    Cabassol, tout à fait réveillé, bondit de son lit et  sembla chercher dans ses souvenirs.

    Voyons, étudiant en droit ou en médecine ? Ah! voilà, je ne suis pas encore décidé... j'attends... je consulte mes goûts..: il n'y a que quatre ans que je suis à Paris !

    Soit, mettons simplement étudiant, poursuivit Me Taparel.... né à Castelnaudary et cousin de M. Badinard.

    En qualité de notaire et d'exécuteur testamentaire de feu M. Badinard, je viens vous prier de vouloir bien m'accompagner jusqu'à mon étude pour y entendre la lecture du testament dudit. En me chargeant de l'exécution de ses dernières volontés, M. Badinard m'a recommandé de vous aller chercher moi-même à votre domicile et de vous emmener sans perdre une minute, et toute affaire cessante dans mon cabinet. Le testament ainsi qu'une petite boîte y annexée vous attendent, et je ne doute pas que la communication des dernières volontés de feu votre cousin ne vous soit agréable...

     

     

     

     

    27 Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

    7 Le testament de Timoléon Badinard (Albert Robida. La grande mascarade parisienne).

     

    Me Taparel avait sa voiture à la porte, les trois hommes y prirent place et roulèrent vers la rue du Bac. En arrivant les trois hommes traversèrent l'étude au grand émoi des clercs, évidemment instruits de la situation, et pénétrèrent dans le cabinet du notaire. Sans se presser, le notaire marcha vers une grande caisse de fer, l'ouvrit, en tira quelques papiers, ainsi qu'une boite fermée par de grands cachets rouges, et vint s'asseoir devant son grand bureau.

     

    Je commence donc, dit le notaire en tirant d'une enveloppe une feuille de papier timbré :

     

    « CECI EST MON TESTAMENT

    « Moi, Jean Timoléon Badinard, sain d'esprit, mais cloué par la goutte dans mon fauteuil, je déclare ici avoir le cœur navré et me sentir l'.âme profondément abattue par des désillusions conjugales. « Je viens de découvrir caché dans un guéridon de la chambre de ma femme, un album contenant 77 photographies masculines, portant pour la plupart des mentions et des dédicaces, qui me semblent compromettantes. Ma femme m'avait paru jusqu'ici au-dessus du soupçon, elle s'est toujours montrée, dans le cours de cinq années de vie conjugale, d'un caractère si parfaitement désagréable que je me croyais à l'abri des risques ordinaires. Je me, trompais, elle me trompait!

    « Après de mûres réflexions, et dans l'impossibilité où je suis, vu ma goutte, de courir sus aux 77 personnages de l'album, aux, 77 infâmes qui l'ont si affreusement compromise à mes yeux, j'ai résolu de  tirer d'eux une vengeance aussi éclatante, que possible par procuration. En conséquence, je donne et lègue à M. Àntony Cabassol, mon cousin, toute ma fortune particulière, montant à quatre millions, clairs et nets, à la condition expresse que ce jeune homme se fera; mon vengeur, et, sans marchander ses peines et ses soins, infligera la peine du talion à chacun de mes 77 rivaux.

    «Œil pour œil ! Dent pour dent ! Photographie pour photographie ! Mon rêve serait qu'un jour chacun de mes soixante-dix-sept ennemis découvrît dans le guéridon de son épouse — ou de sa maîtresse, le portrait de Cabassol, mon vengeur !

    « J'accorde trois années à M. Àntony Cabassol, pour compromettre 77 personnes; je charge Me Taparel, mon ami, de surveiller ses opérations et de lui délivrer largement les fonds nécessaires, au fur et à mesure des nécessités de ma vengeance.

    « S'il se montre indigne de ma confiance et s'il ne fournit pas au bout des trois années 77 vengeances constatées, ma fortune, frais déduits, devra servir à élever dans un endroit sain et désert, à vingt-cinq lieues environ de Paris, et autant que possible près d'un cours d'eau et dans un siye agréable, un refuge pour les 77 maris maltraités par le sort.

    « Je nomme Me Taparel et son principal clerc, M. Nestor Miradoux, mes exécuteurs testamentaires, et je les charge de veiller à la stricte exécution de mes volontés.

    « Saint Germain. le 18 août 18...;.

    « TlMOLÉON BADINARD. »

     

     

     

     

    Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

    8 Le procès Badinard et Cabassol : une audience mouvementée (Albert Robida. La grande mascarade parisienne).

     

     

    Par suite de révélations et maintes mésaventures, la mission imposée à Cabassol pour hériter de la fortune du défunt Timélon Badinard, vint à être connue des 77 personnages de l’album.

     

    Ceux-ci intentèrent un procès contre Cabassol et Me Badinard où le tout Paris put assister à de multiples incidents d’audience entre les témoins, les accusés et leurs avocats, sous l’œil médusé des juges ! 

     

     

     

     

    Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

    9 Le procès Badinard et Cabassol : échange d’arguments (Albert Robida. La grande mascarade parisienne).

     

     

     

     

    Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

    10 La succession Badinard a été entièrement dévorée (Albert Robida. La grande mascarade parisienne).

     

     

    Antony Cabassol apprend du notaire, Me Badinard, qu’il est entièrement ruiné.

     

     

     

     

    Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

    11 Ils se marièrent et eurent beaucoup… d’argent (Albert Robida. La grande mascarade parisienne).

     

     

    Mais notre jeune étudiant en droit ou en médecine (il ne s’est jamais décidé !) ne se décourage pas. Il se lance dans le journalisme et la politique, et se marie avec une riche dame inscrite sous le n° 632 du registre de la grande agence matrimoniale La Clef des Cœurs 

     

     

     

     

     

    Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

    12 Un notaire abattu, Maître Badinard (Albert Robida. La grande mascarade parisienne)

     

     

     

     

    Albert Robida, petit clerc de notaire devenu caricaturiste

    13 La Place du Pré aux Clercx, par Albert Robida (série du Vieux Paris)

     

     

     

    Le Pré aux clercs était une célèbre prairie de Paris où, depuis Philippe Lebel, se réunissaient chaque année, les clercs du Palais (le Parlement de Paris), ceux des provinces et leurs suppôts.

     

    C’est également dans cette prairie que les clercs du Palais jugeaient les différends qui s’élevaient entre eux.

     

     

    De plus, les étudiants de l’Université de Paris, eux-mêmes appelés clercs, venaient s’y détendre entre les cours, et parfois s’y battre en duel.

     

    Aujourd'hui, la rue du Pré-aux-Clercs, située dans le 7ème arrondissement de Paris, perpétue ces souvenirs.


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     Le procès de Maître Badinard, notaire (Albert Robida)

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    Pour conclure avec notre petit clerc de notaire de Compiègne, Albert Robida, devenu un grand caricaturiste de la Belle Epoque, voici quelques autres de ses dessins représentant, cette-fois, des avocats du grand procès du notaire, Maître Badinard, et de son client Antony Cabassol, qui était venu à Paris pour faire son droit ou sa médecine !

     

    Ces dessins sont extraits du recueil d'Albert Robida, publié entre 1881 et 1884, sous le titre : La grande mascarade parisienne, une vie de polichinelle.

     

     

     

     

     

     

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    Le procès de Maître Badinard, notaire (Albert Robida)

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     Le procès de Maître Badinard, notaire (Albert Robida)

     

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