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    Le voyage à Rennes de Maître Tugdual (François Jaffrenou, dit Taldir. Texte paru dans La Bretagne Touristique, n° 23, 16 août 1926)

     

     

    Le voyage à Rennes de Maître Tugdual (Fr. Jaffretou, 1926)

    1. François Jaffrennou au Pan Celtic Congress (Congrès Pan Celtic), en 1904, au Pays de Galles à Caernarfon. Le Congrès Pan Celtic est devenu en 1920 le Celtic Congress (Congrès Celtique). François-Joseph-Claude Jaffrenou, né en 1879 à Carnoët en Bretagne, et mort en 1956 à Bergerac, était un militant du régionalisme fédératif, écrivain, chansonnier, imprimeur et directeur de journaux en langue bretonne. Il fut président du Collège des Druides, Bardes et Ovates de Bretagne, affilié au Collège des Iles Britanniques.

     

     

     

     

    Le voyage à Rennes de Maître Tugdual (Fr. Jaffretou, 1926)

    2. Maître Tugdual, notaire (illustration de Jac Pebier : La Bretagne Touristique, n° 23, 16 août 1926)

     

     

     

     

     

     

    3 Le voyage à Rennes de Maître Tugdual (François Jaffrenou, dit Taldir. Texte paru dans La Bretagne Touristique, n° 23, 16 août 1926. Fichier PDF).

     

     

     

     

     

     

     

    Le Notaire indisposé (Journal Le Rire du 26 juillet 1913).

      4 - M'sieur l'notaire d'en bas demande si vous n'êtes pas fou... Y a des capitaux qui dorment !  (Journal Le Rire du 26 juillet 1913. Source gallica.bnf.fr.)

     

     


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    Le Petit Gommeux (dessin de Durandeau, 1877).

    Le Petit Gommeux (dessin de Durandeau, in Mémoires d’un gommeux, par Saint-Patrice, Paris, 1877).

     

     

    Voici un texte du domaine public de nos lointains voisins du Québec, intitulé Un clerc de notaire qui s’amuse, de Jean-Baptiste Caouette, paru à Montréal en 1901dans Le vieux muet.

     

    Il met en scène les aventures nocturnes d’un jeune clerc de notaire que l’on aurait appelé, de son temps, en terre de France et de Navarre, un gommeux, un muscadin, un gandin, un dandy, un mirliflor, ou un petit crevé.

     

    Le gommeux désignait parfois, dans les feuilletons et romans populaires du XIXème siècle, un étudiant à la mode du Quartier Latin ou un jeune clerc d’une étude de notaire, d’avoué ou d’huissier, désœuvré et vaniteux, aux traits fadasses avec une raie au milieu de la tête. Des chromos humoristiques publicitaires de magasins de vêtements représentaient ainsi les clercs d’études notariales. Je vous en ai montrées quelques unes dans le chapitre 16 de cette rubrique des « Notaires », intitulé : Le clerc de notaire en chromos du XIXème siècle » (publié le 18 juillet 2019).

     

     


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    Gavroche, le gamin de Paris (dessin de Gustave Brion de 1862)

    1 Gavroche, le gamin de Paris (dessin de Gustave Brion de 1862 pour l’édition J. Hetzel et A. Lacroix du roman de Victor Hugo, Les Misérables).

     

     

    « Paris a un enfant et la forêt a un oiseau ; l'oiseau s'appelle le moineau ; l'enfant s'appelle le gamin »

    (Victor Hugo, Les Misérables ; Troisième Partie-Marius ; Livre premier-Paris étudié dans son atome ; Chapitre I-Parvulus).

     

     

    La première édition des Misérables de Victor Hugo n’était pas illustrée. Mais, en 1862, suite au succès de ce roman, un dessinateur, Gustave Brion, réalisa une série de vingt-cinq dessins représentant les personnages du roman. Ils furent reproduits en photographies et certains d’entre eux vendus en carte postale, en particulier celui, ci-dessus reproduit, de Gavroche. 

     

     

     

     

    Gavroche (Illustration d’Emile Bayard)

                                2 Gavroche (Illustration d’Emile Bayard).

     

     

           Gavroche meurt le 6 juin 1832 près d’une barricade en tentant de récupérer des cartouches non brûlées pour ses camarades et en chantant une chanson qu’il ne peut achever.

     

    Victor Hugo décrit cette scène :

     

    A force d'aller en avant, il parvint au point où le brouillard de la fusillade devenait transparent. Si bien que les tirailleurs de la ligne rangés et à l'affût derrière leur levée de pavés, et les tirailleurs de la banlieue massés à l'angle de la rue, se montrèrent soudainement quelque chose qui remuait dans la fumée.

     

    Au moment où Gavroche débarrassait de ses cartouches un sergent gisant près d'une borne, une balle frappa le cadavre.

     

    - Fichtre ! fit Gavroche. Voilà qu'on me tue mes morts.

     

    Une deuxième balle fit étinceler le pavé à côté de lui. Une troisième renversa son panier. Gavroche regarda, et vit que cela venait de la banlieue.

     

    Il se dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains sur les hanches, l'œil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient, et il chanta :

     

    On est laid à Nanterre,

    C'est la faute à Voltaire,

    Et bête à Palaiseau,

    C'est la faute à Rousseau.

     

    Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les cartouches qui étaient tombées, et, avançant vers la fusillade, alla dépouiller une autre giberne. Là, une quatrième balle le manqua encore.

     

    Gavroche chanta

     

    Je ne suis pas notaire,

    C'est la faute à Voltaire, 

    Je suis petit oiseau,

    C'est la faute à Rousseau.

     

    Une cinquième balle ne réussit qu'à tirer de lui un troisième couplet :

     

    Joie est mon caractère, 

    C'est la faute à Voltaire, 

    Misère est mon trousseau, 

    C'est la faute à Rousseau. 

     

    Cela continua ainsi quelque temps.

     

    Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l'air de s'amuser beaucoup. C'était le moineau becquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en l'ajustant. Il se couchait, puis se redressait, s'effaçait dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissait, reparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la mitraille par des pieds de nez, et cependant pillait les cartouches, vidait les gibernes et remplissait son panier. Les insurgés, haletants d'anxiété, le suivaient des yeux. La barricade tremblait ; lui, il chantait. Ce n'était pas un enfant, ce n'était pas un homme ; c'était un étrange gamin fée. On eût dit le nain invulnérable de la mêlée. Les balles couraient après lui, il était plus leste qu'elles. Il jouait on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort ; chaque fois que la face camarde (morte) du spectre s'approchait, le gamin lui donnait une pichenette.

     

    Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre l'enfant feu follet.

     

    On vit Gavroche chanceler, puis il s'affaissa. Toute la barricade poussa un cri ; mais il y avait de l'Antée  dans ce pygmée; pour le gamin toucher le pavé, c'est comme pour le géant toucher la terre ;

     

    Gavroche n'était tombé que pour se redresser ; il resta assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l'air, regarda du côté d'où était venu le coup, et se mit à chanter :

     

    Je suis tombé par terre, 

    C'est la faute à Voltaire,

    Le nez dans le ruisseau,

    C'est la faute à..

    .

    Il n'acheva point. Une seconde balle du même tireur l'arrêta court. Cette fois il s'abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s'envoler.

     

                                             Les Misérables (1862), V, 1, Victor Hugo

     

     

     

     

     

    Gavroche l’enchanteur (gravure de Yon Perrichon)

                      3 Gavroche l’enchanteur (gravure de Yon Perrichon)

     

     

     

    Qui ne se souvient de la chanson que Gavroche chantait sur la barricade et qu’il ne put achever trop pressé de s’envoler pour le Paradis où les petits anges qui s’ennuyaient l’attendaient pour jouer ?

     

    En effet, son texte, quelque peu modifié, en 1980, par Alain Boublil et Jean-Natel, a été mis en musique par Claude-Michel Schönberg pour la Comédie musicale Les Misérables, mise en scène par Robert Hossein (107 représentations au Palais des Sports de Paris pour près de 500 000 spectateurs !).

     

    Depuis, elle fait partie du répertoire de plusieurs chorales d’enfants dont celle des Petits Chanteurs d’Asnières, allias Les Poppys, et celle des Petits Chanteurs à la Croix de Bois.

     

    On y retrouve notamment un couplet chanté en solo par Gavroche avec les quatre vers inchangés dus à la plume de Victor Hugo :

     

     

    Je ne suis pas notaire,

    C'est la faute à Voltaire, 

    Je suis petit oiseau,

    C'est la faute à Rousseau.

     

          

    Selon des spécialistes bien cultivés comme les fruits et légumes, ces vers seraient l’expression d’un usage facile et confortable de l’époque consistant à rejeter sur le dos de boucs émissaires tout et n’importe quoi.

     

    En l’espèce, les deux boucs émissaires seraient Voltaire et Rousseau dont un « Mandement de MM. Les vicaires généraux du chapitre métropolitain de Paris », lu sous la Restauration, le 9 février 1817, premier dimanche de Carême, dans toutes les églises de Paris, les rendait coupable de la Révolution.

     

    Béranger en fit une première chanson satirique publiée en 1834 :

     

    « Si tant de prélats mitrés
    Successeurs du bon saint Pierre,
    Au paradis sont entrés
    Par Sodome et par Cythère,
    Des clefs s'ils ont un trousseau,
    C'est la faute à Rousseau ;
    S'ils entrent par derrière,
    C'est la faute à Voltaire. 
    »

     

    Quelques années plus tard, Jean-François Chaponnière écrivit cette autre chanson.

     

    « Si le diable adroit et fin
    À notre première mère
    Insinua son venin,
    C'est la faute à Voltaire.
    Si le genre humain dans l'eau,
    Pour expier son offense,
    Termina son existence,
    C'est la faute à Rousseau
    . »

     

           Victor Hugo s’inspira sans doute de ces deux textes pour rédiger sa chanson de Gavroche, en soignant la musicalité des vers et des mots (« Écrit en prose qui veut, mais en vers qui peut ». Voltaire, Lett. St Alambert, 7 mars 1769).

     

    Je ne suis pas notaire,

    C'est la faute à Voltaire, 

    Je suis petit oiseau,

    C'est la faute à Rousseau.

     

    On notera que lorsque cette chanson est chantée dans les chorales, le soliste en charge des couplets chante dans l’un d’eux :

     

    Je ne suis pas notaire,

    C'est la faute à Voltaire… 

     

           Et le chœur des enfants lui répond dans le refrain :

     

    Tu n’es pas notaire, (ou : Il n'est pas notaire)

    C'est la faute à Voltaire...

     

     

     

    En conclusion de cette page, je vous laisse écouter Charles et Vincent qui chantaient, en solistes, la chanson de Gavroche avec leurs copains des Petits Chanteurs d’Asnières un soir de l’année 2003.

     

    Ils étaient sous la « baguette » bienveillante du regretté Jean Amoureux fondateur de cette chorale, en 1946, sous les noms de l’Alauda, puis des Rossignols de Saint-Jean, rebaptisés, en 1955, les Petits Chanteurs de l’Île de France, et, plus tard, Les petits Chanteurs d’Asnières, avec un interlude, en 1970, sous le nom des Poppys.

      

     

                            

                           https://www.youtube.com/watch?v=rkLdYDlsktA 

     

                                                 LA MORT DE GAVROCHE (Victor Hugo) 

     

    On est laid à Nanterre,
    C'est la faute à Voltaire,
    Et bête à Palaiseau,
    C'est la faute à Rousseau.

     

    Je ne suis pas notaire,
    C'est la faute à Voltaire,
    Je suis petit oiseau,
    C'est la faute à Rousseau.

     

    Joie est mon caractère,
    C'est la faute à Voltaire,
    Misère est mon trousseau,
    C'est la faute à Rousseau.

     

    Je suis tombé par terre,
    C'est la faute à Voltaire,
    Le nez dans le ruisseau,
    C'est la faute à...

     

    Les Misérables, Cinquième partie, Livre I,
    « La guerre entre quatre murs »,
    Chapitre XV « Gavroche dehors »


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    37 Notaires en portraits artistiques

                                      1 De l’art du portrait… notarial

     

     

    Selon le dictionnaire d’Émile Littré que j’utilise couramment pour faire croire aux visiteurs de ce blog dédié au Droit en Images et Cartes Postales Anciennes (ICPA) que je suis cultivé, le portrait désigne une « Représentation, d’après un modèle réel, d’un être (particulièrement son visage) par un artiste qui s’attache à en reproduire ou à en interpréter les traits et expressions caractéristiques. » Le portrait peut être en plâtre ou en marbre, en peinture, en gravure, ou, depuis la seconde partie du XIXème siècle, photographique.

     

    Autrefois, le portrait était très courant pour les avocats qui aimaient beaucoup se le faire tirer ! En revanche, il était plus exceptionnel pour les autres gens de justice ou de lois, qu’il s’agisse des juges, des procureurs, des avoués, des professeurs de Droit ou des notaires. Toutefois,  j’ai pu dénicher « sur la toile » quelques portraits de notaires. La plupart d’entre eux étaient inconnus, de leur temps, en dehors du lieu où ils officiaient. Et ils le sont restés !

     

    L’un des seuls notaires qui a pu acquérir une célébrité fut Sébastien-Benoît Pétel (1804-1839). Condamné à mort pour l’assassinat de son épouse, il fut guillotiné, le 28 octobre 1839, sur le champ de foire de Bourg-en-Bresse. Ce notaire de Belley, protégé de Lamartine et ami d’Honoré de Balzac, est devenu célèbre car il aurait été victime d’une erreur judiciaire. Je lui consacrerai un chapitre complet dans les prochains jours dans cette rubrique des Gens de justice (chapitre 39…).

     

     

    En attendant, voici les portraits de quelques notaires des siècles passés, pour la plupart sans aucune légende en raison de leur absence de notoriété, à l’exception de deux d’entre eux : Jean-François Goupilleau (1753-1823), notaire à Montaigu, élu député le 16 mars 1789, et d’Amédée Julien (1819-1887), qui officia comme notaire tout en poursuivant une carrière artistique (ils ont chacun une page sur wikipedia !).

     

    Je vous invite à bien scruter leur visage pour y découvrir, à défaut d’une quelconque expression comique, les traces éventuelles de la poésie et donner enfin raison à Gustave Flaubert pour qui « Chaque notaire porte en soi les débris d’un poète. »

     

     

     

     

     

     

    N. d’Esné (buste en hermès daté 1831, par Jean-Pierre Dantan, dit Dantan Jeune, 1800-1869, sculpteur. Musée Carnavalet)

    2 N. d’Esné (buste en hermès daté 1831, par Jean-Pierre Dantan, dit Dantan Jeune, 1800-1869, sculpteur. Musée Carnavalet).

     

     

     

     

     

     

    Un notaire royal (par Wybrand Hendriks, 1744-1831, peintre néerlandais spécialisé dans l’art du portrait)

    3 Un notaire royal (par Wybrand Hendriks, 1744-1831, peintre néerlandais spécialisé dans l’art du portrait).

     

     

    Les actes des notaires royaux étaient valables dans tout le royaume, alors que ceux des notaires seigneuriaux n’étaient valables que dans le ressort d’une justice seigneuriale.

     

     

     

     

    Jean-François Goupilleau (estampe de Roger Barthélémy).

                    4 Jean-François Goupilleau (estampe de Roger Barthélémy).

     

     

          Jean-François Goupilleau (1753-1823), dit Goupilleau de Fontenay, est l’un des douze enfants d’un notaire apostolique (les notaires apostoliques, établis par le pape ou les évêques, dressaient les actes relatifs aux questions ecclésiastiques des diocèses. Ils furent réunis aux notaires royaux en 1694). Il étudia le Droit d’abord à Poitiers puis à Paris, et s’établit, en 1780, notaire à Montaigu, en Vendée, avant d’entamer une carrière politique comme député. Il fut ainsi élu le 16 mars 1789 aux États généraux sur les bancs du Tiers état, réélu le 3 septembre 1792 sous la Convention sur les bancs de la Montagne, et le 21 vendémiaire (octobre 1795) sous le Directoire sur les bancs du Conseil des Anciens.

     

     

     

     

     

     

    Maître Valmont, notaire à Cherbourg (portrait par Jean-François Millet, daté 1842)

    5 Maître Valmont, notaire à Cherbourg (portrait par Jean-François Millet, daté 1842).

     

     

     

     

     

    Maître Jamot, notaire à Chambéry-le-Vieux (portrait par Jules Daisay, daté 1885)

    6 Maître Jamot, notaire à Chambéry-le-Vieux (portrait par Jules Daisay, daté 1885).

     

     

     

     

     

    Notaires en portraits artistiques

    7 Maître Félicien Haverland (1823-1875), notaire à Thy-le-Château (carte photographique de Géruzet frères, Bruxelles).

     

     

     

    37 Notaires en portraits artistiques

    8 Maitre Arthur Pénut, notaire à Gallardon (carte photographique d’Eugène Pirou, 25 rue Royale à Paris. Médaille d’or à l’exposition universelle de 1889).

     

     

     

     

    37 Notaires en portraits artistiques

    9 Maître Duclerfays, notaire à Douai (carte photographique de Pierre Petit, place Cadet à Paris. c. 1870).

     

     

     

     

    37 Notaires en portraits artistiques

    10 Maître Gustave Boscher, notaire à Amiens (carte photographique circa 1870).

     

     

         On peut voir sur cette photographie ancienne, le cartable (portefeuille ou sacoche) de cuir sur laquelle est gravé le mot NOTAIRE.

     

     

     

    37 Notaires en portraits artistiques

    11 Maître Paul Jean-Baptiste Pesme, notaire à Chavanges (carte photographique circa 1870).

     

     

     

     

    37 Notaires en portraits artistiques

            12 Maître Alfred Savinaud (1866-1920), notaire à Mareul-sur-Lay.

     

     

     

     

     

     

    37 Notaires en portraits artistiques

               13 Maître Paul-Xavier Combouilhaud (portait-phototypie. n.d.).

     

     

     

     

     

     

    37 Notaires en portraits artistiques

    14 Maître François Justin Martre, notaire à Gonfaron, et son cigarillo (carte photographique de Bienvenu Barbot à Toulon. 1880-1890).

     

     Émile Littré dans son célèbre dictionnaire d’antan définissait le cigare en ces termes : Petit rouleau de feuilles de tabac que l'on fume comme une pipe. Mais pas un mot du Cigarillo de notre notaire de Gonfaron ! Wikipédia, son concurrent d'aujourd'hui, nous dit que ce mot désigne un cigare de petite taille au goût un peu âcre, contenant environ 3 grammes de tabac !

     

     

     

    37 Notaires en portraits artistiques

                15 Maître Amédée Jullien, notaire à Tannay et artiste peintre.

     

         Les gens de justice sont bien souvent éloignés des arts. Tel ne fut pas le cas pourtant de l’un d’entre eux : Amédée Jullien (1819-1887) qui, après ses études de Droit à Paris où il obtint sa licence, et exerça plusieurs charges de clerc dans des études de notaires et d'avoués (sixième clerc chez maître Thifaine-Desouneaux ; troisième clerc, en 1847, rue Saint-André des Arts), s’installa comme notaire à Tannay, près de Clamecy où il était né (département de la Nièvre). Il put alors y poursuivre, parallèlement à cette charge, sa passion pour la peinture et la gravure, passion qu’il avait acquise à Paris où il avait pris des cours de peinture dans l’atelier de Jean-Charles-Joseph Rémond, et exposé des tableaux aux Salons de 1841, 1842 et 1848. C’est ainsi qu’il envoya au salon de Paris, en 1852, un tableau représentant les Environs de Lormes, et publia un album de gravures en 1856. En 1861, il vendit son étude de notaire de Tannay où il était en concurrence avec une autre étude dans ce bourg d’un millier d’habitants, et il retourna à Paris. Il y exerça des fonctions d’administrateur à la Caisse d’épargne et de censeur dans une société d’assurances, tout en poursuivant sa passion pour la peinture en exposant ses œuvres, chaque année, au Salon, de 1863 à 1881. En 1876, il revint dans la Nièvre, et fut nommé directeur du musée de Clamecy auquel il offrit plusieurs de ses tableaux.

     

                   Petit message de J.B. Cher visiteur de ce blog, je ne peux malheureusement pas joindre à cette page des reproductions des tableaux d’Amédée Jullien, car j’ai atteint le nombre maximum d’images recommandées par post sur Eklablog (15). De plus, je ne vous conseille pas de mettre dans votre moteur de recherche le nom d’Amédée Jullien pour visualiser, dans la rubrique Images (par exemple sur google.fr) des toiles de ce peintre. Car, en effet, les toiles mises en ligne sont alors toutes celles d'un autre artiste peintre presque homonyme : Amédée Julien Marcel-Clément (1873-19..). J'en ai quand même trouvées ailleurs. Je les mettrai prochainement en ligne dans la rubrique Droit artistique de ce blog, sous le titre : Amédée Jullien, licencié en Droit, Notaire et Artiste peintre.


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    Notaires et célébrités

    1 Les propos de maître Quicest, l’ancien notaire d’Ouquecest (dessin de L. Burret. Journal Le Rire, du 18 avril 1897. Source : gallica.bnf.fr.). 

    - Comment ai-je pu rester enfermé cinquante ans dans ce trou avec ma fortune et tous mes talents ?

     

    « Célèbre : Dont le renom s’étend au loin. Ce fut un avocat célèbre… » (Dictionnaire d’Émile Littré). Alors que les avocats, avec ou sans cause, peuvent accéder à la célébrité nationale en pantouflant à la Chambre des députés ou en devenant Garde des Sceaux, les notaires, eux, n’accèdent qu’à la notabilité dans une ville ou dans une province (sous la Restauration, la législation interdisait aux notaires de concourir à l’élection des députés et d’être éligibles). Contrairement à d’autres professionnels de la justice ou du droit (avocats, juges, procureurs, huissiers), ils ne parlent pas à l’imagination. Leurs héros sont obscurs. Rares sont ceux qui ont laissé des traces, en dehors de leur famille et de leur Compagnie, sauf lorsqu’ils furent victimes d’un appel au lynchage au nom de la lutte des classes (voir le chapitre 40 : Des notaires accusés de crimes (2/2)).

     

    Mais si les notaires sont les grands absents des dictionnaires des célébrités, en revanche, leurs parents, proches ou clients, eux, peuvent être des célébrités. Toutefois, cette circonstance ne rejaillit guère sur la renommée des notaires concernés qui restent dans l’ombre. En voici trois exemples en images et cartes postales anciennes (ICPA).

     

     

     

     

     

    Jean François Champollion : « Je veux consacrer ma vie à la connaissance de l’antique Égypte » (portrait par Victorine-Angélique-Amélie Rumilly, 1823)

    2 Jean François Champollion : « Je veux consacrer ma vie à la connaissance de l’antique Égypte » (portrait par Victorine-Angélique-Amélie Rumilly, 1823, Coll. Musée Champollion, Vif © Cliché Musée dauphinois).

     

    Le célèbre Jean-François Champollion (23 décembre 1790-août1832), l’un des plus grands savants français, spécialiste de l'écriture hiéroglyphique, décéda en 1832 à l’âge d’à peine 41 ans, alors qu’il venait d’être élu membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, et nommé professeur d’égyptologie au Collège de France. C’est Maître Hippolyte Castel, notaire à Paris, au numéro 61 de la rue Neuve-des-Petits-Champs (aujourd’hui, rue des petits-Champs, dans les 1er et 2ème arrondissements), qui fut chargé de son inventaire après décès, suppléé par Maître Antoine-Juste-Alphonse Thomas, inscrit à l’étude des notaires du 10 rue Gaillon à Paris, et futur Président de la Chambre des notaires. Au cours des journées d’inventaire, des 9 au 13 août 1932, nos deux notaires parisiens purent ainsi recenser avec émotion nombre de papiers écrits par Jean-François Champollion et d’objets antiques qui n’avaient pas encore rejoints les collections du Louvre.

     

    Je laisse la plume, ou plus exactement le clavier d’ordinateur, à Patrick Karasi qui a ouvert un site dédié à Jean-François Champollion (https://www.lumineux-champollion.fr/).  Dans un chapitre intitulé « Le Notaire et l’Inventaire », il écrit avec élégance ces quelques mots : « Mais en vérité, en ces journées des 9 et 14 août 1832, Maître Hippolyte Castel fit bien plus qu’un inventaire de la « vie » de cet homme […]. Le Géant, le demi-Dieu, déchiffreur des hiéroglyphes et père de l’égyptologie, délaissa pour un instant le « territoire des hombres » et redescendit sur terre afin de mettre en ordre la poussière de sa vie. Maître Hyppolyte Castel alors tendit les deux mains et recueillit les cendres éphémères avec grand soin, avec délicatesse. Il les réunit dans l’Urne sacrée de l’Histoire qu’il déposa religieusement sur l’Autel de la Mémoire Universelle. »  

     

     

     

     

    Victor Hugo (1802-1885) au côté de Félix Barjore, notaire à Erdeven (département du Morbihan).

    3. Victor Hugo (1802-1885) au côté de Félix Barjou, notaire à Lesneven (Finistère).

     

    Qui connaît l’écrivain Victor Hugo ? Tout le monde. Qui connaît le notaire Félix Barjou ? Personne, sauf Victor Hugo ainsi qu’en témoigne cette photographie prise à Jersey lors de son exil sur l'Île Anglo-Normande entre 1852 et 1855, après qu’il eût accusé Louis Napoléon de haute trahison. Sur cette photographie, apparaissent de gauche à droite de l’image, Monsieur Duplessis de Kergo, le Général Le Flo (cousin de Félix Barjou), Victor Hugo (lors de son exil à Jersey, il se laissa pousser la barbe !), et Maître Félix Barjou. Elle porte la légende manuscrite suivante : « Souvenir d’une visite faite à Jersey par Messieurs du Plessis de Kergo et Félix Barjou, notaire à Lesneven, à Victor Hugo et au général Le Flo, exilés du coup d’Etat du 2 décembre 1851, du prince président Louis Napoléon. » (de 1855 à 1870, Victor Hugo poursuivit son exil sur l’île de Guernesey. Il rentra en France, le 5 septembre 1870, au lendemain de la proclamation de la Troisième République, suite à la défaite de Sedan et la capitulation de Napoléon III).

     

    Cette photographie témoigne encore de la passion de Victor Hugo pour ce nouvel art né en 1839 avec l’invention du daguerréotype, amélioré les années suivantes avec le calotype et la technique sur support en verre au collodion humide (Victor Hugo fit installer un atelier de photographie dans la serre de sa maison de Jersey).

     

    Si je pouvais voir, ô patrie, 
    Tes amandiers et tes lilas, 
    Et fouler ton herbe fleurie, 
    Hélas !

    Si je pouvais, - mais, ô mon père, 
    O ma mère, je ne peux pas, -
    Prendre pour chevet votre pierre, 
    Hélas !

    Dans le froid cercueil qui vous gêne, 
    Si je pouvais vous parler bas, 
    Mon frère Abel, mon frère Eugène, 
    Hélas !

    Si je pouvais, ô ma colombe, 
    Et toi, mère, qui t'envolas, 
    M'agenouiller sur votre tombe, 
    Hélas !

    Oh ! vers l'étoile solitaire,
    Comme je lèverais les bras !
    Comme je baiserais la terre,
    Hélas !

    Loin de vous, ô morts que je pleure, 
    Des flots noirs j'écoute le glas ; 
    Je voudrais fuir, mais je demeure, 
    Hélas !

    Pourtant le sort, caché dans l'ombre, 
    Se trompe si, comptant mes pas, 
    Il croit que le vieux marcheur sombre 
    Est las.

    (Victor Hugo. Exil)

     

     

     

     

    Maître Salvador Dali Cusi, notaire et père du peintre Salvador Dali

    4 Maître Salvador Dali Cusi, notaire et père du peintre Salvador Dali (photographie datée 1910. Source : Musées Salvador Dali/Fundació Gala-Salvador Dali. https://www.salvador-dali.org/fr/dali/bio-dali/).

     

    Maître Salvador Dali Cusi était un notaire qui imposa à son fils, également prénommé Salvador, pris de passion pour la peinture depuis l’enfance, de partir étudier à l’École des Beaux-Arts San Fernando de Madrid, afin d’y obtenir un diplôme de professeur (il s’y liera d’amitié avec d’autres étudiants parmi lesquels Luis Buñuel, Federico García Lorca, Pedro Garfias, Eugenio Montes et Pepín Bello).  

     

     

     

     

     

    Salvador Dali, entouré de son épouse Gala et de son père, Salvador Dalí Cusí, notaire (photographie datée 1948, prise à Cadaqués)

    5 Salvador Dali, entouré de son épouse Gala et de son père, Salvador Dalí Cusí, notaire (photographie datée 1948, prise à Cadaqués). 

     

     

               Salvador Dali fils, dont la moustache indiquait toujours 10 h 10,   n’obtint jamais son diplôme de professeur. Il fut même, en 1926, expulsé de l’École des Beaux-Arts de Madrid pour avoir déclaré incompétent le jury qui devait  l'examiner !

     

     

     

     

     

     Notaires et célébrités

    6 L’avocat, lithographie de Salvador Dali, datée 1978 (je n’ai pas trouvé de toiles de Salvador Dali représentant un notaire, mais cette lithographie représentant, au sein de la famille des Gens de Justice, l’avocat). 

     

               M’enfin, cela n’empêcha guère Savador Dali fils d’accéder à une double célébrité : celle d’artiste peintre surréaliste, et celle d’expert ès bouffonneries (« L’unique différence entre un fou et moi, c’est que moi je ne suis pas fou. » Salvador Dali, Journal d’un génie adolescent).  





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