• La Chambre des Députés en chromos pour fines bouches 1/3

     

     

    Ouverture des États Généraux : 5 mai 1789 (chromo non publicitaire d’une série consacrée à l’histoire de la représentation nationale. C. 1900)

    1 Ouverture des États Généraux : 5 mai 1789 (chromo non publicitaire d’une série consacrée à l’histoire de la représentation nationale. C. 1900).

     

        Voici diverses chromolithographies (diminutif : chromo, du genre féminin ou masculin au libre choix), didactiques sur la représentation nationale. Elles ont été éditées, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, par des chocolatiers et des commerces alimentaires à destination d’enfants et de grandes personnes ayant soif d’apprendre et/ou d’autres mets (Chocolat Guérin-Boutron, Chocolat Révillon, Chocolat Suchard, Chocolat Louit, Chocolat Lombart, Chocolat Carpentier, Chocolat Menier, Chocolat Poulain, Chocolat Devinck, Soupes Liebig, Biscuits Pernot, Chicorée Belle Jardinière, Biscuits Guillout, Blécao…).  

         L’image au recto était souvent dessinée par un illustrateur de renom. Au verso se trouvait la description du produit ou du commerce, accompagnée, parfois, d’une explication historique, souvent empruntée aux Cours d’Histoire à l’usage des écoles primaires, comme ceux de Gérard Ducoudray (en libre accès sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France). En général, ces chromos publicitaires étaient glissés dans les tablettes de chocolat ou remis aux mères ou aux bonnes des enfants lors de leur passage en caisse.

         D’autres chromos historiques non publicitaires étaient également remis comme Récompense ou Bon-Point aux meilleurs élèves de nos écoles, comme ceux de la série Histoire de France, éditée au XIXème siècle par la famille d’imprimeurs Clarey à Tours. Pour les amateurs, voici le lien pour consulter et télécharger gratuitement cette série de 146 chromos, offerte par les descendants de la famille Clarey :

    http://www.chromo-clarey.com/albums/gc2-1-b/

     

     De l’origine de la représentation nationale. Toujours est-il que tout commence avec l’ouverture des États Généraux convoqués, pour régler la crise financière, par le roi Louis XVI, le 5 mai 1789, dans la salle des Menus-Plaisirs du château de Versailles, qui donnait sur l’avenue de Paris, et qui n’existe plus aujourd’hui. 

         Les députés élus aux États Généraux et présents étaient 1 145 titulaires, dont 291 membres du Clergé, 270 de la Noblesse, et 584 du Tiers-État (aussi appelés du Tiers). Des dissensions survinrent alors sur la manière de voter, les députés des ordres de la Noblesse du Clergé voulant que le vote ait lieu par ordre, ce qui leur assurait la majorité, et les députés du Tiers par tête, ce qui leur assurait l’égalité. Ils s’opposèrent également sur le souhait des députés du Tiers de réunir les députés des trois ordres en une assemblée unique pour débattre en commun et adopter les décisions. Le roi s’étant opposé à ces revendications, les députés du Tiers invitèrent, le 17 juin, les députés des deux autres ordres à les rejoindre en une Assemblée nationale unique. Le roi fit alors fermer la salle du Château de Versailles où se réunissaient les députés du Tiers. Ceux-ci, rejoints par plusieurs députés de la Noblesse et du Clergé, se réunirent aussitôt dans la salle du Jeu de Paume de Versailles, où ils prêtèrent, le 20 juin, leur célèbre serment (voir infra), et mirent en place, le 9 juillet, l’Assemblée nationale constituante, qui sonna la fin des États Généraux et donna naissance à la représentation nationale désormais confiée aux deux assemblées du Parlement (Chambre des députés ou Assemblée nationale, et Sénat).

     

     

     

    Jean Anthelme Brillat-Savarin, diplômé de la Faculté de Droit de Dijon, avocat, député du Tiers-État à la Constituante, et gastronome à l’origine du fromage éponyme (chromo Liebig)

    2 Jean Anthelme Brillat-Savarin, diplômé de la Faculté de Droit de Dijon, avocat, député du Tiers-État à la Constituante, et gastronome à l’origine du fromage éponyme (chromo Liebig).

     

         « Brillat-Savarin, le foie gras du fromage au lait cru de vache, délice des gourmets » (ancienne publicité). Les chromos de cette page et des pages suivantes mettent en scène l’une des assemblées du Parlement qui changea de nom au gré des circonstances, traduisant plus ou moins les réticences des gouvernants à l’égard du principe de la souveraineté du peuple.

       Sauf erreur, l’Histoire de la France et de sa vie politique étant tellement difficultueuse :

    - Assemblée nationale, le 17 juin 1789, comme l’avaient voulu les députés de l’ordre du Tiers-État, réunis à Versailles, pour les États Généraux, avec ceux des ordres de la Noblesse et du Clergé. En effet, ce même jour, les députés du Tiers, élus du peuple, avaient déclaré : « La dénomination d'Assemblée nationale est la seule qui convienne [...] parce que la représentation étant une et indivisible, aucun des députés, dans quelque ordre ou classe qu'il soit choisi, n'a le droit d'exercer ses fonctions séparément de la présente Assemblée.» (sous l’Ancien Régime, seuls les ordres de la Noblesse et du Clergé, les « bien-nés », disposaient de privilèges).  

    - Assemblée nationale constituante (souvent abrégée en Constituante), du 9 juillet 1789 au 30 septembre 1791.  

    - Convention nationale en 1792 et 1793, par référence à l’exemple américain.

    - Conseil des Cinq-Cents et Conseil des Anciens, sous le Directoire (1795-1799). C’est la Constitution de l’an III (1795), qui avait partagé le pouvoir législatif entre ces deux chambres élues pour trois ans au suffrage universel restreint, face à un exécutif de cinq membres, le Directoire. On notera que le Conseil des Cinq-Cents avait seul l’initiative des lois. 

    - Corps législatif sous le Consulat (du 9 novembre 1799 au 18 mai 1804), et le Premier Empire (du 18 mai 1804 au 6 avril 1814). C’est la Constitution de l’an VIII (1799) qui, pour favoriser la toute puissance de l’exécutif, à savoir Napoléon, avait éclaté le pouvoir législatif entre quatre assemblées dont aucune n’était élue au suffrage direct : le Conseil d’État, le Tribunat, le Corps législatif et le Sénat.

    - Chambre des Députés, sous la Restauration (1814 – 1830), et la Monarchie de Juillet (1830 – 1848). C’est la Charte constitutionnelle « octroyée » par le Roi Louis XVIII (et non votée par la Chambre), le 4 juin 1814, qui tentait de concilier le rétablissement de la souveraineté royale avec la dynastie des Bourbons, et des acquis de la Révolution avec un parlement composé de deux assemblées : la Chambre des députés des départements élue pour cinq ans au suffrage restreint, et la Chambre des Pairs héréditaires ou désignés à vie. Ces Chambres étaient convoquées par le roi, qui pouvait à tout instant clore leur session, et elles n’avaient aucun moyen d’action sur le Gouvernement.  

    - Assemblée nationale législative, sous la Deuxième République (1848-1851). Dans ce régime qui succéda à la Révolution des 27, 28 et 29 juillet 1830 (les « Trois Glorieuses »), la Charte constitutionnelle était désormais votée par la Chambre et acceptée par le roi (Louis-Philippe de la maison d’Orléans, la branche cadette des Bourbons), qui lui jurait fidélité. Le Parlement, composé de la Chambre des députés (et non plus Chambre des députés des départements) et de la Chambre des Pairs, se vit restituer l’initiative des lois et les ministres étaient responsables devant lui. 

    - Corps législatif, sous le Second Empire (1851-1870). Suite au coup d’État du 2 décembre 1851, Louis Napoléon Bonaparte, président de la Deuxième République depuis trois ans, avait dissout l’Assemblée nationale et s’était fait remettre, par un plébiscite, le pouvoir constituant. C’est ainsi que la Constitution de la Deuxième République, promulguée le 14 janvier 1852 par Louis Napoléon Bonaparte, réduisit le pouvoir de la représentation nationale. Le Corps législatif, composé de plus de 260 députés élus pour six ans au suffrage universel masculin direct ne pouvait désormais ni proposer, ni amender les lois, et il ne contrôlait plus l’action des ministres. Les ministres nommés par Louis-Napoléon Bonaparte, devenu, le 2 décembre 1852, Napoléon III, Empereur des Français, ne dépendaient plus que de lui. 

    - Assemblée nationale, de 1871 à 1876, au début de la Troisième République (1870 – 1940). Sur cette courte période abracadabrante, je vous renvoie aux annotations de la page suivante (2/3), sous les chromos n° 23 et 24. 

    - Chambre des Députés, jusqu’à la fin de cette Troisième République, donc de 1876 à juillet1940. Les trois lois constitutionnelles de 1875 avaient partagé le pouvoir législatif entre la Chambre des Députés, élue pour quatre ans au suffrage universel direct, et le Sénat, élu pour neuf ans au suffrage indirect. Mais c’est essentiellement la Chambre des Députés qui exerça les nouveaux pouvoirs dévolus au Parlement, tant en matière d’initiative des lois que de contrôle du Gouvernement dont il pouvait mettre en jeu la responsabilité.

    - Assemblée nationale, sous la Quatrième République (du 27 octobre 1946 au 4 octobre 1958), et la Cinquième République (depuis le 4 octobre 1958). Sous ces deux régimes, qui échappent en raison de leur âge à la représentation chromolithographique, quasiment disparue à l’aube de la Première Guerre mondiale de 1914-1918, ont été consacrées la souveraineté parlementaire et la primauté du pouvoir législatif, teintée de tribulations dignes de nos bandes dessinées les plus drôles (par exemple, en 2023, l’adoption, sans vote des députés, de la réforme des retraites, délibérée par le pouvoir exécutif !).

     

     

     

    Costume des députés du Tiers-État (chromo Chocolat Révillon, d’une série de lithographies de vingt-quatre costumes historiques français utilisée par divers commerces [Révillon, Blécao…]).

    3 Costume des députés du Tiers-État (chromo Chocolat Révillon, d’une série de lithographies de vingt-quatre costumes historiques français utilisée par divers commerces [Révillon, Blécao…]).

     

       Le costume que devaient porter les députés des trois ordres dans les grandes cérémonies était fixé par un règlement royal.

        Pour les députés du Tiers-État, il était sombre et très simple pour marquer la distance qu’il y avait entre le Tiers, autrement dit le peuple, les gens d’en-bas, et les deux autres ordres de la Noblesse et du Clergé, les gens d’en-haut. Il était identique à celui des personnes de robe, les magistrats, qui le portaient à la cour.

     

     

    Costume des députés de la Noblesse (chromo Chocolat Révillon).

                4 Costume des députés de la Noblesse (chromo Chocolat Révillon).

     

      Selon le règlement royal, les boutons du costume des Nobles étaient en or, le jabot en dentelles et le chapeau « retroussé à la Henri IV ».

     

     

    Costume des députés du Clergé (chromo Chocolat Révillon)

                  5 Costume des députés du Clergé (chromo Chocolat Révillon).

     

      En ce qui concernait les députés du Clergé, les Cardinaux étaient en manteau et soutane rouge, les Évêques en violet, les Curés et les Abbés en noir.

     

     

    Serment du Jeu de Paume, sous la présidence du député Jean-Sylvain Bailly : 20 juin 1789, (chromo publicitaire)

    6 Serment du Jeu de Paume, sous la présidence du député Jean-Sylvain Bailly : 20 juin 1789, (chromo publicitaire).

     

    « Tous les membres de cette Assemblée prêteront serment de ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume fût établie et affermie sur des bases solides ». Les députés convoqués à Versailles aux États Généraux par le Roi Louis XVI ayant été refoulés, le 20 juin 1789, de leur salle de réunion des Menus-Plaisirs, sur ordre du Roi lui-même menaçant de casser les délibérations du Tiers devenu Assemblée nationale, se réunirent, le jour même, dans une obscure et humide salle où était pratiqué le jeu de paume. Étaient également présents à cette 1ère séance des États Généraux, des membres de la Noblesse et du Clergé.

          Au cours de la séance présidée par un député du Tiers-État de Paris, Jean-Sylvain Bailly (1736-1793), ils firent ce Serment du Jeu de Paume, lu par Bailly, mais conçu par Jean-Joseph Mounier (1758-1806), un avocat sans causes (il ne plaidait pas, sa voix étant trop faible), devenu juge au Parlement de Grenoble (1779), puis député du Tiers-État de la province du Dauphiné. Ce serment fut signé par tous les membres de l’Assemblée : 557 députés, sauf un.

       La prééminence des hommes de lois ?  Les députés du Tiers étaient recrutés en majorité parmi les magistrats des tribunaux inférieurs (environ 230), avocats (180), notaires, procureurs, gradués* en droit, etc., tous gens instruits, actifs, pénétrés de l’esprit du XVIIIème siècle, et, pour la plupart ardents patriotes. Quant aux paysans qui constituaient la plus grande partie de la nation (plus de 18 millions sur 28 millions de Français), un seul d'entre eux fut à Versailles parmi les députés du Tiers : Pierre-François Lepoutre (1735-1801), un riche fermier des Flandres qui avait été élu par le baillage de Lille.

       *Le mot gradué désignait autrefois celui qui avait obtenu un grade de baccalauréat, licence ou doctorat dans une faculté de droit, de médecine, de théologie, de sciences  ou de lettres (Dictionnaire d'Émile Littré). 

     

     

     

    Réponse de Mirabeau au Marquis de Dreux-Brézé : 23 juin 1789 (chromo éditeur Gibert Clarey à Tours)

    7 Réponse de Mirabeau au Marquis de Dreux-Brézé : 23 juin 1789 (chromo éditeur Gibert Clarey à Tours).

     

         Alors que les députés du Tiers-État, réunis dans la salle du Jeu de Paume, venaient d’y jurer de ne point se séparer avant d’avoir donné une Constitution à la France, le Roi Louis XVI leur envoya, le 23 juin 1789, son grand maître des cérémonies, le Marquis Henri-Evrard de Dreux-Brézé, porteur de l’ordre de dissolution de l’Assemblée nationale.

     « Monsieur, lui répondit Mirabeau (1749-1791), vous n’avez ici ni place, ni voix ; allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple, et que nous n’en sortirons que par la puissance des baïonnettes ». Ces paroles, du plus grand orateur de la Révolution, décidèrent la Révolution. L’Ancien Régime était fini, l’Assemblée nationale devenait maîtresse des destinées de notre pays.

     « Faire son Droit* ». Mirabeau avait, dans ses jeunes années, étudié le droit, à l’Université d’Aix-en-Provence, avec Jean-Étienne-Marie Portalis (1746-1807), qui deviendra le principal rédacteur de notre Code civil. On observera que plusieurs autres grands personnages de la Révolution firent également leur droit, notamment Danton, Robespierre et Saint-Juste (voir infra). Seulement, ces trois hommes de lois devenus hommes politiques moururent guillotinés sur l’échafaud, alors que Robespierre, lui, mourra de maladie, le 2 avril 1791, emportant, selon ses derniers mots, « le deuil de la monarchie », avec laquelle il s’était réconcilié.

    * Sur l’origine de l’expression « faire son droit », voir mon précédent article : 

    Faire son droit ou Faire droit, origine d'une expression ancienne

     

     

     

     

    L’Évêque de Chartres, Jean-Baptiste-Joseph de Lubersac, demandant à l’Assemblée nationale d’accueillir froidement le Roi : 15 juillet 1789 (chromo du Grand Magasin A la Ville de Lutèce)

     

    8 L’Évêque de Chartres, Jean-Baptiste-Joseph de Lubersac, demandant à l’Assemblée nationale d’accueillir froidement le Roi : 15 juillet 1789 (chromo du Grand Magasin A la Ville de Lutèce, et de nombreux autres commerces).

     

    « Le silence du peuple est la leçon des rois », n’est pas une phrase prononcée à l’Assemblée Nationale Constituante, le 15 juillet 1789, par Jean-Baptiste-Joseph de Lubersac (1740-1822), évêque du diocèse de Chartres, élu député du Clergé aux États Généraux, et l’un des apôtres de la fusion des trois ordres et de l'abolition des privilèges. Elle avait été prononcée, quinze années auparavant, à l’oraison funèbre de Louis XV par l’abbé Jean Baptiste Charles Marie de Beauvais (1731-1790), évêque de Senez et futur député des États Généraux. Elle fut reprise par Mirabeau, à l’Assemblée, le 15 juillet 1789, de manière acerbe à l’égard de Louis XVI, petit-fils de Louis XV, qui avait été présent à cette cérémonie en la basilique de Saint-Denis.

     

     

     

    Dons patriotiques : 27 septembre 1789 (chromo de la série Histoire de France éditée par l’imprimerie Gibert Clarey de Tours. Texte de J. Boiss au verso)

    9 Dons patriotiques : 27 septembre 1789 (chromo de la série Histoire de France éditée par l’imprimerie Gibert Clarey de Tours. Texte de J. Boiss au verso).

     

      « Tandis que la réforme des abus devenait la Révolution, les mêmes espérances enflammant tous les cœurs faisaient partout naître l’idée de sacrifice et de dévouement. On n’est encore qu’aux premiers jours, et de tous côtés s’ouvrent des souscriptions pour la liquidation de la dette nationale.

      Dès le 27 septembre 1789, les femmes des artistes les plus distingués viennent se présenter à l’Assemblée nationale, et déposent sur le bureau une cassette remplie de bijoux.

      Ce sera bien un autre élan quand éclatera la guerre avec l’étranger : décorations, croix d’or, montres, épingles, chaînes, bracelets, médaillons, couverts d’argent, on abandonnera tout, de toutes parts, pour contribuer à la défense de la patrie » (J. Boiss).

     

     

    Serment civique prononcé par le député Sylvain Bailly : 14 juillet 1790 (chromo de la série Histoire de France, éditée par l’imprimerie Gibert Clarey de Tours)

    10 Serment civique prononcé par le député Sylvain Bailly : 14 juillet 1790 (chromo de la série Histoire de France, éditée par l’imprimerie Gibert Clarey de Tours).

     

      « Je jure d’être fidèle à la nation, à la loi, au roi, et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale, et acceptée par le Roi ». Ce serment avait été prononcé par le président de l’Assemblée nationale, Charles-François, Marquis de Bonnay, le 14 juillet 1790, lors de la cérémonie de la Fédération*. Il fut repris, le jour même, à Notre-Dame, par le député du Tiers-État, Sylvain Bailly, ancien président de l’Assemblée nationale (du 17 juin 1789 au 3 juillet 1789). Il sera reproduit sous l’article 5 de la Constitution française du 3 septembre 1791 qui, tout en préservant la monarchie, consacrait la souveraineté nationale. 

    * sur la Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, à l’origine de notre Fête nationale annuelle du 14 juillet, avec de jolis chromos, voir sur mon précédent article :

    La Fête de la Fédération

     

     

    Georges Jacques Danton à la Tribune de l’Assemblée : 2 septembre 1792 (chromo Chocolat Poulain).

    11 Georges Jacques Danton à la Tribune de l’Assemblée : 2 septembre 1792 (chromo Chocolat Poulain).

     

      « Le canon que vous entendez n’est pas le canon d’alarme, c’est le pas de charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, pour les atterrer, que faut-il : de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace et la France sera sauvée ».

        Cette phrase fut prononcée à la Tribune de l’Assemblée, le 2 septembre 1792, par le Ministre de la Justice, Danton (1759-1794), un ancien jeune clerc d’avoué (de 1780 à 1787), licencié en droit en 1784 (Faculté de droit de Reims), avocat au Conseil du Roi, en 1787, qui fut l’un des grands chefs de la Révolution de 1789. En effet, le 2 septembre 1792, Paris avait appris que les armées prussiennes du duc de Brunswick occupaient Verdun. Aussi Danton se précipita-t-il à l’Assemblée où son talent oratoire lui permit de convaincre la Commune d’appeler les citoyens aux armes. Les armées françaises remportèrent alors la bataille de Valmy sur les prussiens, sauvant Paris de l’invasion.

        Plus tard, Danton sera député de la Seine (le 9 septembre 1792), Président de la Convention Nationale (du 25 juillet au 8 août 1793), et membre du Comité de Salut Public (du 6 avril au 10 juillet 1793). Arrêté, le 30 mars 1794, sous la pression de Robespierre, il sera condamné à mort par le Tribunal Révolutionnaire, et guillotiné sur la place de la Révolution à Paris (actuelle place de la Concorde), le 5 avril 1794, non sans s’écrier : « Robespierre, tu me suis ! Ta maison sera rasée ! On y sèmera du sel ! » (Robespierre sera guillotiné, le 28 juillet 1794 !).

     

     

     

                           Proclamation de la République par la Convention : 21 septembre 1792 (chromo d’une autre série de l’Histoire de France, éditée par l’imprimerie Gibert Clarey de Tours).

    12 Proclamation de la République par la Convention : 21 septembre 1792 (chromo d’une série, éditée par l’imprimerie Gibert Clarey). 

     

     La Convention nationale, composée de 749 membres, se divisait en deux grands partis : les Girondins à droite, les Montagnards à gauche. Au centre siégeaient des représentants timides et des indécis, que l’on dénommait sous le trait caractéristique de la Plaine ou le Marais.

      Son premier acte fut d’abolir la Monarchie et de proclamer la République, dans les termes suivants : « La Convention nationale décrète que la Royauté est abolie en France, et que la République est fondée sur les principes immortels de la Liberté, de l'Égalité et de la Fraternité ».

      Les actes publics furent datés de l’an 1er de la République ; le 22 septembre 1792 commença l’ère républicaine.

      L’année commençant le 22 septembre fut divisée en 12 mois de 30 jours. Les mois d’automne eurent pour titre : Vendémiaire, Brumaire, Frimaire. Ceux de l’hiver : Nivôse, Pluviôse, Ventôse. Ceux du printemps : Germinal, Floréal, Prairial. Ceux de l’été : Messidor, Thermidor, Fructidor.

     

     

     

    Bailly conduit au supplice : 11 novembre 1793 (chromo Chicorée Extra à la Boulangère, Cardon-Duverger. Cambrai)

    13 Bailly conduit au supplice : 11 novembre 1793 (chromo Chicorée Extra à la Boulangère, Cardon-Duverger. Cambrai).

     

          Jean-Sylvain Bailly (1736-1793), que le précédent chromo (n° 6), nous a présenté comme député du Tiers-État président de l’Assemblée nationale (du 17 juin 1789 au 3 juillet 1789), donnant lecture du serment du Jeu de Paume à l’Assemblée, fut, par acclamation,  au lendemain de la prise de la Bastille, premier maire de Paris (du 5 juillet 1789 au 18 novembre 1791). Mais il connut une fin de vie aussi cruelle que Danton et Robespierre.

         En effet, le 17 juillet 1791, après l’arrestation du Roi Louis XVI à Varennes, la foule s’était réunie au Champ-de-Mars pour y signer une pétition demandant la déchéance du Roi. Bailly accourut alors à la tête des troupes, proclama la loi martiale, arbora le drapeau rouge et ordonna au rassemblement de se disperser. Comme on ne lui obéissait pas, il commanda à la Garde nationale de tirer sur le peuple dont il était pourtant l’idole et noya ainsi sa popularité dans le sang. Le 18 novembre, il donna sa démission de maire et se retira à Nancy. Le 10 novembre 1793, il comparut devant le Tribunal révolutionnaire pour sa participation aux massacres du Champ-de-Mars, et fut condamné à mort.

        Le lendemain, jour de son exécution, il tombait une pluie fine et glaciale sous laquelle il grelottait. Comme l’un des bourreaux lui disait : « Tu trembles, Bailly », il répondit : « Oui ! Mais c’est de froid ».

     

     

     

    Arrestation de Robespierre dans la grande salle de l’Hôtel de Ville : 27 juillet 1794 (chromo de la série Histoire de France, éditée par l’imprimerie Gilbert Clarey de Tours)

    14 Arrestation de Robespierre dans la grande salle de l’Hôtel de Ville : 27 juillet 1794 (chromo de la série Histoire de France, éditée par l’imprimerie Gilbert Clarey de Tours).

     

     « Le droit mène à tout…jusqu’à la fenêtre de la guillotine ». Maximilien de Robespierre, surnommé L’Incorruptible, était, lui aussi, un basochard (ce mot, issu de basoche, nom d’une cour de justice établie sous l’Ancien Régime entre les clercs du Parlement de Paris pour juger leurs différends, désignait, au Tiers-État, un homme de loi. Synonyme également de parlementaire). En effet, il avait été reçu bachelier en droit de la Faculté de Paris, le 31 juillet 1780, et il avait obtenu son diplôme de licence, le 15 mai 1781, lui permettant de s’inscrire sur le registre des avocats du Parlement de Paris. Député du Tiers-État à l’assemblée des États Généraux de 1789, membre du Comité de Salut Public en 1793, il sera, du 4 au 17 juin 1794, président de la Convention nationale (autrement dit l’Assemblée nationale qui gouverna la France du 21 septembre 1792 au 26 octobre 1795).

       

      « La mort est le commencement de l’immortalité » (Maximilien de Robespierre). Mais déclaré hors la loi par la Convention, dont ses anciens proches et amis lui faisaient porter la responsabilité de la Grande Terreur (plus de 1 350 personnes guillotinées et des dizaines de milliers tuées d’autres façons), il sera arrêté, le 9 Thermidor an II (27 juillet 1794) dans la grande salle de l’Hôtel de Ville (il eût la mâchoire fracassée d’un coup de pistolet). Condamné à mort, le 28 juillet, par le Tribunal judiciaire, il sera guillotiné aussitôt avec vingt-et-un de ses amis politiques dont Louis Antoine de Saint Juste, le plus jeune élu de la Convention nationale, ancien étudiant de la Faculté de droit de Reims, sur la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde). C’était la fin de la Terreur, et la Révolution allait reprendre une marche régulière.

      Sur Robespierre, je vous renvoie à cet autre chromo Chocolat Devinck bien plus expressif de la brutalité de son arrestation : 

    http://droiticpa.eklablog.com/droit-et-justice-chromos-publicitaires-anciens-didactiques-9-a207039328

     

    La suite, dans quelques jours.