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Le Noël du Petit Ramoneur » (imprimerie Bergeret.1902).
« Joyeux Noël à tous »
(Les Petits ramoneurs. Louis-Léopold Bailly, 1824)
Albert Bergeret (1859-1932), photographe et imprimeur, est l’un des inventeurs de la carte postale illustrée. C’est à Nancy qu’il créa sa propre imprimerie, en 1909, puis les Imprimeries Réunies, en 1905.
Sa production de cartes postales fut considérable : 25 millions en 1900 ; 100 millions en 1909, soit le quart de la production française.
Voici, en ce jour de Noël, sa série complète de six cartes postales, intitulée « Le Noël du Petit Ramoneur », qui date de 1902 (ou un peu avant).
Ce genre de « roman photo » prend toute sa saveur avec les bouts rimés qui accompagnent chaque scène ou image. Pour cette série, le prosateur est Armand Gaboriaud ou A. G. alias Marcel Houjan ou M. H.
Quant au photographe, il signait rarement les productions qu’il proposait aux éditeurs de cartes postales. Compte tenu de la datation de cette série (1901-1902), il pourrait s'agir de G. Morinet, à l’origine de la plupart des clichés de la maison Bergeret au moins jusqu’en 1907.
1. Le vent souffle glacé, de gros flocons de neige
Tombent de toutes parts en épais tourbillons ;
Moi, pauvre ramoneur, j’ai froid ! Oh ! pourquoi n’ai-je
Comme tous ces enfants, un manteau qui protège
Au lieu de ces légers haillons ?
2. Mais bah ! je ris du froid, car c’est cette nuit même
Que le petit Noël viendra me visiter,
Et qu’il m’apportera les beaux jouets que j’aime ;
Aussi dans l’âtre éteint, je mets, ô joie extrême !
Mes deux sabots sans hésiter.
3. O Dieu juste et puissant ! fais, ô notre bon père,
Que ton petit Noël en passant sous mon toit !
N’aille pas oublier l’enfant qui te vénère
Et qui, pour contenir tous les jouets espère
Que l’âtre sera trop étroit.
4. Puis l’enfant s’endormit. Bientôt le plus doux rêve
Du petit ramoneur vint bercer le sommeil :
Les jouets les plus beaux se succédaient sans trêve,
Des pantins, des gâteaux… Ah ! que la nuit fut brève !...
Combien trop tôt vint le réveil !
5. Encore émerveillé de ce qu’il vit en songe
Le petit ramoneur court bien vite aux sabots.
Hélas ! rêve trompeur, tu n’étais que mensonge !...
Pas de jouets !... Alors, le chagrin qui le ronge
Le fait éclater en sanglots
6. Et sa douleur s’exhale en une plainte amère :
« Pour les autres enfants, c’est un jour de bonheur,
Moi seul abandonné, je pleure, pauvre hère,
Serai-je donc toujours l’enfant de la misère !
Malheureux petit ramoneur ! »
Les Petits ramoneurs savoyards Portes Bonheur.
Des lois de 1874 et 1892 sur l’emploi des enfants découragèrent les maîtres ramoneurs à employer des enfants en bas âge pour grimper avec leur hérisson à l’intérieur du conduit de cheminée [en général, ils avaient 6 ou 7 ans).