• Le pauvre étudiant et le député gras comme un moine

     

    L’ETUDIANT PAUVRE (photogravure Goupil & Cie - Les artistes modernes, fin du XIXème siècle, à partir d’un tableau d’Adolphe Steinheil [10 mars 1850-31 mai 1908],

    1 L’ETUDIANT PAUVRE (photogravure Goupil & Cie - Les artistes modernes, fin du XIXème siècle, à partir d’un tableau d’Adolphe Steinheil [10 mars 1850-31 mai 1908], un peintre devenu célèbre grâce à son épouse *).

     

     *Celle-ci surnommée MEG (Marguerite Steinheil) avait entretenu une liaison intime avec le Président de la République, Félix Faure qui fut quatre fois député. Le 16 février 1899, Félix Faure trouva la mort dans les bras de MEG, dans le petit Salon Bleu du palais de l’Elysée.

         Plus tard, MEG fut au cœur d’une sombre affaire judiciaire, suite à l’assassinat, chez elle, dans la nuit du 30 au 31 mai 1908, de son époux, le peintre Adolphe Steinheil, auteur du tableau L’ETUDIANT PAUVRE, qu’elle trompait avec maintes personnalités du Tout Paris. Le juge d’instruction qui l’avait fait arrêter et emprisonner à la prison Saint-Lazare fut alors dessaisi de l’enquête au profit d’un autre juge d’instruction ! N’ayant cessé de se contredire et de mentir tout au long de l’instruction, Marguerite Steinheil fut jugée, à partir du 3 novembre 1909 par la Cour d’assises de Paris. Le 14 novembre, elle fut acquittée, malgré les mots du président de cette Cour selon lesquels les explications de Marguerite Steinheil n’étaient qu’un « tissu de mensonges ».

     

     Sans-le-sou : personne sans ressources, sans argent.  Ceci dit, revenons à nos étudiants d’aujourd’hui. Plusieurs études actuelles ont mis en évidence les situations de détresse et de précarité de beaucoup d’entre eux. L’une d’entre elles, évoquée dans les motifs de la proposition de la loi visant à assurer un repas à un euro pour tous les étudiants, discutée à l’Assemblée nationale le 9 février dernier, révèle qu’en 2020, 43 % des étudiants auraient ainsi renoncé à un repas dans la journée pour des raisons financières :

     

     

                              

                           

    Exposé des motifs de la proposition de loi visant à assurer un repas à un euro pour tous les étudiants (première lecture).

     

     D’autres études alertent également sur les situations de vulnérabilité des étudiants quant au logement, la santé physique et psychologique, l’isolement, les ressources…

     

    Les vulnérabilités étudiantes : quels effets sur les parcours ? Nathalie Beaupère, Centre de recherche en économie & management de l’Université de Rennes 1, Xavier Collet, Observatoire du suivi de l’insertion professionnelle des étudiants (OSIPE), Université de Rennes :

    https://www.cereq.fr/sites/default/files/2021-02/Les%20vuln%C3%A9rabilit%C3%A9s%20%C3%A9tudiantes%2C%20quels%20effets%20sur%20les%20parcours.pdf

     

    - Les étudiants franciliens en situation de précarité. Contribution au groupe de travail « étudiants pauvres » de la MIPES d’après les enquêtes de l’OVE Mai 2009 : 

    https://www.institutparisregion.fr/fileadmin/NewEtudes/Etude_585/Les_etudiants_franciliens_en_situation_de_precarite_avec_signets.pdf

     

        « Mesure… De fortune ».  Certes, en raison de la crise du COVID, les pouvoirs publics avaient institué le repas au sein des restaurants universitaires, dits  Resto U, à 1 € pour les étudiants boursiers, puis étendu cette mesure aux étudiants non-boursiers rencontrant des difficultés financières avérées (pour les autres, les repas sont au tarif unique de 3,30 €). Seulement, cette mesure étant provisoire, elle est susceptible d’être supprimée à chaque nouvelle rentrée universitaire, malgré l’explosion de l’inflation, et ses conditions de mise en œuvre sont d’une complexité digne du Mammouth de l’Education nationale (formule employée, en 1997 par Claude Allègre, alors ministre de l’Education nationale !). De plus, elle oublie de nombreux étudiants en complète situation de précarité qui, ne répondant à ses conditions d’application, renoncent à un repas par jour ou recourent à l’aide alimentaire auprès des Restos du Cœur ou des Samu Sociaux (d’après le ministère des Solidarités, en 2022, 40% des étudiants vivant seuls étaient en situation de pauvreté).

     

    Précarité étudiante : « 56% des étudiants avouent ne pas manger à leur faim » :

     https://www.latribune.fr/economie/france/precarite-etudiante-56-des-etudiants-avouent-ne-pas-manger-a-leur-faim-934708.html

     

     « On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. » (Antoine de Saint-Exupéry). C’est donc pour mettre un terme à cette situation injuste qu’une proposition de loi a été déposée à l’Assemblée nationale, le 15 décembre 2022, par le groupe socialiste pour inscrire solennellement dans le Code de l’Education  le principe du repas à 1 € pour tous les étudiants et dans tous les sites de restauration des CROUS (il est à noter que les étudiants, enfants de familles aisées ou de parlementaires aux indemnités de 7 493,30 € par mois, préfèrent les menus burger au prix de 8 à 16 €).

     

    PROPOSITION DE LOI

     

    Article 1er

    Après l’article L. 8221 du code de l’éducation, il est inséré un article ainsi rédigé :

    « Art. L. 82211. – La tarification des repas distribués par les centres régionaux des œuvres universitaires, dans tous leurs sites de restauration, ne peut être supérieure à 1 euro. »

     

    Article 2

    La charge pour l’État est compensée à due concurrence par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

     

    À une voix près, le 9 février dernier, cette proposition de loi a été rejetée, en première lecture, par l’Assemblée nationale : 183 voix Pour; 184 voix Contre.

    Groupe Renaissance. Contre : 121 ; Non-votant : 1 

    Groupe Rassemblement National. Pour : 57

    Groupe La France insoumise - Nouvelle Union Populaire écologique et sociale. Pour : 67

    Groupe Les Républicains. Contre : ; Abstention : 4

    Groupe Démocrate (MoDem et Indépendants). Contre : 36

    Groupe Socialistes et apparentés (membre de l'intergroupe NUPES).  Pour : 28. Non-votant: 1

    Groupe Horizons et apparentés. Contre : 19

    Groupe Gauche démocrate et républicaine – NUPES. Pour : 16

    Groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires. Pour : 5

    Non inscrits. Contre : 1

    Groupe Écologiste – NUPES*. Pour : 10

    * La moitié des députés du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, soit 12 députés sur 22, dont sa présidente, étaient absents lors du vote. Ils avaient préféré se retrouver, au même moment, sur une péniche de la Seine, devant la Tour Eiffel, à proximité de l’Assemblée nationale, pour un travail de réflexion (accompagné ou non d'un copieux repas de groupe parlementaire ?).

                            

     

     

     

    Le pauvre étudiant et le député gras comme un moine

    2. Le député gras comme un moine : « Oui, oui, le parlementarisme a tout de même du bon. Quel malheur de ne pas être inamovible. Enfin… espérons que cela viendra… nous avons bien escamoté les six ans… essayons toujours de maintenir notre petite santé jusque là… »

     

    Carte postale humoristique des années 1880/1890, imprimée selon le procédé de la phototypie par l’imprimeur-lithographe Henri Royer de Nancy, assisté d’Albert Bergeret. Je vous invite à découvrir les 10 cartes postales de cette série que j’ai publiées, le 5 avril 2022, dans la rubrique « Pouvoir Législatif » de ce blog accessible sous ce lien :

    http://droiticpa.eklablog.com/nos-deputes-cartes-postales-humoristiques-de-royer-et-bergeret-a212070613

     

    « Les privilèges dont on ne bénéficie pas sont absolument inadmissibles » (Yvan Audouard, 1914-2004). Les députés d’aujourd’hui ne cessent de se proclamer, dans les médias, parfaitement désintéressés. C’est la raison pour laquelle, ils se contentent, depuis l’augmentation opérée discrètement le 1er juillet 2022, d’une modeste indemnité de 7 493,30 € brut par mois (chaque année, la rémunération de nos 925 députés et sénateurs revient à plus d'un milliard d'euros au budget de l'Etat), à laquelle s’ajoute 5 373 € de frais de mandat par mois. Cette indemnité est cumulable avec maints autres revenus (ex. : indemnité d’élu local dans les limites d’une fois et demi l’indemnité parlementaire de base, soit 2 910,02 €).

     Les députés bénéficient encore d’une misérable pension de retraite de 800 euros € pour un seul mandat de 5 ans (soit 20 trimestres de cotisations), contre 695,59 €  minimum pour un salarié justifiant de 120 trimestres de cotisations au régime général de la Sécurité sociale.

     Ils profitent également des repas de travail, inconnus des salariés lambdas, et très en vogue à l’Assemblée nationale, susceptibles d’être inclus dans les frais de mandats mensuels des députés (François de Rugy, Président de l’Assemblée nationale en 2017 et 2018, aurait organisé durant son mandat plusieurs dîners privés, dits de représentation, à son domicile du Petit Luxembourg, avec homards bleus de Bretagne et grands crus aux frais de l’Assemblée nationale !).

     Ajoutons le transport gratuit en 1ère classe (les profs d’universités qui se rendent dans d’autres universités pour participer à des jurys de soutenance de thèse bénéficient du transport gratuit en 2ème classe !), les vacances d’été de trois mois (art. 28 de la Constitution) et diverses trêves entre chaque session pour souffler un peu, etc.  

     

       « Peu importe que vous ayez du style, une réputation, ou de l’argent, si vous n’avez pas de bon cœur vous ne valez rien » (Louis de Funès. 1914-1983). Mais le désintérêt des députés quant à leur personne (dont le surpoids éventuel) ne s’accompagne pas toujours d’une grande générosité à l’égard des autres. C’est ainsi qu’ils n’ont pas fait preuve de bon cœur en rejetant, en première lecture, la proposition de loi visant à assurer un repas à 1 euro pour tous les étudiants.

     

     

     

    Une séance au Sénat : un discours plein d’intérêt (Le Rire, 24 décembre 1894.

    3. Une séance au Sénat : un discours plein d’intérêt (Le Rire, 24 décembre 1894. La collection complète de ce journal satirique de la Belle Époque est disponible en ligne sur le site gallica.bnf.fr.).

     

      La balle est donc renvoyée aux sénateurs* dont le premier d’entre eux, Gérard Larcher, Président du Sénat depuis le 1er octobre 2014 et amateur de bonne chère, annonce cycliquement entreprendre un régime pour descendre sous les 110 kg.

     

    *Procédure d’élaboration d’une loi ordinaire. Aux termes de la Constitution, le projet de texte est d’abord examiné par une commission de chacune des deux Assemblées, c’est-à-dire l’Assemblée nationale et le Sénat (art. 43). Puis, il est discuté et voté par chacune d'elles, en vue de l’adoption d’un texte identique (art. 45). À cette occasion, le Gouvernement et les parlementaires ont un droit d’amendement (art. 44). Lorsque les Assemblées ne parviennent pas à adopter un texte identique, une commission mixte paritaire est prévue pour parvenir à l’adoption d’un texte commun (art. 45). En ce cas, le texte peut être soumis par le Gouvernement pour approbation aux deux Assemblées. Si cette procédure de conciliation n’aboutit pas, le Gouvernement peut, après une nouvelle lecture par les deux Assemblées, demander à l’Assemblée nationale de statuer définitivement (art. 45).

     

     

    Étudiants du Quartier Latin adressant des pétitions à leurs députés

    4. Étudiants du Quartier Latin adressant des pétitions à leurs députés (gravure originale signée Étienne Bouchaud, un peintre-graveur français, membre de l’École d’Alger. 15 février 1898-16 juin 1989). 

     

     « La vengeance est boiteuse, elle vient à pas lents, Mais elle vient. » (Victor Hugo, Hernani, 1889). En attendant, de nombreux jeunes étudiants ont écrit des lettres bien peu aimables à leurs députés ayant voté contre le repas à 1 € de tous les étudiants fauchés sans être boursiers, sous-entendant qu’ils s’en souviendront lors des prochaines élections.

         Ils ont également diffusé sur les réseaux sociaux la liste publiée sur le site officiel de l’Assemblée nationale et librement accessible en ligne, qui désigne : d’une part le nom des députés qui ont voté Contre l’adoption de la proposition de loi (184) ; d’autre part celui des députés qui ont voté Pour (183), enfin le pourcentage des votes Pour et des votes Contre par groupes politiques :

    https://www2.assemblee-nationale.fr/scrutins/detail/(legislature)/16/(num)/931

     

     

     « Le courage, c’est ce qu’il faut pour se lever et parler. Le courage est aussi ce qu’il faut pour s’asseoir et écouter » (Winston Churchill). Certains des députés ayant voté Contre, affolés et en colère, ont alors multiplié des réponses bien maladroites sur les mêmes réseaux sociaux : « faire des listes pour désigner des élus à la vindicte est bien nauséabond » ; « des méthodes de voyou. C’est inacceptable et indigne » (depuis ces deux dernières années, les mots inconvenants permettent aux députés qui les emploient lors des séances de l’Assemblée nationale de sortir de l’anonymat, grâce aux médiats en ligne en quête de Buzz générateur de pognon publicitaire). 

     

    « il y a un temps pour tout : un temps pour râler, un temps pour manger ses émotions ; et un temps pour être un peu plus créatif » (formule empruntée au site d'information parodique français Le Gorafi : https://www.legorafi.fr/). Au lieu de jouer les vierges offensées, ces députés feraient mieux de se déconnecter des réseaux sociaux et de se souvenir qu’ils sont les porte-paroles actifs de leur circonscription électorale et non de simples tiroirs caisses de la République. Aussi pourraient-ils prendre leur courage à deux mains pour se déplacer dans les universités de leur circonscription afin d’y rencontrer les étudiants ayant le ventre vide, et les écouter. Ils pourraient même leur offrir un repas au Resto U à 1 € pour les boursiers ou en situation de précarité et à 3,20 € pour les autres (ils pourront peut-être inclure cette dépense dans leur avance de frais de mandat [AFM] d’un montant de 5 373 € par mois). 

     

     

     

    carte postale publicitaire de la société Blédine Jacquemaire, fondée en 1881

    5. « To eat or not to eat, that is the question… » (carte postale publicitaire de la société Blédine Jacquemaire, fondée en 1881).

     

       À la manière d’Alain-Fournier, l’auteur du Grand Meaulnes, étudiant en Lettres aux lycées Lakanal de Sceaux et Louis-Le-Grand de Paris, mort au combat le 22 septembre 1914, à 27 ans :   

     

                                                              L’ÉTUDIANT PAUVRE

         Sa chambre était une grande mansarde. A moitié mansarde, à moitié chambre. On ne sait pourquoi d’ailleurs, elle n’était éclairée que par une lucarne. Il était impossible d’y fermer la porte qui flottait sur le plancher. Lorsqu’il y montait, le soir, sans avoir pu s’offrir un dîner, il essayait de fermer cette porte, et chaque fois il était obligé d’y renoncer. Et, toute la nuit, il sentait autour de lui, pénétrant jusqu’à la chambre sans chauffage, le silence des greniers avoisinants.

        Il se mettait au travail avec son ardeur habituelle pour oublier qu’il avait faim. Très vite, il se levait de sa chaise, marchait de long en large, s’arrêtait, repartait, comme quelqu’un qui dans sa tête recherche ou repasse les souvenirs, les confronte, les compare, calcule, et soudain croit avoir trouvé, puis, de nouveau, lâche le fil et recommence à chercher.

         Je me rappelle, à cet instant, ce pauvre étudiant, toujours nu-tête, au visage si jeune, si vaillant, mais si pâle et si fatigué. Tout au contraire de bien d’autres, il rangeait d’un air discret et amer, ses livres et ses cahiers que son travail avait éparpillés jusque sur le lit bas et sans rideaux. Il se couchait et s’endormait le ventre vide, rêvant d’un repas au Resto U à 1 € avec ou sans homard bleu de Bretagne…

     

     

     

    Et ce sera comme cela, tant qu’on choisira les députés parmi les hommes politiques.

             6. « Et ça sera comme cela, tant qu’on choisira les députés parmi les hommes politiques. »

     

    « Retourner sa veste : Changer de camp ou d’opinion par intérêt et non en vertu de principes moraux, afin de saisir une occasion ou d’échapper à une menace » (Wiktionnaire, Le Dictionnaire libre et gratuit). Le Président de la République et sa Première ministre qui étaient pourtant à l’origine de la présence massive des députés de leur bord à l’Assemblée pour voter Contre le repas à 1 € pour tous les étudiants, lorsqu’ils ont appris que ce vote était en train de devenir l’un des fabliaux les plus célèbres de notre Vème République au sein des Universités et des réseaux sociaux, en dépit du silence d'une partie des médias subventionnés ou couchés, ont changé de cap. C’est ainsi que le Président aurait déclaré : « Le coût politique sera supérieur au coût budgétaire… Il aurait fallu expliquer en détail ce qui avait été fait pour les boursiers pendant le COVID et ce qui existe aujourd’hui. » (propos rapportés par le Canard Enchaîné dans son numéro du 15 février).

     

     

     

    Nick Jordan tourne casaque (récit d’André Fernez, éditions Marabout – Junior Publication Hebdomadaire, 1965, n° 43).

    7. Nick Jordan tourne casaque (récit d’André Fernez, éditions Marabout – Junior Publication Hebdomadaire, 1965, n° 43).

     

    « Si ça continue comme ça, je vais tourner casaque ». Compte tenu des intérêts en jeux, peut-être que, dans un tout proche avenir, les sénateurs puis, de nouveau, les députés, modifieront leur sentiment sur la question sachant que, le lendemain de leur vote, les quelques 3 millions d’étudiants scolarisés dans l’enseignement supérieur se jetteront sur les sites officiels du Sénat et de l’Assemblée nationale pour découvrir les parlementaires qui ont voté Contre, et ceux qui ont voté Pour…leur plaire aux prochaines élections.

     

     

    L’ETUDIANT PAUVRE (image du film allemand, sorti en 1936, Der Bettelstudent, de Georg Jacoby

    8. L’ETUDIANT PAUVRE (image du film allemand, sorti en 1936, Der Bettelstudent, de Georg Jacoby, interprété  par Maria Paudler et Ernest Verebes, tiré d’une opérette éponyme très célèbre à Vienne).

     

       Backporting nutritif des élites politiques. Alors même que je terminai cette page d’Images et Cartes Postales Anciennes (ICPA), en jetant un coup d’œil matinal sur les actualités en ligne faisant le Buzz du jour, je suis tombé sur l’information selon laquelle, hier, mardi 21 février, une perquisition a été menée par les enquêteurs du Parquet national financier (PNF) au siège de la Région Auvergne-Rhône-Alpes présidée par Laurent Wauquiez. Celui-ci qui fut deux fois député (du 5 juillet 2004 au 19 juillet 2007, et du 20 juin 2012 au 20 juin 2017), et une fois Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche (du 29 juin 2011 au 10 mai 2012), envisagerait de candidater aux prochaines élections à la Présidence de la République. Toujours est-il que cette perquisition aurait eu lieu dans le cadre d’une enquête préliminaire des chefs de favoritisme, recel de favoritisme et détournement de fonds publics, ouverte au sujet d’un dîner de travail donné par Laurent Wauquiez et réunissant 90 convives pour un montant de plus de 100 000 euros, le 23 juin 2022, aux frais de la Région.

     

         « La bonne chère est le premier lien de la bonne compagnie » (Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues. Réflexions et Maximes. 1746). Malheureusement, il n’est pas à ce stade rapporté quel était le menu servi aux convives du Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Mais 100 000 euros divisés par 90 ça fait quand même 1 100 euros par repas de chaque invité. Les 330 000 étudiants de l’enseignement supérieur autour de Lyon-Saint-Etienne, Grenoble et Clermont-Ferrand (sept universités, deux Instituts d’études politiques, une Ecole normale Supérieure…), auraient sans doute préféré que la Région offre aux plus défavorisés d’entre eux 100 000 repas à un euro aux Resto U.

     

          Mise à jour du mercredi 29 mars 2023 : « Le sceptre des pauvres est la patience » (Georges Bernanos). Bien embarrassés par les remontées des paroles des étudiants d’en bas dans les universités et les réseaux sociaux, les gens politiques d’en haut ont annoncé, ce mercredi 23 mars, revoir leur copie à propos des repas dans les Resto U. C’est ainsi que la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, du nom de Sylvie Retailleau pour ceux qui en ignoraient l’existence, a annoncé qu’une enveloppe de 500 millions d’euros serait ouverte dès la rentrée de 2023 (septembre/octobre) pour améliorer le système des bourses sur critères sociaux, le logement et l’accès à la restauration. En particulier serait « acté » (mot inconnu de nos dictionnaires de droit, sans aucune valeur juridique, signifiant, dans le langage courant, une décision définitive notée ou consignée par écrit), « la pérennisation d’une tarification très sociale des repas pour les boursiers et précaires, le gel de la tarification des repas pour la rentrée au tarif très social à 1 € et tarif social à 3,30 € pour les autres étudiants ». En somme, « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil » (Ancien Testament. Ecclésiaste I.9), le pouvoir exécutif maintient sa condamnation de la proposition de loi visant à assurer un repas à un euro pour tous les étudiants, et invente deux expressions qui ne font rire personne : tarif très social et tarif social.