• LXI La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (4):1942-1944

     

     

    Chapitre LXI (ou 61). La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (4/7) : 1942-1944.

     

     

     

    Abel Bonnard, ministre de l’Éducation nationale, Grand maître de l’Université

    1 Abel Bonnard, ministre de l’Éducation nationale, Grand maître de l’Université (chantre de l’Ordre nouveau, de la Révolution nationale et de la collaboration avec l’Allemagne, il sera conspué, au Quartier latin, le 8 juin 1943, par plus de 200 étudiants, lors de sa venue pour saluer les Jeunes de l’Europe Nouvelle).

     

    « Le temps, qui calme tout, est l’unique remède » (Th. Corn., Ariane, III, 2). Au lendemain de l’armistice, nous avons vu que la reprise des cours à la Faculté de Droit de Paris avait été perturbée par la manifestation interdite du 11 novembre 1940 aux Champs-Élysées et devant l’Arc de Triomphe en hommage au Soldat inconnu (voir le précédent chapitre LX (ou 60). La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (3/6) : 1940-1941). Suite à ce mouvement de jeunes lycéens et étudiants parisiens, la Faculté de Droit fut fermée, comme les autres établissements de l’Université de Paris, jusqu’au 20 décembre 1940, et les cours ne reprirent qu’après les vacances de Noël, donc en janvier 1941.

     

    C’est ainsi que, pendant les quatre années de l’Occupation allemande, les étudiants-filles et les étudiants-garçons qui, en raison de leur âge, avaient échappé à la mobilisation sous les drapeaux, ou avaient été démobilisés sans être emprisonnés dans des camps en Allemagne, reprirent le cours de leurs études de Droit (1940-41 : 7222 étudiants inscrits dont 1796 femmes et 5426 hommes; 1941-42 : 10131 étudiants inscrits dont 2385 femmes et 7746 hommes; 1942-43 : 14803 étudiants inscrits dont 3362 femmes et 11441 hommes).

     

     

     

     

     

     

    Pierre Arrighi, étudiant en Droit à Paris sous l’Occupation, Compagnon de la Libération à titre posthume par décret du 20 novembre 1944

     

    2 Pierre Arrighi, étudiant en Droit à Paris sous l’Occupation, Compagnon de la Libération à titre posthume par décret du 20 novembre 1944. 

     

    Toutefois, quelques uns de ces étudiants, meurtris par la présence ennemie dans la capitale et les mesures attentatoires aux libertés qui s’y succédaient, entrèrent secrètement en résistance et rejoignirent, éventuellement, les rangs de la France libre (voir le précédent chapitre LX, ou 60).

     

    Le jeune Pierre Arrighi fut l’un d’eux. Né en mars 1921, il était inscrit en première année de licence à la Faculté de Droit de Paris lors de la déclaration de la guerre et il entra aussitôt dans la filiale de zone nord du « Mouvement de Libération Nationale » (MLN), créé en zone sud par Henri Frenay. Cette filiale du MLN prendra le nom « Les Petites Ailes », et Pierre Arrighi s’y occupera de la collecte de renseignements et de l’évasion de prisonniers de guerre, jusqu’à son démantèlement et l’arrestation de plusieurs de ses membres à la suite d’une trahison.

     

    En juin 1942, alors qu’il venait d’obtenir son diplôme de licence en droit et s’était inscrit comme avocat au Barreau de Paris, Pierre Arrighi, sous le nom de « Charpentier », participa à la création d’un nouveau mouvement de résistance intitulé « Organisation Nationale de la Résistance », plus tard renommé « Ceux de la Résistance » (CDLR), dont il prit la direction en septembre 1943.

     

    Arrêté par la Gestapo, la Police Secrète d'État (Geheime Staats Polizei), le 19 novembre 1943, Pierre Arrighi fut déporté au camp de Buchenwald, en Allemagne, puis au camp de Mauthausen, en Autriche. Gazé, le 5 août 1944, il sera inhumé à Harteim près de Mauthausen.

     

    Il reçut, à titre posthume, de nombreuses distinctions : Chevalier de la Légion d’honneur ; Compagnon de la Libération ; Croix de Guerre 39/45, Médaille de la Résistance. 

     

     

     

    André Dewavrin, dit « le colonel Passy », licencié de la Faculté de Droit de Paris (source : musée de l’Ordre de la Libération)

    3 André Dewavrin, dit « le colonel Passy », licencié de la Faculté de Droit de Paris (source : musée de l’Ordre de la Libération).

     

    « Tant de noms, tant de victoires et conquêtes ensevelies sous l’oubliance » (Montaigne). D’autres étudiants en Droit de l’Université de Paris ont refusé la défaite de juin 1940 et lutté contre l’ennemi, alors même que plusieurs de leurs Professeurs rejoignaient Vichy pour occuper des charges importantes, suscitant l’admiration ou la jalousie de la plupart de leurs collègues restés à Paris. Outre le très jeune Jean Ebstein-Langevin, inscrit en deuxième année de licence en Droit en septembre 1940, que j’ai présenté dans le précédent chapitre, je mentionnerai d’autres personnalités qui, ayant fait leur Droit à Paris dans les années trente, furent toutes reconnues pour leur bravoure pendant la Seconde Guerre mondiale :

     

    André Dewavrin (1911-1998), licencié de la Faculté de Droit de Paris et polytechnicien, participa, en avril 1940, à la campagne de Norvège face à l’invasion allemande, en qualité de commandant du Génie du Corps Expéditionnaire français. Il rejoignit, en juin de la même année, le général de Gaule à Londres et entra dans la Résistance sous le pseudonyme de « Passy » (Croix de la Légion d’honneur, Compagnon de la Libération [décret du 20 mai 1943], Croix de guerre 39/45, Médaillé de la Résistance, Military Cross (GB), Distinguished Service Order [GB], Croix de Guerre norvégienne).

     

    Bernard Barberon (1916-1982), licencié de la Faculté de Droit de Paris, Commandeur de la Légion d’honneur, Compagnon de la Libération, Croix de guerre 39/45 [5 citations], médaille coloniale, Distinguished Flying Cross [GB], Distinguished Service Cross [USA]) ;

     

     Claude Bouchinet-Serreulles (1912-2000), licencié de la Faculté de Droit de Paris et diplômé de l’école des Sciences politiques, Grand Officier de la Légion d’honneur, Compagnon de la Libération [décret du 30 mars 1944], Croix de guerre 39/45 ; 

     

    Francis-Louis Closon (1910-1998), diplômé des Facultés de Droit d’Aix-en-Provence et de Paris, Commandeur de la Légion d’honneur, Compagnon de la Libération [décret du 20 novembre 1944], Croix de guerre 39/45 [3 citations], Commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique ; Commandeur de l’Étoile Noire ;

     

    Geoffroy Chodron de Courcel (1912-1992), docteur en Droit à Paris en 1933, premier Français à s’engager dans les Forces françaises libres (FFL), le 17 juin 1940, Chef du cabinet du général de Gaulle à Londres (Grand Croix de la Légion d’honneur, Compagnon de la Libération [décret du 8 juillet 1943], Croix de guerre 39/45 [4 citations] ; Military Cross (GB), Royal Victorian Order (GB) ;

     

    Jacques Chaban-Delmas (1915-2000), licencié en Droit à Paris en 1937, sous-lieutenant au 75ème Bataillon alpin de forteresse, promu général de brigade par décision du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) le 15 juin 1944 (Commandeur de la Légion d’honneur, Compagnon de la Libération [décret du 7 août 1945], Croix de guerre 39/45, Médaille de la Résistance avec rosette, Commandeur de la Legion of Merit [USA], Commandeur de l’Ordre de Léopold II [Belgique] ;

     

    Maurice Bourgès-Maunoury (voir le chapitre LIX, ou 59. La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (2/6) : les Étudiants appelés sous les drapeaux) ;

     

     Raymond Dronne (1908-1991), docteur en Droit de Paris, mobilisé comme lieutenant en septembre 1939, il fut grièvement blessé en Tunisie, au Ksar Rhilane, le 10 mars 1943 par mitraillage d’un avion allemand. Soigné en Egypte, il put rejoindre le Régiment de marche du Tchad  et participer à la campagne de France avec la 2ème Division blindée du général Leclerc, ainsi qu’à la libération de Paris et aux campagnes d'Alsace et d'Allemagne (Grand Officier de la Légion d’honneur, Compagnon de la Libération [décret du 29 décembre 1944], Croix de guerre 39/45 [7 citations], Médaille de la Résistance).

     

     

     

     

     

     

    Le Doyen Georges Ripert, Professeur à la Faculté de Droit de Paris de 1918 à 1948 (photo Mathieu Pieters, La Haye)

    4. Le Doyen Georges Ripert, Professeur à la Faculté de Droit de Paris de 1918 à 1948 (photo Mathieu Pieters, La Haye).

     

     

    Les autres étudiants reprirent leurs cours à la Faculté de Droit de Paris, comme si tout était redevenu normal, sous l’autorité de son Doyen, Georges Ripert, de retour à Paris (il avait démissionné, le 13 décembre 1940, de ses fonctions de secrétaire d’État à l’Instruction publique et à la Jeunesse du premier Gouvernement de Pierre Laval, installé à Vichy).

     

    Ces étudiants retrouvèrent alors la quasi-totalité de leurs Professeurs d’avant la Guerre qui n’avaient pu être mobilisés en raison de leur âge avancé. Toutefois, ils ne retrouvèrent aucun des Professeurs Juifs (Albert Atfalion, Henri Isaac Lévy-Bruhl, René Cassin, William Oualid et Roger Picard), car ceux-ci avaient été révoqués de leur poste, le 18 décembre 1940, en application du statut des Juifs mis en œuvre avec célérité par la Faculté (voir le chapitre LXIII, ou 63. La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (6/6) : l’exclusion des Professeurs Juifs).

     

     

     

     

    Henri Mazeaud, Professeur à la Faculté de Droit de Paris de 1938 à 1970 (réception à l’Académie des Sciences Morales et Politiques, le 23 janvier 1970)

    5. Henri Mazeaud, Professeur à la Faculté de Droit de Paris de 1938 à 1970 (réception à l’Académie des Sciences Morales et Politiques, le 23 janvier 1970). 

     

    Plus d’une trentaine de Professeurs étaient ainsi en poste à la Faculté de Droit de Paris de 1940 à 1944 :

     

    - Plusieurs d’entre eux avaient été mobilisés lors de la Première Guerre mondiale, comme Jules Basdevant (1877-1968), Lieutenant d’Infanterie ; Léon Julliot de la Morandière (1885-1968), Lieutenant d’Artillerie, plusieurs fois Cité pour sa bravoure, gravement blessé sur le front, le 19 juillet 1918 (Croix de guerre avec palme ; Grand mutilé de guerre ; Légion d’honneur à titre militaire); André Giffard (1876-1958), Officier à la Direction du Ravitaillement ; André Rouast (1885-1979), Lieutenant d’Infanterie ; Bertrand Nogaro (1880-1950), Capitaine ; Gilbert Gidel (1880-1958), Citation à l’Ordre de l’Armée, Légion d’honneur à titre militaire; Henry Solus (1892-1981), Lieutenant d’Artillerie ; Jean Escarra (1885-1955), Croix de guerre ; Jean Percerou (1873-1957), Maréchal des logis d’un régiment d’Artillerie, qui fit valoir ses droits à la retraite en 1943 ; Julien Laferièrre (1881-1958), Sous-Lieutenant ; Louis Hugueney (1882-1970), Soldat de 2ème classe ; Pierre Petot (1887-1966) ; ou René Morel (1881-1952).

     

     

    - Quant aux autres Professeurs de la Faculté de Droit de Paris en poste sous l’Occupation, certains d’entre eux connurent une grande notoriété scientifique comme Paul Esmein (1886-1966), Joseph Hamel (1889-1962) ; Louis Hugueney (1882-1970) ; Louis Rolland (1877-1956) ; Henri Mazeaud (1900-1993) ; André Rouast (1885-1979) ; Georges Scelle (1878-1961) ; ou Marcel Waline (1900-1982). 

     

     

     

     

    La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation :1942-1944

    6. Carte d’étudiant de Doctorat de la Faculté de Droit de Paris, années 42-43 et 43-44.

     

    « L’insouciance, la plus précieuse des qualités face aux malheurs » (Ségur, Histoire de Napoléon. VIII, 11). Les étudiants de la Faculté de Droit de Paris reprirent donc le chemin des amphithéâtres, des salles de cours, et de la bibliothèque de la rue Cujas, munis de leur Code civil Dalloz et des tous derniers polycopiés de Droit (apparus entre les deux guerres, ils permettaient de ne pas assister aux cours en amphis’, sources d’endormissement partiel ou total !). Toutefois, quelques nouveautés les attendaient, telle l’obligation de participer à des conférences et à des travaux pratiques, sans doute ancêtres de nos travaux dirigés ou TD, pour mieux les préparer aux examens, en application d’une loi du 30 octobre 1940.

     

    L’un de ces étudiants, Philippe Malaurie (il deviendra, en septembre 1969, Professeur à la Faculté de Droit de l’Université Paris II Panthéon-Assas), a fait le récit de ce qu’il avait ressenti sous l’Occupation (inscrit à la Faculté de Droit de Paris, en octobre 1943, en première année de licence, il y resta jusqu’à la soutenance de sa thèse de doctorat en mai 1951).

     

     

     

    « Les horreurs de la guerre », se situaient bien loin de « la sérénité de la Faculté  de Droit de Paris […], qui était un petit monde à part, ayant réussi à s’isoler en ignorant les misères du temps » ; les professeurs y poursuivant leur « mission » sans se laisser emporter par les bouleversements de l’époque.

     

     

     

    Et d’ajouter : « Cette coupure du réel produisait les effets antagonistes habituels de la fermeture sur soi : l'ignorance du monde réel ; mais aussi elle nous faisait paradoxalement bénéficier d'une prophylaxie bienfaisante : un sanctuaire, un monde de paix […]»*

     

    * Conférence prononcée à l'Université Jean Moulin (Lyon III), le 19 mars 2009 : L’enseignement du Droit civil à la Faculté de Droit de Paris entre 1943 et 1951. Le texte complet est en libre accès sous ce lien :

    https://univ-droit.fr/docs/recherche/rhfd/pdf/029-030-2009-2010/29-30-2009-2010_p197-213.pdf 

     

     

     

     

     

     

     

    L’étoile jaune des étudiants et écoliers Juifs de Paris en 1942

    7 L’étoile jaune des étudiants et écoliers Juifs de Paris en 1942 (le port de l’étoile jaune était obligatoire dès l’âge de six ans).

     

     

    « Quand la cause est mauvaise, il n’est pas de bon avocat » (Étienne Vigée, Ninon de Lenclos, 1797). Sans doute ces sentiments d’indolence et de quiétude n’étaient-ils pas partagés par tous les étudiants de la Faculté de Droit.

     

     

     

    - D’abord de ceux qui, du fait de la ration qui leur était assurée par leur carte d’alimentation, ne pouvaient préparer dans de bonnes conditions leurs examens (dans sa séance du 18 juin 1942, le Conseil des Professeurs de la Faculté des Sciences réclama, à l’unanimité, mais sans succès, l’attribution de la carte « T » aux étudiants).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    - Ensuite des étudiants Juifs qui, en application des lois antisémites françaises, étaient obligés de porter dans l’enceinte même de la Faculté de Droit, cousue sur leurs vêtements, une Étoile Jaune avec le mot « Juif », entraînant la compassion, l’indifférence ou la dureté de leurs camarades non-Juifs (chapitre LXII (ou 62). La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (4/6) : les souffrances des Étudiants Juifs). De plus, ces mêmes étudiants découvrirent avec émotion et inquiétude que plusieurs de leurs Professeurs venaient d’être exclus de la Faculté de Droit, parce qu’ils étaient eux aussi Juifs, suite à la mise en œuvre de l’une de ces mêmes lois antisémites par le Doyen Georges Ripert (chapitre LXIII, ou 63. La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (5/6) : l’exclusion des Professeurs juifs).

     

     

     

    - Et, encore parce que l’année universitaire 1942/1943 fut celle de la mise en œuvre de la loi du 16 février 1943 sur le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.), aux termes de laquelle tous les jeunes gens de 20 à 22 ans pouvaient être envoyés en Allemagne, de gré ou de force, afin de participer à l’effort de guerre de l’ennemi (voir ci-après).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Mieux vaut un pied sur le frein que deux dans le cercueil » (proverbe portugais). Quant aux Professeurs non Juifs de la Faculté de Droit de Paris, ils se sont pour la plupart abstenus de protester visiblement à l’encontre des mesures antisémites de Vichy et des nazis dont étaient victimes, d’une part, leurs collègues, d’autre part, leurs étudiants, aussi bien ceux actuels porteurs de l’Étoile Jaune, que ceux plus anciens qui, devenus avocats au Barreau de Paris, furent arrêtés à leur domicile et déportés dans des camps d’extermination (en Norvège, aux Pays-Bas et en Belgique, des Doyens et des Professeurs d’Universités manifestaient publiquement pour s’opposer à l’exclusion de leurs collègues juifs).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Jules Basdevant, Professeur à la Faculté de Droit de Paris de 1918 à 1946 (source : wikipedia)

    8. Jules Basdevant, Professeur à la Faculté de Droit de Paris de 1918 à 1946 (source : wikipedia).

     

       Certes ce silence gêne aujourd’hui encore, mais il peut s’expliquer par la peur, la prudence ou la méfiance. Car en effet, au sein de l’Université de Paris, toute dénonciation des propos, des écrits ou des actes d’un Professeur à l’encontre de Vichy ou des Allemands, fussent-ils anodins, caustiques ou sévères, pouvait conduire à son éloignement de l’Académie de Paris, son arrestation, sa révocation, sa déportation, voire son exécution.

     

       Par exemple, en décembre 1941, le recteur de l’Académie de Paris, Gilbert Gidel, lui-même Professeur à la Faculté de Droit de Paris et Doyen de celle-ci par intérim en 1940 et en 1944/1945 (voir ci-après), ouvrit une enquête à l’encontre de son collègue Jules Basdevant, Professeur de Droit des gens (droit international), qui était accusé par le commandant des forces militaires en France, Otto van Stülpnagel, « d’avoir usé de paroles sévères et partiales » à l’égard de l’Allemagne lors du discours d’ouverture de son cours, le 18 novembre 1941.

      Ayant ainsi manqué aux « devoirs de sa fonction », il fut mis à la retraite d’office, en mai 1944, peu important aux autorités académiques la perte de ses deux plus jeunes fils pendant la guerre : Maurice, jeune médecin, pendant la campagne de France, et François, fusillé à 17 ans pour faits de Résistance (Académie de Paris. Archives rectorales relatives à la guerre de 1939-1945. AJ 16/7116, Relations avec les autorités d’occupation. Dossier : Affaire du professeur Basdevant. Faculté de droit).

         Le 4 octobre 1944, à la faveur de la Libération, Jules Basdevant fut réintégré et put de nouveau enseigner en qualité de Professeur jusqu’à sa retraite définitive, le 30 septembre 1945, à l’âge de 67 ans.

     

     

     

      Professeurs, étudiants, empêchez cette honte (L’Université libre). Des Professeurs de la Faculté de Droit de Paris échappèrent heureusement à de telles poursuites malgré leurs propos ou écrits dans lesquels, en termes voilés, ils avaient pu se montrer acerbes vis-à-vis des nouvelles règles de droit public ou de droit civil affectant les Juifs (voir le prochain chapitre LXII, ou 62. La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (5/6) : les souffrances des Étudiants Juifs).

     

     

    Mais tel ne fut pas le cas d’autres Professeurs de l’enseignement supérieur de l’Université de Paris, sanctionnés en raison de leurs opinions hostiles à Vichy et à l’Occupant, ou de faits de résistance (de leur côté, plusieurs Professeurs des Lycées de Paris furent fusillés !).

     

     

    Certains d’entre eux se virent même reprocher, de manière plus banale, leur absence de comportement collaborationniste dans leurs fonctions, contrairement aux souhaits du nouveau ministre de l’Éducation nationale au Gouvernement de Vichy, (du 18 avril 1942 au 20 août 1944), Abel Bonnard, surnommé « Abetz Bonnard » par référence à Otto Abetz, le « charmeur nazi », ambassadeur d’Allemagne à Paris (dans une circulaire, Abel Bonnard, invitait les professeurs à toujours porter, en présence de leurs élèves, la décoration de la Francisque qui avait pu leur été être attribuée par le régime de Vichy).

     

     

     

    Par exemple, le Professeur Fernand Fenzy, directeur de l’École d’Architecture de Paris, condamné à mort le 20 mars 1942 et fusillé le lendemain au Mont Valérien (nommé par Vichy rapporteur au sujet des dévastations causées dans le Nord par les Allemands, il avait fait un rapport sincère sur les déprédations commises par ceux-ci sur notre patrimoine artistique, fort peu apprécié des autorités);

     

    Louis Lapicque, Professeur honoraire de physiologie à la Sorbonne, arrêté par les Allemands en octobre 1942, et emprisonné plus de trente jours, à l’âge de… 75 ans ! ; 

    Paul Langevin, Professeur de physique au Collège de France, arrêté, en octobre 1940, par la Gestapo, à cause de ses opinions anti-fascistes, emprisonné plusieurs semaines, mis en résidence forcée à Troyes, et révoqué par Vichy ;

     

    Charles Brumeau, Professeur d’histoire de la langue française à la Sorbonne, arrêté en février 1942 au moment de faire son cours et mis au secret absolu à la prison de la Santé;

     

    Neuf autres Professeurs de la Sorbonne (Bourguin, Cotton, Cauliery, Dussaud, Ferdinand Lot, Jacquot, Petit-Dutaillis…) , pour la plupart membres de l’Institut, arrêtés par la Gestapo le 2 avril 1942, et emprisonnés à Fresnes plus de quarante-huit heures sans notification d’aucune inculpation;

     

    Jules Marouzeau, Professeur de latin à la Faculté des Lettres de Paris (Sorbonne), emprisonné trois semaines avec son épouse ;

     

    Joseph Vendries, Doyen de la Faculté des Lettres de Paris, emprisonné plusieurs semaines à Fresnes, en mars 1944, et suspendu de ses fonctions par le ministre de l’Éducation nationale, Abel Bonnard, pour avoir notamment protégé ses étudiants contre le Service du Travail Obligatoire en Allemagne (il fut réintégré dans ses fonctions, à la Libération, le 20 août 1944).

     

     

     

     

     

     

    Hommage d’une délégation d’étudiants de Paris au Maréchal Pétain en mars 1942

    9 Hommage d’une délégation d’étudiants de Paris au Maréchal Pétain en mars 1942.

     

       N’oublions pas non plus que, en 1942, l’immense majorité des Français, fussent-ils étudiants ou Professeurs, bien qu’encore abasourdie par la déroute complète de leur armée et, pour certains, embarrassés par le choix d’un armistice avec l’ennemi allemand, avait toujours de la vénération pour le Maréchal Pétain, Chef de l’État, ce « beau vieillard » de 86 ans, héro de Verdun. Aussi le Maréchal, au cours d’audiences publiques, recevait-il à Vichy, presque quotidiennement, des délégations de corporations ou d’autres groupes de personnes venues, de la zone occupée ou de la zone libre, lui rendre hommage.

     

      En mars 1942, par exemple, les étudiants de Paris organisèrent, sous l’égide des autorités universitaires, une délégation pour rendre hommage au Maréchal. Ceux de la Faculté de Droit de Paris ayant souhaité participer à cette délégation étaient d’ailleurs en si grand nombre que le Professeur Léon Julliot de la Morandière, un Grand mutilé de la Première Guerre mondiale, qui sera élu Doyen de la Faculté de Droit à la Libération, demanda aux autorités universitaires une augmentation des places pouvant leur être attribuées (Archives nationales, AJ 16/7142, Hommage des étudiants au Maréchal). 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le Professeur Pierre Renouvin, Chef du convoi de la délégation des étudiants de Paris à Vichy, en mars 1942

     

    10. Le Professeur Pierre Renouvin, Chef du convoi de la délégation des étudiants de Paris à Vichy, en mars 1942.

     

        Cette délégation des étudiants de Paris fut conduite par Pierre Renouvin (né le 9 janvier 1893, décédé le 7 décembre 1974), Professeur d'histoire des relations internationales à la Sorbonne (de 1933 à 1964), devenu un héros de la Première Guerre mondiale, tout juste après son admission à l’agrégation d’histoire à l’âge de… dix-neuf ans ! Lieutenant de réserve, il avait été blessé, une première fois, sur le front, en 1916. Après avoir refusé un emploi à l’arrière du front, il avait commandé une section de mitrailleuses et, le 16 avril 1917, au Chemin des Dames, un éclat d’obus avait atteint son bras gauche qui dut être amputé (il ne doit pas être confondu avec Jacques Renouvin, un ancien diplômé de la Faculté de Droit de Paris qui se battit sur le front en 1940, et que j’ai présenté dans le chapitre LIX, ou 69 : La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (2/6) : les Étudiants appelés sous les drapeaux). 

     

        « Quand Vichy s’intéresse aux étudiants » (article de L’Université libre, organe de L’Union française universitaire et du Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France, n° 46, 5 février 1942, p. 2. Source : Gallica BnF) :

     

    « Le Secrétariat général à la Jeunesse, bourré de Commissaires, Délégués, Inspecteurs, Chefs, Sous-chefs, aux appointements certains, aux mérites incertains, a décidé de se pencher sur le sort des étudiants comme on dit à Vichy. Le Centre social d’Aide aux Étudiants a donc organisé des centres de propagande nazie intitulés Maisons des Étudiants.

     

       Déjà une Maison du Droit* et une Maison des Lettres ont été ouvertes. Mais devant leur insuccès on cherche mieux pour la maison des Sciences. On s’avise qu’il existe des groupes d’études où les étudiants travaillent entre eux, aidés par leurs professeurs. Un certain Surzur leur a été délégué plein de belles promesses : crédits, local appartenant à une organisation juive et qui sera libéré par les Allemands,… etc. Seulement, en échange de tout cela, il faudra subir la propagande nazie et participer un jour prochain au voyage universitaire organisé par le Dr. GOEBBELS. Professeurs et étudiants français ne sont pas à vendre. Il est certain dès à présent que la nouvelle boutique hitléro-vichyssoise manquera de clients comme les précédentes ».

     

     

    * Celle ouverte à Paris dans les locaux mêmes de la Faculté de Droit devait ainsi « permettre aux professeurs et aux étudiants, élite intellectuelle de la nation et promesse d’avenir, fraternellement unis dans une convivialité de bon aloi, […] de participer plus activement à la Révolution nationale, tout en se distrayant dans un cadre spacieux et attrayant » (Abel Bonnard. Ministre de l’Éducation nationale, Grand maître de l'Université).

     

     

     

    Carte de travail au STO délivrée par la Préfecture de la Seine à un étudiant de Paris en 1943.

    11. Carte de travail au S.T.O., délivrée par la Préfecture de la Seine à un étudiant de Paris en 1943.

     

    Les Étudiants en Droit de Paris « requis du S.T.O. ». Si, pendant les deux premières années d’Occupation, entre l’automne 1940 et l’automne 1942, la Faculté de Droit de Paris connut une sorte de dénégation de la guerre, l’année universitaire 1942/1943 fut celle de sa révélation avec l’envoi forcé, par trains spéciaux, dans les usines de guerre allemandes de ses jeunes étudiants-garçons âgés de 20 à 22 ans, soit plusieurs milliers de ses étudiants, pour une durée de deux ans, en application de la loi du 16 février 1943 sur le Service du Travail obligatoire, peu important qu’ils aient ou non achevé leur année universitaire. Ces étudiants-garçons de la Faculté de Droit de Paris étaient encore en Allemagne, à l’été 1944, avec 730 000 autres travailleurs français du S.T.O. 

     

        Il s’agissait pour l’Allemagne de compenser de la sorte le manque de main d’œuvre dans ses usines de guerre dû à l’envoi d’un très grand nombre de soldats sur le front de l’Est (plus de 18 millions d’Allemands furent sous les drapeaux pendant la guerre).

     

     

     

          Son intitulé initial: « loi sur le Service Obligatoire du Travail » (SOT : ce qui est dénué d’intelligence et de bon sens), fut, en moins d’une semaine, corrigé en « loi sur le Service du Travail Obligatoire » (STO), qui ne faisait plus rire personne! 

     

    Décret du 16 février 1943 pris en application de la loi du 16 février 1943 portant institution du service du travail obligatoire (J.O. du 17 février 1943).

     

    Art. 1er.  Tous les Français et ressortissants français du sexe masculin résidant

    en France et appartenant à l’une des trois catégories suivantes:

     

    – Homme né entre le 1er  janvier et le 31 décembre 1920;

    – Homme né entre le 1er  janvier et le 31 décembre 1921;

    – Homme né entre le 1er  janvier et le 31 décembre 1922,

     

    sont astreints à un service du travail d’une durée de deux ans qu’ils pourront être tenus d’exécuter à partir de la date de publication du présent décret. Toutefois, cette durée sera réduite d’un temps égal au temps déjà passé dans les chantiers de jeunesse ou aux armées.

     

    Art. 2. Les préfets convoqueront par voie d’affiches les hommes appartenant aux catégories ci-dessus visées à se présenter entre la date de publication du présent décret et le 28 février 1943 en des lieu, jour et heure déterminés en vue du subir un contrôle de recensement. Ils les convoqueront individuellement entre la date de publication du présent décret et le 5 mars 1943 en vue de subir une visite médicale.

     

    Art. 3. Il sera remis à tout homme ayant répondu à chacune des convocations un récépissé attestant qu’il a satisfait aux obligations des articles ci-dessus.


    Art. 4. Les affectations à un emploi utile aux besoins du pays seront notifiées aux intéressés. Cette notification, qui fixera le lieu d’emploi, vaudra comme bon de transport.

     

    Art. 5. Les secrétaires d’Etat à la Justice, à l’Economie nationale et aux Finances, à l’Agriculture et au Ravitaillement, à la Production industrielle et aux Communications, à l’Education nationale, au Travail, à la Santé, et les secrétaires généraux à la police et à l’administration sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret.

     

     

     

     

     

     

    Étudiants de Paris, nés en 1920, 1921 et 1922, requis du « S.T.O.» en 1943 et 1944

    12 Étudiants de Paris, nés en 1920, 1921 et 1922, requis du « S.T.O.» en 1943 et 1944.

     

          Cette photographie d’étudiants de Paris, dans les vertes campagnes de l’Allemagne, habillés à la mode des années 1940, ne doit pas prêter à confusion.

     

     

     

     

     

     

         

              D’abord parce que nos Jeunes Messieurs, originaires du Quartier latin où ils étaient apprentis cultivateurs en règles de droit, n’avaient, bien souvent, que peu d’intérêt ou qu’un parfait mépris, tant pour les travaux agricoles que pour l’effort de guerre allemand, au grand désespoir d’ailleurs d’Abel Bonnard, le Grand maître de l’Université :

     

     

    « J’ai vu des jeunes gens partir en Allemagne qui considéraient comme leur devoir d’aller travailler là-bas. Ce qui me fait pitié c’est de voir des garçons qui considèrent ces épreuves comme une chose subie. Que voulez-vous qu’ils en tirent.

     

     

     

    Mais ceux qui, au contraire, y trouvent une occasion de montrer toute leur valeur, je vous garantis que ceux-là y auront gagné beaucoup ; ils auront peut-être perdu un an pour leurs examens (il faut avant tout ne pas perdre un an). Perdre un an pour l’examen ce sera gagner un an pour vous-même. Je vous garantis que l’on n’étudie pas seulement selon le plus ou moins d’études ou de capacité, de l’esprit, mais on étudie selon tout ce que l’on a appris.

     

     

     

    Ces services auxquels vous êtes amenés, auquel vous êtes du dehors obligés, auront un sens énorme si vous les subissez en résistant. Cette fonction sociale qui est une des conditions nécessaires du régime institué par le Maréchal, cette action sociale fera que vous serez rapprochés et mêlés avec les français des autres classes que vous ignorez et auxquels vous avez des choses à apporter et de qui vous avez des choses à apprendre » (extrait du discours prononcé par Abel Bonnard, à Vichy, le 3 mai 1943, devant les étudiants de l’UN*).

      

     

    * nota bene. Sauf erreur toujours possible, je crois que, à cette époque, l'UN se confondait ou constituait une branche de l'Union Nationale des Étudiants de France, l'UNEF (si quelqu'un peut me renseigner, je pourrais corriger ou compléter mon texte).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

           

     

           Ensuite parce que beaucoup d’entre eux étaient affectés, à Berlin, à des travaux dans des usines de guerre comme simples manœuvres (ouvriers de base de tout chantier travaillant de leurs mains et réalisant des tâches simples). Ils étaient alors hébergés, dans de vastes et sordides camps dits de travailleurs rapidement construits sur le modèle des camps de prisonniers, de concentration, et d’extermination « accueillant » déjà plusieurs millions de personnes. Toutefois, les étudiants de Paris, travailleurs à la chaîne dans les usines de la ville de Berlin ou de sa banlieue, n’enduraient pas le martyre comme en témoigne l’un d’entre eux dans une lettre adressée à ses parents, le 28 novembre 1943 :

     

    « Ne vous inquiétez pas : je me trouve bien ici. L’usine où je suis est matériellement et moralement l’une des meilleures que l’on puisse trouver : elle est moderne et saine, et la direction est sympathique aux Français. Nous sommes correctement logés, nous pouvons nous nourrir plus largement qu’en France, et surtout nous jouissons de la liberté la plus complète. […]

     

     

    Le milieu de travail dans lequel j’évolue est franchement sympathique, qu’il s’agisse des Français, des Russes, des Italiens, et même des Allemands qui voisinent ici. Entre tout ce monde, la camaraderie du travail et celle de l’exil imposent une fraternité au-delà de tout règlement. Parmi les Français, il y a quelques très bonnes individualités, et l’ensemble ne donne pas lieu à rougir de notre pays. […]

     

     

    Notre vie est bien moins dure que vous ne pouvez l’imaginer. Notre seul malheur est commun aux Français de partout : c’est que l’avenir reste fermé, que nous ne sommes pas sûrs de rentrer dans une France libre et pacifiée. Mais… il dépend un peu de nous de changer cet avenir »

     

    (source : Stéphane Israël : Les études et la guerre, les normaliens dans la tourmente. 1939-1945. Éditions Rue d’Ulm. Presse de l’École normale. Chapitre 7. L’ouvrage est en libre accès sous ce lien: https://books.openedition.org/editionsulm/673). 

     

     

     

     

     

     

     

     

         

     

          Enfin parce que nombre des étudiants en Droit de Paris, visés par le S.T.O., choisirent d’y échapper en abandonnant les bancs de la Faculté où ils étaient susceptibles d’être dénoncés aux services de contrôle du ministère de l’Éducation nationale et du Rectorat de Paris, ou du ministère de la Production industrielle (selon le professeur Georges Scelle dans un hommage en souvenir de son collègue Gilbert Gidel, décédé le 22 juillet 1958, celui-ci " Recteur de l'Académie de Paris, pendant l'Occupation, rendit d'immenses services... en empêchant la déportation pour le travail forcé de très nombreux étudiants "). Les uns se cachèrent chez des proches ou, à la campagne, chez des paysans à qui ils pouvaient servir de main-d’œuvre bon marché. Les autres rejoignirent le maquis, autrement dit la Résistance, dans diverses régions de France, notamment du sud-est (il y aurait eu entre 200 000 et 350 000 jeunes réfractaires au S.T.O. 40 000 d’entre eux auraient rejoint la Résistance). Certains quittèrent même la France pour l’Afrique du Nord et s’engagèrent dans la France Libre.

     

     

    A la Faculté de Droit de Paris, le doyen Ripert aide les étudiants à échapper au S.T.O. Les inscrivant irrégulièrement, et souvent sous de faux noms, antidatant leurs inscriptions, il les dispense de suivre les cours, lorsqu'ils sont dans la nécessité de se  dissimuler. Il les autorise à se présenter aux examens avec des papiers irréguliers et qui, en particulier, ne portent pas les cachets de recensement "  (Robert Aron, Histoire de Vichy, volume 2, p. 330, Le Livre de Poche, 1966). 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Étudiants de la Faculté de Droit de Paris de l’année 1944/1945

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    13 Étudiants de la Faculté de Droit de Paris de l’année 1944/1945 (au centre, il pourrait s’agir du Professeur Léon Julliot de la Morandière, mais je n’en suis pas certain. Quelqu’un peut-il me renseigner ?).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Libération, Épuration et Désépuration. Paris ayant été libéré dans la semaine du 19 au 25 août 1944, cette « photo de classe » correspond à la nouvelle année universitaire débutée, quelques semaines après, au mois d’octobre 1944, avant la fin officielle de la guerre, en Europe et en France, le 8 mai 1945.

     

     

        Lors de cette rentrée 1944/1945, Gilbert Gidel, toujours Recteur de l’Académie de Paris, fut, une nouvelle fois, nommé Doyen « par intérim » de la Faculté de Droit de Paris, avec pour assesseur le Professeur René Morel.

     

     

      Beaucoup des étudiants présents sur cette photographie deviendront, sous l’Épuration, avocats à la Cour, soit à titre personnel, soit comme collaborateur d’un « patron » au sein d’un cabinet déjà existant (avec interdiction d’adresser la parole aux co-associés selon un usage de l’époque). Par chance extraordinaire, nos jeunes « diseurs » de mots de Droit bénéficieront de nombreuses « causes » (affaires à plaider), et ce grâce à l’Épuration légale ou judiciaire qui prendra fin, malheureusement pour eux, avec les lois d’amnistie des années 50 qu’ils n’avaient vu venir (voir le chapitre LXIV (ou 64). Les avocats de l’Épuration, anciens étudiants en Droit de Paris).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Appel des étudiants à la manifestation du 11 novembre 1944

                 14 Appel des étudiants à la manifestation du 11 novembre 1944

     

    Une fois Paris libéré, quelques jours après la rentrée universitaire d’octobre 1944, plusieurs associations d’étudiants lancèrent un appel aux étudiants et aux lycéens de la capitale pour qu’ils défilent, le 11 novembre 1944, devant la tombe du Soldat inconnu.

     

     

     

    Participation des étudiants de Paris aux manifestations de 11 novembre 1944

    15 Participation des étudiants de Paris aux manifestations de 11 novembre 1944 (photographie de presse).

     

    C’est ainsi que de nombreux étudiants de la Faculté de Droit rejoignirent ce défilé. Ils ne s’étaient pas rassemblés de la sorte depuis la manifestation, interdite par les autorités, du 11 novembre 1940, aux Champs-Élysées et devant l’Arc de Triomphe. 

     

     

         À bientôt pour le chapitre LXII (ou 62). La Faculté de Droit de Paris sous l’Occupation (5/7) : les souffrances des Étudiants Juifs.