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    L’École de Droit de Beyrouth et René Cassin en 1930

            L’École de Droit de l’Université de Beyrouth et René Cassin en 1930. 

     

    Les Professeurs. Au premier rang, assis, de gauche à droite : Antoine Mazas, le Révérend Père René Mouterde, René Cassin, Ed. Lambert, Gabriel Bounoure, Ed. Meynial et E. James, Megib Abboussouan et Choucri Cardahi.

    Au deuxieme rang : le Révérend Père Félix Soignon, Emile Tyan, Jean Ferrand, Charles Fabia, Benoît Arene et Régis Revol.

     

    Les diplomés. Aboukater Jamil, Chammas Joseph, Accaoui Albert, Chaouy Michel, Nassif Joseph, Allouche Wadih, Farah Moussa, Oughourlian Joseph, Arege Saade Antoine, Farkouh Michel, Pourriere René Jérôme  Atallah Wadih, Ghaleb Jean, Sassine Joseph, Barsa Amin, Haddad Joseph, Sfeir Jean, Baz Jean, Khahla Joseph, Sioufi Naoum, Bellama Jamil, Kozma Farid, Sultan Camille, Bokai Mahmoud, Labaki Salah, Takieddine Khalil, Boustani Nabih, Lahoud Nazih, Trad Basile, Chalhoub Antoine, Méouchy Maroun, Vernier Clément, Chamat Bechara, Nammour Maroun, Zein (el) Ahmed el Saoue.

     

     

    L'École de Droit de l'Université de Beyrouth fut créée en 1913 sous l’impulsion du professeur Paul-Louis Huvelin de la Faculté de Droit de l’Université de Lyon (voir notre page : L’École de Droit de l'Université St. Joseph de Beyrouth, en 1920).

    Cette École de Droit accueillit, en 1930, René Cassin qui, après avoir été reçu au concours de l'agrégation de droit privé en 1920, enseigna à la Faculté de Droit de Lille, puis à celle de Paris à partir de 1929 (voir la page à venir de cette rubrique "phototèque" intitulée: Professeur René Cassin).

    Dans les premières années de sa carrière universitaire, entre 1925 et 1939, René Cassin effectua ainsi de nombreuses missions universitaires en Europe, au Moyen Orient, en Extrême Orient et en Afrique française. Pendant cette même période, il fut également membre de la délégation française de la Société des Nations à Genève (de 1924 à 1938).

    L’année 1930 où il fut invité à l’École de Droit de Beyrouth, René Cassin donna également son premier cours à l’Académie de la Haye sur la nouvelle conception du domicile dans le règlement des conflits de loi.

    Puis, René Cassin devint célèbre autant pour les très hautes fonctions qu'il a exercées (Vice-président du Conseil d'Etat de 1944 à 1960, membre du Conseil constitutionnel de 1960 à 1971, Président de la Cour européenne des droits de l'homme de 1965 à 1968), que pour son engament, dès 1940, près du Général de Gaulle pour la France Libre.

    René Cassin fut encore l'un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Le 10 octobre 1968, il reçut le Prix Nobel de  la Paix. L'année suivante, il créa l'Institut International des Droits de l'Homme, basé à Strasbourg, et devenu, par décret publié au Journal Officiel du 13 décembre 2015, une Fondation dénommée Institut International des Droits de l'Homme - Fondation René Cassin.

    Décédé le 20 février 1976, à près de 90 ans, René Cassin a été inhumé au Panthéon le 5 octobre 1987, cent ans après sa naissance.

     


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    Professeur René Cassin (photo 1930)

     

     1 René Cassin, Professeur des Facultés de Droit (photographie de l’année 1930. René Cassin est assis, au premier rang, au centre. La photographie a été prise à l’École de Droit de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth où René Cassin effectuait une mission universitaire (voir notre page: L’École de Droit de Beyrouth et René Cassin en 1930).

     

     

     René Cassin est né le 5 octobre 1887 à Bayonne, au Pays Basque, et il s’est éteint, le 20 février 1976, à Paris, à l’âge de 89 ans (il a été inhumé au Panthéon, le 5 octobre 1987, cent ans après sa naissance). 

    René Cassin a marqué notre époque contemporaine pour maintes raisons.  

     

     

     

     

    Professeur René Cassin

    2 René Cassin, à Londres, en juin 1940 : commissaire à la Justice et à l’Instruction publique.

     

     

     

     D’abord, par son engagement politique dans la France Libre, en juin 1940, auprès de Charles de Gaulle. Premier civil à se rendre à Londres, il fut commissaire à la Justice et à l'Instruction publique au quartier général de la France Libre.

     

     

     

     

     

                     Professeur René Cassin

    3 René Cassin fait Grand Croix de la Légion d'honneur par le président de la République Charles de Gaulle.

     

     

         Ensuite, par les plus hautes fonctions qu’il a exercées après la seconde guerre mondiale : Vice-président du Conseil d'État de 1944 à 1960 (à cette époque, la présidence du Conseil d’État était assurée par le chef de l’État. Aujourd’hui, elle est confiée à son Vice-président) ; membre du Conseil constitutionnel de 1960 à 1971 ; président de la Cour européenne des droits de l'homme de 1965 à 1968 ; et président du conseil d’administration de l’École Nationale d’Administration de 1946 à 1960.

     

     

     

     

                     Professeur René Cassin

    4 Éléanor Roosevelt et René Cassin, auteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme, en 1948.

     

     

     

    Enfin, pour son action en faveur des droits de l’homme comme fondateur de l'Institut International des Droits de l'Homme, représentant de la France aux nations Unies, membre de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, et rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme avec Éléanor Roosevelt, elle-même présidente de la Commission des droits de l’homme.

     

     

     

     

                 Professeur René Cassin

          5 Réception du prix Nobel de la Paix par René Cassin en 1969 

     

     

     

     C'est au titre de son engagement en faveur des droits de l'homme, tant en France qu'à l'étranger, que le Prix Nobel de la Paix lui fut attribué le 10 octobre 1969. 

     

    Tout ceci est connu et développé dans les multiples biographies qui lui ont été consacrées. Mais on oublie parfois de dire que René Cassin fut avant tout un Professeur de droit et qu’il le resta de longues années en dépit de ses multiples activités et fonctions nationales et internationales. Ces prochaines images sont donc consacrées à cet aspect moins connu de René Cassin. 

     

     

     

     

     

    Professeur René Cassin

            6 René Cassin, élève au lycée Masséna de Nice (il est assis sur la chaise).

     

     

     

    René Cassin, après avoir suivi les cours du lycée Masséna à Nice, a passé le baccalauréat, à l’âge de quinze ans, en 1903.

     

     

     

     

    Professeur René Cassin

    7 La Faculté de Droit de l’Université d’Aix-en-Provence, en 1904 (aujourd’hui, le bâtiment du quartier Saint Sauveur, rue Gaston de Saporta, est occupé par l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, surnommé « Sciences Po Aix »).

     

     

     Puis, en 1904, René Cassin, s’est inscrit en droit et en histoire aux Facultés de droit et de lettres de l’Université d’Aix.

    Il fit alors son service militaire dans l’infanterie en 1906-1907, mais il obtint une permission pour passer les examens de seconde année de sa licence en droit. Lauréat de la Faculté de Droit d’Aix et 1er prix du concours général de cette même Faculté, il quitta la Provence pour Paris afin d’y suivre une carrière de juriste : avocat ou, s’il réussissait le concours de l’agrégation de droit privé, universitaire. 

     

     

      

     

           Professeur René Cassin

                                             8 René Cassin, rédacteur au Recueil Sirey

     

     

     René Cassin s’installa à Paris, rue Corneille, près de la Sorbonne et du Panthéon. Il trouva un travail comme rédacteur au Recueil des lois et décrets, plus connu sous le nom de Recueil Sirey (fusionné avec le Recueil Dalloz en 1965).

    Du côté du barreau, il suivit son stage d'avocat auprès de Maître Gaston Mayer, un avocat au Conseil d'Etat, et prêta serment à la Cour de Paris en 1909. Il plaida fort peu.

     

     

     

           Professeur René Cassin

    9 Page de titre de la thèse de doctorat de René Cassin présentée et soutenue le 1er avril 1914.

     

     

     Du côté de l’université, René Cassin s’inscrivit en thèse à la Faculté de Droit de l’Université de Paris, sous la direction du professeur Charles Massigli. Il s’agissait d’une thèse de droit civil des obligations sur l’exception d’inexécution en matière de contrat intitulée : « De l’exception tirée de l’inexécution dans les rapports synallagmatiques (exception non adimpleti contractus) et de ses relations avec le droit de rétention, la compensation et la résolution ».

    Il soutint cette thèse le 1er avril 1914. Le président du jury était son directeur de thèse, le professeur Massigli, et les deux suffragants : les professeurs Meynial et Henri Capitant.

    Mais, conformément aux règles de l’époque, pour se présenter au concours de l’agrégation des Facultés de Droit, il dut soutenir, la même année, une seconde thèse, de taille plus réduite. Cette thèse de droit comparé était cette fois consacrée à l’intervention de l’État dans les successions (« La conception des droits de l’État en matière successorale dans les projets de Code civil suisse »).

    Les deux thèses furent couronnées par la Faculté de Droit de Paris, l’Académie de législation de Toulouse, et elles obtinrent, en 1917, le prix Saint-Paul qui récompensait la meilleure thèse de droit national.

    Mobilisé comme soldat en 1914, René Cassin ne put se présenter au concours de l’agrégation des Facultés de Droit d’octobre de cette même année.

     

     

     

     

    Professeur René Cassin

    10 René Cassin, caporal, mobilisé du 1er janvier 1914 au 1er janvier 1916.

     

     

    À peine incorporé, René Cassin fut grièvement blessé sur le champ de bataille (croix de guerre 1914-1918 avec palme). Réformé le 1er janvier 1916, il revint à la vie civile et rejoignit le Recueil Sirey où il participa notamment à la refonte du Jurisclasseur, tout en étant nommé, à compter du 1er janvier 1916, chargé de cours à la Faculté de Droit d’Aix et à Marseille. 

     

     

     

             

     

    Professeur René Cassin (gravure 1932)

     11 Le Professeur René Cassin (illustration de Mme Favrot-Houllevigue, tirée de l’ouvrage « Nos maîtres de la Faculté de Droit de Paris », préface du doyen H. Berthélémy, LGDJ, 1932. Cet ouvrage contient la biographie et la bibliographie de tous les professeurs de cette Faculté à la date d’édition avec un portrait en regard de la notice de chacun d’entre eux). 

     

    René Cassin fut reçu troisième au concours d’agrégation de droit privé et de droit criminel en janvier 1920. Il fut nommé agrégé à la Faculté de Droit de Lille, puis Professeur à cette Faculté le 1er novembre 1920. Il put ainsi enseigner le droit civil, selon ses propres mots, « dans la Faculté de Droit de la région la plus dévastée de France », quand bien même il aurait sans doute préféré retourner à la Faculté de Droit d’Aix. Il occupa son poste à Lille jusqu’en 1929, année où il fut appelé à la Faculté de Droit de Paris. Chargé de fonctions d’agrégé à cette Faculté le 1er mars 1929, il en devint Professeur le 1er mars 1930, puis Professeur titulaire de la chaire de procédure civile le 1er octobre 1931.

     

     

     

     

     

    Professeur René Cassin

                                                    12 René Cassin

     

     

     

     En dépit de ses multiples fonctions nationales et internationales, René Cassin enseigna à la Faculté de Droit de Paris une grande partie de sa vie et effectua de nombreuses missions universitaires en Europe, au Moyen Orient, en Extrême Orient et en Afrique française. Il donna également des cours à l’Institut d’Études Politiques ainsi qu’à l’Académie de la Haye, en 1930, 1951 et 1974 (d’abord sur la nouvelle conception du domicile dans le règlement des conflits de loi, ensuite sur les droits de l’homme).

     

     

     

     

                   Professeur René Cassin

    13 In Memoriam René Cassin. L’école communale de garçons René Cassin de Meyzieu en 1966 (dans ces années, les classes n’étaient pas encore mixtes !).

     

     

     Comme nous le rappelait, à sa manière, Eugène Labiche : " Dès que le cœur d'un grand homme cesse de battre, on donne son nom à une artère ". C'est ainsi qu'en mémoire de René Cassin, des voies, des écoles, des collèges et des lycées dans toute la France portent son nom.

       Pourtant des  historiens universitaires, spécialistes du XXème siècle, ont reproché à la Faculté de Droit de Paris d’être, quant à elle, bien réservée à l'égard de René Cassin (Prost Antoine et Winter Jay, René Cassin, Fayard, 2011 : « le monde universitaire semble l’avoir oublié… aucune Faculté de droit n’a organisé de colloque en sa mémoire » p. 407). Il leur fut vertement répondu par un Professeur de la Faculté de Droit d’Assas (Paris II Panthéon-Assas), directeur du Centre de recherche sur les Droits de l’homme (Document consultable et téléchargeable en free access : Emmanuel Decaux: René Cassin: entre mémoire et histoire).

      Fort heureusement, la Cour européenne des Droits de l'Homme n'a pas oublié René Cassin, puisqu'elle vient de lui consacrer une journée, le 20 janvier 2017, à Strasbourg (Journée en mémoire de René Cassin).


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    Procès de Landru (Agence Rol. Novembre 1921)

     

    1. « Mon client, Messieurs, a tué ses dix compagnes. C’est vrai ! Mais ce n’est pas un mauvais bougre, au fond. Il a eu une vie difficile l’empêchant d’être lui-même. Il est orphelin. Je n’ose pas dire qu’il est un jeune orphelin puisqu’il avait cinquante sept ans lorsque Dieu a rappelé ses chers parents. Mais songez comme il doit se sentir bien seul aujourd’hui sans aucune compagne pour le soutenir dans cette cruelle épreuve. » (Photo de l’agence Rol du procès d’André Désiré Landru, premier tueur en série français, en novembre 1921. Au premier plan, son avocat, Maître Vincent de Moro Giafferi. Derrière lui, Landru. Source : gallica.bnf.fr). 

     

     

     

     

    Le Diable (image ancienne)

     

    2. « Mon Diable, mon Diable, ce blogueur est complètement nul. Il écrit n’importe quoi. Il faut détruire son blog ! »

     

     

    NDLR : l’extrait de plaidoirie reporté sous la photo du procès Landru (photo n° 1) est une pure invention de l’auteur de ce blog qui continue à être le seul à se croire drôle. En réalité, Maître Vincent de Moro Giafferi plaida le doute puisqu’aucun des corps n’avait été retrouvé. Lors des débats, il aurait même intimé les jurés et le public à se retourner pour accueillir deux des femmes disparues. Aussitôt, toutes les personnes présentes dans la salle d’audience se retournèrent, à l’exception de Landru. Maître Moro Giafferi déclara alors qu’elles n’étaient pas convaincues de la mort de ces femmes. L’avocat général Godefroy lui répliqua que Landru lui en était convaincu puisqu’il ne s’était pas retourné. En définitive, Landru fut condamné à mort et guillotiné le 25 février 1922.


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    Étudiants préparant leurs antisèches au Jardin du Luxembourg

    Étudiants de la Faculté de Droit de Paris préparant leurs antisèches au Jardin du Luxembourg, familièrement appelé Luco (photographie circa 1950).

     

     

    Les antisèches. Jusque dans les années 2000, les antisèches papiers, aussi appelées pompes, rédigées à l'avance par des étudiants en droit sur un bout de papier dissimulé dans le code civil, la trousse, un plâtre, la chaussure ou le stylo, permettaient d'éviter de « sécher » sur un sujet d’examen.

     

    Elles sont aujourd’hui concurrencées par les Smartphones qui présentent l’avantage de ne pouvoir être consultés ou confisqués par les surveillants des salles d’examens sous peine de constituer une atteinte intolérable aux droits fondamentaux, exprimés dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 et l'article 6-1 du 1er protocole additionnel de la Convention Européenne des Droits des Étudiants (CEDE 1er avril 2018, Cheatsheet v. France, n° 309647/979). 

     


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    Étudiants de la Faculté de Droit de Montpellier 1891-1892

                                    Étudiants de la Faculté de Droit de Montpellier 1891-1892

     

     

      J’ai déjà publié dans cette rubrique photothèque une très ancienne photographie d’étudiants, avec leur professeur, de la Faculté de Droit de Paris, prise par Pierre Petit en 1880. Pour rester au XIXème siècle, voici une photographie des étudiants de la troisième année de licence de la Faculté de Droit de Montpellier de l’année universitaire 1891-1892. 

     

     

     

    Étudiants de la Faculté de Droit de Montpellier 1891-1892

                                                              Collégiens et leur maître en 1850

     

     

      Les « photos de classe » sont apparues au début des années 1860 avec les progrès techniques de la photographie ; elles se sont développées dans toutes les écoles de 1900 à 1940 ; et elles ont connu leur âge d’or entre 1950 et 1980 avec le développement de la couleur. La plus ancienne est sans doute celle de cet établissement religieux anonyme, datée de l’année 1850.

     

     

     

    Étudiants de la Faculté de Droit de Montpellier 1891-1892

                             Les écoliers et Monsieur l’instituteur de la République vers 1860

     

     

        Cette photographie de l'école rurale de Buigny-lès-Gamaches (Somme) date des années 1870. Les enfants sont encore en bottines et la citation écrite à la craie sur le tableau (Le peuple qui a les meilleures écoles est le premier peuple) est de Jules Simon, qui fut ministre de l’Instruction publique pendant la guerre de 1870.





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