• Droit et Justice: chromos anciens didactiques 13

     

     

     

     

     

    André Dupin à Anthony Thouret : - Appelez-vous Messieurs et soyez citoyens (chromo Biscuits Pernot. Imprimeur-Lithographe J. Minot. Paris. Série des Mots Historiques. Vers 1900)

     1 André Dupin à Anthony Thouret : - Appelez-vous Messieurs et soyez citoyens (chromo Biscuits Pernot. Imprimeur-Lithographe J. Minot. Paris. Série des Mots Historiques. Vers 1900).

     

     

       « Gros : qui a beaucoup de volume » (dictionnaire de l’Académie française). Ce chromo représente André Dupin (en haut de l’image), dans sa fonction de Président de l’Assemblée nationale, rabrouant le député Anthony Thouret (parfois orthographié Thouron), membre du groupe de la Gauche modérée, célèbre en raison de son obésité qui avait nécessité l’installation d’un siège spécial à l’Assemblée (le dessinateur de ce chromo, en représentant Thouret, a été bien plus clément que d’autres dessinateurs de journaux satiriques de l’époque !). Cela dit, André Dupin, lui, s’est distingué pour une autre catégorie de volume dépassant la normale. En effet, il fut l’un des plus importants Hauts Magistrats du XIXème siècle, Procureur général près la Cour de cassation sous la Monarchie de Juillet, la Seconde République, le Second Empire et la Troisième République, à ce titre confronté à des affaires légendaires comme celle du Capitaine Dreyfus.

     

        Quelle est la différence entre un gros fainéant et un gros faignant ? J’ai déjà longuement présenté André Dupin dans une précédente rubrique riche de photographies anciennes tirées sur papier albuminé (Tirage sur papier albuminé: Hauts magistrats. André Dupin 4/5: http://droiticpa.eklablog.com/tirage-sur-papier-albumine-hauts-magistrats-andre-dupin-4-5-a202568806). Aussi, par fainéantise ou faignantise, je me contenterai de ce gros résumé : 

     

       André Marie Jean Jacques Dupin, dit Dupin aîné, naquit en 1773, à Varzy, dans le Morvan. Son père, Charles André, après avoir été avocat au Parlement (1778), procureur du roi à Clamecy, conseiller au baillage et procureur-syndic de la province à Orléans, avait été élu membre de l’Assemblée législative en 1791, avant d’être emprisonné sous la Convention, puis libéré le 9 Thermidor (27 juillet 1794).  Après la fin de la Révolution en novembre 1799, Charles André Dupin, élu au Conseil des Anciens, puis au Corps législatif, invita son fils André à l’accompagner à Paris pour y faire « faire son Droit ».

      

      « Faire son Droit » à Paris après la Révolution. C’est ainsi qu’André Dupin fut d’abord clerc, en 1800, chez un avoué, puis il s’inscrivit à L’Académie de Législation, située dans l’ancienne rue Vendôme. Cet établissement, tout juste créé, remplaçait L’École de Droit de Paris, supprimée en 1793 avec toutes les universités de l’Ancien Régime. Après trois années d’études, il put s’inscrire à l’École de Droit (rebaptisée Faculté de Droit, en 1809) qui venait d’être rétablie, sous le Consulat, par une loi du 11 floréal an X (1er mars 1802). Comme le permettait cette loi, André Dupin put obtenir un certificat de dispense des enseignements déjà suivis à L’Académie de Législation. Il soutint alors sa première thèse de licence et obtint le diplôme de Licence en Droit, nécessaire pour être avocat, et, en 1806, une seconde thèse, lui conférant le diplôme de Docteur en Droit. En 1810, il se fit recevoir avocat au barreau de Paris, et devint fort connu grâce aux affaires qu’il plaida pour le compte de la famille d’Orléans et de journaux d’appartenance politique. 

     

    « Du Droit au Démon de la Politique ». Mais, comme tant d’autres gens de justice, André Dupin fut happé par la politique. C’est ainsi qu’il fut élu onze fois députés entre 1815 et 1851, et, plus encore, deux fois Président de l’Assemblée nationale (du 29 avril 1832 au 2 février 1839 ; et du 1er juin 1849 au 2 décembre 1851). Puis, le 31 juillet 1830, il fut nommé Garde des Sceaux par le Gouvernement provisoire, et, le 11 août suivant, ministre sans portefeuille, par le nouveau roi Louis-Philippe 1er, dans le premier ministère de la Monarchie de Juillet (du 11 août 1830 au 2 novembre 1830).

     

     Procureur Général près la Cour de cassation.  Moins d’une semaine après, le 17 août 1830, André Dupin fut nommé Procureur général près la Cour de cassation. Mais, le 22 janvier 1852, il démissionna de cette charge pour ne pas s'associer à la confiscation des biens de la famille d'Orléans, fixée par plusieurs décrets de Louis- Napoléon Bonaparte. Toutefois, le 23 novembre 1857, à la demande de l’empereur Napoléon III, il accepta de reprendre sa fonction de Procureur général près la Cour de cassation, fonction qu’il occupa jusqu’à sa mort, le 11 novembre 1865.

     

     

     

     

     

     L’Affaire Dreyfus : le capitaine Alfred Dreyfus (chromo Stab. E. Berardi. Milano

    2 L’Affaire Dreyfus : le capitaine Alfred Dreyfus (chromo Stab. E. Berardi. Milano. Source: Ville de Paris. Bibliothèques patrimoniales. Collections numérisées. https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/). 

     

    Cet officier français, Alfred Dreyfus, avait été victime, en 1894, d’une machination judiciaire, sans doute parce qu’il était juif. Dans ce contexte, Il fut condamné, le 22 décembre 1894, pour trahison à la dégradation militaire et à la déportation perpétuelle au bagne de Guyane par le 1er Conseil de Guerre du gouvernement militaire de Paris. Ce jugement honteux fut annulé, le 3 juin 1899, par l’arrêt des trois Chambres de la Cour de cassation, réunies sous la présidence de Charles Mazeau, Premier Président de ladite Cour (voir ma page précédente, illustrée de photographies tirées sur papier albuminé: http://droiticpa.eklablog.com/tirage-sur-papier-albumine-hauts-magistrats-1860-et-s-1-5-a201983150). 

     

    Cet arrêt de la Cour de cassation renvoya Alfred Dreyfus devant le Conseil de Guerre de Rennes, lequel, le 9 septembre 1899, à la surprise quasi générale, le condamna à dix ans de détention et à la dégradation militaire « avec circonstances atténuantes ! ». Il sera gracié, le 19 septembre 1899, par le président de la République Émile Loubet, réhabilité par un arrêt des Chambres réunies de la Cour de cassation du 12 juillet 1906, sous la présidence de son Premier Président, Alexis Ballot-Beaupré, et réintégré dans l’armée le 20 juillet 1906. Pendant la Première Guerre mondiale, Alfred Dreyfus participa aux combats du Chemin des Dames et de Verdun, et sera élevé au grade de lieutenant-colonel en septembre 1918, puis promu Officier de la Légion d’honneur le 9 juillet 1919. Il mourut le 12 juillet 1935, à Paris, à l’âge de 75 ans. 

     

     

     

     

     

     

     

     

      3 Texte intégral de l’arrêt des Chambres réunies de la Cour de cassation du 12 juillet 1906 réhabilitant le Capitaine Alfred Dreyfus (PDF).  

     

     

     

     

     

     

     

    L’Affaire Dreyfus : Ferdinand Labori (chromo Stab. E. Berardi. Milano

      4 L’Affaire Dreyfus : Ferdinand Labori (chromo Stab. E. Berardi. Milano. Source: Ville de Paris. Bibliothèques patrimoniales. Collections numérisées. https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/).

     

        Ferdinand Labori (1860-1917), avocat et bâtonnier du barreau de Paris (1911-1913), fut le défenseur du capitaine Dreyfus devant le Conseil de Guerre de Rennes, en 1899. À cette occasion, sur le quai de Richemont, le 14 août, il fut victime d’une tentative d’assassinat, une balle lui étant été tirée dans le dos.

     

     

     

     

     

    L’Affaire Dreyfus : le lieutenant-colonel Picquart (chromo Stab. E. Berardi. Milano

    5 L’Affaire Dreyfus : le lieutenant-colonel Picquart (chromo Stab. E. Berardi. Milano. Source: Ville de Paris. Bibliothèques patrimoniales. Collections numérisées. https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/).

     

         Le lieutenant-colonel Marie-Georges Picquart (1854-1914) avait découvert des preuves de l’innocence du capitaine Dreyfus et donc mis en avant la trahison de son accusateur Ferdinand Walsin Esterhazy, un officier Français, qui avait lui-même rédigé un faux bordereau pour incriminer le capitaine Dreyfus. Le lieutenant-colonel Picquart fut alors sanctionné par sa hiérarchie militaire, muté en Tunisie, traduit devant un conseil d’enquête qui le réforma pour faute grave, puis emprisonné pendant près d’un an ! Il sera réhabilité en même temps que le capitaine Dreyfus, en 1906.

     

     

     

     

     

     

     

    L’Affaire Dreyfus : Émile Zola (chromo Stab. E. Berardi. Milano

    6 L’Affaire Dreyfus : Émile Zola (chromo Stab. E. Berardi. Milano. Source: Ville de Paris. Bibliothèques patrimoniales. Collections numérisées. https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/).

     

      « J’accuse… » En 1898, Émile Zola, écrivain alors au sommet de la gloire, se lança dans la politique de manière magistrale en publiant un long article intitulé « J’accuse » dans le journal L’Aurore du 13 janvier, sous la forme d’une lettre ouverte à Félix Faure, Président de la République. Dans cette très longue lettre restée célèbre, il défendait la thèse d'une machination judiciaire qu'il qualifiait d'erreur judiciaire, montée par l'état major de l'armée française dans le cadre d’un procès faussé et partial ayant condamné le capitaine Dreyfus. 

     

     

     

     

     

    7 Texte intégral de la lettre d’Émile Zola à Félix Faure, Président de la République, le 13 janvier 1898 (PDF).

     

      De la postérité... À la fin de sa lettre, Émile Zola mit en cause nommément plusieurs militaires qu’il accusait d’avoir été à l’origine ou de s’être rendus complices de l’erreur judiciaire dont fut victime le capitaine Dreyfus. Ces personnes furent bientôt intégrées dans le Livre d’Or des célébrités contemporaines, édité par la Cie du Chocolat Guérin-Boutron, pour doper ses ventes auprès des enfants à la fois collectionneurs de chromos et amateurs de gourmandises à base de pâte de cacao, de beurre de cacao et de sucre (ce Livre avec plusieurs centaines de chromos de personnes célèbres est en accès libre et gratuit sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France, sous ce lien: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10548944w.item#)

     

     

     

     

    Général Mercier, ancien Ministre (chromo Chocolat Guérin-Boutron. Livre d’or des célébrités contemporaines. Impression photomécanique. Circa 1900

    8 Général Mercier, ancien Ministre (chromo Chocolat Guérin-Boutron. Livre d’or des célébrités contemporaines. Impression photomécanique. Circa 1900).

     

    « J'accuse le général Mercier de s'être rendu complice, tout au moins par faiblesse d'esprit, d'une des plus grandes iniquités du siècle » (Émile Zola). 

     

     

     

     

     

    Général Billot (chromo Chocolat Guérin-Boutron. Livre d’or des célébrités contemporaines. Impression photomécanique. Circa 1900

    9 Général Billot (chromo Chocolat Guérin-Boutron. Livre d’or des célébrités contemporaines. Impression photomécanique. Circa 1900).

     

    « J'accuse le général Billot d'avoir eu entre les mains les preuves certaines de l'innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de s'être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver l'état-major compromis » (Émile Zola).

     

     

     

     

     

    Général de Boisdeffre (chromo Chocolat Guérin-Boutron. Livre d’or des célébrités contemporaines. Impression photomécanique. Circa 1900

    10 Général de Boisdeffre (chromo Chocolat Guérin-Boutron. Livre d’or des célébrités contemporaines. Impression photomécanique. Circa 1900).

     

     « J'accuse le général de Boisdeffre (chef d’État-Major général de l’Armée de 1893 à 1898) de s'être rendu complice du même crime (crime de lèse-humanité et de lèse-justice)…, sans doute par passion cléricale » (Émile Zola).

     

     

     

     

     

     

    Le colonel Picquart (debout à droite), disant au genéral Gonse (assis à gauche) : - Je n’emporterai pas ce secret dans la tombe

     11 Le colonel Picquart (debout à droite), disant au genéral Gonse (assis à gauche) : - Je n’emporterai pas ce secret dans la tombe (pochette de papier à cigarette à rouler illustrée d’une scène de l’entrevue du colonel Picquart avec le général Gonse. Procédé photomécanique. Chromo ? ND).

     

    « J'accuse le général Gonse de s'être rendu complice du même crime (crime de lèse-humanité et de lèse-justice)… peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l'arche sainte, inattaquable …

     

    …. J'accuse enfin le premier conseil de guerre d'avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j'accuse le second conseil de guerre d'avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d'acquitter sciemment un coupable. » (Émile Zola).

     

     

       Au verso de ce chromo publicitaire didactique figure un résumé non partial de l’Affaire Dreyfus, entre 1894 et 1899 (le monde des affaires de l’époque se partageait, comme tout le monde, entre dreyfusiens et anti-dreyfusiens, d’où des réclames publicitaires tantôt dreyfusiennes, tantôt anti-dreyfusiennes). En voici le texte :

     

     

    L’Affaire Dreyfus en moins de 400 mots. En 1894, à la place du traître Esterhazv, auteur avoué du Bordereau*, le capitaine Dreyfus fut, à l'unanimité, condamné à la dégradation et à la déportation perpétuelle grâce à de fausses pièces secrètement communiquées aux juges par le général Mercier. En 96, Bernard Lazare proclame, dans une brochure, l'innocence du condamné. Entre temps, le colonel Picquart, découvrant le " petit bleu " démasque Esterhazy, ami du colonel Henry. En octobre 97, Bernard Lazare prouve graphologiquement l'innocence de Dreyfus. Le banquier Castro transmet à Mathieu Dreyfus l'écriture d'Esterhazy, lequel est dénoncé, pendant qu'intervient Scheurer Kestner. Poursuivi, Esterhazy est acquitté, en janvier 98. Zola accuse le Conseil de Guerre d'avoir acquitté par ordre. Condamné deux fois en Cour d'assises, Zola s'exile. En juillet, Cavaignac produit a la tribune des documents accusant Dreyfus. Picquart les argue de faux ; on l'incarcère. En août, Henry s'avoue faussaire et se coupe la gorge. Esterhazy s'enfuit. Mme Dreyfus réclame la révision du procès de son mari ; les efforts de Brisson porte l'affaire en Cassation. Trahi par Chanoine, Brisson tombe, tandis que Zurlinden inculpe Picquart de falsification du " petit bleu ". La Chambre criminelle saisie, entend impartialement tous les témoins. Aucun ne démontre Dreyfus coupable. Dupuy dessaisit la Chambre criminelle. Le Figaro publie les dépositions intégrales. Les illégalités de 94, la connivence de l'État Major et d'Esterhazy l'innocence de Dreyfus éclatent. En juin 99, la Cour de cassation, toutes chambres réunies, décide à l'unanimité la révision. Esterhazy se reconnaît l'auteur du Bordereau*. Du Paty de Clam est arrêté, Picquart libéré, Dreyfus ramené de l'île du Diable devant 1e Conseil de guerre, à Rennes. Pendant le procès, on essaie d'assassiner Labori. Enfin, le 9 septembre 99 cinq officiers, contre deux juges, déclarent Dreyfus coupable, avec circonstances atténuantes, d'avoir livré les notes du Bordereau* et le condamnent à 10 ans de détention. Dix jours après, le Gouvernement met Dreyfus en liberté, en attendant que la Cour Suprême prononce le dernier mot de la Justice.

     

     Tire-l’œil. L’original de cette description d’une partie de l’Affaire Dreyfus au verso de l’image mentionne, à trois reprises, le mot Bordereau en le gratifiant chaque fois de la lettre B majuscule pour rappeler que le commerce à l’origine de cette image didactique est la société « Le Papier du Bordereau »… un papier à cigarettes à rouler extra léger antiseptique et antinicotinique !

     

     

     

     

     

     

    Le commandant Ferdinand Walsin Esterhazy (illustration extraite de l’ancien journal satirique britannique Vanity Fair, du 26 mai 1898)

    12 Le commandant Ferdinand Walsin Esterhazy (illustration extraite de l’ancien journal satirique britannique Vanity Fair, du 26 mai 1898).

     

     

       With my all apologies (en français : avec toutes mes excuses). Chers visiteurs, pour conclure cette courte série de chromos consacrés à l’Affaire Dreyfus, voici un dessin représentant Esterhazy qui en est à l’origine par ses mensonges. Sauf erreur, il ne s’agit pas d’un chromo. En effet, je n’ai pu en trouver en mettant sur le moteur de recherche de mon ordinateur les deux mots : Esterhazy/chromo. Aussi, faute de mieux, j’ai pensé que ce dessin plein de couleur pourrait quand même « faire l’Affaire...Dreyfus ». Issu d’un journal satirique britannique, il rappelle au moins que l’Affaire Dreyfus a été la source de nombreuses caricatures dans les journaux français et étrangers, y compris de Russie et d’Amérique ! (voir le livre de John-Grand Carteret : L’Affaire Dreyfus et l’Image, 266 caricatures françaises et étrangères, Flammarion, éditeur. 1898. Ce livre est en accès libre et téléchargeable sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France, sous ce lien:

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72898n.texteImage)

     

     

     

     

     

     

    Thérèse Humbert lors de son procès devant la Cour d’assises de Paris, le 13 août 1903 (chromo non publicitaire sous forme de carte postale)

    13 Thérèse Humbert lors de son procès devant la Cour d’assises de Paris, le 13 août 1903 (chromo non publicitaire sous forme de carte postale).

     

     

                 Çà dura pendant vingt années

                 Grâce au concours des magistrats

                 Qui, piétinant dans le fatras

                 De procédures surannées

                 Tinrent la main à ces escrocs

                 Au détriment des bons gogos.

     

     

      L’Affaire Humbert-Crawford : un vaudeville à la française. Voici un joli chromo de septembre 1909 (date du cachet de poste au verso) relatant la merveilleuse affaire Humbert-Crawford qui fit hurler de rire le monde entier. Il représente l’audience du 13 août 1903 de la Cour d’assises de Paris lors du procès de Thérèse Humbert, la reine de l’escroquerie, et de ses complices – ses deux frères et sa sœur ainsi que son mari Frédéric. En deux mots, par ses mensonges, cette fille d’agriculteur réussit à se faire passer pour l’une des plus riches héritières de France et emprunter des millions de francs auprès de nombreux « pigeons » à qui elle faisait croire qu’elle allait bientôt hériter de sommes colossales et donc pouvoir les rembourser ! Ayant bien amusé une partie des jurés, par ses propos caustiques à la barre, elle s’en sortit avec une condamnation à seulement cinq années de prison.

     

       Pour en savoir plus sur l’Affaire Humbert, je vous invite à lire cet article, riche en images, publié le mardi 9 février 2021 dans l’édition du soir du journal Ouest France, en libre accès gratuit sur la toile avec ce lien:

     https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2021-02-09/qui-etait-therese-humbert-la-reine-de-lescroquerie-62e7cb26-17bd-4df2-a0f5-f9d7987ac625

     

     

     

     

     

     

     

     Graine de Poilus (chromo parodique. 1914 ?).

                                                14 Graine de Poilus (chromo parodique. 1914 ?).

     

                        À tous les casques épointés,

                       Joffre ce pot de confiture,

                       C’est excellent pour la santé

                      Des gens de la Kulture !

                      Prends en Wilhelm, mon empereur

                      On dit que ça porte bonheur…

     

     

        La fin des Petits chromos et le début de la Grande guerre. Ces affaires célèbres, dont les derniers procès eurent lieu, en 1903 (affaire Humbert) et en 1906 (affaire Dreyfus) marquent encore la disparition progressive du procédé de la chromolithographie (nos chromos), jusqu’alors utilisé par les nouveaux commerces de la Belle Époque pour fidéliser leurs clients par le biais de leurs enfants. En effet, les derniers chromos édités datent quasiment de l’année 1914 et sont évidemment consacrés aux prémices de la Première guerre mondiale. En voici deux amusants qui mettent en scène des enfants, sans deviner que beaucoup d’entre eux ne reverront jamais leur père et grands frères partis sur le front. 

     

     

     

     

     

     

     

    La Guerre, l’exercice (chromo Phosphatine)

                                                   15 La Guerre, l’exercice (chromo Phosphatine).

     

     

    Alerte ! Qui va là ! C’est l’armée ennemie !

    J’entends des pas pesants derrière le rempart.

    Ils espéraient surprendre une ville endormie

    Et nous percer de part en part !

    Toi, colonel Lili, tu seras l’aile droite !

    Toi, capitaine Paul, d’une façon étroite

    Surveille la gauche ! Moi

    Votre général, votre roi,

    Je soutiendrai le centre, et Lucien, je le crée

    Chef de la réserve sacrée.

    Surtout, n’oubliez pas

    Que, si d’un ennemi vous voulez le trépas,

    Il faut le frapper entre la ceinture

    Et la figure.

    Tout autre coup est nul ; on n’en fait pas de cas.
    Celui qui l’a porté s’engage

    À donner aussitôt un gage.