• Du droit des écoliers à une libre tenue

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

    1. Un écolier en uniforme sous le Second Empire. 1852-1870. (photo CDV L. Daillon à Paris. Circa 1865). 

     

       La rentrée scolaire 2023/2024 a été quelque peu ébranlée par les déclarations alarmistes, désordonnées et, parfois, contradictoires du président de la République, de la Première ministre, et du nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, dans les médias et les réseaux sociaux. Je vous renvoie à ma précédente page concernant notamment le port de l’abaya et du qamis par des jeunes élèves Arabo-musulmanes, et la suppression envisagée de 15 jours de vacances scolaires d’été pour les enfants en difficultés :

    http://droiticpa.eklablog.com/du-droit-des-ecoliers-a-la-paresse-11-15-a-bas-la-rentree-a214714361

     

     

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    2. Un écolier en blouse sous le Second Empire. 1852-1870. (photo CDV Circa 1865).

     

     Je vous propose, aujourd'hui, de revenir, en images et cartes postales anciennes (ICPA), sur une autre question: celle récurrente de l'uniforme aussi appelé tenue unique, voire de la blouse aussi appelée tablier, dans nos établissements d'enseignement. 

     

     

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    3. Trois frères en uniforme scolaire sous la Troisième République. 1870-1940 (photographie. Circa 1900).

     

      Le précédent ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, s’y était opposé, sur France Info, le vendredi 9 décembre 2022. À la question « Faut-il imposer l'uniforme à l'école ? », il avait répondu être « opposé à une loi qui viendrait plaquer ou imposer des tenues pour l'ensemble des élèves… ». Et de rappeler que « rien n’empêche aujourd’hui tel établissement d’imposer une tenue scolaire, y compris dans le public », précisant : « Ça se fait en Outre-mer par exemple, de façon complètement généralisée ».

     

     

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       4. Souvenirs d’une Première Dame de France (photographie. Circa 1900).

      

     Le 11 janvier 2023, l’épouse du président de la République, Brigitte Macron, dans un entretien au Parisien, s’était au contraire dite favorable au port de l’uniforme à l’école : « J'ai porté l'uniforme comme élève : 15 ans de jupette bleu marine, pull bleu marine. Et je l'ai bien vécu. Cela gomme les différences, on gagne du temps - c'est chronophage de choisir comment s'habiller le matin - et de l'argent - par rapport aux marques. Donc je suis pour le port de l'uniforme à l'école, mais avec une tenue simple et pas tristounet ».

     

     

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    5. Un écolier en uniforme sous la Seconde République (gravure. Circa 1850).

     

      " Une, deux ! Gauche, droite ! ". Le lendemain, 12 janvier 2023, le Rassemblement National dans le cadre de sa « Niche Parlementaire », a profité de la déclaration informelle de l’épouse du président de la République pour présenter une proposition de loi n° 254, « ayant pour objet d’instituer dans les écoles et les collèges publics le port d'une tenue uniforme aux couleurs de l'établissement scolaire, sa nature (tissu, coupe, couleur, etc.), étant définie par les instances de l’école ou du collège en lien avec la communauté éducative ». 

        Ce texte a été rejeté, en soirée, par l’Assemblée nationale.

     

     

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    6. Une école publique rurale de garçons en blouse et sabots sous la Troisième République (photographie de classe. Circa 1900). 

     

      Le 27 juillet 2023, le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, dans le journal du Midi Libre, s’est montré favorable au port de l’uniforme dans les établissements scolaires qui le souhaiteraient, tout en ajoutant qu’il ne croyait pas que cette solution puisse régler tous les problèmes.

     

    Mise à jour du 11 décembre 2023. Des médias d’information (ou de communication ?) ont annoncé, aujourd’hui, que le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, avait décidé de mettre en œuvre l’expérimentation sur l’uniforme dans les écoles, collèges et lycées, en 2024, dès le printemps ou à la rentrée de septembre, et cela dans diverses collectivités volontaires. Le mode d’emploi devrait être communiqué par le ministre en fin de semaine ! 

     

             Les petits sabots des petits Bretons s’en vont à l’école… (Les Petits Sabots,           musique et paroles de Théodore Botrel, 1902).

            Les petits sabots des petits Bretons,
            Petites Bretonnes,
            Chantent des chansons en différents tons
            Jamais monotones :
           Toc, Toc
           Petits sabots, chantez, chantez
           Toc, Toc
           Comme des sabots enchantés !
           Toc, Toc, Toc, Toc,
           Oh ! oh ! oh ! oh !
           Chantez, petits sabots !

           Les petits sabots des petits Bretons
           S'en vont à l'École ;
           Ils dansent en rond, les jours de Pardons
           Une ronde folle :

     

           Toc, toc,
           Petit sabots, dansez, dansez
           Toc, toc.
           Au rythme des chants cadencés
           Toc, toc, toc, toc,
           Oh ! oh ! oh ! oh !
           Dansez, petits sabots !

          Les petits sabots des petits Bretons
          Une fois l'année
          S'alignent en rang, devant les tisons,
          Dans la cheminée :
          Toc, toc,
          Petit sabots, jamais déçus,
          Toc, toc
         « Espérez » le petit Jésus !
         Toc, toc, toc. toc.
         Oh ! oh ! oh ! oh !

     

     

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    7. Écoliers de Paris dans les années 1960/1970 : vers la fin de ce vent de liberté ? (cartes postales illustrées par Michel Thomas [1937-2004], auteur de célèbres séries de dessins représentant les Gamins de Paris ou Petits Poulbots). 

     

    « Liberté, liberté, les héros sont fatigués. Depuis des milliers d’années, tu sais, toute leur vie ils l’ont cherchée » (refrain de la chanson Liberté, Liberté des Poppys de l’année 1972). J’ignore ce que l’avenir réservera à nos jeunes écoliers des villes et des campagnes. Je rappelle simplement que les écoles, collèges et lycées publics ont toujours été parfaitement libres d’imposer dans leur règlement intérieur le port de l’uniforme ou de la blouse avec ou sans sabots (le port de l’uniforme n’a été obligatoire, au niveau national, que lors de la création des lycées publics de garçons par une loi du 1er mai 1802).

     Toutefois, depuis la fin des années sixties dites « yéyé », nos jeunes élèves ne portent plus guère de blouses et encore moins d’uniformes dans les établissements scolaires publics, sauf rares exceptions (par exemple, dans les lycées de la Défense, autrefois connus sous le nom de lycées militaires, ainsi que dans les lycées primaires et secondaires de la Martinique et de la Guadeloupe).

     

     

       

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    8. Écolier avec un signe religieux interdit, depuis 2004, dans les écoles publiques (Photographie CDV Bastier à Limoges. 1880). 

     

     Cependant, cette liberté n’est pas absolue puisque « Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit… » (art. L. 141-5-1, al. 1 du Code de l’Éducation, issu de la loi n° 2004-228 du 15 mars 2004). Dans ce cas, les élèves concernés peuvent toujours rejoindre des établissements privés religieux qui, eux, ne sont pas soumis à cette règle.

     

     

     

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    9. Pinocchio fait l’école buissonnière… en libre tenue multicolore (Pinocchio. Film de Walt Disney. 1940).

     

     Par ailleurs, le port de certains vêtements jugés inconvenables et indécents peut toujours être interdit dans toutes sortes d’établissements scolaires, aussi bien publics que privés. Tout est alors question d’appréciation suivie de discussions parfois difficiles entre les responsables des établissements et les élèves concernés et/ou leurs parents. Les exemples sont variés et ils changent en fonction de la mode : en ce moment, jeans troués aussi nommés jeans à trous, sneaker LED lumineuses, etc. (les médias ont relayé, le 29 septembre dernier, la décision de la direction d'un lycée privé du XVIIIème arrondissement, de ne plus accepter, pour leurs élèves, dans un souci de simplification, le port de la jupe ou de la robe, afin de ne plus avoir à discuter de leur longueur ou transparence). 

     

     

     

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    10. Un Premier de classe d’une école publique de Bretagne ayant trouvé la distribution des prix un peu longue.

     

     

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                                      11. Écoliers en blouse sarrau* et… béret.

                   *Le sarrau est une blouse d’écolier, boutonnée dans le dos. 

                Sac au dos, comme un bon soldat 

                Qui s’en va pour livrer bataille, 

                Un sarrau lui prenant la taille 

               Le petit écolier s’en va 

    (Marie Cassabois. Les chants de l’écolier. L’aéroplane ; Edouard Privat. Toulouse. 1934, p. 9). 

     

     

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    12. Rentrée des classes en blouse libre, sans béret, ni casquette (ancienne gravure de presse. Journal L’Illustration européenne, sous-titré : Journal international de la famille, actif de 1870 à 1914).

     

     

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                               13. Écolier sans uniforme, ni blouse (photo. 1914).

     

     

     

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    14. « À chaque jour suffit sa tâche ! »… sans blouse, c’est bien fait ! (CPA illustr. Tom).

     

     

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    15. La mode de la Rentrée des Classes dans les années 1920 (Journal Floréal. Ed. hebdomadaire dont les cinq années de 1920 à 1923 sont en libre accès sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France).

     

    « Tablier serge noir, forme kimono, garni de ruban ciré noir. Poches aux côtés.

    Tablier noir en serge fine, garnis de 2 plis plats de chaque côté du devant et dos. Ceinture de cuir verni. Double poche aux côtés.

    Costume de garçonnets lainage marine. Veste bouffante ouverte sur un plastron blanc. Culotte courte avec larges poches apparentes.

    Petit tailleur de fillettes ratine havane et bleu. Robe plissée montée sur un empiètement plat à manches longues. Veste en tissu uni et quadrillé. Large cache-nez en pareil.

    Manteau de fillette duvetine belge. Col écharpe en peluche noire, ramené au côté droit. Dos vague en forme. Devant garni d’une pièce découpée partant des épaules et venant se boutonner au bas pour former poche. »