• Jeux d’enfants du temps passé en chromos (19/30)

     

     

    Jeux d’enfants du temps passé en chromos (19/25)

    117 La Construction et la Boîte à Ouvrages (Chromolithographie Chocolat du Planteur, LES JOUETS MODERNES).

     

     Le jeu de construction, constitué d’éléments préfabriqués en bois que les enfants assemblent en suivant les conseils d’un mode d’emploi, n’est sans doute pas un jouet moderne ou récent de la fin du XIXème siècle. À cette époque, il connut surtout un grand essor avec son amélioration par l’ingénieur viennois Johann Korbuly (1860-1919). En effet, celui-ci parvint à stabiliser les blocs de construction en bois qui, jusqu’alors, s’effondraient au grand désespoir des petiots apprentis constructeurs, en y perçant des trous et en les reliant fermement avec des baguettes. Cette invention, dite Kit de construction en bois Matador (toujours en vente en 2024), révolutionna le travail des enfants en leur permettant de démonter et remonter à l’infini leurs constructions tout en les modifiant au gré de leur imagination.

      Depuis, au fil des années, sont apparus des jeux de construction en pièces métalliques (Meccano), en plastique (Lego, Playmobil, K’nex, Nanoblock…), et même, pour les bébés d’aujourd’hui, en silicone, une matière plus écologique que le plastique. Leur succès n’entraîna pas pour autant la disparition des jeux de construction en bois, puisque ceux-ci sont revenus à la mode depuis les dix dernières années.

     

     Quant aux fillettes, dès leur plus jeune âge, elles préfèrent aux jeux de construction, la boîte à ouvrages comportant tout le nécessaire (ciseaux, bobines de fils colorés, boutons, dés à coudre, aiguilles, passe-fils, épingles à nourrice, coussin à épingle, mètre ruban enrouleur…), pour réaliser leurs premiers travaux de couture.

     

     

    Jeux d’enfants du temps passé en chromos (19/25)

    118 La Ferme (Chromolithographie Chocolat du Planteur, LES JOUETS MODERNES).

     

      Ce chromo des années 1890-1900 représente deux jeunes citadins jouant avec les maquettes d’une ferme et de ses animaux. À cette époque, l’ancienne France, « immense paysannerie », bien que confrontée à l’exode rurale des paysans à destination des villes et à la révolution industrielle, comptait encore 43,8% de personnes vivant de la terre (recensement de 1906).  Aussi la ferme constituait-elle pour les jeunes écoliers de la République, campagnards ou citadins descendants de paysans, un style de vie à respecter.

      G. Bruno, l’auteur du grand chef d’œuvre de la littérature pédagogique française, Le tour de la France par deux enfants (édition Belin, 1ère édition, 1877. Plus de 8 millions d’exemplaires vendus à ce jour), le rappela aux petits frères, André et Julien, dans ces deux chapitres :

     

    XLII. — Une ferme bien tenue. — Hygiène de l'habitation. Sans air pur et sans soleil, point d'habitation saine; sans habitation saine, point d'homme qui puisse conserver sa vigueur et sa santé.

    — Julien, dit M. Gertal lorsqu'on eut bien dîné, viens avec moi à la ferme où je dois acheter vos poulardes de Bresse ; tu aimes l'agriculture, tu vas voir une ferme bien tenue.

    Julien enchanté se leva de table avec André. On arriva dans une cour de belle apparence. A l'entrée deux grands arbres, un prunier et un cerisier, donnaient en été leur ombrage et leurs fruits. Un banc de pierre sous une tonnelle indiquait que la soir on venait souvent s'y reposer des travaux de la journée.

    — Oh ! la belle cour, Monsieur Gertal ! comme elle est grande ! dit Julien. C'est égal, il y a une chose qui m'étonne, c'est de ne point voir, au milieu, ces beaux grands tas de fumier qui indiquent qu'il y a bien des bêtes à la ferme. Pourquoi donc ?

    — Oh ! oh ! petit Julien, dit le patron en souriant, ne devines-tu pas que ces beaux grands tas de fumier dont tu parles empestent l'air et peuvent même causer des maladies pendant l'été ? Sans compter que le meilleur du fumier, le purin, se trouve ainsi perdu, s'écoulant en ruisseaux infects le long de la cour et corrompant l'eau des mares où boivent les bêtes. Au lieu de cela, vois quelle jolie cour bien nivelée !

    — C'est vrai, Monsieur Gertal, dit Julien : la cour et la ferme ont si bon air que cela donne envie de vivre ici.

    — Elles n'étaient pas ainsi autrefois ; c'est le fermier lui-même qui a planté ces arbres, aplani le terrain de la cour en y apportant des tombereaux de terre et du cailloutage. C'est un homme avisé et instruit : il a été élevé dans une de nos grandes Ecoles d’agriculture, celle de la Saussaye, qui n'est pas loin d'ici. Il connaît ce que réclame l'hygiène de l'habitation ; aussi a-t-il eu soin de creuser la fosse à fumier loin de la maison ; dans une autre fosse, couverte et cimentée, se rend, par des canaux, le purin des étables, le plus précieux des engrais. Chaque jour on conduit dans les prairies quelques tonneaux de ce purin étendu d'eau, qui sert à les arroser ; il suffit à lui seul à fumer un hectare entier.

     On entra dans la ferme, et Julien, tout en souhaitant le bonjour à la fermière, s'émerveilla de trouver la maison si claire et si gaie. Par deux fenêtres ouvertes au sud, les rayons du soleil pénétraient librement dans la pièce.

    — Vois, dit M. Gertal, la lumière entre à plein ici. Autrefois, il n'y avait qu'une fenêtre au nord ; elle a été murée, et le fermier en a percé deux autres au midi.

     — C'est donc malsain, les fenêtres au nord, M. Gertal ?

    — Ce qui est malsain, Julien, ce sont les maisons froides et humides, et elles sont plus malsaines encore pour le travailleur que pour tout autre : quand il a sué et peiné au grand soleil, s'il rentre dans une maison fraîche, il se refroidit brusquement et s'expose aux fluxions de poitrine ou aux douleurs. Or une maison est ordinairement froide, humide et sombre, quand elle n'a d'ouverture que par le nord. Celle-là était ainsi naguère, et encore les fermiers n'ouvraient même pas la seule fenêtre qui pût leur donner de l'air ; à présent le soleil éclaire, réchauffe et dessèche la maison. En hiver, chacun s'en réjouit ; en été, la vigne, qui s'avance en tonnelle au-dessus des fenêtres et de la porte, fait un peu d'ombre qui agrée. Avec la lumière et le bon air, c'est la santé qui entre dans une maison.

     

    XLIII. — Une ferme bien tenue (suite). — La porcherie et le poulailler. Dans la culture, le travail n'est pas tout ; il faut l'intelligence. Tandis que la fermière allait choisir les volailles au poulailler, M. Gertal continua de faire avec nos amis le tour de la ferme. On visita les étables spacieuses ; on admira l'écurie proprement tenue. En passant devant la porcherie, où dormaient de beaux porcs de Bresse, race perfectionnée, Julien fut bien surpris de voir l'habitation des porcs non moins soignée et propre que le reste de la ferme.

    — Tout de même, dit-il, c'est se donner de la peine à plaisir que de tenir si proprement des bêtes que chacun sait aimer la saleté.

    — Vraiment, Julien, tu crois cela ? dit M. Gertal.

    — Dame, Monsieur Gertal , on dit toujours : sale comme un porc. C'est sans doute parce que les porcs aiment le fumier.

    — Eh bien, petit Julien, c'est une erreur. De tous les animaux, c'est le seul qui prenne soin de ne pas salir sa litière quand on la lui tient propre. Il adopte alors un coin écarté où il va déposer ses ordures, tant il craint de gâter sa litière.

    — Quoi, c'est vrai, cela, Monsieur Gertal ? dit Julien avec surprise. Eh bien, je vous assure que je ne l'aurais jamais cru.

    — Mais, dit André, il n'en est pas moins certain que les porcs se vautrent dans la boue tant qu'ils peuvent.

    — Les porcs mal soignés, André, ceux qu'on ne mène pas se baigner chaque jour.

     — Comment, dit Julien, on mène les porcs se baigner ?

    — Oui, mon ami, ceux qui veulent tirer un bon revenu du porc ne manquent point de le conduire chaque jour à quelque ruisseau quand ils n'ont pas chez eux d'eau suffisamment propre ; car le porc est sujet aux maladies de peau, et la propreté l'en exempte toujours.

    — Est-ce que c'est un bon profit d'élever des porcs ?

    — C'est l'un des meilleurs quand on s'y prend bien ; seulement, là comme partout, il faut du soin. Quand une fermière n'est pas propre, soigneuse, intelligente, elle ne gagne rien là où une autre s'enrichit. Si la valeur de l'homme fait celle du champ, rappelle-toi, Julien, que c'est celle de la femme qui fait la prospérité du logis.

    De la porcherie, on alla rejoindre la fermière au poulailler ; les enfants s'étonnèrent de voir combien toutes les bestioles de la fermière étaient peu sauvages. Les petits poulets couraient au-devant de la ménagère, le coq lui-même s'empressait autour d'elle, poussait un cocorico joyeux pour appeler toutes les poules.

    — Voyez-vous, dit la fermière, ce sont des gourmandes, et je les gâte un peu, car il est impossible de bien élever la volaille si elle est trop sauvage.

    En même temps, elle leur jeta une poignée de graines, et toute la troupe se précipita pour en faire son profit. C'était plaisir de se promener dans la cour du poulailler, tant elle était bien tenue.

    — Mais aussi, dit la fermière, tous les jours, sans en excepter un seul, la cour est balayée avec soin ainsi que le poulailler. Les nids et les perchoirs sont nettoyés, l'eau est renouvelée dans l'abreuvoir : c'est pour cela que tout ce petit peuple se porte bien et prospère. Ecoutez comme mes pondeuses chantent joliment.

    On entendait en effet tout un ramage à côté des nids : le coq de loin faisait la basse, la voix aiguë des jeunes poulettes lançait à plein gosier ce joyeux chant de triomphe qui fait que la venue d'un œuf est une fête pour tout le poulailler. La fermière choisit vingt et une poulardes parmi les plus fines : elle était bien aise d'en vendre d'un seul coup une si belle quantité, et elle les laissa à un prix avantageux. Tout allait donc bien ; aussi notre ami Julien, en partant pour Mâcon, faisait des rêves d'or. 

     

     

    Jeux d’enfants du temps passé en chromos (19/25)

    119 La Layette (Chromolithographie Chocolat du Planteur, LES JOUETS MODERNES).

     

    « Avec quelle joie (...) la jeune femme ne prépare-t-elle pas la layette du nouveau-né même point encore né, souvent confectionnant elle-même les brassières et les bonnets de dessous ! » (MallarméDern. mode,1874, p. 813). 

     

     Le mot layette désignait jusqu’au XVIIIème siècle un tiroir d’armoire ou un petit coffre dans lequel on rangeait des papiers ou des vêtements. Mais, au fil des ans (et aujourd’hui encore), par extension, la layette a désigné l’ensemble du linge et des vêtements destinés aux nouveau-nés : bodies, pyjamas, brassières en laine, gants, bonnets, chaussons ou chaussettes, gigoteuses, bavoirs…

    Aussi, comme le représente ce chromo des jouets modernes des années 1890-1900, les petites filles de l’époque (et celles d'aujourd'hui) aimaient-elles confectionner, réparer et repasser les vêtements de leurs poupées. 

     

     

     

    Jeux d’enfants du temps passé en chromos (19/25)

    120 La Ménagerie (Chromolithographie Chocolat du Planteur, LES JOUETS MODERNES).

     

     Autrefois le mot ménagerie désignait un lieu bâti auprès d’une maison de campagne pour y nourrir et élever des bestiaux, des volailles, des lapins… Puis, ce mot a servi à évoquer un lieu où l’on rassemble des animaux étrangers et rares (ex. : Ménagerie du Jardin des Plantes), ainsi qu’une collection ambulante d’animaux en cage que l’on montre de foire en foire ou dans un cirque ambulant.

       Mais, comme le montre ce dessin d’une maquette d’une grande ménagerie d’un cirque, les enfants peuvent, grâce à ce jeu, libérer les animaux sauvages (lion, éléphant, tigre, girafe, hippopotame), et jouer sans risque avec chacun d’eux.

     

     

    Jeux d’enfants du temps passé en chromos (19/25)

    121 La Panoplie (Chromolithographie Chocolat du Planteur, LES JOUETS MODERNES).

     

      La panoplie a tout d’abord désigné l’armure complète d’un chevalier au Moyen Âge. Puis, par extension, la panoplie a désigné un jouet d’enfant composé d’un déguisement et d’accessoires lui permettant de se transformer en personnage réel ou imaginaire comme un pompier, un chasseur, un pirate, un policier, un cow-boy, un indien, et, évidemment, un soldat ou un officier de l’armée.

     Ce chromo du Chocolat du Planteur, édité dans les années 1890-1900, ne pouvait  pas représenter des panoplies de soldats des Première et Seconde Guerre mondiales. Il se limitait donc à celles de soldats de l’armée napoléonienne, des guerres coloniales ou des années 1870.

     

     

    Jeux d’enfants du temps passé en chromos (19/25)

    122 La Pêche à la Ligne (Chromolithographie Chocolat du Planteur, LES JOUETS MODERNES).

     

    Le jeu de la Pêche à la Ligne est l’un des jeux préféré des petits enfants qui adorent apprendre tout en s’amusant, et beaucoup moins apprécié des petits poissons. Mais, fort heureusement pour ces derniers, ils sont représentés en bois (années 1900) ou, aujourd’hui, en plastique pour mieux flotter dans la baignoire ou dans un grand bac rempli d’eau (ou même sans eau avec les jeux de pêche à ligne électronique), et ils ne sont guère comestibles.

     

     

    Jeux d’enfants du temps passé en chromos (19/25)

    123 La Voiture de la Poupée (Chromolithographie Chocolat du Planteur, LES JOUETS MODERNES).

     

     Certes, dans les années 1890-1900, les petites filles, pour transporter et faire prendre l’air à leurs poupées, ne disposaient pas encore de voitures automobiles avec ou sans moteur (Chevrolet Corvette C1 pour la poupée Barbie du film éponyme sorti en juillet 2023). Mais, au moins, comme le montre ce chromo des jouets modernes d’enfants des années 1900, à cette époque, les petites filles bénéficiaient déjà de voitures non motorisées à roue, dites voitures (… pour poupées) comme celles utilisées par leurs mamans, nourrices et bonnes d’enfants. Toutefois, en 2024, les sites marchands en ligne réservent les mots voitures pour poupées aux petites voitures automobiles pour poupées, et emploient ceux de chariots ou poussettes pour les landaus (j’ai également découvert en ligne qu’au pluriel le mot landau ne prenait pas un x mais un s final, car il ne s’agit pas d’un ancien mot français mais du nom de la ville Landau où les landaus étaient fabriqués !).  

     

     

    Jeux d’enfants du temps passé en chromos (19/25)

    124 L’Album d’Images (Chromolithographie Chocolat du Planteur, LES JOUETS MODERNES).

     

     Non, à cette époque, les petits enfants ne rangeaient pas leurs chromos publicitaires ou éducatives dans un dossier de leur ordinateur ou de leur Smartphone, ni sur une clef USB, un disque dur, ou un album photos en ligne (Photoweb, Cewe, Rosemood, Facebook ...). Mais, tout bêtement, dans un album d’images, cartonné ou en papier (ce terme album d’images a été récupéré par les adeptes de l’informatique en mal d’imagination !).

     

     

    Jeux d’enfants du temps passé en chromos (19/25)

    125 Le Tir au Javelot (Chromolithographie Chocolat du Planteur, LES JOUETS MODERNES).

     

    Le Javelot est une « pointe d’acier empennée d’un plumet hélicoïdal ». Plus simplement dit, il s’agit de fléchettes sur lesquelles sont collées quelques plumes. Il convient alors de les lancer pour qu’elles se fixent le plus au centre d’une cible grâce à l’une de leur extrémité en pointe de fer ou d’acier.

      Le javelot sur cible serait apparu au XIIème siècle en Champagne, et se serait développé en Flandres aux XVème et XVIème siècles, puis au Nord de la Somme vers 1900. 

     

    La suite dans quelques jours…