• L’hommage au Professeur Samuel Paty

     

     

     

     

    Une École de la Troisième République, après les lois de Jules Ferry de 1881 et 1882 (Tirage sur papier albuminé. Circa 1890. Il s’agit de l’école de garçons de Mehun-sur-Yèvre dans le Cher)

    1. Une École de la Troisième République, après les lois de Jules Ferry de 1881 et 1882 (Tirage sur papier albuminé. Circa 1890. Il s’agit de l’école de garçons de Mehun-sur-Yèvre dans le Cher).

     

     

    Ce lundi 2 novembre, à 11 heures, une minute de silence sera observée dans tous les établissements scolaires, en hommage au Professeur d’Histoire-Géographie, Samuel Paty, assassiné, le 16 octobre, devant son collège du Bois d'Aulne de Conflans-Sainte-Honorine, par un jeune de 18 ans, pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression.

     

     

    Jean Jaurès, adolescent (1875)

                               2. Jean Jaurès, adolescent (1875)

                     Source: https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Jean_Jaur%C3%A8s_jeune.jpg 

     

    Cette minute de silence sera suivie de la lecture de la lettre aux instituteurs et institutrices écrite, à l’âge de 29 ans par Jean Jaurès (1859-mort assassiné le 31 juillet 1914), et publiée, le 15 janvier 1888, dans La Dépêche, journal de la démocratie du midi. Ses termes et idées sont peu intelligibles pour des enfants. Pour en juger, voici l'extrait de cette lettre, qui sera lu aux plus jeunes d'entre eux.

     

    Aux Instituteurs et Institutrices.

     Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de toutes nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fierté unie à la tendresse. Il faut qu’ils puissent se représenter à grands traits l’espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l’instinct, et qu’ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s’appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l’âme en éveillant en eux le sentiment de l’infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c’est par lui que nous triompherons du mal, de l’obscurité et de la mort. Eh quoi ! Tout cela à des enfants ! — Oui, tout cela, si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler. Je sais quelles sont les difficultés de la tâche. Vous gardez vos écoliers peu d’années et ils ne sont point toujours assidus, surtout à la campagne. Ils oublient l’été le peu qu’ils ont appris l’hiver. Ils font souvent, au sortir de l’école, des rechutes profondes d’ignorance et de paresse d’esprit, et je plaindrais ceux d’entre vous qui ont pour l’éducation des enfants du peuple une grande ambition, si cette grande ambition ne supposait un grand courage. […]

     

    Sachant bien lire, l’écolier, qui est très curieux, aurait bien vite, avec sept ou huit livres choisis, une idée, très générale, il est vrai, mais très haute de l’histoire de l’espèce humaine, de la structure du monde, de l’histoire propre de la terre dans le monde, du rôle propre de la France dans l’humanité. Le maître doit intervenir pour aider ce premier travail de l’esprit ; il n’est pas nécessaire qu’il dise beaucoup, qu’il fasse de longues leçons ; il suffit que tous les détails qu’il leur donnera concourent nettement à un tableau d’ensemble. De ce que l’on sait de l’homme primitif à l’homme d’aujourd’hui, quelle prodigieuse transformation ! et comme il est aisé à l’instituteur, en quelques traits, de faire sentir à l’enfant l’effort inouï de la pensée humaine ! […]

     

    Je dis donc aux maîtres, pour me résumer : lorsque d’une part vous aurez appris aux enfants à lire à fond, et lorsque d’autre part, en quelques causeries familières et graves, vous leur aurez parlé des grandes choses qui intéressent la pensée et la conscience humaine, vous aurez fait sans peine en quelques années œuvre complète d’éducateurs. Dans chaque intelligence il y aura un sommet, et, ce jour-là, bien des choses changeront. »

     

    Jean Jaurès, La Dépêche, journal de la démocratie du midi, 15 janvier 1888.

     

     

     

    Jean Jaurès, jeune professeur de philosophie à Toulouse de 1870 à 1880

    3. Jean Jaurès, jeune professeur de philosophie à Toulouse de 1870 à 1880 (source : Castres, Centre national et musée Jean Jaurès. © Rue des Archives/Tal). 

     

     

    L’hommage au Professeur Samuel Paty

                                     4. Le Prof’

     

           Adieu, monsieur le professeur.
           On ne vous oubliera jamais
           Et tout au fond de notre cœur,
           Ces mots sont écrits à la craie.
           Nous vous offrons ces quelques fleurs
           Pour dire combien on vous aimait.
           On ne vous oubliera jamais.
           Adieu, monsieur le professeur.

     

    Adieu monsieur le professeur est une chanson écrite par Hugues Aufray et Vline Buggy, composée par Jean-Pierre Bourtayre et interprétée par Hugues Aufray sortie en 45 tours en 1968.