• Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe. La Fontaine et le Droit 4

     

     

     

    Fables de La Fontaine / illustrations par Grandville (1803-1847). Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe (Livre II, IV)

    1. Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe (Livre II, IV). Fables de La Fontaine / illustrations par Grandville (1803-1847). Editeur Garnier frères, 1927 (Paris, impr.). Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-YE-453. http://gallica.bnf.fr/ 

     

     

       Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe

     

    Un Loup disait que l'on l'avait volé :
    Un Renard, son voisin, d'assez mauvaise vie,
    Pour ce prétendu vol par lui fut appelé.
    Devant le Singe il fut plaidé,
    Non point par Avocats, mais par chaque Partie.
    Thémis n'avait point travaillé,
    De mémoire de Singe, à fait plus embrouillé.
    Le Magistrat suait en son lit de Justice.
    Après qu'on eut bien contesté,
    Répliqué, crié, tempêté,
    Le Juge, instruit de leur malice,
    Leur dit : "Je vous connais de longtemps, mes amis,
    Et tous deux vous paierez l'amende ;
    Car toi, Loup, tu te plains, quoiqu'on ne t'ait rien pris ;
    Et toi, Renard, as pris ce que l'on te demande. "
    Le juge prétendait qu'à tort et à travers
    On ne saurait manquer, condamnant un pervers.

     

     

     

     

    Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe (Illustration de Gustave Doré – 1876)

    2. Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe (Illustration de Gustave Doré – 1876). 

     

      Dis, Pourquoi ?  Il s’agit d’une satire envers la justice. Le juge (dans la fable, le Singe), rend un jugement contradictoire et absurde, car il connaît bien les vices des deux plaideurs et, pour cette raison, il ne se soucie guère de savoir s’ils disent vrai ou faux.

     

     

     

     

    Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe (carte postale éditée par Barre-Dayez, illustrée par Starling).

    3 Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe (carte postale éditée par Barre-Dayez, illustrée par Starling).

     

      Il a copié ? À l’école, copier, c’est, au lieu de faire son devoir, copier celui d’un camarade. C’est pas bien, c’est un paresseux ! Pour Jean de La Fontaine, c’est tout différent. Copier, pour l’illustre auteur, c’est ce qui fait naître son inspiration. C’est ainsi que, pour sa fable « Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe », il s’est inspiré d’une fable perdue d’Esope « La Mort et le Malheureux », elle-même reprise par Phèdre dans «Le Loup et le Renard plaidant devant le Singe » (Phèdre, Livre I, X, par Névelet et Sacy). La morale de la fable de Phèdre était bien explicite : « On ne croit point le menteur, lors même qu’il dit vrai ».

     

     

     

     

    Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe (aquarelle datée 1893. Signature peu lisible en bas à droite Polack, sans doute E. Ferdinand Polack).

    4 Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe (aquarelle datée 1893. Signature peu lisible en bas à droite Polack, sans doute E. Ferdinand Polack).

     

     " Quelques personnes de bon sens ont cru que l'impossibilité et la contradiction qui est dans le jugement de ce singe était une chose à censurer ; mais je ne m'en suis servi qu'après Phèdre ; et c'est en cela que consiste le bon mot selon mon avis " (Jean de La Fontaine). 

     

     

     

     

    Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe (gravure tirée d’un dessin de Jean-Baptiste Oudry

    5 Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe (gravure tirée d’un dessin de Jean-Baptiste Oudry, de l’ouvrage « LA FONTAINE, Jean de [1621-1695], Fables choisies, mises en vers », édité par Desaint & Saillant, et Durand, en quatre volumes, publiés de 1755 à 1759).

     

     

     

     

    Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe (gravure tirée d’un dessin de François Chauveau

    6 Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe (gravure tirée d’un dessin de François Chauveau [1613-1676], pour les « Fables choisies mises en vers par M. de la Fontaine », en trois recueils édités, par Claude Barbin et Denys Thierry, de 1668 à 1705).