• XLII : La Bibliothèque de Droit, rue Cujas 3/3

     

     

    le bâtiment d’entrée du Collège Sainte-Barbe, vu depuis le  Panthéon (c. 1900)

    1  Années 1900 : le bâtiment d’entrée du Collège Sainte-Barbe, vu depuis le  Panthéon.

         

    De gauche à droite : le Panthéon (1) ; la Faculté de Droit (2) ; le collège Sainte-Barbe (3) : la Bibliothèque Sainte-Geneviève (4).

     

     

    Dès 1946, fut envisagé le transfert de la Bibliothèque de Droit Cujas, alors implantée au numéro 5 de la rue Cujas au sein même de l’îlot de la Faculté de Droit, de l’autre côté de cette même rue, dans une partie des locaux du collège Sainte-Barbe. Ce collège, l’un des plus vieux de Paris (il avait ouvert ses portes en 1460), avait été reconstruit et agrandi en 1845-1846 par l’architecte Théodore Labrousse.

     

     

     

     

     

    La rue Cholet sur le plan levé par Edmond Verniquet entre 1785 et 1791

    2 La rue Cholet sur le plan levé par Edmond Verniquet entre 1785 et 1791.  

     

     

     

    Au XVIIIème siècle, la porte d’entrée de l’ancien collège Sainte-Barbe donnait sur la rue de Reims (1). Des murs du collège donnaient sur l’ancienne rue Cholet (2) s’ouvrant sur la rue Saint-Etienne-des-Grés (3), renommée aujourd’hui, rue Cujas, et sur l’ancienne rue des Chiens (4), renommée rue Jean Hubert en 1806, et supprimée lors des travaux d’agrandissement du collège Sainte-Barbe et de construction de la bibliothèque Sainte-Geneviève. 

     

     

    La rue Cholet a été supprimée, le 5 septembre 1845, pour permettre l'agrandissement du collège Sainte-Barbe et du lycée Louis-le-Grand. La voie, aujourd’hui sans nom, qui lui a succédé, donne toujours sur la rue Cujas et la place du Panthéon. Elle est bordée d’un côté par l’un des murs d’un nouveau bâtiment du collège Sainte-Barbe (aujourd’hui, intégré à la Bibliothèque de Droit Cujas), de l’autre, par  l’un des mur de la nouvelle Bibliothèque Sainte-Geneviève, construite par l’architecte Henri Labrousse (frère de Théodore Labrousse), sur les vestiges de l’ancien collège de Montaigu fermé en 1792 (5).

     

     

     

     

     

     

     

    La Bibliothèque de Droit Cujas, vue depuis le Panthéon

    3 Années 2000 : la Bibliothèque de Droit Cujas, vue depuis le Panthéon (source de la photographie : Wikipédia, Bibliothèque Cujas). 

     

     

    De gauche à droite : la façade de l’ancienne Faculté de Droit, aujourd’hui Centre Cujas (1) ;  le pavillon de la Bibliothèque de Droit, dans l’un des anciens bâtiments du collège Sainte-Barbe (2) ; la grille d’entrée permettant d’accéder au nouveau bâtiment Chartière de la Bibliothèque de Droit, construit en arrière du pavillon (3) ; et la Bibliothèque Sainte-Geneviève (4).

     

     

    Les travaux de construction de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit eurent lieu de 1952 à 1958, et le transfert fut effectif le 24 novembre 1958 au numéro 2 de la rue Cujas dans deux bâtiments disjoints :

     

     

    - d’une part, le pavillon donnant sur la rue Cujas, qui avait été construit, un siècle auparavant, par Théodore Labrousse pour le collège Sainte-Barbe ;

     

     

    - d’autre part, un bâtiment neuf, dit bâtiment Chartière, édifié par l’architecte Raymond Detolle. Ce bâtiment, à la façade ennuyeuse, abrite la grande salle de lecture de la Bibliothèque, avec sa  verrière zénithale. Il ne donne pas directement sur la rue Cujas : on y accède par une courte voie (l’ancienne rue Cholet) dont les grilles de la porte d’entrée sont scellées, d’un côté, sur le mur du pavillon de la Bibliothèque Cujas, de l’autre, sur le mur de la Bibliothèque Sainte-Geneviève.

     

     

     

     

     

     

     

    L’ancien collège Sainte-Barbe (gravure de Montmory. In La Semaine des constructeurs, 21 mars 1891)

    4 L’ancien collège Sainte-Barbe (gravure de Montmory. In La Semaine des constructeurs, 21 mars 1891, 2ème série, 5ème année).

     

     

    1 : Entrée rue Cujas (aujourd’hui entrée de la Bibliothèque Inter Universitaire de Droit Cujas)

    2 : Entrée rue Valette (aujourd’hui entrée de la Bibliothèque Inter Universitaire Sainte-Barbe) 

    3 : Bibliothèque Sainte-Geneviève (inaugurée le 4 février 1851)

    4 : Bâtiments rue Chartière

    5 : Cour Rose (surnommée ainsi à cause de la couleur de ses briques) 

     

     

     

    La nouvelle Bibliothèque Cujas, achevée en 1958, est donc bien loin de couvrir l’ensemble des bâtiments et cours de récréation du collège Sainte-Barbe. Sous l’impulsion de l’Association amicale des anciens élèves de Sainte-Barbe, cet ancien collège avait été reconstruit  en 1840 et en 1884 par les deux frères Théodore et Henri Labrousse, anciens barbistes. Ces derniers lui adjoignirent deux nouveaux pavillons, dont celui donnant quasiment sur la place du Panthéon, au numéro 2 de la rue Cujas.

     

     

     

     Le collège Sainte-Barbe formait ainsi un gigantesque U qui, calé sur la bibliothèque Sainte-Geneviève, le rendait clos, avec une entrée principale, rue Cujas, et une autre entrée rue Valette (ancienne rue des Sept Voies). Cette seconde entrée permettait d’accéder à la Cour Rose de l’école préparatoire aux grandes écoles du Collège, et à son gymnase d’été.  

     

     

    C’est donc uniquement la partie du collège donnant sur la rue Cujas et se prolongeant vers la rue de Reims, avec, dans le premier pavillon, l’entrée principale, l’administration, et le parloir, et, à l’arrière, la cuisine, les réfectoires, la lingerie et la chapelle, qui fut attribuée à la Bibliothèque Cujas.

     

     

     

    Quant aux bâtiments du collège donnant sur la rue Valette, ils ont été transformés en Bibliothèque Inter Universitaire parisienne, dans le cadre du plan U3M (Universités pour le troisième millénaire). Le collège Sainte-Barbe a définitivement fermé ses portes en 1997, et la BIU Sainte-Barbe a ouvert les siennes en 2009 (voir le prochain chapitre XLIIII : les fonds de droit des autres bibliothèques de Paris). 

     

     

     

     

     

     

    L’entrée principale de l’ancien Collège Sainte-Barbe, rue Cujas, devenue, en 1958, l’entrée de la Bibliothèque de Droit Cujas

    5 L’entrée principale de l’ancien Collège Sainte-Barbe, rue Cujas, devenue, en 1958, l’entrée de la Bibliothèque de Droit Cujas. 

     

     

          À l’occasion d’une commémoration (dont j’ignore l’année), une plaque en marbre a été apposée à l’entrée de la Bibliothèque de Droit de la rue Cujas. Il y est gravé ces mots :

     

    « Cette entrée fut jusqu’en 1950 celle du Collège Sainte-Barbe fondé en 1460 en l’Hôtel de Chalon par Geoffroi Lenormant » (Geoffroi Lenormant était l’ancien principal des grammairiens du Collège de Navarre). 

     

     

     

     

     

     

    Salle de lecture principale de la BIU Cujas (source de la photographie : Wikipédia, Bibliothèque Cujas)

    6 Salle de lecture principale de la BIU Cujas (source de la photographie : Wikipédia, Bibliothèque Cujas). 

     

     

     

    BIU (J : dérivé de l’adjectif tout, toute : qui comprend la totalité, sans rien laisser en dehors, aussi appelé mille feuille administratif). La Bibliothèque Cujas a été transformée par un décret du 10 février 1972 en une Bibliothèque InterUniversitaire (BIU), spécialisée en droit, sciences économiques et sciences politiques, commune aux treize nouvelles Universités des académies de Paris, Créteil et Versailles (Paris 1-Panthéon-Sorbonne ; Paris 2-Panthéon-Assas ; Paris 10-Nanterre, Paris 8- Vincennes à Saint-Denis ; Paris 9- Dauphine ; Paris 11-Sceaux ; Paris 13-Villetaneuse). 

     

     

     

    Depuis janvier 1979, la BIU Cujas relève d’une convention entre les Universités de Paris 1-Panthéon-Sorbonne  et de Paris 2-Panthéon-Assas, tout en restant rattachée administrativement à l’Université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne (vous suivez j’espère !).

     

     

     

     

     

     

    Dysfonctionnements de la Bibliothèque Cujas. Question écrite d’un sénateur et réponse du ministre de l’Éducation (JO Sénat des 27/04/2000 et 13/07/2000).

     

     

    On ajoutera que la Bibliothèque Cujas a fait l’objet de divers travaux pour remédier à certains dysfonctionnements dénoncés entre autres par un sénateur ingénu qui assimilait, par exemple, toute tentative de consultation des livres à un véritable parcours du combattant.

     

     

     

    Ainsi, en 2004, sa verrière zénithale a-t-elle été améliorée. Et, en 2012-2013, d’une part, ses locaux ont fait l’objet de travaux de mise en conformité (installation d’ascenseur, d’un escalier de secours et de fenêtres de désenfumage ; éléments pour l’accueil des personnes à mobilité réduite, etc.) ; d’autre part, sa grande salle de lecture a été rénovée (changement du système d’information, remplacement d’une partie du mobilier, augmentation du linéaire de rayonnage, etc.).

     

     

     

     

     

     

    Rat de bibliothèque (chercheur en droit qui passe son temps à compulser des livres).

    7 Rat de bibliothèque (étudiant en droit qui passe son temps à compulser des livres).  

     

     

    « Le prof de droit il a dit qu’il ne faut surtout pas apprendre, mais seulement tout savoir pour l’exam’ ». 

     

     

     

    De l’excellence. Aujourd’hui, la BIU Cujas, qui dispose  d’environ 80 agents titulaires, est la première bibliothèque de droit français et francophone d’Europe avec plus d’un million de volumes (elle souscrit également à près de 1500 abonnements dont 557 à des titres français et 936 à des titres étrangers).

     

     

     

    Elle est ouverte gratuitement aux enseignants et chercheurs de l’ensemble des Universités françaises, aux étudiants en droit des Universités Paris 1-Panthéon-Sorbonne  et Paris 2-Panthéon-Assas à partir de L2 (Licence), ainsi qu’aux étudiants des autres Universités à partir de M1(Master).

     

     

     

     

     

    Internet, la nouvelle Bibliothèque Universelle (BU) des étudiants, professeurs et chercheurs juridiques

    8 Internet, la nouvelle Bibliothèque Universelle (BU) des étudiants, professeurs et chercheurs juridiques.

     

     

    « Tout ce qui se perfectionne par progrès périt aussi par progrès » (Pascal. Pens. XXIV, 96 bis, édit. Havet).

     

     

    Hier, le droit c’était du papier, beaucoup de papier, énormément de papier. Aujourd’hui, l’imprimerie juridique c’est le numérique, et Internet est devenu le rendez-vous des étudiants, des professeurs et des chercheurs en droit. 

     

    Aussi la BIU Cujas a-t-elle dû s’adapter :

     

    - Désormais son catalogue est accessible sur Internet:

     

                   Catalogue en ligne de la BIU Cujas

     

     

     

     

     

    L’accès distant au Recueil Dalloz de la BIU Cujas

    9 L’accès distant au Recueil Dalloz de la BIU Cujas

     

     

    « Mieux valait habiter Paris pour accéder aux Bibliothèques Universitaires… Un renseignement, une citation pouvaient coûter des journées de voyage et des heures de recherche. Mais aujourd’hui, Clic, un centième de seconde pour le même résultat » (Michel Serres, C’était mieux avant !, éd. Le Pommier, 1977, p. 61).

     

     

    - Et, comme toutes nos bibliothèques universitaires de droit, la BIU Cujas met gratuitement à la disposition de ses lecteurs les ouvrages et revues des meilleures bases de données juridiques (Dalloz, Lexis Nexis JurisClasseur, Lextenso, Lamyline, Doctrinal Plus, Westlaw, Francis Lefebvre., Cairn, Persée, Kluwer Arbitration et Oxford Journals, etc.). 

     

     

    Les étudiants en droit et leurs professeurs peuvent donc consulter tous ces documents numérisés aussi bien, sur place, au Quartier Latin, dans les locaux mêmes de la Bibliothèque de Droit Cujas, qu’en accès distant. Cette dernière formule, très à la mode, peut désigner, par exemple, le lit (terme d’ancienne jurisprudence).

     

     

    M’enfin’ c’est une autre histoire, pour l’heure étrangère à la thématique de ce blog, à savoir le droit en images et cartes postales anciennes (ICPA).

     

     

     

    À bientôt donc pour le chapitre XLIII de cette rubrique consacrée à l'histoire de la Faculté de Droit de Paris : Les fonds de droit des autres bibliothèques de Paris.