• 29 Le notaire dans le théâtre de Molière, ex étudiant en droit

     

     

     

    Molière. Huile sur toile de Pierre Mignard

    1  Portrait de Molière. Huile sur toile de Pierre Mignard (Comédie-Française)

     

     

           Il existe une lacune de trois années dans la vie d’un jeune parisien du Quartier des Halles, du nom de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673).

     

     

    De 1642 à 1645, année où il se fit comédien, en l’absence de documents authentiques, plusieurs de ses biographes supposent que, comme de nombreux fils de la bourgeoisie aisée de l’époque, il aurait fait son droit.

     

     

    Il aurait ainsi pris ses inscriptions et passé ses examens à l’École de Droit la plus proche de la capitale, celle d’Orléans, car l’enseignement du droit civil (ou droit romain), nécessaire pour devenir avocat, était interdit à Paris par l’article 69 de l’ordonnance de Blois de mai 1579, promulguée par Henri III, sur les doléances des Etats Généraux : « Défendons à ceux de l’Université située à Paris de graduer en droit civil ». C’est seulement en avril 1679 que l’édit de Saint-Germain en Laye, promulgué par Louis XIV, permit à l’Université de Paris de dispenser des leçons publiques du droit civil ou droit romain, conjointement à celles de droit canon (v. rubrique : La Faculté de Droit de Paris, chapitre XI : Les étudiants de Paris à l’Université des Lois d’Orléans [2 juin 2017]).

     

     

     

    29 Le notaire dans le théâtre de Molière, ex étudiant en droit

     2. Le théâtre à l’époque de Molière

     

     

    Certains de ses biographes, en l’absence de preuves formelles, ne peuvent certifier que Poquelin ait été effectivement reçu avocat à l’issue de ses études de droit. D’autres prétendent le contraire en citant la comédie d’Élomire (anagramme de Molière), parue en 1670, où l’auteur énigmatique, le Boulanger de Chalussay, fait parler Molière en ces termes : « Puis venant d'Orléans, où je pris mes licences, Je me fis avocat au retour des vacances ; Je suivis le barreau pendant cinq ou six mois, Oh! j'appris à plein fond l'Ordonnance· et les lois ». 

     

     

    Qu’il ait ou non plaidé en justice, le jeune Poquelin renonça, en 1645, à porter la robe noire aux trente trois boutons d’avocat pour se consacrer à la comédie sous le nom de Molière.

     

     

     

    Molière interprétant Le Malade imaginaire le soir de sa mort, le 17 février 1673

    3 Molière interprétant Le Malade imaginaire le soir de sa mort, le 17 février 1673, dans la salle du théâtre du Palais-Royal.

     

     

    Les études de droit et la puissance d’assimilation de Molière expliquent sa maîtrise dans l’utilisation du langage des divers hommes de lois qu’il met en scène (en free access sur Gallica.bnf.fr : E. Paringaud, La langue du droit dans le théâtre de Molière, 1861 ; F. Sanlaville, Molière et le Droit, 1913). Il en est ainsi non seulement des avocats, par exemple, dans Le Malade imaginaire, L’Etourdi et Les Fourberies de Scapin, mais encore des notaires qui tiennent une place plus ou moins grande dans trois de ses pièces : l'Ecole des femmes, les Femmes savantes et, de nouveau, le Malade imaginaire.

     

    à très bientôt donc pour les trois pages suivantes :

     

    30. Le notaire dans l’Ecole des femmes de Molière

    31. Le notaire dans les Femmes savantes de Molière

    32. Le notaire, Monsieur Bonnefoy, dans le Malade imaginaire de Molière