• Étudiants de la Faculté de Droit de Paris entre 1860 et 1880

     

     

     

    Étudiants de la Faculté de Droit de Paris dans la Cour d’Honneur du bâtiment donnant sur la place du Panthéon (photographie de Pierre Petit, tirée sur papier albuminé. Vers 1860/1880).

    1. Étudiants de la Faculté de Droit de Paris dans la Cour d’Honneur du bâtiment donnant sur la place du Panthéon (photographie de Pierre Petit, tirée sur papier albuminé. Vers 1860/1880). 

     

        Cette photographie, tirée sur papier albuminé, a été prise par Pierre Petit (1831-1909), un célèbre photographe installé au n° 31 de la rue Cadet, qui fut notamment le photographe officiel de l’Exposition universelle de Paris en 1867.  Elle représente des étudiants de la Faculté de Droit de Paris, avec l’un de leur Professeur, dans la cour d’honneur du bâtiment construit par l’architecte Jacques-Germain Soufflot de 1771 à 1774, place du Panthéon.

     

        L’année de la prise de vue n’est pas mentionnée. Elle doit sans doute se situer entre les années 1860 et 1884, car il n’y a aucune jeune fille parmi les étudiants. En effet, la Faculté de Droit de Paris attendit les années 1884 et 1885 pour permettre à une femme d’assister aux cours, sous réserve d’être accompagnée d’un chaperon, sa mère ou son mari.

     

     

    Aux Étudiants… par une Fainéant en Droit, Paris. 1860

    2. Aux Étudiants… par une Fainéant en Droit, Paris. 1860 (source Gallica BnF, librement accessible en ligne : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb33252369f). 

     

      En 1860, l’un des étudiants de cette Faculté de Droit délaissa un temps ses codes de lois pour nous offrir une poésie intitulée, à juste titre : Aux Étudiants, par un Fainéant en Droit, dont voici le texte complet :

     

    Mes frères en gaîté, mes frères en paresse,

    En flânerie, en tout ce qui n'est pas labeur.

    Vous qui ne dédaignez ni baiser, ni caresse

    Quand ils sont à vous seuls et qu'ils partent du cœur,

    -Vous avez parcouru, n'est-ce pas, ce libelle

    Que vous avez fermé, presque aussitôt ouvert,

    Car devant chaque mot l'honnêteté chancelle,

    Car le vice est à nu, le bon goût à couvert !

     

    Que vous est-il resté de plus d'une peinture

    Où l'amour en ivrogne est métamorphosé,

    Où la femme se laisse arracher sa ceinture

    Aussi facilement qu'on ôte à sa monture

    La sangle qui fatigue un poitrail -trop usé J

     

    Si vous avez des sœurs, si vous avez des mères,

    Si vous avez quelqu'un à qui rêver tout bas,

    Quelqu'un qui pleure, hélas ! et qui ne le dit pas,

    Au chaste souvenir des bonheurs éphémères

    ,

    Ne vous sentez-vous rien bouillonner dans le front ?

    Restez-vous étranger à ce vivace affront

    Que fait à leur pudeur, à leurs dignes tendresses,

    Cette collection d'indécentes drôlesses

    Chez qui les bons instincts avortent, étouffés !

    La femme est tout amour, tout parfum, tout mystère !

    Mais de quel nom nommer, si l'on ne veut se taire,

    Ces cyniques rebuts de honte et de misère

    Étalant au grand jour leurs charmes tarifés

    Autrefois, purs enfants de quelque humble chaumière,

    Dans leurs mains abondait l'aumône familière,

    Et sans rougir, l'hiver, dans leurs sombres réduits'

    Elles portaient la bure et des sabots de buis.

    Que leur faisaient alors l'orgueil et la toilette

     

    Le mantelet soyeux, la pantoufle en satin ?

    Une fleur aux cheveux, une figure honnête,

     

    Un bonnet bien cambré sur leur charmante tête

    Encadraient à merveille un sourire enfantin !

    Mais on n'a pas toujours quinze ans et l'espérance !

    Un amoureux obscur, jeune, pauvre, adoré ;

    On pleure bien souvent, la nuit, dans le silence,

    Lorsque l'on entrevoit,- sans trop de répugnance,

    Au-delà de l'honneur, un avenir doré !

    . .

    Et voilà ce qui fait qu'un soir, dans les tavernes,

    Buvant à plein gosier le vin et les dégoûts,

    Le visage hébété, les yeux fixes et ternes,

    On voit tourbillonner ces nymphes des égouts.

    Trouvez-vous pas, vraiment, ces peintures charmantes ?

    Pourquoi tant en vouloir à ces Phrynés mendiantes

    Qui vont prostituant le mot divin d'amour,

    Pour gagner, chaque nuit, le pain de chaque jour ?

    Non, jamais, la débauche unie a l'insolence

    N'a flatté mon regard et satisfait mon  cœur ;

    Non, jamais, une femme en butte à l'indigence

    Ne doit, pour attendrir, en sauvant l'apparence,

    Au lieu d'une sébile offrir son déshonneur !

    Croyez-moi, ce n'est point en docte moraliste

    Que je prétends flétrir jusqu'aux moindres écarts :

     

    La jeunesse trop sage, hélas ! serait trop triste !.

    Mais quand je vois dresser une impudente liste

     

    Où sont vendus, avec des traits d'esprit bâtards,

    La carte de visite et le nom de ces dames

     

    Je m'emporte à raison si ce n'est à regret,

    Car je sais qu'il se trouve encor de fières âmes

    Chez qui la conscience et le respect des femmes,

    A ces actes sans nom s'indignent en secret !

    Et vous, honteux sujets de tous ces vils scandales,

    Vous que suit le mépris en guise de pardon,

    Il vous faut, dites-vous, vivre en des saturnales

    Pour gagner votre pain ?

                Soit, mais cachez-vous donc !