• L’ennui naquit un jour de l’Université. Honoré de Balzac

     

     

    L’ennui naquit un jour de l’Université. Honoré de Balzac

     

      

           Un jour que je chinais du côté de cartes postales anciennes, j’ai repéré cette image publicitaire des années 1900 représentant un professeur et deux écoliers ou étudiants. La légende m’a étonné : « L’ennui naquit un jour de l’Université ». N’ayant jamais entendu cette boutade, je me suis demandé d’où elle pouvait bien sortir !

         Voici les résultats de mon enquête.

     

     

     

    L’ennui naquit un jour de l’Université. Honoré de Balzac 

    2. Un début dans la vie d'Honoré de Balzac. Philadelphie. Georges Barrie & Son, 1897. Auteur: Oreste Cortazzo (1830 ou 1836-1910). 

     

    Source :  http://commons.wikimedia.org/wiki/File:BalzacStartinLife.jpg 

     

     

    L’ennui naquit un jour de l’Université. Cette citation se trouve dans un feuilleton d’Honoré de Balzac, paru en 1842, dans la revue La Législature, sous l’intitulé Le danger des mystifications. Ce feuilleton prendra plus tard la forme d’un roman : « Un début dans la vie » (Études de mœurs. 1er livre. Scènes de la vie privée. T. 4. 1844). 

    Dans une scène de ce roman, Honoré de Balzac fait dire à Léon de Lora, dit Mistigris, l’assistant bavard du peintre sans succès Joseph Brideau, au jeune Oscar qui se destine à l’apprentissage du métier de notaire à Paris : « L’ennui naquit un jour de l’Université »

     

    − Votre précepteur est sans doute quelque professeur célèbre, M. Andrieux de l'Académie française, ou M. Royer−Collard, demanda Schinner.

    − Mon précepteur se nomme l'abbé Loraux, aujourd'hui vicaire de Saint−Sulpice, reprit Oscar en se souvenant du nom du confesseur du collège.

    − Vous avez bien fait de vous faire élever particulièrement, dit Mistigris, car l'Ennui naquit un jour de l'Université ; mais vous le récompenserez, votre abbé ? 

    − Certes, il sera quelque jour évêque, dit Oscar. 

    − Par le crédit de votre famille, dit sérieusement Georges. 

    − Peut−être contribuerons-nous à le faire mettre à sa place, car l'abbé Frayssinous vient souvent à la maison. 

     Ah ! vous connaissez l'abbé Frayssinous ? demanda le comte. 

    − Il a des obligations à mon père, répondit Oscar. 

    − Et vous allez sans doute à votre terre ? fit Georges. 

    − Non, monsieur ; mais moi je puis dire où je vais, je vais au château de Presles, chez le comte de Sérisy. 

    − Ah ! Diantre, vous allez à Presles, s'écria Schinner en devenant rouge comme une cerise. 

    − Vous connaissez Sa Seigneurie le comte de Sérisy ? demanda Georges.

    Le père Léger se tourna pour voir Oscar, et le regarda d'un air stupéfait en s'écriant :

    − Monsieur de Sérisy serait à Presles ?

    − Apparemment, puisque j'y vais, répondit Oscar. 

     

     

     

        L’ennui naquit un jour de l’Uniformité. Sans doute, Honoré de Balzac a-t-il détourné un vers ancien de la fable « Les Amis trop d’accord », d'Antoine de La Motte-Houdar (1672-1731).

     

     

    C'est un grand agrément que la diversité.
    Nous sommes bien comme nous sommes.
    Donnez le même esprit aux hommes,
    Vous ôtez tout le sel de la société ;
    L'ennui naquit un jour de l'uniformité.
     

     

     

     

     

     

    L’ennui naquit un jour de l’Université. Honoré de Balzac

     

    3. Charlot (Charlie Chaplin) : Ce que l'Université fait du Belletrien (en Suisse, ce terme désignait une corporation d'étudiants de Belles-Lettres)

     

     

     

      Ennui, Université, Uniformité. Voici donc l’origine du trinôme académique ou diabolique de quelques universités, et non pas toutes !

     

     

         N’oublions quand même pas que nos Facultés de droit ont accueilli et formé comme étudiants : Nicolas Boileau, Corneille, Molière, Voltaire, Balzac, Gustave Flaubert, Brillat-Savarin, le poète de la gourmandise, Tristan Bernard, le père de l’expression Les Pieds nickelés, Jean Nohain et Sylvie Joly, pour la plupart avocats « défroqués ».