• La Chambre des Députés en chromos pour fines bouches 3/3

     

     

     

    Bon Point (chromo édité par La Lithographie Parisienne, Romanet Dr., pour la Phosphatine Falières "

    27. Bon Point (chromo édité par La Lithographie Parisienne, Romanet Dr., pour la Phosphatine Falières " le meilleur aliment des enfants au lait de bouillie enrichie en phosphate de calcium ").

     

        « Neuf personnes sur dix aiment le chocolat : la dixième ment » (John G. Tullius). Chers visiteurs, je poursuis cette promenade dans notre Chambre des Députés pour fines bouches, en dessins imprimés selon le procédé de la chromolithographie pour le compte de Chocolateries, Commerces et Nouveaux Grands Magasins, avec ces chromos (diminutif de chromolithographie, comme kilo et métro), d’une série publicitaire, piochés « au petit bonheur la chance », dans le machin du nom d’Internet (du latin internus, dérivé de inter, entre, avec le suffixe nus, formant un dénominatif).

        L’imprimeur en était La Lithographie Parisienne, Romanet Dr., établie à Paris de 1900 à1915. Cette série avait été spécialement composée pour les Chocolats Louit frère et compagnie, célèbres chasseurs de gourmands en pâte d’amandes de cacao. Toutefois, elle a aussi bénéficié à d’autres commerces de la Belle Époque comme Phosphatine Falières, et Chicorée A la Belle Jardinière.

       Les chromos de cette collection ont été parfois remis, à titre de Récompense ou Bon-Point, aux premiers de classe des écoles primaires. Dans ce cas, cela n’empêchait aucunement le commerce de s’identifier et de s’abstenir d’insérer une courte explication historique au verso.

     

     

     

    États Généraux 1789 : La Loi et le Roi (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    28. États Généraux 1789 : La Loi et le Roi (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière). 

     

      Ce premier chromo représente le roi Louis XVI qui, pour régler une grave crise financière, convoqua, à Versailles, les États Généraux, une Assemblée extraordinaire réunissant des représentants de toutes les provinces et appartenant aux trois ordres : Clergé, Noblesse et Tiers-État. Leur ouverture, le 5 mai 1789, marqua le début de la Révolution française, suite à l’irritation des députés du Tiers-États qui, le 17 juin, se proclamèrent Assemblée nationale (nommée Constituante, le 21 juin), et élaborèrent une Constitution qui fut votée le 3 septembre 1791.

     

     

     

    Assemblée législative 1791-1792 : La Nation, la Loi, le Roi (chromo Chocolat Louit).

    29. Assemblée législative 1791-1792 : La Nation, la Loi, le Roi (chromo Chocolat Louit).

     

      Cette première Constitution française, qui incluait la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, préservait la monarchie tout en limitant les pouvoirs du Roi. À cette fin, elle proclamait que la souveraineté appartenait à la nation dont les représentants étaient désormais en nombre de deux : le Corps législatif (Assemblée législative) et le Roi. Elle conférait notamment à l'Assemblée législative, élue pour deux ans au suffrage restreint, compétence pour voter les lois et l'impôt, fixer les dépenses publiques, ratifier les traités et déclarer la guerre. Cette Assemblée siégeait de plein droit, et elle ne pouvait être dissoute par le Roi qui ne disposait que d’un droit de véto suspensif.

     

     

     

    Convention Nationale 1792-1795 : La République Française (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    30. Convention Nationale 1792-1795 : La République Française (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

     

      Après la déchéance de Louis XVI, le 10 août 1792, la royauté fut remplacée par un Conseil provisoire dirigé par le révolutionnaire Georges Danton, un diplômé de la Faculté de droit de Reims, avocat au Conseil du Roi, qui avait été élu député et nommé Ministre de la Justice.

      Une nouvelle assemblée, élue au suffrage universel et nommée Convention par référence à l’exemple américain, fut chargée d’élaborer une Constitution par nature républicaine (la République avait été proclamée le 22 septembre 1792).

      Cette Constitution dite de l’an I, adoptée le 24 juin 1793 et promulguée le 10 août 1793, ne fut jamais appliquée. En effet, pour faire face aux difficultés militaires en cours (guerre contre l’Autriche, la Prusse, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne…), la Convention avait décrété, le 10 octobre 1793, que le gouvernement serait révolutionnaire jusqu’à la paix. 

     

     

     

    Conseil des Cinq-Cents 1795-1799 : République Française (chromo Chocolat Louit)

    31. Conseil des Cinq-Cents 1795-1799 : République Française (chromo Chocolat Louit).

     

     La Première République française perdura sous le Directoire (du 26 octobre 1795 au 9 novembre 1799). Sous ce régime, la Constitution du 5 Fructidor an III (22 août 1795) partagea le pouvoir législatif entre deux chambres élues pour trois ans au suffrage universel restreint : le Conseil des Cinq-Cents (Chambre basse), et le Conseil des Anciens (Chambre haute). Le Conseil des Cinq-Cents avait seul l’initiative des lois dont l’exécution appartenait au Directoire, composé de 5 membres appelés Chefs ou Directeurs. 

     

     

     

    Corps législatif 1799-1815 : République Française (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    32. Corps législatif 1799-1815 : République Française (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

     

      Le 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799), le coup d’État de Bonaparte lui permit d’instituer, avec la Constitution de l’an VIII, entrée en vigueur le 25 décembre 1799 et promulguée le 7 février 1800, un Consulat confié provisoirement à trois hommes à égalité de pouvoir (lui-même, Emmanuel-Joseph Sieyès et Roger Ducos).

      Quant au pouvoir législatif, sous le Consulat (du 9 novembre 1799 au 18 mai 1804) et le Premier Empire (du 18 mai 1804 au 6 avril 1814), il fut quasiment étouffé par le pouvoir exécutif, autrement dit Napoléon, qui l'éclata entre quatre assemblées dont aucune n’était élue au suffrage direct : le Conseil d’État, le Tribunat, le Corps législatif et le Sénat. Le Corps législatif, composé de 300 députés, surnommés les « muets », ne pouvait alors que rejeter ou approuver les projets de lois préparés par le Conseil d’État. 

     

     

     

    Chambre des Députés 1815-1830. Louis XVIII Roi de France et de Navarre (chromo Chocolat Louit).

    33. Chambre des Députés 1815-1830. Louis XVIII Roi de France et de Navarre (chromo Chocolat Louit).

     

      L’abdication de Napoléon Ier, le 6 avril 1814, à Fontainebleau, suite à la campagne de France et à l’invasion des forces alliées ennemies, entraîna l’avènement de la Restauration (1814-1830). La Charte constitutionnelle « octroyée », le 4 juin 1814, par le roi Louis XVIII, tenta de concilier le rétablissement de la souveraineté royale avec un Parlement composé de deux assemblées : la Chambre des députés des départements (élue pour cinq ans au suffrage restreint), et la Chambre des Pairs (héréditaires ou désignés à vie). Ces Chambres étaient convoquées par le roi qui pouvait, à tout instant, clore leur session, et elles n’avaient aucun moyen d’action sur le gouvernement.  

     

     

     

     

    Chambre des Députés 1830-1848. Louis Philippe Ier Roi des Français (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    34. Chambre des Députés 1830-1848. Louis Philippe Ier Roi des Français (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière). 

     

      Après la Révolution des « Trois Glorieuses » (27-28-29 juillet 1830), et l’abdication de Charles X, qui avait été sacré roi le 28 mai 1825, la Charte constitutionnelle du 14 août 1830, votée par le Parlement (et non plus octroyée par le roi), institua le régime de la Monarchie de Juillet. Louis-Philippe Ier, le nouveau roi, jura fidélité à cette Charte qui restituait au Parlement (la Chambre des députés et la Chambre des Pairs), l’initiative des lois, et posait le principe de la responsabilité des ministres devant lui. 

     

     

     

     

    Assemblée Législative 1849-1861 : Louis Napoléon Bonaparte, président de la République (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    35. Assemblée Législative 1849-1861 : Louis Napoléon Bonaparte, président de la République (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière). 

     

       Suite à son coup d’État du 2 décembre 1851, Louis Napoléon Bonaparte, président de la Deuxième République depuis trois ans, avait dissout l’Assemblée nationale et s’était fait remettre, par un plébiscite, le pouvoir constituant. La Constitution de la Deuxième République, qu’il promulgua le 14 janvier 1852, réduisit donc le pouvoir de la représentation nationale. Désormais, le Corps législatif (Assemblée législative), composé de députés élus pour six ans au suffrage universel masculin direct, ne pouvait ni proposer, ni amender les lois, et il ne contrôlait plus l’action des ministres.  

       Sous le Second Empire, institué le 2 décembre 1852, Louis Napoléon Bonaparte, devenu Empereur des Français sous le nom de Napoléon III, maintint l’autorité du pouvoir exécutif face à un Corps législatif relégué au rang de simple chambre d’enregistrement, sous la présidence de son frère consanguin, le Duc de Morny. Sur celui-ci, je vous renvoie à la page précédente, 2/3, sous le chromo n°20 :

    La Chambre des Députés en chromos pour fines bouches (2/3)

     

     

     

     

    Corps Législatif 1861-1870 : l’Empereur Napoléon III (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    36. Corps Législatif 1861-1870 : l’Empereur Napoléon III (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

     

      Après cette première période autoritaire, Napoléon III institua un régime un peu plus libéral. Dans ce but, la Constitution de 1852 fut réformée par un décret du 24 novembre 1860 et trois sénatus-consultes en 1861. Il faudra toutefois attendre l’année 1867 pour que soit rétabli le droit d’interpellation du Corps Législatif lui permettant d’adresser des demandes d’explication sur la politique du gouvernement aux ministres qui étaient alors obligés de s’expliquer devant le Corps législatif. De même, il fallut attendre l’année 1869, après le succès de l’opposition républicaine aux élections du Corps législatif, pour que soit timidement partagée l’initiative des lois entre l’empereur et le Corps législatif (le Sénat en bénéficia en 1870). Plus encore, le 20 avril 1870, un sénatus-consulte mit en place un régime parlementaire bicaméral qui reconnaissait aux deux Chambres le pouvoir législatif et engageait la responsabilité des ministres devant le Corps législatif. Mais tout ceci s’effondra, en quelques mois, avec la déclaration de guerre de la France contre la Prusse, la défaite de l’armée française commandée par Napoléon III, suivie de son emprisonnement, et la proclamation de la IIIème République, le 4 septembre, par Léon Gambetta.  

     

     

     

    Assemblée Nationale 1871-1876 : Adolphe Thiers, Président de la République, à la Tribune (chromo Chocolat Louit).

    37. Assemblée Nationale 1871-1876 : Adolphe Thiers, Président de la République, à la Tribune (chromo Chocolat Louit).

     

       Notre XIXème siècle fut pour le moins étonnant et déroutant : trois républiques (1792-1804 ; 1848-1852 ; 1870-1940); deux empires (1803-1814 ; 1852-1870) ; trois monarchies (1815-1824 ; 1825-1830 ; 1830-1848), et trois révolutions après celle de 1789 (1830 ; 1848 ; 1871).

       En ce qui concerne la courte période de 1871-1876, marquant la naissance de la IIIème République (1870-1940), retenue par l’éditeur de ce chromo, elle fut abracadabrante. Pour vous en convaincre, je vous renvoie encore à mes annotations de la page précédente (2/3), sous les chromos n° 23 et 24.

    La Chambre des Députés en chromos pour fines bouches (2/3)

     

        Quant à Adolphe Thiers, le gosse sans le sous de Marseille, diplômé de la Faculté de droit d’Aix en Provence, avocat sans causes, devenu le premier président de la IIIème République, aucune précision n’est donnée par l’éditeur de ce chromo, sur la circonstance de sa présence à la tribune de l’Assemblée nationale, si ce n’est la mention de la période de1871 à 1876.

      Je vous rappelle seulement qu’il fut, le 17 février 1871, nommé par l’Assemblée nationale, Chef du pouvoir exécutif de la République française, et qu’il reçut, le 31 août 1871, le titre de Président de la République. Mais, moins de deux années plus tard, le 24 mai 1873, mis en minorité par les monarchistes majoritaires à l’Assemblée nationale, il démissionna de la Présidence de la République et se retira de la vie politique (il sera remplacé par le monarchiste Mac-Mahon, élu par le Sénat et la Chambre des Députés). De plus, après la répression sanglante de l’insurrection de la Commune de Paris en mai 1871, dont certains lui incombaient la responsabilité, Thiers avait prononcé un discours maladroit à la tribune de l’Assemblée nationale.

    Je vous renvoie donc à la page que je lui ai déjà consacrée :

     Quinze Présidents de la République diplômés en droit (2/7)

     

     

    Chambre des Députés 1876-1900 : Léon Gambetta, Président de la Chambre à la Tribune (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    38. Chambre des Députés 1876-1900 : Léon Gambetta, Président de la Chambre à la Tribune (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

     

      L’illustrateur du dernier chromo de cette série historico-buccale a représenté Léon Gambetta à la tribune de l’hémicycle de la Chambre, en train de s’adresser aux députés. Aucune précision n’étant donnée aux amateurs de café de chicorée (du grec Cichorium), comme la date ou l’objet de son discours, je vous invite une nouvelle fois à consulter mes précédentes notes consacrées à Léon Gambetta, ou, pour les plus téméraires d’entre vous, les articles bien plus sérieux qui lui sont consacrés sur Internet.

      J’ajouterai seulement que l’année 1876, mentionnée sur ce chromo, est loin d’être neutre du point de vue de la Chambre des Députés. Bien que notre Troisième République ait pris naissance, avec sa proclamation, le 4 septembre 1870, par Léon Gambetta, alors député du Tiers-État, devant la foule assemblée place de l’Hôtel de Ville, il fallut attendre l’année 1875 pour que trois lois de nature constitutionnelle, non seulement consolident définitivement cette République, menacée par une possible restauration monarchique, mais renforcent le pouvoir législatif sur le pouvoir exécutif. 

      En effet, ces lois, votées par l’Assemblée nationale, partagèrent le pouvoir législatif entre la Chambre des Députés, élue au suffrage universel direct, et le Sénat, élu au suffrage indirect. Toutefois, c’est essentiellement la Chambre des Députés qui exercera les nouveaux pouvoirs dévolus au Parlement, tant en matière d’initiative des lois que de contrôle du gouvernement dont il pouvait mettre en jeu la responsabilité.

     

      De 1876… La IIIème République s’installera alors durablement à compter de l’année 1876, justement mentionnée sur ce chromo. Le 8 mars de cette année là, les républicains obtinrent leur première victoire avec la majorité aux élections de l’Assemblée nationale (les monarchistes avaient remporté les élections sénatoriales le 30 janvier). L’un de ces républicains était Léon Gambetta, un ancien étudiant en droit devenu avocat, qui sera, plusieurs fois député (entre 1869 et 1882), ministre de l’Intérieur en 1872, et des Affaires étrangères en 1881 et 1882, Président de la Chambre des Députés (du 31 janvier 1879 au 27 octobre 1881), et Président du Conseil des ministres (du 14 novembre 1881 au 30 janvier 1882).

     

     … à 1900 ? Cette République s’achèvera alors, non pas comme le laisse croire ce chromo, en 1900, l’année d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, de la clôture de l’Exposition universelle, et de l’inauguration du premier Métropolitain parisien, mais, en juillet 1940, avec la Seconde Guerre mondiale ! C’est donc une toute autre période qui ne pouvait être illustrée par les chromos de cette série publicitaire, puisque leur procédé d’impression rendit l’âme au tout début du XXème siècle !