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    Le charmeur d’oiseaux du Jardin du Luxembourg

    1. Le charmeur d'oiseaux au jardin du Luxembourg. Le petit journal illustré, 1925 (source : site Gallica de la Bibliothèque nationale de France)

     

               À la Belle Epoque, les charmeurs d’oiseaux de nos parcs et jardins de Paris étaient souvent de vieux messieurs à la retraite qui enchantaient les enfants et les promeneurs en apprivoisant les moineaux, pierrots et autres oiseaux. L’un des plus célèbres d’entre eux, Henri Pol, sévissait dans les allées du jardin du Luxembourg et des Tuileries.

     

    Voici le texte complet d’un article du Petit Parisien Illustré de l’année 1901qui nous décrit les charmeurs d’oiseaux. 

     

    LES CHARMEURS D’OISEAUX 

     

       « Au printemps, […] soit aux Tuileries, soit au Luxembourg, soit même aux Champs-Elysées, le charmeur consacre plusieurs heures à sa mission de père nourricier, et il faut voir la foule des curieux s’amassant pour assister à ce banquet des moineaux, réunis dans la douce fraternité de la mie de pain !

     

       Paris compte plusieurs charmeurs d’oiseaux. Dès qu’ils arrivent dans une des allées du jardin, pierrots et pierrettes, ces gamins de l’air, se précipitent vers lui, abandonnant les arbres sur lesquels ils étaient perchés. Ils le connaissent si bien! D’abord, ils s’emparent des miettes que le charmeur jette de côté et d’autre, puis ils s’enhardissent, ils sautillent sur ses épaules, sur ses bras, sur sa tète même et ils lui arrachent les boulettes de pain qu’il roule entre ses doigts, que parfois il tient entre ses lèvres.

     

      

       Et vous pensez si, pendant ce banquet, pittoresque, les oiseaux piaillent, hochent la queue, battent des ailes !

     

       Et vous voyez d’ici les passants aussitôt arrêtés, émerveillés et souriants, regardant avec admiration, au milieu de cette ronde de moineaux en fête, ce brave homme qui, d’un geste de semeur, jette à ses convives ailés les miettes du festin !

     

       C’est une des plus aimables curiosités de nos jardins publics que ce spectacle offert par les charmeurs d’oiseaux qui, à force de patience, sont ainsi arrivés à surprendre la confiance de tout ce petit monde ailé.

     

     

     

     

    Le charmeur d’oiseaux du Jardin du Luxembourg

    2 Le père Henri Pol, charmeur d’oiseaux du jardin du Luxembourg et des Tuileries.

     

     

       […] Quand on demandait à l’un d’entre eux le secret des charmes qu’il exerçait sur les oiseaux, et qui tenait presque de la magie, il répondait : 

     

    — Oh ! c’est bien simple !… Il ne s’agit que d’employer la douceur; de ne faire, au moins au début, que très peu de mouvements, afin de ne pas effrayer les moineaux; de revenir chaque jour, pendant quelques semaines, à la même place et à la même heure… Peu à peu, les oiseaux acquièrent la certitude qu’ils seront respectés, et ils s’apprivoisent jusqu’à devenir familiers.

     

       Les charmeurs d’oiseaux ont, entre tous leurs pensionnaires, leurs petits favoris. Ceux-là, ils les gratifient d’un nom particulier. Et quand ce nom est prononcé, c’est bien l’oiseau qui a été appelé qu’on voit venir se poser sur leur épaule et prendre entre leurs mains la nourriture quotidienne.

     

     

     

    Le charmeur d’oiseaux du Jardin du Luxembourg

                           3. Le charmeur d’oiseaux avec Robinet et Jeannette

     

     

       Nous interrogions l’autre jour un des charmeurs d’oiseaux; alors, désignant quelques-uns des petits mangeurs de mie de pain :

     

    — Celui-ci, dit-il, c’est « le Boër »… Il n’est jamais en retard, toujours alerte, aux aguets, le plus hardi de la bande… Cet autre est « l’Américain », qui a la spécialité d’attraper au vol ma boulette de pain… Et voici encore « Tape-à-l’œil », « Manchette » et « Gabrielle », deux pierrettes adorables, et Ferdinand… Celui-là, là-bas, si fier sur ses petites, pattes, c’est « Garibaldi ». Et tout un défilé de noms suivait.

     

       Notre charmeur connait bien son monde! Les pigeons, ne sont pas oubliés dans la distribution des vivres, et tout cela piaille, crie, vole, tournoie, se pose, s’envole de nouveau, à la grande joie des enfants, des « nounous » et des promeneurs attirés par l’attrayant tableau ».

     

     

     

     

     

     

    Le charmeur d’oiseaux du Jardin du Luxembourg

              4. Le charmeur d’oiseaux (La Nature, tome 23, 1884, p, 105. Paris).

     

     

             Le point de vue du zoologiste Émile Oustalet (La Nature, tome 23, 1884, p, 103 à 106). "Les charmeurs, je me hâte de le dire, ne sont nullement des personnages mystérieux, doués de quelque pouvoir surnaturel, mais tout simplement de braves gens, hommes ou femmes, qui aiment les animaux et qui par des friandises habilement distribuées, en opérant doucement, sans brusquerie, arrivent peu à peu à gagner la confiance de la gent emplumée.

     

          Les oiseaux reconnaissent bien vite à qui ils ont affaire : après avoir ramassé des miettes aux pieds de leur ami, ils s’enhardissent, voltigent autour de sa tête, saisissent au vol les boulettes de pain qu’il leur jette, se penchent sur son épaule et finissent par prendre dans sa main ou entre ses lèvres le morceau convoité.

     

         Ce ne sont pas seulement les moineaux qui se familiarisent ainsi; les pigeons ramiers laissent aussi facilement capter leur confiance. Autant ils sont farouches dans les grandes forêts, autant ils se montrent confiants dans nos jardins publics". 

      

     


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    Au  jardin du Luxembourg, peinture de Charles Courtney Curran. 1889

                1 Au  jardin du Luxembourg, peinture de Charles Courtney Curran. 1889

                 (Terra    Foundation for American Art)

     

     

     

     

    Le Jardin du Luxembourg, peinture d’ Albert Léopold Pierson (XIXème-XXème siècle).

                           2 Le Jardin du Luxembourg, peinture d’Albert Léopold Pierson

                         (XIXème-XXème siècle).

     

     

     

     

     

    Au jardin du Luxembourg, peinture de  Jules K Hervé (1887-1981)

                  3 Au jardin du Luxembourg, peinture de  Jules K Hervé (1887-1981)

     

     

     

     

    Le Jardin du Luxembourg à l'automne , peinture de Charles Pavan (né en 1936 à Toulouse)

                    4 Le Jardin du Luxembourg à l'automne, peinture de Charles Pavan

                    (né en 1936 à Toulouse)

     


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    Les moineaux du Jardin du Luxembourg en chromos

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    Les moineaux du Jardin du Luxembourg en chromos

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    Les moineaux du Jardin du Luxembourg en chromos

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    Les moineaux du Jardin du Luxembourg en chromos 

                                             4    Au Luxembourg, chacun peut voir

                                                   Une blondinette à l’œil noir.

     

     

     

    Les moineaux du Jardin du Luxembourg en chromos

                                             5   Aux pierrots, de sa main mignonne

                                                  A chacun d’eux faisant l’aumône

     

     

     

    Les moineaux du Jardin du Luxembourg en chromos

                                              6    De gâteau, de miettes de pain !...

                                                    Et chaque effronté sur sa main

     

     

     

    Les moineaux du Jardin du Luxembourg en chromos

                                              7    Vient, en s’encourageant du geste

                                                    Se pose, et, finalement, reste !


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    Les oiseaux du jardin du Luxembourg en vieilles photographies

                          1 Les oiseaux du jardin du Luxembourg le 24 février 1916

     

     

     

     

    Les oiseaux du jardin du Luxembourg en vieilles photographies

    2 L'enfant à la colombe, Jardin du Luxembourg, par Marcel Bovis, 1933 (Musées Nationaux. Charenton-le-Pont, Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine)

     

     

     

     

    Les oiseaux du jardin du Luxembourg en vieilles photographies

          3 Enfant donne à manger à un pigeon au Jardin du Luxembourg (circa 1930) 

     

     

     

     

    Les oiseaux du jardin du Luxembourg en vieilles photographies

                                 4 Les oiseaux  du jardin du Luxembourg (circa 1940)

     

     

     

     

    Les oiseaux du Jardin du Luxembourg par André Kertész en 1963

                  5 Les oiseaux du Jardin du Luxembourg par André Kertész en 1963

     

     


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    Stendhal, le Code civil et le Jardin du Luxembourg

    1. Jardin du Luxembourg. Monument à Stendhal, médaillon en bronze par Auguste Rodin (agrandissement d’un modèle créé par Pierre-Jean David d’Angers). 

     

    « Le monument de Stendhal, inauguré hier matin à onze heures, est situé dans le jardin du Luxembourg, à proximité de l’Ecole des Mines, non loin de George Sand, et il a une forme aussi difficile à définir que son style. On pense à un avertisseur d’incendie, à une boîte aux lettres ou encore à une pendule dont le médaillon de Stendhal, sculpté par Rodin d’après David d’Angers, serait le cadran… » (article de LŒuvre, 29 juin 1929. Journal lancé en 1904 avec comme slogan : « Les imbéciles ne lisent pas LŒuvre ». Trente années [1915-1944] sont disponibles sur le site Gallica de la BnF). 

     

    Contrairement à nombre de nos hommes de lettres (La Fontaine, Corneille, Molière, Boileau, Perrault, Voltaire, Balzac, Labiche…), Henri Beyle, plus connu sous le nom de Stendhal (1783-1842), n’a pas fait son Droit dans ses jeunes années.  

     

    Il n’a pas davantage écrit de fables, poèmes, pièces, romans ou nouvelles mettant sur le devant de la scène des gens de lois ou de justice, comme l’ont fait, par exemple, Florian (Le procès des deux renards), La Fontaine (Le Juge arbitre ; Le Loup plaidant contre le Renard par devant le Singe ; l'Hospitalier, et le Solitaire ; L’huître et les plaideurs ; L’âne portant des reliques ; Les animaux malades de la peste…), Racine (Les Plaideurs), Labiche (L’avocat Loubet ; L’avocat pédicure), ou Courteline (L’ami des lois ; Un client sérieux ;La Folle Journée de Maître La Brige ; L’article 330…).

     

    Tout au plus, Stendhal réserva-t-il quelques propos pour le moins ironiques aux juges et à la justice au fil de ses romans : « Les trois juges entrèrent. Trois échappés des galères, se dit Fabrice, en voyant ces physionomies basses, et non pas trois juges ; ils avaient de longues robes noires » (La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau. p.212).

     

    Et pourtant, aujourd’hui, au hit parade des citations les plus célèbres comportant les mots loi, droit, juge ou avocat, nos moteurs de recherche contemporains nous offrent sur la toile, en ligne (littéraire horizontale), une pensée de Stendhal, juste après celle-ci, bien plus drôle : « On dit d’un accusé qu’il est cuit quand son avocat n’est pas cru » (Pierre Dac.  Les pensées. Ed. du Cherche Midi. 1972).

     

    Cette citation directe ou en justice (dzolé, j’ai pas pu l’éviter !) de Stendhal, en vingt-quatre mots, est tirée d’une très longue lettre qu’il écrivit à Honoré de Balzac, un ancien étudiant en Droit devenu clerc dans l’étude d’avoué de Jean-Baptiste Guillonet-Merville, et, un peu plus tard, écrivain.

     

    Toujours est-il que Stendhal dit à Balzac dans cette lettre : « En composant la Chartreuse, pour prendre le ton je lisais chaque matin deux ou trois pages du Code civil, afin d’être toujours naturel ».

     

          Il est vrai que nombre des articles originaux du Code civil ont une belle tournure et ont toujours suscité l’admiration pour leur précision et leur clarté. Par exemple, l’article 2 : « La loi ne dispose que pour l’avenir ; elle n’a point d’effet rétroactif » ; l’article 371 : « L’enfant, à tout âge, doit honneur et respect à ses parents » ; et l’article 516 : « Tous les biens sont meubles ou immeubles ». Ces articles, en forme de maximes toujours claires, nous rappellent que les rédacteurs du Code civil étaient non seulement des juristes, mais aussi des esprits éclairés, ouverts à la philosophie, comme Portalis, ou aux belles lettres, comme Tronchet. 

     

     

     

     

    Stendhal, le Code civil et le Jardin du Luxembourg

    2. Inauguration du monument à Stendhal au Jardin du Luxembourg. Au premier rang : Maurice Barrès x et Raymond Poincaré xx (photographie de presse. Agence Roll. 1920. Source : BnF). 

     

    «…  Son inauguration avait été retardée par la guerre. Mais Stendhal n’y a rien perdu. La cérémonie d’hier a été des plus brillantes. On y a vu M. Raymond Poincaré, M. Maurice Barrès, M. Maurice Donnay, qu’entouraient quelques centaines d’écrivains et de journalistes. » (article de L’Œuvre, 29 juin 1929). 

     

     

     

     

     

    Stendhal, le Code civil et le Jardin du Luxembourg

    3. Inauguration du monument à Stendhal au Jardin du Luxembourg, le 28 juin 1920, discours d’Édouard Champion (photographie de presse. Agence Roll. 1920. Source : BnF). 

     

     

    «…  M. Édouard Champion a d’abord pris la parole. Il est l’éditeur des « œuvres complètes » de Stendhal, et successeur de feu M. Cheramy à la présidence du Comité Stendhal … » (article de L’Œuvre, 29 juin 1929). 

     

     

     

     

     

    Stendhal, le Code civil et le Jardin du Luxembourg

    4. Inauguration du monument à Stendhal au Jardin du Luxembourg, le 28 juin 1920, discours de Paul Bourget (photographie de presse. Agence Roll. 1920. Source : BnF). 

     

     

    «…  Puis M. Paul Bourget s’est levé. L’auteur du Disciple n’a jamais été prodigue de discours : c’est donc surtout pour l’entendre que tant de gens s’étaient dérangés. À vrai dire, ils ont été un peu déçus. La voix de M. Bourget ne s’est fait entendre que très difficilement et des auditeurs les plus rapprochés  » (article de L’Œuvre, 29 juin 1929). 

     

     

     

    Stendhal, le Code civil et le Jardin du Luxembourg

    5. Discours de Paul Bourget, prononcé le 28 juin 1920 à l’inauguration du monument Stendhal, suivi du discours d’Édouard Champion (Paul Bourget, Stendhal. Paris Librairie Ancienne Champion, 1920). 

     

          Pour ceux qui veulent lire et télécharger gratuitement les discours de Paul Bourget et d’Édouard Champion à l’inauguration du Monument Stendhal au Luxembourg, je les invite à se rendre sur le site youscribe, sous ce lien :

     https://www.youscribe.com/BookReader/Index/1892759/?documentId=1870536





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