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    Paris. La place Saint-Michel et Notre Dame (ND Phot., colorisée à la main, c.1900).

    1 Paris. La place Saint-Michel et Notre Dame (ND Phot., colorisée à la main, c.1900).

     

    La cathédrale Notre-Dame de Paris, de style ogival, construite de 1163 à 1315, et restaurée de 1845 à 1857 par Lassus, et en 1879 par Viollet-le-Duc, vient de connaître, le 15 avril 2019, les affres d’un incendie.

     

    Cette cathédrale est loin d’être étrangère à nos Facultés de Droit.

     

    Non pas, parce que le Boul’ Mich’ et la rue Saint Jacques, les deux voies légendaires du Quartier Latin et de l’Université de Paris (ou de la Sorbonne), débouchent sur l’ile de la Cité et Notre-Dame

     

    Mais, parce que l’Université de Paris et sa  Faculté de Droit sont les héritières lointaines des écoles du cloître Notre-Dame qui connurent leur apogée au XIIème siècle, avant de quitter l’Île de la Cité pour s’établir, d’abord, sur le Petit-Pont enjambant un bras de la Seine, ensuite, sur la Rive gauche, en contrebas de la Montagne Sainte-Geneviève (voir dans la rubrique : Faculté de Droit de Paris, les chapitres IV. Les Ecoles du cloître de Notre-Dame de Paris ; V. L’enseignement du droit dans les écoles du cloître ; VI. La naissance du Quartier Latin au XIXème siècle).

     

    Aussi n’est-ce pas sans émotion que je consacre aujourd’hui cette page (ou post) à Notre-Dame de Paris en cartes postales anciennes (CPA) de la Belle Époque.

     

    ND = Neurdein. Je n’ai retenu que des cartes postales éditées par les frères Étienne et Louis-Antonin Neurdein (nul ne sait s’ils sont les véritables auteurs des clichés, car en matière de cartes postales, l’éditeur peut se confondre avec le photographe et l’imprimeur. D'autres fois, il est distinct de ces derniers). Toujours est-il que les cartes postales éditées, à partir de 1868, par la maison Neurdein portent les abréviations ND (par exemple : ND Phot., ou Collection ND Phot.), ou X. J’ai déjà posté sur ce blog la belle série de la maison Neurdein, intitulée : Le petit avocat (dans la rubrique : Enfants de Jure). Et, dans quelques jours, je vais ajouter, dans la rubrique Faculté de Droit de Paris, un chapitre XLIV intitulé : La Faculté de Droit de Paris par les frères Neurdein.

     

     

     

    Paris. La Cathédrale, Église Notre-Dame (ND Phot.).

                       2 Paris. La Cathédrale, Église Notre-Dame (ND Phot.).

     

     

     

     

    Paris. Notre-Dame, vue d’ensemble (ND Phot.).

                          3 Paris. Notre-Dame, vue d’ensemble (ND Phot.).

     

     

     

     

    Paris. Façade de Notre-Dame. La Rosace (ND).

                           4. Paris. Façade de l’Église Notre-Dame (ND Phot.).

     

     

     

     

    Paris. Façade de Notre-Dame. La Rosace (ND).

                              5. Paris. Façade de Notre-Dame. La Rosace (ND).

     

     

     

     

    Paris. Notre-Dame. Façade. Les Tours (ND Phot.).

                             6. Paris. Notre-Dame. Façade. Les Tours (ND Phot.).

     

     

     

     

    Paris. Notre-Dame. Tour Sud (ND Phot.).

                                  7. Paris. Notre-Dame. Tour Sud (ND Phot.).

     

     

     

     

    Paris. Notre-Dame. Contreforts (ND Phot.).

                                8. Paris. Notre-Dame. Contreforts (ND Phot.).

     

     

     

     

    Paris. Notre-Dame. Contreforts de la Flèche. Apôtres et Evangélistes (ND Phot.).

    9. Paris. Notre-Dame. Contreforts de la Flèche. Apôtres et Evangélistes (ND Phot.).

     

     

     

     

    Paris. Portail latéral sud de l’Église Notre-Dame (Collection ND Phot.).

        10. Paris. Portail latéral sud de l’Église Notre-Dame (Collection ND Phot.).

     

     

     

     

    Paris. Notre-Dame. Façade. Portail de gauche. Portail de la Vierge (ND Phot.).

    11. Paris. Notre-Dame. Façade. Portail de gauche. Portail de la Vierge (ND Phot.).

     

     

     

     

    Paris. La Nef de l’Église Notre-Dame (Collection ND Phot.).

                   12. Paris. La Nef de l’Église Notre-Dame (Collection ND Phot.).

     

     

     

     

    Paris. Notre-Dame. Galerie supérieure des Bas-Côtés de la Nef (ND Phot.).

      13. Paris. Notre-Dame. Galerie supérieure des Bas-Côtés de la Nef (ND Phot.).

     

     

     

     

    Église Notre-Dame. Chimères (Collections ND Phot.).

                          14. Église Notre-Dame. Chimères (Collections ND Phot.).

     

      Les chimères datent de la reconstruction de Notre-Dame menée par l’architecte Viollet-le-Duc dans les années 1850. Il s’est inspiré notamment de caricatures d'Honoré Daumier, d'une édition illustrée de Notre-Dame de Paris de 1844, et de ses propres illustrations des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France.

     

       On les retrouve au haut de l’édifice au sommet de la façade, au niveau de la balustrade couronnant la galerie supérieure qui relie les deux tours et qui se prolonge sur les quatre faces de celles-ci.

     

      Ces statues fantastiques, effrayantes et souvent grotesques étaient destinées à recréer l’atmosphère fantastique dans laquelle baignait le Moyen Âge.

     

     

     

     

    Paris. Notre-Dame. Chimère (ND Phot. Colorisée à la main, c. 1900).

      15. Paris. Notre-Dame. Chimère (ND Phot. Colorisée à la main, c. 1900). 

     

    Victor Hugo. Notre Dame de Paris (1831). Préface de l’auteur :

     

    Il y a quelques années qu’en visitant, ou, pour mieux dire, en furetant Notre-Dame, l’auteur de ce livre trouva, dans un recoin obscur de l’une des tours ce mot, gravé à la main sur le mur :

     

    ἈΝΆΓΚΗ*.

     

    Ces majuscules grecques, noires de vétusté et assez profondément entaillées dans la pierre, je ne sais quels signes propres à la calligraphie gothique empreints dans leurs formes et dans leurs attitudes, comme pour révéler que c’était une main du moyen âge qui les avait écrites là, surtout le sens lugubre et fatal qu’elles renferment, frappèrent vivement l’auteur.

     

    Il se demanda, il chercha à deviner quelle pouvait être l’âme en peine qui n’avait pas voulu quitter ce monde sans laisser ce stigmate de crime ou de malheur au front de la vieille église.

     

    Depuis, on a badigeonné ou gratté (je ne sais plus lequel) le mur, et l’inscription a disparu. Car c’est ainsi qu’on agit depuis tantôt deux cents ans avec les merveilleuses églises du moyen âge. Les mutilations leur viennent de toutes parts, du dedans comme du dehors. Le prêtre les badigeonne, l’architecte les gratte, puis le peuple survient, qui les démolit.

     

    Ainsi, hormis le fragile souvenir que lui consacre ici l’auteur de ce livre, il ne reste plus rien aujourd’hui du mot mystérieux gravé dans la sombre tour de Notre-Dame, rien de la destinée inconnue qu’il résumait si mélancoliquement.

     

    L’homme qui a écrit ce mot sur ce mur s’est effacé, il y a plusieurs siècles, du milieu des générations, le mot s’est à son tour effacé du mur de l’église, l’église elle-même s’effacera bientôt peut-être de la terre.

     

    C’est sur ce mot qu’on a fait ce livre.

     

    Février 1831. 

    * Fatalité 


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    Joyeuses Pâques 2019

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    Joyeuses Pâques 2019

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    L’École de Droit, place du Panthéon (photographie colorisée à la main vers 1900)

    1 L’École de Droit, place du Panthéon (photographie colorisée à la main vers 1900)

     

    Prologus. En avant-propos de ce chapitre consacré aux travaux d’extension sous la IIIème République de l’École de Droit édifiée par l’architecte Jacques-Germain Soufflot en 1774, riche de bien belles images et cartes postales anciennes (ICPA), je rappelle que le Centre Panthéon abrite aujourd’hui, au n° 12 de la place du Panthéon, de manière bien confuse, le siège de l’Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, l’École de Droit de la Sorbonne de cette même Université (Département Licence-Master 1 et Master 2), et le siège de l’Université de Paris-II-Assas (voir la rubrique Annuaire des Facultés de Droit).

     

     

     

    Plan de la Faculté de Droit de Paris après les travaux d’extension de ses bâtiments (plan postérieur à l’année 1897)

    2 Plan de la Faculté de Droit de Paris après les travaux d’extension de ses bâtiments (plan postérieur à l’année 1897).

     

     

    Un îlot de Droit. Ce plan d’une partie du Vème arrondissement du Quartier Latin de Paris montre l’emplacement de l’École de Droit de Paris (renommée Faculté de Droit, le 1er janvier 1809) après les travaux entrepris entre 1876 et 1900 qui lui ont permis d’occuper tout l’espace compris entre la place du Panthéon (ancienne place de la nouvelle église Sainte-Geneviève), la rue Cujas, la rue Soufflot et la rue Saint-Jacques. 

     

     

     

     

    Vue aérienne en 1958 du Panthéon (1), de la Faculté de Droit (2), du Lycée Louis le Grand (3) et de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (4).

    3. Vue aérienne en 1958 du Panthéon (1), de la Faculté de Droit (2), du Lycée Louis le Grand (3) et de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (4). 

     

     

            La transformation de la « vieille maison » (termes employés par le Doyen Garsonnet en 1896). Car, en effet, le bâtiment d’origine de l’École de Droit de la place du Panthéon se révélant trop étroit pour accueillir ses étudiants de plus en plus nombreux (500 en 1805, 1095 en 1808, 2055 en 1817, 3097 en 1818, 3 200 en 1893, 4 600 en 1899), de gigantesques travaux d’agrandissement durent être réalisés sous la IIIème République, d’abord entre 1878 et 1880, ensuite, dans les années 1890. Ernest Lheureux, architecte de la ville de Paris pour le Vème arrondissement, en fut le maître d’œuvre.

     

    À cette fin, et sous le contrôle de l’État, la ville de Paris, propriétaire de l’École de Droit depuis un décret du 9 avril 1811, procéda à l’expropriation de l’ensemble des maisons et terrains privés situés derrière le bâtiment d’origine jusqu’à la rue Saint-Jacques. Sur ce vaste espace, Ernest Lheureux édifia des salles de cours (six amphithéâtre disponibles en 1900), de conférences, d’examens, de thèses et de remise de prix, ainsi que des bureaux, et des salles de réunions. Il construisit encore deux salles de lectures entre 1876 et 1878, et une grande bibliothèque entre 1893 et 1898, dont l’actuelle Bibliothèque Cujas est l’héritière en dépit de son déménagement de l’autre côté de la rue Cujas, au numéro 2, en dehors du site historique de l’École de Droit.

     

    À l’issue des travaux, une plaque fut apposée au pied du grand escalier de la Faculté Droit avec ces mots gravés : « L’an 1900, Émile Loubet étant Président de la République, Georges Leygues ministre de l’Instruction publique, ont été terminés les travaux de la Faculté de droit restaurée et agrandie à frais communs entre l’Etat et la ville de Paris ».  

     

     

     

     

    La façade de la Faculté de Droit, rue Soufflot (vue panoramique vers la Tour Eiffel, prise du Panthéon).

    4. La façade de la Faculté de Droit, rue Soufflot (vue panoramique vers la Tour Eiffel, prise du Panthéon).

     

     

             Après les travaux entrepris par Ernest Lheureux, la façade gauche de l’École de Droit, sans aucune porte ou porte-fenêtre (mur de pignon), s’étendit rue Soufflot jusqu’à la rue Saint Jacques (à droite de cette carte postale ancienne).

     

    Au début du XIXème siècle, la rue Soufflot (ancienne rue du Panthéon-Français), du nom de l’architecte du Panthéon et de l’École de Droit, s’achevait en cul-de-sac au niveau de la rue Saint-Jacques. Son allongement vers le boulevard Saint-Michel et l’entrée du Jardin du Luxembourg commença sous le Second Empire, en 1846, et elle s’acheva sous la IIIème République, en 1876, année même du commencement des travaux d’extension de l’École de Droit. 

     

     

     

     

    Mur de pignon de l’École de Droit, rue Soufflot

    5. Mur de pignon de l’École de Droit, rue Soufflot (à gauche de cette carte postale ancienne noir et blanc).

     

     

     

    Mur de pignon de l’École de Droit, rue Soufflot (à gauche de cette carte postale ancienne colorisée à la main)

    6. Mur de pignon de l’École de Droit, rue Soufflot (à gauche de cette carte postale ancienne colorisée à la main).

     

     

     

    La Faculté de Droit à l’angle de la rue Soufflot et de la rue Saint-Jacques.

    7. La Faculté de Droit à l’angle de la rue Soufflot (à droite de cette photographie colorisée) et de la rue Saint-Jacques (à gauche de la photographie).

     

     

     

     

    La façade arrière de l’École de Droit (1), le lycée Louis le Grand (2), et la Nouvelle Sorbonne pour les lettres et les sciences (3), rue Saint-Jacques.

    8. La façade arrière de l’École de Droit (1), le lycée Louis le Grand (2), et la Nouvelle Sorbonne pour les lettres et les sciences (3), rue Saint-Jacques.

     

     

    La rue Saint-Jacques est probablement la plus ancienne rue de Paris correspondant au tracé fondateur de la cité gallo-romaine Lutèce en contrefort de la Montagne Sainte-Geneviève.

     

     

     

    La nouvelle entrée de la Faculté de Droit, rue Saint-Jacques

              9 La nouvelle entrée de la Faculté de Droit, rue Saint-Jacques

     

     

       C’est dans la rue Saint-Jacques qu’a été édifié, pour servir d’entrée à la Faculté de Droit, le portique, dessiné par Louis-Ernest Lheureux.

     

     

     

     

     

     

    Le portique de la Faculté de Droit, rue Saint-Jacques (planche architecture, Lheureux, 1898)

    10 Le portique de la Faculté de Droit, rue Saint-Jacques (planche architecture, Lheureux, 1898).

     

     

     

     

    Dans le langage des architectes, le portique désigne une décoration, en colonnes et en balustrades, pour servir d’entrée couverte à quelque lieu, ou pour le simple ornement (dict. d’Émile Littré). En l’espèce, il s’agit donc d’un portique d’entrée.

     

     

     

     

     

     

    La façade droite de la Faculté de Droit, rue Cujas

     

    11 La façade droite de la Faculté de Droit, rue Cujas (extrait d’une vue aérienne prise par Roger Henrard vers 1955).

     

     

    La rue Cujas existait déjà en 1230, sous le nom de rue Coupe-Gueule. Plus tard, elle fut renommée rue des Grès (déformation des mots des Grecs), puis rue Saint-Étienne-des-Grés (ou des Grès), en raison de l’église collégiale de Saint-Etienne-des-Grés qui se situait au niveau de la rue Saint-Jacques et du 5 rue Cujas. Les terrains de cette église, détruite en 1792, furent rachetés par la ville de Paris pour permettre les travaux d’extension de la Faculté de Droit jusqu’à la rue Saint-Jacques.

     

    C’est un décret du 2 octobre 1865 qui, en raison du voisinage de la Faculté de Droit, rebaptisa la rue Saint-Étienne-des-Grés rue Cujas du nom de Jacques Cujas (1520-1590), le célèbre jurisconsulte exégète du droit romain surnommé le « prince des romanistes ». Cujas aurait enseigné le droit romain un court temps à Paris avant de retourner dans sa chère ville de Bourges où il demeura jusqu’à sa mort, le 4 octobre 1590. 

     

    La façade de la Faculté de Droit donnant sur la rue Cujas et se prolongeant jusqu’à la rue Saint-Jacques, contrairement à celle donnant sur la rue Soufflot, a été percée par Ernest Lheureux de plusieurs ouvertures. Toutefois, ces ouvertures n’ont pas donné de charme particulier à ce long mur de la Faculté de Droit. C’est sans doute la raison pour laquelle je n’ai pu trouver aucune photographie ancienne de cette façade droite de la Faculté de Droit. Sauf une qui représente l’ancienne bibliothèque de l'École de Droit de Paris. Édifiée par Ernest Lheureux, cette bibliothèque était située au niveau de l'actuel numéro 3 rue Cujas, et, de ce fait, intégrée à l’îlot de l'École de Droit (elle a été détruite en 1969-1970). La photographie a été prise entre 1877 et 1880, par l’un de nos plus grands photographes : Charles Marville (1813-1879). Je vous la présenterai dans le prochain chapitre de cette saga imagée de la Faculté de Droit de Paris : 

     

       À très bientôt donc pour le chapitre XL intitulé : La Bibliothèque de Droit, rue Cujas (1/3)  


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    L’École de Droit, fondée en 1783, place du Panthéon

                          1. L’École de Droit, fondée en 1783, place du Panthéon 

     

     

     

    « Vous savez, enfants, la principale école de droit se trouve à Paris, en face du Panthéon » (G. Bruno : Le tour de la France par deux enfants. Devoirs et patrie », édition Belin, 1877, chapitre LXXVII).

     

     

     

     

     

     

     

    L’École de Droit de Paris sur un plan levé avant les travaux d’extension réalisés à la fin du XIXème siècle

     

    2. L’École de Droit de Paris sur un plan levé avant les travaux d’extension réalisés à la fin du XIXème siècle.

     

     

      Ce plan de Paris, publié par Hachette au XIXème siècle, montre l’emplacement de l’École de Droit de Paris (encadrée en jaune par votre serviteur J), achevée par l’architecte Jacques-Germain Soufflot en 1774, avant les travaux d’extension de ses bâtiments, réalisés sous la IIIème République (voir le prochain chapitre XXXIX : Les travaux d’agrandissement de 1876 à 1900). 

     

      Contrairement au plan de l’École de Droit levé par Edme Verniquet entre 1785 et 1791 que j’ai précédemment mis en ligne (chap. XIX, L’École de Droit en 1774, place du panthéon, n° 140), celui-ci mentionne la rue Soufflot (dénommée rue du Panthéon-Français avant 1807), qui borde l’École de Droit, et dont le percement avait commencé en 1760. Jusqu’au milieu du XIXème siècle, la rue Soufflot s’achevait au niveau de la rue Saint-Jacques, formant une impasse.

     

     

     

     

     

    Les travaux de la rue Soufflot commencés sous le Second Empire (photographie de Charles Marville

     

    3. Les travaux de la rue Soufflot commencés sous le Second Empire (photographie de Charles Marville. 1813-1879).

     

     

    Son prolongement vers le boulevard Saint-Michel et le Jardin du Luxembourg fut réalisé entre 1846 et 1876. 

     

     

     

     

     

    Tableau des inscriptions prises à l’École de Droit de Paris depuis son rétablissement en vertu de la loi du 22 ventôse an XII (13 mars 1804) jusqu’à l’année scolaire 1839-1840

     

    4 Tableau des inscriptions prises à l’École de Droit de Paris depuis son rétablissement en vertu de la loi du 22 ventôse an XII (13 mars 1804) jusqu’à l’année scolaire 1839-1840 (les cours ont été ouverts en novembre 1806).

     

     

        De 1805 à 1840, l’École (ou la Faculté) de Droit de Paris a connu une grande attractivité. Pendant cette période, elle est passée de 500 à plus de 3000 étudiants dont plus d’une centaine d’étudiants étrangers russes, égyptiens, roumains ou grecs.

     

         Des mesures durent être prises sous la Restauration (1814-1830) et au tout début de la Monarchie de juillet (1830-1848) pour permettre l’accueil de ces nombreux étudiants de la Faculté de Droit de Paris qui en sortaient, pour la plupart, avocats sans la moindre cause à plaider, comme Marius Pontmercy le jeune premier des Misérables de Victor Hugo (voir dans la rubrique Au Quartier Latin de ce blog, le chapitre : Marius, avocat indigent, et Cosette au Jardin du Luxembourg). 

     

     

     

     

     

    L’ancien amphithéâtre de la Faculté de Droit de Paris (photographie de Charles Marville

     

    5 L’ancien amphithéâtre de la Faculté de Droit de Paris (photographie de Charles Marville 1813-1879)

     

     

          Car, en effet, à l’origine, les bâtiments de la Faculté de Droit de la place du Panthéon comportaient un seul amphithéâtre qui suffisait pour les cinq cours de droit dispensés aux jeunes messieurs qui avaient pu échapper à l’enrôlement dans l’armée napoléonienne par voie de tirage au sort.

     

    Ils étaient 500 inscrits pour l’année scolaire de 1805-06 ; 667 pour l’année scolaire de 1806-07 ; 920 pour l’année scolaire de 1807-08 ; et 1095 pour celle de 1808-09.

     

         Mais la chute du Premier Empire, l’abolition de la conscription et l’attrait de la bourgeoisie pour les nouvelles carrières judiciaires et administratives provoquèrent une augmentation très importante du nombre des étudiants de la Faculté de Droit de Paris :

     

    1720 inscrits pour l’année scolaire de 1816-17 ; 2055 pour l’année scolaire de 1817-18 ; 2388 pour l’année scolaire de 1818-19 ; 3097  pour l’année scolaire de 1819-20 !

     

     

     

     

    L’église de la Sorbonne attribuée à la seconde section de la Faculté de Droit de Paris (photographie de Friedrich Von Martens

    6 L’église de la Sorbonne attribuée à la seconde section de la Faculté de Droit de Paris (photographie de Friedrich Von Martens, c. 1855).

     

         Sous la Restauration (1814-1830), Louis XVIII fut donc obligé, pour permettre l’accueil de tous ces jeunes gens, de diviser la Faculté de Droit de Paris en deux sections (ordonnance du  24 mars 1819). La seconde section se vit alors attribuer, par un arrêté du 13 octobre de la même année, des salles de la Sorbonne ainsi que l’église désaffectée de la Sorbonne.

     

    Cette église, qui abrite le tombeau de Richelieu sculpté par Girardon, est également connue sous le nom de Chapelle Sainte Ursule de la Sorbonne. Elle avait été construite entre 1635 et 1642 par l’architecte Lemercier sur les ruines d’une chapelle de l’ancien collège de Robert de Sorbon, devenu l’Université de la Sorbonne (le Rectorat et la chancellerie des universités de Paris [Ministère de l'Éducation], sont aujourd’hui les propriétaires de l’église de la Sorbonne).

     

     

     

     

     

    L’intérieur de l’église de la Sorbonne vers 1787 (gravure de Jean-François Janinet

     

    7 L’intérieur de l’église de la Sorbonne vers 1787 (gravure de Jean-François Janinet. Source : musée Carnavalet, n° d’inventaire G 3844).

     

     

    En 1794, l’église de la Sorbonne avait été saccagée par les révolutionnaires parisiens pour se venger de la politique fiscale de l’Ancien régime, symbolisée par le cardinal de Richelieu. Depuis, désaffectée et en fort mauvais état, elle servait d’ateliers à des artistes sculpteurs qui ne pouvaient plus travailler au Louvre.

     

    Après quelques travaux, les étudiants de la seconde section de la Faculté de Droit de Paris purent donc, dès l’année scolaire de 1809-1810, y suivre les cours de droit dispensés par les professeurs Delvincourt, Morand, Portiez de l’Oise, Pigeau, Berthelot,  Pardessus et Boulage (voir le chapitre XXXII de cette rubrique : Les chaires de la Faculté de Droit de Paris au XIXe siècle).

     

     

     

                             

    Le collège du Plessis sur le plan de Turgot de 1739      

                        8 Le collège du Plessis sur le plan de Turgot de 1739

     

    Des cours de droit furent également donnés, en 1823, sous la Restauration, dans une salle du collège du Plessis, aussi appelé collège de Plessis-Sorbonne (les bâtiments de ce collège, fondé en 1322, ont été détruits en 1864 et, sur son emplacement, a été construite la partie nord du Lycée Louis-le-Grand, 123 rue Saint-Jacques [cour Molière]).

     

           

     

             

                      Entrée du collège de Plessis-Sorbonne (1779)                    

                             9 Entrée du collège de Plessis-Sorbonne (1779)

     

    Nos jeunes messieurs et leurs professeurs de l’École de Droit de la place du Panthéon  accédaient à cette salle du collège du Plessis, mise à leur disposition, par l’entrée principale du collège qui donnait sur la rue Saint-Jacques. Malheureusement pour nos jeunes et moins jeunes hommes de lois, « cette salle était extrêmement inconfortable » (Paris, capitale juridique : 1804-1950. Étude de socio-histoire sur la Faculté de Droit de Paris, sous la direction de Jean-Louis Halpérin, 2011, éditions rue d’Ulm, p. 26).

     

     

     

     

    Le nouvel amphithéâtre de la Faculté de Droit de Paris (L’Illustration, 1847)

    10 Le nouvel amphithéâtre de la Faculté de Droit de Paris (L’Illustration, 1847)

                                                                                                                                              

     

         En raison de l’augmentation du nombre de cours (5 chaires en 1805-1806 ; 16 chaires depuis une ordonnance royale du 24 mars 1819) et plus encore d’étudiants (500 en 1805-1806 ; 1441 en 1810-1811, 2055 en 1817-1818 ; 2610 en 1829-1830), un vaste amphithéâtre circulaire fut alors construit à l’arrière du bâtiment de la Faculté de Droit entre 1828 et 1830-1831 (les assemblées municipales du XIIème arrondissement s’y tenaient également !).

     

      Il était désigné sous le nom de nouvel amphithéâtre, celui d’ancien amphithéâtre étant réservé à celui du bâtiment primitif. Un troisième amphithéâtre, plus petit, fut édifié dans l’une des salles de l’ancien bâtiment pour les cours de doctorat.

     

    Les normes de construction des amphithéâtres n’étant pas sans rappelées celles aujourd’hui en vigueur dans nos universités (J : voir dans la rubrique Drôle d’en-droit de ce blog, mes cinq chapitres intitulés : Amphis en ruine de nos universités), plusieurs des éminents professeurs de la Faculté de Droit de l’époque (Blondeau, Du Caurroy, Delvincourt, De Portets, Morand, Duranton, Demante, Bugnet, Pardessus, Berrat-Saint-Prix, Demiau-Cronzilhac), se plaignirent aussitôt « de la condensation de la vapeur d’eau sur les vitres des combles, voire de véritables inondations, et de problèmes d’écho dans cette salle de grande dimension » (AN AJ16/1789, 13 janvier 1831). C’est la raison pour laquelle, plusieurs dizaines d’années plus tard, après maintes discussions et réflexions dignes des meilleures comédies de nos grands boulevards, la Faculté de Droit de Paris connut des travaux bien plus importants encore :

     

            A très bientôt donc pour le chapitre XXXIX : Les travaux d’agrandissement de 1876 à 1900


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    L’École de Droit à Paris, en face du Panthéon (gravure/gillotage de Pérot, « Le tour de la France par deux enfants. Devoirs et patrie », édition Eugène Belin, 1877

    1 L’École de Droit à Paris, en face du Panthéon (gravure/gillotage de Pérot, « Le tour de la France par deux enfants. Devoirs et patrie », édition Eugène Belin, 1877, chapitre LXXVII).

     

     

    En souvenir de deux petits orphelins lorrains…  Chers visiteurs de ce blog consacré à Nos Facultés de Droit en images et cartes postales anciennes (ICPA), ce n’est pas sans une certaine émotion que je profite d’une matière aussi importante que la Faculté de Droit de Paris, pour glisser cette gravure la représentant de manière bien légère, avant les importants travaux d’extension de ses bâtiments, qui furent réalisés entre 1876 et 1900 (voir le chapitre XXXIX : Les travaux d’agrandissement de 1876 à 1900).

     

     

     

    Il s’agit de l’une des « 212 gravures instructives pour les leçons de chose » du célèbre livre de lecture courante pour cours moyens de G. Bruno (de son vrai nom Augustine Fouillée), « Le tour de la France par deux enfants. Devoirs et patrie », paru en 1877 (plus de 8,4 millions d’exemplaires vendus à ce jour !).

     

    En voici, pour les nostalgiques, les premières lignes :

     

           Par un épais brouillard du mois de septembre, deux enfants, deux frères, sortaient de la ville de Phalsbourg en Lorraine. Ils venaient de franchir la grande porte fortifiée qu'on appelle porte de France. Chacun d'eux était chargé d'un petit paquet de voyageur, soigneusement attaché et retenu sur l'épaule par un bâton. Tous les deux marchaient rapidement, sans bruit ; ils avaient l'air inquiet. Malgré l'obscurité déjà grande, ils herchèrent plus d'obscurité encore et s'en allèrent, cheminant à l'écart le long des fossés. L'aîné des deux frères, André, âgé de quatorze ans, était un robuste garçon, si grand et si fort pour son âge qu'il paraissait avoir au moins deux années de plus. Il tenait par la main son frère Julien, un joli enfant de sept ans, frêle et délicat comme une fille, malgré cela courageux et intelligent plus que ne le sont d'ordinaire les jeunes garçons de cet âge. A leurs vêtements de deuil, à l'air de tristesse répandu sur leur visage, on aurait pu deviner qu'ils étaient orphelins… 

     

     

    … et de Pérot ! L’auteur des gravures de ce livre dont celle du charmant dessin de l’École de Droit de la place du Panthéon est un dessinateur graveur, tristement oublié de tous, du nom de Pérot (il signait PEROT), sans prénom connu. Il a utilisé la technique du « gillotage » (du nom de son inventeur Gillot), qui consiste à transposer et à réduire photographiquement un dessin lithographique sur une plaque de zinc, cette dernière étant ensuite gravée à l’acide et utilisée pour l’impression typographique dans le texte. 

     

     

    Son dessin de l’École de Droit était accompagné d’une belle leçon de droit à la jeunesse d’Augustine Fouillée :

     

     

          Vous savez, enfants, qu'on appelle Code le livre où sont réunies toutes les lois du pays : le Code est le Livre des lois. Eh bien, depuis la fin du siècle dernier et le commencement du dix-neuvième siècle, un code nouveau a été établi en France ; Portalis est un de ceux qui ont le plus contribué à faire ce code, à chercher les lois les plus sages et les plus justes pour notre pays. Le code français est une des gloires de notre nation, et les autres peuples de l'Europe nous ont emprunté les plus importantes des lois qu'il renferme. Ceux qui veulent devenir magistrats ou avocats font de ces lois une étude approfondie, et on appelle Écoles de droit les établissements de l'Etat où l'on enseigne le code. La principale école de droit se trouve à Paris, en face du Panthéon. On compte en France 13 facultés de droit…

     

     

     

     

     

    La Faculté de Droit à Paris (peinture anonyme, fin du XIXème siècle)

             2. La Faculté de Droit à Paris (peinture anonyme, fin du XIXème siècle) 

     

     

     

     

    Si des millions de gens ont pu admirer, depuis 1877, le dessin de l’École de Droit de Paris du livre « Le tour de la France par deux enfants », soigneusement conservé dans les familles (il était bien souvent le seul livre de la maison !), bien peu de gens connaissent, cette autre image de la Faculté de Droit de Paris peinte à la même époque. Je l’ai découverte par hasard sur un site de vente en ligne d’œuvres d’art.

     

    Je n’ai guère de compétence pour décréter si cette toile est artistiquement bonne ou mauvaise (sa taille réduite et sa présentation sous verre ne m’ont pas permis d’en rendre l’image plus nette), d’autant plus qu’il n’est nulle part mentionné le nom de son auteur. Mais elle est rare puisque, sauf erreur de ma part, aucun de nos peintres les plus célèbres n’a reproduit la façade sévère de style néo-classique de la Faculté de Droit, construite de 1771 à 1773 par Jacques-Germain Soufflot, au sommet de la montagne Sainte Geneviève, place de la nouvelle église Sainte-Geneviève (devenue place du Panthéon). Nos grands peintres français ont toujours préféré déposer leur chevalet dans les allées du merveilleux Jardin du Luxembourg qui s’ouvre sur le boulevard Saint-Michel et la rue Soufflot, à quelques dizaines de mètres seulement de la Faculté de Droit et du Panthéon. Parmi ceux-ci, Auguste Renoir, Edgar Degas, Maximilien Luce, Albert Marquet, Henri Matisse, Pablo Picasso, Le Douanier Rousseau, Félix Vallotton, et Vincent Van Gogh (je suis en train de reproduire la quasi totalité de leurs toiles du Jardin du Luxembourg dans la rubrique Au Quartier Latin de ce blog).

     

     

     

     

    Les étudiants à la sortie de l’École de Droit en 1860 (dessin et gravure de Gustave Doré

    3. Les étudiants à la sortie de l’École de Droit en 1860 (dessin et gravure de Gustave Doré tirés de « Le nouveau Paris, histoire de ses vingt arrondissements ». Source : Gallica.bnf.fr Bibliothèque nationale de France).

     

     

    À très bientôt pour le chapitre XXXVIII : Construction du Grand Amphithéâtre de 1828 à 1831