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    Au jardin du Luxembourg. Poésie de François Coppée

    La Fontaine de Médicis du jardin du Luxembourg

     

     

     

    Au Jardin Du Luxembourg

    François Coppée (1842-1908)


    Cher et vieux Luxembourg! C'est vers cinquante-six 
    Que, dans les environs du palais Médicis, 
    S'étaient logés mes bons parents, dans la pensée 
    Que je serais ainsi tout proche du lycée 
    Dont alors j'étais l'un des mauvais écoliers; 
    Et le jardin royal, aux massifs réguliers,
    Aux vastes boulingrins de verdure qu'embrasse 
    Le gracieux contour de sa double terrasse, 
    M'accueillit bien souvent, externe paresseux. 
    Parmi mes compagnons j'étais déjà de ceux 
    Qui ne supportent pas la routine ordinaire
    Et font sécher des fleurs dans leur dictionnaire; 
    Et, poète futur, quand les rayons derniers
    Du soleil s'éteignaient sous les noirs marronniers 
    Et que je m'attardais, rêveur, au pied d'un arbre, 
    Il me semblait parfois que les dames de marbre, 
    Clotilde aux longs cheveux, Jeanne écoutant ses voix, 
    Et la fière Stuart et la fine Valois,
    Me jetaient des regards et me faisaient des signes. 
    Parfois encore, auprès de la maison des cygnes,
    Quand les bateaux d'enfants, inclinant leurs agrès, 
    Fuyaient sur le bassin ridé par un vent frais,
    Pour moi ces bricks mignons et ces frégates naines 
    Évoquaient l'Océan et les courses lointaines. 
    Ah! depuis ce temps-là, j'ai revu bien souvent 
    L'escadre en miniature enfuie au gré du vent, 
    Et bien souvent revu les belles dames blanches, 
    Dressant leurs sveltes corps sous l'épaisseur des branches; 
    Mais je sais maintenant combien il est amer 
    De chérir une femme et de tenter la mer, 
    Et songe que c'était un grand enfantillage 
    De désirer ainsi l'amour et le voyage!
    L'amour! ce fut aussi sous tes rameaux flottants, 
    Jardin chéri, que j'ai tant souffert à vingt ans.
    T'en souviens-tu, vieux banc sur qui j'allais l'attendre, 
    La petite blondine au regard fin et tendre 
    Par qui mon cœur naïf voulait se croire aimé? 
    Quand je passe par là, dans certains jours de mai 
    Où l'haleine des fleurs semble plus odorante, 
    Je revis les bons jours de notre idylle errante. 
    J'habitais en famille, elle avait un jaloux, 
    Et souvent pour abris, vieux parc, ces rendez-vous, 
    Où l'amour me brûlait de ses ardeurs premières, 
    N'eurent que tes lilas et tes roses trémières. 
    Je n'obtenais, toujours au moindre bruit craintif, 
    Qu'une rapide étreinte et qu'un baiser furtif. 
    Pour effleurer son front de ma bouche affolée 
    Il fallait profiter du tournant d'une allée 
    Et reprendre aussitôt l'air distrait et flâneur 
    Devant le vieux gardien avec sa croix d'honneur.


    Mais nous avions vingt ans et c'était une fête! 
    Et cette éternité d'amour que le Prophète 
    Promet aux vrais croyants au sein du paradis, 
    Oui! je la donnerais toute, je vous le dis, 
    Pour le moment si court où, dans la Pépinière, 
    Avec sa caressante et mignonne manière, 
    Se serrant sur mon coeur, elle me demanda 
    Ce long baiser que seul a vu la Velleda.


    O parc royal, tu vis finir sa fantaisie,
    Et lorsque la douleur m'apprit la poésie,
    - Car on ne sent tout son bonheur qu'en le perdant, - 
    C'est toi qui fus encore mon premier confident! 
    Triste enfant de Paris, né loin de la nature,
    C'est grâce à ton charmant asile de verdure
    Que je l'ai devinée et que je la connais;
    C'est par toi que, jeune homme à la chasse aux sonnets, 
    Qui passais sans les voir près des joueurs de paume, 
    J'ai su que l'oiseau chante et que la fleur embaume; 
    Et sous tes noirs rameaux je reviens aujourd'hui
    Pour toutes ces raisons, je t'aime, ô Luxembourg! 
    Car ma jeunesse, hélas! depuis longtemps passée, 
    Sur ton sable a semé son coeur et sa pensée, 
    Et mes premiers baisers comme mes premiers vers 
    Ont pris leur libre essor sous tes vieux arbres verts.
    Chercher la rime rare ou le mot juste enfui, 
    Et dans les voluptés du rêve je m'enfonce,
    A l'heure où le couchant saigne sous le quinconce 
    Et quand pour le départ roule au loin le tambour.


    A toi je suis lié par un secret arcane.
    Et quand je reviendrai, vieillard traînant ma canne, 
    Par quelque doux matin d'un automne attiédi, 
    Sur tes bancs, au soleil, me chauffer à midi, 
    Promets-moi, vieux jardin, témoin de mon aurore, 
    Quelque déception que me réserve encore 
    La volupté qui blase ou la gloire qui ment, 
    Que, devant une amante au bras de son amant, 
    Ou devant un rêveur qui va lisant un livre, 
    Le souvenir encore me rendra le cœur ivre 
    De ce qui l'enivrait en son doux floréal, 
    Et que je bénirai l'amour et l'idéal!


     


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    Premier jour d'hiver au Jardin du Luxembourg

     

     

     

     

     

    Premier jour d'hiver au Jardin du Luxembourg

     


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    Juges et avocats dans le journal Le Rire (6/6)

                                                   1 En cour d’assises

                             Quand le pauvre bougre ne s’appelle pas MEG*

     

                    Désert de la prescription

                    Torrent des conclusions

                    Crête des vices de forme

                    Caverne du pourvoi en appel

                    Forêt des récusations

                   Gouffre de l’incompétence

                   Route du jugement définitif

                            (Le Rire, 13 novembre 1909. Dessin de André Hellé)

     

     

     * Meg était le surnom donné à Marguerite Steinheil (1869-1954), qui fut plusieurs fois célèbre. D’abord, pour sa liaison intime avec le président Félix Faure qui, le 16 février 1899, trouva la mort dans ses bras dans le petit Salon Bleu du palais de l’Elysée. Ensuite, pour avoir été au cœur d’une sombre affaire judiciaire, en 1908 et 1909, suite à l’assassinat, chez elle, dans la nuit du 30 au 31 mai 1908, de son époux Adolphe Steinhel, qu’elle trompait avec maintes personnalités. Le juge d’instruction qui l’avait fait arrêter et emprisonner à la prison Saint-Lazare fut alors dessaisi de l’enquête au profit d’un autre juge d’instruction ! N’ayant cessé de se contredire et de mentir tout au long de l’instruction, Marguerite Steinheil fut jugée, à partir du 3 novembre 1909 par la cour d’assises de Paris. Le 14 novembre, elle fut acquittée, malgré les mots du président de cette cour selon lesquels les explications de Marguerite Steinheil n’étaient qu’un « tissu de mensonges ». Je présume donc que le dessin du journal Le Rire, paru le 13 novembre 1909, avec l’allusion à MEG, sans autres précisions, avait pour objet de tourner en parodie cette affaire des plus médiatisée à l’époque. 

     

      

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (6/6)

                                                      2 Leurs honoraires 

         La brave femme.J’son pas riché, mon avocat, aussi j’paierons en nature !

                           (Le Rire, 25 mars 1905. Dessin de Huard ou LLuart)

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (6/6)

                                                3 Au procès des bandits

    - L’avocat. – Vous acquitterez mon client, car la société seule est coupable ! Si elle lui avait fourni une automobile, il n’aurait pas eu besoin d’en emprunter une, et si elle lui avait donné cent mille francs de rente, il n’aurait pas été dans l’obligation de tuer un garçon de recette.

                             (Le Rire, 15 février 1913. Dessin de Fr. Mazereel)

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (6/6)

                             4 Le banditisme à 50 H.P. (MHP = km par heure)

                             Monsieur le juge d’instruction « suit l’affaire ».

                                   (Le Rire, 4 avril 1912. Dessin de L.M.)

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (6/6)

                               5 Les bons comptes font les bons amis 

             - Comment misérable ! Vous avez assassiné un homme pour 58 sous !

             - Oh ! Je vous jure, mon Président, que je le croyais plus calé !

                             (Le Rire, 12 avril 1902. Dessin de Moriss)

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (6/6)

                                               6 Les honoraires des avocats 

         - Un peu de patiente, mon cher maître, votre client pensera à vous un jour à  l’autre…

                                (Le Rire, 18 mars 1905. Dessin d’Hermann-Paul)

     

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (6/6)

                                                             7 Justice moderne

    L’avocat.- Sans doute, vous êtes un criminel mais je pense pouvoir obtenir votre acquittement si votre femme consent à s’asseoir en face du jury et à pleurer pendant tous les débats.

                                      (Le Rire, 8 février 1902. Puck New-York)


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    Juges et avocats dans le journal Le Rire (5/6)

                                                 1 Saisie au parquet

                             - C’est absolument dégoûtant… il faut poursuivre.

                             -  C’est ça… puisqu’il en reste encore poursuivons.

                               (Le Rire, 12 août 1905. Dessin d’Abel Faivre).

     

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (5/6)

                    2  « Votre âge, votre aimable innocence » (Voltaire, Fanat. I,2).

                     - Voyons, à votre âge, vous n’avez pas éprouvé une petite émotion en       dérobant ce porte-monnaie ?

                    - Si, j’ai eu peur qu’il soit vide !

                  (Le Rire, 13 juin 1908. Dessin de Léonce Burret).

     

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (5/6)

                                                           3 Mésentente 

      - Vous voulez divorcer avec votre mari. Vous ne pouvez pas vous entendre… En quoi se manifeste vitre incompatibilité d’humeur ?...

      - Je veux divorcer et lui ne veut pas.

    (Le Rire, 10 juillet 1909. Dessin de Plumet).

     

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (5/6)

    « Les décorations n’ajoutent pas au mérite des juges, elles se méritent. » (J.B. 19 décembre 2019)

                    - Est-ce que depuis longtemps je ne devrais pas être décoré ?

                    - Oui… mais vous n’avez jamais su faire couper une tête.

                   (Le Rire, 10 juillet 1897. Dessin de E. Couturier).

     

     

     Juges et avocats dans le journal Le Rire (5/6)

                                      5 « Vous me pardonnerez mon absence ».

             - Dites donc, gardien…, ce monsieur qui vient de venir me voir, c’es’…

             - C’est le procureur de la République.

             - Eh bien, il m’embête : la première fois qu’il reviendra, vous me ferez le plaisir de dire que je n’y suis pas.

              (Le Rire, 15 mai 1897. Dessin de Lempereur).

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (5/6)

                                       6 La parole d’un homme d’honneur.

       L’accusé. – Tranchons là, monsieur le Président. Je vous donne « ma parole     d’honneur » que je suis innocent.

    (Le Rire, 20 mai 1911. Dessin de J. Dépaquit).


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    Juges et avocats dans le journal Le Rire (4/6)

                                              1         Projet de fresque

    L’électricien Briand* installe la clarté du langage dans l’antre obscur du jargon judiciaire.

    (Le Rire, 11 avril 1908. Dessin de Hellé)

     

       *Aristide Briand (1862-1932), un ancien étudiant en droit, jeune clerc de notaire à Saint-Nazaire, devenu avocat dans la même ville puis à Pontoise, fut onze fois président du Conseil et vingt-six fois ministre sous la Troisième République.

     

          C’est en 1908, année de ce dessin humoristique du journal Le Rire, alors qu’il était Garde des Sceaux et ministre de la Justice et des Cultes du gouvernement Clémenceau, qu’Aristide Briand se lança non seulement dans un plaidoyer resté célèbre en faveur de l’abolition de la peine de mort (en définitive consacrée le 10 octobre 1981), mais, ce que l’on sait moins, dans un autre combat : celui de la simplification du langage de la procédure. Ainsi, par une circulaire du 25 mars 1908, enjoigna-t-il aux avoués et huissiers de délivrer des copies d’actes et de jugements « nettes, correctes et lisibles ». Sans doute ce dessin paru, quelques jours plus tard, dans le numéro du journal Le Rire du 11 avril 1908, fait-il échos à cette circulaire.  

     

     

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (4/6)

                                                 2 Euphémismes d’avocat 

        - Non pas crime… affaire ! Non pas complices… associés ! Vous dites vol ? je dis : appel de fonds. Viol ? je réponds : tripotage.

    (Le Rire, 20 février 1909. Dessin de Métivet).

     

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (4/6)

                     3 Condamner un malade, un navire, un livre, une porte… 

                          -  Quand vous aurez fini avec cette porte.

                          -  Mais monsieur le Juge n’a qu’à la condamner.

                   (Le Rire, 21 septembre 1895. Dessin de Abel Audez).

     

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (4/6)

    4  Le réquisitoire

    - Bien que fort jeune encore, messieurs, l’accusée a déjà des antécédents déplorables : dès l’âge de trois ans elle fut condamnée par tous les médecins. 

    (Le Rire, 19 octobre 1901. Dessin de Moreau).

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (4/6)

                                            5 Circonstances atténuantes

    - Oui, messieurs les jurés, nous avons tué deux hommes, mais c’était à la fin d’un dîner, nous avions bu deux verres de trop, ça ne fait jamais qu’un verre par personne… : vous acquitterez. 

    (Le Rire, 19 août 1911. Dessin de L. Métivet).

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (4/6)

                                               6 Le juge en vacances (1/2)

                                               Il condamne une porte…

                                              … applique le minimum à la grille…

                                              … acquitte quelques notes 

     

     

    Juges et avocats dans le journal Le Rire (4/6)

                                             7 Le juge en vacances (2/2)

                                              … épluche un dossier…

                                              … reçoit une plinthe…

                                              … et enfin, applique le code à sa femme.

                                          (Le Rire, 19 août 1905. Dessins de Dépaquit)