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    Droit et Justice: place aux femmes en chromos 17

     1 – « Messieurs de la Cour… » (chromo Aux filles du Calvaire, 1-3-5-7-9 rue des Filles du Calvaire, et 96 rue de Turenne, Paris).

     

          Aux filles du Calvaire était, à la Belle Époque, un grand magasin parisien de nouveautés de vêtements pour la gente féminine. Comme la plupart des commerces, ce magasin recourut à la publicité sous forme d’images chromo-lithographiées, dites chromos, remises aux enfants des clientes lors de leur passage en caisse.

     

         Cette jolie chromo (le mot chromo étant aussi bien masculin que féminin, pour cette page d’aujourd’hui dédiée aux femmes, j’emploierai le féminin), représente une femme avocate plaidant lors d’un procès. Cela peut susciter l’étonnement pour au moins deux raisons.

     

         Le Rouge et le Noir. D’abord, la robe de cette avocate est rouge, comme celle de certains magistrats (Cour d’assises…) et non noire comme celle de nos avocats contemporains. Mais c’est normal car, ainsi que je l’ai expliqué dans la précédente page, au Moyen Âge, les avocats portaient deux robes de couleur différente : une rouge lors des cérémonies et des audiences ; une noire dans d’autres circonstances. Par la suite, ils renoncèrent au rouge sous la pression de magistrats qui voulaient être les seuls à porter cette couleur, qui symbolise l’honneur, la puissance, le pouvoir... J’ajouterai qu’il était difficile à ce magasin de vêtements féminins à la mode d’affubler ses « modèles » publicitaires d’une robe noire, couleur généralement associée aux deuils et aux enterrements !

     

       L’année de la femme. Ensuite, à l’époque de l’édition de cette chromo, dans les années 1880 à 1890, les femmes ne pouvaient exercer la profession d’avocat. En effet, c’est une loi du 1er décembre 1900 qui a autorisé l’accès au barreau des premières femmes licenciées en droit. À la suite de celle-ci, Jeanne Chauvin (1862-1926) fut la première femme à plaider comme avocate, en 1901, et à susciter l’intérêt des médias de l’époque, désormais convertis à la prise d’images photographiques (sur la toile, je n’ai trouvé aucun dessin ou portrait photographique de Jeanne Chauvin, tirés en chromolithographie).

     

     Je vous renvoie donc aux pages que j’ai déjà consacrées à l’accès des femmes aux barreaux : 

    http://droiticpa.eklablog.com/droit-et-justice-dans-le-journal-le-sourire-7-7-les-femmes-a180692382 

              

     

    Droit et Justice: place aux femmes en chromos 17

    2 Juges en robe rouge, avocate en robe noire (chromo Chocolat Payraud. Imprimeur-lithographe Baster et Vieillemard, installé à Paris de 1869 à 1886).

     

       Pour cette page d’aujourd’hui, voici quelques chromos dénichées sur la toile, que j’ai rangées en trois catégories :

    I. Les déesses de la justice dans la mythologie ;

    II. Les petites filles en costume d’avocat ou de juge ;

    III. Les femmes accomplies avocates ou juges.

     

     

     

     

    Droit et Justice: place aux femmes en chromos 17

    3 Petite Mythologie Classique : Thémis, Déesse de la Loi Divine (chromo Manufacture Bleu Daloz, ancienne Maison Passier-Roux, fondée en 1812, à Dole dans le Jura).

     

     La mythologie de l’antiquité classique, grecque (puis romaine), comporte une multitude de Dieux et de Déesses. Parmi ces dernières, Thémis (Justicia pour les romains), la Déesse de la Loi Divine (souvent citée comme la Déesse de la Justice). Thémis est la fille d’Ouranos et de Gaïa, de la première génération divine, dite des Titans, qui habitent dans les cieux. Elle est traditionnellement représentée avec deux symboles. D’une part, la balance, dans sa main droite, qui fait référence à l’idée d’équilibre et de mesure, le juge pesant les arguments de chacune des parties. D’autre part, le glaive (ou épée), dans sa main gauche, qui fait référence à la force, à la puissance et à la sanction : le juge devant trancher le conflit et sanctionner (d’où l’expression bras armé de la Justice).

     

         Thémis est parfois confondue avec Dicé, une des Heures (Divinité représentant les saisons), qui, personnifiant la Justice humaine dans ses aspects moraux et pénaux, est ennemie des mensonges et garante d’une bonne marche de la justice. Quant à Astrée, fille de Thémis et de Zeus, elle diffusa parmi les hommes les sentiments de Justice et de Vertu, puis quitta la Terre pour se réfugier au Ciel parmi les constellations (désolé, mais je n’ai trouvé sur la toile aucune chromo représentant Dicé et Astrée !). 

     

     

     

     

    Droit et Justice: place aux femmes en chromos 17

                              4 Petite Mythologie Républicaine (chromo non publicitaire et non datée).

     

        La légende de cette chromo trouvée, par hasard, sur la toile d’Internet, mentionne une image glorifiant La République (sans doute la Troisième République). L’on reconnaît sur la gauche, Thémis, la Déesse grecque de la Loi Divine ou de la Justice, tenant le glaive et la balance. Au centre, se trouve Aléthée (aussi nommée Alatheia), la Déesse grecque de la Vérité (son équivalent romain est Veritas) ; fille de Saturne ou du Temps. Souvent elle est représentée avec un soleil, un livre ouvert et une palme. Quant à la troisième divinité, sur la droite, en partie nue et tenant un miroir dans la main droite, il doit s’agir d’Aphrodite, la Déesse grecque de l’amour de la beauté (son équivalent romain est Vénus).

     

     

     

    Droit et Justice: place aux femmes en chromos 17

    5 Petite Mythologie Humoristique : Thémis, vingt ans après son inscription au Barreau comme avocate (chromo ancienne caricaturale).

     

     

    « Alain Furbury (ancien avocat du Barreau de Toulouse) disait qu’il faut vingt ans pour faire un(e) bon(ne) avocat(e). Il avait raison » (Éric Dupont-Moretti, Ministre de la Justice).

     

       On observera que cette citation contemporaine prend le contrepied d’anciens proverbes anglais (« En fait de médecin, les vieux ; en fait d’avocat, les jeunes »), et birman (« Il faut que le médecin soit vieux et l’avocat jeune »).

     

     

     

    Petite Mythologie Classique : Némésis, Déesse de la Vengeance et de la Justice (chromo

    6 Petite Mythologie Classique : Némésis, Déesse de la Vengeance et de la Justice (chromo Chocolats Guérin-Boutron, série La Mythologie. Imprimeur-lithographe Vallet Minot & Cie, 5, rue Béranger, Paris).

     

      Cette chromo représente Némésis, la Déesse grecque de la Vengeance et de la Justice distributive (à chacun son dû). Némésis personnifie la loi morale qui réprouve toute démesure, ainsi que la jalousie divine des hommes osant se comparer aux Dieux.  

     

     

     

     

    Droit et Justice: place aux femmes en chromos 17

    7 La jeune avocate et les jurés féminins (chromo Au Bon Marché, sans doute issue d’une série perdue à jamais).

     

    N° 1 « Nos fillettes jouent à la jeune avocate qui plaide la cause du malheureux chien, le jury féministe décidera du châtiment ».

     

        Six : « cinq plus un » (dictionnaire de l’Académie française). Sauf erreur, dans la mesure où il est mentionné sur cette chromo « N° 1 », elle doit faire partie d’une série de six ou huit chromos, nombres en usage à la fin du XIXème siècle pour l’édition de chromos remises aux enfants des clientes des grands magasins. Une seule chromo étant « donnée » lors du passage en caisse des clientes, ces dernières étaient obligées de revenir faire des achats dans le même magasin pour permettre à leurs enfants de réunir une série complète ! Je n’ai pu retrouver sur la toile les cinq autres chromos de cette série. Cela est excusable, si j’en crois les commentaires d’un collectionneur de chromos : « De 1895 à 1914, le Au Bon Marché a distribué 50 millions de chromos, chacun (e) avec un tirage compris entre 100 et 400 000 exemplaires. Bien que le tirage de ces images soit relativement important, celles-ci sont aujourd’hui rares, la plupart d’entre elles ayant été détruites au fil des ans. Les collectionneurs de chromos-images du Au Bon Marché ont bien du mal à compléter leurs collections » (http://www.cartolino.com/fr/chromos-bonmarche.html).

     

      Plaidoirie : un substantif toujours féminin. Selon la quatrième édition du dictionnaire de l’Académie française (1762), « la plaidoirie est le discours prononcé à l’audience du tribunal par un avocat » (le terme avocate est introuvable dans les huit premières éditions de ce dictionnaire) pour défendre le droit d’une partie ». Le mot plaidoirie est synonyme de deux mots plus anciens : plaidoier, devenu plaidoyer, et plaid, qui désignait l’audience d’un tribunal (« Tous les jours, le premier aux plaids et le dernier. » Racine, Les Plaideurs, I, 1).

     

     

     

    Droit et Justice: place aux femmes en chromos 17

    8 La jeune avocate en robe noire (chromo Au Bon Marché, issue d’une série consacrée aux costumes féminins).

     

       Devinette. Quelles sont, aujourd’hui, les formules pour s’adresser à une femme avocate : Madame ? Maître ? Maîtresse ? Cher Maître ?  Chère Maître ? Cher(e) Confrère ? Chère Consœur ?

     

     

     

     

    Droit et Justice: place aux femmes en chromos 17

    9 – J’ai si mal défendu mon client qu’on l’a acquitté (chromo. Imprimeur-lithographe H. Sicard, 28 rue Amelot, Paris).

     

     La Parole est à la Défense : « La plaidoirie parfaite produit le même effet qu'une femme trop belle sur papier glacé : aucun. Mieux vaut une petite maladresse de langue qu'un réfrigérant imparfait du subjonctif. » (Maître Michel Konitz, avocat au Barreau de Paris. L’Express, 4 avril 2015 : https://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/les-avocats-confient-leur-pire-souvenir-de-plaidoirie_1667130.html). 

     

     

    Il Giudice, Le Yude, The Judge (chromo)

                                                          10 Il Giudice, Le Yude, The Judge (chromo).

     

                                             Le juge, en anglais : The Judge

                                             Le juge en italien : Il Giudice

                                        Quant au second mot : Le Yude, je ne l’ai pas trouvé avec les divers traducteurs en ligne (bienvenu pour un commentaire).

     

     

     

    Droit et Justice: place aux femmes en chromos 17

    11 - C’est clair ! (chromo Chicorée ménagère. Au bas de cette chromo publicitaire tirée d’après une photographie est apposée la marque « L. V. & Cie », de l’imprimerie chromolithographique en nom collectif « Léopold Verger et Cie », fondée en 1895, et dont l’usine était 161 boulevard Ornano à Saint-Denis, et les bureaux 61 Faubourg Poissonnière à Paris).

     

     « Pour peu de faits, souvent grands plaids » (proverbe ancien français).

     

    « En longs plaids, avocats vendangent » (proverbe ancien français).

     

     

     

     

    Droit et Justice: place aux femmes en chromos 17

    12 De l’art de bien plaider (chromo Fer Bravais, un médicament à base de fer contre l’anémie, la chlorose, la débilité et l’épuisement, distribué en pharmacie à la fin du XIXème siècle).

     

    - Oui ! Messieurs, suivez mon conseil, faîtes comme moi, prenez et faîtes prendre tous les jours à vos enfants 20 gouttes de véritable Fer Bravais si vous voulez les rendre forts, robustes, et leur éviter toutes sortes de maladies.

     

     

     

     

    Droit et Justice: place aux femmes en chromos 17

    13 De l’hydratation pendant la plaidoirie (chromo Alcool de Menthe de Ricqles. Remède inventé, en France, en 1838, par Heyman de Ricqlès. Illustrateur Albert Guillaume [1873-1942]). 

     

    - Messieurs de la Cour, Messieurs les Jurés… je ne saurais comment vaincre l’émotion que j’éprouve à parler devant vous, si ce verre d’eau sucrée ne contenait heureusement quelques gouttes d’Alcool de Menthe de Ricqlès.

    Oui ! Messieurs, suivez mon conseil, faîtes comme moi, prenez et faîtes prendre tous les jours à vos enfants 20 gouttes de véritable Fer Bravais si vous voulez les rendre forts, robustes, et leur éviter toutes sortes de maladies.

     

     

     

    Droit et Justice: place aux femmes en chromos 17

                                          14 Les contrastes : Avocat et Plaideuse (chromo, années 1900)

     

     

       Bientôt 100% de femmes avocats… ou avocates ? L’accès au barreau des premières femmes licenciées en droit, autorisé par une loi du 1er décembre 1900, a soulevé un problème de vocabulaire dans la mesure où le mot masculin avocat n’avait pas encore d’équivalent féminin. Toutefois, il est étonnant qu’aujourd’hui, le mot avocate ne soit pas utilisé dans les règlements de certains barreaux évoquant l’exercice de la profession d’avocat par des femmes, pourtant plus nombreuses que les hommes (au 1er janvier 2016 : 63 923 avocats en France, dont 55,1 % de femmes, contre 48,7% dix ans auparavant).

    http://droiticpa.eklablog.com/bientot-100-de-femmes-avocates-a139158506

     

     

     

     

    Droit et Justice: place aux femmes en chromos 17

    15 Madame la Présidente de la Cour d’assises. Ombre chinoise avec les mains (chromo Restaurant Table d’Hôte Blond, 2, Boulevard Montmartre, Paris).

     

       À très bientôt. La page suivante que je suis en train de préparer sera réservée à une série rarissime de six chromos, intitulée « avocate et mère », éditée en cartes postales en 1905, et dont l’imprimeur lithographe reste une énigme.


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    Droit et Justice : avocate et mère en chromos 18

    0. Mon père m’a donné un cœur, mais vous l’avez fait battre. Honoré de Balzac, Le Père Goriot (chromo Liebig). 

     

       Petite introduction…artistique.  Cette série complète de six photographies (ci après n° 1 à 6), tirées en chromolithographies (chromos), éditée en cartes postales, porte l’intitulé : « avocate et mère ». Elle date des toutes premières années 1900, car une autre de ces cartes, trouvée en ligne, comporte un timbre avec un cachet de poste de l’année 1905. Le photographe et l’imprimeur lithographe de cette série ne sont pas identifiables. Elle n’en demeure pas moins exceptionnelle, car même si des centaines de millions de chromos ont été éditées par les nouveaux magasins et commerces entre les années 1870 et 1910, souvent en séries de six ou de huit, la plupart d’entre elles ont disparu ou été mises à la poubelle au XXème siècle par nos aînés qui les avaient découvertes rangées dans des albums enfouis au fond d’une armoire ou d’une malle pleine de poussière ! Quant à la découverte d’une série complète de six ou huit, cela relève d’un heureux hasard dont je tiens à vous faire profiter

     

        Je vous souhaite donc une bonne promenade printanière visuelle, peu important que nos Petites Chromos de la Belle Époque soient encore méprisées ou dédaignées par nos Grands Dictionnaires et Musées (définition du mot chromo dans Le Robert : «… 2 Image en couleurs de mauvais goût »).

     

     

     

     

    Droit et Justice : avocate et mère en chromos 18

    1 – Messieurs de la Cour, Messieurs les Jurés. Avant de jurer de dire la vérité – j’ai à vous faire l’aveu de ce que vous pourriez me reprocher comme une faute grave et comme un manquement à mes devoirs d’avocat – J’ai pris avec moi mon fils !

     

     

     

     

    Droit et Justice : avocate et mère en chromos 18

    2 – Pourquoi me direz-vous ?... Parce que je veux prêter serment sur quelque chose qui me soit cher !

     

     

     

     

    Droit et Justice : avocate et mère en chromos 18

    3 – Et, depuis que vous avez retiré de ce sanctuaire l’image du Christ, il ne reste plus à l’homme que le néant ou le rêve pour fortifier son cœur !

     

     

     

     

    Droit et Justice : avocate et mère en chromos 18

    4 – Pardon, Messieurs, je m’arrête un instant pour allaiter mon enfant, et c’est la mère qui réclame l’indulgence du Tribunal

     

     

     

     

    Droit et Justice : avocate et mère en chromos 18

    5 – Je me tourne par respect pour la Cour - mon enfant s’est oublié pendant ma plaidoirie.

     

     

     

    Droit et Justice : avocate et mère en chromos 18

    6 – … et la jeune mère ajouta en le regardant tristement et avec amour : Sur la tête de mon fils, Messieurs, je jure de dire la vérité… toute la vérité… rien que la vérité…

     

     


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    Droit et Justice : l’humour en chromos

    1 De Grandes Espérances (chromo Chocolats Guérin-Boutron, médailles d’or aux Expositions Universelles de 1889 à 1900. 29, Boulevard de Poissonnière, 28, rue Saint-Sulpice, Paris).

        – Jeune homme sachant raser entrerait au service de Monsieur, Avocat ou Député. Parfaitement apte à remplacer son Patron

     

       Avant les vidéos humoristiques d’Internet… L’humour, du mot anglais éponyme signifiant gaieté d’imagination, veine comique, lui même héritier de l’ancien mot français humeur, n’est pas l’apanage de l’Internet du XXIème siècle qui regorge de vidéos de déclarations récréatives d’avocats devenus, contre leur gré, hommes politiques, comme celle de notre actuel Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Diffusée sur LCI, en avril 2018, elle a depuis été visionnée près de 400 000 fois sur le site youtube de L’Obs:

    https://www.youtube.com/watch?v=pGDH15EiPTk

     

     

         C’est vrai ou c’est pas vrai ? Souvenez-vous, à la question sur un éventuel souhait de devenir Ministre, cet avocat pénaliste, renommé pour le nombre d’acquittements obtenus, avait répondu en ces quelques mots franchouillards et drolatiques : « Non, sûr ! Vous voulez que je vous le signe ?... D'abord, personne ne me le proposera, ce serait un bordel, mais alors... Personne n'aurait jamais l'idée sotte, totalement saugrenue, incongrue, invraisemblable de me proposer cela… Franchement je n'accepterais jamais un truc pareil. Ce n'est pas mon métier. »

     

     

     

     

     

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos

               2 L’avocat dit baveux ou  bavard (chromo Chocolat Masson. 91, rue de Rivoli, Paris).

        – Il est vrai qu’il a tué père et mère !... Mais songez, Messieurs, qu’il est orphelin !

     

     

    … les chromos publicitaires humoristiques de la Belle Époque. Déjà, depuis les années 1880-1890 et jusqu’aux années 1910-1915, les nouveaux magasins et commerces n’hésitaient pas à remettre à leurs clients des chromos représentant des avocats et des juges, accompagnées de légendes sous forme de dialogues ou de blagues très drôles. Certaines de ces plaisanteries étaient parfois reprises sous des dessins chromatiques publicitaires différents comme ce délicieux mot d’avocat dont j’ignore l’origine (voir images n° 2 et 3).

     

     

     

     

     

     

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos

            3 Première plaidoirie du jeune avocat (chromo Chocolat Masson. 91, rue de Rivoli, Paris).

       – Mon client, Messieurs, a tué son père et sa mère ; C’est vrai ! Mais songez qu’il est orphelin

      

     

     

     

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos 20

                                               4 L’attente du juge amoureux (chromo. Non datée).

                                 - Attendu que j’attendais de vos nouvelles.

                                 - Attendu que je n’ai rien reçu de vous,

                                 - Par ces motifs…

     

        Le ridicule ne tue plus. Depuis la fin de l’année 2019, la Cour de cassation a mis fin aux « Attendu que » qui ponctuaient les débuts de chaque paragraphe de ses arrêts. Quant aux juridictions administratives (Conseil d’Etat, Cours administratives d’appel et tribunaux administratifs) elles ont abandonné, cette même année, leur « Considérant que », hérité des arrêts du Conseil d’État du Roi de l’Ancien régime, qu’elles ont remplacé par « Considérant ce qui suit ».

     

     

     

     

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos

    5 Le jugement de condamnation (chromo Maison Nouvelle. 55, Boulevard de Sébastopol, Paris. Circa 1900).

                             -  Quel est le comble de la sévérité pour un avocat ? 

                             - Condamner une porte 

     

     

     

     

     

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos

    6 Au pays NormandChez l’avocat (chromo. Coll. P. Bunel, phot-édit. à Vimoutier. Illustrateur : F. B.).

            - Vous perdrez votre procès, vous avez tous les torts...

           - Oh ! vous vous en tirerez ben… avé quéques ment’ries comme vous savez si ben en dir’… j’pourrai co ben p’tête des fois l’gagner.

     

     

     

     

     

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos 20

              7 Dans le cabinet du juge d’instruction (chromo Chocolat Poulain).

              - Enfin pourquoi avez-vous dévalisé cette pauvre vieille ?

              - Pour acheter du Chocolat Poulain, mon juge !

     

     

     

     

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos

                             8 La toque d’avocat* (chromo Au Petit Saint Thomas, rue du Bac, Paris).

                    Je prends le bonnet d’avocat. Je fais d’un affreux scélérat.

                    Et par ma sublime éloquence, Un vrai modèle d’innocence.

     

     

    *De nos jours, les avocats ne portent plus leur toque noire lors des audiences. Le mot toque désigne désormais le casier dans lequel chaque avocat reçoit son courrier professionnel au sein du palais de justice. Dans l’argot de la Belle Époque, le mot Toque désignait également une personne mauvaise, laide, désagréable, rusée…  

     

     

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos 20

                                                    9 Maître BonBec* (chromo Minot)

     

             - Pardon, Monsieur le Président, j’attendrai pour finir ma plaidoirie que Monsieur le Conseiller soit réveillé...

              - Soit, Maître Bonbec, mais... il attend peut-être pour se réveiller, que vous ayez fini..

     

      *Bon Bec = Bonne Parole. L’une des tours de la Conciergerie du Palais de justice de l’Île de la Cité, à Paris, porte le nom de Tour Bonbec (ou Bon-bec). Elle doit ce nom au fait que s’y trouvait, sous l’Ancien régime, une salle où était pratiquée la « question » (la torture) afin de faire avouer les accusés.

     

     

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos

            10 Dents-de-loup… (chromo Grande Cordonnerie du Temple. 162, rue du Temple. Paris)

                               -   Vous avez un état, des moyens d’existence ?

                               -   Voilà, mon président…

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos

    11 Chère Maîtresse* (Chromo de Louis Gougeon, illustrateur humoriste dans les années 1930).

           Je ne pourrai jamais me consoler de n’avoir pu vous éviter 3 jours de prison !!! 

             –   Il y a des compensations cher Maître*… 

     

      *Chère Maître, Chère Maîtresse, Chère Confrère, Chère Consœur, Chère Collègue ? On observera que l’illustrateur de ce dessin a employé les mots « Cher Maître », à l’égard de cette jeune femme avocate. Qu’en serait-il aujourd’hui, étant précisé que le mot « Maîtresse » n’a, sauf erreur, jamais été utilisé pour désigner des femmes avocates, contrairement aux femmes institutrices.

     

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos

    12 Les circonstances atténuantes en 1901 (Chromo À la Belle Jardinière. Magasin installé, en 1867, Quai de la Mégissserie, à Paris).

          Pas de circonstances atténuantes ! C’est trop fort !

        J’ai donné un coup de couteau et dix sept après pour voir si je taperais dans le même trou. C’est tout.

     

    Du côté des Facs de Droit des années 1900… Voici la présentation de la notion de « circonstances atténuantes » par Émile Garçon (1851-1922), Professeur de droit criminel et de législation comparée à la Faculté de Droit de Paris, sous l’article 463 de son célèbre « Code pénal annoté » (1ère édition. 1901) :

     « Les circonstances atténuantes peuvent être définies : une excuse judiciaire qui, accordée arbitrairement par le juge lui permet d’abaisser la peine dans la mesure fixés par la loi. Elles sont donc abandonnées à l’appréciation souveraine des juges du fait ; aucun texte ne les détermine et, selon les propres expressions des auteurs de la réforme de 1832, elles sont « indéfinissables et illimitées ». Elles résultent de tontes les circonstances qui diminuent, soit la gravité objective du délit, soit la culpabilité subjective de l’agent, mais qui échappent nécessairement, à raison de la- variété des espèces, à toute prévision du législateur.

    Parmi les causes de circonstances atténuantes les plus fréquentes, on peut citer comme exemples : les bons antécédents du coupable, la mauvaise éducation qu’il a reçue, son âge, son repentir, les mobile qui l’ont fait agir, les passions qui l’ont entraîné ; l’ascendant qu’un complice a exercé sur son esprit, son extrême misère, son ignorance de la loi, le peu d’importance du préjudice causé ou sa réparation, le fait que le délit n’a pas réussi, le défaut de préméditation... »

     

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos

    13 Sous les verrous (Chromo Biscuits Pernot. L’usine des Biscuits Pernot a été créée en 1869 à Dijon. Elle était réputée grâce à ses biscuits, petits-beurre, friands, macarons, galettes et gaufrettes, ainsi que par ses belles affiches publicitaires signées par Capiello, Gex et Noirot).

       - Désirez-vous quelque adoucissement au régime de la prison ?

      - Je ne me plaindrais de rien si j’avais tous les jours quelques BISCUITS PERNOT.

     

       Le Chant de Mazas (chanson circulant dans les prisons cellulaires après 1850) :

    " Et toi Latude, type de bonnes gens,

    Si tu voyais cette nouvelle cage*,
    Tu ne pourrais y faire tes trente-cinq ans,
    Tu serais fou avant six mois de gage.
    Tu ne pourrais y élever des rats
    Car pas un ne reste au vestibule
    Papa Mazas** un cloître*** fit d’elle
    En inventant pour nous la cellule. »

    *cage = prison et maison d’arrêt cellulaires ;  

    **Mazas = ancienne prison de Paris construite dans la seconde moitié du XIXème siècle, en face de la gare de Lyon, pour l’internement des prisonniers de droit commun ; 

    *** cloître = cellule.  

     

     

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos

       14 Les bons comptes font les bons amis (Chromo Piperita-Elixir. Alcool de menthe poivrée).

                    - La Cour condamne le délinquant à 4 francs d’amende.

                   -Voilà, mon président, avez-vous de quoi me rendre ?

     

     

    Droit et Justice : l’humour en chromos

    15 Va manger ta bouillie si tu veux grandir… (Chromo Phosphatine Falières, la première bouillie de bébé, enrichie en phosphate de calcium, créée, au XIXème siècle, par un pharmacien, Émile Falières). 

               - Grâce à la PHOSPHATINE FALIÈRES, il sera Grand Avocat.

        Grands Avocats… À bientôt pour une série d’une quinzaine de chromos publicitaires, plus ou moins didactiques, éditées à la Belle Époque, représentant des avocats, anciens ou contemporains, devenus célèbres. 


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    1er Mai : jour du muguet Porte-bonheur en chromos enfantines

     

       

          Le muguet (de l’ancien occitan notz muscada, noix musquée, en raison de son parfum), petite fleur de nos forêts et sous bois, connaît des noms les plus charmants : Lis des Vallées, Lis de Mai, Clochette des bois, Reine des bois, Amourette, Grelots, Grillets, Gazon du Parnasse (gazon créé par Apollon, Dieu du Parnasse, pour être foulé par les pieds délicats de ses neuf muses).

     

     

     

     

    1er Mai : jour du muguet Porte-bonheur en chromos enfantines

     

     

     

         Symbole de Porte-bonheur et du Printemps sous les Celtes, le muguet est offert depuis le Moyen Âge aux dames, aux jeunes-filles, aux proches et aux amis, un seul jour de l’année : le 1er mai. Cette tradition remonterait au roi Charles IX (1550-1574) qui, à l’âge de dix ans, s’était vu offrir un brin de muguet par le chevalier Louis de Girard. À partir de 1561, il offrit à son tour, chaque 1er mai, des bouquets de muguets aux dames de sa Cour. 

     

     

     

     

     

     

    1er Mai : jour du muguet Porte-bonheur en chromos enfantines

     

     

     

           Tous les enfants aiment le muguet avec ses petites clochettes d’un blanc pur, groupées en grappes et parfumées. Aussi les nouveaux magasins et commerces de la Belle Époque ont-ils multiplié les chromolithographies en couleur, dites chromos, pour enfants sages, remises lors du passage en caisse des mamans ou glissées dans les tablettes de chocolat (Poulain, Moreuil, Saintoin, Ayguebelle, Besnier, Louit…). Elles étaient très joliment dessinées par des illustrateurs anonymes ou tombés dans l’oubli. Mais, fort heureusement, certaines d’entre elles ont resurgi dans l’auberge espagnole du nouvel Internet du XXIème siècle où j’ai lancé ma ligne pour les pêcher (synonyme : télécharger) et vous les offrir aujourd’hui. 

     

     

     

     

     

     

     

    1er Mai : jour du muguet Porte-bonheur en chromos enfantines

     

       

         Cette chromo publicitaire des Chocolats Besnier et Louis, éditée au XIXème siècle, est issue d’une série intitulée le langage des fleurs. On y découvre les mots énigmatiques : « une course inconnue ». Je n’en ai pas trouvés l’origine (bienvenu pour un commentaire !).

     

     

     

     

     

     

     

    1er Mai : jour du muguet Porte-bonheur en chromos enfantines

     

                                                     Mes vœux les plus doux

                                                     S’envolent vers vous !

     

     

     

     

     

    1er Mai : jour du muguet Porte-bonheur en chromos enfantines

                                                       

                                                        Avec ces fleurs

                                                       Mille baisers du Cœur.

     

     

     

     

     

    1er Mai : jour du muguet Porte-bonheur en chromos enfantines

     

       

         Dans le langage des fleurs, la rencontre amoureuse, l’amour éternel et la réconciliation sont souvent associés aux premières fleurs du printemps comme la primevère, la giroflée, le mimosa ou le muguet. Ainsi, au Moyen Âge, le jeune garçon accrochait-il un bouquet de muguet à la porte de sa bien-aimée, dont la blancheur des fleurs symbolisait l’innocence et la pureté. Et, lors du « Bal du muguet », autre legs du passé, les jeunes filles s’habillaient de blanc et les jeunes garçons accrochaient un brin de muguet à leur boutonnière (les parents de ces jeunes gens n’avaient pas le droit de paraître au bal). 

     

     


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    Droit et justice : avocats célèbres en chromos 20-1

    1 Maître Bon-Bec, l’avocat sans cause devenu homme politique corruptible (chromo Chicorée À la Ménagère, Duroyon & Ramette, Cambrais. Dessin moquant le célèbre Annuaire du Commerce Didot-Bottin, héritier de l’Annuaire-almanach du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration, édité de 1857 à 1908, mentionnant tous les hommes de lois et de justice : avocats, notaires, magistrats, avoués, huissiers…).

     

      L’ère du Wiki. L’encyclopédie en ligne collaborative et gratuite wikipedia (du mot Hawaïen wiki : vite), dans laquelle tout visiteur peut, de manière anonyme, y modifier ou ajouter du contenu, mentionne des milliers d’avocats célèbres, siècle par siècle (XIV-XV-XVI-XVII-XVIII-XIX-XX). Curieusement, le XXIème siècle n’est pas oublié, puisqu’elle recense des centaines d’avocats d'aujourd'hui aux autobiographies plus élogieuses les unes que les autres, sans toujours mentionner le montant de leurs honoraires (contrairement à nos avocats et  hommes politiques contemporains illustres, nos plombiers, notaires, boulangers, jardiniers, infirmières, dentistes..., par respect pour le beau travail des honnêtes contributeurs bénévoles de wikipedia, se sont abstenus de transformer cette encyclopédie en annuaire professionnel gratuit).

     

     « Et moi, et moi et moi… » (chanson de 1966 de Jacques Dutronc).  De mon côté, par fidélité à la thématique de ce blog (ICPA : Images et Cartes Postales Anciennes), je me suis contenté d’aller à la pêche aux chromos en ligne (synonyme : télécharger), d’avocats anciens ayant acquis une certaine notoriété. J’en ai trouvées plus d’une quinzaine, qui furent éditées entre 1870-1890, années de l’essor de ce procédé d’impression lithographique en couleurs, et 1900-1910, années de son déclin progressif au profit de la photographie. En voici la liste. Je les présenterai en trois pages successives :

     

    Première page (Droit et justice : avocats célèbres en chromos 20-1)

     

      - un homme d’État romain et philosophe : Cicéron, 106-43 avant J.-C.,

     - un prêtre breton du Moyen Âge, Yves Hélory de Kermartin, plus connu sous le nom de Saint-Yves, 1253-1303 ;

     - deux écrivains, plus célèbres pour leurs romans que pour leurs plaidoiries : Alain-René Le Sage (Gil Blas…), 1668-1747, et Paul Féval (Le Bossu…), 1816-1887 ;

     

     Seconde page ((Droit et justice : avocats célèbres en chromos 20-2)

     

      - plusieurs révolutionnaires : Jean Anthelme Brillat-Savarin, 1755-1826; Camille Desmoulins, 1760-1794: Georges Jacques Danton, 1759-1794, et Maximien de Robespierre, 1758-1794 ;

     

    Troisième, quatrième et cinquième pages (Droit et justice : la République des avocats en chromos 20-3, 20-4, 20-5)

      - et les incontournables hommes politiques de notre IIIème République, surnommée « La République des avocats ». Parmi ces heureux élus ; des présidents du Conseil : Aristide Briand, 1862-1932, et Léon Gambetta, 1838-1882 ; deux présidents de la République : Adolphe Thiers, 1797-1877, et Jules Grévy, 1807-1891 ; un ministre: Jules Ferry; deux députés : Pierre-Antoine Berryer, 1790-1868, et Fernand Labori, 1860-1917.

        S’y ajoutent deux avocats membres de l’Académie française, bien plus connus pour leurs plaidoiries que pour leurs romans : Henri Barboux, 1834-1910, et Jules Favre, 1809-1880, lequel fut également député et ministre.

     

     

     

     

    Droit et justicCicéron, 106-43 avant J.-C., l’un des plus brillants avocats de l’Antiquité (chromo publicitaire didactique enfantine. Circa 1900)e : avocats célèbres en chromos 20-1

    Cicéron, 106-43 avant J.-C., l’un des plus brillants avocats de l’Antiquité (chromo publicitaire didactique enfantine. Circa 1900).

     

      « O Tempora, O Mores » (mots de Cicéron, prononcés contre Catilina, un sénateur romain de très mauvaise réputation, que l’on traduit par « O temps ! O mœurs »). Commençons donc cette promenade chromolithographique d’avocats, avec Cicéron, de son véritable nom Marcus Tullius Cicero. Homme d’État et philosophe, doté d’un art oratoire hors du commun, il fut le plus célèbre avocat de l’Antiquité romaine (c’est précisément chez les romains que la profession d’avocat se fit jour, sous la forme d’une institution purement libérale) ; 

     

     

     

     

    Cicéron et le procès de Milon en 52 avant J.- C. (Chromo Cie Liebig. Issue d’une série de six images publicitaires didactiques consacrées à Cicéron. C. 1900)

    Cicéron et le procès de Milon en 52 avant J.- C. (Chromo Cie Liebig. Issue d’une série de six images publicitaires didactiques consacrées à Cicéron. C. 1900).

     

         Cette autre chromo nous montre Cicéron assurant, en 52 avant J.C., la défense d’un homme politique romain, Milon, accusé d’avoir été l’instigateur de l’assassinat de Publius Clodius Pulcher, son concurrent au consulat de Rome. Bien qu’il perdit ce procès, Cicéron retranscrivit les termes de sa plaidoirie. En voici le texte complet en français, en libre accès, sur le site remacle.org : « L’Antiquité Grecque et Latine du Moyen Âge » :

    http://remacle.org/bloodwolf/orateurs/milon.htm

     

     

     

     

    Saint-Yves, 1253-1303 (chromo Le bon chocolat Menier. Image n°19 de la série C de portraits de l’Époque de Saint Louis

    4 Saint-Yves, 1253-1303 (chromo Le bon chocolat Menier. Image n°19 de la série C de portraits de l’Époque de Saint Louis, l’une des séries de la collection d’images des Grandes Heures de l’Europe. Cette collection a été éditée avec la mention : « À tirage limité. Aussi les échanges ne se feront-ils qu’entre les amateurs »).

      

       Escholier, Estudiant, Official. Yves (en breton : Erwan) Hélory de Kermartin, plus connu sous les noms d’Yves de Tréguier ou Saint-Yves, naquit, en octobre 1253, sous le règne de Saint Louis, au manoir de Kermartin, à Minihy-Tréguier, en Bretagne. Enfant de petits nobles, il étudia la grammaire auprès du recteur de Pleubian, et fut éduqué et protégé par Jean de Kerc’hoz, son précepteur.

     

        À l’âge de quatorze ans, ses parents l’envoyèrent à Paris, pour qu’il y suive à l’Université des enseignements de philosophie, de théologie et de droit. Il étudia ainsi le droit canon à la Faculté de Décret (ancien nom de la Faculté de Droit de Paris) alors installée « rue du Clos Bruneau » (actuelle, rue Jean de Beauvais, dans le Vème arrondissement). Puis, il rejoignit l’Université d’Orléans qui enseignait le droit romain (discipline nécessaire pour être avocat et non enseignée à cette époque à l’Université de Paris). Il y obtint le grade de Docteur.

     

         Fort de ce diplôme, il devint prêtre (paroisses de Trédrez et de Louannec) et Official, autrement dit juge, au tribunal de l’Évêque, d’abord à Rennes, ensuite à Tréguier (l’officialité permettait d’être avocat devant les juridictions féodales et royales en même temps que juge du tribunal de l’Évêque). 

     

     

     

     

    Saint-Yves. Patron des Avocats, des Notaires et des Avoués (chromo Chicorée Lervilles)

    5 Saint-Yves. Patron des Avocats, des Notaires et des Avoués (chromo Chicorée Lervilles). 

     

       « Advocatus erat, sed non latro, res mirabilis populo » : Il était avocat, mais pas voleur, chose admirable pour les gens (Dicton du XIIIe siècle à propos de la générosité d’Yves de Tréguier). Les procès qu’Yves plaida comme avocat le rendirent célèbre dans le peuple autant pour l’habileté de ses plaidoiries que par son désintéressement, puisqu’il ne demandait pas d’honoraires aux pauvres, aux veuves et aux orphelins. C’est ainsi qu’il devint non seulement le proverbial protecteur des indigents, mais le saint patron des hommes de lois (avocats, notaires, avoués, huissiers, etc.) de Bretagne, de toute la France et même d’autres pays du monde.  

     

       Gouel Erwan (litt. : « fête de Yves »). Aujourd’hui, le Grand Pardon de Saint-Yves, réunit, chaque année, le 19 mai, plusieurs milliers de personnes, et des délégations d’avocats venus de toute la France et parfois de plus loin encore.

     

       Voici deux pages que j’ai consacrées, en juillet 2017, à Saint-Yves, dans la rubrique « Faculté de Droit de Paris » :

     

     http://droiticpa.eklablog.com/xiv-saint-yves-etudiant-en-droit-a-paris-et-orleans-vers-1270-a130819256 

    http://droiticpa.eklablog.com/xiii-saint-yves-l-avocat-des-pauvres-patron-des-avocats-a130638700

     

     

     

     

     

    Alain-René Le Sage, 1668-1747 (chromo

    6 Alain-René Le Sage, 1668-1747 (chromo Au Gagne-Petit, E. Saintin, 31-33 rue du Commerce). 

     

           Biographie d’Alain-René Le Sage, au dos de cette chromo didactique :

     Alain-René Le Sage, fils d’un avocat-notaire, greffier de la Cour royale de Rhuys, assez pauvre, malgré son triple métier, naquit à Vannes, le 8 mai 1868. Orphelin de bonne-heure, il fut obligé de travailler pendant plusieurs années dans les bureaux d’un traitant* breton (traitant* : celui qui se charge de recouvrement des finances et créances publiques à des conditions réglées par un traité (dict. Émile Littré).

         Il vint à Paris, en 1692, pour suivre à l’Université des études de philosophie et de droit, ce qui lui permit d’accéder au barreau*. Toutefois, son titre d’avocat au parlement (avocat en parlement dans les anciens textes) ne lui procurant pas de ressources suffisantes, il écrivit quelques romans imités de la littérature espagnole, alors fort à la mode.

    C’est seulement en 1707, à l’âge de 40 ans, qu’il fit paraître Le Diable boiteux, qui connut un succès considérable, puis Turcaret ou Le Financier, cette comédie mordante qui raillait les finances et qui, malgré toutes les cabales, fut jouée le 14 février 1709. Il écrivit aussi le célèbre roman : Gil Blas de Santillane, considéré comme le chef-d’œuvre du roman de mœurs en France. Le Sage mourut en 1747, laissant la réputation de l’un des plus honnêtes et des plus fins observateurs de la littérature française.

     

    * N.D.L.R : à cette époque, pour être inscrit au Tableau des avocats, il fallait être licencié après trois ans d’études dans une université, et avoir prêté serment sous le parrainage d’un aîné à l’ouverture des audiences. Dans ce cas, le titre d’avocat pouvait être porté sans qu’il y ait nécessairement exercice de la profession, le jeune avocat dit écoutant, sans clientèle, par opposition à l'avocat plaidant ou consultant, se contentant d’assister aux plaidoiries pour apprendre la profession.

     

     

     

     

    Paul Féval, 1816-1887 (chromo Guérin-Boutron,

    7 Paul Féval, 1816-1887 (chromo Guérin-Boutron, 29 Boulevard Poissonnière, et 28 rue Saint-Sulpice. Paris. Extraite d’une série de 89 chromos d’Auteurs célèbres, éditée par l’imprimeur-lithographe F. Champenois).

     

         « Pour peu de fait, souvent grands plaids » (proverbe français). Paul Féval, avant d’écrire des romans populaires, fut avocat. En effet, né en 1816, à Rennes, d’un père Conseiller à la Cour royale de cette ville, il était destiné au barreau. Il obtint sa licence à l’Université de Rennes et put exercer, en 1836, la profession d’avocat. Pas pour bien longtemps, puisqu’il l’abandonna après une première plaidoirie bien malheureuse. En voici le compte rendu quelque peu caustique :

     

    Sa première cause ne se fit pas attendre, une cause magnifique. On le charge de défendre un villageois Faut-Breton accusé du vol de douze volailles, compliqué d’effraction et d’escalade. Féval repasse dans sa tête tout ce que ses humanités lui ont appris des harangues de  Démosthènes (l’un des plus grands orateurs attiques, 384-322 av. J.-C.) ; puis le grand jour de l’audience venu, il présente la défense du voleur de poules avec une gravité solennelle et sous les formes de langage les plus pompeuses. Quandoquidem (puisque) eût été dans le ravissement.

    Le discours de Paul est divisé en trois points ; mais au milieu du premier, les juges se trouvent saisis d’une hilarité subite.

    -         Assez, maître Féval, assez ! dit le président, la cause est entendue.

    -         Bon ! pense Paul, je les fais rire, ils sont désarmés.

    -     Qu’avez-vous à ajouter pour votre défense ? demande le président au villageois amateur des volailles d’autrui.

    -         Le coupable, excité sans doute par le succès de son avocat, et voulant à son tour égayer les juges, entame une dissertation savante et très-complète sur l’art de voler des poules sans les faire crier. De son banc, Féval lui adresse en vain des signes ; l’obstiné paysan ne le comprend pas ou ne veut pas le comprendre. Il développe avec orgueil sa théorie curieuse aux magistrats, à l’auditoire, aux gendarmes et se moque de la pantomime désolée de son défenseur.

    -         Émerveillée de la science du larron, mais ne jugeant pas à propos de lui en laisser aussi publiquement expliquer les doctrines, la cour le condamne au maximum de la peine.
    Féval au désespoir déchire sa robe, jette sa toque par-dessus les moulins, et tourne les yeux du côté de Paris.

    C’est là qu’il doit venger l’humiliation faite à son éloquence, et briller dans une autre carrière, celle des lettres pour laquelle il se sent un goût décidé.

     (Eugène de Mirecourt : Paul Féval, Emmanuel Gonzalès », coll. « Les contemporains », Paris, Gustave Havard éditeur, 1855, p. 14-16).

     

     

     

     

    Paul Féval, auteur du roman Le Bossu (chromo

    8 Paul Féval, auteur du roman Le Bossu (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière, offerte par la Maison C. Beriot de Lille. La lithographie Parisienne Robin DIP. Paris).

     

           Le droit mène à tout... à condition d'en sortir. Ayant renoncé à la robe noire à trente trois boutons, Paul Féval rejoignit Paris où il s’essaya à la littérature. Le résultat fut remarquable puisqu’il devint l’un des plus grands auteurs de romans, publiés dans les journaux sous la forme de feuilletons, aussi célèbre qu’Honoré de Balzac et Alexandre Dumas. Il suffit de rappeler qu’il est l’auteur de plus de 90 romans parmi lesquels Le Bossu, publié en 1857, et, plusieurs fois adapté au cinéma (en 1925 par Jean Kemme ; en 1944 par Jean Delannoy ; en 1959 par André Hunebelle ; en 1997 par Philippe de Broca).

     

           Dans ce roman de cape et d’épée, Paul Féval nous fait partager les extraordinaires aventures du héros, Lagardère, et de l’héroïne, Blanche, qui se succèdent avec une rapidité qui donne le vertige (Philippe de Gonzague a assassiné Philippe de Nevers. Lagardère a blessé le traître en jurant de venger son ami. Il recueille sa fille. Mais c'est Lagardère qui est accusé du meurtre, et est obligé de fuir. Déguisé en bossu, il se glisse parmi les familiers de l'Hôtel de Gonzague pour châtier le criminel, et rendre à Aurore son rang et sa fortune).

     

          Pour les nostalgiques, ce roman est en libre accès en fichiers PDF, intégralement retapé au clavier d’ordinateur, sur le merveilleux site de la bibliothèque électronique du Québec :

    Tome I : https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Feval-bossu-1.pdf

    Tome II : https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Feval-bossu-2.pdf

     

     





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