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    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                    1  CHAMBRE des DÉPUTÉS.

                                                 - Ça va recommencer !

      (Le Cri de Paris, n° 1545. 7 novembre 1926. Dessin de presse de Georges d’Ostoya. Page de couverture).

     

    Petite explication. Devant une forte instabilité ministérielle et une situation financière catastrophique, le président Gaston Doumergue, qui avait succédé, en 1924, au président Millerand, suite aux élections législatives remportées par les radicaux-socialistes ayant formé le Cartel de Gauche, mit fin à ce système et appela Raymond Poincaré qui forma un cabinet d’Union nationale, rétablit la confiance (nouvelle définition du franc), et gouverna par décrets-lois.

     

     « Le Cri de Paris demande à ses lecteurs de l’aider à combattre les abus, grands et petits, dont le public a tous les jours à souffrir » (l’une des devises de ce journal).

         Le Cri de Paris est un journal hebdomadaire humoristique fondé en janvier 1897 par Alexandre Natanson, et qui cessera de paraître, avec son numéro 2253, juste avant l’entrée de l’armée allemande dans Paris, le 14 juin 1940. Dès son deuxième numéro du 7 février 1897, il arbora un bandeau rouge sur lequel s’étalait son titre typographié.

     

          Le droit mène à tout…! Alexandre Natanson (1867-1936), diplômé de la Faculté de Droit de Paris, avait prêté son serment d’avocat en octobre 1889, et exercé au Barreau de Paris jusqu’en 1896. Cette année là, il démissionna sous la pression du Conseil de l’Ordre qui lui aurait reproché ses prises de position dans le journal La Revue Blanche (1889-1903), qu’il avait créé avec ses frères, et dans lequel il avait pris la défense d’anarchistes espagnols torturés à Montjuich.

         Ne baissant pas les bras, Alexandre Natanson créa, l’année suivante, un autre journal satirique politique, Le Cri de Paris, dans lequel il protestera contre l’emprisonnement du capitaine Dreyfus et moquera le colonialisme français.

     

        « Tout savoir et tout dire » (autre devise de ce journal).  Voici plusieurs dessins de ce journal autour du thème « Nos drôles de Députés », qui intéresse toujours quelques soixante huit millions gouailleurs de France. En effet, sauf erreur, un millier de français seulement seraient pro-parlementaristes. Parmi ceux-ci : 577 députés de l’Assemblée nationale, 79 députés européens et 348 sénateurs, peut-être parce qu’ils font tous partie des 3% des français les mieux payés selon une note de l’Institut des Politiques Publiques publiée en avril 2023 :

    https://www.ipp.eu/actualites/lindemnite-parlementaire-et-les-revenus-des-francais-depuis-1914/

     

        Je n’ai pas retenu les illustrations du Cri de Paris mettant en scène des affaires célèbres (Dreyfus*, Stavisky, Lebaudy…], ou des séances houleuses à la Chambre [ex. : interpellation, le 6 juin 1936, du député Xavier Vallat visant le nouveau Président du Conseil, Léon Blum). En effet, leurs circonstances sans drôleries sont parfois difficiles (anti sémitisme…).

     *Sur l’affaire du capitaine Alfred Dreyfus, je vous renvoie toutefois à ces deux pages que je lui ai déjà consacrées … en images et cartes postales anciennes (ICPA) :

    http://droiticpa.eklablog.com/tirage-sur-papier-albumine-hauts-magistrats-louis-loew-3-5-a202374420

    http://droiticpa.eklablog.com/droit-et-justice-chromos-anciens-didactiques-13-a207234930

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                 2 LE NOUVEL ÉLU À LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS

      - Et maintenant je vais commencer ma campagne électorale pour dans quatre ans.

          (Le Cri de Paris, n° 1622. 29 avril 1928. Dessin de presse de Georges d’Ostoya. Page de couverture).

     

    Petite explication. Sous la Troisième République la durée d’un mandat de député était de quatre ans. Aujourd’hui, elle est de cinq ans.

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                            3 LES CONSEILS DU GRAND-PAPA

    - Pour réussir dans la vie, mon enfant, sois honnête et compétent, ou du moins député.

       (Le Cri de Paris, n° 1505. 31 janvier 1926. Dessin de presse de Georges d’Ostoya. Page de couverture).

     

      Petite explication :    

    « On dit des députés qu’ils sont honorables, comme on dit des académiciens qu’ils sont immortels » (Jean Bernard [1907-2006], médecin, président du Comité consultatif national d’éthique, écrivain et poète). En France, les hommes politiques peuvent se présenter à la députation même s’ils ont eu un comportement déshonorant attesté par leur casier judiciaire. Certes, une fois élus, ils ne pourront prétendre à la Légion d’honneur (le futur légionnaire doit avoir un casier judiciaire vierge), mais ils bénéficieront du titre récurrent d’ « honorable député ».

     

             « La Chambre des députés : la moitié des députés sont bons à rien. Les autres sont prêts à tout » (Coluche). Et cela n’est pas près de changer puisque, dans la nuit des 24 et 25 juillet 2021, lors d’une séance mémorable de l’Assemblée nationale peu ébruitée, nos honorables députés ont enterré, à la demande même du Gouvernement, la promesse électorale du Président de la République (page 27 de son programme), tenant à l’obligation pour les élus de présenter un casier judiciaire vierge de tout crime ou délit en lien avec la probité afin de pouvoir se présenter à une élection.

     

         « Incompétence : qui n’a pas les connaissances nécessaires » (dictionnaire d’Emile Littré. 1863). Quant à l’incompétence des députés sous entendue dans la légende de ce dessin, je laisse la plume à Hervé Bazin : « Députés : Pourquoi avant toute candidature ne leur fait-on pas passer des examens susceptibles de prouver ou non leur capacité de gestionnaires ? Médecins, pharmaciens, avocats, ingénieurs, notaires doivent posséder des diplômes. L’électeur n’a aucune assurance de même ordre quand il s’agit d’un parlementaire, d’un interchangeable ministre. Comment se fait-il qu’on puisse du jour au lendemain, sacré par le seul électorat, accéder aux plus hautes charges de l’Etat sans formation préalable » (Hervé Bazin, Abécédaire, Grasset. 1984).

     

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                       4 RENTRÉE À LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS.    

                                     (Le Cri de Paris, n° 1517. 23 avril 1926. Page de couverture).

     

     Petite explication. Entre les deux-guerres, de nombreux dessins de presse humoristiques mettaient en avant les policiers « obligés de garder la Chambre », selon l’expression familière désignant une personne qui reste chez elle dans son lit pour s’y reposer le temps de se remettre d’une maladie.

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                 5 IMMUNITÉ… PARLEMENTAIRE

             - Une assurance contre les accidents, pourquoi faire ? Je suis député.

                                           (Le Cri de Paris, 27 mars 1927. Page de couverture). 

     

       Petite explication.  L’immunité parlementaire garantit seulement qu’un député ne puisse être inquiété pour ses opinions exprimées dans le cadre de son mandat (et non qu’il ne puisse être arrêté, jugé et condamné à la prison dans les cas de délit flagrant et de crime*). Sous la Troisième République, l’immunité parlementaire ne s’appliquait que lors des sessions parlementaires (lois constitutionnelles de 1875). Sous la Cinquième République, elle a été étendue aux opinions exprimées hors des sessions parlementaires.

     

      *Par exemple, un ex honorable député de Marseille vient, aujourd’hui même, mardi 23 mai 2023, d’être condamné par la Cour d’appel d’Aix-en-Provence, à deux ans de prison dont neuf mois fermes pour détournement de fonds publics. Il lui était reproché d’avoir joué pendant son mandat de député au casino avec des fonds versés par l’Assemblée nationale, en l’occurrence son IRFM (Indemnité représentative de frais de mandat des députés et sénateurs, remplacée, depuis le 1er janvier 2018, par l’Avance de frais de mandat, dite AFM, d’un montant mensuel de 5 800 euros brut environ, dont 600 euros sans justificatifs. Cette indemnité s’ajoute à l’indemnité parlementaire mensuelle de plus de 7 000 euros bruts). Il s’était pourtant justifié à la barre de la Cour d’appel de la sorte : « Avant 2015, à l’Assemblée c’était open bar ! Vous savez combien de députés ont dépensé l’argent de l’IRFM pour acheter des maisons ou des permanences ? Je peux vous donner la liste » (cité dans le quotidien La Provence du 23/05/2023: La Provence).

     

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                       6 PALAIS du SÉNAT

                                         - Oui, mais ici, c’est pour neuf ans !

    (Le Cri de Paris, n° 1534. 9 janvier 1927. Dessin de presse de Georges d’Ostoya. Page de couverture. Source Gallica BnF).

     

     Petite explication. Sous la Troisième République, la durée d’un mandat de sénateur était de neuf ans contre quatre pour celui de député. Aujourd’hui, elle est de six ans pour un sénateur, et de cinq ans pour un député.

     

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                              7 PROBLÈME… D’UN DÉPUTÉ NOUVELLEMENT ÉLU

    - Maintenant que tu es député, il faut décider quelles seront tes opinions politiques.

                       (Le Cri de Paris, n° 1184. 7 décembre 1919. Page de couverture. Source Gallica BnF).

     

    « Faire parler un homme politique sur ses projets et son programme, c’est comme demander à un garçon de restaurant si le menu est bon. Tout ce qui l’intéresse c’est que vous payiez l’addition, ce n’est pas lui qui aura mal au ventre » (Jean Dutourd. Pensées). 

     

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                            8  CHIROMANCIE… ÉLECTORALE

                             -  Monsieur le député, prenez garde au mois d’avril.

    (Le Cri de Paris, n° 1606. 8 janvier 1928. Dessin de presse de Georges d’Ostoya. Page de couverture. Source Gallica BnF).

     

     Petite explication. En 1928, les élections législatives eurent lieu les 22 et 29 avril. Lors de ces élections, au scrutin uninominal à deux tours par arrondissements (sur ce mode de scrutin, je vous renvoie à mes radotages sous le dessin n°11), la droite, alliée au centre droit et au centre gauche, remporta la majorité des sièges.

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                         9   LES ÉLECTIONS

       -  Et quand donc les électeurs auront-ils une indemnité comme les députés ?

                   (Le Cri de Paris, n° 1621. 22 avril 1928. Page de couverture. Source Gallica BnF).

     

      Petite explication. En 2023, les députés bénéficient d’une indemnité parlementaire de base de 7 239,91 € mensuelle, à laquelle s’ajoutent des remboursements des frais liés à leur mandat de plus de 5 000 € par mois, cumulables avec maints autres revenus.

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                      10    LES NOUVEAUX

                                - Monsieur X… avocat qui remplace M. Y… avocat.

                                - Comme vous lui ressemblez !

                 (Le Cri de Paris, n° 1185. 14 décembre 1919. Page de couverture. Source Gallica BnF).

     

        Petite explication. Sous la Troisième République, les avocats représentaient une part importante des effectifs de la Chambre des députés. Par exemple, en 1924, lors du Cartel des Gauches, celle-ci comportait 140 avocats, et, en 1936, sous le Front populaire, 110 avocats.

       Ce dessin de la couverture du Cri de Paris, de décembre 1919, sous entend que, lors des élections à la Chambre des députés, au lendemain de la Première Guerre mondiale, les avocats élus n’avaient pas été des combattants du front, mais des députés d’avant la guerre qui, en raison de leur âge, n’avaient pas intégré l’armée active.

     

      Les gaucheries de la presse satirique. Par honnêteté, on rappellera que seize membres de la Chambre des députés, engagés dans les forces armées ou bien civils, furent tués au cours de la Première Guerre mondiale, et reconnus comme morts pour la France. Parmi ceux-ci, plusieurs avocats. Pierre Goujon (1875-1914), député de l’Ain, sous lieutenant de réserve, tué au combat le 25 août 1914. André Thome (1879-1916), docteur en droit, député de Seine-et-Oise de 1914 à 1916, incorporé à l’état-major d’une brigade, tué à l’ennemi, le 10 mars 1916, lors de la bataille de Verdun. Raoul Briquet (1875-1917), docteur en droit et député du Pas-de-Calais de 1910 à 1917. Albert Ferry (1881-1918), député des Vosges de 1909 à 1918, mort après avoir été blessé au combat. 

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

     11 VASE D’ÉLECTIONS (PROPORTIONNELLE ou SCRUTIN D’ARRONDISSEMENT) 

                                                 -  Lequel est le plus sûr ?

                               (Le Cri de Paris, n° 1583. 13 mars 1927. Page de couverture).

     

       Petite explication.  Sous la Troisième République, une loi du 13 février 1889 avait adopté le scrutin uninominal majoritaire à deux tours par arrondissement des départements et des grandes villes, dans lequel une seule personne était élue lors d’un scrutin (Vae Victis : « la vainqueur gagne tout »).

       Puis, une loi du 12 juillet 1919 avait établi l’élection des députés à la Chambre au scrutin de liste à la proportionnelle avec une forte prime à la majorité. Dans ce système, on attribue des sièges de députés à toutes les formations politiques en fonction de leurs résultats électoraux respectifs.

       Aux élections législatives des 22 et 23 avril 1928, le scrutin uninominal majoritaire à deux tours par arrondissements fut rétabli.

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

    12  C’est peut-être le crane d’un politicien, capable de circonvenir Dieu lui-même…

                                 (Le Cri de Paris, n°1082. 23 décembre 1917. Page de couverture).

     

       Petite explication.  Circonvenir, du latin circumvenire, « venir autour », d’où « assiéger », puis « tromper », désigne, au sens figuré, le fait d’agir auprès de quelqu’un avec ruse et artifice pour l’amener à faire ce que l’on souhaite de lui (Dictionnaire d’Émile Littré. 1863).

     

       Hommes de Loi. Dans la scène 1 de l’acte V d’Hamlet à laquelle fait référence ce dessin, William Shakespeare met en scène deux paysans fossoyeurs qui, avec leurs bêches, déterrent des cranes qu’ils tentent en vain d’identifier. Ces fossoyeurs n’évoquent pas, de manière générale, des Hommes Politiques. En revanche, les Hommes de Loi, autrement dit les avocats, bénéficient, quant à eux, d’une description commune bien acerbe : 

     

                 HAMLET. - En voici un autre ! Qui sait si ce n'est pas le crâne 

                 D'un homme de loi ?  Où sont donc maintenant ses plaidoiries, ses subtilités,

                 Ses arguties, ses clauses, ses trucs ? Pourquoi 

                 Souffre-t-il que ce grossier manant lui cogne

                 La tête avec sa sale pelle, et ne lui intente-t-il pas 

                 Une action pour voie de fait ? Humph ! ce gaillard-là pouvait être 

                 En son temps un grand acquéreur de terres, avec ses hypothèques, ses

                 Reconnaissances, ses amendes, ses doubles garanties, 

                 Ses recouvrements. Est-ce donc pour lui le fin du fin de ses amendes 

                 Et le fin du fin de ses recouvrements que d'avoir

                 Sa fine tête recouverte de fine poussière ? Est-ce

                 Que ses garanties même doubles ne le garantissent plus, 

                 Que pour l'achat d'une terre de la longueur et la largeur de deux contrats?

                 Les titres de propriétés ne tiendraient pas dans ce trou.

                 Faut-il que le propriétaire lui-même ait plus de place ?  Ha!

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                13    MUSIQUE DE CHAMBRE

                                         -  Si encore ils chantaient le même air !

                                   (Le Cri de Paris, n°1473. 21 juin 1925. Page de couverture).

     

       Petite explication.  La Musique de chambre est une expression qui désigne une musique d’intimité, autrefois jouée au coucher des princes puis dans un salon, aujourd’hui écrite pour un nombre restreint d’instrumentistes (dictionnaire du Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales). 

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                        14 LE BUDGET

             -  On voit bien que ceux qui le font ne sont pas ceux qui le portent.

                   (Le Cri de Paris, n° 564. 17 novembre 1907. Dessin d'A. Roubill. Page de couverture).

     

       Petite explication.  Ce dessin de novembre 1907 nous plonge dans le budget catastrophique de près de quatre milliard de francs qui avait été présenté au Parlement par Raymond Poincaré, ministre des Finances. L’exposé des motifs, de plus d’une centaine de pages, à la fois rassurant et inintelligible pour le commun des mortels devant en supporter les conséquences, fut affiché dans toutes les communes de France juste avant les élections.

    Prochaine page, dans une semaine : Nos députés dans le journal satirique Cyrano.


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    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (3/3)

    1. Nos bons paysans !...Un homme politique, c’est encore plus menteur qu’une femme !

     

       Griff est un illustrateur de cartes postales de la fin de la Troisième République (années 1910). Il signait ses cartes de divers symboles parfois réunis : Griff, GriFF, G, un triangle isocèle avec le mot ALPHA, une pleine lune colorée… 

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (3/3)

                 2.  Eun’n bourrique, ça vous rend pus d’servives qu’un  député !...

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (3/3)

    3.  La politique !.. c’est moins que rien !.. Ça ne fait même pas pousser les patates !…

      

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (3/3)

                              4.  Les hommes politiques c’est comme les femmes.

                                      – On s’ra toujours les dindons des uns et des autres.

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (3/3)

               5. – Pour moué, l’meilleur député est celui qui paye l’pus à bouère !

     

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (3/3)

    6. – Vous, M’sieu l’Député !... Vous êtes intelligent !... Vous savez payer à bouère !...  


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    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    1. VOYAGE DU MORVANDEAU À PARIS

    Voilà la Chambre des Députés, vous n’êtes pas député des fois, mon prince ?

    Man foual non y n’en nai point v’lui ; man quoai qu’fait c’soldat dans sai ptlote maâion.

     Il doit garder la Chambre.

    A lo dont mallaide ? ben a dairos’conesser, y man yà lai pou y dire.

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    2.  Y s’en ont oué-t-ine belle loquence, tous tiellés Députés !

         – Pour sûr, olé pas ça qui leu manque, mais o faudrait que leu s’ouvrage marche aussi beun que zeu langue !

    (dessin d’Henri Marcel Magne [1877-1944]).

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    3.  Etau vrai bistreau qu’tu sais déjà tant de fabbles. T’as donc envie de d’venir nout député ?

     (dessin d’Henri Marcel Magne [1877-1944]).

     

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    4. BEN DIT (patois poitevin)

    Peupa ! que fazant-y, lé Menisse ?

          Reun de bon !

    Et lé Deputés ?

          D’empré z’eû !

      Et le Chef d’Etat ?

          Ol é li qui coumende…

    (dessin d’Alfred Jarry [1873-1907]). 

     

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    5. – L’aut’soir, M’sieu le député à vout’ réunion vous avez dit que vous vous m’tiez à nout’ disposition pout nous rendre service. L havions tué le goret, j havios choisile pu p’tit panier, pisque v’zalié t-à Paris, r mettez donc quelé boudins à ma brue, al’ est servante tout près de vout’ chambre de député !

    (dessin d’Alfred Jarry [1873-1907]). 

     

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    6. LE RIRE EN AUVERGNE

    C'est compris, quand M. le Député en vue du concours agricole viendra voir mes poireaux j’vous présenterai.

     

     

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    7. BEN DIT !

    Fouiyez donq’ a la chembre ! au yeû d’rasré ithyil ? et fazet ç’que vous nous avez promis !.. Député de marde !...

     

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    8. Noute Député

    – Le Père Mathias. - Thié noute Députe, pas vrai ? Qué qui t’a dite ?

            L’m’a frein dite, l’ m’a baillé ine pongnee d’main.

           Le Père Martin. – En v’là tone houneur per la maison, ol’ é thieu thi r leve in gens !

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    9. TYPES CREUSOIS

    Y pourte quau codo à notre députa por quau me fasse marida.

     (Je porte ce cadeau à notre député pour qu’il me fasse marier). 

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    10. SCÈNES MORVANDELLES.  Promettre et tenir

       Les récoltes promettent bien cette année père Claudon ?

           Ben voui Mossieu, mais coume disait notre daputé un de ceux jours promettre et pis teni ça fait deux !

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    11. Au village par René Billaud (cpa, série année 1930).

       J’me seus pas gêné p’r li zi dire : « Mossieu le Député, que je li ait dit, vous êtes, sauf votr’ raspect, in homme comme in autre !... »

           T’as bein fait de pas li cacher toun opinion.

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    12. Au village par René Billaud (cpa, série année 1930).

       Nout’ député était à la fouère… I’ m’a causé… C’est que j’fasons ine paire d’amis, sans vanité… Quand ma femme a mourut, i’ m’at écrit. Quand ma pauvre vache a mourut, bounegent, i’ m’at écrit étout…

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    13. Au village par René Billaud (cpa, série année 1930).

       « Mossieu le Député, que je li ait dit, je métoune que dépeux quatre ans que vous êtes à la Chambre je payions encore des impôts !...

           Ah que t’as donc bein fait de li river son clou !...

     

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (2/3)

    14. LA POSTE HUMORISTIQUE. Les élections

       Le Candidat : Mon brave homme, si je suis élu je vous promets de m’occuper de vous.

       Le Député : Eh bien ! J’ai tenu ma parole, vous avez été augmenté.

           Le Facteur-rural : Oui, d’un kilomètre….. 

     

    La suite, dans deux jours…  


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    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (1/3)

    1. PAYSANNERIES

    Êtes-vous content de nous, mon brave ?

    Pou sûr que non, M’sieu le Député, vous nous avez voté trop d’eau. 

        

           Petite leçon étymologique : Paysannerie, mot dérivé de Païsanterie : « état, condition de paysan » (Les Propos rustiques de Noël Du Fail. Texte original de 1547).

         Aussi le mot Païsanterie ne doit-il pas être confondu avec celui de Plaisanterie, « chose dite pour amuser », dérivé de plaisant (XIIIème siècle).

    Toutefois, il peut en être autrement comme le montrent des dessins de la Belle Époque (1871-1914), qui affichent les pensées et arrières pensées des paysans d’alors, électeurs de députés bien plus citadins que villageois. Certaines de ces pensées dénotent une Gausserie (moquerie, raillerie), parfois teintée de Gauloiserie (plaisanterie un peu libre). 

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (1/3)

    2.  PAYSANNERIE

        J’suis votre député mon brave et je veux l’égalité, comprenez-vous ?

        Voui ! voui, olé la misère pour tous.

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (1/3)

    3. PRÉCISION PARLEMENTAIRE

         Mais, monsieur le député, rien ne change, tout augmente, et vous aviez promis des réformes…

         En style parlementaire, les réformes ce sont les impôts nouveaux.

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (1/3)

    4. Emprê ine, conference

     Qu’a t’y dit l’Député ?... Lucet !

    Il a dit que si y passait qu’y d’menderait d’aç’que lé Députés n’ayissiant pu de 1000 francs au yeû de 15000, et que si y n’y réducissait pas, qu’y nous donnn’rait le déférant.

    Quel bounn’ houm !!... y pass’rat !.

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (1/3)

    5. GAULOISERIES FRANÇAISES

                  PARENT AU DÉPUTÉ

    – Le premier : Tu ne sais donc pas, malheureux, que je suis le frère de lait d’un député et que si je voulais j’aurais une place de cantonnier…

    – Le second : Tu serais dans les eaux grasses… Sais-tu que ce n’est pas de la marde, ça, cantonnier… 

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (1/3)

    6. GAULOISERIES FRANÇAISES

                  NOTRE DÉPUTÉ

    – La vieille paysanne : Li qu’était si afâbye avant d’êtr’ noumé !.. Aneut, sans comparézon. I pass’rait sû vous comme ine treûmobile sû ine bouz’ de vache…

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (1/3)

    7. GAULOISERIES FRANÇAISES

                  ÉBLOUISSEMENT

    – L’une : Tu parle qu’ol é jholit l’saaon d’aout Député ! O y’at la grand napi sû l’pianchâ, dau grand calapet, dé fanteûille embouré et en astique, dau grandés dlace en or z’au tour, et dan in couin in planot. Jh’en r’vin pas sitelment ol és biâss…

    – L’autre : I sont si puizmment infortuné et select !...

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (1/3)

    8. En a-t-on gaspillé de c’t’argent pour tous ces poteaux et ces fils… eh bien, m’sieu l’député, depuis vingt ans, que j’suis ici… j’ai jamais vu passer une seule dépêche !

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (1/3)

    9. Not’ député, on trouve que vous ne faites pas de bruit à la Chambre.

          Pas de bruit ? tenez… à l’Officiel « Tumulte », c’est toujours moi qui le fais.

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (1/3)

    10. Clef des songes

    « Si vous rêvez pot de vin, vous serez député »

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (1/3)

    11. Clef des songes

    « Si vous rêvez de votre tailleur. Comme candidat vous remporterez une veste »

     

     

    Nos drôles de Députés en pleine campagne… paysanne (1/3)

    12. Dites, la belle, si les femmes votaient, vous me donneriez bien votre voix ?

           C’ qu’il y a de sûr, M’sieu l’député, c’est que j’aimerai mieux vous donner ça qu’autre chose !

     

    La suite, dans deux jours… 

     


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    Bon Point (chromo édité par La Lithographie Parisienne, Romanet Dr., pour la Phosphatine Falières "

    27. Bon Point (chromo édité par La Lithographie Parisienne, Romanet Dr., pour la Phosphatine Falières " le meilleur aliment des enfants au lait de bouillie enrichie en phosphate de calcium ").

     

        « Neuf personnes sur dix aiment le chocolat : la dixième ment » (John G. Tullius). Chers visiteurs, je poursuis cette promenade dans notre Chambre des Députés pour fines bouches, en dessins imprimés selon le procédé de la chromolithographie pour le compte de Chocolateries, Commerces et Nouveaux Grands Magasins, avec ces chromos (diminutif de chromolithographie, comme kilo et métro), d’une série publicitaire, piochés « au petit bonheur la chance », dans le machin du nom d’Internet (du latin internus, dérivé de inter, entre, avec le suffixe nus, formant un dénominatif).

        L’imprimeur en était La Lithographie Parisienne, Romanet Dr., établie à Paris de 1900 à1915. Cette série avait été spécialement composée pour les Chocolats Louit frère et compagnie, célèbres chasseurs de gourmands en pâte d’amandes de cacao. Toutefois, elle a aussi bénéficié à d’autres commerces de la Belle Époque comme Phosphatine Falières, et Chicorée A la Belle Jardinière.

       Les chromos de cette collection ont été parfois remis, à titre de Récompense ou Bon-Point, aux premiers de classe des écoles primaires. Dans ce cas, cela n’empêchait aucunement le commerce de s’identifier et de s’abstenir d’insérer une courte explication historique au verso.

     

     

     

    États Généraux 1789 : La Loi et le Roi (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    28. États Généraux 1789 : La Loi et le Roi (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière). 

     

      Ce premier chromo représente le roi Louis XVI qui, pour régler une grave crise financière, convoqua, à Versailles, les États Généraux, une Assemblée extraordinaire réunissant des représentants de toutes les provinces et appartenant aux trois ordres : Clergé, Noblesse et Tiers-État. Leur ouverture, le 5 mai 1789, marqua le début de la Révolution française, suite à l’irritation des députés du Tiers-États qui, le 17 juin, se proclamèrent Assemblée nationale (nommée Constituante, le 21 juin), et élaborèrent une Constitution qui fut votée le 3 septembre 1791.

     

     

     

    Assemblée législative 1791-1792 : La Nation, la Loi, le Roi (chromo Chocolat Louit).

    29. Assemblée législative 1791-1792 : La Nation, la Loi, le Roi (chromo Chocolat Louit).

     

      Cette première Constitution française, qui incluait la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, préservait la monarchie tout en limitant les pouvoirs du Roi. À cette fin, elle proclamait que la souveraineté appartenait à la nation dont les représentants étaient désormais en nombre de deux : le Corps législatif (Assemblée législative) et le Roi. Elle conférait notamment à l'Assemblée législative, élue pour deux ans au suffrage restreint, compétence pour voter les lois et l'impôt, fixer les dépenses publiques, ratifier les traités et déclarer la guerre. Cette Assemblée siégeait de plein droit, et elle ne pouvait être dissoute par le Roi qui ne disposait que d’un droit de véto suspensif.

     

     

     

    Convention Nationale 1792-1795 : La République Française (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    30. Convention Nationale 1792-1795 : La République Française (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

     

      Après la déchéance de Louis XVI, le 10 août 1792, la royauté fut remplacée par un Conseil provisoire dirigé par le révolutionnaire Georges Danton, un diplômé de la Faculté de droit de Reims, avocat au Conseil du Roi, qui avait été élu député et nommé Ministre de la Justice.

      Une nouvelle assemblée, élue au suffrage universel et nommée Convention par référence à l’exemple américain, fut chargée d’élaborer une Constitution par nature républicaine (la République avait été proclamée le 22 septembre 1792).

      Cette Constitution dite de l’an I, adoptée le 24 juin 1793 et promulguée le 10 août 1793, ne fut jamais appliquée. En effet, pour faire face aux difficultés militaires en cours (guerre contre l’Autriche, la Prusse, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne…), la Convention avait décrété, le 10 octobre 1793, que le gouvernement serait révolutionnaire jusqu’à la paix. 

     

     

     

    Conseil des Cinq-Cents 1795-1799 : République Française (chromo Chocolat Louit)

    31. Conseil des Cinq-Cents 1795-1799 : République Française (chromo Chocolat Louit).

     

     La Première République française perdura sous le Directoire (du 26 octobre 1795 au 9 novembre 1799). Sous ce régime, la Constitution du 5 Fructidor an III (22 août 1795) partagea le pouvoir législatif entre deux chambres élues pour trois ans au suffrage universel restreint : le Conseil des Cinq-Cents (Chambre basse), et le Conseil des Anciens (Chambre haute). Le Conseil des Cinq-Cents avait seul l’initiative des lois dont l’exécution appartenait au Directoire, composé de 5 membres appelés Chefs ou Directeurs. 

     

     

     

    Corps législatif 1799-1815 : République Française (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    32. Corps législatif 1799-1815 : République Française (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

     

      Le 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799), le coup d’État de Bonaparte lui permit d’instituer, avec la Constitution de l’an VIII, entrée en vigueur le 25 décembre 1799 et promulguée le 7 février 1800, un Consulat confié provisoirement à trois hommes à égalité de pouvoir (lui-même, Emmanuel-Joseph Sieyès et Roger Ducos).

      Quant au pouvoir législatif, sous le Consulat (du 9 novembre 1799 au 18 mai 1804) et le Premier Empire (du 18 mai 1804 au 6 avril 1814), il fut quasiment étouffé par le pouvoir exécutif, autrement dit Napoléon, qui l'éclata entre quatre assemblées dont aucune n’était élue au suffrage direct : le Conseil d’État, le Tribunat, le Corps législatif et le Sénat. Le Corps législatif, composé de 300 députés, surnommés les « muets », ne pouvait alors que rejeter ou approuver les projets de lois préparés par le Conseil d’État. 

     

     

     

    Chambre des Députés 1815-1830. Louis XVIII Roi de France et de Navarre (chromo Chocolat Louit).

    33. Chambre des Députés 1815-1830. Louis XVIII Roi de France et de Navarre (chromo Chocolat Louit).

     

      L’abdication de Napoléon Ier, le 6 avril 1814, à Fontainebleau, suite à la campagne de France et à l’invasion des forces alliées ennemies, entraîna l’avènement de la Restauration (1814-1830). La Charte constitutionnelle « octroyée », le 4 juin 1814, par le roi Louis XVIII, tenta de concilier le rétablissement de la souveraineté royale avec un Parlement composé de deux assemblées : la Chambre des députés des départements (élue pour cinq ans au suffrage restreint), et la Chambre des Pairs (héréditaires ou désignés à vie). Ces Chambres étaient convoquées par le roi qui pouvait, à tout instant, clore leur session, et elles n’avaient aucun moyen d’action sur le gouvernement.  

     

     

     

     

    Chambre des Députés 1830-1848. Louis Philippe Ier Roi des Français (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    34. Chambre des Députés 1830-1848. Louis Philippe Ier Roi des Français (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière). 

     

      Après la Révolution des « Trois Glorieuses » (27-28-29 juillet 1830), et l’abdication de Charles X, qui avait été sacré roi le 28 mai 1825, la Charte constitutionnelle du 14 août 1830, votée par le Parlement (et non plus octroyée par le roi), institua le régime de la Monarchie de Juillet. Louis-Philippe Ier, le nouveau roi, jura fidélité à cette Charte qui restituait au Parlement (la Chambre des députés et la Chambre des Pairs), l’initiative des lois, et posait le principe de la responsabilité des ministres devant lui. 

     

     

     

     

    Assemblée Législative 1849-1861 : Louis Napoléon Bonaparte, président de la République (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    35. Assemblée Législative 1849-1861 : Louis Napoléon Bonaparte, président de la République (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière). 

     

       Suite à son coup d’État du 2 décembre 1851, Louis Napoléon Bonaparte, président de la Deuxième République depuis trois ans, avait dissout l’Assemblée nationale et s’était fait remettre, par un plébiscite, le pouvoir constituant. La Constitution de la Deuxième République, qu’il promulgua le 14 janvier 1852, réduisit donc le pouvoir de la représentation nationale. Désormais, le Corps législatif (Assemblée législative), composé de députés élus pour six ans au suffrage universel masculin direct, ne pouvait ni proposer, ni amender les lois, et il ne contrôlait plus l’action des ministres.  

       Sous le Second Empire, institué le 2 décembre 1852, Louis Napoléon Bonaparte, devenu Empereur des Français sous le nom de Napoléon III, maintint l’autorité du pouvoir exécutif face à un Corps législatif relégué au rang de simple chambre d’enregistrement, sous la présidence de son frère consanguin, le Duc de Morny. Sur celui-ci, je vous renvoie à la page précédente, 2/3, sous le chromo n°20 :

    La Chambre des Députés en chromos pour fines bouches (2/3)

     

     

     

     

    Corps Législatif 1861-1870 : l’Empereur Napoléon III (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    36. Corps Législatif 1861-1870 : l’Empereur Napoléon III (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

     

      Après cette première période autoritaire, Napoléon III institua un régime un peu plus libéral. Dans ce but, la Constitution de 1852 fut réformée par un décret du 24 novembre 1860 et trois sénatus-consultes en 1861. Il faudra toutefois attendre l’année 1867 pour que soit rétabli le droit d’interpellation du Corps Législatif lui permettant d’adresser des demandes d’explication sur la politique du gouvernement aux ministres qui étaient alors obligés de s’expliquer devant le Corps législatif. De même, il fallut attendre l’année 1869, après le succès de l’opposition républicaine aux élections du Corps législatif, pour que soit timidement partagée l’initiative des lois entre l’empereur et le Corps législatif (le Sénat en bénéficia en 1870). Plus encore, le 20 avril 1870, un sénatus-consulte mit en place un régime parlementaire bicaméral qui reconnaissait aux deux Chambres le pouvoir législatif et engageait la responsabilité des ministres devant le Corps législatif. Mais tout ceci s’effondra, en quelques mois, avec la déclaration de guerre de la France contre la Prusse, la défaite de l’armée française commandée par Napoléon III, suivie de son emprisonnement, et la proclamation de la IIIème République, le 4 septembre, par Léon Gambetta.  

     

     

     

    Assemblée Nationale 1871-1876 : Adolphe Thiers, Président de la République, à la Tribune (chromo Chocolat Louit).

    37. Assemblée Nationale 1871-1876 : Adolphe Thiers, Président de la République, à la Tribune (chromo Chocolat Louit).

     

       Notre XIXème siècle fut pour le moins étonnant et déroutant : trois républiques (1792-1804 ; 1848-1852 ; 1870-1940); deux empires (1803-1814 ; 1852-1870) ; trois monarchies (1815-1824 ; 1825-1830 ; 1830-1848), et trois révolutions après celle de 1789 (1830 ; 1848 ; 1871).

       En ce qui concerne la courte période de 1871-1876, marquant la naissance de la IIIème République (1870-1940), retenue par l’éditeur de ce chromo, elle fut abracadabrante. Pour vous en convaincre, je vous renvoie encore à mes annotations de la page précédente (2/3), sous les chromos n° 23 et 24.

    La Chambre des Députés en chromos pour fines bouches (2/3)

     

        Quant à Adolphe Thiers, le gosse sans le sous de Marseille, diplômé de la Faculté de droit d’Aix en Provence, avocat sans causes, devenu le premier président de la IIIème République, aucune précision n’est donnée par l’éditeur de ce chromo, sur la circonstance de sa présence à la tribune de l’Assemblée nationale, si ce n’est la mention de la période de1871 à 1876.

      Je vous rappelle seulement qu’il fut, le 17 février 1871, nommé par l’Assemblée nationale, Chef du pouvoir exécutif de la République française, et qu’il reçut, le 31 août 1871, le titre de Président de la République. Mais, moins de deux années plus tard, le 24 mai 1873, mis en minorité par les monarchistes majoritaires à l’Assemblée nationale, il démissionna de la Présidence de la République et se retira de la vie politique (il sera remplacé par le monarchiste Mac-Mahon, élu par le Sénat et la Chambre des Députés). De plus, après la répression sanglante de l’insurrection de la Commune de Paris en mai 1871, dont certains lui incombaient la responsabilité, Thiers avait prononcé un discours maladroit à la tribune de l’Assemblée nationale.

    Je vous renvoie donc à la page que je lui ai déjà consacrée :

     Quinze Présidents de la République diplômés en droit (2/7)

     

     

    Chambre des Députés 1876-1900 : Léon Gambetta, Président de la Chambre à la Tribune (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

    38. Chambre des Députés 1876-1900 : Léon Gambetta, Président de la Chambre à la Tribune (chromo Chicorée Extra À la Belle Jardinière).

     

      L’illustrateur du dernier chromo de cette série historico-buccale a représenté Léon Gambetta à la tribune de l’hémicycle de la Chambre, en train de s’adresser aux députés. Aucune précision n’étant donnée aux amateurs de café de chicorée (du grec Cichorium), comme la date ou l’objet de son discours, je vous invite une nouvelle fois à consulter mes précédentes notes consacrées à Léon Gambetta, ou, pour les plus téméraires d’entre vous, les articles bien plus sérieux qui lui sont consacrés sur Internet.

      J’ajouterai seulement que l’année 1876, mentionnée sur ce chromo, est loin d’être neutre du point de vue de la Chambre des Députés. Bien que notre Troisième République ait pris naissance, avec sa proclamation, le 4 septembre 1870, par Léon Gambetta, alors député du Tiers-État, devant la foule assemblée place de l’Hôtel de Ville, il fallut attendre l’année 1875 pour que trois lois de nature constitutionnelle, non seulement consolident définitivement cette République, menacée par une possible restauration monarchique, mais renforcent le pouvoir législatif sur le pouvoir exécutif. 

      En effet, ces lois, votées par l’Assemblée nationale, partagèrent le pouvoir législatif entre la Chambre des Députés, élue au suffrage universel direct, et le Sénat, élu au suffrage indirect. Toutefois, c’est essentiellement la Chambre des Députés qui exercera les nouveaux pouvoirs dévolus au Parlement, tant en matière d’initiative des lois que de contrôle du gouvernement dont il pouvait mettre en jeu la responsabilité.

     

      De 1876… La IIIème République s’installera alors durablement à compter de l’année 1876, justement mentionnée sur ce chromo. Le 8 mars de cette année là, les républicains obtinrent leur première victoire avec la majorité aux élections de l’Assemblée nationale (les monarchistes avaient remporté les élections sénatoriales le 30 janvier). L’un de ces républicains était Léon Gambetta, un ancien étudiant en droit devenu avocat, qui sera, plusieurs fois député (entre 1869 et 1882), ministre de l’Intérieur en 1872, et des Affaires étrangères en 1881 et 1882, Président de la Chambre des Députés (du 31 janvier 1879 au 27 octobre 1881), et Président du Conseil des ministres (du 14 novembre 1881 au 30 janvier 1882).

     

     … à 1900 ? Cette République s’achèvera alors, non pas comme le laisse croire ce chromo, en 1900, l’année d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, de la clôture de l’Exposition universelle, et de l’inauguration du premier Métropolitain parisien, mais, en juillet 1940, avec la Seconde Guerre mondiale ! C’est donc une toute autre période qui ne pouvait être illustrée par les chromos de cette série publicitaire, puisque leur procédé d’impression rendit l’âme au tout début du XXème siècle !

     





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