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    Du droit des écoliers à la paresse 3/11 (Jacques Prévert)

    26. L’École de la République des Cancres (photographie d’un dessin sans date ni auteur).

     

    « Qui peut le moins, peut le plus » (proverbe inversé d’Aristote). Après deux paresseux étrangers devenus célèbres, Pétrone et Albert Einstein (voir la précédente page 2/10), je vous invite maintenant à suivre deux Gaulois qui, spécialistes de l’école buissonnière, ont accédé à la notoriété. L’un, Jacques Prévert, dans la poésie (cette page 3/10). L’autre, François Truffaut, dans le cinéma (page suivante 4/10).

     

     

     

    Du droit des écoliers à la paresse 3/11 (Jacques Prévert)

    27. « Je ne veux pas être troublé dans mes réflexions » (chromolithographie publicitaire, fin du XIXème siècle).

    -Élève Têtenlaire, qu’est-ce qui vous a plu l’plus dans l’histoire des Gaulois ?

    -C’qui m’a plulplus, M’sieur, c’est qu’ils n’allaient pas à l’école !

     

     

     

    Jacques, Pierre et Jean Prévert avec leur mère Suzanne au jardin du Luxembourg (photographie originale abîmée. Circa 1908).

    28. Jacques, Pierre et Jean Prévert avec leur mère Suzanne au jardin du Luxembourg (photographie originale abîmée. Circa 1908).

     

    « Le petit homme de la jeunesse a cassé son lacet de soulier et toutes les baraques de la fête tout d’un coup se sont écroulées… » (Prévert, Le miroir brisé, Paroles. Gallimard. 1949). Jacques Prévert, le plus populaire des poètes français, est né en 1900, cette année fameuse dont les maîtres d’école peinent à convaincre leurs élèves qu’elle fait encore partie du XIXème siècle (du 1er janvier 1801 au 31 décembre 1900 !). Dans son enfance, il habitait à Paris (7 rue de Vaugirard, puis rue Férou), à proximité du Quartier Latin et du jardin du Luxembourg.

     

     

    Jacques, Pierre et Jean Prévert enfants

                                             29. Jacques, Pierre et Jean Prévert. 

     

    « Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit » (Mark Twain. 1835-1910). Inscrit, en octobre 1908, à l’âge de 8 ans, à l’école de la rue Madame, il la quitta avec son frère aîné Jean (né en 1898, décédé en 1915), en fin d’année, sans jamais en donner les raisons, si ce n’est cette phrase énigmatique : « Mon frère et moi portons plainte contre l’école de la rue Madame » (Œuvres complètes de Jacques Prévert, Tome II. Notes d’Enfance. La Pléiade. 1996).

         Son père, André Prévert, anticlérical avéré, l’inscrivit alors à l’école privée libre André Hamon (aujourd’hui collège et lycée privés Saint Sulpice), au 68 rue d’Assas, non loin de la Faculté de Droit (aujourd’hui Université-Paris-Panthéon-Assas). Il y restera jusqu’en 1914, adoptant un genre ambivalent : mi studieux, mi oisif. En effet, d’un côté, il obtint d’excellentes notes : premier au tableau d’honneur en 1908, obtention du certificat d’études en 1911 (9,5/10 en dictée, 7/10 en rédaction, 8/10 en lecture, 7/10 en rédaction, 4/10 en calcul). Mais, de l’autre, il manifesta un certain désintérêt pour la plupart des matières, à l’exception des leçons de mythologie dont les récits et les personnages énigmatiques stimulaient son imagination : « C’était beau. Il y avait des dieux et des déesses qui s’aimaient, se battaient, des gens comme dans la vie et les contes de fées » (Jacques Prévert).

     

     

    L’ACCENT GRAVE

    (Jacques Prévert. Paroles, Gallimard. 1949).

     

    Le professeur 

    Élève Hamlet !

    L’élève Hamlet (sursautant)

    … Hein… Quoi… Pardon…. Qu’est-ce qui se passe… Qu’est-ce qu’il y a… Qu’est-ce que c’est ?…

    Le professeur (mécontent)

    Vous ne pouvez pas répondre « présent » comme tout le monde ? Pas possible, vous êtes encore dans les nuages.

    L’élève Hamlet 

    Être ou ne pas être dans les nuages !

    Le professeur 

    Suffit. Pas tant de manières. Et conjuguez-moi le verbe être, comme tout le monde, c’est tout ce que je vous demande.

    L’élève Hamlet 

    To be…

    Le professeur 

    En Français, s’il vous plaît, comme tout le monde.

    L’élève Hamlet 

    Bien, monsieur. (Il conjugue :)
    Je suis ou je ne suis pas
    Tu es ou tu n’es pas
    Il est ou il n’est pas
    Nous sommes ou nous ne sommes pas…

    Le professeur (excessivement mécontent)
    Mais c’est vous qui n’y êtes pas, mon pauvre ami !

    L’élève Hamlet 

    C’est exact, monsieur le professeur,
    Je suis « où » je ne suis pas
    Et, dans le fond, hein, à la réflexion,
    Être « où » ne pas être
    C’est peut-être aussi la question.
     

     

     

     

    Bayer aux Corneilles

    30. Bayer aux Corneilles (proverbe populaire signifiant, au Moyen Âge, non pas bailler, mais rester bouche bée devant une chose sans intérêt). 

     

        « La théologie, c’est simple comme Dieu et Dieu font Trois » (Prévert). À défaut d’être un authentique écolier paresseux, Jacques Prévert connut deux autres loupés.

         - D’une part, il était un gouailleur anticlérical comme son père. Aussi n’hésitait-il pas à lancer des vannes lors des cours d’instruction religieuse en comparant pernicieusement la Bible à la mythologie. Ses réparties familières lui valurent d’être souvent mis à la porte, tout en suscitant l’attention de son père qui appréciait son parlé familier : « T’es pas poli mais écrit le mon petit, tu le dis si bien ».

     

     

    La meilleure des écoles, c'est l'école buissonnière

                             31. La meilleure des écoles (badge des années 2000).

     

     « J’étais un parfait petit voyou… premier à l’école buissonnière » (Œuvres complètes de Jacques Prévert, Tome II. La Pléiade. 1996).

      - D’autre part, s’ennuyant ferme à l’école, il devint un disciple assidu de l’école buissonnière. Comme il le raconte dans ses mémoires, dès sa première année à l’école André Hamon, il sécha la classe pour aller se promener et jouer le plus souvent au Jardin du Luxembourg, surnommé le luco*, dont il était tombé amoureux.

    *le nom Luco donné au Jardin du Luxembourg par les p’tits parigots et les étudiants du Quartier Latin a pour origine le mont Lucotitus, ancien nom de l’actuelle montagne Sainte Geneviève située à l’est du jardin du Luxembourg.

     

     

     

    Grand bassin du Jardin du Luxembourg. Photographie d’Henri Roger Viollet. Paris 1935

    32. « Maman les p’tits bateaux qui vont sur l’eau ont-ils des jambes ? » (Grand bassin du Jardin du Luxembourg. Photographie d’Henri Roger Viollet. Paris 1935). 

     

    « Le Luxembourg, pour moi, c’était tout de même plus grand que le Bois puisque je pouvais aller m’y promener tout seul, mais l’herbe, sauf les pigeons et les jardiniers, personne n’avait le droit d’y poser les pieds. Cela devait appartenir à quelqu’un puisque les gardiens la gardaient, cette herbe…. » (Jacques Prévert).

    « Déjà au fond du square on entend le clairon/le jardin va fermer/le tambour est voilé/vainement/vainement/le jardin reste ouvert pour ceux qui l’on aimé… » (Jacques Prévert, C’est toujours le Luxembourg. Paroles. Gallimard. 1949).

       

    Signe de Piste du Luco.  Vous découvrirez sur ce blog d’un universitaire retardé, non scuze (mot québécois, roumain et d’argot français signifiant excusez-moi), je voulais dire retraité (période plus ou moins longue de vieux profs’ consacrée à la paresse en images et cartes postales anciennes), plusieurs dizaines d’images d’autrefois du Jardin du Luxembourg (lien Au Quartier Latin). Pour y accéder, il suffit de taper les mots Jardin du Luxembourg dans la rubrique Rechercher.  

     

     

     

    Jacques Prévert et son père André Prévert

                    33. Jacques Prévert (en bas à droite) et son père André Prévert

     

     « Les enfants doivent être très indulgents envers les grandes personnes » (Antoine de Saint-Exupéry. Le Petit Prince). Lors de l’une de ses escapades scolaires, le jeune Jacques rencontra dans la rue son père, André Prévert. Celui-ci, s’étonnant de le trouver là au lieu d’être à école, Jacques répondit : « Je n’y vais pas très souvent actuellement ». Son père l’emmena boire une grenadine !   

     

     

     

     

    Jacques Prévert et Picasso, à Canne, en avril 1951 (photographie de Boris Lipnitzki. Galerie Roger Viollet)

    34. Jacques Prévert et Picasso, à Canne, en avril 1951 (photographie de Boris Lipnitzki. Galerie Roger Viollet). 

     

     

    PAGE D’ÉCRITURE* (Jacques Prévert).

    Deux et deux quatre
    quatre et quatre huit
    huit et huit font seize…
    Répétez ! dit le maitre
    Deux et deux quatre
    quatre et quatre huit
    huit et huit font seize.
    Mais voilà l’oiseau lyre
    qui passe dans le ciel
    l’enfant le voit
    l’enfant l’entend
    l’enfant l’appelle
    Sauve-moi
    joue avec moi
    oiseau !...

     

    * Vous trouverez facilement en ligne le texte complet de cette poésie grâce à votre moteur de recherche avec les mots : Page d'écriture, poésie de Jacques Prévert.

     

     

     

     

     

    Jacques Prévert discutant avec des petites filles, en 1953

    35. « Mesdemoiselles vous êtes les plus belles personnes que je connaisse » (Jacques Prévert, en 1953, tentant de trouver un truc pour amorcer une discussion avec ces très jeunes demoiselles. Il eut, en 1945, une fille Michèle, surnommée Minette). 

     

    « Il y a des adultes qui jamais n’ont été des enfants » (Prévert). Quittons Jacques Prévert qui, toujours une cigarette à la bouche, se disait « rêveur » plutôt que « poète », avec sa poésie « Le Cancre », offerte à tous ceux qui n’aiment pas aller à l’école :

     

    LE CANCRE

    (Jacques Prévert. Paroles, Gallimard. 1949).

     

    Il dit non au professeur, 

    Il est debout, 

    On le questionne 

    Et tous les problèmes sont posés 

    Soudain le fou rire le prend 

    Et il efface tout, 

    Les chiffres et les mots, 

    Les dates et les noms, 

    Les phrases et les pièges 

    Et malgré les menaces du maître, 

    Sous les huées des enfants prodiges, 

    Avec les craies de toutes les couleurs, 

    Sur le tableau noir du malheur, 

    Il dessine le visage du bonheur. 

     

    La suite, dans une semaine :

    Du droit des écoliers à la paresse 4/19 (François Truffaut)


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    Du droit des écoliers à la paresse 2/11 (Pétrone, Einstein)

    16. Petit Paresseux deviendra Grand Artiste (chromolithographie, fin du XIXème siècle).

     

    « Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve une réalité » (Antoine de Saint-Exupéry, auteur d’un Petit Prince… si triste de n’avoir pas de copains de classe pour s’amuser). Parfois, des écrivains, des artistes et même des scientifiques, croulant sous les éloges, se plaisent à révéler avoir été des élèves paresseux dans leurs jeunes années: " C'est une mode chez les écrivains ou les artistes que d'affirmer avoir été un cancre " (Jean-Charles, La Foire aux cancres, éd. Calmann-Lévy, coll. Labiche, 1963, p. 39).

     

     

        « Il ne suffit pas d’affirmer les choses, il faut les prouver » (Guillaume Musso. L’appel de l’ange. 2011). Faut-il les croire et cesser de proclamer qu’un écolier oisif n’arrivera jamais à rien. Bien sûr ! Et je vais vous le démontrer avec l’histoire de la vie de quatre célébrités dans les genres les plus divers (littérature, sciences, poésie, cinéma) : Pétrone (environ 14 apr. J-C.-environ 66 apr. J-C.), Albert Einstein (1879-1955), Jacques Prévert (1900-1977), et François Truffaut (1932-1984).

     

     

     

    Pétrone : Le Satyricon (illustrations de Joé Hamman. Editions littéraires de France. Paris 1946).

    17. Pétrone : Le Satyricon (illustrations de Joé Hamman. Editions littéraires de France. Paris 1946).

     

     « Personne ne consent dans sa vieillesse à avouer que ce qu’il a appris dans son enfance était tout de travers. » Pétrone : Satyricon). On ne sait rien de l’enfance de Pétrone, un écrivain latin, vivant sans doute sous le règne de l’empereur Néron (13 octobre 54 - 8 juin 68 apr. J.-C.), et auteur du roman le Satyricon, dans lequel il décrit les aventures d’un jeune étudiant débauché, Encolpe, accompagné d’Ascylte et de Giton.

     

     

     

    Marcus Vinicius chez Pétrone (Quo Vadis, roman historique d’Henryk Sienkiewicz, 1896. Dessin de Mastroianni. Armand Noyer, 1918).

    18. Marcus Vinicius chez Pétrone (Quo Vadis, roman historique d’Henryk Sienkiewicz, 1896. Dessin de Mastroianni. Armand Noyer, 1918). 

     

       « La paresse est utile à cause de l’effort qu’elle demande pour être surmontée » (Tristan Bernard). En revanche, sa vie d’adulte est décrite par l’historien Tacite (né en 58 et mort vers 120 apr. J.-C.), qui glorifie sa paresse et son oisiveté. Plus encore, Tacite rappelle que ce caractère de Pétrone ne l’empêcha aucunement d’accomplir avec perfection les affaires dont il eut la charge comme proconsul et consul de Bithynie.

     

     « Pétrone consacrait les jours au sommeil, la nuit aux soins et aux douceurs de la vie. Où les autres tirent leur réputation du travail, il devait la sienne à la paresse… Il affichait en paroles et dans sa conduite un nonchaloir et une désinvolture qui jouaient la simplicité, ce qui leur donnait un charme de surcroît. Toutefois, proconsul de Bithynie, puis consul, il sut montrer sa vigueur et traiter de plain-pied les affaires de sa charge. »  

     

     

     

     

     Albert Einstein dans sa cinquième année (photographie colorisée circa 1884).

    19. Albert Einstein dans sa cinquième année (photographie colorisée circa 1884). 

     

       E=mc2. Albert Einstein (1879-1955), est sans doute le scientifique le plus célèbre du XXème siècle, auteur de la théorie de la relativité, et prix Nobel de Physique en 1921 pour sa découverte de la loi de l’effet photo-électrique. Pourtant, dans ses jeunes années, il fut un enfant s’exprimant avec des difficultés, puis un écolier étourdi décrit par ses professeurs comme un parfait cancre.

     

        -1 x -1 = 1. En effet, dans ses premières années, Einstein connut des retards et des troubles de la parole et du langage le conduisant à se parler à lui-même ou à garder le silence. Inquiets, ses parents l’emmenèrent consulter des médecins qui ne purent trouver l’origine de son mal. Mais, fort heureusement, à l’occasion de son troisième anniversaire, sur le point de souffler les bougies, il lança à ses parents ces mots sans aucune formulation mathématique : « Le lait est trop chaud » (il devait dépasser les 37°, la température de leur maman que les très jeunes enfants aiment tellement !). Toujours est-il qu’il devint, dès cet instant, loquace, au grand dam de ses parents qui attendirent avec impatience son entrée à l'école pour souffler un peu.

     

     

     

     Albert Einstein, ado’ (photographie 1894).

                                  20. Albert Einstein, ado’ (photographie 1894). 

     

     « L’enseignement devrait être ainsi : celui qui le reçoit le recueille comme un don inestimable mais jamais comme une contrainte pénible » (Einstein). Le p’tit Albert, de six à neuf ans, fréquenta l'école catholique de la paroisse, à Munich. Puis, à l’adolescence, il entra au Luitpold Gymnasium de Munich, en Allemagne. Rebelle au « par cœur », il s’y singularisa pour son manque d’intérêt pour les deux matières principales, le grec et le latin, ainsi que pour les langues et les sciences naturelles, ne montrant de curiosité que pour les mathématiques et la physique.

     

        Son professeur de grec lui disait alors : « Vous êtes assis là au fond de la classe et cela sape le respect dû par une classe à son maître » (cité par Denis Brian dans : Einstein, a life. 1996).

     

      En réponse, le jeune Albert sécha les cours*, contribua à l’école buissonnière, et ne put obtenir son baccalauréat. Il fut renvoyé du collège à l’âge de quinze ans.

     

    *« Sécher les cours ». Cette expression remonte à l’époque où les écoliers écrivaient avec une plume et un encrier incrusté dans leur table. Lorsqu’un écolier décidait de ne plus venir en classe, préférant aller se promener et flâner, l’encre, faute d’être utilisée, commençait à sécher ! 

     

     

     

    Albert Einstein et sa sœur Maria

    21. Albert Einstein et sa sœur Maria (photographie date inconnue).

     

     « L’imagination est plus importante que le savoir » (Einstein). Ses parents l’inscrivirent ensuite dans une école plus libérale à Aarau, non loin de leur nouveau domicile zurichois. Cette école s’inspirait des méthodes de l’éducateur suisse Johann Pestalozzi qui, hostile au « par cœur », insistait sur l’auto-apprentissage par observation, conduisant au développement d’idées et d’intuitions (la forme visuelle de l’intelligence, secret de la créativité). Dans cette atmosphère, le jeune Einstein brilla et obtint de très bonnes notes (sauf en français !).

     

     

    Albert Einstein, jeune étudiant (photographie du 3 octobre 1896).

    22. Albert Einstein, jeune étudiant (photographie du 3 octobre 1896. Source : Wikimedia). 

     

    « Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue » (Einstein). Après avoir obtenu son diplôme de fin de secondaire, Albert Einstein put intégrer, en 1896, à sa seconde tentative, l’école polytechnique fédérale de Zurich (EPZF). En 1900, il en fut diplômé, non sans mal (parmi les derniers), avouant dans son autobiographie avoir été « incapable de suivre les cours, de prendre des notes et de les travailler de façon scolaire ». 

     

     

     

    Albert Einstein dans sa cinquantième année

                              23. Albert Einstein dans sa cinquantième année. 

     

        En 1905, après quelques années de galère, il soutint sa thèse de doctorat sur « une nouvelle détermination des dimensions ». Et, grâce à ses premiers travaux, il obtint bientôt la reconnaissance des plus grands scientifiques et universitaires.

     

     

     

    Albert Einstein dans sa soixante-douzième année (photographie prise par Arthur Sasse le 14 mars 1951).

    24. Albert Einstein dans sa soixante-douzième année (photographie prise par Arthur Sasse le 14 mars 1951). 

     

       « Einstein était un savant connu pour tirer la langue » (Les Perles du Bac de l’année 2015). Rappelons toutefois que notre ancien cancre buissonnier et imaginatif est devenu célèbre, à l’âge adulte, non seulement par ses découvertes scientifiques, mais aussi par cette image prise à Princeton aux États-Unis.

          L’air malicieux, regardant dans l’objectif du photographe, il tirait la langue. À qui ? Lui seul le sait. Peut-être à ses anciens profs’ qui avaient prédit qu’il n’arriverait jamais à rien s’il n’apprenait pas ses leçons « par cœur *» !

     

    *Apprendre par cœur. Cette expression remonterait au Moyen Age et tirerait son origine d’une croyance de la Grèce antique pour qui le cœur était considéré comme l’organe renfermant le courage, les sensations, l’intelligence et la mémoire.

     

     

        Voici deux réflexions d’ordre pédagogique de Jean-Charles (1922-2003), licencié de la Faculté des Lettres de Bordeaux, devenu surveillant et professeur, puis journaliste et écrivain humoriste, auteur notamment du livre La Foire aux cancres (éd. Calmann-Lévy, 1963), vendu à plus de 1,3 millions d’exemplaires, en 24 langues, à l’origine du film éponyme de Louis Daquin que je présenterai dans une des pages suivantes :

    Le dégoût des maths vient souvent d'un manque de connaissances de base. Trop d'élèves possèdent mal la table de multiplication ou les opérations de fractions. C'est pour eux un handicap terrible, face à des professeurs qui ont facilement tendance à ne s'intéresser qu'à l'élite de la classe. 

     

    La limitation des matières d'examen n'est pas tout, il faut aussi enlever au bachot, comme on a d'ailleurs commencé à le faire, son côté exercice de mémoire afin qu'il devienne réellement une épreuve d'intelligence.

     

     

    « La vie, c’est comme une bicyclette. Il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre » (Einstein).

    25. « La vie, c’est comme une bicyclette. Il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre » (Einstein).

     

    - Élève Einstein, que signifie la formule H2SO4 ? 

    - J’m’ souviens plus très bien, J’lai pas apprise par cœur, mais ça va venir, j’lai sur le bout de la langue…

    - Petit malheureux, crachez vite ! C’est de l’acide sulfurique !

     

    La suite, dans une semaine :

    Du droit des écoliers à la paresse 3/19 (Jacques Prévert).


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    Du droit des écoliers à la paresse 1/11

       1 Le bonnet d’âne de l’écolier paresseux (chromolithographie, fin du XIXème siècle).  

     

    La Maîtresse - Cela suffit, on ne rêvasse pas en travaillant. 

    L’Élève - Mais j’peux pas faire deux choses à la fois ! J’travaille pas !

    La Maîtresse – Paresseux et insolent. Vous me copierez cent fois : « Je dors sans motif pendant la classe ».

     L’Élève - Mais c’est pas vrai ! Faut bien qu’y ait un dernier en classe ! 

     

     

    Du droit des écoliers à la paresse 1/11

    2 Le respect : l’écolier paresseux y-a-t-il droit ? (chromolithographie, fin XIXème siècle).  

     

     « Au piquet, mains sur la tête ! ». Le bonnet d’âne, en usage dans toutes les écoles de la fin du XVIIème siècle jusqu’au début du XXème siècle, servait à punir les élèves parlant patois, paresseux, chahuteurs ou ayant de mauvaises notes. L’écolier qui était puni, affublé du bonnet, devait rester debout ou se mettre à genoux, dans un coin de la classe ou devant tous ses camarades. Parfois, il restait assis sur un banc au fond de la classe.

        Tout comme les châtiments corporels, le bonnet d’âne est interdit par divers textes depuis les années 1960, et remplacé par d’autres punitions (mauvais point, réprimande, privation de récréation, retenue après la classe…). 

     

     

     

    Du droit des écoliers à la paresse 1/11

                                3 La Paresse (chromolithographie fin XIXème siècle).  

     

     « Si tu triples pas ta sixième pour la deuxième fois, t’auras un dico à Noël » (ânerie de parents attentionnés). Dans nos dictionnaires, la paresse est accompagnée de deux genres de définitions : 

     Douce paresse.  Tantôt des définitions plutôt aimables faisant référence à l’Antiquité romaine où l’otium (le temps durant lequel une personne profite du repos pour s’adonner à la méditation, au loisir studieux), était élevé à la hauteur d’une institution. Sans doute ce mode de vie paisible affranchi du travail inspire-t-il cette plaisanterie familière : « Heureux l’étudiant qui, comme la rivière, suit son cours sans sortir de son lit ». 

     Horrible paresse. Tantôt des définitions péjoratives, héritières de l’Église, parfois suivies d’exemples ciblés sur les écoliers : « Cancre (du latin cancer, le crabe), synonyme âne : écolier paresseux et nul » (dictionnaire Larousse).   

     

     

    Du droit des écoliers à la paresse 1/11

    4. « Frère Jacques, Frère Jacques, Dormez-vous ? Dormez-vous ? » (chromolithographie publicitaire fin XIXème siècle). 

     

     « Que la paresse soit un des sept péchés capitaux nous fait douter des six autres » (Robert Sabatier - Le livre de la déraison souriante. 1991). En effet, au Moyen Âge, l’Église qui contrôlait la société et la vie de l’homme, imposa une conception défavorable de la paresse. Saint Thomas d’Aquin, dominicain italien et ancien étudiant à l’Université de Paris (de 1245 à 1248), en fit même l’un des sept péchés capitaux conduisant au mal.

      Certes, Saint Thomas d’Aquin faisait référence, non pas à la paresse proprement dite, synonyme d’oisiveté de tout un chacun, mais à sa voisine l’acédie, une affectation spirituelle atteignant les moines qui se manifestait par l’ennui, le dégoût de la prière et le découragement. Mais le mal était fait, et la paresse fut bientôt assimilée à un péché du commun des mortels. Blaise Pascal (1623-1662), tout à la fois mathématicien, philosophe, physicien et théologien, souscrivit à cette thèse:  « Les deux sources de nos péchés sont l'orgueil et la paresse » (Les Pensées. 1670). Il fut bientôt rejoint par Fénelon (1623-1662), homme d'église (évêque de Sarlat), théologien, écrivain et pédagogue: « La paresse, qui est une langueur de l'âme, est une source inépuisable d'ennuis » (Traité de l'éducation des filles. 1687).

     

     

    Du droit des écoliers à la paresse 1/11

    5. L’ennui punition du paresseux (couverture d’un cahier scolaire de la série Le Travail, n° 3. Ed. Hachette. 1941).

     

    « Le champ du paresseux est plein de mauvaises herbes » (Proverbe français). C’est ainsi que la paresse fut condamnée non seulement par l’École Catholique, mais également par l’École Laïque de la République dont les maîtres, au début du XXème siècle, écrivaient en haut du tableau noir : « L’ennui est la punition de la paresse » (à rapprocher des dictons japonais : « Si vous êtes occupé, vous êtes heureux », et chinois : « La paresse s'entretient par le repos, le courage s'entretient par la fatigue »). 

          Cette diatribe fut reprise dans la plupart des manuels d’enseignement : « Un paresseux est un sot. Ce qu’on a point commencé d’apprendre étant jeune, on ne l’apprend guère plus tard » (J. Dutilleul et Alexandre Rame : La lecture hebdomadaire commentée et expliquée. Éditeur : André-Guédon/Cours élémentaire et moyen de l’enseignement primaire. 1905). « Les paresseux sont capables d’efforts violents, pourvu qu’ils ne durent pas » (Jules Payot : La morale à l’école. Livre de l’élève. 1908). 

     

     

    Élève Alexandre Dumas : nul, distrait, fugueur, a besoin de cours de rattrapage. « Je hais un mauvais élève, toujours oisif, distrait, inappliqué; il trouve que les heures d'écoulent trop lentement, car le temps mal employé parait long; l'étude l'ennuie, la lecture le fatigue, le travail est une peine pour lui; il trouve tout difficile, et il échoue dans les choses les plus simples; aussi ses camarades le méprisent, son maître le punit; sa mère, qui est malheureuse de sa mauvaise volonté, lui adresse des reproches: ce sera plus tard un ignorant orgueilleux, car l'orgueil est le compagnon ordinaire de l'ignorance, ou, pour nous servir des paroles du Sage : L'orgueil et la sottise marchent toujours de compagnie. Je plains  le sort d'un semblable enfant, et qui ne le plaindrait, si l'on considère qu'une mauvaise éducation est la source du vice et le germe de tous les maux ? » (La lexicologie des écoles. Cours complet de langue française et de style divisé en trois années, rédigé par M. P. Larousse. Deuxième annéePartie du maître. Page 50. Éditeur: Larousse et Boyer, rue saint André des Arts. 1852).

     

    LE PARESSEUX (Louis Ratisbonne [1827-1900], La Comédie enfantine. Michel Lévy frères. 1861) : 

    - Amusons-nous d'abord, dit Léon ; mon devoir, Je le ferai tantôt, je le ferai ce soir.

    Le soir, il bâille et dort ; mais pour faire sa tâche Il va, dit-il, demain réveiller le soleil.

    Le réveiller !  Hélas ! On l'appelle, on se fâche.

    A sept heures encore il dort d'un plein sommeil.

    En classe il est puni ; cela n'est pas merveille : Comment ne pas punir un écolier pareil ?

    Moi, pas si fou : je fais tous mes devoirs la veille.

    Qui toujours remet à demain Trouvera malheur en chemin.

     

     

     

    Du droit des écoliers à la paresse 1/11

       6. La tristesse du jeune cancre (chromolithographie, fin du XIXème siècle).

    « Le maître demanda quel était le nom des habitants de la Gaule. L’écolier, les larmes aux yeux, répondit oui ».

     

         Quant à la réponse du maître face à l’élève en difficulté qui essaye de bien faire, elle passa du stade de la punition à celui de l’émulation : 

    « Puisque nous parlons d'émulation, distinguons celle entre les personnes de celle qui est relative aux choses. Dire à l'écolier, un tel a mieux fait que vous, il aura tels avantages, voilà qui lui inspirera de mauvais sentiments, et qui embarrassera son camarade plus intelligent ou plus heureux. L'élève est-il paresseux ? On ne l'excitera pas au travail par ce moyen, et s'il pèche par le défaut d'intelligence, ou par l'incapacité d'attention, on ne parviendra ainsi qu'à lui inspirer le dégoût de l'étude, comme il arrive qu'on se désintéresse d'un travail auquel on s'est appliqué et où l'on n'a pas réussi malgré ses efforts. Il n'y a aucun inconvénient au contraire, à dire à l'enfant : tu as mieux fait ton devoir, tu peux le mieux faire encore…» (Félix Hément. Petit traité des punitions et des récompenses à l’usage des maîtres et des parents. Éditeur : Georges Carré. Paris. 1890). 

     

     

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    7. De la méthode pédagogique magistrale (dans cette méthode, aussi appelée expositive, l’instit’ détient tous les « savoirs », qu’il transmet aux élèves dits les « apprenants »). Chromolithographie publicitaire, fin du XIXème siècle.

     

     « Résultats brillants malgré une faiblesse dans toutes les matières » (Jérôme Duhamel. Le bêtisier des profs. Albin Michel. 2000). Aujourd’hui encore, l’élève paresseux et rêveur retient l’attention des nouveaux profs formatés au correctement parlé : 

    « Cet enfant manifeste un léger déficit de motivation induisant une phase de repos intellectuel qui n’est probablement que temporaire… Il ne présente aucune appétence génétique pour le travail scolaire et se montre réfractaire à toute dépense d’énergie intempestive. » 

     

     

     

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                                                          8. Bienvenu chez les Psy…

                               « J'fais rien, mais j'le fais bien et çam' fait pas mal, M’sieu ».

     

        Quant aux adeptes du psy (psychologues, psychiatres, psychothérapeutes, psychomotriciens, neuropsychologues…), leur sentence n’est pas toujours réconfortante. En effet, ils peuvent diagnostiquer dans la paresse de l’écolier un dysfonctionnement organique ou psychique éventuellement d’origine neurologique (dyspraxie motrice, dyslexie, dysorthographie, TDAH ou troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité…).

     

        Michèle Torr a rendu hommage, avec de simples mots, sans i-grec (y), à ces enfants bien souvent malheureux :

     

    Michèle Torr. Pas bien dans sa vie

     

    C’est un enfant pas bien dans sa vie
    Qui tourne la tête quand on lui sourit
    Un p’tit garçon à côté d’ son lit
    Qui regarde passer les trains dans la nuit

    C’est un enfant qui n’ dit jamais rien
    Qui cherche quelque chose ou quelqu’un
    A qui raconter tous les voyages
    Qu’il a faits dans ses livres d’images…
     

     

       De même, un grand écrivain contemporain, Daniel Pennac, qui a souffert étant enfant de ses grandes difficultés à étudier à l'école (dysorthographie enfantine), a su, plus tard, dans son beau livre Chagrin d'école (éditeur Gallimard, Collection Blanche, 2007. Prix Renaudot), dire combien il en avait secrètement souffert: 

     « La moindre des politesses, pour un cancre, c'est d'être discret: mort-né serait l'idéal »; 

    « L'avenir c'est moi en pire, voilà en gros ce que je traduisais quand mes professeurs m'affirmaient que je ne deviendrais rien »; 

    « Si l'on guérit parfois de la cancrerie, on ne cicatrise jamais tout à fait des blessures qu'elle nous infligea. Pour autant, le cancre tiré d'affaire ne souhaite pas qu'on le plaigne, surtout pas, il veut oublier, c'est tout, ne plus penser à cette honte ».

    « Je ne serai jamais prof, araignée engluée dans sa propre toile, garde-chiourme vissé à son bureau jusqu'à la fin de ses jours. Jamais ! Nous autres, les élèves, nous passons, vous, vous restez ! Nous, nous sommes libres, et vous, vous en avez pris pour la perpète. Nous, les mauvais, nous n'allons nulle part mais au moins nous y allons ! L'estrade ne sera pas l'enclos minable de notre vie ! »

     

     

    Du droit des écoliers à la paresse 1/11

    9. Du côté de chez Freud (affiche de la satire tragi-comique sur la psychanalyse jouée au théâtre de Nesle, à Saint-Germain-des-Prés, en 2003-2004).

     

     « La psychanalyse est une maladie qui se prend pour son remède » (Jules Romain. 1885-1972). On ajoutera que, du côté de la psychanalyse conçue par Sigmund Freud (1856-1939), la paresse ne saurait être une simple particularité non pathologique que tout enfant peut présenter. Au contraire, il s’agirait d’un symptôme névrotique qui a pour avantage de justifier les honoraires des consultations et de moduler la relation analytique :

    « La paresse signale tout d’abord un retour à la souveraineté du principe de plaisir ; c’est le bénéfice primaire du symptôme, une régression à un état antérieur du développement qui satisfait le narcissisme à un moment déterminé, à ce stade-là de son existence ». 

     

     

    Du droit des écoliers à la paresse 1/11

    10. De Grandes Espérances… (Great Expectations, roman de Charles Dickens. 1861). Chromolithographie publicitaire, fin du XIXème siècle. 

     

      « Rien ne sert de courir, il faut partir à point » (Jean de La Fontaine, Le Lièvre et la Tortue). Mais, en cas d’échec scolaire d’un élève paresseux, amoureux du repos, des rêves, et plein d’imagination, faut-il désespérer ?

     

          François-Marie Arouet, dit Voltaire, ancien brillant élève du collège Louis-le-Grand tenu par les Pères Jésuites, le pensait: « Les paresseux ne font que des gens médiocres, en quelque genre que ce puisse être » (Les Pensées philosophiques. 1862); « Fuyez l'indolente paresse, c'est la rouille attachée aux plus brillants métaux » Stances, XXVIII. 1775).

     

        Henri-Rolland de Villarceaux (1821-1848), un poète-écrivain, bien moins connu que Voltaire, mais dont les aphorismes (belles phrases) de son livre L'écolier (1840) sont, de nos jours, très souvent cités dans les études consacrées à l'enseignement, disait : « La paresse est un fruit savoureux dont certains écoliers se gorgent avec trop de délices »; « La paresse fait de la machine humaine une horloge arrêtée »; « La paresse trouve l'oubli des devoirs dans des distractions frivoles. »

     

           Au contraire, d'autres poètes et écrivains ont su saisir la richesse secrète de la paresse. Par ordre d'entrée en scène: 

     

    « Le repos de la paresse est un baume secret de l’âme, qui suspend soudainement les plus ardentes poursuites… Elle est une béatitude qui nous console de toutes nos pertes et qui nous tient lieu de tous les biens. » (La Rochefoucauld [1613-1680] – Maximes et Réflexions diverses – 1657).

     

    « Les paresseux passent leur vie à ne rien faire, et ne s'ennuient jamais. » (Jean-Jacques Rousseau [1712-1778]. Émile, ou de l'éducation. 1762).

     

    « La paresse est la mère de la perfection » (Oscar Wilde [1854-1900] - Les aphorismes et pensées).

     

     « La paresse m'a toujours paru la seule façon sérieuse de jouir de la vie » (Pierre Drieu la Rochelle [1893-1985] - Sur les écrivains. 1964).

     

    « La paresse c’est se lever à six heures du matin, pour avoir plus de temps à ne rien faire » (Jean Bernard [1907-2006], médecin, écrivain, élu à l’Académie française en 1975).

     

     « Je me suis aperçu que, si le travail bien fait est source de joies puissantes, la paresse savourée en gourmet ne l’est pas moins. Les gens qui ne travaillent pas ne s’ennuient jamais. Les gens qui travaillent s’ennuient quand ils ne travaillent pas » (François Cavanna [1923-2014]. Les Pensées. Ed. Le Cherche-Midi. 2012).

     

    « J'écrirais volontiers un éloge de la paresse et de l'ennui. La paresse, rien de plus clair, est la mère des chefs-d'œuvre. Très loin de l'abrutissement qui naît des grands postes et des hautes fonctions, l'ennui est cet état béni où l'esprit désoccupé aspire à faire sortir du néant quelque chose d'informe et déjà d'idéal qui n'existe pas encore. L'ennui est la marque en creux du talent, le tâtonnement du génie. Dieu s'ennuyait avant de créer le monde. Newton était couché dans l'herbe et bayait aux corneilles quand il a vu tomber de l'arbre sous lequel il s'ennuyait la pomme de la gravitation universelle. Les petits esprits s'énervent au milieu de foules de choses, la plupart du temps inutiles. Les grands esprits ne font rien et s'ennuient comme Descartes enfermé seul dans un poêle en Allemagne avant de découvrir des cieux. Chateaubriand bâillait sa vie avant d'écrire Atala, et René, et les mémoires d'outre-tombe » (Jean d’Ormesson [1925-2017]. Q’ai-je donc fait. Ed. Robert Laffont. 2008). 

     

     

    Du droit des écoliers à la paresse 1/11

    11. Poil de Carotte (page de couverture du roman de Jules Renard, avec des illustrations de Félix Vallotton. Flammarion. 1902). 

     

     « Je me surmène de paresse » (Jules Renard). Quant à l’écrivain Jules Renard (1864-1910), il est le meilleur avocat des enfants paresseux collectionneurs de mauvaises notes. Ses plus belles citations expriment cette paresse qu’il a lui-même vécue et racontée dans son roman autobiographique Poil de Carotte paru en 1894 :

    « Je connais bien ma paresse, je pourrais écrire un traité sur elle, si ce n’était un si long travail ».

    « La paresse n’est rien de plus que l’habitude de se reposer avant d’être fatigué ».

    « Le temps perdu ne se rattrape jamais. Alors, continuons de ne rien faire ».

     « Il ne faut pas croire que la paresse soit inféconde. On y vit intensément comme un livre qui écoute. On y nage dans l’eau, mais on y sent le frôlement des herbes du remords. Il y a dans la paresse un état d’inquiétude qui n’est pas vulgaire, et auquel l’esprit doit peut-être ses plus belles trouvailles ». 

    « La paresse a cela de mortel que, dès qu'on en triomphe,, on la sent déjà qui renaît » (Journal du 20 juin 1900). 

     

     

    Du droit des écoliers à la paresse 1/11

    12. L’École et son Cancre, futur entomologiste (chromolihographie : Baster & Vieillemard. Paris. De 1869 à 1884).

     

          « Petit Homme deviendra Grand » (par extrapolation du vers de la fable de Jean de La Fontaine Le petit Poisson et le Pêcheur : « Petit poisson deviendra grand… »). Plus encore, des adeptes de la paresse ont pu accéder à la célébrité dans les genres les plus divers (, peinture, littérature, sciences, cinéma, poésie…). Parmi eux : Pétrone, Claude Gelée dit le Lorrain, Augustin Fresnel, Gustave Flaubert, Alexandre Dumas, Einstein, Sacha Guitry, Jean Cocteau, Jean Genet, Jacques Prévert, François Truffaut, Daniel Pennac, Alain Souchon, Gérard Depardieu.

     

     

     

    Du droit des écoliers à la paresse 1/11

    13. L’alphabet : P comme Paresse, Pétrone et Jacques Prévert (chromolithographie publicitaire, fin du XIXème siècle).

     

    La suite donc, dans une semaine :

    Du droit des écoliers à la paresse 2/19 (Pétrone et Albert Einstein).  

     

     

    Du droit des écoliers à la paresse 1/11

               14. Paresseux ou Paresseuse ? (chromolithographie, fin du XIXème siècle).

     

      Puis viendront, chacune des semaines suivantes :

    Du droit des écoliers à la paresse 3/19 (Jacques Prévert).

     Du droit des écoliers à la paresse 4/19 (François Truffaut).

    Du droit des écoliers à la paresse 5/19 (peintures anciennes de Jean-Baptiste Greuze, Carl Waltzelhan, William Henry Hunt, Hanne Tartter, Jean Béraud, Harold Copping et Jean Geoffroy dit Géo).

    Du droit des écoliers à la paresse 6/19 (photographies anciennes 1/2).

    Du droit des écoliers à la paresse 7/19 (photographies anciennes 2/2).

    Du droit des écoliers à la paresse 8/19 (L'école buissonnière).

    Du droit des écoliers à la paresse 9/19 (Derniers de classe).

    Du droit des écoliers à la paresse  10/19 (La rentrée des classes)

    Du droit des écoliers à la paresse 11/19 (À bas la rentrée !).

    Du droit des écoliers à la paresse 12/19 (dessins de presse. 1880-1900).

    Du droit des écoliers à la paresse 13/19 (dessins de presse. 1900-1910).

    Du droit des écoliers à la paresse 14/19 (dessins de presse. 1910-1920).

     Du droit des écoliers à la paresse 15/19 (dessins de presse. 1920-1925)

    Du droit des écoliers à la paresse 16/19 (dessins de presse. 1925-1930).

    Du droit des écoliers à la paresse 17/19 (dessins de presse. 1930-1935).

    Du droit des écoliers à la paresse 18/19 (dessins de presse. 1935-1940).

     Du droit des écoliers à la paresse 19/19 (dessins de presse. 1940 et s.).

     

     

    Du droit des écoliers à la paresse 1/11

    15. Un paresseux (illustration fin XIXème siècle. Source : Musée de l’école en Chalonnais. 20 rue Auguste-Martin, 71100 Saint-Rémy. Photo D.C.). 

     


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    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

                                            1 Youpi ! c’est bientôt les vacances !

                                (chromolithographie dorée, fin du XIXème siècle).

     

       Cette année scolaire 2022/2023, les vacances d’été débuteront pour les trois zones (A, B, C), le samedi 8 juillet 2023. Elles s’achèveront avec la rentrée qui aura lieu le lundi 4 septembre 2023.

     

     

     

     

    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

                                 2 Dessin de presse du Vendredi 21 juillet 1933*

                         - C’est bientôt les vacances, hein, mon petit bonhomme ?

                         - Oh oui, m’sieu, du reste nous n’pensons qu’à ça en classe !

     

     (* Dans les années 1930, les grandes vacances scolaires débutaient à la fin du mois de juillet et la rentrée avait lieu dans les premiers jours du mois de septembre).

     

         Aussi, comme leurs prédécesseurs, nos écoliers d’aujourd’hui ne pensent-ils plus qu’à ça en classe. Seuls les « premiers de classe », ainsi que mon vérificateur orthographe Word, se cassent la tête pour savoir pourquoi on dit « c’est bientôt les vacances » et non « ce sont bientôt les vacances » (peut-être parce que « c’est » serait un présentatif comme « voici » ou « voilà »).

     

     

     

    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

           3. Amours d’enfants (chromolithographie publicitaire, fin du XIXème siècle).

             - Vraiment ? quand tu seras grand, tu voudrais être député, comme moi ?

             - Pardine, M’sieu, ne rien faire et tout le temps des congés !

     

      Mais ce qui préoccupe plus encore nos écoliers, c’est la durée de leurs grandes vacances. En effet, leurs vacances d'été sont plus courtes que celles dont bénéficient les parlementaires (députés et sénateurs), sous un jargon constitutionnel astucieux qui substitue au mot commun « vacances » ceux bien plus éminents et mystérieux de pauses entre les « sessions » (ordinaires, extraordinaires ou de droit).  Étymologiquement parlant, le mot session désigne « le fait d’être assis » et, par extension, la « période pendant laquelle une assemblée tient séance ».

     

      On observera, par ailleurs, que cette situation risque d’empirer puisque, le Chef de l’État, a déclaré, à Marseille, le 27 juin 2023, que le temps des vacances scolaires d’été était bien trop long, engendrant une inégalité entre les enfants des familles aisées qui peuvent leur payer des activités de loisirs (golf, équitation, tennis, voile…) et éducatives/apprenantes (répétiteurs, cahiers de vacances, stages linguistiques…), et ceux des familles sans le sous. En revanche, pas un mot sur la rémunération de nos hommes politiques elle aussi vectrice d’inégalité sociale. Comme l’a relevé une note de l’Institut des Politiques Publiques publiée en avril 2023, nos 577 députés de l’Assemblée nationale, 79 députés européens et 348 sénateurs font tous partie des 3% des français les mieux payés :

    https://www.ipp.eu/actualites/lindemnite-parlementaire-et-les-revenus-des-francais-depuis-1914/

     

     

     

     

     

     

    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

                                     4. Dessin de presse du Dimanche 21 juin 1914.

                                     - Quand je serai grand, je veux être député.

                                     - C’est bien Toto, de se dévouer pour ses compatriotes.

                          - Oh ! grand’père, c’est pas pour ça, c’est parce qu’ils partent en vacances bien avant nous et qu’ils rentrent bien après…

     

        Pour revenir à la pause parlementaire estivale, concrètement, depuis 1995, le Parlement (Chambre des députés ou Assemblée nationale, et Sénat), se réunit de plein droit en une session ordinaire qui commence le premier jour ouvrable d’octobre et prend fin le dernier jour ouvrable de juin (article 28 de la Constitution du 4 octobre 1958). Autrement dit, sauf session extraordinaire, nos députés et sénateurs sont en « vacances parlementaires », selon l’expression des gens en général ignorée de notre Constitution, trois mois durant. C’est donc bien plus que les deux mois de vacances d’été de nos écoliers, collégiens et lycéens (trois ou quatre semaines pour les congés d’été des salariés).

     

     Cette situation étonnante, voire ubuesque, suscitait déjà sous la Troisième République (1870-1940), la jalousie des écoliers comme le montrent plusieurs illustrations humoristiques anciennes retrouvées dans la toile sans fond d’Internet, réunies dans cette page (n° 3, 4 et 5).

     

     

     

     

    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

                                       5. Dessin de presse du Lundi 16 mai 1927.

                                    - Quand je serai grand, je veux être député

                                    - Pourquoi député ?

                                    - Parce qu’ils sont souvent en vacances !...

     

      En revanche, pendant le déroulement de l’année scolaire et de la session ordinaire parlementaire, nos écoliers sont plus avantagés que nos députés, sauf pour les vacances de Noël :

     

    VACANCES SCOLAIRES :

    Vacances de la Toussaint : du samedi 21 octobre 2023 après les cours au lundi 6 novembre 2023, pour les écoliers.

    Vacances de Noël : du samedi 23 décembre 2023 après les cours au lundi 8 janvier 2024, pour les écoliers.

    Vacances d’hiver : deux semaines en février.

    Vacances de Printemps : 2 semaines en avril ou mai selon les zones.

     

     

     

     

     

    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

                6. - C’est ça les arènes ! Encore une Chambre de députés en vacances !

    (Estampe lithographie de la série Actualité extraite du journal satirique Le Charivari de juin 1870. Dessin de Cham. Source : Musée Carnavalet).

     

     

     VACANCES PARLEMENTAIRES NON ESTIVALES, sous l’expression guindée « suspension des travaux » :

    Trois semaines à Noël (du lundi 19 décembre 2022 au lundi 9 janvier 2023).

    Une semaine en février (du lundi 20 au lundi 27 février 2023).

    Deux semaines en avril (du lundi 17 au dimanche 30 avril 2023).

     

     

     

     

    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

                                 7. Dessin de presse du Samedi 19 août 1933.

                     - Eh ben, monsieur le député, vous vous reposez un brin ?

                     - Moi, mon ami, jamais ! je travaille ici tout comme à la Chambre !

     

     

      Par honnêteté, je rappelle que les pauses ou vacances parlementaires ne concernent que le travail des députés à la Chambre. En revanche, ces mêmes députés sont censés, pendant les périodes de suspension des travaux, être en contact permanent avec leurs électeurs : " Je voudrais rencontrer mon député. - Désolé, mais je vous ai déjà dit qu'il était occupé, il ne peut pas vous recevoir. Revenez à la prochaine campagne des élections législatives ". De plus, certains d'entre eux aiment se faire prendre en photos et en vidéos estivales avec leurs administrés, afin d'alimenter leur blog. D'autres enfin préfèrent siéger, éventuellement sous un arbre, à l’instar du bon roi Saint Louis.

     

     

     

    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

                                    8. Dessin de presse du Dimanche 7 avril 1901.

                                      - Tiens, v’là not’ député en vacances !

                                      - Ch’est-y heureux d’avoir du temps à perdre comme ça !

     

     

     

    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

       9. Vive Les Vacances… à la mer (chromolithographie, fin du XIXème siècle).

     

      Dans son recueil « Paroles », publié en 1948, Jacques Prévert (1900-1977), décrivait ses grandes vacances à la mer (Pornichet), lorsqu’il était enfant : « Les vacances, pour moi c'était la mer. La mer, je courais après elle, elle courait après moi, tous deux on faisait ce qu'on voulait. C'était comme dans les contes de fées : elle changeait les gens. A peine arrivés, ils n'avaient plus la même couleur, ni la même façon de parler. Ils étaient tout de suite remis à neuf, on aurait dit des autres. Elle changeait aussi les choses et elle les expliquait. Avec elle, je savais l'horizon, le flux et le reflux, le crépuscule, l'aube, le vent qui se lève, le temps qui va trop vite et qui n'en finit plus… ». 

     

     

     

    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

     10. C’est les vacances, tu m'aimes, non s'cuze tu m'aides? (chromolithographie, fin du XIXème siècle).

     

     

                                     Vive les vacances les souris dansent
                                     et ça balance et ça balance et ça romance
                                     vive les vacances c'est notre enfance
                                     l'adolescence la renaissance…
     

             (paroles de la chanson « Vive Les Vacances » de Gérard Lenorman). 

     

                                    C’est les vacances, c’est les vacances
                                    Voilà l’école est terminée
                                    Plus de maîtresse et plus de stress
                                    Y’a qu’à penser à s’amuser
                                    C’est les vacances, c’est les vacances
                                    Il va falloir se séparer
                                    C’est les vacances, mais de cette absence
                                    Y’aura plein d’choses à s’raconter !

                                    Jeux de pirates
                                   Ou de corsaires
                                   Billes agate
                                   Ou bien de terre
                                   Échec et mat
                                   Ou solitaire
                                   Qu’est-ce qu’on va faire ?...

    (extraits de la chanson de Gilles Diss : « C’est les vacances »).

     

                                   Vive les vacances

                                   Entrez dans la danse

                                   Les cahiers au feu

                                   Les livres au milieu…

    (comptine pour enfants avec parfois les mots « Les maîtres au milieu » au lieu de « Les livres au milieu »).

     

     

       

    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

       11. – L’éclipse de soleil que vous avez vue hier, mes enfants, se reproduira dans 65 ans…

           Aurons-nous congé ce jour là, m’sieur ?

     

     

       Un peu de patience les mômes. La prochaine éclipse lunaire est prévue jeudi 28 octobre 2023. Quant à la prochaine éclipse solaire, elle est prévue le vendredi 8 avril 2024. 

     

     

     

    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

                   12. Dans les gares parisiennes : les grands départs de juillet.

     

                   " Bonnes vacances les enfants et Bon courage à vos parents !"  (derniers mots d'un instit' à ses chers élèves).                      

     

     

     

     

    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

    13. Le maître d’école et les enfants paresseux, gourmands, chahuteurs, buissonniers, cancres, rêveurs, dormeurs…

                      (chromolithographie publicitaire, fin du XIXème siècle). 

     

      Chers visiteurs habituels, occasionnels ou accidentels, vous devrez supporter sur ce blog, tout au long de l’été, une nouvelle série de cette rubrique « Enfants de Jure », intitulée « Du droit des écoliers à la paresse », en images et cartes postales anciennes (ICPA). A priori, une chronique par semaine, à compter du lundi 3 juillet et jusqu'au mois d'octobre. 

     

     

    Du droit des écoliers aux mêmes vacances que les députés

                           14. Enfin les vacances sans maîtresses ni maîtres !

       Non Bout’chou encore 10 jours à les supporter : tes vacances c’est le 10 juillet !

     


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    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

    40. Le plus dur pour un député c’est de faire croire qu’il s’engage à titre gracieux (dessin de presse. 2 février 1924).

       - C’est très joli, mon cher député, de dire au peuple qu’il pourra bientôt manger des truffes et boire du vin à 150 francs la bouteille… Comment voulez-vous qu’il fasse ?

       - Comme moi !

    Lu sur le site non humoristique de recherche d’emploi INDEED en 2023 : « Si vous avez une haute estime de la Nation ainsi qu’un très bon sens du devoir, vous envisagez peut-être de devenir député ». 

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

                            41. La voyante et le candidat (dessin de presse. 1924).

                                - J’entends des voix… oh ! beaucoup de voix…

                               - Vous me faites bien plaisir… Je suis député sortant.

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

                    42. Le Code du candidat député (dessin de presse.1928).

                        - Je suis un ardent féministe et en attendant que vous obteniez le droit                         de vote, je compte que vous obligerez vos maris à voter pour moi...

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

      43. Garder la Chambre en temps de guerre (dessin de presse. 3 juin1928).

           - En temps de guerre, les députés auront le choix : ou partir au front ou rester à la Chambre.

          - Diable, tout le monde va vouloir être député !

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

           44. Comment tirer droit au billard ?  (dessin de presse. 6 août 1930).

             - Moi, à votre place, monsieur le député, je prendrais ma bille plus à droite…

             - Jamais, Mossieur ! mes opinions s’y opposent !

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

     45. Vendu ! Ta bouche ! Crapule ! Buse ! (dessin de presse. 8 août 1930).

              - Excusez-le ; c’est pas de sa faute : il a appartenu à un député.

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

    46. À la Buvette de la Chambre des députés (dessin de presse. 10 août 1931).

         - Bizarre jadis, je passais mon temps à représenter mon département, et ça ne me rapportait rien du tout... 

         - Aujourd'hui, je le représente encore, et ça rapporte plus de 70 000 euros par an ! 

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

           47. Devant la chambre des députés (dessin de presse. 20 juillet 1933).

              - Enfin ! les voilà partis ! On va donc être un peu tranquilles !

              - Ces pauvres députés ! On leur crie après, et cependant, ils n’ont rien fait…

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

       48. En cas de fatigue, gardez la Chambre (dessin de presse. 19 août 1933).

           - Eh, bien, monsieur le député, vous vous reposez un brin ?

          - Moi, mon ami, jamais ! Je travaille ici tout comme à la Chambre…

     

     

          Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

    49. Séance nocturne à la Chambre : à quoi ça sert ? (dessin de presse. 24 mars 1934).

       - Ah ! mon député, quelles gens sans logique. Quand on pense qu’il leur a fallu une séance de nuit pour voter l’ordre du jour !...

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

                                50. Mon avocat-député (dessin de presse. 1935).

                        - Mais, cher Maître, il y aurait peut-être un moyen de tourner cette loi…

                        - Je sais… Je sais… Je l’ai faite.

     

      Sous la Troisième République, les avocats représentaient une part importante des effectifs de la Chambre des députés. Par exemple, en 1924, lors du Cartel des Gauches, celle-ci comportait 140 avocats, et, en 1936, sous le Front populaire, 110 avocats.

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

                     51. Remède Radical (dessin de presse. 28 février 1935).

        - Pour votre toux, je vais vous indiquer un remède radical.

       - Oh, vous n’auriez pas un remède plus en rapport avec mes opinions. Je suis député de droite !

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

                         53. Pension… (dessin de presse. 14 novembre 1936).

       - Voyons, monsieur le député, je suis le seul citoyen qui ne soit pas pensionné !...

      - Mais, mon ami, vous n’êtes ni ancien fonctionnaire, ni ancien combattant, ni infirme, ni sinistré !...

      - Ah pardon !... tous les ans mon potager est ravagé par les escargots !...

     

     Privilèges de Chambre. Les députés bénéficient d’une pension de retraite de 661 € net pour un seul mandat de 5 ans, soit seulement 20 trimestres de cotisations, contre 695,59 € minimum (747, 57 € brut), pour un salarié devant justifier de 120 trimestres de cotisations au régime général de la Sécurité sociale.  

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

    54. « Le cigare est le complément indispensable de toute vie oisive et élégante » Georges Sand (dessin de presse. 4 mai 1937).

    - Voulez-vous un cigare ?

    - Oh, m’sieur l’député, j’aimerais mieux un bureau de tabac !...

     

    Cigare de l’espagnol cigarro par rapprochement de cigarra, la cigale de même forme et couleur. En 1981, l’Amicale des députés fumeurs de cigares était composée de 20 membres. En 1991, le Club des parlementaires amateurs de Havane, siégeant au Palais-Bourbon, comptait 200 membres parlementaires (en 2013, environ 50). Sa devise : « Ciento por ciento cubano, hecho a mano » (« 100 % cubain, fait à la main »).  

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940)

    55. Programme électoral en instance (dessin de presse. 9 mai 1937).

      - Maintenant que vous voilà élu, monsieur le député, est-il indiscret de vous demander par quoi débutera votre programme ?

      - Tout doux, tout doux ! mes chers électeurs, j’ai quatre ans pour réfléchir !...