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    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920)

                                27. Après la bataille (dessin de presse. 1914).

        - Voyons, m’sieu l’député, c’est moi l’père Toutou, qu’on a même pris la cuite ensemble la veille des élections…

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920)

                     28. Vocation parlementaire (dessin de presse. 21 juin 1914).

               - Quand je serai grand, je veux être député.

               - C’est bien, Toto, de se dévouer pour ses compatriotes.

            - Oh ! grand-père, c’est pas pour ça, c’est parce qu’ils partent en vacances bien avant nous et qu’ils rentrent bien après…

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920)

                              29. Paysannerie (dessin de presse. 19 juillet 1914).

                      - C’est votre fils, père Mathieu ?...

                      - Oui, mon député.

                     - Comme il a grandi…

                     - Oui, il pousse comme les impôts !

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920)

    30. Député en campagne… paysanne (dessin de presse. 29 septembre 1914).

       - Eh bien, voilà, mon député, ce que nous voudrions, c’est la tranquillité, la paix… et puis payer moins d’impôts…

        - Mais, c’est là tout un nouveau programme !

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920)

                      31. Variations météorologiques…(dessin de presse. 1915).

                             - Voyez ce député cherchant d’où vient le vent.

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920)

                              32. Le Code civil pour tous (dessin de presse. 1915).

                                     Élections : Majorité 

      - J’ai connu des députés qui, pour l’obtenir, ne se gênaient pas pour ajouter 1 500 bulletins dans l’urne.

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920)

                        33. Entre suffragettes (dessin de presse. 29 janvier 1915).

      - Que voulez-vous, ma chère, c’est comme dans un ménage la Chambre ne sera jamais bien tenue tant qu’il n’y aura pas de femmes au Palais-Bourbon.

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920)

                             34. Ne pas déranger (dessin de presse. 24 mai1915).

                                - Je voudrais voir monsieur le Député.

                                - Attendez la période électorale.

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920)

    35. Élection des bénéficiaires de l’indemnité parlementaire (dessin de presse. 24 mai1915).

        - Moi, les élections je m’en fiche…, comme c’est pas moi qui touche les 15 000 balles* !...

    *En 2023, l’indemnité parlementaire de base des députés, alignée sur le traitement des Conseiller d’État, s’élève à 7 493,30 € brut mensuel.

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920)

      36. Répéter : redire ce qu’on n’a pas déjà dit ! (dessin de presse. 21 mai 1915).

         - Citoyens ! Ayant été interrompu hier dans l’exposé de mon programme, je vais vous répéter ce que je n’ai pas pu vous dire hier…

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920)

    37. Blackbouler : évincé ou non renommé par un vote (dessin de presse. 21 mai 1915).

               - Je vous recommande le vin de ce cru, il est renommé.

               - Le député blackboulé : Il est plus veinard que moi. 

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920)

                    38. Le député gaffeur (dessin de presse. 23 septembre 1918).

                       - La droite m’applaudit, je dois avoir commis une gaffe !

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920)

                  39. Reproches amers (dessin de presse. 1919. Maitrejean).

    - Il était furieux, il nous a dit comme ça : Vous n’avez pas d’honneur ; après tout le vin que je vous ai payé, de ne m’avoir pas élu vot’ député !

    - Ben, vous fâchez pas, que j’y ai dit. Si y a que ça qui vous chiffonne, on va vous le rendre vot’ vin !

     

    La suite dans une semaine : 4/4. Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940).


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    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914)

                   15 Femme de Chambre (dessin de presse. 24 décembre 1900).

        - Ah ! mon rêve eût été d’être l’épouse d’un député !... une femme parlementaire.

        - Une femme de Chambre… quoi !

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914)

                      16 Députés en vacances (dessin de presse. 1901. Henriot)

         - Vous me reprochez de n’avoir rien fait pour le pays ? Vous ignorez donc que j’ai dépensé plus de 60.000 francs pour me faire élire ?... 

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914)

             17. Député en campagne… estivale (dessin de presse. 7 avril 1901).

                  - Tiens, v’là not’député en vacances !

                  - Ch’est-y heureux d’avoir du temps à perdre comme ça ! 

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914)

     18. Parle…ment, composé des verbes Parler et Mentir (dessin de presse. 13 août 1901).

        - Sont-ils bêtes, ces électeurs !... Ils nous croient encore, nous, députés, quand nous leur promettons quelque chose…

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914)

    19. Girouette politique (dessin de presse. 25 septembre 1907).

    - Enfin, voyons, not’ déput’ vous n’avez surement pas d’opinion !...

    - Pas d’opinion ! père Bouillard, mais rien que dans ces quatre dernières années, j’ai pu en changer plus de vingt fois !...

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914)

                                20. Brèves de comptoir (dessin de presse. 1908).

        - Et ça sera comme cela, tant qu’on choisira les députés parmi les hommes politiques.

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914)

                       21. Dette publique de la France (dessin de presse. 1908).

          - Moi, m’sieur le Député, j’ai jamais dû un sou à personne.

         - Permettez, mon ami, vous êtes citoyen français… vous avez comme moi, plus de quarante milliards de dettes ! Et vous appelez cela ne rien devoir !...

     

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914)

                     22. Propos électoraux (dessin de presse. 1908. Clément).

        - Les élections, voyez-vous, m’sieur le Député, ça devrait se faire en été… on a plus soif !...

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914)

                                 23. Retourner sa veste (dessin de presse. 1910)

                 - Je vais vous mettre une jolie doublure, monsieur le député.

                 - C’est ça ! pour quand je retournerai ma veste.

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914)

               24. À quoi ça sert un député ? (dessin de presse. 19 juin 1910)

                - D’abord, à quoi ça sert un député ?

                - T’es bête, ça sert à payer à boire au moment des élections !...

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914)

                         25. Le prestige (dessin de presse. 1911. Albert Guillaume).

    -Dis, papa, est-ce que les députés qui règlent l’heure d’hiver peuvent aussi régler l’hiver ?...

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914)

     26. Député dormeur à la Chambre (dessin de presse. 28 novembre 1912.

        - Vous qui vous posiez pour un homme de progrès, jamais vous ne dites un mot à la Chambre ?...

      - Eh ! bien n’est-ce pas un progrès que d’empêcher de perdre un temps précieux ?...

     

    La suite dans une semaine : 3/4. Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920).


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    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

                          1 Leurs électeurs (ancien dessin de presse, non daté)

          - M. le député ne peut vous recevoir en ce moment, il est en commissions !

          - Quoi ! on les envoie donc faire des courses ?

    « Qui n’a pas été député ne saurait se faire une idée du vide humain » (Léon Daudet, fils aîné d’Alphonse Daudet, écrivain et député de la Seine de 1919 à 1922. Melancholia, 1927). 

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

                                    2. Nos élus (ancien dessin de presse, non daté)

       - Mon cher député, quel est donc, dans votre arrondissement, l’esprit de vos      électeurs ?...

       - Ils en manquent complètement.

     

        Dessinateurs de presse satirique et humoristique. Sous la Troisième République (septembre 1870 à juillet 1940), les dessinateurs de presse ont pris pour cible les hommes politiques (Présidents de la République, Chefs de Gouvernement, Ministres, Députés et Sénateurs).

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

    3. Les députés malades de la veste : Édouard Herriot, Député du Rhône (Le Rire, n° 262, 9 février 1924. Dessin de Charles Lucien Léandre).

     

        Satirique : enclin à la médisance. Certains dessinateurs raillaient un homme ou un événement de la vie politique en particulier, souvent de manière sous-entendue, comme ceux des journaux satiriques Cyrano et Le Cri de Paris, auxquels j’ai consacré les deux pages précédentes. Il en était de même des dessinateurs du journal Le Rire, un hebdomadaire illustré lancé, à Paris, par Félix Juven, le 19 novembre 1894 et qui s’achèvera en avril 1971. 

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

    4. Chemin de fer… parlementaire… de Versailles (dessin de presse. 1876).

      Un membre de l’Assemblée voulant absolument trinquer avec un orateur dont il partage les opinions.

     Petite explication. Ce dessin et le suivant, n°5, moquent la décision prise, en mai 1875, de confier la construction d’une ligne de chemin de fer de Paris à Versailles à la Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest. Cette ligne devait permettre aux députés de rejoindre aisément la ville de Versailles où l’Assemblée nationale, alors appelée Chambre, siégeait depuis le 20 mars 1871 suite à l’insurrection de la Commune de Paris (la Chambre des députés ne retourna siéger à Paris, au Palais Bourbon, qu’en 1879). 

     

       Humoristique : enclin à souligner le caractère comique ou ridicule d’une situation ou d’une personne, sans médisance. D’autres dessinateurs se contentaient de se moquer des hommes politiques, en général, avec un humour plutôt franchouillard. Leurs dessins étaient dits humoristiques, car ils étaient moins « vachards » que les dessins satiriques.

      Voici donc, dans cette seconde catégorie, plus d’une cinquantaine de dessins amusants publiés de 1876 à 1940. Ils sont réunis en quatre pages des plus anciens aux plus récents, à l’exception des deux premiers de cette page qui ne comportent aucune date :

    1/4. Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876 à 1900).

    2/4. Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914).

    3/4. Nos députés en dessins humoristiques de presse (1914 à 1920).

    4/4. Nos députés en dessins humoristiques de presse (1920 à 1940).

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

                5. Votes bidouillés et bourrages d’urnes (dessin de presse. 1876).

     Un député partant en vacances emporte comme souvenir une des urnes de l’Assemblée (sur la décision équivoque de construction du chemin de fer parlementaire de Versailles, voir la note sous le dessin n°4).

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

                    6. Bon truc pour devenir député (dessin de presse. 1892).

    Vous rêvez d’entrer au corps législatif. Oh mon Dieu ! c’est bien simple, promettez tout ce que l’on voudra et même davantage, promettez même la lune quitte à y faire un trou pour vous tirer d’affaire, et vous êtes certain d’y arriver.

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

                   7. Vacances parlementaires (dessin de presse. 27 août 1885).

      - À la Chambre, parlez-en autant que vous voudrez, des lois, mais ici, chez nous, c’est moi qui la fais, la loi.

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

        8. Personn… alitées ou Personn…alités (dessin de presse. 11 avril 1895).

            - Quelle différence faites-vous entre un médecin et un député ?

            - ??...

         - Eh bien ! le médecin recherche les personnes alitées, tandis que le député tâche de les éviter !... (personnalités).

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

                              9. Confidences (dessin de presse de Draner. 1896).

            - Hélas ! mon cher Monsieur, un vrai fruit sec, ce pauvre enfant… nous ne savons qu’en faire.

               - Mais, … il a tout ce qu’il faut pour succéder à son père… comme député.

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

             10. Instruction préparatoire (dessin de presse. 28 novembre 1896).

                 - Nous avons un juge d’instruction à diner, mon cher député…

                 - Ah bigre !... pourvu que ça ne soit pas celui qui m’a interrogé ?

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

                      11. Promesse électorale (dessin de presse. 21 juillet 1898).

                   - Mon député, vous m’avez promis un bureau de tabac…

            - Impossible en ce moment, mais je vais vous en indiquer un où vous trouverez d’excellents cigares.

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

             12. Dernière rentrée à la Chambre (dessin de presse. 18 octobre 1898).

       - Oh ! ces députés… pas plutôt rentrés qu’ils se font remarquer par leurs sorties.

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

                  13. Manque de vocation (dessin de presse de Gil Baer. 1898).

      - Eh bien, père Mathurin, et votre fils, qu’est-il devenu ? pêcheur comme son père ?

      - Mon fils ! ah ! Madame, m’en parlez point, il a mal tourné.

      - Pas possible ? Votre fils ? mais qu’a-t-il donc fait ?

      - C’qu’il a fait ? c’qu-il a fait ??? vous n’lavez donc point lu su’lesjournaux ?... il s’a fait nommer député !!!

     

     

    Nos députés en dessins humoristiques de presse (1876-1900)

                           14. Les calembours illustrés (dessin de presse 1898).

    Les députés ne sont aimables avec les vielles dames que si elles sont des votes.

     

    La suite dans une semaine : 2/4. Nos députés en dessins humoristiques de presse (1900 à 1914).


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    Nos députés dans le journal satirique Cyrano

                                                         1- Comme à Charenton ! Agités dangereux. 

      « Ils sont six cents, là dedans, qui gueulent toute la journée et toute la nuit »

        (Cyrano, 19 février 1934, page de couverture).

     

     Petite explication. Depuis 1804, l’asile de Charenton, situé sur la commune de Saint Maurice, dans le Val-de-Marne, accueillait des aliénés souvent incurables (le sulfureux marquis de Sade y fut interné de 1803 jusqu’à sa mort en 1814). 

     

       Cyrano, journal satirique hebdomadaire (rédacteur en chef Léo Marchès).  Près d’un millier de numéros de ce journal furent publiés dans les années 1920 et 1930. Comme beaucoup de journaux satiriques de l’entre-deux-guerres, Cyrano s’attachait à rapporter des événements d’actualité politique qu’il blâmait et tournait en dérision. Parmi ses nombreux contributeurs, on citera Clément Vautel (1876-1954), aujourd’hui tombé dans l’oubli, qui fut l’auteur de grands succès de librairie comme Mon curé chez les riches (1923), et Mon curé chez les pauvres (1925), tirés à plus d’un million d’exemplaires. Pour le redécouvrir, je vous invite à lire son amusante contribution à la reconnaissance du droit de grève des écoliers que j’ai mise en ligne le 15 mai dernier dans la rubrique enfants de jure :

    http://droiticpa.eklablog.com/du-droit-de-greve-des-ecoliers-a214136633

     

        Toutefois, à l’instar de son prédécesseur, Le Cri de Paris (voir page précédente), Cyrano n’est pas mentionné par les contributeurs de Wikipedia qui ont consacré une excellente étude à la Presse satirique, complétée d’un article connexe Liste des journaux satiriques :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Presse_satirique

    //fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_journaux_satiriques

     

      Fort heureusement, le site Gallica de la Bibliothèque Nationale publie, de son côté, plusieurs dizaines de numéros entiers de ces deux journaux (et non la totalité de leurs numéros).

    Cyrano : 17 années disponibles. 590 numéros :

      https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327537623/date

     

    L’on retrouve également sur divers sites, marchands ou non, quelques couvertures de ces deux revues satiriques.

     

      Quant aux dessins de cette nouvelle page, ils mettent en scène nos députés (du bas latin deputatus, délégué), membres élus de la première des deux Assemblées détenant le pouvoir législatif (Chambre des députés ou Assemblée nationale, et Sénat), qui composent le Parlement. Selon les dictionnaires d’étymologie, ce dernier mot est composé de parler, avec le suffixe [e] ment. (vers 1100 apr. J.-C.), d’où la plaisanterie devenue culte (Victor Hugo, Léo Campion..): « dans parlement, il y a parle et ment ».

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Cyrano

                                               2 MAURICE SARRAULT ?... OU FRANKLIN-BOUILLON ?...

                                      - Gauche… Droite… Gauche… Droite !...

                                    - C’est l’école du piéton ?...

                                    - Non, c’est l’école du parfait député radical !

                                                     (Cyrano, 21 août 1927, page de couverture).

     

       Maurice Sarrault (1869-1943), fut avocat, journaliste et homme politique notamment député et Président du Parti-Radical-Socialiste en 1926-1927 (il sera assassiné, le 2 décembre 1943, par un membre de la Milice du régime de Vichy). Henri Franklin-Bouillon (1870-1937), quant à lui, professeur agrégé d’anglais, fut ministre d’État en 1917, et, de 1910 à 1936, maintes fois député, d’abord du Parti-Radical-Socialiste (à l’aile droite de ce parti, hostile au communisme et au socialisme), puis de la Gauche-sociale et radicale (ou Gauche unioniste et sociale), dont il fut le créateur.  

       En 1924, les élections législatives avaient été remportées par la coalition du Cartel des Gauches constitué des radicaux-indépendants, du Parti radical et radical-socialiste, du Parti républicain-socialiste, de la SFIO et de quelques socialistes indépendants. La crise financière des années 1924-1927 entraîna la chute de cette coalition et du gouvernement d’Aristide Briand. De retour à la présidence du Conseil des ministres, Raymond Poincaré forma alors un cabinet d’Union nationale réunissant la droite et les divers partis radicaux, à l’exception des socialistes. Aux élections législatives des 22 et 29 avril 1928, la droite l’emporta avec 329 députés contre 285 pour la gauche.

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Cyrano

    3 - ÉNERGIQUE MANIFESTATION DE MM. LES DÉPUTÉS CONTRE L’IMPÔT DE 10% SUR L’INDEMNITÉ PARLEMENTAIRE.

                                                        « Continuez, messieurs ! » 

                                                       (Cyrano, 26 février 1933, page de couverture).

     

     Petite explication. En ce mois de février de l’année 1933, deux commissions des Finances du Parlement planchaient sur des amendements destinés à appliquer une taxe spéciale de 10% aux revenus et bénéfices des grandes sociétés d’assurances et de pétroles, en particulier, de sorte que la répartition des charges fiscales n’accable pas seulement les contribuables et les petits rentiers. En effet, ces gros monopoles privés échappaient à l’impôt sur leurs bénéfices. Seulement, comme le laisse supposer l’auteur de ce dessin, les députés ne se sont pas bousculés en séance pour proposer également un impôt de 10% sur leur propre indemnité parlementaire !

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Cyrano

                                                                4- On a beau garder la Chambre…

                                              « Vos gueules !… On en a marre !… » 

                                                        (Cyrano, 27 octobre 1933, page de couverture).

     

      « Donner sa langue au chat ». Ayant consulté l’ensemble des pages de ce numéro du 27 octobre 1933, je n’ai pas trouvé, compris ou deviné l’événement politique de l’année 1933 qui a inspiré l’auteur de ce dessin. 

        En revanche, la légende du dessin « On a beau garder la Chambre » m’est plus accessible. Il s’agit d’une plaisanterie pour se moquer des députés par emprunt de l’expression familière « garder la chambre » lorsqu’une personne reste chez elle dans son lit pour s’y reposer le temps de se remettre d’une maladie. Des dessins satiriques anciens jouent alors sur le double sens des mots :

     

                                  « - Et qu’est-ce qu’il fait ton papa ?

                                     - Il dort tout le temps à la Chambre !

                                     - Il est malade, le pauvre ?

                                     - Non, il est député ».

     

                             « -Oui, cher ami, j’ai parlé pendant deux heures à la Chambre.

                                -Vraiment et qu’a-t-on répondu ?

                                - Rien, la moitié dormait à la Chambre.

                                -Et l’autre moitié ?

                               -L’autre moitié n’assistait pas à la séance ! » 

     

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Cyrano

                                                                            5 Le député en vacances

    « Oui… citoyens ! Ah ! cette nuit du 6 !... Nous avons été des héros !... Nous avons couvert la Chambre de nos poitrines !... Nous avons sauvé la République, etc. »

                                                       (Cyrano, 23 mars 1934, page de couverture).

     

     « Ah ! cette nuit du 6 ». Ces mots font référence à la manifestation antiparlementaire organisée, le 6 février 1934, à Paris, place de la Concorde, devant la Chambre des députés par l’extrême droite (l’Action française, les Jeunesses patriotes et leurs Phalanges universitaires*, la Solidarité française…) et des organisations d’anciens combattants. En effet, ce jour, le second gouvernement d’Édouard Daladier, constitué le 30 janvier, devait être présenté à la Chambre. Les manifestants, en se réunissant devant la Chambre, entendaient ainsi protester contre le limogeage, à la suite de l’affaire Stavisky, du préfet de police Jean Chiappe, respecté de l’extrême droite et honni de la gauche.

         Mais cette journée de manifestation tourna à l’émeute entraînant la mort de 19 personnes et faisant plus de 2 000 blessés. Dès le lendemain, Édouard Daladier, chef du gouvernement, démissionna et, le 9 février, l’ancien président de la République (1923-1931), Gaston Doumergue, constitua un gouvernement d’Union nationale.

     

         « Nous avons été des héros !... Nous avons couvert la Chambre de nos poitrines !... Nous avons sauvé la République, etc. » Quant aux députés lors de cette nuit tragique du 6 février, la légende du dessin laisse supposer qu’ils devaient être aux « abonnés absents », bien à l’abri dans l’enceinte du Palais Bourbon, lequel était protégé par les forces de l’ordre (gardes mobiles, gendarmes départementaux, gardes républicains, policiers). En revanche, 1 664 des gendarmes et policiers furent blessés et l’un d’entre eux tué (acculés devant le palais Bourbon, sans plus pouvoir reculer, privés de boucliers, les gardes avaient ouvert le feu sur les manifestants dont plus d’une dizaine perdirent la vie).  

     

    *Message du Front universitaire (Phalanges Universitaires) « Étudiants, en dehors et au-dessus des partis, indépendants de toutes les organisations de droite ou de gauche, nous venons faire appel à ceux de nos camarades qui se sont toujours refusés, comme nous-mêmes à faire de la politique. La France est en péril. Demain, les organisations révolutionnaires essaieront de s'emparer du pouvoir et livreront sans défense notre pays à l'envahisseur. Il n'est pas nécessaire d'être inscrit à un groupe pour se révolter devant les effroyables scandales qui condamnent aujourd'hui le système de ceux qui en vivent. Pour l'honneur de notre génération, les étudiants doivent se dresser et prendre la tête du grand mouvement national qui se dessine. »

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Cyrano

                                                                       6 Seront-ils mobilisables ?

    « Dis donc, le Député, tu ne sais plus tenir le crachoir ! » (Tenir, conserver le crachoir : expression familière signifiant garder la parole sans la laisser aux autres).

     (Cyrano, n° 634, 7 août 1934, page de couverture)

     

           Petite explication. Le rôle du Parlement de l’entre-deux-guerres a souvent été moqué dans la presse satirique, non seulement pour n’avoir su prévoir la guerre de 1940, mais aussi pour le faible engagement des députés et sénateurs sur le front lors de la Première Guerre mondiale. Certes, durant cette guerre, les parlementaires étaient mobilisables comme tous les Français âgés de 22 à 47 ans. Mais aucun ne pouvait relever de l’armée active (par opposition aux armées territoriales et de réserve), car depuis une loi de 1895, il fallait avoir satisfait à ses obligations militaires pour se présenter à l’élection. De plus, aucun militaire en activité n’était éligible, donc ne pouvait siéger au Parlement. En définitive, 213 parlementaires, membres de la réserve militaire territoriale, furent appelés sous les drapeaux en août 1914, dont 190 députés (les sénateurs dépassaient pour la plupart la limite d’âge). Ces parlementaires, trop âgés pour relever de l’armée active combattante, rejoignirent l’armée territoriale ou l’armée de réserve. En général, affectés, dans leur propre circonscription d’élection, aux dépôts de l'arrière où à des tâches modestes, ils suscitaient la perplexité des officiers de carrière sous les ordres desquels ils étaient censés obéir !

        Par justice, on rappellera que seize membres de la Chambre des députés, et un sénateur, engagés dans les forces armées ou bien civils, furent tués au cours de la Première Guerre mondiale, et reconnus comme morts pour la France.

    Liste de parlementaires français morts à la Première Guerre mondiale: 

            https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_parlementaires_fran%C3%A7ais_morts_%C3%A0_la_Premi%C3  %A8re_Guerre_mondiale

     

    Prochaine page, dans une semaine : Nos  députés en anciens dessins humoristiques de presse 1/4


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    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                    1  CHAMBRE des DÉPUTÉS.

                                                 - Ça va recommencer !

      (Le Cri de Paris, n° 1545. 7 novembre 1926. Dessin de presse de Georges d’Ostoya. Page de couverture).

     

    Petite explication. Devant une forte instabilité ministérielle et une situation financière catastrophique, le président Gaston Doumergue, qui avait succédé, en 1924, au président Millerand, suite aux élections législatives remportées par les radicaux-socialistes ayant formé le Cartel de Gauche, mit fin à ce système et appela Raymond Poincaré qui forma un cabinet d’Union nationale, rétablit la confiance (nouvelle définition du franc), et gouverna par décrets-lois.

     

     « Le Cri de Paris demande à ses lecteurs de l’aider à combattre les abus, grands et petits, dont le public a tous les jours à souffrir » (l’une des devises de ce journal).

         Le Cri de Paris est un journal hebdomadaire humoristique fondé en janvier 1897 par Alexandre Natanson, et qui cessera de paraître, avec son numéro 2253, juste avant l’entrée de l’armée allemande dans Paris, le 14 juin 1940. Dès son deuxième numéro du 7 février 1897, il arbora un bandeau rouge sur lequel s’étalait son titre typographié.

     

          Le droit mène à tout…! Alexandre Natanson (1867-1936), diplômé de la Faculté de Droit de Paris, avait prêté son serment d’avocat en octobre 1889, et exercé au Barreau de Paris jusqu’en 1896. Cette année là, il démissionna sous la pression du Conseil de l’Ordre qui lui aurait reproché ses prises de position dans le journal La Revue Blanche (1889-1903), qu’il avait créé avec ses frères, et dans lequel il avait pris la défense d’anarchistes espagnols torturés à Montjuich.

         Ne baissant pas les bras, Alexandre Natanson créa, l’année suivante, un autre journal satirique politique, Le Cri de Paris, dans lequel il protestera contre l’emprisonnement du capitaine Dreyfus et moquera le colonialisme français.

     

        « Tout savoir et tout dire » (autre devise de ce journal).  Voici plusieurs dessins de ce journal autour du thème « Nos drôles de Députés », qui intéresse toujours quelques soixante huit millions gouailleurs de France. En effet, sauf erreur, un millier de français seulement seraient pro-parlementaristes. Parmi ceux-ci : 577 députés de l’Assemblée nationale, 79 députés européens et 348 sénateurs, peut-être parce qu’ils font tous partie des 3% des français les mieux payés selon une note de l’Institut des Politiques Publiques publiée en avril 2023 :

    https://www.ipp.eu/actualites/lindemnite-parlementaire-et-les-revenus-des-francais-depuis-1914/

     

        Je n’ai pas retenu les illustrations du Cri de Paris mettant en scène des affaires célèbres (Dreyfus*, Stavisky, Lebaudy…], ou des séances houleuses à la Chambre [ex. : interpellation, le 6 juin 1936, du député Xavier Vallat visant le nouveau Président du Conseil, Léon Blum). En effet, leurs circonstances sans drôleries sont parfois difficiles (anti sémitisme…).

     *Sur l’affaire du capitaine Alfred Dreyfus, je vous renvoie toutefois à ces deux pages que je lui ai déjà consacrées … en images et cartes postales anciennes (ICPA) :

    http://droiticpa.eklablog.com/tirage-sur-papier-albumine-hauts-magistrats-louis-loew-3-5-a202374420

    http://droiticpa.eklablog.com/droit-et-justice-chromos-anciens-didactiques-13-a207234930

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                 2 LE NOUVEL ÉLU À LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS

      - Et maintenant je vais commencer ma campagne électorale pour dans quatre ans.

          (Le Cri de Paris, n° 1622. 29 avril 1928. Dessin de presse de Georges d’Ostoya. Page de couverture).

     

    Petite explication. Sous la Troisième République la durée d’un mandat de député était de quatre ans. Aujourd’hui, elle est de cinq ans.

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                            3 LES CONSEILS DU GRAND-PAPA

    - Pour réussir dans la vie, mon enfant, sois honnête et compétent, ou du moins député.

       (Le Cri de Paris, n° 1505. 31 janvier 1926. Dessin de presse de Georges d’Ostoya. Page de couverture).

     

      Petite explication :    

    « On dit des députés qu’ils sont honorables, comme on dit des académiciens qu’ils sont immortels » (Jean Bernard [1907-2006], médecin, président du Comité consultatif national d’éthique, écrivain et poète). En France, les hommes politiques peuvent se présenter à la députation même s’ils ont eu un comportement déshonorant attesté par leur casier judiciaire. Certes, une fois élus, ils ne pourront prétendre à la Légion d’honneur (le futur légionnaire doit avoir un casier judiciaire vierge), mais ils bénéficieront du titre récurrent d’ « honorable député ».

     

             « La Chambre des députés : la moitié des députés sont bons à rien. Les autres sont prêts à tout » (Coluche). Et cela n’est pas près de changer puisque, dans la nuit des 24 et 25 juillet 2021, lors d’une séance mémorable de l’Assemblée nationale peu ébruitée, nos honorables députés ont enterré, à la demande même du Gouvernement, la promesse électorale du Président de la République (page 27 de son programme), tenant à l’obligation pour les élus de présenter un casier judiciaire vierge de tout crime ou délit en lien avec la probité afin de pouvoir se présenter à une élection.

     

         « Incompétence : qui n’a pas les connaissances nécessaires » (dictionnaire d’Emile Littré. 1863). Quant à l’incompétence des députés sous entendue dans la légende de ce dessin, je laisse la plume à Hervé Bazin : « Députés : Pourquoi avant toute candidature ne leur fait-on pas passer des examens susceptibles de prouver ou non leur capacité de gestionnaires ? Médecins, pharmaciens, avocats, ingénieurs, notaires doivent posséder des diplômes. L’électeur n’a aucune assurance de même ordre quand il s’agit d’un parlementaire, d’un interchangeable ministre. Comment se fait-il qu’on puisse du jour au lendemain, sacré par le seul électorat, accéder aux plus hautes charges de l’Etat sans formation préalable » (Hervé Bazin, Abécédaire, Grasset. 1984).

     

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                       4 RENTRÉE À LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS.    

                                     (Le Cri de Paris, n° 1517. 23 avril 1926. Page de couverture).

     

     Petite explication. Entre les deux-guerres, de nombreux dessins de presse humoristiques mettaient en avant les policiers « obligés de garder la Chambre », selon l’expression familière désignant une personne qui reste chez elle dans son lit pour s’y reposer le temps de se remettre d’une maladie.

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                 5 IMMUNITÉ… PARLEMENTAIRE

             - Une assurance contre les accidents, pourquoi faire ? Je suis député.

                                           (Le Cri de Paris, 27 mars 1927. Page de couverture). 

     

       Petite explication.  L’immunité parlementaire garantit seulement qu’un député ne puisse être inquiété pour ses opinions exprimées dans le cadre de son mandat (et non qu’il ne puisse être arrêté, jugé et condamné à la prison dans les cas de délit flagrant et de crime*). Sous la Troisième République, l’immunité parlementaire ne s’appliquait que lors des sessions parlementaires (lois constitutionnelles de 1875). Sous la Cinquième République, elle a été étendue aux opinions exprimées hors des sessions parlementaires.

     

      *Par exemple, un ex honorable député de Marseille vient, aujourd’hui même, mardi 23 mai 2023, d’être condamné par la Cour d’appel d’Aix-en-Provence, à deux ans de prison dont neuf mois fermes pour détournement de fonds publics. Il lui était reproché d’avoir joué pendant son mandat de député au casino avec des fonds versés par l’Assemblée nationale, en l’occurrence son IRFM (Indemnité représentative de frais de mandat des députés et sénateurs, remplacée, depuis le 1er janvier 2018, par l’Avance de frais de mandat, dite AFM, d’un montant mensuel de 5 800 euros brut environ, dont 600 euros sans justificatifs. Cette indemnité s’ajoute à l’indemnité parlementaire mensuelle de plus de 7 000 euros bruts). Il s’était pourtant justifié à la barre de la Cour d’appel de la sorte : « Avant 2015, à l’Assemblée c’était open bar ! Vous savez combien de députés ont dépensé l’argent de l’IRFM pour acheter des maisons ou des permanences ? Je peux vous donner la liste » (cité dans le quotidien La Provence du 23/05/2023: La Provence).

     

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                       6 PALAIS du SÉNAT

                                         - Oui, mais ici, c’est pour neuf ans !

    (Le Cri de Paris, n° 1534. 9 janvier 1927. Dessin de presse de Georges d’Ostoya. Page de couverture. Source Gallica BnF).

     

     Petite explication. Sous la Troisième République, la durée d’un mandat de sénateur était de neuf ans contre quatre pour celui de député. Aujourd’hui, elle est de six ans pour un sénateur, et de cinq ans pour un député.

     

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                              7 PROBLÈME… D’UN DÉPUTÉ NOUVELLEMENT ÉLU

    - Maintenant que tu es député, il faut décider quelles seront tes opinions politiques.

                       (Le Cri de Paris, n° 1184. 7 décembre 1919. Page de couverture. Source Gallica BnF).

     

    « Faire parler un homme politique sur ses projets et son programme, c’est comme demander à un garçon de restaurant si le menu est bon. Tout ce qui l’intéresse c’est que vous payiez l’addition, ce n’est pas lui qui aura mal au ventre » (Jean Dutourd. Pensées). 

     

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                            8  CHIROMANCIE… ÉLECTORALE

                             -  Monsieur le député, prenez garde au mois d’avril.

    (Le Cri de Paris, n° 1606. 8 janvier 1928. Dessin de presse de Georges d’Ostoya. Page de couverture. Source Gallica BnF).

     

     Petite explication. En 1928, les élections législatives eurent lieu les 22 et 29 avril. Lors de ces élections, au scrutin uninominal à deux tours par arrondissements (sur ce mode de scrutin, je vous renvoie à mes radotages sous le dessin n°11), la droite, alliée au centre droit et au centre gauche, remporta la majorité des sièges.

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                         9   LES ÉLECTIONS

       -  Et quand donc les électeurs auront-ils une indemnité comme les députés ?

                   (Le Cri de Paris, n° 1621. 22 avril 1928. Page de couverture. Source Gallica BnF).

     

      Petite explication. En 2023, les députés bénéficient d’une indemnité parlementaire de base de 7 239,91 € mensuelle, à laquelle s’ajoutent des remboursements des frais liés à leur mandat de plus de 5 000 € par mois, cumulables avec maints autres revenus.

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                      10    LES NOUVEAUX

                                - Monsieur X… avocat qui remplace M. Y… avocat.

                                - Comme vous lui ressemblez !

                 (Le Cri de Paris, n° 1185. 14 décembre 1919. Page de couverture. Source Gallica BnF).

     

        Petite explication. Sous la Troisième République, les avocats représentaient une part importante des effectifs de la Chambre des députés. Par exemple, en 1924, lors du Cartel des Gauches, celle-ci comportait 140 avocats, et, en 1936, sous le Front populaire, 110 avocats.

       Ce dessin de la couverture du Cri de Paris, de décembre 1919, sous entend que, lors des élections à la Chambre des députés, au lendemain de la Première Guerre mondiale, les avocats élus n’avaient pas été des combattants du front, mais des députés d’avant la guerre qui, en raison de leur âge, n’avaient pas intégré l’armée active.

     

      Les gaucheries de la presse satirique. Par honnêteté, on rappellera que seize membres de la Chambre des députés, engagés dans les forces armées ou bien civils, furent tués au cours de la Première Guerre mondiale, et reconnus comme morts pour la France. Parmi ceux-ci, plusieurs avocats. Pierre Goujon (1875-1914), député de l’Ain, sous lieutenant de réserve, tué au combat le 25 août 1914. André Thome (1879-1916), docteur en droit, député de Seine-et-Oise de 1914 à 1916, incorporé à l’état-major d’une brigade, tué à l’ennemi, le 10 mars 1916, lors de la bataille de Verdun. Raoul Briquet (1875-1917), docteur en droit et député du Pas-de-Calais de 1910 à 1917. Albert Ferry (1881-1918), député des Vosges de 1909 à 1918, mort après avoir été blessé au combat. 

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

     11 VASE D’ÉLECTIONS (PROPORTIONNELLE ou SCRUTIN D’ARRONDISSEMENT) 

                                                 -  Lequel est le plus sûr ?

                               (Le Cri de Paris, n° 1583. 13 mars 1927. Page de couverture).

     

       Petite explication.  Sous la Troisième République, une loi du 13 février 1889 avait adopté le scrutin uninominal majoritaire à deux tours par arrondissement des départements et des grandes villes, dans lequel une seule personne était élue lors d’un scrutin (Vae Victis : « la vainqueur gagne tout »).

       Puis, une loi du 12 juillet 1919 avait établi l’élection des députés à la Chambre au scrutin de liste à la proportionnelle avec une forte prime à la majorité. Dans ce système, on attribue des sièges de députés à toutes les formations politiques en fonction de leurs résultats électoraux respectifs.

       Aux élections législatives des 22 et 23 avril 1928, le scrutin uninominal majoritaire à deux tours par arrondissements fut rétabli.

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

    12  C’est peut-être le crane d’un politicien, capable de circonvenir Dieu lui-même…

                                 (Le Cri de Paris, n°1082. 23 décembre 1917. Page de couverture).

     

       Petite explication.  Circonvenir, du latin circumvenire, « venir autour », d’où « assiéger », puis « tromper », désigne, au sens figuré, le fait d’agir auprès de quelqu’un avec ruse et artifice pour l’amener à faire ce que l’on souhaite de lui (Dictionnaire d’Émile Littré. 1863).

     

       Hommes de Loi. Dans la scène 1 de l’acte V d’Hamlet à laquelle fait référence ce dessin, William Shakespeare met en scène deux paysans fossoyeurs qui, avec leurs bêches, déterrent des cranes qu’ils tentent en vain d’identifier. Ces fossoyeurs n’évoquent pas, de manière générale, des Hommes Politiques. En revanche, les Hommes de Loi, autrement dit les avocats, bénéficient, quant à eux, d’une description commune bien acerbe : 

     

                 HAMLET. - En voici un autre ! Qui sait si ce n'est pas le crâne 

                 D'un homme de loi ?  Où sont donc maintenant ses plaidoiries, ses subtilités,

                 Ses arguties, ses clauses, ses trucs ? Pourquoi 

                 Souffre-t-il que ce grossier manant lui cogne

                 La tête avec sa sale pelle, et ne lui intente-t-il pas 

                 Une action pour voie de fait ? Humph ! ce gaillard-là pouvait être 

                 En son temps un grand acquéreur de terres, avec ses hypothèques, ses

                 Reconnaissances, ses amendes, ses doubles garanties, 

                 Ses recouvrements. Est-ce donc pour lui le fin du fin de ses amendes 

                 Et le fin du fin de ses recouvrements que d'avoir

                 Sa fine tête recouverte de fine poussière ? Est-ce

                 Que ses garanties même doubles ne le garantissent plus, 

                 Que pour l'achat d'une terre de la longueur et la largeur de deux contrats?

                 Les titres de propriétés ne tiendraient pas dans ce trou.

                 Faut-il que le propriétaire lui-même ait plus de place ?  Ha!

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                13    MUSIQUE DE CHAMBRE

                                         -  Si encore ils chantaient le même air !

                                   (Le Cri de Paris, n°1473. 21 juin 1925. Page de couverture).

     

       Petite explication.  La Musique de chambre est une expression qui désigne une musique d’intimité, autrefois jouée au coucher des princes puis dans un salon, aujourd’hui écrite pour un nombre restreint d’instrumentistes (dictionnaire du Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales). 

     

     

    Nos députés dans le journal satirique Le Cri de Paris

                                                        14 LE BUDGET

             -  On voit bien que ceux qui le font ne sont pas ceux qui le portent.

                   (Le Cri de Paris, n° 564. 17 novembre 1907. Dessin d'A. Roubill. Page de couverture).

     

       Petite explication.  Ce dessin de novembre 1907 nous plonge dans le budget catastrophique de près de quatre milliard de francs qui avait été présenté au Parlement par Raymond Poincaré, ministre des Finances. L’exposé des motifs, de plus d’une centaine de pages, à la fois rassurant et inintelligible pour le commun des mortels devant en supporter les conséquences, fut affiché dans toutes les communes de France juste avant les élections.

    Prochaine page, dans une semaine : Nos députés dans le journal satirique Cyrano.