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          Enfants jouant aux noix dans la Rome antique

    1 Enfants jouant aux noix dans la Rome antique (détail d’un sarcophage d’enfant, vers 270-300 apr. J.-C., Musée Pio Clementino. Vatican).  

     

       L’origine du jeu de billes reste inconnue (des billes d’argile ont été trouvées dans des tombes égyptiennes du début du IIIème millénaire avant J.-C., mais sans lien éventuel avec un jeu). 

      Les historiens en mentionnent une forme dans la Grèce antique avec le jeu de la Troppa, qui consistait pour les enfants à lancer dans un trou des objets ronds comme des glands ou des olives.  

     Une autre forme apparaît à Rome avec le Jeu de Noix, évoqué dans un poème intitulé Nux (Le Noyer), attribué à Ovide (né en 43 av. J.-C. en Italie, et mort en 17 ou 18 apr. J.-C.). Ce texte décrit les diverses variantes de ce jeu auxquelles les enfants s’adonnaient. En effet, à cette époque, les billes en marbre, en pierre (billes d’agate, les plus précieuses), en argile (billes du pauvre), en bois, en verre ou en métal n’existaient pas encore. Les enfants romains jouaient donc avec des noix ou des noisettes les plus rondes possibles.

     « Mes noix servent également aux jeux des enfants, soit que debout, et à l'aide d'une noix lancée sur les autres, ils rompent l'ordre dans lequel elles sont disposées ; soit que, baissés, ils atteignent en un ou deux coups le même but, en la poussant du doigt. Quatre noix suffisent pour ce jeu ; trois au-dessous et la quatrième au-dessus.

     

      D'autres fois on fait rouler la noix du haut d'un plan incliné, de manière à ce qu'elle rencontre une de celles qui sont à terre sur son passage.

     

      Avec elles aussi on joue à pair ou non, et le gagnant est celui qui a deviné juste.

     

      Ou bien on trace avec de la craie une figure pareille à la constellation du Delta, ou à la quatrième lettre des Grecs ; sur ce triangle, on tire des lignes, puis on y jette une baguette ; celui des joueurs dont la baguette reste dans le triangle gagne autant de noix qu'en indique l'intervalle où elle est restée. Souvent enfin on place à une certaine distance un vase dans lequel doit tomber la noix qu'y lance le joueur. » (Ovide, Nux [élégie du Noyer], vers 67-86. Traduction de Philippe Remacle [1944-2011] latiniste et helléniste belge francophone, professeur de langues anciennes, sur son site web L’ Antiquité Grecque et Latine du Moyen Âge :  https://remacle.org/).

     

     

    La partie de billes (dessin de l’année 1837, par Nicolas-Toussaint Charlet)

    2 La partie de billes (dessin de l’année 1837, par Nicolas-Toussaint Charlet, dessinateur-lithographe, né en 1792, décédé en 1845).

     

    « Li trois enfant que il ot engendrez, Jeuent et rient et tiennent pain assez ; à la billette jeuent desus le sel [les sacs de sel] » (Le charroi de Nîmes, vers décasyllabique 884. Il s'agit d'une Chanson de geste de la première moitié du XIIème siècle apr. J.C., écrite par un auteur anonyme, aussi célèbre au Moyen Âge que la Chanson de Rolland).

     

      Quant à l’origine du mot français bille (Espagn. : billa ; Ital. : biglia), cette fois encore, il y a autant de versions que d’auteurs.  

     Pour les uns, ce mot tirerait son origine des Francs et du terme francique bikkil (en flamand : bikkel), qui désignait un petit objet de jeu, comme des dés ou des osselets. Cela aurait donné, dans un premier temps, en vieux français, le mot Globille (un objet), devenu, au fil des ans, gobille (un objet rond en terre), puis bille.  

        D’autres étymologistes plaident pour une assimilation maladroite au Moyen Âge entre deux mots : bille, qui désignait alors une chose de peu de valeur, et bulla, une petite boule.

     

     

    Games of Marbles, en français Jeu de Billes (tableau de Karl Witkowski)

    3 Game of Marbles*, en français Jeu de Billes (tableau de Karl Witkowski [1860-1910], portraitiste et peintre né en Pologne puis établi en Amérique). 

     

      * Au Moyen Âge, les billes rondes étaient parfois taillées et polies dans du marbre, marble en anglais. Depuis, ce mot marble est utilisé par les anglais et les américains pour désigner les jeux de billes des enfants même lorsque leurs billes rondes proviennent d’autres matières (bois, verre, métal…). Plus encore, les anglais ont ouvert, dans le Devon, un musée des billes sous le nom : The House of Marbles.

     

     « Si un homme d'un âge mûr s'amusait comme un enfant à construire des petits châteaux, à atteler des souris à un chariot, à jouer Pair ou non, à aller à cheval sur un bâton, ne dirait-on pas qu'il a perdu l'esprit ? » (Horace). Depuis des siècles, le jeu de billes, jeu préféré des écoliers, suscite l’indifférence des hommes politiques, promoteurs ou auteurs de nos lois (Président de la République, Premier ministre, ministre, député, sénateur…). Ainsi, aucun d’entre eux, au sortir d’une séance de travail, ne joue-t-il aux billes. Pourquoi ? Sans doute par peur d’être déconsidéré « Aux yeux de tous… (leurs électeurs) »  En revanche, beaucoup d’hommes politiques croient briller en se faisant photographier ou filmer en train de pratiquer ou de regarder un sport noble comme l’équitation, le golf, l’escrime, le tir, le polo ou le yachting, voire le tennis dans un club huppé ou le ski dans une station luxueuse, sans oublier la chasse d’animaux innocents, détestée des enfants.  

     « J’ai le droit de jouer ? ». Quant au droit essentiel de jouer des écoliers, notamment aux billes, aux osselets, aux p'tits soldats, à la marelle, à la corde à sauter, à la balle aux prisonniers, aux voitures de pompiers, etc., il n’est reconnu par aucun de nos textes de lois.  

     

      Seule la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), adoptée le 20 novembre 1989 par 192 États dont la France (les États-Unis ne l’ont pas ratifiée), évoque le droit de tous les enfants de moins de 18 ans d’avoir des loisirs pour jouer : 

    Article. 31, al. 1 : « Les États parties reconnaissent à l’enfant le droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge et de participer librement à la vie culturelle et artistique ». 

      Article. 31, al. 2 : « Les États respectent et favorisent le droit de l’enfant de participer pleinement à la vie culturelle et artistique et encouragent l’organisation à son intention de moyens appropriés de loisirs et d’activités récréatives, artistiques et culturelles, dans des conditions d’égalité ».  

     

     « Le silence est le plus grand de tous les mépris » (dicton populaire). Mais encore faut-il rappeler que la simple signature d’un État ne fait pas entrer la Convention Internationale des Droits de l’Enfant dans son droit interne ! C’est ainsi que la France n’a jamais intégré dans ses lois constitutionnelles ou ordinaires les dispositions relatives aux droits aux loisirs des enfants qui y sont prévues et plus spécialement le droit des écoliers de jouer aux billes.  

     

     De l’immatérialité des billes ? Tout au plus, notre ministère de la Culture et de la Communication a mis en ligne un fichier PDF d’une vingtaine de pages, intitulé « Jeux de billes », dans sa catégorie « Fiche type d’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France » (immatériel car c’est un fichier informatique m’a soufflé Internet). Ce ministère n’en est que le simple rapporteur, son véritable auteur étant Jean-Paul Benoit, Président de l’association Billes du Val de Drôme. Pour y accéder et le télécharger gratuitement, il vous suffit de mettre dans votre moteur de recherche ces mots :

    Ministère de la culture. Les jeux de billes.

    ou ce lien : 

    Ministère de la Culture. Les jeux de billes

     

     

    Jeux de billes. 1939

                               5 Jeux de billes en 1939 (illustration pour enfants).  

     

      Ce dessin des années d’avant-guerre de jeunes garçons jouant aux billes, sous le regard de filles présentes dans leur cour de récréation voisine, nous rappelle deux choses. 

      D’une part, le jeu des billes est un jeu de garçons, les filles préférant plutôt jouer à la corde à sauter ou à la marelle.  

      D’autre part, avant les années 1960/1970, les filles et les garçons étaient séparés dans les écoles. Depuis, la mixité à l’école a été instituée par étape : en 1959, il fut décidé de ne plus construire que des lycées mixtes ; en 1963, un décret institua la mixité dans tous les collèges d’enseignement secondaire ; enfin, le 28 décembre 1976, les décrets d’application de la loi Haby du 11 juillet 1975 ont rendu obligatoire la mixité dans tous les établissements publics d’enseignement.  

     

    Enfants jouant à la bloquette (dessin extrait du livre Sports & jeux d’adresse d’Henry d’Allemagne, publié chez Hachette & Cie, vers 1900).

    6 Enfants jouant à la bloquette (dessin extrait du livre Sports & jeux d’adresse d’Henry d’Allemagne, publié chez Hachette & Cie, vers 1900). 

     

     Il existe plus d’une dizaine de sortes de jeux de billes inventés par les enfants au fil des siècles, comme le triangle, le trou, le pot, le conquérant, le tir, la tic (ou la tique), le parcours, le serpent, la bille à 9 trous, la pyramide, le viaduc, le rapprochement… 

     

       L’un d’eux, la bloquette, est représenté par ce dessin des années 1900. Les joueurs, en général au nombre de deux, se placent sur la ligne de tire distante de 2 à 5 mètres. À tour de rôle, chacun d’entre eux lance le même nombre de billes (2, 4 ou 6), dans un petit trou, appelé bloquette, creusé dans le sol contre un mur ou un arbre. Le premier d’entre eux, sous réserve que toutes ses billes soient rentrées dans la bloquette, reçoit de son adversaire autant de billes. Si aucune de ses billes n’est entrée dans la bloquette, il les perd toutes. Puis, le second joueur lance sa poignée de billes dans la bloquette aux mêmes conditions*  

     

    * Dézolé, chers visiteurs, z’ai pas tout compris, sur les sites qui détaillent les règles du jeu de la bloquette ! De plus, ni le dictionnaire d’Émile Littré, ni celui de l’Académie française, édités au XIXème siècle, que j’utilise constamment pour vous faire croire que je suis cultivé, ne mentionnent le mot bloquette ! Enfin, ce sont les enfants qui réinventent les règles des jeux de billes à tout instant et les modifient quand ça les arrangent. Pas besoin donc de recueils des règles des jeux de billes car ces règles évoluent sans cesse et elles se transmettent par mimétisme aux plus jeunes qui commencent leur apprentissage en regardant les plus grands jouer et parfois tricher.

     

     

    Nos lunettes de vue pour enfants jouant au triangle (carte postale publicitaire illustrée par Francisque Poulbot

    7 Nos lunettes de vue pour enfants jouant au triangle (carte postale publicitaire illustrée par Francisque Poulbot [1879-1946], le célèbre auteur de dessins des gamins de Montmartre et de Paris, depuis surnommés poulbots). 

     

     Chers visiteurs, si vous ajustez bien vos lunettes de vue, vous constaterez que ces poulbots jouent à un jeu de billes connu par eux sous le nom de triangle. Manque de chance, pour moi et pour vous, il existerait plusieurs variantes de ce jeu du triangle selon les régions et l’imagination des joueurs ! En voici la plus simple d’entre elles :

     Les enfants tracent sur le sol un triangle (trois points dits sommets et trois lignes les reliant appelées côtés !). Puis, ceux qui ne sont pas partis pour goûter placent dans ce triangle leurs billes (une quinzaine). À tour de rôle, les enfants tirent sur les billes du triangle pour les en faire sortir. Chaque bille sortie est gagnée par le bon tireur. Si un enfant lance une bille qui reste dans le triangle sans avoir pu en faire sortir une autre, il la perd et même, selon certains auteurs, il doit remettre dans le triangle toutes les billes qu’il avait déjà gagnées. La partie est finie lorsqu’il n’y a plus aucune bille dans le triangle ou lorsque le maître siffle la fin de la récréation ou le gardien du square sa fermeture. 

     

     

    Jeunes campagnards jouant aux billes (photographie ancienne).

                8 Jeunes campagnards jouant aux billes (photographie ancienne). 

     

     Mini-Musée de la Bille Drômoise. Les jeux de billes ne sont pas réservés aux seuls écoliers de Paris. Les enfants des campagnes s’y adonnent d’autant plus que, pendant des décennies, les billes ont été fabriquées dans des usines implantées dans leurs terroirs comme la fabrique de Billes du sieur Barral installée en 1876 à Mirabel-et-Blacons dans le département de la Drôme (région Auvergne-Rhône-Alpes). Cette usine qui fabriquait, en 1980, plus de 50 millions de billes par an, a été contrainte de fermer en 1984 en raison de la concurrence asiatique et américaine. Cependant, elle a cédé la place, dans ses bâtiments, au « Mini-musée de la Bille Drômoise » (Hameau des Berthalais. 26400 Mirabel-et-Blacons). 

    https://histoire-et-patrimoine-aoustois.fr/fr/rb/1282374/la-fabrique-de-billes-barral

     

     

    Jeunes parigots jouant au triangle sur les boulevards (photographie ancienne).

    9 Jeunes parigots jouant au triangle sur les boulevards (photographie ancienne). 

     

     Sur le jeu de billes dit du Triangle, voyez mes élucubrations sous l’image n° 7. 

     

     

    Jeunes parigots jouant aux billes dans un square (photographie ancienne).

    10 Jeunes parigots jouant aux billes dans un square (photographie ancienne). 

     

                     Le soir est une grande plaine

                     Où les anges jouent aux billes

                     Avec les étoiles…

    (Poèmes de gosses. Maurice Carême, instituteur belge né en 1899, décédé en 1978).

     

     

    Jeunes marocains jouant aux billes (photographie ancienne).

                 11 Jeunes marocains jouant aux billes (photographie ancienne). 

     

     Aujourd’hui encore, les enfants de tous les pays du monde jouent aux billes, au grand avantage financier des grandes personnes à la tête de firmes multinationales de fabriques de billes (chaque semaine, plusieurs millions de billes sont produites rapportant plusieurs dizaines de millions d'euros tirées de l'argent de poches des enfants !). 

     

     

     Jeunes parigots jouant au cercle glouton (photographie ancienne).

              12 Jeunes parigots jouant au cercle glouton (photographie ancienne). 

     

      Pas de panique, chers visiteurs, le jeu de billes dit du cercle glouton, ou du cercle tout court, n’est rien d’autre que le jeu dit du triangle (sur celui-ci, voir mes explications embarrassées sous l’image n°7), avec pour seule particularité que le triangle est remplacé par un cercle dessiné par les enfants sur le sol. 

     

     

    Billes et Calots (photographie ancienne).

                                     13 Billes et Calots (photographie ancienne). 

     

    « 20 billes et 1 calot pour 1,09 € » ; « 10 calots pour 10,95 € »… (publicités en ligne. Novembre 2023). Bon, prenez note, je ne répéterai pas deux fois : 

       Une bille de 8 mm de diamètre a pour nom «mini bille » ; une bille de 16 mm s’appelle « bille », « bélier » ou « normale » ; une bille de 20 mm « mini calot » ; une bille de 25 mm « calot », « boulet », ou « berlon » ; une bille de 35 mm « boulard » ; une bille de 45 mm : « mammouth » ou « aigle » ; et une bille plus grosse encore « triard ». 

       Ceci dit, à l’instar de la pétanque, jeu de boules réservé aux grandes personnes, le calot du jeu de billes des enfants peut également faire office de cochonnet. Ainsi le joueur, qui lance ses billes le plus près possible du calot, l’empochera-t-il, sauf si un grand le lui pique. 

       Quant à l’origine du mot calot, inconnu du dictionnaire de l’Académie française de 1835, mais reconnu par celui d’Émile Littré de 1873 (« Calot : bille de grosse dimension qui sert à certains jeux d’enfants »), certains étymologistes (à ne pas confondre avec les entomologistes qui ont trois O et pas d’Y) évoquent le mot écale. Ce mot désignait, dans les temps anciens (et aujourd’hui encore), l’enveloppe recouvrant la coque des noix, des noisettes, des châtaignes et des amandes. 

     

     

    Un sac de billes (Affiche du film éponyme de Jacques Doillon, sorti en 1975, d’après le roman autobiographique de Joseph Joffo paru en 1973).

    14 Un sac de billes (Affiche du film de Jacques Doillon, sorti en 1975, d’après le roman autobiographique de Joseph Joffo paru en 1973 sous le titre Un sac de billes). 

     

    « La bille roule entre mes doigts au fond de ma poche.
    C’est celle que je préfère, je la garde toujours celle-là. Le plus marrant c’est que c’est la plus moche de toutes : rien à voir avec les agates ou les grosses plombées que j’admire dans la devanture de la boutique du père Ruben au coin de la rue Ramey, c’est une bille en terre et le vernis est parti par morceaux, cela fait des aspérités sur la surface, des dessins, on dirait le planisphère de la classe en réduction.
     

    Je l’aime bien, il est bon d’avoir la Terre dans sa poche, les montagnes, les mers, tout ça bien enfoui. 

    Je suis un géant et j’ai sur moi toutes les planètes. 

    -         Alors merde, tu te décides ?

    Maurice attend assis par terre sur le trottoir juste devant la charcuterie. Ses chaussettes tirebouchonnent toujours, papa l’appelle l’accordéoniste. 

    Entre ses jambes il y a le petit tas de quatre billes : une au dessus des trois autres groupées en triangle… 

    -         Mais, bon Dieu, qu’est-ce que tu fous ?  

    Bien sûr, j’hésite ! Il est chouette, Maurice, j’ai tiré sept fois déjà et j’ai tout loupé. Avec ce qu’il a empoché à la récré, ça lui fait des poches comme des ballons. Il peut à peine marcher, il grouille de billes et moi j’ai mon ultime, ma bien-aimée. 

    Maurice râle : 

    -         Je vais pas rester le cul par terre jusqu’à demain…

    J’y vais. 

    La bille au creux de ma paume tremblote un peu. Je tire les yeux ouverts. À côté… 

    -      Arrête de chialer, dit Maurice. 

    -      Je chiale pas...

    -      Tiens, rigolo.

    Je le regarde et prends la bille qu’il me rend. 

    Un frère est quelqu’un à qui on rend la dernière bille qu’on vient de lui gagner. 

    Je récupère ma planète miniature ; demain sous le préau, j’en gagnerai un tas grâce à elle et je lui piquerai les siennes. Faut pas qu’il croie que c’est parce qu’il a ces foutus vingt-quatre mois en plus qu’il va me faire la loi. 

    J’ai dix ans après tout… » (Joseph Joffo, Un sac de billes. Début du chapitre 1).  

     

     

    Un sac de billes… contre mon étoile jaune (image d’une scène du film Un sac de billes de Jacques Doillon. 1973).

    15 Mon sac de billes… contre ton étoile jaune (image d’une scène du film précité de Jacques Doillon. 1973). 

     

    « - À ton tour, Jo. 

    Je m’approche mon veston à la main. Il est huit heures et c’est encore la nuit complète dehors. Maman est assise sur la chaise derrière la table. Elle a un dé, du fil noir et ses mains tremblent. Elle sourit avec les lèvres seulement. 

    Je me retourne. Sous l’abat-jour de la lampe, Maurice est immobile. Du plat de la paume il lisse sur son revers gauche l’étoile jaune cousue à gros points : 

                                                                 JUIF 

    Maurice me regarde. 

    -      Pleure pas, tu vas l’avoir aussi ta médaille.

    Bien sûr que je vais l’avoir, tout le quartier va l’avoir…. 

    Quand on a ça, il n’y a plus grand-chose que l’on peut faire : on entre plus dans les cinémas, ni dans les trains, peut-être qu’on aura plus le droit de jouer aux billes non plus, peut-être qu’on aura plus le droit d’aller à l’école. Ça serait pas mal comme loi raciale, ça.

    Maman tire sur le fil. Un coup de dents au ras du tissu et ça y est, me voilà estampillé…

    J’ai ramassé mon cartable…

    À moins de deux cent mètres, c’est la grille de l’école…

    -      Hé, Joffo !

    C’est Zérati qui m’appelle. C’est mon copain depuis le préparatoire, à trois culottes l’année on en a usé deux bonnes douzaines à nous deux sur ces sacrés bancs.

    Il court pour me rattraper… 

    -    Salut. 

    -    Salut. 

    Il me regarde, fixe ma poitrine et ses yeux s’arrondissent… 

    - Bon Dieu, murmure-t-il, t’as vachement du pot, ça fait chouette 

    Dans sa main, il a un sac de toile qui ferme avec un lacet. Il me le tend. 

    -   Je te fais l’échange. 

    Je n’ai pas compris tout de suite. 

    -      Contre quoi ?

    D’un doigt éloquent, il désigne le revers de mon manteau. 

    -      Contre ton étoile…

    -      D’accord.

    C’est cousu à gros points et le fil n’est pas très solide. Je passe un doigt, puis deux et d’un coup sec je l’arrache. 

    -      Voilà.

    Les yeux de Zérati brillent. 

    Mon étoile. Pour un sac de billes. 

    Ce fut ma première affaire… » (Joseph Joffo, Un sac de billes. Chapitre 3). 

              Un sac de billes. Bandes annonces du film de Jacques Doillon. 1973

     


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     Le Roman d’un tricheur (affiche du film sorti en septembre 1936, réalisé par Sacha Guitry, à partir de son roman, Mémoires d’un tricheur),

    25.  Le Roman d’un tricheur (affiche du film sorti en septembre 1936, réalisé par Sacha Guitry, à partir de son roman, Mémoires d’un tricheur, publié, en 1935, chez Gallimard).

     

    « Je suis né le 28 avril 1882, à Tortisambert, petit village bien joli du Calvados, dont on aperçoit le clocher à main gauche quand on va vers Troarn en quittant Livarot.

    Mes parents tenaient un commerce d'épicerie qui leur laissait, bon an, mal an, cinq mille francs de bénéfice.

    Notre famille était nombreuse. D'un premier lit, ma mère avait eu deux enfants. Elle eut, avec mon père, un fils et quatre filles. Mon père avait sa mère, ma mère avait son père -- ils étaient quittes, si j'ose dire -- et nous avions, en outre, un oncle sourd-muet.

    Nous étions douze à table.

    Du jour au lendemain, un plat de champignons me laissa seul au monde.

    Seul, car j'avais volé huit sous dans le tiroir-caisse pour m'acheter des billes -- et mon père en courroux s'était écrié : -- Puisque tu as volé, tu seras privé de champignons !

    Ces végétaux mortels, c'était le sourd-muet qui les avait cueillis et ce soir-là, il y avait onze cadavres à la maison.

    Qui n'a pas vu onze cadavres à la fois ne peut pas se faire une idée du nombre de cadavres que cela fait.

    Il y en avait partout... » (Sacha Guitry : Mémoires d’un tricheur).

     

     

    Le Roman d’un tricheur (film sorti en septembre 1936, réalisé par Sacha Guitry),

    26.  Le Roman d’un Tricheur (scène du film dans laquelle le tricheur, encore enfant, joué par Serge Grave [1919-1995], pénètre subrepticement dans l’épicerie de ses parents pour y voler de l’argent).

     

      Si vous avez manqué le début… L’histoire commence donc par le vol de huit sous dans le tiroir-caisse de l’épicerie de ses parents par l’acteur principal, le tricheur, alors âgé de douze ans, afin d’acheter des billes. Ce vol devait lui permettre d’exercer l’un des droits fondamentaux des écoliers, celui de jouer aux billes à la récréation (sur le Droit des écoliers de jouer aux billes, voir ma prochaine page). 

     

        Vous retrouverez des scènes de ce film sous ces deux liens :

     

    https://vimeo.com/169680760

     

    Le roman d’un tricheur (12 minutes 32).

     

    https://www.youtube.com/watch?v=rUEgGTKFNtw

    Présentation de film : Le Roman d'un Tricheur (4 minutes 32).

     

     

    Le Roman d’un tricheur (film sorti en septembre 1936, réalisé par Sacha Guitry),

    27.  Le Roman d’un Tricheur (scène du film dans laquelle le jeune tricheur, interdit de manger, est à table avec ses onze parents).

     

        Une fois son vol découvert, le jeune tricheur fut puni par son père qui le priva de champignons au repas de famille. Son vol, grâce à la punition qui s’ensuivit, lui sauva donc la vie, car les champignons d’une espèce toxique, cueillis par son oncle sourd-muet, entraînèrent la mort de ses onze parents de table.

     

     

    Le Roman d’un tricheur (film sorti en septembre 1936, réalisé par Sacha Guitry),

    28.  Le Roman d’un Tricheur (scène du film dans laquelle le soir de l’enterrement de ses onze parents, le jeune voleur réfléchit aux circonstances de cet événement).

     

       Devenu orphelin, la première nuit de notre tricheur fut quelque peu perturbée par ses pensées changeantes. D’abord triste d’être seul au monde, privé de ses onze parents, parce qu’il avait volé, il retrouva rapidement le sourire en considérant que, tout bien considéré, s’il n’avait pas volé et, pour cette raison, été puni, lui aussi aurait mangé les champignons vénéneux et trouvé la mort :

     

     « Oui, j’étais vivant parce que j’avais volé. De là à conclure que les autres étaient morts parce qu’ils étaient honnêtes ! Et ce soir là, m’endormant dans la maison déserte, je me suis fait sur la justice et sur le vol une opinion peut-être un peu paradoxale, mais que quarante années d’expérience n’ont pas modifiée. » (monologue du tricheur devenu adulte [joué par Sacha Guitry], à la terrasse d’un restaurant).

     

     

    Le Roman d’un tricheur (film sorti en septembre 1936, réalisé par Sacha Guitry),

    29.  Le Roman d’un Tricheur (scène du film où le jeune orphelin, devenu groom, découvre les gens riches dont il comprend pouvoir tirer de l’argent… par tous moyens !). 

     

      Mentir, voler, tricher: les clefs de la réussite ?  Sa mauvaise action (le vol) étant à l’origine d’un grand bienfait (sa survivance), cette pensée devint sa ligne de conduite future. C’est ainsi que, groom à l’hôtel de Paris de Trouville-sur-Mer, puis croupier dans un casino de Monaco, sa vie professionnelle devint celle d’un tricheur de talent, sans aucun scrupule et avec une chance insolente !  

     « Il y a cent façons de tricher, mais il n'y a guère que trois sortes de tricheurs.

    Tout d'abord, il y a le joueur qui triche - qui ne triche que parce qu'il joue. Qui le fait sans méthode, sans préméditation, d'une manière presque inconsciente, involontaire, et dont on sent très bien qu'il est parfaitement honnête en dehors du jeu.

     Il y a l'homme qui joue incorrectement parce qu'il est incorrect d'un bout à l'autre de la vie - et qui doit penser que ce n'est vraiment pas le moment de l'être.

    Enfin, il y a le tricheur de profession, conscient et organisé » (Sacha Guitry. Mémoires d’un tricheur. Extrait).

     

     

     

    L’élève Ducobu… le roi de la triche (affiche du film de Philippe de Chauveron, sorti en 2011)

    30. L’élève Ducobu… le roi de la triche (affiche du film de Philippe de Chauveron, sorti en 2011, avec Vincent Claude dans le rôle de Ducobu, Juliette Chappey dans celui de Léonie Gratin, et Élie Semoun dans celui de Monsieur Latouche, l’instituteur). 

     

    L’élève Ducobu, bande annonce (UGC Distribution):

    https://www.youtube.com/watch?v=g9ZKLW4i5gA

     

        « Monsieur Latouche, Ducobu copie sur moi ! » (phrase sans cesse répétée par Léonie lors des contrôles écrits). Plus de près de nous, la série de quatre films dédiés à Ducobu, un cancre, comme tel Dernier de classe, qui, après avoir été renvoyé d’une première école, se retrouve à celle de Saint-Potache. Assis à côté de la petite Léonie Gratin, éternelle Première de classe qui déteste les copieurs, il met en œuvre toutes les astuces possibles pour copier sur elle, tout en évitant d’être surpris par le redoutable instituteur, monsieur Latouche :

     

    L’élève Ducobu, sorti en 2011 ;

    Les Vacances de Ducobu, sorti en 2012 ;

    Ducobu 3, sorti en 2020 ;

    Ducobu président, sorti en 2020.

    Un cinquième film est annoncé pour 2024 : Ducobu passe au vert.

     

     

     

    L’élève Ducobu, un élève sachant copier (couverture du Tome 1, paru le 10 mars 2003

    31. L’élève Ducobu, un élève sachant copier (couverture du Tome 1, paru en 2003, sur un scénario de Benoit Drousie, dit Zidrou, et des dessins de Godi, tous deux belges).

     

        Je n’apprendrai à peu de gens que ces films sont tirés de la série éponyme de 27 albums de bandes dessinées non moins célèbres. Leurs pages de couverture sont présentées sur le site Le Lombard (éditions du Lombard jusqu’en 1989), accessible sous ce lien :

    https://www.lelombard.com/bd/ducobu

     

     

     

     

    Olsenbanden jr. På rocker’n (affiche du film norvégien d’Arne Lindtner Næss, sorti en 2004).

    32.  Olsenbanden jr. På rocker’n (affiche du film norvégien d’Arne Lindtner Næss, sorti en 2004).

     

      Mais sachez que la triche n’est pas l’apanage des écoliers francophones, qu’ils soient français ou belges. En effet, elle est également pratiquée par les écoliers norvégiens, héritiers des vikings, comme le rappelle la toute première scène du troisième des sept films consacrés à la sympathique bande nordique d’Olsen juniors.

    Vous trouverez cette scène en libre accès sous ce lien :

    https://www.youtube.com/watch?v=ibS-fUur5mM

     

     

     

    Olsenbanden jr. På rocker’n (image du film norvégien d’Arne Lindtner Næss, sorti en 2004).

    33.  Olsenbanden jr. På rocker’n (le professeur près d'Egon qui l'a appelé).

     

           Egon, pour aider ses copains à tricher au contrôle de mathématique, appelle le professeur chargé de la surveillance.

     

     

    Olsenbanden jr. På rocker’n (image du film norvégien d’Arne Lindtner Næss, sorti en 2004).

    34.  Olsenbanden jr. På rocker’n (le collage de l'antisèche sur la blouse du professeur). 

     

     De l’autre côté de la rangée, l’un des copains d'Egon colle discrètement au dos du professeur la solution du problème de math’

     

     

    Olsenbanden jr. På rocker’n (image du film norvégien d’Arne Lindtner Næss, sorti en 2004).

    35. Olsenbanden jr. På rocker’n (Kjell récupère l'antisèche). 

     

     

    … Puis, un troisième membre du groupe, assis au tout premier rang de la classe, récupère l'antisèche collée au dos du prof'.

       Mais, manque de chance, Valborg, une élève intègre, jalouse et/ou cafteuse, dénonce ce tour de passe-passe au professeur ! Ce dernier demande alors au coupable de se dénoncer. Le copain d'Olsen, qui avait collé l'antisèche, se lève aussitôt pour se désigner et ainsi protéger ses complices, qui obtiendront tous une excellente note à leur contrôle en ayant pu recopier l’antisèche ! Il sera puni plusieurs jours, « interné » dans l’école. Puis, après cette sanction, il retrouvera ses amis et formera avec eux un groupe de rock lequel, après maintes difficultés, remportera le concours de musique organisé par leur école au grand dam de son directeur hermétique au rock’n’roll !

     

     

     

    Не болит голова у дятла (affiche du film soviétique, de Dinara Assanova, sorti en 1974)

    36. Не болит голова у дятла (affiche du film soviétique, de Dinara Assanova, sorti en 1974).

     

        Dans ce film, en libre accès sur de nombreux sites dont plusieurs de Youtube (par exemple : https://www.youtube.com/watch?v=B90qvttNp9Y), Sévène Mukhin, élève de septième année, surnommé Mukha, apprend à jouer de la batterie pour intégrer un groupe de jazz, tout en étant amoureux d’Ira, sa voisine de classe…

     

     

    Не болит голова у дятла (image du film soviétique, de Dinara Assanova, sorti en 1974)

    37. Complicité d’écoliers amoureux : Ira glisse à Mukha la réponse à la question qui lui est posée (image de la scène du film Не болит голова у дятла).  

     

        Mukha, interrogé en classe par sa professeure, est incapable de répondre. Aussitôt, sa voisine de table, Ira, lui glisse un papier avec la bonne réponse (dixième minute du film). Mukha en lisant discrètement l’antisèche peut alors répondre parfaitement à la professeure. Puis, il adresse un merveilleux sourire à sa complice de la triche, la belle Ira.

     

         « Tricheur ou Cafteur : that is the question » (à la manière de William Shakepeare). En faisant l’école buissonnière sur la toile avec les mots écoliers, tricheurs, copieurs, etc., je suis tombé sur un article, signé de Nastia Houdiakova, publié sur la site Web Causeur, le 5 novembre 2013, sous le titre : Le tricheur et le rapporteur : fable russe. En voici le lien :

    https://www.causeur.fr/le-tricheur-et-le-rapporteur-fable-russe-24856

     

       Sans surprise, on y apprend que la triche à l’école n’est pas le privilège des écoliers franco-belges ou norvégiens. Leurs lointains voisins, écoliers russes (российские школьники, selon mon traducteur en ligne) s’y adonneraient également avec grand talent comme en témoigne une scène de ce film Не болит голова у дятла. 

     

          « Le corbeau aura beau se laver, il ne deviendra jamais blanc » (proverbe danois). Mais, bien plus original, il est rapporté dans cet article de presse russe que l’école n’est pas un lieu où les élèves sont divisés en deux groupes : celui des tricheurs et celui des non tricheurs. Un troisième groupe, dont les membres relèvent d’ailleurs des deux premiers, est incontournable : celui des cafteurs, aussi dits mouchards, balances ou corbeaux ! C’est pourquoi, selon cet article, « L’organe russe supervisant le contrôle de l’éducation et des sciences, nommé « Rosobrnadsor » a présenté une ébauche de loi incitant les élèves à dénoncer ceux de leurs condisciples qu’ils auraient surpris à tricher ». Il s’agirait de l’ « une des solutions avancées pour éviter les fraudes lors du test de fin d’école « EGÈ », correspondant au Baccalauréat ». Pour le directeur de cet organe exécutif : « Si un élève triche à l’aide de son portable pour récupérer des informations tout le monde peut le dénoncer ». À cette fin, « il suffit de remplir un papier pré-distribué en début d’examen avec les informations utiles et de le glisser dans une petite enveloppe prévue à cet effet qui sera récupérée en même temps que les copies à la fin des épreuves ». 

     

        Chers visiteurs, j’ignore deux choses. D’une part, s’il était prévu dans cet avant-projet de loi une récompense pour le cafteur (médaille, argent, bonne note, diplôme…). D’autre part, si cette mesure est aujourd’hui actée dans la législation de l’Éducation nationale de la Russie.

     

     

    Un élève triche à l’examen final (image du court métrage de  Dhar Mann Studios).

    38.  Un élève triche à l’examen final (court métrage de Dhar Mann Studios. L’écran de gauche pour suivre l’enseignement à distance ; celui de droite pour jouer ou tricher… en même temps).

     

        J'ai également trouvé sur le site Youtube de Dhar Mann Studios, une amusante vidéo intitulée, en version française, Un élève triche à l'examen final (en version anglaise: Students cheats on final exam). Ce court métrage, de 8 minutes, a été vu plus de 34 millions de fois depuis le 2 juin 2021. 

    En voici le lien : https://www.youtube.com/watch?v=M3fEMJN462M

     

       Synopsis. Le jeune Mikey suit avec plusieurs autres élèves un enseignement à distance. Concrètement, les élèves sont connectés au site de leur professeur qui fait son cours et les surveille lors des examens.

       La mère de Mikey promet de lui acheter la nouvelle console de jeux PS5 s’il obtient la note maximale A à son examen final de maths. Il essaye alors de tricher au cours de cette évaluation à distance en désactivant momentanément son micro et sa caméra, pendant qu'il recherche en ligne sur un site quelconque les bonnes réponses. Lorsque Mikey rétablit sa connexion avec son professeur, il s’excuse en invoquant un bug informatique. Son professeur, très aimablement, l’invite à continuer son épreuve de maths.

       Quelques jours après, le professeur se présente au domicile de Mikey et remet à la mère de celui-ci sa copie d'examen corrigée. La note de Mikey est F, autrement dit 0/20. Le professeur déclare alors que Mikey a certes donné toutes les réponses correctes… mais que celles-ci proviennent toutes du site Web qu’il a lui-même créé pour piéger ses élèves tricheurs ! Et d’ajouter : « Vous voyez, depuis qu’on a commencé l’enseignement à distance, beaucoup d’enfants ont commencé à tricher. J’ai donc créé un site où j’ai posté toutes les questions de mon examen final, mais j’ai mélangé les réponses… Donc, mon petit Mikey, tu as échoué. On se revoit dans ma classe l’année prochaine. »

       Sa mère dit à Mikey : « Tu seras puni jusqu’à la fin de l’été. Ce qui signifie pas d’iPad, pas d’ordinateur et certainement pas de PS5 ». 

     

     

    L’Étudiante (affiche du film de Claude Pinoteau, sorti en1988, avec Sophie Marceau,

    39. L’Étudiante (affiche du film de Claude Pinoteau, sorti en1988, avec Sophie Marceau, Vincent Lindon, Jean-Claude Leguay, Elisabeth Vitali. Ce film n’évoque pas la question de la triche à l’Université).  

     

     Encore un Papy trop nul en informatique ! Chers visiteurs, je m’abstiendrai de rédiger sur ce site une page consacrée à la triche à l’Université, en particulier dans nos Facultés de Droit, pour au moins deux raisons. 

     

         D’abord, parce qu’étant à la retraite de mon métier de prof’ de fac’ depuis bientôt dix ans, je suis incapable de comprendre et de décrire les trucs informatiques d’aujourd’hui qui ont remplacé les techniques de fraude qui étaient encore en usage dans les premières années de notre siècle, comme les antisèches papiers, le recopiage mot à mot d’ouvrages de droit dans les bibliothèques universitaires, etc.

       Il paraît d’ailleurs que la fraude aux examens avec un Smartphone, que je n’ai pas repérée à sa naissance, serait désormais reléguée aux oubliettes grâce à des micro-puces auditives glissées au fond de l’oreille permettant aux étudiants de communiquer pendant les examens avec des complices extérieurs !

      Quant aux devoirs et mémoires rédigés chez soi, ils devraient beaucoup, disent certains médias, aux outils d’Intelligence artificielle. J’ignore tout de l’IA, si ce n’est, d’après des propos rapportés sur la toile, que certains d’entre eux réécriraient dans un style original des extraits de textes empruntés à des revues, livres et encyclopédies juridiques (à mon époque, le simple changement de style d’un paragraphe à l’autre dans une copie ou un mémoire suffisait pour me convaincre d'un plagiat).

     

      Ensuite, parce qu’il existe en ligne divers sites qui évoquent ce problème de la fraude aux examens à l’Université. C’est ainsi que le site des éditions Pamplemousses, qui s’adresse en priorité aux étudiants en droit, a publié, en mars 2023, les résultats d’une enquête réalisée au début de l’année auprès de 2 300 étudiants, enseignants et élèves-avocats (de nombreux médias ont mentionné cette enquête).

    En voici, un bref condensé :

     

     55% des étudiants ont triché pendant leurs études supérieures, soit plus d’un étudiant en droit sur 2 ;

    30% considère que reprendre la réflexion d’autrui sans en citer l’auteur et la source ne constitue pas de la triche ;

    1 étudiant sur 2 déclare avoir triché par peur de rater son diplôme ;

    60% des étudiants estiment que les mesures prises par leurs établissements contre la triche sont insuffisantes ;

    32% se sentent « dégoûtés » quand ils voient les autres tricher aux examens (31% sont indifférents) ;

    6% des étudiants ont déjà eu recours à des sites payants pour faire rédiger leurs devoirs ;

    58% sont incités à tricher en voyant les autres le faire.

     

     À très bientôt… Prochaine page, dans quelques jours : Du droit des écoliers de jouer aux billes (rubrique : enfants de jure), en images et cartes postales anciennes (ICPA). 


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    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    16.  Le professeur. – Élève Tourniolle, par qui fut sauvé le Capitole ?... 

    Le souffleur. – Par les oies. 

    L’élève Tourniolle (un peu dur d’oreille).  – Par les zouaves, monsieur. (Dessin de presse du 27 octobre 1929)

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

     17. – T’es bien placé en calcul ? 

       – J’pense bien : je regarde par-dessus l’épaule de mon voisin, qui est le plus fort de la classe ! (Dessin de presse du 9 juillet 1923). 

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    18. – Tu vois que tu peux bien faire quand tu veux, te voici second en géographie. 

       – J’aurai pas toujours la veine d’être placé près du premier aux compositions ! (Dessin de presse. 16 octobre 1926). 

     

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    19. – C’est encore votre papa qui a fait votre problème ? 

       – Oui, mais il n’en serait jamais sorti, si je ne l’avais pas aidé !... (Dessin de presse. 1er février 1935). 

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    20. – Ton devoir est plein de fautes, je vais être obligé de prévenir ton père. 

      – Pas la peine, m’sieu ; c’est lui qui l’a fait en entier ! (Dessin de presse. 18 octobre 1937). 

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    21. – Citez-moi un exemple de solidarité ? 

      – Ben, m’sieur ! Ainsi… ce serait si vous faisiez mes devoirs… pour éviter du travail… à mon père ! (Dessin de presse. 27 septembre 1948).

     

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    22. Réaction en chaîne (Dessin de presse de René Chag).

     

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    23-1. Les aventures de Dik et Bob : Dik et Bob vont à l’école (bande dessinée ancienne. Désolé, chers visiteurs, je n’ai trouvé aucune trace de cette série pour enfants sur la toile !).

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    23-2. 

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    23-3

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    23-4

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    23-5 

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    23-6 

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    23-7

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (2/3. Dessins de presse)

    24. De la triche des grandes personnes dans la rédaction de la liste des lycéens admis au bac ! (Presse humoristique de l’année 1927. Robert Dieudonné).

     

        Ne tombez pas dans le panneau ! Chers visiteurs, Juste une… précision. Dans son texte, Robert Dieudonné [1879-1940], auteur de pièces de théâtre et d’articles de presse humoristiques (y compris dans le Canard Enchaîné), se moque d’un certain Pierre Benoit qu’il imagine intervenir auprès d’un garçon de bureau du ministère de l’Instruction publique pour falsifier la liste des jeunes potaches (collégiens et lycéens) reçus au bachot ! Ce n’est ni une dénonciation, ni un règlement de comptes, mais une simple blague faite à son meilleur ami, Pierre Benoit [1886-1962], un écrivain célèbre (auteur notamment de L’Atlantide en 1919), membre de l’Académie française, qui, dans ses jeunes années, après une licence ès lettres avait été reçu au concours du ministère de l’Instruction publique. 


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    Du droit des écoliers à tricher (1/3)

        1 - Mademoiselle ! Cet élève copie ! 

        - C’est pas vrai, sale menteur ! a crié Geoffroy.

    (Le Petit Nicolas de Jean-Jacques Sempé et René Goscinny [© Imav éditions ; Gallimard-Folio Cadet]).

     

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (1/3)

    2. Petit écolier tricheur réussira dans la vie ! (peinture de Jean Geoffroy dit Géo [1853-1924], datée 1892).

     

    Que faire en cas de vol, mensonge tricherie de votre enfant à l’école ?  «… Vous êtes convoqué par le directeur de l’école parce que votre fils (ou votre fille) a tenté d’imiter votre signature sur son carnet de notes ; ou parce qu’on l’a surpris en train de copier sur son voisin pendant la composition, ou en train de voler dans les poches de ses camarades au vestiaire,… Tout cela est regrettable, mais si vous avez encouragé l’enfant à tricher, copier ou voler, avouez que ce qui arrive n’a rien d’étonnant ! Dans le cas contraire, si vous êtes un honnête homme…, alors essayer monsieur, de vous faire une raison. Prenez les choses du bon côté. Dîtes vous que voler, tricher et mentir sont les fondements de la vie politique française, et que votre rejeton l’a compris très tôt, et par lui-même ! Allons, inutile de dramatiser, il réussira dans la vie ! » (Pierre Antilogus et Jean-Louis Festjhens, Guide de survie à l’usage des parents [illustrations de Jean-Jacques Sempé et J.-L. Fesjens], Hors Collection Presses de la Cité. 1er janvier 1991). 

     

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (1/3)

    3. Copiage par-dessus l’épaule d’un Premier de classe (huile sur toile de Jean Paul Louis Martin des Amoignes [1850-1925], datée 1886).

     

     Trichestricheurstricher, tricherie sont des mots courants non seulement de joueurs de boules ou de cartes, des sportifs ou des hommes politiques, mais aussi des écoliers et des étudiants. Ils sont héritiers des Évangiles (tréchiertrichier, tricheor ), des diverses langues parlées du Moyen Âge, et de celle des philosophes des Lumières comme Voltaire, auteur de la citation : « Tricher au jeu sans gagner est d’un sot » (Éloge de l’hypocrisie. 1776).

     

        Etymologie. Le Dictionnaire de la Langue française d’Émile Littré, paru de 1873 à 1877, puis plagié (l’une des pratiques de la tricherie), par des Grands dictionnaires du XXème siècle, nous révèle leur origine la plus lointaine : 

     Tricher. Provenç. trichar, tricher, tric, tromperie ; ital. treccare. Diez* rejette le lat. tricari, chercher des détours, parce que l'i long latin n'aurait pas donné un e (trecher, treccare) ; suivant lui, le mot est germanique : néerlandais, trek, action de tirer et tour qu'on joue. Mais alors, inversement, d'où viendrait l'i en français et en provençal ? Le français, qui a trecher et tricher, fait la transition, et il faut adopter tricari.

    *Friedrich Christian Diez, né en 1794, mort en 1876, était un philologue et linguiste allemand. « M’sieur, m’sieur, c’est quoi la différence entre un philologue et un linguiste ? »

    Tricheur, tricheuse : provenç. trichaire, trichador, au fém. trichairitz ; ital. trecchiero. Trichere, trichaire est le nominatif ; tricheor, trichador est le régime ; du bas-lat. tricátor, tricatórem.

    Tricherie : prov. tricharia ; ital. treccheria. Tricharia était le nom d'une sorte de jeu de dés. 

     

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (1/3)

    4. Copiage sur la feuille de sa voisine de table (peinture de Mlle Henriette Robert. Salon des artistes français. 1914). 

     

    « L’honnêteté est au dessus des lois mêmes » (Ménandre. Auteur comique grec du dernier quart du IVème siècle av. J.-C.). Bizarrement, ces mots trichestricheurtricher, tricherie…, tout pleins de malices, sont les grands oubliés de nos textes de lois.

       Les mauvais esprits suggèrent qu’il en est ainsi parce que les lois sont suggérées et votées par des députés et des sénateurs lesquels, en ce domaine, chercheraient à ne pas sombrer dans l’autodérision. Et de rappeler que plusieurs hommes politiques traîneraient des boulets d’affaires judiciaires se soldant, parfois, pour les uns, à des peines de prison avec suris, et, pour d’autres, à des peines avec bracelet électronique à la cheville (« Le plus dur pour un homme politique c’est de faire croire à ses électeurs et à un juge d’instruction qu’il est honnête, généreux et sincère » (Pensée de polissons). 

     

    Mais, tout ça, c’est de la foutaise franchouillarde car les élus locaux, les députés, les sénateurs, voire les ministres et présidents de la République, sont, par nature, honnêtes, généreux et sincères. C’est ainsi que leur vertu est à jamais inscrite dans le Code d’éthique et de déontologie des membres de l’Assemblée nationale… de leurs cousins du Québec, en termes récréatifs : « La conduite du député est emprunte de bienveillance, de droiture, de convenance, de sagesse, d’honnêteté, de sincérité et de justice » (article C. 30, a. 6).

     

     

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (1/3)

    5. Du copiage solitaire avant l’ère de l’informatique et du Smartphone (gravure de l’époque Victorienne [1837-1901], datée 1883).

     

     « On peut signer ses mots d’excuse avec son portable ? » (question existentielle que se posent des enfants). Oublions donc nos hommes politiques, à jamais présumés (présomption simple ou irréfragable ?) honnêtes, et revenons à nos jeunes écoliers.

      Ceux-ci, avant même d’être acteurs de la triche, peuvent en être témoins, voire sujets et bénéficiaires.

    - D’une part, en cas de triche de leurs parents. En effet, certains parents pour permettre à leurs enfants d’obtenir de meilleures notes n’hésitent pas à faire, à leur place, les devoirs du soir. Ils peuvent également demander aux profs’ de donner à leurs enfants en difficultés des leçons particulières à titre onéreux, sous réserve qu’elles augurent de bonnes notes et le passage en classe supérieure.

     

     Telle mère, tel fils. « Chacune des poésies était signée Yseult de Termor, ce qui était étrange puisque la page de garde portait déjà ce nom : il semblait que Mme de Bricoule eût été si enivrée de son pseudonyme qu'elle eût voulu le répéter et le répéter à l'infini. Mais où les yeux d'Alban, déjà bien écarquillés s'écartillèrent sans mesure, ce fut lorsqu'il lut : - Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches, etc., etc. Le célèbre sonnet de Verlaine étant suivi de la signature Yseult de Termor !

     Fallait-il tirer de là que Mme de Bricoule donnait dans l'auto-imposture  infantile, pratiquée naguère par son fils, de recopier dans un cahier…, en le signant de son nom, le texte d'un autre ? [...] Mme de Bricoule faisait à trente-huit ans ce qu'Alban faisait à douze ans » (Henri de Montherland. Les garçons. 1969). 

     

      De l’apprentissage de la tricherie. « Les élèves et étudiants qui fraudent pendant leurs examens scolaires et universitaires ne naissent pas tricheurs. La tricherie n’est pas un caractère inné ; c’est un comportement qui s’acquiert. Les enfants, adolescents et jeunes adultes apprennent à tricher en regardant les adultes s’adonner à cette pratique. L’obligation de réussite dans leurs cursus crée une "nécessité" qui les contraint à cet apprentissage. Comme il n’existe pas de formation (institutionnelle) à la fraude, ils apprennent sur le tas... » (Nacer Aït Ouali: 

    https://www.lematindz.net/news/24702-quest-ce-qui-fait-tricher-des-eleves-et-des-etudiants-lors-des-examens.html)

     

    - D’autre part, en cas de triche de leurs profs’. Nombre d’entre eux sont, en effet, experts en plagiat, non seulement pour détecter leurs élèves tricheurs, mais en y contribuant eux-mêmes. Par exemple, lorsqu’ils préparent leurs propres leçons ou cours. Ou encore en devenant recordmen de vitesse de correction des copies ramenées le soir chez eux, pour ne pas rater le match de foot à la télé (la moyenne mise à une copie blanche ne soulève jamais de contestations !)…

     

     

     

     

    6. Extrait du livre autobiographique de Louis-Ferdinand Céline : Mort à crédit, paru en 1936 aux éditions Denoël.

     

    « Cool, le prof' y met la moyenne à tout le monde! ». Et, puis, il y a également les profs’, anciens écoliers Premiers de classe, qui, atteints du trouble de la personnalité narcissique, après avoir posé une question aux élèves, leur coupent aussitôt la parole pour s’écouter répondre à leur place. Plus l’auto-admiration du prof’ est élevée, plus la note de l’élève sera haute ! Louis-Ferdinand Céline a été l’heureux bénéficiaire de cette pratique lorsqu’il passa, à l’âge de onze ans, son certificat d’études primaires afin d’arrêter ses études et d’entrer dans la vie active.

     

     

     

     

    Du droit des écoliers à tricher (1/3)

    7. À la manière de l’élève Ducobus, Dernier de classe qui tente toujours de copier sur sa copine, la petite Léonie, Première de classe ! (gravure de l’époque Victorienne [1837-1901], circa 1886).

      

       Mais, plus souvent encore, nos jeunes écoliers peuvent être tricheurs eux-mêmes, avec ou sans succès selon leur niveau de compétence en ce domaine. L’une des pratiques est évidemment le copiage sur la feuille du voisin de table, avec ou sans complaisance de sa part.

     

     

    « L'enseignant aura atteint le but de sa mission si l'élève perçoit que de l'autre il peut faire une source, une richesse. L'enfant sera les liens qu'il tisse. L'expérience a été tentée et réussie au Québec où, dans certaines écoles, on a abandonné le système de notation. D'une certaine façon, je dirais même qu'il est important de " copier " sur son voisin pour y puiser de la richesse » (extrait d’une conférence, en juillet 2004, d’Albert Jacquard [1925-2013], scientifique français, membre du Comité consultatif national d’éthique).

     

     

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           8. L‘entraide scolaire (Photographie de Robert Doisneau. 1945).

     

      Robert Doisneau a intitulé cette photographie, non pas la triche, mais  l’entraide scolaire, à savoir l’aide que deux écoliers se portent mutuellement.

     

     

     

     

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         9 L'information scolaire (Photographie de Robert Doisneau. 1956)

     

    « Le plagiat constitue la seule preuve qu’avant d’écrire un homme de lettres a lu » (Philippe Bouvard. Mille et une pensées. 2005). Les écoliers peuvent aussi copier-coller des extraits de textes, en se les attribuant, autrement dit les plagier. Grâce à Dieu, il leur suffit, aujourd’hui, de sélectionner sur la toile le texte à plagier, puis clic-droit et option copier, ou raccourci Ctrl + C. Le piège est que, si vingt-neuf écoliers sur trente rendent le même devoir (le trentième n'avait plus de connexion à Internet!), le prof’ peut les accuser de plagiat, sauf s’il avait lui-même envisagé d’utiliser ce texte pour la correction en se l’attribuant.

    « Si tu prends tes idées ailleurs, disait mon père, c’est très mal, c’est du plagiat, mais si tu les empruntes à une dizaine de livres, tu es un chercheur, et à une quinzaine, tu deviens un savant éminent. » (Amos Oz, Une histoire d’amour et de ténèbres. 2002). 

     

     

     

     

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    10. Bavardage ou chantage (Photographie de Robert Doisneau. Circa 1950). "Donne-moi la solution ou j'dis au prof' que t'as piqué l'sujet de l'interro dans le tiroir de son bureau! ".

     

      La tricherie n’est pas le monopole des Derniers de classe. Tous les écoliers peuvent tricher, y compris les Moyens de classe (ceux du second rang peuvent copier sur les premiers de classe installés devant eux), et même les Premiers de classe. En effet, certains d’entre eux peuvent être tentés de copier par tous les moyens pour conserver de bonnes notes et pouvoir ainsi demeurer pour toujours à l’école en y devenant prof’. 

     

     

     

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        11. - Écris plus gros, j’vois pas ! 

     

    « J’ai été expulsé du lycée pour avoir triché pendant un examen de métaphysique : je lisais dans les pensées de mon voisin » (Woody Allen). 

     

     

     

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    12. Un voisin de table non coopératif (Photographie datée 1949).

    « T’ar ta gueule à la récré » (mots  popularisés par la chanson d’Alain Souchon « J’ai Dix Ans », en 1974).

     

     

     

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    13. Regard légèrement orienté d’une jeune écolière. (Photographie des années sixties).

     

     

     

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         14. Comment réussir à l’école ?

     

       Chers visiteurs pour connaître les diverses techniques de tricherie scolaire à l’ère du numérique, je vous renvoie à cet excellent article scientifique, publié, en 2013, par Christophe Michaut, de l’Université de Nantes, intitulé « Les nouveaux outils de la tricherie scolaire au lycée. » Cette étude est librement accessible en ligne sur le site OpenEdition Journals sous ce lien :

    https://journals.openedition.org/ree/7855

     

      En voici par ailleurs un bref résumé que son auteur a lui-même rédigé et mis en ligne en ces termes :

    « Avec l’arrivée des téléphones portables dans les classes et l’utilisation courante d’Internet dans les activités scolaires, les élèves ont davantage d’opportunités de plagier des documents ou de frauder lors des épreuves sur table. Les outils numériques se substituent-ils aux formes traditionnelles de tricherie ? Les élèves qui les utilisent présentent-il des caractéristiques particulières ? Nous émettrons l’hypothèse que ces nouveaux outils sont plus fréquemment utilisés par les élèves à faible capital scolaire et peu engagés dans les tâches scolaires. Les résultats de l’enquête réalisée auprès de 1909 lycéens révèlent que près de 20% d’entre eux ont déjà utilisé, au cours de leur scolarité, un téléphone portable pour tricher. Cependant, la tricherie avec l’aide d’une antisèche ou d’une calculatrice reste la plus fréquente. Les analyses multivariées montrent que certaines caractéristiques sont communes aux différents outils, d’autres plus spécifiques : les élèves préparant un baccalauréat général auront, toutes choses égales par ailleurs, plus souvent recours à une calculatrice alors que les élèves ayant rencontré des difficultés au cours de leur scolarité et s’investissant peu dans leurs études vont davantage utiliser un téléphone ». 

     

      

     

     

                  Du droit des écoliers à tricher (1/3)

           15. –Tu triches ! (Carte postale ancienne. Circa 1900).

     

       J’ai oublié de vous dire que la tricherie des écoliers n’est pas limitée aux exercices scolaires en classe ou à la maison. Elle s’exerce également dans la cour de récréation et à la sortie de l’école comme le montre cette photo ancienne d'un jeune écolier en uniforme encore en usage à cette époque (et bientôt de retour ? Voir ma précédente page), qui accuse un p’tit pâtissier de tricher aux billes.

     Comme le disait Marcel Pagnol dans son roman, Marius, paru en 1929 :

    « Si on ne peut plus tricher avec ses amis, ce n'est plus la peine de jouer… [aux cartes]. » 


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    Du droit des écoliers à une libre tenue

    1. Un écolier en uniforme sous le Second Empire. 1852-1870. (photo CDV L. Daillon à Paris. Circa 1865). 

     

       La rentrée scolaire 2023/2024 a été quelque peu ébranlée par les déclarations alarmistes, désordonnées et, parfois, contradictoires du président de la République, de la Première ministre, et du nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, dans les médias et les réseaux sociaux. Je vous renvoie à ma précédente page concernant notamment le port de l’abaya et du qamis par des jeunes élèves Arabo-musulmanes, et la suppression envisagée de 15 jours de vacances scolaires d’été pour les enfants en difficultés :

    http://droiticpa.eklablog.com/du-droit-des-ecoliers-a-la-paresse-11-15-a-bas-la-rentree-a214714361

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

    2. Un écolier en blouse sous le Second Empire. 1852-1870. (photo CDV Circa 1865).

     

     Je vous propose, aujourd'hui, de revenir, en images et cartes postales anciennes (ICPA), sur une autre question: celle récurrente de l'uniforme aussi appelé tenue unique, voire de la blouse aussi appelée tablier, dans nos établissements d'enseignement. 

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

    3. Trois frères en uniforme scolaire sous la Troisième République. 1870-1940 (photographie. Circa 1900).

     

      Le précédent ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, s’y était opposé, sur France Info, le vendredi 9 décembre 2022. À la question « Faut-il imposer l'uniforme à l'école ? », il avait répondu être « opposé à une loi qui viendrait plaquer ou imposer des tenues pour l'ensemble des élèves… ». Et de rappeler que « rien n’empêche aujourd’hui tel établissement d’imposer une tenue scolaire, y compris dans le public », précisant : « Ça se fait en Outre-mer par exemple, de façon complètement généralisée ».

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

       4. Souvenirs d’une Première Dame de France (photographie. Circa 1900).

      

     Le 11 janvier 2023, l’épouse du président de la République, Brigitte Macron, dans un entretien au Parisien, s’était au contraire dite favorable au port de l’uniforme à l’école : « J'ai porté l'uniforme comme élève : 15 ans de jupette bleu marine, pull bleu marine. Et je l'ai bien vécu. Cela gomme les différences, on gagne du temps - c'est chronophage de choisir comment s'habiller le matin - et de l'argent - par rapport aux marques. Donc je suis pour le port de l'uniforme à l'école, mais avec une tenue simple et pas tristounet ».

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

    5. Un écolier en uniforme sous la Seconde République (gravure. Circa 1850).

     

      " Une, deux ! Gauche, droite ! ". Le lendemain, 12 janvier 2023, le Rassemblement National dans le cadre de sa « Niche Parlementaire », a profité de la déclaration informelle de l’épouse du président de la République pour présenter une proposition de loi n° 254, « ayant pour objet d’instituer dans les écoles et les collèges publics le port d'une tenue uniforme aux couleurs de l'établissement scolaire, sa nature (tissu, coupe, couleur, etc.), étant définie par les instances de l’école ou du collège en lien avec la communauté éducative ». 

        Ce texte a été rejeté, en soirée, par l’Assemblée nationale.

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

    6. Une école publique rurale de garçons en blouse et sabots sous la Troisième République (photographie de classe. Circa 1900). 

     

      Le 27 juillet 2023, le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, dans le journal du Midi Libre, s’est montré favorable au port de l’uniforme dans les établissements scolaires qui le souhaiteraient, tout en ajoutant qu’il ne croyait pas que cette solution puisse régler tous les problèmes.

     

    Mise à jour du 11 décembre 2023. Des médias d’information (ou de communication ?) ont annoncé, aujourd’hui, que le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, avait décidé de mettre en œuvre l’expérimentation sur l’uniforme dans les écoles, collèges et lycées, en 2024, dès le printemps ou à la rentrée de septembre, et cela dans diverses collectivités volontaires. Le mode d’emploi devrait être communiqué par le ministre en fin de semaine ! 

     

             Les petits sabots des petits Bretons s’en vont à l’école… (Les Petits Sabots,           musique et paroles de Théodore Botrel, 1902).

            Les petits sabots des petits Bretons,
            Petites Bretonnes,
            Chantent des chansons en différents tons
            Jamais monotones :
           Toc, Toc
           Petits sabots, chantez, chantez
           Toc, Toc
           Comme des sabots enchantés !
           Toc, Toc, Toc, Toc,
           Oh ! oh ! oh ! oh !
           Chantez, petits sabots !

           Les petits sabots des petits Bretons
           S'en vont à l'École ;
           Ils dansent en rond, les jours de Pardons
           Une ronde folle :

     

           Toc, toc,
           Petit sabots, dansez, dansez
           Toc, toc.
           Au rythme des chants cadencés
           Toc, toc, toc, toc,
           Oh ! oh ! oh ! oh !
           Dansez, petits sabots !

          Les petits sabots des petits Bretons
          Une fois l'année
          S'alignent en rang, devant les tisons,
          Dans la cheminée :
          Toc, toc,
          Petit sabots, jamais déçus,
          Toc, toc
         « Espérez » le petit Jésus !
         Toc, toc, toc. toc.
         Oh ! oh ! oh ! oh !

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

    7. Écoliers de Paris dans les années 1960/1970 : vers la fin de ce vent de liberté ? (cartes postales illustrées par Michel Thomas [1937-2004], auteur de célèbres séries de dessins représentant les Gamins de Paris ou Petits Poulbots). 

     

    « Liberté, liberté, les héros sont fatigués. Depuis des milliers d’années, tu sais, toute leur vie ils l’ont cherchée » (refrain de la chanson Liberté, Liberté des Poppys de l’année 1972). J’ignore ce que l’avenir réservera à nos jeunes écoliers des villes et des campagnes. Je rappelle simplement que les écoles, collèges et lycées publics ont toujours été parfaitement libres d’imposer dans leur règlement intérieur le port de l’uniforme ou de la blouse avec ou sans sabots (le port de l’uniforme n’a été obligatoire, au niveau national, que lors de la création des lycées publics de garçons par une loi du 1er mai 1802).

     Toutefois, depuis la fin des années sixties dites « yéyé », nos jeunes élèves ne portent plus guère de blouses et encore moins d’uniformes dans les établissements scolaires publics, sauf rares exceptions (par exemple, dans les lycées de la Défense, autrefois connus sous le nom de lycées militaires, ainsi que dans les lycées primaires et secondaires de la Martinique et de la Guadeloupe).

     

     

       

    Du droit des écoliers à une libre tenue

     

    8. Écolier avec un signe religieux interdit, depuis 2004, dans les écoles publiques (Photographie CDV Bastier à Limoges. 1880). 

     

     Cependant, cette liberté n’est pas absolue puisque « Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit… » (art. L. 141-5-1, al. 1 du Code de l’Éducation, issu de la loi n° 2004-228 du 15 mars 2004). Dans ce cas, les élèves concernés peuvent toujours rejoindre des établissements privés religieux qui, eux, ne sont pas soumis à cette règle.

     

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

    9. Pinocchio fait l’école buissonnière… en libre tenue multicolore (Pinocchio. Film de Walt Disney. 1940).

     

     Par ailleurs, le port de certains vêtements jugés inconvenables et indécents peut toujours être interdit dans toutes sortes d’établissements scolaires, aussi bien publics que privés. Tout est alors question d’appréciation suivie de discussions parfois difficiles entre les responsables des établissements et les élèves concernés et/ou leurs parents. Les exemples sont variés et ils changent en fonction de la mode : en ce moment, jeans troués aussi nommés jeans à trous, sneaker LED lumineuses, etc. (les médias ont relayé, le 29 septembre dernier, la décision de la direction d'un lycée privé du XVIIIème arrondissement, de ne plus accepter, pour leurs élèves, dans un souci de simplification, le port de la jupe ou de la robe, afin de ne plus avoir à discuter de leur longueur ou transparence). 

     

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

    10. Un Premier de classe d’une école publique de Bretagne ayant trouvé la distribution des prix un peu longue.

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

                                      11. Écoliers en blouse sarrau* et… béret.

                   *Le sarrau est une blouse d’écolier, boutonnée dans le dos. 

                Sac au dos, comme un bon soldat 

                Qui s’en va pour livrer bataille, 

                Un sarrau lui prenant la taille 

               Le petit écolier s’en va 

    (Marie Cassabois. Les chants de l’écolier. L’aéroplane ; Edouard Privat. Toulouse. 1934, p. 9). 

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

    12. Rentrée des classes en blouse libre, sans béret, ni casquette (ancienne gravure de presse. Journal L’Illustration européenne, sous-titré : Journal international de la famille, actif de 1870 à 1914).

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

                               13. Écolier sans uniforme, ni blouse (photo. 1914).

     

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

    14. « À chaque jour suffit sa tâche ! »… sans blouse, c’est bien fait ! (CPA illustr. Tom).

     

     

    Du droit des écoliers à une libre tenue

    15. La mode de la Rentrée des Classes dans les années 1920 (Journal Floréal. Ed. hebdomadaire dont les cinq années de 1920 à 1923 sont en libre accès sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France).

     

    « Tablier serge noir, forme kimono, garni de ruban ciré noir. Poches aux côtés.

    Tablier noir en serge fine, garnis de 2 plis plats de chaque côté du devant et dos. Ceinture de cuir verni. Double poche aux côtés.

    Costume de garçonnets lainage marine. Veste bouffante ouverte sur un plastron blanc. Culotte courte avec larges poches apparentes.

    Petit tailleur de fillettes ratine havane et bleu. Robe plissée montée sur un empiètement plat à manches longues. Veste en tissu uni et quadrillé. Large cache-nez en pareil.

    Manteau de fillette duvetine belge. Col écharpe en peluche noire, ramené au côté droit. Dos vague en forme. Devant garni d’une pièce découpée partant des épaules et venant se boutonner au bas pour former poche. »