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    XX. L’École de Droit en 1774 : la façade

    149. La façade principale de l’École de Droit. Vue panoramique, prise

     du Panthéon

     

     

     

    Le marquis de Marigny, surintendant des bâtiments du Roi, avait confié à Jacques-Germain Soufflot la construction, sur les hauteurs de la montagne Sainte-Geneviève, de la nouvelle église Sainte-Geneviève (le Panthéon) et l’aménagement d’une place semi-circulaire devant celle-ci ouvrant sur une artère percée en son centre qui devait relier le Luxembourg. Cette artère devait être encadrée de deux édifices en quart de cercle symétrique de style néo-classique : une École de Droit et une École de Théologie.

     

    L’École de Droit, à l’angle nord-ouest de la nouvelle place, fut achevée en 1774, l’église Sainte-Geneviève en 1790, et le projet d’une École de Théologie laissa la place à la mairie du Vème arrondissement construite entre 1844 et 1850.  

     

     

     

     

                          Dessin de L’École de Droit par Jacques-Germain Soufflot

               150. Dessin de L’École de Droit par Jacques-Germain Soufflot.

     

     

    Jacques-Germain Soufflot dessina les plans de l’École de Droit, en 1771. Ce dessin, ici rapporté, comporte la mention suivante :

    « Élévation de la façade des écoles des droit à bâtir sur la place de la nouvelle église Sainte-Geneviève. » (Archives nationales, N III Seine, pièce 1).

     

     

     

     

                        

    XX. L’École de Droit en 1774 : la façade

                       151. L’entrée de l’École de Droit, place du Panthéon.

     

     

     

    La façade de l’École de Droit s’incurve en quart de cercle pour former, de manière parfaitement symétrique, avec la façade également incurvée en quart de cercle de l’École de Théologie (la mairie du Vème arrondissement), la place-semi-circulaire servant d’écrin à la nouvelle église Sainte-Geneviève (le Panthéon). 

     

     

     

     

                                                                

    XX. L’École de Droit en 1774 : la façade

                                      152. Le goût grec des années 1760

     

     

     

    De style néo-classique, la façade principale de l’École de Droit a recours à des formes et des éléments grecs. Son entrée, d’une grande sobriété, est ainsi précédée d’un portique soutenu par quatre colonnes ioniques et surmonté d’un fronton triangulaire.  

     

     

     

     

     

                              

    XX. L’École de Droit en 1774 : la façade

     153. L’avis des gens de l’art (J. A. Dulaure : Nouvelle description des curiosités

    de Paris, 2ème édition dédiée au roi de Suède, 1787, p. 142). 

     

     

     

    Les édifices construits par jacques-Germain Soufflot place de la nouvelle église Sainte-Geneviève reçurent un accueil bien réservé.

    De son vivant, l’église Sainte-Geneviève fut critiquée en raison notamment de ses vices de construction susceptibles de conduire à l’écroulement de l’édifice (Jacques-Germain Soufflot mourut, le 27 août 1780, dix ans avant l’achèvement des travaux, complètement désespéré par ces polémiques). L'École de droit, quant à elle, fut critiquée en raison de son manque d'originalité architecturale, tant qu'extérieure qu'intérieure. Voici, par exemple, ce que l'on peut lire sous la plume d'un spécialiste comparant l'École de Droit de Paris à deux autres établissements d'enseignement édifiés à la même époque par d'autres architectes, le Collège Royal et l'École de Chirurgie : 

     

    «  À tous égards, l’École de droit de Soufflot, œuvre d’un architecte plus âgé que ses confrères, est la construction la moins empreinte de nouveauté. Ce qui a été dit pour son plan de la distribution intérieure des pièces vaut également pour les élévations et l’organisation générale de la façade. Encore faut-il se souvenir qu’il ne s’agît pas là d’un bâtiment pleinement autonome, puisqu’il répond, dans un registre plus modeste, à la façade principale de l’église Sainte-Geneviève et est censé avoir son pendant de l’autre côté de la place.  Il en va tout autrement pour le Collège Royal et l’École de Chirurgie, deux bâtiments qui ont été largement salués par les chroniqueurs contemporains… » (Christian Hottin, « Retour sur un patrimoine parisien méconnu : les espaces de transmission du savoir à l’époque moderne (II) Naissance d’une architecture : quatre projets exceptionnels (ca. 1760 – ca. 1790) ». 

    En ligne : In Situ. Revue des patrimoines

    DOI : 10.4000/insitu.1069 

     

     

     

                     

    XX. L’École de Droit en 1774 : la façade

                     154. Portail de la façade principale de l’École de Droit.

     

     

    Le tympan (espace encadré par les trois corniches en saillie du fronton) est orné de la figure de Louis XV en médaillon. Sa présence rappelle que c’est le roi Louis XV, dit le « Bien-Aimé » qui, par lettres patentes du 16 novembre 1753, avait ordonné la construction, au sommet de la montagne Sainte-Geneviève « d’un édifice convenable et suffisant pour accueillir les étudiants en droit et leurs professeurs ».  

     

     

     

                       

    XX. L’École de Droit en 1774 : la façade

           155. Les inscriptions sur le fronton de la façade de l’École de Droit

     

     

    Au dessus du tympan, dans un cadre rectangulaire noir, sont gravés les mots : UNIVERSITE DE PARIS. FACULTE DE DROIT. 

    Tout en haut sont sculptés dans la pierre les mots : LIBERTE. EGALITE. FRATERNITE. 

     

    Ces deux inscriptions du fronton de l’École de Droit sont postérieures à son ouverture en 1774. D’une part, parce que c’est un décret du 17 mars 1804 qui érigea les douze Écoles de Droit françaises en Facultés de Droit. D’autre part, parce que les trois mots Liberté, Egalité, Fraternité, ne furent prononcés, pour la première fois, dans cet ordre, qu’en 1790 par les révolutionnaires Camille Desmoulins et Maximilien de Robespierre, avant de devenir la devise de la République française. 

      

     

    À très bientôt pour le prochain chapitre de cette rubrique consacrée à la Faculté de Droit de Paris : XXI. L'École de Droit en 1774 : l'intérieur   

     


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     L’École de Droit (Eugène Atget)

          156. La porte cochère de l’École de Droit (photographie d’Eugène Atget, 1903)

     

     

     

    Dans le précédent chapitre consacré à l’École (ou Faculté) de Droit de Paris édifiée par Jacques-Germain Soufflot, j’ai présenté la façade curviligne de l’édifice donnant sur la place de la nouvelle église Sainte-Geneviève (place du Panthéon). Elle avait pour ambition de mettre en valeur l’église Sainte-Geneviève en cours de construction, en empruntant le style néo classique de son porche et en aménageant devant celui-ci une sorte d’écrin semi circulaire.

     

    Aujourd’hui, je vous invite à franchir la porte de l’entrée principale de cette École de Droit pour en  découvrir, si ce n’est le charme ou l’originalité architecturale, du moins l’intérieur tel qu’il a été conçu par Jacques-Germain Soufflot.

     

     

     

     

     

     

    XXI. L’École de Droit en 1774 : l’intérieur

                                      157. La Cour d’Honneur de l’École de Droit.  

     

     

     

    Passé le portail de forme sphérique de l’École de Droit, on pénètre dans la Cour d’Honneur de forme trapézoïdale et bordée d’arcades sur trois côtés. Signe des temps, contrairement à la Sorbonne, aucune chapelle n’a été édifiée par Jacques-Germain Soufflot (le Collège Royal ou Collège France, et l’Académie de Chirurgie ou École de Médecine, édifiés par d’autres architectes à la même époque, bénéficiaient toutefois d’une petite chapelle).

     

     

     

     

     

     

    XXI. L’École de Droit en 1774 : l’intérieur

                                    158. La Grande galerie de l’École de Droit.

     

     

     

    L’entrée principale de la Cour d’Honneur donne sur la Grande galerie qui menait, à l’origine, à un amphithéâtre et au secrétariat de l’École de Droit. Au pied du bel escalier se trouvait une statue de Cujas.

    Le corps du bâtiment, de forme incurvée (à droite de la photographie), abritait, au premier étage, la Salle des Actes, et, juste au dessus d’elle, au deuxième étage, la première bibliothèque de l’École de Droit.

     

     

     

     

     

     

     

    XXI. L’École de Droit en 1774 : l’intérieur

    159. L’ancien amphithéâtre de l’École de Droit (photographie de Charles Marville. Circa 1860).

     

     

     

    Au rez-de-chaussée, se trouvait le seul amphithéâtre de l’École de Droit qui suffisait pour le nombre de cours dispensés à son ouverture (à peine 5 cours). Obscur et incommode, cet amphithéâtre fut ultérieurement restauré pour être plus clair et favorable aux étudiants (réaménagée, la salle existe encore aujourd'hui). Mais, avec l’augmentation du nombre d’étudiants (500 en 1804, 1100 en 1810)  et du nombre de cours (plus de 26 cours en 1819), l’École de Droit dut emprunter des salles à la Sorbonne, y compris sa célèbre chapelle, pour permettre à ses professeurs de dispenser leurs leçons. Des cours de droit furent également donnés dans l’ancien collège du Plessis, rue Saint Jacques.

    Aussi, pour remédier à ce problème, un second amphithéâtre, désigné sous le nom de nouvel amphithéâtre, fut construit, en 1829, à l’arrière du bâtiment de l’École de Droit (il a été supprimé, suite aux travaux d'extension de l'École de Droit). À la même époque, une des salles de l’ancien bâtiment fut transformée en un amphithéâtre. Plus petit que les deux autres amphithéâtres, il était réservé aux cours de doctorat.

     

     

     

     

     

     

     

    XXI. L’École de Droit en 1774 : l’intérieur

              160. Le plan du premier étage dessiné par Jacques-Germain Soufflot

     

     

     

    À l’origine, se trouvaient au premier étage, des salles d’examens, d’études et de conférences, et le logement du Doyen. S’y trouvaient également, la salle de délibérations de l’École de Droit, appelée Salle des Actes, ainsi qu’une autre salle, connue aujourd’hui sous le  nom de Salle Goullencourt.

     

     

     

     

     

     

    XXI. L’École de Droit en 1774 : l’intérieur

                                        161 La Salle des Actes au premier étage (1)

     

     

     

    Dans la plupart des Facultés de Droit, on trouve une Salle dite des Actes, qui sert en général aux réunions des professeurs (répartition des cours, concours de recrutement de collègues, jurys d’examens, délibérations…), aux soutenances de thèses de doctorat ou de mémoires de Master 1 et 2, ainsi qu’aux conférences et aux cours de faibles effectifs (doctorat autrefois, Master 1 et 2 aujourd’hui).

    À l’origine, la Salle des Actes était nommée de la sorte car on y conservait les actes, nom donné aux disputes publiques (dans le sens de discussions entre plusieurs personnes) de soutenance de thèses de licence et de doctorat.

    C’est ainsi que Jacques-Germain Soufflot dota sa nouvelle École de Droit de Paris d’une Salle des Actes, au premier étage du bâtiment, d’une surface de 40 m².

    Depuis 2011, la nouvelle Salle des Actes de l’Université Panthéon-Assas a été installée au troisième étage du bâtiment du Centre Panthéon (ancienne École de Droit) à l’endroit où se trouvait l’ancienne Salle Collinet de l’Institut de Droit Romain. 

     

     

     

     

     

     

     

    XXI. L’École de Droit en 1774 : l’intérieur

                                   162 La Salle des Actes au premier étage (2)

     

     

      Autrefois, la Salle des Actes était ornée d'une composition de Paul Steck représentant le Droit, la Loi et la  Jurisprudence, et de trois tableaux d'Emile René Ménard (1862-1930), qui ont été confiés, en 1971, au musée d'Orsay. Sur cette photographie ancienne, on distingue encore, dans l'encadrement de la porte, deux de ces tableaux, l'un intitulé l'Âge d'Or, l'autre Crépuscule.

     

     

     

     

     

    XXI. L’École de Droit en 1774 : l’intérieur

                                 163 La Salle Goullencourt au premier étage 

     

     

    Proche de la Salle des Actes, une autre salle mentionnée sur le plan du premier étage de l’École de Droit dessiné par Jacques-Germain Soufflot retient encore l’attention. Il s’agit de la Salle, nommée Goullencourt dans les années 1904-1907, que se partagent aujourd’hui l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l’université de Paris 2 Panthéon-Assas pour l’organisation notamment de colloques et de cérémonies de remises de diplômes (Centre Panthéon, 12, place du Panthéon, Cour d'Honneur, Escalier M – 1er étage).

    Henri Goullencourt dont il s’agit était un provincial qui avait suivi, au XIXème siècle, ses études de droit à la Faculté de Droit de Paris où il obtint sa licence et son doctorat. Dans sa retraite de Saugeons (Oise), il aimait lire les ouvrages de jurisprudence pendant ses loisirs. Il revenait parfois à Paris pour suivre comme auditeur libre les cours publics de la Faculté de Droit et acheter les derniers livres de droit parus.

    Par testament, Henri Goullencourt légua à sa mort, survenue en 1902, toute sa fortune à la Faculté de Droit de Paris. Ce testament comportait la disposition suivante bien aimable pour ses Maîtres de la Faculté de droit et détestable pour ses héritiers par le sang : « À la mémoire vénérée de ma mère, j’institue légataire universelle la Faculté de Droit de l’Université de Paris. Je lui dois tout ; je ne dois rien à mes héritiers de la ligne paternelle ou maternelle ; aussi je demande avec insistance que le legs ne subisse aucune réduction ; tel était le vœu constant de ma mère ; qu’il soit respecté ! ».

    C’est ainsi que la Faculté de Droit de Paris reçu avec grande satisfaction les biens mobiliers et immobiliers (ferme du Blanc-Bâton à Haussez en Seine-Maritime), de la succession Goullencourt, évalués à plusieurs centaines de milliers de francs. Ce legs providentiel lui permit notamment d’ouvrir de nouveaux enseignements et de donner une pension à son ancien secrétaire général.

    La Faculté de Droit de Paris témoigna sa reconnaissance à son ancien étudiant Henri Goullencourt en attribuant son nom à l’une de ses salles du premier étage et en créant, en 1907, un prix Goullencourt pour récompenser les meilleures thèses et ouvrages de droit (ce prix est toujours décerné aujourd’hui).

     

     

     

     

     

    XXI. L’École de Droit en 1774 : l’intérieur

                    164 Le plan du deuxième étage dessiné par Jacques-Germain Soufflot

     

     

     

    La bibliothèque. Ce plan du deuxième étage de l’École de Droit mentionne la bibliothèque, située juste au dessus de la salle des actes. Cette pièce rectangulaire, d’une superficie de 40 m², suffisait à l’époque pour contenir tous les livres que possédait l’École de Droit, et elle permettait d’accueillir entre vingt et trente étudiants.

    En raison de l’augmentation du nombre d’étudiants (2500 en 1865), deux autres salles de lecture plus vastes furent construites, entre 1876 et 1878, par Louis-Ernest Lheureux, architecte du Vème arrondissement en charge des bâtiments de la Faculté de Droit. Elles occupaient un espace d’environ 300 m² compris entre le second amphithéâtre et les maisons donnant sur les rues Cujas et Saint-Jacques. Elles furent complétées par quatre vastes salles de lecture construites, entre 1893 et 1897, dans le cadre de la reconfiguration générale de la Faculté de droit suite à ses travaux d’extension jusqu’à la rue Saint-Jacques. 

     

    Les logements des professeurs. Les plans des deuxième et troisième étages de l’École de Droit font également mention de quatre appartements, comptant plusieurs pièces chacun, réservés aux professeurs titulaires, suivant l’ordre de leur ancienneté (la Sorbonne comportait elle-même près de quarante appartements réservés à ses docteurs). Cette dernière pratique prit fin dans le courant du XIXème siècle, à l’exception de celle concernant le logement du Doyen. Les appartements devenus vacants permirent de loger, pendant plusieurs années, les élus municipaux de la nouvelle mairie du XIIème arrondissement, construite juste en face de l’École Droit, et devenue mairie du Vème arrondissement. 

     

    À bientôt pour les prochains chapitres de cette rubrique consacrée à la Faculté de Droit de Paris :     

     

    XXII. Leçon d'Histoire de France

     

    XXIII. Ouverture et fermeture de l'Ecole de Droit (1789-1802)

     

    XXIV. Le maintien des Ecoles privées de Droit sous la Révolution

     

    XXV. Réouverture de la Faculté de Droit de Paris en 1805

     

    XXVI. Les diplômes de la nouvelle Ecole de Droit de Paris

     

    etc. 

     

     

     

     

     

     

     

     


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    L'ennui naquit un jour de l'université

    165. « L’ennui naquit un jour de l’Université »  (Honoré de Balzac. Un début dans la vie).

     

     

    Chers visiteurs, accidentels, épisodiques ou habituels, de ce blog qui m’occupe les jours de pluie sur la Côte d’Opale, je reprends la publication des pages de la rubrique consacrée à l’histoire de la Faculté de Droit de Paris en images et gravures anciennes.

    Je vous avais présenté, dans les quatre dernières pages de cette rubrique (XVIII, XIX, XX et XXI), l’édifice construit par Jacques-Germain Soufflot, de 1771 à 1773, pour accueillir cette Faculté, place de la nouvelle église Sainte-Geneviève (devenue place du Panthéon). Il convient désormais de découvrir ses grands moments, depuis la Révolution française, en 1789, jusqu’au début de la Première Guerre Mondiale, en 1914.

     

     

    Mieux vaut être le dernier de sa classe que le premier imbécile venu !

    166. « Mieux vaut être le dernier de sa classe que le premier imbécile venu ! ».

     

    L’un des problèmes auxquels j’ai été confronté en préparant ces nouvelles pages est d’ordre « élémentaire ». Comment s’y retrouver dans cette longue période, pleine de rebondissements et de dates peu ou prou certaines, en particulier lorsque l’on a été comme moi un cancre à l’école et au lycée ? J’ai donc tout simplement ouvert de vieux manuels d’histoire de France et élaboré, grâce à eux, cette chronologie abrégée. Je n’y ai mentionné que les dates et événements intéressant l’École ou la Faculté de Droit de Paris. Je vous invite à vous y référer, de temps à autres, si vous êtes un peu perdu dans la lecture des pages à venir.

     

     

    XXII. Leçon d’Histoire de France

    167. La leçon d’histoire de France dans une école rurale (les petits campagnards venaient à l’école avec des sabots remplis de paille pour tenir chaud l’hiver).

     

    - 14 juillet 1789 : prise de la Bastille marquant la fin de l’Ancien Régime

     

    - 5 mai 1789 : ouverture des états généraux

     

    - 17 juin 1789 : transformation des états généraux en Assemblée constituante

     

    - 30 septembre 1791- 21 septembre 1792 : Assemblée législative

     

    - 21 septembre 1792-18 mai 1804 : La Première République :

     

    1. 21 septembre 1792-26 octobre 1795 : Convention nationale

         (1793-1794 : La Terreur)

    2. 27 octobre 1795-9 novembre 1799 : Directoire

    3. 10 novembre 1799 au 18 mai 1804 : Consulat

     

    - 18 mai 1804-1814 : Le Premier Empire

     

    - 1814-1830 : La Restauration :

                      1. avril 1814-mars 1815 : Première Restauration

    2. 20 mars 1815-28 juin 1815 : Cent-Jours

             3. Juin 1815-juillet 1830 : Seconde Restauration

     

    - 1830-1848 : La Monarchie de juillet

     

    - 1848-1852 : La Seconde République

     

    -1852-1870 : Le Second Empire

                (19 juillet 1870 : début de la guerre franco-prussienne)

     

    - 4 septembre 1870-1940 : La Troisième République :

     

                 (29 janvier 1871 : fin de la guerre franco-prussienne) 

                  26 mars 1871-28 mai 1871 : Commune de Paris

                  1914-1918 : Première Guerre Mondiale

    1er septembre 1939-2 septembre 1945 : Seconde Guerre Mondiale. 

     

    À très bientôt donc pour la prochaine page consacrée à l’histoire de la Faculté de Droit de Paris :

                      XXIII : 0uverture et… fermeture de l’École de Droit (1789-1802)


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    L’École de Droit et la nouvelle église Sainte-Geneviève (Aquarelle de Nicolle Victor-Jean. Musée des Châteaux de Malmaison et Bois-Préau)

    168. L’École de Droit et la nouvelle église Sainte-Geneviève (Aquarelle de Nicolle Victor-Jean. Musée des Châteaux de Malmaison et Bois-Préau). 

     

     

    Ouverture de l’École de Droit en 1774. Fiers et heureux de leur nouvelle École de Droit, construite de 1771 à 1773 par Jacques-Germain Soufflot, au sommet de la montagne Sainte Geneviève, place de la nouvelle église Sainte-Geneviève (devenue place du Panthéon), ses étudiants, dits Jeunes Messieurs, originaires de Paris ou de province, y parurent pour la première fois en 1774 (l’École de Droit fut solennellement installée dans ses nouveaux bâtiments, le 24 novembre 1772).

     

     

     

     

     

     

    Denis Diderot (1767, Loui-Michel van Loo. Musée du Louvre)

                                                169. Denis Diderot (1767, Loui-Michel van Loo. Musée du Louvre).

     

     

    Le naufrage des anciennes Facultés de Droit. Mais, avant de poursuivre cette historiette, il faut rappeler que l’enseignement du droit dans les universités françaises, en particulier à Paris, connaissait, à la fin du XVIIIème siècle, un discrédit général.

     

     

    Ainsi Diderot, l’encyclopédiste des Lumières, écrivait-il : « Notre Faculté de Droit est misérable. On n’y lit pas un mot du Droit français ; pas plus  de Droit des gens que s'il n'y en avait point ; rien de notre code ni civil ni criminel ; rien de notre procédure, rien de nos lois, rien de nos coutumes, rien des constitutions de l'Etat, rien du droit des souverains, rien de celui des sujets ; rien de la liberté, rien de la propriété, pas davantage des offices et des contrats.

     

     

    De quoi s'occupe-t-on donc ? On s'occupe du Droit romain dans toutes ses branches, Droit qui n'a presqu'aucun rapport avec le nôtre » (Diderot, Œuvres complètes, publiées par J. Assézat, Paris, 1875-1876, t. III, p. 437).

     

    La censure sévère de Diderot semble avoir été prise en considération par le pouvoir royal puisque, dès sa création, en 1774, l’École de Droit de Paris a pu compter cinq chaires dont une seule chaire de droit romain, trois chaires de Code civil (ou de droit français), et une chaire de procédure civile et criminelle et de législation criminelle. 

     

     

     

     

     

     

    XXIII : 0uverture et… fermeture de l’École de Droit (1789-1802)

                  

                                                    170. Un professeur de droit à la fin du XVIIIème siècle

     

     

    Les professeurs de la nouvelle École de Droit. En 1791, l’École de Droit de Paris bénéficiait de six professeurs (le doyen Edme Martin, et les professeurs Bouchaud, Goulliart, Delattre, Hardoin de la Reynerie, et Godefroy), d’un professeur royal de droit français (Clément de Malleran), et de onze agrégés (MM. Vasselin, Drouot, Sarreste, Berthelot, Guynemer, Demante, Gravier, Belin, Dumesnil, Delvincourt, et Giraudet).

     

     

    Edme Martin (1707-1793), qui avait fait ses études à Paris, d’abord au collège de Montaigu, puis à la Faculté de Droit de la rue Saint-Jean-de-Beauvais, fut nommé professeur de droit canonique dans cette dernière en 1752. Il en sera le Doyen, autrement dit le directeur, de 1757 à 1793.

     

     

    Dzolé !, mais je n'ai trouvé ni tableau, ni gravure représentant l'un de ces professeurs. J'ai donc mis en ligne ce portrait d'un célèbre jurisconsulte de l'Ancien régime, qui fut professeur à la Faculté de Droit de Toulouse : Jean-Baptiste Furgole (1690-1761).

     

     

     

     

     

     

     

    Décret de la Convention portant suppression des Universités en date de l’an deuxième de la République française

    171. Décret de la Convention portant suppression des Universités en date de l’an deuxième de la République française (année 1793, la République ayant été proclamée le 21 septembre 1792).

     

     

    Fermeture des Écoles de Droit par la Convention en 1793. Le plaisir bien doux de nos Jeunes Messieurs d’assister aux leçons de lois et de jurisprudence de leurs maîtres ou de succomber aux charmes des grisettes du Quartier Latin fut de courte durée. En effet, sous le régime dictatorial de la Terreur, institué le 5 septembre 1793, un décret de la Convention nationale du 15 septembre 1793 (an deuxième de la République) supprima l’ensemble des établissements de l’Université de l’Ancien Régime. Parmi ceux-ci, nos douze Écoles de droit qui étaient situées à Aix, Bruxelles, Caen, Coblence, Dijon, Grenoble, Poitiers, Rennes, Strasbourg, Toulouse, Turin et, bien entendu, Paris.

     

    Seules furent créées à Paris, par ce même décret, quatre grandes écoles spéciales pour former les cadres indispensables à la Nation : l'école polytechnique, le Conservatoire national des arts et métiers, l'Ecole normale supérieure, et l'Institut national des langues et civilisations orientales.

     

     

     

     

     

     

    L’abolition des privilèges et des Trois ordres

                                                           172. L’abolition des privilèges et des Trois ordres

     

     

    Pour les élus de la Convention, la suppression des Universités et de leurs établissements était la conséquence logique de l’abolition des privilèges et des Trois ordres (clergé, noblesse, Tiers-état), votée dans la nuit du 4 au 5 août 1789 par l’Assemblée constituante. Selon leurs propres mots : « les Universités sont entachées d’aristocratie et même inutiles à la République ».

     

    Dans ce contexte, le sacrifice des Écoles de Droit s'imposait aux révolutionnaires pour au moins deux raisons :

    - D'abord, les études de droit étaient l'apanage des seules familles de l'aristocratie et de la bourgeoisie aisée des gens de justice (avocats, magistrats, notaires, etc.).

    - Ensuite, la Convention voulait rendre, à l'avenir, les lois simples et intelligibles pour tous. Or, à cette époque, le peuple suspectait les Écoles de Droit d'être l'un des vecteurs de l'obscurantisme et du galimatias incompréhensible des lois romaines et des lois gothiques, qui permettaient alors aux chicaneurs d'abuser des ressources et des formalités de la justice. C'est pourquoi les rédacteurs du Code civil de 1804, ouverts aux belles lettres comme Tronchet et Portalis, ont rédigé des articles élégants et clairs, devant permettre de se passer de la jurisprudence des tribunaux (Stendhal conseillait de lire chaque jour quelques articles du Code civil pour apprendre à bien écrire).

     

     

     

     

     

     

     

    XXIII : 0uverture et… fermeture de l’École de Droit (1789-1802)

                                                      173. La suppression des jurisconsultes corporatistes !

     

     

    Quant aux professeurs et agrégés des Écoles de Droit, ils perdirent leur emploi et leurs émoluments. Ceux de  l’École de Droit de Paris, qui étaient logés gratuitement dans les appartements de l’édifice de la place Sainte-Geneviève, en furent chassés et se retrouvèrent à la rue. Leurs appartements furent occupés par le Comité révolutionnaire et les sections du douzième district de la ville de Paris.

     

    L'un d'entre eux, le Doyen Edme Martin, décéda peu de temps après, en 1793, à l'âge de quatre-vint ans. Le professeur Clément de Malleran l'imita l'année suivante. Les autres professeurs de l'École de Droit de Paris durent attendre le Directoire ou le Premier Empire pour pouvoir se reconvertir éventuellement comme avocat, juge ou membre de l'administration.  Seul Claude-Etienne Delvincourt, agrégé de l'École de Droit de Paris avant sa fermeture, y fut nommé professeur, à sa réouverture en 1804-1805, et Doyen, de 1809 à 1830.

     

    À bientôt pour la prochaine page consacrée à l’histoire de la Faculté de Droit de Paris : XXIV : Le maintien des Écoles privées de Droit sous la Révolution. 


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    Entrée principale du collège d’Harcourt, rue de la Harpe,  sous la Révolution

    174. Entrée principale du collège d’Harcourt, rue de la Harpe, siège de l’Université de Jurisprudence sous la Révolution.

     

     

    Pendant la Révolution française, malgré la suspension des établissements de l’Université, deux écoles particulières de droit purent s’établir à Paris et accueillir nos Jeunes Messieurs issus de l’aristocratie ou de la bourgeoisie :

    - l’une, rue de Vendôme (aujourd’hui, rue Béranger), sous le titre d’Académie de Législation ;

    - l’autre, dans les bâtiments disponibles du collège d’Harcourt, rue de la Harpe, sous le nom d’Université de Jurisprudence.

     

     

     

     

     

    Escholier du collège d’Harcourt

                                                175. Escholier du collège d’Harcourt

     

    Le collège d’Harcourt avait été fondé, en 1280, par les frères Robert et Raoul d’Harcourt. Au lendemain de la Révolution, il fut supprimé, comme l’ensemble des établissements de l’Université, par le décret de la Convention nationale du 15 septembre 1793 (« Les collèges de plein exercice et les facultés de théologie, de médecine, des arts et de droit sont supprimés sur toute la surface de la République. »).

     

     

     Ses bâtiments, libérés de ses escholiers, purent ainsi être utilisés pour accueillir leurs grands frères de l’Université de Jurisprudence (autrefois, le mot escolier ou escholier, du latin schola, école, désignait tous ceux qui recevaient l’enseignement, aussi bien élémentaire dans les écoles et collèges que supérieur à l’Université).

     

     

     

     

    Le lycée Saint-Louis, boulevard Saint-Michel

                                  176. Le lycée Saint-Louis, boulevard Saint-Michel 

     

    Le collège d’Harcourt, après avoir accueilli l’Université de Jurisprudence, fut converti en prison, puis en caserne avant d’être  démoli sous le Directoire (1795-1799). Un nouvel édifice, érigé à son emplacement en 1814, accueillit, l’année suivante, une maison de correction. Après de nouveaux travaux, en 1819, il connut des affectations diverses. Sous la Restauration, en octobre 1820, il fut affecté à l’enseignement public sous le nom de collège royal Saint-Louis « ancien collège d’Harcourt ». En 1870, il fut rebaptisé Lycée Saint-Louis.

     

     

     

     

    Loi du 22 Ventôse an XII de la République relative aux Écoles de Droit

     

    177. Loi du 22 Ventôse an XII de la République relative aux Écoles de Droit (Bulletin des Lois de la République, n° 355).

     

    L’Académie de Législation et l’Université de Jurisprudence qui, sous la Révolution, tenaient lieu d’école de droit à Paris, permirent à nos Jeunes Messieurs d’étudier le droit, pendant cette période chaotique, sans perte de crédit. En effet, l’article 21 de la loi du 22 Ventôse an XII, qui rétablit les Écoles de Droit dont celle de Paris, organisa la délivrance par leurs professeurs de certificats de dispense partielle ou totale des enseignements au bénéfice des anciens élèves de l’Académie de législation et de l’Université de Jurisprudence. En voici les termes et les modalités :

     

    « Les élèves des écoles centrales et des établissements connus à Paris sous le nom d'Académie de Législation et d'Université de Jurisprudence, qui y auront suivi pendant trois ans les cours de législation, pourront, d'ici au 1.er vendémiaire an XV, obtenir le titre de licencié, en soutenant l'acte public général sur tous les objets d'étude fixés pour les trois premières années. Pour ceux qui auront moins de trois ans d'étude, le temps dont ils justifieront leur sera compté comme temps d'étude dans une école de droit. Ceux qui auront suivi des écoles particulières, pourront, jusqu'à la même époque, obtenir du Gouvernement une dispense d'une partie ou de la totalité du temps d'étude prescrit par la loi, selon la durée de celui pendant lequel ils auront suivi lesdites écoles particulières; à la charge de subir les examens et de soutenir l'acte public, comme il est dit à l'article IV ci-dessus ».

     

    Je publierai, dans le prochain chapitre XXV, en fichier PDF, le texte complet de cette loi, signée du premier Consul Bonaparte, que j’ai eu la chance de retrouver au Luxembourg !

     

     

     

     

    Avis de soutenance des thèses de Hyacinte Blondeau, ancien élève de l’Académie de Législation et de l’Université de Jurisprudence

     

    178. Avis de soutenance des thèses de Hyacinte Blondeau, ancien élève de l’Académie de Législation et de l’Université de Jurisprudence, et futur Doyen de la Faculté de Droit de Paris. 

     

    Un exemple significatif de la qualité plausible des enseignements dispensés, à Paris, dans les écoles de droit, dites privées ou particulières, nous est donné avec Jean-Baptiste-Antoine-Hyacinte Blondeau, l’un des plus grands jurisconsultes de sa génération (1784-1854).

     

     

    Né à Namur, en Belgique, Hyacinte Blondeau suivit ses études de droit à Paris, d’abord, en 1802, à l’Académie de législation, puis, l’année suivante, à l’Université de Jurisprudence. Grâce aux formations dispensées par ces deux écoles privées, et les équivalences d’enseignements accordées par la nouvelle École de Droit de Paris, il put y soutenir, l’année même de sa réouverture, le 19 août 1805, sa thèse de licence et obtenir le titre d’avocat.

     

    En 1808, il fut nommé professeur suppléant à cette École de Droit, devenue Faculté de Droit de Paris. Il y soutint sa thèse de doctorat, le 11 mai 1819. Il devint professeur en titre de droit romain dans cette même Faculté au décès du professeur Berthelot dont il était le suppléant. De 1830 à 1843, sous la Restauration, il fut nommé, par le pouvoir royal, Doyen de cette Faculté de Droit de Paris, à la place du doyen Claude-Étienne Delvincourt tombé en disgrâce (v. infra, chap. XXVIII : Les Doyens de la Faculté de Droit de Paris [1809-1843]). 

     

     

    À bientôt pour le prochain chapitre de cette rubrique consacrée à l’histoire de la Faculté de Droit de Paris en images et cartes postales anciennes :

    XXV : Réouverture de la Faculté de Droit de Paris en 1805 





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