•  

     

     

     

    Le Petit avocat (ND, c. 1903).

    1 Image extraite de la série de cartes postales des frères Neurdein, intitulée Le Petit avocat (ND, c. 1903).

     

     

    Plusieurs cartes postales anciennes imprimées grâce au procédé de la phototypie (cpa), éditées dans les années 1900 par la Maison Neurdein Frères, représentent des édifices et des personnalités en relation avec le Droit, l’Université de Paris et sa Faculté de Droit. Il en est ainsi de l’amusante série intitulée Le Petit avocat, déjà mise en ligne dans son intégralité sur ce blog dans la rubrique Enfants de Jure. 

     

    Aussi, je vous propose, aujourd’hui, après une courte présentation des deux frères Neurdein, de découvrir leurs photographies représentant, en plein cœur du Quartier Latin, la Faculté de Droit avec ses bâtiments, ses salles, ses professeurs et sa nouvelle Bibliothèque.

     

     

     

     

     

    ND, ND Phot., Collections ND Phot., X

    2. ND, ND Phot., Collections ND Phot., X (ces signatures en bas à droite des cartes postales permettent d’identifier La Maison Neurdein Frères).

     

     

           La Maison Neurdein Frères. Fils de Jean Neurdein, un célèbre photographe connu sous le pseudonyme de Charlet, Étienne Neurdein et Louis-Antonin Neurdein ouvrent, en 1863, un atelier de photographie à Paris rue des Filles du Calvaire, puis rue des Filles Saint-Thomas, boulevard Sébastopol, et, enfin, avenue de Breteuil.

     

       C’est à partir de 1868 que les frères Neurdein éditent des cartes postales. Contrairement à d’autres concurrents uniquement éditeurs donc commerçants, ils étaient, tout à la fois, éditeurs, imprimeurs et surtout photographes. En 1886 et 1888, ils obtiennent une médaille d’or à l’Exposition internationale de la Société des Sciences et des Arts. En 1889, ils obtiennent une médaille d’or à l’Exposition universelle. Et, en 1898, le ministère de l’Instruction publique leur octroie le droit d’exploiter les collections du service des monuments historiques, avec possibilité de tirer et de mettre en vente les épreuves obtenues à partir des clichés de l’État.

     

    Vers 1905, les frères Neurdein publièrent le catalogue de leur production, sous ce titre ; « CATALOGUE DES COLLECTIONS ET SUJETS DIVERS EDITES DANS LE FORMAT CARTE POSTALE PAR NEURDEIN FRERES, PHOTOGRAPHES, EDITEURS, IMPRIMEURS, 52 AVENUE DE BRETEUIL, PARIS 7èME, MARQUE N.D.PHOT, GRAND PRIX DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE PARIS 1900 »

     

     

     

     

     

    La rue Soufflot et le Panthéon (collections ND phot., cpa colorisée à la main).

    3. La rue Soufflot et le Panthéon (collections ND phot., cpa colorisée à la main).

     

     

    À la Belle Époque, les photographes des maisons d’édition  de cartes postales débutaient systématiquement leur ballade au Quartier Latin avec la prise de vue, devant le grilles du Jardin du Luxembourg, de la place Edmond Rostand, aussi dénommée carrefour Soufflot, à la jonction du Boulevard Saint-Michel et de la rue de Médicis. On peut y voir, aujourd’hui encore, le bassin Soufflot, œuvre de Gabriel Davioud, orné d’une sculpture de Gustave Crauk.

     

    Cette place Edmond Rostand s’ouvre sur la rue Soufflot qui est bordée (à gauche de cette cpa), à partir de la rue Saint-Jacques, de l’un des quatre murs de l’ancienne École de Droit, aujourd’hui siège de chacune des Universités de Paris-I-Panthéon-Sorbonne et de Paris-II-Assas.

     

     

     

     

     

    La Faculté de Droit de Paris par les frères Neurdein (CPA)

                                    4. La Faculté de Droit de Paris (ND).

     

     

      Cette photographie des frères Neurdein montre deux des façades de l’îlot de la Faculté de Droit de Paris donnant sur la place du Panthéon, et bordé par les rue Soufflot, Saint-Jacques et Cujas. Celle qui donne sur la rue Saint-Jacques (à gauche), et celle qui donne sur la rue Soufflot (à droite) jusqu’à la place du Panthéon. 

     

     

     

     

     

     La Faculté de Droit de Paris par les frères Neurdein (CPA)

    5. Une séance du Conseil de la Faculté de Droit de Paris, sous la présidence du Doyen Charles Lyon-Caen (ND phot.).

     

     

      Charles Lyon-Caen (25 décembre 1843, Paris – 17 décembre1935, Paris), la quatrième personne assise à partir de la gauche, agrégé à Nancy (1867), puis à Paris (1872), devint professeur à la Faculté de Droit de Paris en 1881. Il y enseigna successivement le Droit romain, le Droit commercial, le Droit maritime et la législation commerciale comparée. Il fut élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1893, et devint président de sa section de législation, droit public et jurisprudence en 1905, et secrétaire perpétuel en 1918.

     

      C’est en 1906 que Charles Lyon-Caen fut élu par ses pairs Doyen de la Faculté de Droit de Paris, succédant ainsi à Ernest Désiré Glasson. Il assuma cette charge jusqu’en 1910 (ou 1911 ?), et prit sa retraite en 1919.

     

     

     

     

     

    La Salle d’Examen de la Faculté de Droit de Paris (ND phot.).

      6. La Salle d’Examen de la Faculté de Droit de Paris (ND phot.).

     

     

    Avant l’introduction, en 1922, des examens à la Faculté de Droit de Paris sous la forme d’écrit, les examens prenaient la seule forme d’un oral. Le jour de l’examen, les étudiants se présentaient donc devant les professeurs par groupe de quatre à la fois. Chaque examen oral était fait par au moins trois professeurs (quatre pour les soutenances des thèses de licence et de doctorat).

     

     

     

     

     

    La Salle d’Examen de la Faculté de Droit de Paris (ND phot.).

       7. La Salle d’Examen de la Faculté de Droit de Paris (ND phot.).

     

     

    La Faculté de Droit de Paris attendit les années 1884 et 1885 pour permettre à une jeune femme d’assister aux cours, sous réserve d’être accompagnée d’un chaperon, sa mère ou son mari (cette personne, la roumaine Sarmiza Bilescuest, deviendra la première licenciée en droit en 1887). Depuis, de plus en plus d’étudiantes étrangères arrivèrent à Paris. De 1905 à 1913, elles étaient même plus nombreuses que les étudiantes françaises (la majorité d'entre elles venaient de Russie, de Roumanie et de Pologne).

     

     

     

     

     

    Faculté de Droit de Paris, Monsieur le Professeur Garçon (ND phot.).

    8. Faculté de Droit de Paris, Monsieur le Professeur Garçon (ND phot.).

     

     

    Émile Auguste Garçon (26 septembre 1861, Poitiers – 12 juillet 1922, Paris), fut professeur à Lille en 1898, agrégé à Paris en 1899, professeur adjoint en 1901 et professeur en 1903, chargé du cours de Législation criminelle et procédure pénale.

     

     

     

     

     

    XLIV  La Faculté de Droit de Paris par les frères Neurdein (CPA)

    9. Faculté de Droit de Paris, Messieurs les Professeurs Garçon et Le Poittevin (ND phot.).

     

     

       Alfred Léon Le Poittevin (17 septembre 1864, Valognes – 28 décembre 1923, Paris), à droite de la photographie, fut chargé de cours et agrégé à Douai en 1880, agrégé à Paris en 1885, professeur adjoint en 1892 et professeur en 1896, chargé du cours Législation et procédure criminelles.

     

     

     

     

    Faculté de Droit de Paris, Certificat de Droit pénal

     10. Faculté de Droit de Paris, Certificat de Droit pénal (ND phot.).

     

     

        Certificat de Droit pénal, conférence du professeur Émile Garçon.

     

     

     

     

    Faculté de Droit de Paris, Certificat de Droit pénal (ND phot.)

      11. Faculté de Droit de Paris, Certificat de Droit pénal (ND phot.).

     

     

    Émile Garçon (assis) et Alfred Léon Le Poittevin (debout), professeurs titulaires des deux chaires de droit pénal de la Faculté de Droit de Paris. En 1922, année de la mort d’Émile Garçon et de la retraite d’Alfred Léon Le Poittevin, leurs chaires furent attribuées aux professeurs Louis Hugueney et Henri Donnedieu de Vabres. 

     

     

     

     

     

    La Bibliothèque de la Faculté de Droit de Paris (ND phot.).

          12. La Bibliothèque de la Faculté de Droit de Paris (ND phot.).

     

     

    Comme je l’avais annoncé dans le précédent chapitre XLII (La Bibliothèque de Droit, rue Cujas 2/3), voici les deux photographies, éditées par les frères Neurdein, de la grande salle de lecture de la nouvelle Bibliothèque de la Faculté de Droit de Paris, reconstruite par l’architecte Lheureux entre 1893 et 1898 dans le cadre de la reconfiguration générale de cette Faculté suite à ses travaux d’extension jusqu’à la rue Saint-Jacques décrits sous le chapitre XXXIX (Les travaux d'agrandissement de 1876 à 1900). 

     

     

     

     

     

    La Bibliothèque de la Faculté de Droit de Paris (ND phot.).

          13. La Bibliothèque de la Faculté de Droit de Paris (ND phot.).

     

     

    Située au numéro 5 de la rue Cujas, dans l’îlot même de la Faculté de Droit, la nouvelle bibliothèque pouvait accueillir 288 lecteurs dans deux grandes salles se divisant chacune en deux sections distinctes. Elle fut transférée le 24 novembre 1958 au numéro 2 de la rue Cujas (Chapitre XLII : La Bibliothèque de Droit, rue Cujas 3/3).

     

    À bientôt pour le prochain chapitre XLV : La Faculté de Droit de Paris par la Maison Léon & Lévy (CPA).


  •  

     

     

    Les petits métiers de Paris : la marchande de cartes postales (1900)

            1 Les petits métiers de Paris : la marchande de cartes postales (1900).

     

     

    La Maison Léon & Lévy. Isaac Lévy (1833-1913), dit Georges Lévy et, en affaires, J. Lévy, et son beau-fils Moyse Léon fondèrent, en 1864, la Maison Léon & Lévy. Éditeurs, imprimeurs et photographes, ils produisirent d’abord des stéréoscopies puis des cartes postales. Ils devinrent ainsi le plus important éditeur français de cartes postales, juste après la maison des deux frères Neurdein. Leur production s’éleva à environ 10 000 cartes postales contre 60 000 pour les Neurdein.

     

    LL. On reconnaît les cartes postales de La Maison Léon & Lévy au sigle LL imprimé en bas à droite de celles-ci.

     

    Lévy et Neurdein Réunis. À partir de 1904,  la maison Neurdein Frères connut de graves difficultés financières et dût être confiée à Émile Armand, gendre d’Antonin Neurdein, puis vendue à M. Crété qui la revendit très rapidement aux Lévy. Aussi, les nouvelles cartes postales éditées portèrent-elles désormais le sigle suivant :

     

    LÉVY ET NEURDEIN RÉUNIS, 44 RUE LETELLIER, PARIS, IMP.

     

     

     

    La rue Soufflot et le Panthéon – LL (cpa coloriée au pochoir. c. 1900).

        2   La rue Soufflot et le Panthéon – LL (cpa coloriée au pochoir. c. 1900).

     

     

         Comme pour la Maison d’édition Neurdein Frères (v. chapitre XLIV : La Faculté de Droit de Paris par les frères Neurdein) les cartes postales de la Maison Léon & Lévy consacrées au Quartier Latin et à sa légendaire Faculté de Droit de la place du Panthéon, débutent par une photographie de la rue Soufflot et du Panthéon avec, en premier plan la fontaine Soufflot, sur la place Edmond Rostand, à la jonction du Boulevard Saint-Michel et de la rue de Médicis.

     

    Cette photographie, à l’origine noir et blanc, a été magnifiquement colorisée, dans les années 1900, au pochoir, par les petites mains d’une femme, bien plus habile pour cette tâche qu’un homme.  

     

             Paris. L’École de Droit. Vue Panoramique, prise du Panthéon – LL

            3. Paris. L’École de Droit. Vue Panoramique, prise du Panthéon – LL 

     

     

      De gauche à droite : des colonnes du Panthéon, la rue Soufflot, la façade principale de l’École de Droit (aujourd’hui siège des Universités de Paris-I-Panthéon-Sorbonne et de Paris-II-Assas) ; la rue Cujas, l’entrée principale de l’ancien Collège Sainte-Barbe (aujourd’hui BIU Cujas), et la Bibliothèque Sainte-Geneviève.

     

     

     

    4. Paris. La Place du Panthéon – LL

                                    4. Paris. La Place du Panthéon – LL 

     

     

     

    De gauche à droite : la façade principale de l’École de Droit ; la Bibliothèque Sainte-Geneviève, et le Panthéon.

     

    Paris. L’École de Droit – LL

                                        5. Paris. L’École de Droit – LL 

     

     

       De gauche à droite : la rue Soufflot, la façade principale de l’École de Droit donnant sur la place du Panthéon, et la rue Cujas.

     

     

    Paris. L’École de Droit – LL

                                         6. Paris. L’École de Droit – LL 

     

     

       Cette photographie panoramique a sans doute été prise le même jour, voire à la même heure, que la précédente (n° 5). Les calèches et les passants sont différents.

     

     

     

    Paris. L’École de Droit – LL

                                        7. Paris. L’École de Droit – LL 

     

     

     

    De gauche à droite : la rue Soufflot, bordée par l’un des murs de l’École de Droit, et la façade principale de cette École, plus tard renommée Faculté.  

     

     

    Paris. La rue Soufflot – LL

                                         8. Paris. La rue Soufflot – LL 

     

     

      De gauche à droite : la mairie du Vème arrondissement, la rue Soufflot se prolongeant jusqu’à la place Edmond Rostand et le Jardin du Luxembourg ; la rue Soufflot, et l’un des quatre murs de la Faculté de Droit jusqu’à la rue Saint-Jacques. 


  •  

     

     

     Amateurs et Collectionneurs de Cartes Postales illustrées de la Belle Epoque, aujourd’hui dits cartophiles

    1 Amateurs et Collectionneurs de Cartes Postales illustrées de la Belle Epoque, aujourd’hui dits cartophiles.

                                               

     

    J’ai consacré les deux précédents chapitres aux cartes postales de la Belle Époque (de 1896 à 1914), représentant la rue Soufflot et la Faculté de Droit de Paris, éditées par les maisons Neurdein Frères (chapitre XLIV) et Léon & Lévy (chapitre XLV), qui étaient également photographes et imprimeurs. Ces cartes étaient toutes imprimées grâce au procédé de la phototypie (impression en demi-teinte donnant une image de très bonne qualité, mate et non brillante).

     

    Mais ces deux maisons d’édition, les plus célèbres de Paris, n’étaient pas les seules à profiter du succès considérable des cartes postales auprès du public (plus de 800 millions envoyées en 1914). De multiples éditeurs parisiens ou provinciaux tentèrent, eux aussi, de profiter de l’âge d’or des cartes postales. Voici donc celles représentant la Faculté de Droit de Paris éditées par certains d’entre eux, identifiables grâce à leur sigle ou logo imprimé au recto (partie réservée à l’adresse !) ou au verso (partie réservée à la photographie !). On ne sait pas toujours si ces éditeurs étaient également photographes et imprimeurs.

     

     

     

     

    Collection Ernest Le Deley (E.L.D)

                                 2. Collection Ernest Le Deley (E.L.D)

     

     

     Ernest-Louis-Désiré Le Deley était un éditeur de cartes postales de rayonnement national, installé à Paris, 127 boulevard de Sébastopol, avec une succursale à Lille, rue Boucher de Perthes.

     

     

     

     

    Rue Soufflot (Architecte du Panthéon… et de L’École de Droit). Collection Ernest Le Deley (E.L.D)

    3 Paris. Rue Soufflot (Architecte du Panthéon… et de L’École de Droit). Collection Ernest Le Deley (E.L.D).

     

     

     

     

     

    Mairie du Vème arrondissement et L’École de Droit. Place du Panthéon. Collection Ernest Le Deley (E.L.D).

    4 Paris. Mairie du Vème arrondissement et L’École de Droit. Place du Panthéon. Collection Ernest Le Deley (E.L.D). 

     

     

     

     

     

    Paris. École de Droit. Place du Panthéon. Collection Ernest Le Deley (E.L.D).

    5 Paris. École de Droit. Place du Panthéon. Collection Ernest Le Deley (E.L.D).

     

     

     

     

     

    Faculté de Droit. Façade donnant sur la rue Saint-Jacques. Collection Ernest Le Deley (E.L.D).

    6  Paris. Faculté de Droit. Façade donnant sur la rue Saint-Jacques. Collection Ernest Le Deley (E.L.D).

     

     

     

     

     

    Paris. La Rue Soufflot et le Panthéon. Collection A. P.

                        7. Paris. La Rue Soufflot et le Panthéon. Collection A. P.

     

     

    Les cartes signées A. P. ont été produites par plusieurs éditeurs et imprimeurs comme A. Papeghin, établi à Tours, et à Paris, 24 rue des Petites-Écuries, ou Paul Allorge, installé à Montlhéry. 

     

     

     

     

    Paris. Le Panthéon et la Rue Soufflot. Collection A. P.

                   8. Paris. Le Panthéon et la Rue Soufflot. Collection A. P.

     

     

    À gauche de la photographie, la façade de la Faculté de Droit.

     

     

     

     

     

    Paris. La Rue Soufflot et vue panoramique vers la Tour Eiffel, prise du Panthéon. Collection A. P.

    9. Paris. La Rue Soufflot et vue panoramique vers la Tour Eiffel, prise du Panthéon. Collection A. P.

     

     

    À gauche de la photographie, la mairie du Vème arrondissement. À droite, la façade de la Faculté de Droit de la place du Panthéon à la rue Saint-Jacques. 

     

     

     

     

    XLVII La Faculté de Droit de Paris par d'autres éditeurs de CPA

    10. Paris. La Mairie et la Faculté de Droit, qui confère les grades de Bachelier, de Licencié ou de Docteur en Droit.

     

     

    F. Fleury, 43 avenue de la République à Paris, était un imprimeur qui travaillait surtout pour des éditeurs (marque Jan. Edition d’Art).

     

     

     

     

     

    École du Droit. Place du Panthéon. Collection F. F.

                 11 Tout Paris. École du Droit. Place du Panthéon. Collection F. F.

     

     

     

     

     

    École de Droit. Place du Panthéon. Collection F. F.

                        12 École de Droit. Place du Panthéon. Collection F. F.

     

     

     

     

     

    Paris. École de Droit. Collection Berthaud Frères (B. F.)

                       13 Paris. École de Droit. Collection Berthaud Frères (B. F.)

     

     

    Les frères Berthaud étaient des imprimeurs et photographes parisiens dont le sigle B. F., ou B.  F., Paris, était suivi d’un petit dessin, un héliotrope couché (plante de la famille des borraginés, qui se tourne sans cesse vers le soleil).

     

     

     

    École de Droit. Collection Berthaud Frères (B. F.)

                     14 Paris. École de Droit. Collection Berthaud Frères (B. F.)

     

     

    Vers 1906, les frères Berthaud publièrent, sous des sigles variables, leurs meilleures cartes postales, en version colorisée au pochoir, une à une, par des « petites mains » de femmes jugées bien plus habiles que les hommes pour ce travail ignoré de nos musées d’aujourd’hui.

     

     

     

      À bientôt pour de nombreux autres chapitres de cette histoire de la Faculté de Droit de Paris en images et cartes postales anciennes que je suis en train de préparer. Ces chapitres seront consacrés notamment aux Doyens, aux Professeurs et aux manifestations d'Etudiants de cette Faculté  au XXème siècle.


  •  

     

     

     

    Le siège de Paris par l’armée allemande (illustration de Fritz Neumann)

         1 Le siège de Paris par l’armée allemande (illustration de Fritz Neumann).

     

    Petite leçon d’histoire. Avant d’évoquer les heurs et malheurs d’Émile Accolas, nommé à l’improviste Doyen de la Faculté de Droit de Paris par la Commission de l’enseignement du Conseil de la Commune,  il convient de donner quelques repères sur ces années 1870-1871, parmi les plus folles de notre Histoire de France et de Paris.

     

    Bon, je commence :

     

    Entrée en guerre contre la Prusse, le 19 juillet 1870, la France fut vaincue par l’armée allemande (prussienne) avec une soudaineté effroyable (défaite de Sedan, le 1er septembre 1870, et emprisonnement de l’empereur Napoléon III). Aussitôt, le 4 septembre 1870, la Troisième République fut proclamée sur la place de l’Hôtel de Ville de Paris, marquant ainsi la fin du Second Empire.

     

    Le premier siège de Paris. Puis les troupes prussiennes assiégèrent Paris pendant les quatre mois de l’hiver 1870-1871, bombardant notamment le Palais du Luxembourg et son jardin, non loin de la Faculté de Droit (voir dans la rubrique Au Quartier Latin, les chapitres 66 : Le jardin du Luxembourg pendant le siège de Paris 1870-187, et 67 : Le fusillement des Fédérés au jardin du Luxembourg).

     

    La France capitula, et l’armistice fut signé le 28 janvier 1871. Le traité de paix de Francfort du 19 mai 1871 obligea la France à abandonner l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne.

     

     

     

     

     

             La Garde nationale gardant les remparts lors du siège de Paris par les Versaillais (illustration de G. Germain).

    2. La Garde nationale gardant les remparts lors du siège de Paris par les Versaillais (illustration de G. Germain). 

     

               Le second siège de Paris. Mais la proclamation de la Troisième République, la capitulation de la France, et la fin du siège de Paris qui s’en suivit ne donnèrent aucun répit aux Parisiens et Parisiennes. Dès le mois de mars 1871, ils furent confrontés à un nouvel épisode dramatique : celui de la Commune de Paris, avec un nouveau siège de la capitale, cette fois, par l’armée française régulière ou légitime qui était établie à Versailles.

     

            Deux événements déclenchèrent l’insurrection communale :

     

     

     

    Paris : « Je veux être libre !... c’est mon droit et je me défends » (illustration de W. Alesis).

    3 Paris : « Je veux être libre !... c’est mon droit et je me défends » (illustration de W. Alesis).

     

               D’une part, de nombreux Parisiens, issus des classes populaires, souvent socialistes, voire des utopistes et des anarchistes, dénoncèrent les conditions de l’armistice avec la Prusse.

     

     

     

    Un canon des soldats de la Garde nationale à l’Hôtel des Invalides

              4 Un canon des soldats de la Garde nationale à l’Hôtel des Invalides

              

           D’autre part, Adolphe Thiers, nouveau chef du Gouvernement républicain, avait envoyé, dans Paris, le 18 mars 1871, plus de 4000 soldats, dénommés les « Versaillais », pour reprendre les canons qui avaient été financés par les Parisiens eux-mêmes pour défendre la capitale.

     

               Ces canons étaient encore aux mains des soldats de la Garde nationale (plus de 150 000 hommes issus de la petite bourgeoisie et du monde ouvrier. Depuis, la Restauration, tous les hommes de 25 à 50 ans en faisaient partie. Ceux qui refusaient de la rejoindre étaient momentanément emprisonnés, comme Honoré de Balzac !). Or ces soldats menaçaient de reprendre les combats contre les prussiens au grand dam de la nouvelle Assemblée nationale républicaine réfugiée à Versailles, et dont la majorité était favorable aux conditions de paix imposées par la Prusse.

     

     

     

     

     

    Proclamation de la Commune de Paris devant l’Hôtel de Ville

                5. Proclamation de la Commune de Paris devant l’Hôtel de Ville

     

               Le 26 mars 1871, les Insurgés, aussi dénommés Communards, Fédérés ou Révolutionnaires, devenus maîtres de la capitale, firent élire par les Parisiens un Conseil général de la Commune sous le nom de Commune de Paris. Cet organe, contre-gouvernement de celui des Versaillais, fut chargé de gérer Paris de manière autonome, et ce conjointement avec le Comité central de la Garde nationale, lui-même érigé en Gouvernement et installé à l’Hôtel de Ville de Paris.

     

     

     

    Appel du Comité de Salut Public à la mutinerie des Soldats de l’Armée de Versailles

    6 Appel du Comité de Salut Public à la mutinerie des Soldats de l’Armée de Versailles (affiche éditée le 3 prairial an 79, soit le 22 mai 1871).

     

               Le nouveau Comité de Salut Public de la Commune de Paris appela aussitôt les soldats des troupes légitimes versaillaises à se mutiner et à rejoindre le peuple de Paris : « Venez à nous, Frères, venez à nous ; nos bras vous sont ouverts ! ». Suite à cet appel, de nombreux soldats versaillais se mutinèrent.

     

               Aussi, pour rétablir l’ordre, Adolphe Thiers, s’inspirant des leçons de la Révolution de 1848, se résolut-il à livrer Paris aux Insurgés pour d’abord les y enfermer, ensuite les y écraser. Dès le 2 avril 1871, les Insurgés durent alors affronter les attaques et les bombardements des troupes régulières commandées par Mac-Mahon.

     

     

     

     

    La barricade de la Chaussée Ménilmontant (18 mars 1871)

                    7. La barricade de la Chaussée Ménilmontant (18 mars 1871)

              

               En réaction, les Insurgés érigèrent des barricades dans de nombreuses rues de la capitale (chaussée Ménilmontant, rue de la Paix, rue Soufflot, rue de Charonne, angle des boulevard Voltaire et Richard Lenoir, rue d’Allemagne et Sébastopol…).

     

     

     

     

    Panorama des incendies de Paris pendant la Commune

                       8. Panorama des incendies de Paris pendant la Commune

     

    … et ils incendièrent, dans la semaine du 24 au 26 mai 1871, de nombreux monuments symboles du pouvoir comme le Palais des Tuileries, l’Hôtel de Ville, le Palais-Royal, le Palais d’Orsay, la Préfecture de Police, le Conseil d’État, le Palais de Justice… (ils fusillèrent également une multitude de Parisiens qui ne les avait pas rejoint !).

     

     

     

     

    La Salle des Pas Perdus du Palais de Justice, après l’incendie de la Commune en 1871 (photographie d’Alphonse Liébert).

    9. La Salle des Pas Perdus du Palais de Justice, après l’incendie de la Commune en 1871 (photographie d’Alphonse Liébert).

     

            Parmi ces monuments, je retiendrai le Palais de Justice, temple du Droit et du Pouvoir, situé, depuis son origine, dans le Palais de la Cité, qui fut, du Xe au XIVe siècle, la résidence et le siège du pouvoir royal et des institutions de la justice (Parlement, Chambre des Comptes, Chancellerie).  

     

               Par acte contraire aux lois ordinaires de la nature et produit par une puissance surnaturelle, aussi appelé miracle divin, la Sainte-Chapelle, qui surplombe les bâtiments du Palais de Justice de l’île de la Cité, ne fut pas atteinte par les flammes de la terrible semaine du 24 au 26 mai 1871. Mais plusieurs autres bâtiments qui venaient tout juste d’être restaurés après une succession d’incendies lors des deux derniers siècles (1601, 1618, 1630, 1737, 1776), furent entièrement détruits par l’incendie qui avait été allumé en plusieurs endroits par les Insurgés. Il en fut ainsi de la célèbre Salle des Pas Perdus, dont un premier incendie en 1601 avait provoqué la destruction des statues en bois des rois de France qui s’y trouvaient.

     

            On notera que très peu de temps après l’incendie de mai 1871, les travaux de reconstruction du Palais de Justice de l’Île de la Cité furent entrepris par l’architecte Honoré Daumier, et achevés par l’architecte Albert Touraine à la veille de la Première Guerre Mondiale.

     

     

     

     

    La veuve et les enfants d’un Fédéré fusillé contre le mur d’enceinte du cimetière du Père Lachaise (illustration d’Ernest Pichio datée de 1877)

    10. La veuve et les enfants d’un Fédéré fusillé contre le mur d’enceinte du cimetière du Père Lachaise (illustration d’Ernest Pichio datée de 1877).

     

     

               « La Semaine sanglante ». Mais, dès le 21 mai 1871, les troupes versaillaises étaient entrées dans Paris. Supérieures en nombre et en armes, elles purent reprendre, en moins d’une semaine, le contrôle de tous les quartiers en refoulant les Insurgés au cours de combats d’une extrême violence (dix-sept mille Fédérés furent fusillés et plus de trente mille arrêtés).  

     

               La guerre civile prit fin, les 27 et 28 mai 1871, avec les derniers combats au cimetière du Père Lachaise, et le massacre de plus de quatre cent Fédérés fusillés contre son mur d’enceinte (le Mur des Fédérés). 

     

     

     

     

     

    La barricade de la rue Soufflot en 1871

    11. La barricade de la rue Soufflot en 1871 (en haut de la rue, les murs de la Faculté de Droit donnant sur la place du Panthéon et son monument éponyme).

     

    Après avoir résumé en quelques lignes les événements bien embrouillés de ces années 1870-1871, je vous invite à rejoindre le Quartier Latin, la rue Soufflot et la place du Panthéon avec sa Faculté de Droit, qui fut désertée par son Doyen, ses professeurs et ses étudiants pendant la Commune !

     

    Car, en effet, le Quartier Latin ne fut guère épargné par les événements tragiques de la Commune. Face à l’entrée principale de la Faculté de Droit, l’église du Panthéon devint même, au printemps de l’année 1871, le quartier général des Communards qui placèrent un drapeau rouge sur la croix, mutilée de ses bras, au sommet de son dôme. Et, le long d’un pan des murs de la Faculté de Droit, la rue Soufflot fut occupée par les Insurgés qui y installèrent trois barricades dont celle représentée sur cette photographie de l’époque.

     

     

    Toutefois, dès le 21 mai, après le siège de la capitale, les soldats versaillais investirent le jardin du Luxembourg et prirent le contrôle des rues Cujas, Malebranche et Mouffetard, et de la place Maubert. Ils encerclrentt alors les Insurgés de la rue Soufflot et du Panthéon. Le 24 mai, les Versaillais fusillèrent plus de sept cent Communards sur la place du Panthéon, en face de la porte d’entrée de la Faculté de Droit, et dans les rues voisines.

     

     

     

     

    Un étudiant en Droit en 1870 (photographie de Nadar)

                      12 Un étudiant en Droit en 1870 (photographie de Nadar).

         

          Sauf erreur de ma part, pendant la Commune, la Faculté de Droit de la place du Panthéon, située en plein cœur d’un Quartier Latin en état de guerre civile, n’a guère été un vivier d’Insurgés et de Révolutionnaires :

     

               - D’un côté, ses étudiants issus de la bourgeoisie aisée parisienne ou provinciale conservatrice et légitimiste, et, le plus souvent, de familles de gens de robes du droit (juges, avocats, professeurs), étaient étrangers, par naissance, aux idéologies socialistes, antibourgeoises et anticléricales des classes populaires révolutionnaires.

     

     

     

     

    Charles Beudant, nommé professeur à la Faculté de Droit de Paris en 1870

    13 Charles Beudant, nommé professeur à la Faculté de Droit de Paris en 1870.

     

               - De l’autre, les professeurs en poste, qui avaient fait carrière sous la Monarchie de juillet, la Deuxième République et le Second Empire, enseignaient et ménageaient un ordre social posé par le Code civil de 1804, bien éloigné d’une République rouge défendue par les Communards (vingt professeurs étaient en poste en 1871 : Auguste Demante, Edmond Colmet de Santerre, Gabriel Frédéric Colmet-Daâge, Jacques Duverger, Paul Gide, Charles Alphonse Chambellan, Eugène Machelard, François Jean Ratau, Claude Valette, Charles Beudant, Claude Bufnoir, Joseph Émile Labbé... Certains d’entre eux devenus députés siégeaient même l’Assemblée refugiée à Versailles dans les rangs des conservateurs (Anselme Batbie, Albert Desjardins).

     

     

     

     

    Joseph-Louis-Elzear Ortolan (1802-1873)

    14 Joseph-Louis-Elzear Ortolan (1802-1873). Photographie prise avant le 7 mars 1873 (date de la mort du sujet). 

     

               C’est ainsi que la Faculté de Droit de Paris, comme les autres Facultés et lycées de la capitale, fut tout bonnement désertée par ses étudiants et professeurs pendant l’insurrection communale de mars 1871 à juin 1871 (Adolphe Thiers avait ordonné aux fonctionnaires de rester chez eux, et la plupart des professionnels de la justice s’étaient éclipsés à l’exception de deux notaires parisiens !).

     

            Aucun cours, ni aucune réunion n’eurent donc lieu pendant cette période, à l’exception de conférences publiques pour les ouvriers données par le professeur Joseph-Louis-Elzear Ortolan. Ses conférences faisaient suite à celles destinées à la jeunesse et aux ouvriers données, depuis le 10 octobre 1870, par les professeurs Jacques Duverger, Jules Louis Léveillé, Charles Giraud et François de Valroger, à la demande du vice-recteur.

     

     

     

     

     

    Émile Accolas, nommé Doyen de la Faculté de Droit de Paris par le Conseil de la Commune (photographie de Nadard)

    15 Émile Accolas, nommé Doyen de la Faculté de Droit de Paris par le Conseil de la Commune (photographie de Nadard).

     

            Un Doyen légitime. Quant au professeur Gabriel Frédéric Colmet-Daâge (1813-1896), qui était Doyen de la Faculté de Droit de Paris depuis juin 1868, il quitta promptement la capitale avec sa famille dès le début des troubles. Il ne revint exercer sa charge décanale qu’après le massacre des Insurgés par les soldats versaillais. Il exerça la fonction de Doyen jusqu’en 1878 (Charles Beudant lui succéda), et il prit sa retraite en 1879.

     

               Un Doyen illégitime. Profitant de l’absence du Doyen Colmet-Daâge, la Commission de l’enseignement du Conseil de la Commune, sitôt constituée, nomma, en avril ou en mai 1871, Émile Accolas en qualité de Doyen de la Faculté de Droit, peu lui important son absence de légitimité au regard du pouvoir central et de l’administration de l’Instruction publique réfugiée à Versailles.

     

               Émile Accolas avait fait ses études à la Faculté de Droit de Paris. Opposant à l’Empire, il  avait été condamné à un an de prison avant de s’exiler en Suisse où il fut d’une part nommé professeur de droit civil à la Faculté de Droit de Berne, d’autre part co-fondateur de la Ligue de la Paix et de la Liberté à Genève.

     

               Ce juriste atypique de « gauche » ne pouvait que plaire aux Communards parisiens car il critiquait le Code civil napoléonien, et soutenait dans ses écrits des idées novatrices en matière notamment de propriété, de droits de l’homme, d’égalité des femmes (émancipation complète de la femme mariée) et des enfants (reconnaissance des droits de l’enfant naturel, abolition de la puissance paternelle). Comme les Communards, il était également favorable à la séparation de l’Église et de l’État, ainsi qu’à l'instruction laïque, gratuite et obligatoire. Plus encore, depuis Berne, il avait adressé en 1871 de nombreuses lettres aux maîtres de la Commune de Paris dans lesquelles il approuvait leurs revendications, et plaidait pour une médiation entre l’Assemblée versaillaise et la Commune (ces lettres sont réunies dans l’ouvrage d’Émile Accolas : « Ma participation à l’insurrection de Paris », Berne éditeur J. Allemann, 1871).

     

               Malheureusement pour les Communards, la participation d’Émile Accolas à l’insurrection de Paris se limita à ses seules lettres écrites depuis la paisible Suisse. Par prudente lâcheté, Émile Accolas refusa de rejoindre Paris pour exercer ses nouvelles fonctions de Doyen de la Faculté de Droit. Il ne rentra à Paris qu’après l’écrasement de la Commune par les troupes de l’armée versaillaise. Il sollicita aussitôt une chaire à la Faculté de Droit qui lui fut sèchement refusée par Jules Simon, le ministre de l’Instruction publique. Dépité de tant d’ingratitude de l’Université de Paris à son égard, Émile Accolas repartit en Suisse où il fonda la revue mensuelle : La Science politique.

     

     


  •  

     

     

     

    L’École de Droit, renommée Faculté, place du Panthéon (c. 1900)

                   1 L’École de Droit, renommée Faculté, place du Panthéon (c. 1900)

     

    D’un siècle…. Dans un précédent chapitre, j’ai présenté les Doyens qui se sont succédés à la tête de la Faculté de Droit de Paris tout au long du XIXème siècle (chapitre XXIX : Onze Doyens de la Faculté de Droit de Paris au XIXe siècle).

     

    Jusqu’en 1885, ils étaient choisis et nommés par l’État, sans le consentement de leurs collègues. Puis, à partir de 1887, à l’occasion de la succession de Charles Beudant à la charge décanale, ils ont été nommés par arrêté ministériel, pour une durée de trois années, après avoir été élus par les professeurs titulaires de la Faculté (aux termes d’un décret du 28 décembre 1885, le conseil de la Faculté devait présentait deux candidats au décanat, au choix du ministre de l’Instruction).

     

    1805-1809 : Louis-François René Portiez, surnommé de l’Oise

    1809-1830 : Claude-Étienne Delvincourt

    1830-1843 : Hyacinthe Blondeau

    1843- 1845 : Pelligrino Rossi

    1845-1846 : Jacques Berriat, dit Saint-Prix

    1846-1847 : Albert-Paul Royer-Collard

    1847-1868 : Auguste Pellat

    1868-1879 : Gabriel Frédéric Colmet-Daâge

    1879- 1887 : Charles Beudant

    1887-1896 : Edmond Colmet de Santerre

    1896-1899 : Eugène Garsonnet

     

    … à l’autre. Je vous invite, aujourd’hui, à découvrir les professeurs de la Faculté de Droit de Paris qui furent nommés Doyens après avoir été élus par leurs pairs entre 1899 et 1922 :

     

    1899-1906 : Ernest Désiré Glasson

    1906-1910 : Charles Lyon-Caen

    1910-1913 : Paul Cauwès 

    1913-1922 : Ferdinand Larnaude (élections suspendues pendant la guerre)

     

     

     

     

    Ernest Désiré Glasson, Doyen de la Faculté de Droit de Paris de 1899 à 1906

                               2 Ernest Désiré Glasson, Doyen de 1899 à 1906

     

    Né le 6 octobre 1839 à Noyon dans l’Oise et mort le 6 janvier 1907 à Paris, Ernest Désiré Glasson fut d’abord professeur de législation au lycée de Strasbourg (1863), et chargé de cours à la Faculté de Droit de Strasbourg (1864). Agrégé à Nancy (1865), à Paris (1867), à Poitiers (1871), et de nouveau à Paris (1875), il devint professeur à la Faculté de Droit de la capitale en 1878, chargé du cours de Code civil, puis de celui de Procédure civile.

     

    Ernest Désiré Glasson fut élu Doyen de la Faculté de Droit de Paris en 1899, avec 30 voix sur 32, succédant à Eugène Garsonnet. Son mandat triennal de Doyen lui fut renouvelé une première fois en février 1902 (32 voix sur 36), et une seconde fois en février 1905 (26 voix sur 38). Il démissionna, l’année suivante, pour raisons de santé.

     

               Élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1882, Ernest Désiré Glasson est l’auteur de nombreux ouvrages dont un Précis théorique et pratique de procédure civile (2 volumes, 1902, avec le concours, au point de vue pratique, de P. Colmet-Daage), et une Histoire du droit et des institutions de la France (8 volumes, 1887-1903).

     

     

     

     

     

    Charles Lyon-Caen, Doyen de 1906 à 1910

    3 Charles Lyon-Caen, Doyen de 1906 à 1910 (tableau de Georges Léo Degorce. Peace Palace Library. The Hague. The Netherlands).

     

    Né le 25 décembre 1843 à Paris et mort le 17 décembre 1935 à Paris, Charles Lyon-Caen prit ses inscriptions en Droit à la Faculté de Droit de Paris dont il fut docteur en 1966. Agrégé à Nancy en 1867, il fut professeur à la Faculté de Droit de cette ville jusqu’en 1872. Agrégé de la Faculté de Droit de Paris en 1872, il y fut d’abord chargé du cours de Législation Industrielle (1874-1880), puis professeur de Droit romain en 1881, et professeur de Droit commercial comparé et de Droit maritime de 1889 à 1919, année où il prit sa retraite. Il enseigna également à l’École libre des sciences politiques ainsi qu’à l’École des hautes études commerciales.

     

    Membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1893, Charles Lyon-Caen en fut président de la section de Législation, Droit public et Jurisprudence (1905), et secrétaire perpétuel (1908).

     

    Il est l’auteur de plusieurs ouvrages scientifiques : Étude de droit international privé maritime (1883) ; De l’agrégation des Facultés de droit, 1889 ; Traité de droit commercial (8 vol., en collaboration avec Louis Renault, 1889-1899, 1906-1914), etc.  

            

     

     

     

             Le Doyen Charles Lyon-Caen lors d'une séance du Conseil de la Faculté de Droit de Paris.

     

      4 Le Doyen Charles Lyon-Caen lors d'une séance du Conseil de la Faculté de Droit de Paris.

     

    À la Faculté de Droit de Paris en 1901, Charles Lyon-Caen fut l'assesseur du Doyen Ernest Désiré Glasson en 1901, puis Doyen de 1906 à 1910. Premier professeur Juif à la Faculté de Droit de Paris, il fut difficilement élu par ses collègues (23 voix seulement sur 41 suffrages exprimés). Le 13 février 1909, Charles Lyon-Caen fut réélu dans ses fonctions de Doyen (19 voix pour 44 votants dont 21 bulletins blancs). Mais, victime, en décembre 1909, de manifestations antisémites du groupe parisien des Étudiants d’Action française, créé en 1905 dans la mouvance des Camelots du Roi (voir le prochain chapitre L, ou 50 : Manifestations des étudiants en Droit de Paris entre 1909 et 1912), et de l’opposition hostile d’une partie de ses collègues, il démissionna de ses fonctions le 23 février 1910, laissant la place à un protestant, le professeur Paul Cauwès.

     

     

     

     

    Paul Cauwès, Doyen de la faculté de Droit de Paris de 1910 à 1913

    5 Paul Cauwès, Doyen de 1910 à 1913 (Source de l'image: Journal Excelsior, 5 février 1911, p. 5).

                                                 

    Né à Paris le 4 mai 1843 et mort le 24 avril 1917 à Versailles, Paul Cauwès fut élève de l’École impériale des chartes (reçu premier de sa promotion au  diplôme d’archiviste paléographe), tout en faisant son Droit à la Faculté de Droit de Paris, dont il fut licencié en 1863, et docteur en 1865. Agrégé des Facultés de Droit en 1867 (reçu 2ème), il fut d’abord chargé de cours à la  Faculté de Droit de Nancy de 1867 à 1873, puis à celle de Paris de 1873 à 1881, année où il y devint professeur titulaire d’une chaire d’histoire du droit romain et du droit français. Bien plus passionné par l’économie que par le droit, il obtint la nouvelle chaire d’économie politique de la Faculté de Droit de Paris de 1895 à 1913, et présida, jusqu’en 1900, la Société d’économie politique nationale qu’il avait contribué à créer.

     

    Parmi ses publications scientifiques, on mentionnera son Cours d’économie politique professé à la Faculté de droit de Paris (Larose, Paris, 1879-1880, 2 vol. ; Larose, Paris, 1893, 4 vol.) ; ainsi qu’une étude intitulée De la protection des intérêts économiques de la femme mariée (Larose, Paris, 1894). Il est également l’un des fondateurs de la Revue d’Économie politique.

     

    Bien qu’économiste, Paul Cauwès fut facilement élu Doyen de la Faculté de Droit de Paris en 1910 (43 voix sur 45). Il fut réélu en février 1913 (38 voix sur 43), mais démissionna cette même année pour raisons de santé, et prit sa retraite.

     

     

     

     

    Ferdinand Larnaude, Doyen de la faculté de Droit de Paris de 1913 à 1922

    6 Ferdinand Larnaude, Doyen de 1913 à 1922 : « Je n’ai jamais oublié que je n’étais rien que par la Faculté et en la servant » (discours d’adieu à la Faculté).

     

    Né le 21 mai 1853 à Condom (Cher), dont il fut maire, et mort le 7 décembre 1942 à Castelnau d’Auzan (Cher), Ferdinand Larnaude, après ses études à la Faculté de Droit de Paris (Licencié en 1974, Docteur en 1874) fut chargé de cours de Droit romain à la Faculté de Droit d’Aix en 1877, agrégé à Bordeaux en 1878, puis à Paris en 1882. Il devint professeur adjoint à la Faculté de Droit de Paris en 1890, et professeur titulaire en 1890 en charge du nouveau cours de Droit public.

     

    Ferdinand Larnaude fut l’auteur d’une centaine d’ouvrages et articles, dont un Traité théorique et pratique des preuves en droit civil et en droit criminel, en 1888). Il créa en 1894 la Revue du droit public (RDP).

     

    Assesseur du Doyen Paul Cauwès depuis mars 1910, Ferdinand Larnaude fut élu Doyen de la Faculté de Droit de Paris, le 11 juillet 1913, par 32 voix sur 43, pour trois années. Il fut maintenu à cette charge de 1916 à 1919 (les élections avaient été suspendues pendant la Guerre). En mars 1919, il fut renouvelé à la fonction décanale, pour trois nouvelles années, par 33 voix contre 34. Au terme de ce second mandat, il fut nommé Professeur et Doyen honoraire, le 23 octobre 1922, avant d’être admis à faire valoir ses droits à la retraite, le 20 avril 1923. 

     

    La Guerre d’un Homme et du Droit. Le Doyen Ferdinand Larnaude a marqué la Faculté de Droit de Paris par son engagement sans faille pour la France et le Droit français pendant la Première Guerre mondiale. À la tête de la Faculté de Droit, il ne cessa de dénoncer dans ses discours « l’invasion de nouveaux Barbares », et les Universités allemandes dont « l’enseignement a empoisonné l’esprit public allemand, détraqué les cerveaux allemands, et déchaîné, par la mégalomanie qu’il a engendrée, et les convoitises les plus odieuses ».

     

    En 1915, alors que Paris était menacé, il refusa de quitter la Faculté de Droit, couchant dans son bureau pendant les bombardements (Paris fut bombardé tout au long de la guerre par des ballons Zeppelins, des avions Taubes, et des canons géants de longue portée situés à plus d’une centaine de km de la capitale).

     

     

     

     

    Le Doyen Ferdinand Larnaude, élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur, en 1919.

    7   Le Doyen Ferdinand Larnaude, élevé au grade d’Officier de la Légion d’honneur, en 1919.

     

     

    Le 4 mai 1919, son dévouement pour la Faculté de Droit pendant la Grande Guerre fut récompensé par la croix d’Officier de la Légion d’honneur, remise par Charles Lyon-Caen, et sa réélection aux fonctions décanales à la quasi unanimité des professeurs votants (moins une voix, sans doute la sienne !). Parmi de très nombreuses fonctions exercées après la Guerre par le Doyen Ferdinand Larnaude, on relèvera qu’il fut Délégué du Gouvernement de la République française à la Conférence de la Paix.

     

    À bientôt pour le chapitre L (ou 50) : Manifestations des étudiants en Droit de Paris entre 1909 et 1912. 





    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique