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    Un greffier de la Cour correctionnelle (dessin de F. Séguin, daté 1896. Musée Carnavalet).

    1 Un greffier de la Cour correctionnelle (dessin de F. Séguin, daté 1896. Musée Carnavalet).

     

    « Le greffier, ce personnage mineur, ce serviteur zélé d'hier, est en train de devenir le personnage important de la trilogie judiciaire (le président de la juridiction, le magistrat du ministère public et le greffier). On lui abandonne de plus en plus l'administration du tribunal, tandis que les juges se réfugient dans les tâches obscures de la mise en état et dans la confection rapide des décisions judiciaires que la statistique réclame. Et le greffier devient de plus en plus le rouage important qui, demain, supplantera le magistrat, le reléguant à des tâches austères et absorbant la totalité du surplus de l'administration de la justice. C'est devant lui que les avocats s'useront dans des combats sans gloire pour obtenir les jugements, les expéditions, les grosses, faire taxer leurs honoraires, faire constater leur présence ou obtenir les permis de communiquer (avec les personnes emprisonnées) ». (André Damien, Essor ou déclin de la déontologie. Gazette du Palais, des 2, 3 et 4 mars 1986).

     

        Dans les catalogues des sites de ventes aux  enchères, rares sont les portraits-cartes de visite de greffiers, tirés ou non sur papier albuminé, datant du Second Empire (1851-1870), et du  début de la Troisième République (1870 et s.). Au hit parade des photographies « vintage albumen print » des gens de justice, les avocats arrivent en tête, suivis des magistrats, des avoués, et, en toute dernière place, de nos greffiers (quant aux huissiers de l’époque, ils étaient surtout « victimes » des illustrateurs et caricaturistes),  

     

     

     

     

    Un Indien dans la ville : Mimi-Siku, devenu greffier (affiche du film d’Hervé Palud, sorti en 1984, avec Thierry Lhermitte, Patrick Timsit, Ludwig Briand, Miou-Miou et Arielle Dombasle).

    2 Un Indien dans la ville : Mimi-Siku, devenu greffier (affiche du film d’Hervé Palud, sorti en 1984, avec Thierry Lhermitte, Patrick Timsit, Ludwig Briand, Miou-Miou et Arielle Dombasle).

     

     « Le cinéma mène à tout à condition d’en sortir ». Il a fallu attendre l’année 2016 pour voir apparaître dans les médias la photographie d’un greffier. Il s’agissait de Ludwig Briand, greffier d’un tribunal d’Île-de-France, au service des majeurs protégés, plus de vingt ans après avoir été l’épatant acteur de cinéma  jouant, à l’âge de 13 ans, Mimi-Siku, dans le film « Un indien dans la ville » (huit millions d’entrées). À sa manière, il a réécrit la blague estudiantine selon laquelle « Le droit mène à tout à condition d’en sortir » (il est titulaire d’une maîtrise de droit). 

     

     

     

     

     

    « Ou l’on est neuf » (Chromo publicitaire représentant un tribunal correctionnel

    3 « Ou l’on est neuf » (Chromo publicitaire représentant un tribunal correctionnel : à gauche, le Procureur de la République ; en haut, le Président du tribunal entouré de deux assesseurs ; au milieu, l’avocat ; en haut à droite, le prévenu entre deux gardes ; et, en bas à droite, le greffier).

     

        Mais, en chinant sur la toile, j’ai quand même trouvé deux portraits-cartes de visite de greffiers, tirés sur papier albuminé, datant de la seconde moitié du XIXème siècle (ci-après n° 6 & 11).

     

     

     

     

    minute* d’un jugement avec les signatures du juge unique et du greffier l’ayant assisté lors de son prononcé publique

    4. Dernière page de la minute* d’un jugement avec les signatures du juge unique et du greffier l’ayant assisté lors de son prononcé publique (année 2008).

     

    *La minute, du latin minutus, « petit, menu », désigne l’original du jugement établi en un seul exemplaire, revêtu de la signature du président et du greffier, et conservé par le greffe du tribunal qui en délivre des copies, grosses ou expéditions. Ce mot vient de ce qu'à l'époque où les jugements étaient écrits à la plume, le greffier devait utiliser une écriture fine pour en réduire la taille et ainsi éviter les problèmes d'archivage. 

     

         « Celui qui tient la plume à l’audience ». Au préalable, voici une courte présentation de ce métier discret. Le greffier, dont le nom  provient d’un verbe grec « graphein », signifiant « écrire », est un fonctionnaire de l’État, du ministère de la Justice, chargé notamment d’assister les magistrats dans leur mission au sein de diverses juridictions (Cour de cassation, Cours d’appel, Tribunaux judiciaires, Conseil de prud’hommes). Il dresse et authentifie les actes de la procédure tout au long de son déroulement (sa signature sur un jugement est indispensable pour que celui-ci ait valeur d’acte authentique). Par ailleurs, il enregistre les affaires, prévient les parties des dates d’audience et de clôture, dresse les procès-verbaux, met en forme les décisions de justice et assiste le juge lors des audiences (sa présence est obligatoire, car lui seul retranscrit les débats et rédige les jugements et les arrêts rendus. Un acte accompli en son absence peut être frappé de nullité). L’article R. 123-5 du Code de procédure civile dispose encore que le greffier : « est dépositaire, sous le contrôle des chefs de juridiction, des minutes et archives dont il assure la conservation. » 

     

     

     

     

     

    Carte de visite, datée du 20 avril 1906, d’un greffier du Tribunal de commerce de Tarascon-sur-Rhône, Gradué en Droit (donc à l’époque, soit bachelier, soit licencié, soit docteur en droit).

    5. Carte de visite, datée du 20 avril 1906, d’un greffier du Tribunal de commerce de Tarascon-sur-Rhône, Gradué en Droit (donc à l’époque, soit bachelier, soit licencié, soit docteur en droit).

     

         Lconcours externe de greffier est ouvert aux étudiants titulaires d’un bac + 2 en droit (par exemple, un DUT Carrières juridiques, ou un DEUG). Les futurs greffiers suivent une formation rémunérée à l’École Nationale des Greffes dont le siège est à Dijon. Après 4 ans d’expérience, un greffier peut passer un concours en interne afin de devenir greffier en chef (aujourd’hui renommé directeur des services de greffe judiciaires, avec ou sans s final au mot judiciaire selon les textes en vigueur !), s’il dispose d’un diplôme de licence en droit. 

     

     

     

     

     

    Un Greffier en chef du Tribunal civil de Belley (portrait photographique tiré sur papier albuminé, par Louis Demay & Delfino, son successeur, installés à Belley dans l’Ain. Daté 1860).

    6. Un Greffier en chef du Tribunal civil de Belley (portrait photographique tiré sur papier albuminé, par Louis Demay & Delfino, son successeur, installés à Belley dans l’Ain. Daté 1860).

     

    « Fernand (...) parut attendre que le juge lui adressât de nouveau la parole. Celui-ci quitta la cheminée et s'assit devant son bureau, tandis que le petit homme gras, qui n'était autre qu'un greffier, s'apprêtait à écrire minutieusement chaque parole qui sortirait de la bouche de l'accusé » (Ponson du TerrailRocambole, t. 1, 1859, p. 276).

     

         Ce greffier en chef du Tribunal civil de Belley (ou de Bourg-en-Bresse ?), sous le Second Empire, vêtu de son costume d’audience imposé par l’Empire (robe de soie noire, épitoge et rabat blanc), m’est inconnu (son nom n’est pas mentionné sur la carte).

     

     

     

     

     

    L’ancien Palais de Justice de Belley

    7. L’ancien Palais de Justice de Belley (jusqu’en 1840, le Tribunal de première instance de Belley était installé dans l’ancien hôtel de baillage, près de la Grande rue). 

     

          Heurs et malheurs de la cité judiciaire de Belley. Toutefois, les photographes professionnels Louis Demay et son successeur Delfino opérant à Bourg-en-Bresse, Belley et Nantua, ce greffier en chef, dont ils ont tiré le portrait sur papier albuminé, devait être en poste dans l’une de ces villes, sans doute celle de Belley. Car, en effet, Belley, sous préfecture de l’Ain depuis le Premier Empire, est connue pour avoir accueilli une importante juridiction judiciaire de droit commun de premier degré de la Révolution de 1789 à l’année 2008, et ce sous diverses appellations :

    Tribunal civil d’arrondissement sous la Révolution (aux lieu et place du baillage royal de l’Ancien régime) ;

    Tribunal de première instance avec une chambre civile et une chambre criminelle sous la loi du 27 ventôse de l'an VIII (18 mars 1800) ;

     Tribunal de grande instance en application d’une Ordonnance du 22 décembre 1958.

    Mais, depuis la réforme judiciaire de 2008, son Tribunal de grande instance a été supprimé au profit de celui de Bourg-en-Bresse, compétent pour l’ensemble du département de l’Ain, et devenu Tribunal judicaire en 2020 (en attendant la prochaine réforme judiciaire préparée par nos énarques ministériels !).

    Toujours est-il que la ville de Belley n’est plus aujourd’hui que le siège d’un Tribunal de proximité (simple antenne délocalisée du Tribunal judiciaire de Bourg-en-Bresse), et d’un Conseil de Prud’hommes (elle a également perdu, en 2008, son Tribunal de commerce qui avait été créé en 1804!). 

     

     

     

     

     

    Le nouveau Palais de Justice de Bellay (après 1840)

                        8. Le nouveau Palais de Justice de Belley (après 1840)

          

           En 1840, le Tribunal de première instance de Belley fut installé, boulevard du Mail, dans ce nouveau bâtiment d’architecture néoclassique, inspiré de l’Antiquité, très à la mode au dix neuvième siècle (une façade à fronton et un escalier). Bientôt, Belley bénéficia d’une importante population d’avocats, de magistrats et de fonctionnaires, d’autant plus que, sous la Troisième République, une gare y fut construite, ainsi que de nombreux établissements d’enseignement public. Aujourd’hui, ce bâtiment n’accueille plus que son Tribunal de proximité.

     

     

     

     

     

    Le juge d’instruction du Tribunal de Bellay, Émile Fourquet.

              9. Le juge d’instruction du Tribunal de Belley, Émile Fourquet.

          

    « La perspective d'une place au Palais, celle d'un greffe, la conscience du métier suffisent pour rendre le commis-greffier d'un juge d'instruction le rival heureux de la tombe, car la tombe est devenue indiscrète depuis les progrès de la chimie » (BalzacSplend. et mis.,1846, p. 395).

     

           Parmi, ces gens de justice venus à Belley, l’un des plus célèbres reste le juge  Émile Fourquet. C’est lui qui interrogea dans son cabinet d’instruction en présence d’un greffier (l’assistance du greffier est obligatoire et celui-ci doit signer chaque page des procès verbaux), Joseph Vacher, l’éventreur et violeur de jeunes filles et de jeunes garçons du Sud Est.

     

     

     

     

     

    La cabinet du juge d’instruction de Belley, Émile Fourquet, où fut interrogé Joseph Vacher, en présence d’un greffier (source : Bibliothèque municipale de Lyon)

    10. La cabinet du juge d’instruction de Belley, Émile Fourquet, où fut interrogé Joseph Vacher, en présence d’un greffier (source : Bibliothèque municipale de Lyon).

     

           En 1897, tout juste nommé au Palais de Justice de Belley comme juge d’instruction, Émile Fourquet fut en effet chargé, par le Procureur de la République, de l’instruction concernant la découverte d’un corps égorgé, éventré, mutilé et sodomisé d’un jeune berger de 14 ans, Pierrre Laurent, découvert dans la vallée de la Brévenne (Rhône), et d’y joindre plusieurs autres dossiers similaires du Sud Est qui avaient été rangés dans les archives, faute d’indices.

     

         Au cours de son audition particulièrement habile par le juge Fourquet, Joseph Vacher s’effondra et avoua onze crimes. Pour parvenir à ce résultat, le juge Émile Fourquet, en précurseur du profilage criminel, avait établi des tableaux sur lesquels il avait noté les lieux et dates de  plus d’une cinquantaine de crimes dont furent victimes de jeunes gens des campagnes, l'état de leurs vêtements, l'aspect de leurs diverses blessures, les étapes des agressions (les viols étaient toujours postérieurs au meurtre et aux mutilations des victimes), et les descriptions des témoins. Puis il avait souligné au crayon bleu les signes concordant susceptibles de relever d’un même auteur, en l’occurrence Joseph Vacher. Ce dernier avait bénéficié d’une impunité pendant de nombreuses années, parce que, vagabond errant, « il lui suffisait de ne pas être surpris au moment où il tuait et d'avoir de bonnes jambes » (propos du juge Fourquet).

     

         En définitive, Joseph Vacher fut condamné, le 28 octobre 1898, par la Cour d’assises de l’Ain, pour un seul et unique crime, et guillotiné sur le Champ-de-mars de Bourg-en-Bresse, le 31 décembre 1898, devant plus de deux mille personnes (le juge Fourquet resta persuadé que Vacher avait commis plus d’une cinquantaine de crimes).

     

     

     

     

     

    Nicolas Lambert, Greffier du Tribunal civil de Saint-Pol-sur-Ternoise

     11. Nicolas Lambert, Greffier du Tribunal civil de Saint-Pol-sur-Ternoise.

     

           J’ai trouvé sur un site de vente aux enchères ce portrait-carte de visite, tiré sur papier albuminé, avec la mention suivante : « NICOLAS LAMBERT GREFFIER TRIBUNAL DE SAINT POL SUR TERNOISE L' UN DES FONDATEURS DU PUITS ARTESIEN ». Le seul Nicolas Lambert de cette époque bénéficiaire d’une biographie sur la « toile » est un curé de Chauffailles (de 1838 à 1875), en Bourgogne, sans aucune relation avec un puits artésien ! Toutefois, dans une étude de plus d’une centaine de pages consacrée au puits artésien de Passy, publiée en 1870, son auteur, Louis Figuier, cite une fois le nom de Lambert : « Voici, d’après MM. Poggiale et Lambert la composition de l’eau du puits artésien de Passy, pour un litre d’eau ». Il faisait référence à un article de ces deux personnes, intitulé « Analyse chimique de l’eau du puits artésien de Passy », mentionné dans les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences (tome 054, 1862).

    https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Merveilles_de_la_science/Les_Puits_art%C3%A9siens

    https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Comptes_rendus_hebdomadaires_des_s%C3%A9ances_de_l%E2%80%99Acad%C3%A9mie_des_sciences,_tome_054,_1862.djvu/1295

     

     

     

     

     

    Le Tribunal civil de Saint-Pol-sur-Ternoise en 1902

                    12. Le Tribunal civil de Saint-Pol-sur-Ternoise en 1902.

     

         Quant au Tribunal civil de Saint-Pol-sur-Ternoise, dans le département du Pas-de-Calais, il a été transformé, au fil des ans, en Tribunaux d’Instance et de Grande instance, lesquels ont été supprimés dans le cadre de réformes judiciaires successives au bénéfice, aujourd’hui, du Tribunal judiciaire de Béthune du ressort de la Cour d’appel de Douai. Il ne reste donc plus du Tribunal civil de Saint-Pol-sur-Ternoise que cette illustration datée de 1902 ! 

     

     

     

     

     

    Le greffe d'un Palais de Justice, à la fin du XIXème siècle

                   13 Le greffe d'un Palais de Justice, à la fin du XIXème siècle.

     

    « Je me présentai donc au greffe criminel, et je demandai jour pour subir interrogatoire, pour anéantir toute plainte » (Jean-Paul Marat, Pamphlets, Appel à la Nation, 1790, p. 139).

     

         Le greffe désigne l’ensemble des services d’un tribunal ou d’une cour, dirigé par un greffier en chef, aujourd’hui renommé directeur de greffe, où sont notamment conservées les minutes des jugements et arrêts, ainsi qu’une multitude d’autres documents juridiques. Des particuliers peuvent les consulter et, le cas échéant, obtenir des extraits ou des copies. De même, doivent-ils passer par le greffe pour saisir le tribunal.

     

     

     

     

     

    Première page d’un acte authentique dressé par le greffier du Tribunal civil d’Argentan, le 2 septembre 1833, sur comparution d’un notaire.

    14. Première page d’un acte authentique dressé par le greffier du Tribunal civil d’Argentan, le 2 septembre 1833, sur comparution d’un notaire.

     

     

       Voici un extrait des dispositions de la loi du 27 ventôse an VIII (18 mars 1800), sur l’organisation des tribunaux, relatives aux greffiers : 

     

    TITRE I. — Dispositions générales.

    ART. 4. Nul ne pourra être juge, suppléant, commissaire du gouvernement près les tribunaux, substitut ni greffier, s'il n'est âgé de trente ans accomplis.

     

    TITRE II.  — Des tribunaux de première instance.

    ART. 13. Il y aura près de chaque tribunal de première instance un commissaire du gouvernement et un greffier.

     

    TITRE III. — Des tribunaux d'appel.

    ABT. 24. Il y aura près de chaque tribunal d'appel un commissaire du gouvernement et un greffier ; il y aura un substitut du commissaire dans les tribunaux qui se divisent en deux sections, deux substituts dans ceux qui se divisent en trois sections.

    ART. 53. Il y aura près du tribunal criminel un commissaire du gouvernement et un greffier. Il sera établi un substitut du commissaire dans les villes où le gouvernement le croira utile.

     

    TITRE VI. — Du tribunal de cassation.

    ART. 67. Il y aura près du tribunal de cassation, un commissaire, six • substituts et un greffier en chef, nommés parle premier Consul, et pris dans la liste nationale.

    ART. 68. Le greffier en chef présentera au tribunal, pour les faire instituer, quatre commis-greffiers, qui pourront néanmoins être révoqués par le greffier en chef, sans le concours du tribunal.

    ART. 74. Il sera payé par année, au greffier en chef, une somme de trente six mille francs, tant pour son traitement et celui de ses commis et expéditionnaires, que pour toutes les fournitures du greffe.

     

    TITRE VII. — Des greffiers et officiers ministériels.

    ART. 92. Les greffiers de tous les tribunaux seront nommés par le premier Consul, qui pourra les révoquer à volonté. Le gouvernement pourvoira à leur traitement, au moyen duquel ils seront chargés de payer leurs commis et expéditionnaires, ainsi que toutes les fournitures de leur greffe.

     

     

     

     

     

    Etude d’habit de Greffier des Tribunaux civils (dessin de Jean Michel Moreau le Jeune [1741-1814])

    15. Etude d’habit de Greffier des Tribunaux civils (dessin de Jean Michel Moreau le Jeune [1741-1814]). 

     

       Et, pour terminer cette page, riche de seulement deux portraits-cartes de visite de greffiers sur papier albuminé, voici, en compensation, pour les amateurs de vieilles choses, un dessin rarissime de Jean Michel Moreau le Jeune, représentant un greffier des Tribunaux civil sous le Premier Empire (1804-1815). 

     


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    Tirage sur papier albuminé : le Palais de Justice de Paris 2/3

    1. L’Île de la Cité : l’Hôtel-Dieu, le Tribunal de commerce et le Palais de Justice (Photographie d’Ernest Ladrey. Tirage sur papier albuminé*. Circa 1875. Source : Getty Museum. Wikimedia Commons, la médiathèque libre).

     

     

            Le 13 septembre dernier, j’ai publié plusieurs photographies du Palais de Justice de Paris, prises sous le Second Empire et au début de la Troisième République, et tirées sur papier ou carton albuminé* (vintage albumen print).  

     

    http://droiticpa.eklablog.com/tirage-sur-papier-albumine-le-palais-de-justice-de-paris-a201493086 

     

          Depuis, j’ai découvert, dans l’auberge espagnole d’Internet, d’autres photographies de cette époque, également tirées sur papier albuminé, représentant le Palais de Justice de Paris et ses composantes (Cour de cassation, Cour d’appel, Tour de l’Horloge, Sainte-Chapelle, Conciergerie, Tribunal de commerce…). Les voici en deux nouvelles pages, étant rappelé que leur coloration sépia, brune, jaune, orangée ou marron est due à l’albumine d’œufs utilisée lors du tirage sur papier ou carton, et qu’elle s’accentue au fils des années. Tout au plus, ai-je parfois triché en atténuant ces couleurs.

     

    * « Le tirage albuminé fut inventé vers 1850 par Louis Désiré Blanquart-Evrard (1802-1872), qui le présenta à l’Académie des Sciences en mai 1850. Il succède au tirage sur papier salé  et fut le premier procédé exploité commercialement pour réaliser des tirages de photographies à partir d'un négatif. Ce procédé utilise l'albumine que l'on trouve dans le blanc d’œuf afin de fixer les éléments chimiques photographiques sur le papier. Il devint le principal procédé d'obtention de positifs de 1855 jusqu'au tournant du siècle avec un apogée d'usage entre 1860 et 1890.» (glossaire de la Galerie de photographies d’art à Paris, Gadcollection : https://www.gadcollection.com/fr/blog/p-tirage-a-lalbumine).

     

      

     

     

     

    Les tours de l’Horloge, de César, d’Argent et de Bonbec du Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé. XIXème siècle)

    2. Les tours de l’Horloge, de César, d’Argent et de Bonbec du Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

     

    Cette photographie ancienne permet de découvrir les quatre tours de la Conciergerie (le Palais de Justice), sur le quai de l’Horloge bordant la Seine.  

     

    De gauche à droite la tour de l’Horloge, de forme carrée, puis, presque accolées, deux tours circulaires, la tour de César (allusion à l’ancienne présence des romains) et la tour d’Argent (allusion au trésor royal qui y était gardé), enfin, la tour Bonbec, également de forme circulaire (bon bec = bonne parole, autrement dit les aveux des suppliciés sous la torture. La « question » était en effet pratiquée dans cette salle).  

     

     

     

     

     

    Le Pont au Change et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé. XIXème siècle)

    3. Le Pont au Change et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

             L’actuel « Pont au Change », représenté sur cette photographie, a été construit de 1858 à 1860 sous le règne de Napoléon III. Il fait suite à un premier Pont construit au même endroit au IXème siècle, sous le règne de Charles le Chauve, dénommé « Grand-Pont », et à un second Pont reconstruit de 1639 à 1647, au même endroit, appelé « Pont-aux-Changeurs. »

     

     L’ancien « Pont-aux-Changeurs », devenu l’actuel « Pont au Change », devait son nom aux changeurs de pièces de monnaies ou de devises françaises et étrangères, qui y étaient établis depuis une ordonnance de Louis VII.  

     

     

     

     

    Le Pont au Change et le Palais de Justice (Photographie Cabinet*. Tirage sur papier albuminé. XIXème siècle)

    4. Le Pont au Change et le Palais de Justice (Photographie Cabinet*. Tirage sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

    Construit sous le règne de l’empereur Napoléon III, l’actuel Pont au Change porte, à plusieurs endroits, son monogramme impérial « N », bien visible sur cette photographie et la suivante.

     

    *Une photographie, carte, ou photo-carte « cabinet », désignent une épreuve photographique tirée sur papier sensible d’un format de 10 x 15 cm en moyenne, contrecollée sur carton fort.

     

     

     

     

     

     

    Le Pont au Change et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé. Ed. Hautecœur. 33 avenue de l’Opéra. Paris. XIXème siècle)

    5. Le Pont au Change et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé. Ed. Hautecœur. 33 avenue de l’Opéra. Paris. XIXème siècle).

     

     

     

     

     

     

     La Conciergerie et les tours de l’Horloge, de César et d’Argent (Photographie de Charles Marville. Circa 1870

    6. La Conciergerie et les tours de l’Horloge, de César et d’Argent (Photographie de Charles Marville. Circa 1870. Source : Collections de la Bibliothèque d’État du Victoria. Wikimedia Commons, la médiathèque libre).

     

        C’est au début du XIVème siècle que La Conciergerie fut bâtie au côté du Palais de la Cité, à la demande du Roi de France Philippe le Bel. Ce nom de Conciergerie tenait à la circonstance que le Concierge du Palais y résidait (le Concierge était un haut personnage du royaume, nommé par le Roi, pour assurer l’ordre, la police et enregistrer les prisonniers). Puis, la dénomination de Conciergerie fut étendue au logis même du Roi ainsi qu’à la prison attachée à l’exercice de la juridiction du Concierge, mise par la suite au service du Parlement (la Conciergerie est restée célèbre pour avoir été la dernière prison de Marie Antoinette, et avoir vu séjourner près de 3000 condamnés à mort sous la Révolution). 

     

     

     

     

     

     

     

    Le Tribunal de commerce, le Pont au Change et le Palais de Justice (Photographie Cabinet d’Ernest Ladrey, installé 6 boulevard des Italiens à Paris. Tirage sur papier albuminé. 1870)

    7. Le Tribunal de commerce, le Pont au Change et le Palais de Justice (Photographie Cabinet d’Ernest Ladrey, installé 6 boulevard des Italiens à Paris. Tirage sur papier albuminé. 1870). 

     

     

     

     

     

     

    Le Pont Notre-Dame, le Tribunal de commerce et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé. XIXème siècle)

    8. Le Pont Notre-Dame, le Tribunal de commerce et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé. XIXème siècle). 

     

         Le Pont Notre-Dame, visible sur cette photographie, a été construit en 1853. Il traverse le grand bras de la Seine, reliant le quai de Gesvres sur la rive droite au quai de la Corse sur l’Île de la Cité. Il a été reconstruit partiellement en 1919 avec une arche centrale en acier.

     

       Quant au Tribunal de commerce de Paris, il a été construit sur l’Île de la Cité, entre le quai de Corse, le boulevard du Palais, la rue de Lutèce et la rue Aubé, entre 1860 et 1866, sous le règne de l’empereur Napoléon III, par l’architecte Antoine-Nicolas Bailly. Celui-ci, à la demande de Napoléon III, de retour de la campagne d’Italie (1859), s’est inspiré de l’hôtel de ville de Brescia, en Lombardie. Quant à la coupole à huit pans de 45 mètres de hauteur, appréciée ou abhorrée, elle reproduit celle de la petite église du village italien de Desenzano, près de Brescia. 

     

      

     


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    La Sainte-Chapelle et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé de Pierre Petit, installé, depuis 1858, au n° 31 de la rue Cadet à Paris. Circa 1870)

    1. La Sainte-Chapelle et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé de Pierre Petit, installé, depuis 1858, au n° 31 de la rue Cadet à Paris. Circa 1870). 

     

     

          Voici, pour terminer cette série de pages consacrées au Palais de Justice de Paris, en photographies tirées sur papier albuminé (Vintage Albuminen Print), prises sous la Seconde République (1851-1870) et au début de la Troisième République jusqu’aux années 1890, une quinzaine d’autres dont les auteurs étaient tantôt des photographes professionnels, tantôt des personnes anonymes.

     

        Pour commencer, je vous propose de vous rapprocher, au fil de ces photographies, de l’entrée principale du Palais de Justice, côté ouest du boulevard du Palais de l’Île de la Cité. Celle qui présente le plus vaste panorama de cet ensemble est cette photographie de Pierre Lanith Petit [1831-1909], plus connu sous le nom de Pierre Petit, prise dans les années 1870.

     

     

     

     

     

     

     

    Tirage sur papier albuminé : le Palais de Justice de Paris

    2. Le Palais de Justice de Paris (Tirage sur papier albuminé.  Ancienne maison Martinet, installée au 172 rue de Rivoli à Paris. Circa 1890). 

     

     

          Cette autre photographie du Palais de Justice a été prise par des photographes de l’ancienne maison Martinet, qui avait été fondée en 1792 par Aaron Martinet [1762-1841], un marchand d’estampes célèbre pour ses caricatures, et reprise sous diverses appellations comme celle de maison Martinet-Hautecœur, en 1860.

     

     

     

     

     

     

     

    La Sainte-Chapelle et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé. Pignolet photographe

    3. La Sainte-Chapelle et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé. Pignolet photographe, installé près du Palais Royal, Passage de la Cour des Fontaines. Non datée).

         

     

     

     Cette photographie du Palais de Justice de Paris, bordé par la Sainte-Chapelle, a été prise par l’un des deux frères Pignolet, qui avaient leur atelier au Palais Royal, en 1861, au Passage de la Cour des Fontaines, dans le 1er arrondissement, avant de s’installer 1bis boulevard Saint-Denis et 15 rue Montmartre.

     

     

     

     

     

     

     

    La Sainte-Chapelle et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé

    4. La Sainte-Chapelle et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé. Photographie non signée et non datée).

     

     

    Cette photographie nous rapproche de l’entrée principale du Palais de Justice, construit sous le règne de Louis XVI et bordé sur sa droite (à gauche de l’image) par la Sainte-Chapelle. Celle-ci a été construite, entre 1241 et 1248, dans l’ancien Palais de la Cité, à la demande de Saint-Louis pour abriter les Saintes Reliques qu’il avait acquises. En 1797, la Sainte-Chapelle, privée de ses reliques depuis la Révolution française, servit de dépôt d’archives du Palais de Justice, avant d’être restaurée entre 1837 et 1863.

     

     

     

     

     

     

     

    La Sainte-Chapelle et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé

    5. La Sainte-Chapelle et le Palais de Justice (Tirage sur papier albuminé. Photographie non signée et non datée).

     

     

     

    Hors périodes de confinements imputables au Covid-19, la Sainte-Chapelle accueille chaque année plus d’un million de visiteurs. Il s’agit de la troisième fréquentation la plus élevée de nos monuments historiques, juste après le Mont Saint-Michel et l’Arc de Triomphe de l’Étoile.

     

     

     

     

     

     

     

    Les grilles du Palais de Justice de Paris, boulevard du Palais Tirage sur papier albuminé

    6. Les grilles du Palais de Justice de Paris, boulevard du Palais (Tirage sur papier albuminé. Photographie non signée et non datée).

     

     

          Ces grilles dorées, en fer forgé, longues de 40 mètres, s’ouvrent sur la Cour d’honneur du Palais de Justice, connue sous le nom de Cour du Mai ou du May, en souvenir des clercs de la Basoche (guilde des gens de lois et de justice, comprenant juges, avocats et procureurs, résidant au Palais de l’Île de la Cité, ainsi que les escholiers en Droit). Chaque année, au mois de mai (may en français du Moyen Âge), ils plantaient à cet endroit un arbre de cinquante pieds de haut, chargé de fleurs et d’écussons.

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Paris en ruine après l’incendie de la Commune en 1871 (Tirage sur papier albuminé)

    7. Le Palais de Justice de Paris en ruine après l’incendie de la Commune en 1871 (Tirage sur papier albuminé).

     

          Œuvre du maître serrurier Bigonnet (c. 1787),  les grille du Palais de Justice ont été restaurées, en 1877, après avoir été endommagées, en 1871, lors de la Commune de Paris, comme plusieurs bâtiments du Palais de Justice incendiés par les insurgés (tribunal de première instance, police correctionnelle, bureaux de l’état civil, salle des archives, parquet général, parquet du procureur de la République, cabinet des juges d’instruction, deux salles des cours d’assises, grand-chambre. La Sainte-Chapelle fut « miraculeusement » épargnée !). 

     

     

     

     

     

     

     

    Les grilles du Palais de Justice de Paris, boulevard du Palais (Tirage sur papier albuminé. Photographie non signée, datée 1890)

    8. Les grilles du Palais de Justice de Paris, boulevard du Palais (Tirage sur papier albuminé. Photographie non signée, datée 1890).

     

     

        Cette photographie nous permet de découvrir les écussons aux armes de France ornant les grilles en fer forgé du Palais de Justice de Paris (les armes de France n’ont plus « droit de cité » depuis le 4 septembre 1871). 

     

     

     

     

     

     

    La salle des Pas-Perdus du Palais de Justice de Paris (Tirage sur papier albuminé, 16,5 x L. 12 cm. Date manuscrite au dos:1884)

    9. La salle des Pas-Perdus du Palais de Justice de Paris (Tirage sur papier albuminé, 16,5 x L. 12 cm. Date manuscrite au dos:1884).

     

     

         Cette photographie, datée de 1884, nous montre la salle des Pas-Perdus du Palais de Justice de Paris, longue de  73 mètres, large de 28 mètres, et haute de 10 mètres, avec une double nef, séparée de neufs piliers.

     

           La salle des Pas-Perdus a pour origine la Grand-Salle du Palais de la Cité construite sous Philippe IV le Bel vers 1298 après J.-C. Elle était alors ornée des statues en bois de l’ensemble des rois de France. Détruite par un incendie en 1618, elle fut reconstruite par l’architecte Salomon de Brosse, sous le nom de Salle des Pas-Perdus. Ce nom était en effet en usage pour de larges vestibules ou halls communiquant aux bureaux ou autres salles de bâtiments publics (gare, mairie, palais de justice…). C’est ainsi que le Dictionnaire de la langue française d’Émile Littré, publié de 1872 à 1877, précise qu’une salle des pas-perdus désigne la : « Grande salle qui précède ordinairement la chambre des audiences d’un tribunal, et où le public se promène. »

     

     

     

     

     

     

     

     

    La salle des Pas-Perdus après l’incendie du 24 mai 1871, allumé par les insurgés de la Commune (Tirage sur papier albuminé

    10. La salle des Pas-Perdus après l’incendie du 24 mai 1871, allumé par les insurgés de la Commune (Tirage sur papier albuminé. Photographie de Franck [François Gobinet de Villechole, dit]. Circa  1871. Source : Musée Carnavalet. Histoire de Paris).

     

     

        La salle des Pas-Perdus du Palais de Justice fut détruite par de nouveaux incendies, l’un en 1776, et, l’autre dans la nuit du 24 mai 1871, sous la Commune de Paris. Après ce dernier incendie, la salle des Pas-Perdus fut reconstruite par les architectes Joseph-Louis Duc et Etienne Dommey.

     

    Aujourd’hui encore, c’est dans cette salle que les avocats et leurs clients s’entretiennent avant et après un procès, et que les journalistes se bousculent parfois pour les interviewer !

     

     

     

     

     

     

     

    La Cour d’assises du Palais de Justice, rue de Harlay (Tirage sur papier albuminé

    11. La Cour d’assises du Palais de Justice, rue de Harlay (Tirage sur papier albuminé. Photographie non signée et non datée). 

     

          Ce bâtiment de la Cour d’assises du Palais de Justice de Paris, avec son grand perron, a été construit par l’architecte Joseph-Louis Duc, entre 1871 et 1875, dans l’ancienne rue de Harlay de l’Île de la Cité. Cette rue, du nom d’Achille de Harlay (1536-1619), premier président du Parlement, avait elle-même été créée dans les années 1600, en même temps que la place Dauphine, à l’ouest de l’Île de la Cité.

     

     

     

    La façade de la Cour d’assises du Palais de Justice, rue de Harlay (Tirage sur papier albuminé

    12. La façade de la Cour d’assises du Palais de Justice, rue de Harlay (Tirage sur papier albuminé. Photographie non signée et non datée).

     

     

           Cette façade de style néoclassique à la mode depuis la fin du XVIIIème siècle, est inspirée du temple d’Hathor, situé à Dendétah, en Egypte, qui avait été construit sous le règne de l'empereur romain Néron. Entre les huit colonnes de la façade, six statues en pierre symbolisent, de gauche à droite, la Prudence et la Vérité, par Augustin Dumont, le Châtiment et la Protection, par François Jouffroy, la Force et l'Equité, par Jean-Louis Jaley. Quant au grand escalier, il est encadré de deux lions couchés d’Isidore Bonheur.  

     

     

     

     

     

     

    Le Vestibule de Harlay de la Cour d’assises du Palais de Justice de Paris (Tirage sur papier albuminé)

    13. Le Vestibule de Harlay de la Cour d’assises du Palais de Justice de Paris (Tirage sur papier albuminé). 

     

     

        Le Vestibule de Harlay, auquel on accède par le grand escalier central, a lui aussi été conçu par l’architecte Joseph-Louis Duc. Long de 55 mètres et large de 24, il avait été créé à l’origine pour desservir deux Cours d’assises. Seulement, depuis les incendies allumés, en 1871, par les insurgés de la Commune de Paris, il n’en est resté plus qu’une !  Le Vestibule de Harlay est orné de quatre statues (Saint-Louis, Philippe Auguste, Charlemagne et Napoléon), et d’un buste représentant l’architecte Joseph-Louis Duc, réalisé par Henri Chapu en 1891.

     

     

     

    Le Tribunal de commerce de Paris sur l’Île de la Cité (Tirage sur papier albuminé. Circa 1870)

    14. Le Tribunal de commerce de Paris sur l’Île de la Cité (Tirage sur papier albuminé. Circa 1870).

      

     

         C’est un édit de 1563, du roi Charles IX, inspiré par le chancelier Michel de l’Hospital (1504-1573), qui institua la juridiction des Juges et des Consuls de la ville de Paris. Cette juridiction des marchands sera renommée Tribunal de commerce par les lois révolutionnaires des 16 et 24 août 1790 sur l'Organisation judiciaire.

         Dans un premier temps, les  juges consuls de Paris rendirent la justice dans la salle du logis abbatial de l’abbaye de Saint Magloire, avant de s’installer, en 1570, dans l’ancienne rue du Cloître Saint-Merry, au cœur du quartier du Marais. Ils y demeurèrent jusqu’en 1826, année où ils rejoignirent le Palais Brongniart, place de la Bourse. 

          Puis, le Conseil Général de la Seine décida, en 1857, la construction d’un nouveau bâtiment affecté à la juridiction commerciale de Paris, sur l’Île de la Cité, entre le boulevard du Palais (en face de la Tour de l’Horloge), le quai de la Corse, le marché aux Fleurs et la rue de Lutèce. Les travaux, commencés en 1859, furent achevés en 1865, et l’audience solennelle d’installation s’y tint le 27 décembre 1866. L’architecte en charge des travaux, Antoine-Nicolas Bailly, à la demande de Napoléon III, de retour de la campagne d’Italie (1859), s’est inspiré de l’hôtel de ville de Brescia, en Lombardie. Quant à la coupole à huit pans de 45 mètres de hauteur, elle reproduit celle de la petite église du village italien de Desenzano, près de Brescia.

     

     

     

     

     

    Le Pont au Change et le Palais de Justice avec ses tours de l’Horloge, de César, d’Argent et de Bonbec (Tirage sur papier albuminé. Circa 1880)

    15. Le Pont au Change et le Palais de Justice avec ses tours de l’Horloge, de César, d’Argent et de Bonbec (Tirage sur papier albuminé. Circa 1880).

     

     

          J’ai déjà mis en ligne dans la précédente page plusieurs photographies des années 1870 à 1890, tirées sur papier albuminé, représentant le Pont au Change, et le Palais de Justice avec ses quatre tours légendaires, la première carrée, les trois autres circulaires. J’y ajoute aujourd’hui cette photographie que je viens tout juste de découvrir dans l’étonnant fourbi gratuit d’Internet. Vous trouverez dans la page précédente l’origine des noms de Pont au Change, tours de César, tours d’Argent et tours de Bonbec :

    http://droiticpa.eklablog.com/tirage-sur-papier-albumine-le-palais-de-justice-de-paris-2-3-a204077906

     

     

     Quant à la date de cette photographie, je l’ignore. Mais au vu (sans « e » final selon le site du Projet Voltaire !) de l’absence d’automobiles sur le Pont au Change, elle doit se situer vers 1880. 

     


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    Carte de la France divisée selon l’ordre des Parlements et Cours souveraines ou juridictions royales…

    1 « Carte de la France divisée selon l’ordre des Parlements et Cours souveraines ou juridictions royales… »

    (source: gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France).

     

     

    « Carte de la France divisée selon l’ordre des Parlements et Cours souveraines ou Iuridictions royalles, par laquelle dividion se peut voir la grandeur et estandüe de chaque Parlement, qui sont les Presidiaux ou bsenechaussee qui en relevent, et les baillages resortisant ç chaque Presidial » 

     

     

           Dans les trois dernières pages (Tirage sur papier albuminé : le Palais de Justice de Paris 1/3 ; 2/3 ; 3/3), j’ai mis en ligne une cinquantaine de photographies prises et tirées sur papier albuminé (vintage albumen print), sous le Second Empire (1851-1870) et au début de la Troisième République (1870-….), représentant le Palais de Justice de Paris, installé dans des bâtiments de l’Île de la Cité on ne peut plus disparates au plan architectural. En effet, certains ont été édifiés au Moyen Âge ou à la Renaissance, comme les tours de la Conciergerie de l’ancien Parlement de Paris, ou, plus tard, sous le règne de Louis XVI (entrée principale du Palais de Justice vers la Cour d’appel et le Tribunal de grande instance). D’autres ont été édifiés, après la Révolution, aux XVIIIème et XIXème siècles, dans le style architectural néo-classique en vogue inspiré des temples antiques : Cour d’assises, Cour de cassation, Tribunal de commerce...

     

        Je vous propose maintenant des photographies, issues du même procédé photographique, représentant des Palais de Justice de province, prises également sous le Second Empire et au début de la Troisième République. Toutefois, pour ne pas mélanger les styles architecturaux, je présenterai :

     

    - d’abord les photographies qui représentent des Palais de Justice installés, au lendemain de la Révolution française, dans les bâtiments mêmes des Parlements de l’Ancien Régime auxquels ils ont succédé (Tirage sur papier albuminé : Parlements et Palais de Justice 1/2 ; 2/2;

     

     - puis celles de Palais de Justice qui ont intégré de nouveaux bâtiments de style néo-classique « pompier », fort appréciable pour les uns, épouvantable pour les autres (Tirage sur papier albuminé : Palais de Justice néo-classiques) ;

     

    - enfin celles de Palais de Justice qui ont été accueillis dans des monuments historiques de l’Ancien Régime, autres que les palais des Parlements de Paris et de province, comme des Palais épiscopaux ou ducaux (Tirage sur papier albuminé : Palais de Justice divers).

     

        Mise en garde. Dans ces divers cas, ma contribution en forme de promenade photographique n’est pas exhaustive. Elle dépend de ce que j’ai pu dénicher au fil de mes pérégrinations sur la toile gratuite d’Internet, souvent « armé » des mots : palais de justice, vintage, albumen, albuminen.

     

            Je rappelle par ailleurs que mes commentaires sous ces photographies anciennes n’ont aucune prétention scientifique, n’étant ni historien, ni architecte, ni photographe. Aussi si certains visiteurs de ce blog ou site (je n’ai toujours pas compris la différence entre ces deux trucs!) dénichent dans ces pages des erreurs qu’ils n’hésitent pas à me les signaler (rubrique contact ou commentaires). Je les corrigerai aussitôt. 

     

     

     

     

    Carte des quatorze Parlements de France en 1789

    2 Carte des quatorze Parlements de France en 1789 (Parlement de Paris + treize Parlements de province).

     

     

    Provinces judiciaires. Cela étant dit ou écrit, juste un petit rappel pour piger la relation entre les Parlements de province de l’Ancien régime et nos Palais de Justice postérieurs à la Révolution française de 1789. Les Parlements de l’Ancien régime étaient des Cours de justice d’appel rendant la justice au nom du roi dans un territoire délimité (province judiciaire), comprenant toutes les juridictions royales, baillages et sénéchaussées (ils jugeaient en appel les décisions des juridictions royales inférieures et des justices seigneuriales de leur ressort). 

     

    Le premier d’entre eux, celui de Paris, a été créé vers 1250, les autres au cours des siècles suivants : Toulouse (1443), Grenoble (1453), Bordeaux (1451), Dijon (1477), Rouen (1499), Aix-en-Provence (1501), Dombes (1523 à Lyon, puis à Trévoux), Bretagne (1485 à Vannes, 1553 à Rennes, avec des intermèdes à Nantes et à Vannes), Pau (1620), Metz (1633), Franche-Comté (1676 à Besançon), Flandres (1686 à Tournai, 1709 à Cambrai, 1713 à Douai), Nancy (1775).

     

     

     

     

     

    Une exécution place de la Révolution, actuelle place de la Concorde (toile de Pierre-Antoine Demachy

    3 Une exécution place de la Révolution, actuelle place de la Concorde (toile de Pierre-Antoine Demachy, datée 1807. Musée Carnavalet. Source : gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France).

     

    Heurs et malheurs des Cours de justice. Au lendemain de la Révolution, un décret des Constituants, en date du 7 septembre 1790, supprima tous les Parlements, car ils étaient devenus des contre-pouvoirs législatifs déjà honnis par le précédent pouvoir royal. Pour cette raison, le Parlement de Paris avait été dissous, une première fois, par Louis XV, en 1771 sous la direction du Chancelier de Maupéou. Ses cent trente magistrats furent alors arrêtés et exilés. Plusieurs de ses magistrats furent encore guillotinés pendant les années ayant suivi  sa seconde dissolution de 1790, comme Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, ancien substitut du Procureur général du Parlement de Paris, et Premier Président de la Cour souveraine des Aides.

     

          Le décret du 7 septembre 1790 supprima également les juridictions inférieures seigneuriales : vigueries, châtellenies, prévôtés, vicomtés, sénéchaussées, baillages, châtelets, présidiaux...

     

           Une nouvelle organisation de la justice fut créée et organisée avec notamment : la séparation entre des juridictions de l’ordre judiciaire et celles de l’ordre administratif, boulet de l’organisation de la justice, inconnu d'autres pays, que nous traînons encore aujourd’hui ; la professionnalisation des magistrats désormais appointés par l’État ; et l’institution, au sein de la justice civile, d’une part, des juges de paix et des tribunaux de district (loi du 27 ventôse an VIII-18 mars 1800), ancêtres des Tribunaux de première instance et de grande instance, eux-mêmes devenus, en 2020, dans l’indifférence générale, des Tribunaux judiciaires (un pré-avant projet ultra confidentiel de décret en préparation de la Chancellerie envisagerait de les renommer Cours judiciaires et d'en confier les présidences à des avocats à compter du 1er avril prochain), d’autre part, d’un Tribunal de cassation et de Tribunaux d’appel (loi du 27 ventôse an VIII-18 mars 1800), renommés, en 1804, pour des raisons énigmatiques, Cour de cassation et Cours d’appel (sénatus-consulte organique du 28 floréal an XII). 

     

    www.logerjustice.fr. Il fut donc nécessaire de trouver des bâtiments pour accueillir ces nouvelles juridictions de première instance et ces Cours d’appel, avec leurs dizaines de milliers de plaideurs et milliers de gens de justice (juges, procureurs, greffiers, avoués, avocats…). En bonne logique, certains des bâtiments dits Palais des anciens Parlements leur furent affectés, formant ce que l’on appelle des Palais de Justice, avec ou sans travaux de rénovation et d’extension.

     

    En voici quelques exemples avec, sur cette page d’aujourd’hui, les Palais de Justice de Besançon, Grenoble et Rennes, tous inscrits ou classés au titre des monuments historiques, et, sur la prochaine page (en préparation!), le Palais de Justice de Rouen dont j’ai trouvé de remarquables photographies tirées sur papier albuminé.

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Besançon (photographie-carte de visite, tirée sur papier albuminé. Non datée)

    4. Le Palais de Justice de Besançon (photographie-carte de visite, tirée sur papier albuminé. Non datée).

     

     

       Le Parlement de Besançon du Comté de Bourgogne et de Franche-Comté, était le onzième Parlement du royaume, installé en 1422 à Dole, capitale du Comté de Bourgogne, puis en 1678 à Besançon dans le second corps de logis de l’hôtel de ville construit par l’architecte de la ville de Dijon Hugues Sambin, vers 1582. Il fut reconstruit de 1745 à 1749. Aujourd’hui encore, la Cour d’appel de Besançon siège dans cet édifice qui a fait l’objet de plusieurs restructurations, dont la dernière achevée en 2005.

     

     

     

     

     

     

     

    La façade de  l’ancien Parlement de Besançon (1589), devenu siège de la Cour impériale d’appel de Besançon le 15 juin 1811 (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée)

     5. La façade de  l’ancien Parlement de Besançon (1589), devenu siège de la Cour impériale d’appel de Besançon le 15 juin 1811 (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée). 

     

     

        « Justice et Force ». La façade principale du Palais de Justice de Besançon, construite par Hugues Sambin, est de style Renaissance. Au dessus du porche, fermé par une grille en fer forgé de 1861, ont été déposées deux statues, l’une représente la Justice, l’autre la Force, deux symboles mentionnés  par Blaise Pascal (1623-1662), dans ses Pensées sur la Justice, dans plusieurs des 21 fragments de la liasse Raison des effets. Aujourd’hui, ces deux symboles qui trônent en sculptures, tapisseries ou peintures dans nombre de Palais de Justice, sont devenus le cauchemar des candidats aux épreuves écrites ou orales de philo du bac, car ils sont constamment proposés par les examinateurs en mal d'imagination. Pour vous distraire, en cette seconde période de confinement, et avoir une pensée émue pour nos apprentis bacheliers, en voici un extrait (amphigourique ?) que je me garderai lâchement de commenter : 

      

    « Justice force.

    Il est juste que ce qui est juste soit suivi. Il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi.

    ----

    La justice sans la force est impuissante. La force sans la justice est tyrannique.

    La justice sans force est contredite parce qu’il y a toujours des méchants. La force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste.

    La justice est sujette à dispute. La force est très reconnaissable et sans dispute. Ainsi on n’a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice, et a dit qu’elle était injuste, et a dit que c’était elle qui était juste.

    Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste ».

     

     

     

     

     

     

    La Palais de Justice de Grenoble et la statue de Bayard, place Saint-André (photographie tirée sur papier albuminé. Circa 1880).

    6 La Palais de Justice de Grenoble et la statue de Bayard, place Saint-André (photographie tirée sur papier albuminé. Circa 1880).

       

         Du Palais du Parlement du Dauphiné… C’est en 1452 que le roi Louis XI transforma la Cour de justice, dite Conseil delphinal, qui avait été créée, en 1349, par Humbert II de la Tour-du-Pin, le dernier seigneur du Dauphiné de Viennois, en Parlement du Dauphiné, lequel devint ainsi le troisième Parlement de France, après ceux de Paris (vers 1250), et Toulouse (1443). Il fut installé, place Saint-André, à proximité immédiate du Palais du Conseil delphinal, dans un bâtiment construit vers 1500 sous Louis XII en style gothique dit flamboyant (car les ornements sont inspirés de la forme des flammes), et agrandi en 1539 sous François Ier, puis en 1562 sous Charles IX, en styles Seconde Renaissance et Néo-Renaissance.

     

     

     

     

    La Palais de Justice de Grenoble (photographie tirée sur papier albuminé, de Séraphin-Médéric Mieusement. 1887)

    7 La Palais de Justice de Grenoble (photographie tirée sur papier albuminé, de Séraphin-Médéric Mieusement. 1887).

    Source : Collections de la bibliothèque de l’INHA.

    https://bibliotheque-numerique.inha.fr

     

    …au Palais de Justice de Grenoble. Lors de la Révolution française, le Parlement du Dauphiné fut dissous, comme tous les autres Parlements. Le Palais de Justice de Grenoble, qui lui succéda, fut installé dans ses bâtiments initiaux, place Saint-André, et ce jusqu’en septembre 2002 où il rejoignit de nouveaux bâtiments dans le quartier Europole, place Firmin Gautier. Ceux-ci hébergent actuellement la Cour d’appel, le Tribunal judiciaire, issu de la fusion du Tribunal de grande instance et du Tribunal d’instance, le Tribunal de commerce et le Conseil des prud’hommes.

     

     

     

     

     

     

     

    La salle des audiences de l’ancien Palais de Justice de Grenoble (photographie tirée sur papier albuminé).

    8 La salle des audiences de l’ancien Palais de Justice de Grenoble (photographie tirée sur papier albuminé).

     

     

    Quant à l’ancien Palais, donnant sur la place Saint-André, dont les salles regorgent de boiseries, de plafonds sculptés et de tapisseries, il appartient désormais au Conseil départemental de l’Isère. Celui-ci a décidé, en 2020, de sa rénovation complète pour l’année 2024, avec diverses affectations toutes étrangères à la Justice comme des appartements privés et un musée. 

     

     

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Rennes sur la place du Palais, actuellement place du Parlement* (photographie de la Maison Berthaud Frères, installée à Paris de 1889 à 1908).

    9 Le Palais de Justice de Rennes sur la place du Palais, actuellement place du Parlement* (photographie de la Maison Berthaud Frères, installée à Paris de 1889 à 1908).

     

     

    *La Place où est installé le Palais de Justice de Rennes a été renommée successivement place Louis-le-grand, place de l’Égalité, place Impériale, place du Palais, et, depuis le 4 mai 1981, place du Parlement (j'ai même lu quelque part qu'elle aurait également été appelée place Royale).. 

     

     

    Du Parlement de Bretagne… C’est en mars 1554 qu’une Cour souveraine de Justice, fut créée, par Henri II, pour enregistrer les édits royaux et rendre la justice au nom du roi. Le Parlement de Bretagne intégra un nouveau palais construit sur le « placis » Saint-François contre les remparts nord de la ville, près de la porte Saint-François entre la porte aux Foulons et la tour Le Bât. Divers maîtres d’œuvres sont intervenus : Germain Gaultier, Salomon de Brosse (l’architecte du Luxembourg à Paris), Ernard, Coypel, Jouvent, Elle Ferdinand, Gabriel, Jacques et Pierre Corbineau. La pose de la première pierre eût lieu le 15 septembre 1618, et l’inauguration solennelle du palais du Parlement le 16 janvier 1655.

     

    …à la Cour d’appel de Rennes... En février 1790, le Parlement de Bretagne fut dissous, et la Cour d’appel de Rennes, qui lui succéda, en 1804, prit possession du palais de l’ancien Parlement, où elle siège aujourd’hui encore (n° 6, place du Parlement de Bretagne). 

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Rennes (photographie tirée sur papier albuminé, par Étienne et Louis Antonin Neurdein

    10 Le Palais de Justice de Rennes (photographie tirée sur papier albuminé, par Étienne et Louis Antonin Neurdein. Non datée. Source : Collections de la bibliothèque de l’INHA. https://bibliotheque-numerique.inha.fr).

     

     

      Le Palais du Parlement de Bretagne devenu celui de Justice de Rennes a la forme d’un château à quatre pavillons d’angle. L’entrée principale est surmontée d’un balcon encadré de colonnes géminées (groupées deux à deux avec un intervalle sensible), et surmonté d’un cadran solaire en attique (partie supérieure qui couronne une construction), avec pilastres géminés. Un fronton cintré coiffe cet ensemble avec un tympan comprenant le blason du Royaume de France.

     

      Le toit à forte pente, idéal pour résister à la neige, à la glace, à l’eau et au vent, est couvert d’ardoises. Il est orné, à sa base, d’une balustrade (rangée de colonnettes), et au sommet d’une galerie de faitage en plomb, avec l’alternance des emblèmes bretons (hermine cuivrée) et français (fleur de lys d’orée).

     

      Quant à la charpente originale en bois, appelée la « Forêt » en raison du grand nombre de madriers employés à sa construction, elle n’a pu résister bien longtemps au « célèbre » incendie nocturne du 5 février 1994 provoqué par des manifestants marins-pêcheurs bretons (une fusée de détresse lancée par un manifestant jamais identifié avait brisé une ardoise du toit et lentement embrasé son ossature en bois massif). Aussi lors des travaux de restauration complète du palais, au cours des années 1996 à 1999, a-t-elle été remplacée par une charpente métallique moins sensible aux fusées de détresse, pétards, mortiers et autres bombes d’artifice, qui s’invitent aux manifestations.

     

     

     

     

     

    La Cour intérieure du Palais de Justice de Rennes

    11 La Cour intérieure du Palais de Justice de Rennes (Éditions A. Lamiré. Rennes. Procédé photomécanique*. Non daté. Source : Musée de Bretagne : 

    http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo173520). 

     

     

    *Petite annonce préalable. Les quatre dernières photographies anciennes de cette page sont étrangères au procédé de tirage sur papier ou carton albuminé, quand bien même elles lui empruntent leur teinte sépia, jaune, orangée, brune ou marron. En effet, je n’ai pas trouvé d'autres photographies selon ce procédé dans l’auberge espagnole d’Internet. Mais il m’était difficile de ne mettre qu’une seule photographie (celle numérotée 10) du « Temple de la Loi », de Rennes, l’un des plus grands édifices architecturaux de France, tant pour sa façade extérieure que pour ses salles intérieures.

     

    Une histoire d’escalier. Sur cette photographie ancienne, on entrevoit l’escalier principal couvert à double rampe de l’entrée du palais donnant sur la cour intérieure. Il a été construit en 1726 sous la direction de Gabriel, architecte du roi, pour remplacer l’ancien grand escalier monumental extérieur qui donnait sur la place. Suite à cette reconstruction, la cour intérieure, bordée par les quatre ailes du bâtiment, qui était à l’origine carrée, est devenue rectangulaire ! 

     

     

     

     

     

     

    Les arcades de la Galerie du Rez-de-chaussée du Palais de Justice de Rennes

    12 Les arcades de la Galerie du Rez-de-chaussée du Palais de Justice de Rennes (Photographie d’Henri Laurent-Nel. Circa 1900. Source : Musée de Bretagne :

    http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo281161).

     

     

    La Galerie du Rez-de-chaussée du Palais de Justice est composée de deux rangées de piliers en pierre granit reliées entre elles par des voutes à croisée d’ogives. Elles ne reposent donc pas directement sur les murs, mais sur les arcs disposés diagonalement, qui se croisent au centre sur une clef et s’appuient sur le haut des piliers.

     

     

     

     

     

     

     

    La salle des Pas-Perdus du Palais de Justice de Rennes

             13 La salle des Pas-Perdus du Palais de Justice de Rennes

     

       La salle des Pas-Perdus du Palais de Justice de Rennes est longue de 36,60 mètres et large de 12,80 mètres. Sa voûte formant le plafond à 13 mètres de hauteur repose sur des pieds de 7 mètres, surmontés d’une corniche corinthienne (couronnement continu en saillie). Elle est embellie de rosaces, de couronnes, de guirlandes d'hermines, et en son centre, des armes de la Bretagne et de la France, en bois sculpté et doré. Cette salle des Pas-Perdus a été entièrement détruite lors de l’incendie du 5 février 1994 (son plafond était directement accroché à la charpente en bois enflammée). Depuis, elle a été refaite à l’identique.

     

     

     

     

     

     

    La Grand’Chambre du Parlement de Bretagne devenu Palais de Justice.

    14 La Grand’Chambre du Parlement de Bretagne devenu Palais de Justice.

     

         Cette salle destinée aux réceptions d’apparats des magistrats (banquets, grandes assemblées...) a échappé aux destructions engendrées par l’incendie de 1994. L’une des explications tiendrait à ce que, contrairement à la salle des Pas-Perdus entièrement détruite, elle bénéficiait de la protection d’un lit de briques réfractaires, situé entre son plafond et la charpente en bois enflammée, qui avait été installé au XIXème siècle par l’architecte Laloy.

     

           Cette grande salle est souvent présentée comme la pièce maîtresse du Palais de Justice pour ses plafonds et boiseries du XVIIe siècle, signés Charles Errard (1606-1689); ses peintures de Noël Coypel (1628-1707) encastrées dans le plafond, d’après des dessins de Charles Errard ; et sa tapisserie des Gobelins du début du XXe siècle représentant la mort du connétable Du Guesclin.

     

     

     

     

     

    La salle de la Cour d’assises du Palais de Justice de Rennes

    15 La salle de la Cour d’assises du Palais de Justice de Rennes.

     

          Je terminerai ma promenade au Palais de Justice de Rennes avec cette carte postale éditée à la Belle Époque par les frères Étienne et Louis Antonin Neurdein, reconnaissables à leur signature « ND » ou « ND Phot », et plus encore à leurs prises de vue toujours magistrales. Sans être aussi riche artistiquement que d’autres salles du Palais de justice (Grand-Chambre devenue la Première Chambre Civile ; Chambre des Enquêtes devenue Deuxième Chambre Civile ; Chambre du Conseil de la Tournelle devenue le Cabinet du Premier Président), celle de la Cour d’assises se distingue par une relative sobriété des décorations de son plafond, qui représentent simplement un ciel parsemé de nuages. Aujourd’hui, cette salle a été « enrichie » d’une vitre blindée d’époque artistique contemporaine pour séparer l’accusé de la salle d’audience !

     

     

     


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    Vue de la salle de l’Échiquier du château de Caen, 1819* (John Sell Cotman (1782-1842) Crayon et lavis sur papier – Source : Caen, musée de Normandie. © musée de Normandie-Ville de Caen)

    1. Vue de la salle de l’Échiquier du château de Caen, 1819* (John Sell Cotman (1782-1842) Crayon et lavis sur papier – Source : Caen, musée de Normandie. © musée de Normandie-Ville de Caen).

     

     

    *La salle originale de l’Échiquier n’existe plus. Au fil des siècles, elle a été plusieurs fois reconstruite, plus ou moins différemment, servant notamment d’entrepôts de matériels roulants et d’écurie pour les militaires qui avaient transformé le château en caserne. Ce sont eux qui ont ouvert de grandes fenêtres au rez-de-chaussée et créé un étage sur plancher, visibles sur ce dessin du début du XIXème, absents de la salle de réception d’origine du château de Caen, plus connue sous le nom de salle de l’Échiquier. En 1944, la salle de l’Échiquier a été endommagée par des bombardements, puis restaurée en 1962. 

     

     De l’Échiquier de Normandie au Parlement de Normandie. Je vous emmène aujourd’hui faire un p’tit tour à Rouen, la capitale de la Normandie bordée par la Manche, découvrir son Palais de Justice grâce à des photographies, prises sous le Second Empire (1851-1870) et au début de la Troisième République (1870-), tirées (sauf la dernière d’entre elles, n°14) sur papier albuminé par des professionnels ou des amateurs (n° 2 à 13 comprise).

     

     « J’irai revoir ma Normandie… » Mais avant de nous rendre à Rouen, il faut aller à Caen où tout à commencé, sans doute au XIème ou au XIIème siècle, avec la construction du Palais (le château de Caen) des ducs de Normandie (parmi ceux-ci : Robert le Magnifique de 1010 à 1035, et Guillaume le Conquérant de 1035 à 1087, qui fut roi d’Angleterre de 1066 à 1087). Ce palais ducal était notamment composé d’une salle de réception dans laquelle le duc-roi de Normandie tenait des assemblées solennelles, ainsi que des séances de sa cour des comptes et de justice.

     

    Cette salle portait le nom d’Échiquier de Normandie, sans que l’on sache très bien pourquoi (pour certains, parce que la salle aurait été constituée tour à tour de pavés de pierres carrées noires et blanches comme un tablier de jeu d’échecs). Toujours est-il qu’elle servait de siège « transitoire » à l’Échiquier de Normandie, qui avait été institué, au début du Xème siècle, par Rollon, premier duc de Normandie (de 911 à 927), pour juger des affaires relatives à l’administration du domaine du duc et des torts faits à ses droits. Car en effet, cet Échiquier était itinérant et, deux fois par an, il s’installait, trois mois durant, dans l’une des villes de la province normande (Rouen, Falaise, Caen…). Lorsque c‘était le tour de la ville de Caen, l’Échiquier siégeait dans la salle de réception de son château.

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé)

    2. L’aile gauche (aile Ouest) du Palais de Justice de Rouen, la plus ancienne de l’ensemble architectural, réalisée à partir de 1499, avec un clocher et des lucarnes de style gothique flamboyant (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée). 

     

    Les lettres patentes d’avril 1499 de Montilz-sous-Bois du roi Louis XII conférèrent alors à l’Échiquier de Normandie le statut de Cour de justice, souveraine, sédentaire et perpétuelle, tout en maintenant son siège à Rouen. De 1499 aux années 1510/1517, pendant la construction d’un nouveau bâtiment pour accueillir l’Échiquier, celui-ci continua de tenir ses audiences dans la salle de réception du château de Caen (devenu le Château du Roi). Puis, une fois les travaux achevés, il put tenir ses audiences dans le nouveau Palais du Neuf-Marché construit, en style gothique dit flamboyant (le réseau des nervures des bâtiments composant l’aile ouest de l’actuel Palais de Justice a l’apparence onduleuse de la flamme), entre la Cathédrale Notre-Dame-de-Rouen et la place du Vieux-Marché, en plein cœur du centre ville.

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé

    3. Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée).

     

    En 1515, le roi François Ier supprima le nom d’Échiquier, symbole de l’identité normande, pour le remplacer, à l’instar des autres cours souveraines du royaume, par celui de Parlement de Normandie, mais il maintint son siège dans les murs du nouveau Palais de Justice de Rouen tout juste achevé (cette aile ouest du nouveau palais abritait aussi le Parloir aux Bourgeois). Le Palais du Parlement de Normandie sera agrandi au fil des siècles par d’autres bâtiments aux styles architecturaux divers. En 1790, comme l’ensemble des parlements du Royaume, il sera supprimé par l’Assemblée nationale constituante (sa dernière audience eût lieu le 28 septembre 1790).

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé

    4. Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée).

     

    Du Parlement de Normandie au Palais de Justice de Rouen. Suite à la réforme judiciaire de l’an VIII (loi du 27 ventôse an VIII-18 mars 1800), une nouvelle organisation des tribunaux fut instituée avec, d’une part, des juges de paix et des tribunaux de district (ancêtres des Tribunaux de première instance et de grande instance, devenus, en 2020, Tribunaux judiciaires), d’autre part, des Tribunaux d’appel couvrant chacun plusieurs départements. C’est ainsi que l’ancien Palais du Parlement de Normandie, dont le siège était à Rouen, accueillit ces nouvelles juridictions provinciales dans ses murs, sous le nom commun de Palais de Justice de Rouen.

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé

    5. Le Palais de Justice de Rouen. Pavillon en avant-corps de l’ancien Palais du Parlement de Normandie, corps central de l’édifice : 1507-1517 (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée).

     

    Le Palais de Justice de Rouen sera agrandi au XIXème siècle vers les rues Jeanne d’Arc et Socrate, puis longuement restauré après avoir été endommagé par des bombardements les 19 avril et 26 août 1944 (en 2005, la façade et les gargouilles ont été rénovées). Il est, aujourd’hui, le siège du Palais de Justice de la ville de Rouen, qui accueille notamment son Tribunal Judiciaire (1 Place du Maréchal Foch), et sa Cour d’appel (36 rue aux Juifs). 

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé

    6. Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée).

     

    À l’origine, le Parlement de Normandie était composé de quatre Présidents (deux clercs et deux laïcs), dont le Premier Président, de treize conseillers clercs et de quinze conseillers laïcs (titulaires de leur office, transmissible moyennant rémunération), de deux avocats généraux, d’un Procureur Général, de deux greffiers, d’un huissier audiencier, et de six huissiers. 

     

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé

    7. Le Palais de Justice de Rouen. Vue de l’escalier néo-gothique construit par l’architecte Henri Charles Martin Grégoire entre 1890 et 1900 (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée).

     

    Quant à la légendaire Coutume de Normandie*, la plus ancienne de France (sa première rédaction date de la fin du XIème siècle), qui s’était appliquée au duché Normand depuis sa création en 911, à la suite du Traité de Saint-Clair-sur-Epte conclu entre le roi carolingien Charles-le-Simple et le chef viking Rollon, elle fut plus ou moins aménagée au cours du temps par des arrêts du Parlement de Normandie, avant d’être abrogée en 1804, laissant place au Code Civil promulgué par Napoléon Bonaparte (elle s’applique toutefois encore de nos jours dans les îles anglo-normandes, à Jersey et Guernesey).

     

    *En surfant sur la toile Internet, on trouve de très nombreuses études scientifiques, en accès libre, consacrées au droit coutumier normand, notamment celle de Jean Yver (1901-1988), qui fut Professeur agrégé à la Faculté de Droit de Caen, de 1931 à 1974, titulaire de la Chaire d’Histoire générale de Droit français. 

    Jean Yver : La rédaction officielle de la coutume de Normandie. Rouen 1583). Son esprit

    https://www.persee.fr/docAsPDF/annor_0003-4134_1986_num_36_1_1716.pdf

     

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé

    8. Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée).

     

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé

    9. Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée).

     

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé

    10. Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée).

     

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé

    11. Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie. L’aile Est construite au XIXème siècle en style néo-gothique (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée).

     

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (photographie tirée sur papier albuminé

    12. Le Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie. L’aile Est construite au XIXème siècle en style néo-gothique (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée).

     

     

     

     

     

     

    La Grand’Chambre du Parlement de Normandie, actuelle salle des Assises du Palais de Justice de Rouen (photographie tirée sur papier albuminé

    13. La Grand’Chambre du Parlement de Normandie, actuelle salle des Assises du Palais de Justice de Rouen (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée).

     

    À l’origine, le Palais du Parlement de Normandie était divisé en deux Chambres, l’une jugeant le matin, l’autre l’après-midi, dans une salle bien étroite. Aussi fut-t-il construit, au début du XVIème siècle, à la demande des conseillers, un nouveau bâtiment, à l’équerre du Palais du Neuf-Marché, avec la grande salle d’audience la plus emblématique du Palais du Parlement, connue sous le nom de Grand’Chambre (aussi appelée Chambre du Plaidoyer). 

     

    Son plafond à caissons de style Renaissance, décoré de rosaces et d’ornements en bronze doré (pour cette raison, la Grand’Chambre est aussi appelée Chambre dorée), tel qu’on peut le voir sur cette photographie du XIXème siècle, a été entièrement détruit lors des bombardements de 1944. Fort heureusement, il a été restauré, dans les années 1980, avec le même type de bois de chêne vieilli de couleur ébène. Aussi les magistrats, les jurés, les avocats, le greffier, les personnes accusées de crime, leurs gardes, et le public, dès lors qu’ils s’intéressent à l’architecture peuvent-ils lever les yeux pour admirer ce plafond pendant les audiences, puisque la Grand’Chambre est devenue l’actuelle salle des Assises. Sauf erreur de ma part, chaque année, l’audience solennelle d’installation des nouveaux magistrats de la Cour d’appel de Rouen, en robe d’apparat, a également lieu dans cette salle.

     

     

     

     

     

    La Salle des Pas-Perdus, dite « Salle des Procureurs », du Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (carte postale des frères Étienne et Louis-Antonin Neurdein

    14. La Salle des Pas-Perdus, dite « Salle des Procureurs », du Palais de Justice de Rouen, ancien Palais du Parlement de Normandie (carte postale des frères Étienne et Louis-Antonin Neurdein, sous leur première marque « ND », utilisée dans les années 1885).

     

     

    Au fil des ans, d’autres chambres furent créées à l’occasion de travaux d’extension du bâtiment initial du Palais du Parlement de Normandie, édifié à Rouen. Entre autres : la Chambre de la Tournelle pour les affaires criminelles (1519) ; la première Chambre des Enquêtes (1543) ; la Chambre des Vacations (1547) ; la deuxième Chambre des Enquêtes (1680) ; la Chambre des Requêtes (1739).

     

    Mais tout Palais de Justice qui se respecte doit encore avoir sa salle dite des Pas-Perdus, définie comme étant la « Grande salle qui précède ordinairement la chambre des audiences d’un tribunal, et où le public se promène. » (Dictionnaire de la langue française d’Émile Littré, publié de 1872 à 1877). Celle du Palais de Justice de Rouen, qui jouxte sa Grand’Chambre, a la particularité d’être plus connue sous le nom de « Salle des Procureurs ». Elle a été construite, dans les années 1507, dans la partie Ouest du bâtiment, antérieure au corps principal (la façade avec sa tour visible sur les précédentes photographies).

     

    Longue de 48,72 mètres et large de 16, 24 mètres, donc un peu en deçà de la taille d’une piscine olympique (longueur : 50 mètre ; largeur : 25 mètres), et haute de plus de 16 mètres, la Salle des Procureurs ou des Pas-Perdus occupe la totalité du premier étage de ce corps du Palais. Elle est de style Louis XII, inspiré de la Renaissance artistique italienne, avec une voûte lambrissée en forme de carène de navire renversée dont la nef d’une seule volée n’est soutenue par aucun pilier. Cette salle a, elle aussi, été détruite lors des bombardements de 1944. Depuis, elle a été restaurée à l’identique.

     

    À bientôt (dans le courant de la semaine prochaine, si j'ai fini!) pour des photographies du XIXème siècle, tirées sur papier albuminé, représentant des Palais de Justice implantés, après la Révolution française, dans de nouveaux bâtiments, spécialement construits pour les accueillir, dans le style architectural néo-classique alors en vogue, inspiré des temples antiques grecs, voire romains et égyptiens, faisant suite au style architectural gothique (puis rococo):

    Tirage sur papier albuminé: Temples de Justice néoclassiques (1/3)

    Tirage sur papier albuminé: Temples de Justice néoclassiques (2/3)

    Tirage sur papier albuminé: Temples de Justice néoclassiques (3/3) 

     

     





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