•  

     

     

     

    Tirage papier albuminé: Temples de Justice néoclassiques 1/3

    1 Projet d’un Palais de Justice par Benoist (plume et encre noire sur traits de crayon noir. 1785. Benoist est un architecte de la fin du XVIIIème siècle, mentionné dans l’étude de Werner Szambien, en libre accès sur le site Persée : « Les architectes parisiens à l’époque révolutionnaire », in. Revue de l'Art, 1989, n°83. pp. 36-50.

    https://www.persee.fr/doc/rvart_0035-1326_1989_num_83_1_347756).

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Pau

    2 Le Palais de Justice de Pau (lithographie de Charles Mercereau, éd. S. Sinnet et Frick frères, non datée. Source : Bibliothèque municipale de Toulouse).

     

        Pour me faire pardonner dans les règles de l’ar « t » chitecture. J’avoue bien volontiers que les façades des Temples de Justice néoclassiques du XIXème siècle, prises par des photographes professionnels ou amateurs de l’époque, et tirées sur papier ou carton albuminé, peuvent engendrer, pour certains amateurs de beaux édifices et de belles images, des réserves et/ou de l’ennui. Aussi pour les amadouer, je leur offre, en prologue, cette jolie lithographie pleine de couleur du XIXème siècle, représentant le Palais de Justice de Pau (Pyrénées-Atlantiques), construit en pure style néoclassique, entre 1847 et 1856 (depuis 1958, ce bâtiment donnant sur la place de la Libération accueille la Cour d’appel, la Cour d’assises, et le Tribunal de grande instance de Pau, devenu, en 2020, Tribunal judiciaire).

     

         Pour m’enfoncer encore de plus belle. Je rappelle, par ailleurs, que cette présentation de Palais de justice en style néoclassique ne répond à aucune logique si ce n’est alphabétique (de la lettre « a », pour Aix, à la lettre « t » pour Tours). Elle dépend tout simplement de ce que j’ai pu dénicher, en libre accès, sur la toile, armé des mots « palais de justice », « vintage », « albuminem », et « albuminé », soit une trentaine de photographies d’époque. Sachez toutefois qu’avec les seuls mots « palais de justice », associés ou non au nom d’une ville, sur le site de cartes postales anciennes Delcampe, vous découvrirez des milliers  de photographies prises autrefois par des photographes professionnels de grand talent, et éditées en cartes postales en noir et blanc, lesquelles ont parfois été colorisées par des « petites mains » ! https://www.delcampe.net/fr/collections/

     

         Temples de Justice. Un mot enfin à propos de ce style d’architecture néoclassique, inspiré de l’Antiquité, très à la mode dans la seconde moitié du XVIIIème siècle et la première moitié du XIXème siècle. Il emprunte aux modèles antiques grecs et romains divers éléments et formes comme les colonnes de piliers doriques, ioniques ou corinthiens (sur la définition de ces trois ordres, voir le prochain chapitre 3/15), le fronton, le portique, et l’harmonie des proportions.

     

          Ce style architectural s’est ainsi exprimé dans de nombreux bâtiments judiciaires construits à cette époque (53% de nos bâtiments judiciaires ont été construits au XIXème siècle, contre seulement 17% avant la Révolution française, et 20% après 1958. Source : La justice et ses temples, regards sur l’architecture judiciaire en France. Ouvrage collectif des membres de l’Association française pour l'histoire de la justice, préfacé par Robert Badinter. 1992).

     

         Les nouveaux Palais de Justice ainsi édifiés ayant l’apparence des temples antiques leur empruntèrent également le nom de temple, d’où leur titre de « Temples de Justice ».

     

     

     

     Le Palais de Justice d’Aix, l’ancienne capitale du Comté de Provence (photographie de Claude Gondran [1823-1913], épreuve sur papier albuminé. XIXème siècle. Source : Bibliothèque numérique M méjanes d’Aix-en-Provence

    3 Le Palais de Justice d’Aix, l’ancienne capitale du Comté de Provence (photographie de Claude Gondran [1823-1913], épreuve sur papier albuminé. XIXème siècle. Source : Bibliothèque numérique M méjanes d’Aix-en-Provence.

    https://bibliotheque-numerique.citedulivre-aix.com/idurl/1/7097).

     

      Aix-en-Provence, la ville de l’étudiant en Droit Portalis. Le Palais de Justice de la ville d’Aix-en-Provence s’élève à l’emplacement de l’ancien Palais du Parlement de Provence (depuis la fin du XVème siècle),  détruit en 1786 car menaçant ruine. Sa reconstruction, ordonnée par le roi Louis XVI, subit alors une multitude d’aléas. En effet, commencés en 1787, les travaux furent suspendus de 1790 à 1822. Ce n’est qu’en 1832 que l’édifice fut achevé, sur les plans de l’architecte du département, Michel-Robert Penhaud, auteur de l’arc de triomphe de Marseille.

     

       Deux statues, réalisées par Ramus en 1847, sont placées de chaque côté de la façade de ce bâtiment de style grec. Elles représentent les jurisconsultes aixois Joseph Jérôme Siméon (1749-1842), et Jean-Etienne-Marie Portalis (1746-1807). Ce dernier fut étudiant, dès l’âge de seize ans, à l’École de Droit d’Aix-en-Provence et avocat au barreau de cette cité dès 1765.

     

       De notre temps. Situé Place de Verdun, le Palais de Justice d’Aix accueille actuellement les chambres civiles de la Cour d’appel et la Cour d’assises. Dans les toutes prochaines semaines (livraison fin décembre 2020, mise en service premier semestre 2021), il voisinera avec un autre Palais de Justice dont les travaux ont commencé au second semestre de l’année 2018. Celui-ci accueillera, boulevard Carnot, le Tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence, issu de la fusion, en 2020, du TGI d’Aix et des Tribunaux d’Instance de Martigues et Salon, actuellement éparpillés sur divers sites (boulevard Carnot ; boulevard des Poilus).

     

     

     

     

    Le Palais de Justice d’Alençon en Normandie (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

    4 Le Palais de Justice d’Alençon en Normandie (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

         « Alençon n’est pas une ville qui affriande l’étranger, elle n’est sur le chemin d’aucune capitale, elle n’a pas de hasards ; les marins qui vont de Brest à Paris ne s’y arrêtent même pas. » (Honoré de Balzac. La vielle fille). En 1811, après avoir été accueilli dans la ville d’Alençon, l’empereur Napoléon Ier ordonna par décret la construction du Palais de Justice. Commencé en 1818, achevé en 1824, et inauguré en 1827, ce palais est bâti sur l’emplacement de l’ancien donjon du château des Ducs, construit sous Pierre II, duc d’Alençon entre 1861 et 1404. Il est de style néoclassique, inspiré des temples grecs. L’entrée de sa façade est composée de quatre colonnes doriques de pierre de taille soutenant le fronton.

     

         De notre temps. Situé Place Maréchal Foch, le Palais de Justice d’Alençon, édifié sous le Premier Empire, accueille actuellement le nouveau Tribunal judiciaire issu de la fusion, au 1er janvier 2020, de son Tribunal de grande instance et de son Tribunal d’instance. Il est également le siège de la Cour d’assises de l’Orne, d'un Tribunal pour enfants, d'une juridiction de proximité, d'un Tribunal de commerce et d'un Conseil des prud'hommes.  

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice d’Angers dans les Pays de la Loire  (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

    5 Le Palais de Justice d’Angers dans les Pays de la Loire  (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

    Angers « la Ville des Fleurs ». C’est en 1864 que les travaux du nouveau Palais de Justice commencèrent sur des plans de Charles Edmond Isabelle, architecte du gouvernement, sur un terrain du Champ de Mars cédé par la ville. Ils furent achevés seulement vingt ans plus tard par Metzger puis Beignet, en raison de problèmes financiers. Inauguré en 1883, l’édifice est de style néoclassique, typique des constructions des bâtiments judiciaires et administratifs du XIXème siècle. Ainsi l’entrée de sa façade est-elle composée d’un escalier monumental permettant d’accéder au péristyle composé de six colonnes doriques de pierre de taille qui soutiennent le fronton à la manière des temples antiques.

     

    De notre temps. Situé rue Waldeck Rousseau, le Palais de Justice d’Angers, accueille actuellement la Cour d’appel et le nouveau Tribunal judiciaire issu de la fusion, en 2020, du Tribunal de grande instance et du Tribunal d’instance.

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Bordeaux, l’ancienne capitale de la Gaule romaine (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

    6 Le Palais de Justice de Bordeaux, l’ancienne capitale de la Gaule romaine (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

    Bordeaux « la Belle Endormie ». Son Palais de Justice a été construit entre 1839 et 1846 sur l’emplacement de l’ancien fort ou château du Hâ, sur des dessins de l’architecte Joseph-Adolphe Thiac (1800-1865). De style néoclassique, sa longue façade principale, inspirée du temple Grec d’Aphaïa, comporte un péristyle, lui même inspiré du temple Grec du Parthénon, à douze colonnes doriques, surmonté de trois frontons circulaires, auquel on accède par un escalier monumental.

     

    Sur la toiture des avant-corps, cette photographie ancienne laisse deviner quatre sculptures de Dominique Fortuné Maggesi (1801-1892), représentant Montesquieu, Michel de L’Hospital (à droite), Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes et Henri François d’Aguesseau (à gauche).

     

    De notre temps. Situé place de la République, cet ancien bâtiment du Palais de Justice accueille actuellement la Cour d’appel. Quant au Tribunal de grande instance, il a quitté ce Palais pour intégrer un autre Palais de Justice achevé en 1998, rue des Frères Bonie, et devenu, en 2020, siège du Tribunal judiciaire, issu de la fusion du Tribunal de Grande Instance et du Tribunal d’instance.

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Caen, l’ancienne capitale des ducs de Normandie dont Guillaume le Conquérant (photographie stéréoscopique, tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

    7 Le Palais de Justice de Caen, l’ancienne capitale des ducs de Normandie dont Guillaume le Conquérant (photographie stéréoscopique, tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

      Caen « Une Ville aux Cent Clochers ». Caen, qui fut au Moyen Âge la rivale de Rouen pour l’accueil de l’Echiquier itinérant de Normandie, ancêtre du Parlement de Normandie, installé définitivement à Rouen au XVIème siècle (sur cette saga judiciaire normande, voir ma page : Tirage sur papier albuminé: Parlements et Palais de Justice 2/2. http://droiticpa.eklablog.com/tirage-sur-papier-albumine-parlements-et-palais-de-justice-2-2-a204248186), n’a pas pour autant perdu tout lien avec l’institution judiciaire. Au contraire, siège d’un baillage devenu après la Révolution française tribunal civil et correctionnel, la ville de Caen a lancé la construction en 1783, dans la partie nord de la place Fontette, alors en cours d’aménagement à l’emplacement des anciennes fortifications, d’un Palais de Justice, sur des plans dressés par l’architecte Armand Bernardin Lefebvre (1733-1807). Bien que l’édifice ne soit pas terminé (la construction s’achèvera dans les années 1840), le Palais de Justice fut inauguré le 11 février 1792 et le Tribunal civil y tiendra épisodiquement ses audiences, avant de s’y installer définitivement avec le tribunal correctionnel en 1843, sous le nom de Tribunal de première instance jusqu’en 1958, puis après sous celui de Tribunal de grande instance. La Cour d’appel, la Cour d’assises, le Tribunal de commerce et le Conseil de Prud’hommes y siégeront également.

     

        De style néoclassique, alors en vogue aux XVIIIème et XIXème siècles, le Palais de Justice de Caen, aussi connu sous le nom de « Palais Fontette » a la particularité d’être en forme d’un losange tronqué à ses extrémités nord et sud. Quant à sa façade, à l’instar des autres Palais de Justice de l’époque, inspirés des temples antiques, elle  comporte un péristyle à six colonnes doriques, surmonté d’un fronton circulaire.

     

        De notre temps. Le Palais de Justice de Caen, place Fontette, n’est plus. Il a été entièrement désaffecté en 2005 (les dernières audiences judiciaires y ont eu lieu le 23 juillet 2015). Il n’a cependant pas été détruit. Au contraire, acquis par la ville de Caen en 2018, celle-ci a consenti un bail emphytéotique à un promoteur privé qui envisage de le transformer en un hôtel de luxe.

     

          Quant aux diverses institutions judiciaires qu’il accueillait, celles-ci ont trouvé d’autres refuges : la Cour d’appel, la Cour d’assises, le Tribunal de commerce et le Conseil de Prud’hommes dans le nouveau Palais de Justice construit sur la place Gambetta et inauguré en janvier 1997 ; le Tribunal Judiciaire, issu de la fusion du Tribunal de grande instance et du Tribunal d’instance, dans un autre bâtiment livré en 2015 (rue Dumont d'Urville), et rapidement épinglé par le Cour des Comptes en décembre 2017 (https://www.ccomptes.fr/fr/documents/40970).

     

     


  •  

     

     

     

    Le Palais de Justice de Chambéry, l’ancienne capitale des États de Savoie (lithographie d’Isidore Deroy)

    1 Le Palais de Justice de Chambéry, l’ancienne capitale des États de Savoie (lithographie d’Isidore Deroy [1797-1886]. Circa 1860. Domaine public. Source : wikipedia).

     

     « S’il est une petite ville au monde où l’on goûte la douceur de la vie dans un commerce agréable et sûr, c’est Chambéry. La noblesse de la province qui s’y rassemble n’a que ce qu’il faut de bien pour vivre, elle n’en a pas assez pour parvenir. Les femmes sont belles et pourraient se passer de l’être, elles ont tout ce qui peut faire valoir la beauté et même y suppléer. Il est singulier qu’appelé par mon état à voir beaucoup de jeunes filles, je ne me rappelle pas d’en avoir vu à Chambéry une seule qui ne fut pas charmante. » (Jean-Jacques Rousseau. Confessions, livre V).

     

    Chambéry, la « Cité des ducs », a été, au fur et à mesure des siècles, le siège de juridictions d’ordre supérieur sous diverses appellations (Conseil Résident puis Conseil Souverain au XIVème siècle ; Parlement puis Cour Souveraine au XVIème siècle ; Sénat de Savoie de 1559 à 1792, puis de 1815 à 1848; Tribunal Criminel du Mont Blanc entre 1792 et 1815 ; Cour d’appel depuis 1848).

     

        Aussi, en 1848, pour installer ces juridictions judiciaires dans les meilleures conditions, le gouvernement du Royaume de Sardaigne auquel fut un temps rattaché la ville de Chambéry, décida-t-il d’y édifier un nouveau Palais de Justice. Sa construction commença deux années plus tard en présence de Victor-Emmanuel II, duc de Savoie et roi de Sardaigne.

     

     

     

    Le Palais de Justice de Chambéry et la rivière La Leysse

    2 Le Palais de Justice de Chambéry et la rivière La Leysse (Photographie publiée, vers 1890, en carte postale colorisée à la main, sous la marque « L.L. », des frères Léon & Lévy [plus tard Lévy & fils], les plus grands éditeurs de cartes postales (et surtout talentueux photographes) après les frères Neurdein [« ND »] avec lesquels ils fusionnèrent  en 1922 [« Lévy et Neurdein réunis »]).

     

        L’édifice fut achevé, en 1860, l’année même de l’annexion de la Savoie à la France impériale, décidée lors du Traité de Turin le 24 mars 1860, et confirmée par un plébiscite au suffrage universel, exclusivement masculin, le 22 avril 1860 (130 533 Savoyards pour ; 235 contre !). Pour cette raison, le roi Victor-Emmanuel de Sardaigne, désormais étranger à la ville de Chambéry, ne put participer à une inauguration éventuelle du Palais de Justice. Il en fut de même de l’empereur des Français Napoléon III, pour la raison qu’il était étranger à la décision d’édification dudit Palais, prise par le gouvernement du Royaume de Sardaigne. La cérémonie d’installation du premier procureur général de la nouvelle Cour d’appel impériale dans le Palais de Justice fit alors office d’inauguration !

     

     

     

    Le Palais de Justice de Chambéry

    3 Le Palais de Justice de Chambéry (photographie tirée sur papier albuminé. Circa 1890). 

     

          Auparavant, le Sénat de Savoie, ancienne Cour souveraine de justice du duché de Savoie, était installé à Chambéry, à l’intérieur des remparts, dans les bâtiments qui entouraient le cloître de l’ancien couvent des Dominicains, aujourd’hui disparu (actuel emplacement des Halles de Chambéry). La Cour impériale d’appel de Chambéry destinée à le remplacer ne reprit pas ces anciens bâtiments. Elle s’installa, en 1860, dans un bâtiment construit, au cours des dix années précédentes, à l’extrémité du Jardin de Verney, lui-même entièrement réaménagé, au bord de la rivière alpine La Lessey.

     

     

     

    La façade principale extérieure du Palais de Justice de Chambéry  (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle)

    4 La façade principale extérieure du Palais de Justice de Chambéry  (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

       

         Ce nouveau Palais de Justice a été construit à partir des plans de l’architecte chambérien Pierre-Louis Besson, dans un style sarde (murs et fronton surplombant l’avant-corps de la façade principale recouverts d’un enduit jaune, repeints en « rouge sarde » lors d’un ravalement effectué en 1976), et néoclassique inspiré des temples antiques grecs et romains (colonne, fronton triangulaire, portique, harmonie des proportions). 

     

     

    La statue du jurisconsulte Antoine Favre devant la façade principale du Palais de Justice  de Chambéry

    5 La statue du jurisconsulte Antoine Favre devant la façade principale du Palais de Justice (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

        La décision d’ériger, au centre de la place du nouveau Palais de Justice, une statue en bronze représentant Antoine Favre (Bourg en Bresse 1557-Chambéry 1624), un illustre jurisconsulte savoyard, Premier Président du Sénat de Savoie à Chambéry, fut prise en 1850. À cette fin, l’Académie de Savoie et le Conseil municipal réunirent plus de 40 000 F, et une souscription fut ouverte pour le solde de 20 000 F.

     

          La statue est l’œuvre du sculpteur Charles Alphonse Achille Gumery (Paris 1837-Paris 1871). Achevée en 1863, elle fut inaugurée, au centre de la place du Palais de Justice, le 15 août 1865.

     

      Elle porte les inscriptions suivantes :

       -  à droite : « A. GUMERY » ;

       - à gauche : « VOR THIEBAUT/1864 A / ANTOINE FAVRE / PREMIER PRESIDENT / DU SENAT DE SAVOIE / JURISCONSULTE EMINENT / ECRIVAIN PROFOND / HOMME D’ ETAT / NE EN 1557 MORT EN 1624 ». 

     

     

     

    La statue d’Antoine Favre (photographie stéréoscopique, tirée sur papier albuminé

    6 La statue d’Antoine Favre (photographie stéréoscopique, tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

       Pour en savoir un peu plus sur le jurisconsulte Antoine Favre. Voici deux liens pour découvrir :

    d’une part,  sur ce blog, d’une manière amusante avec des images et cartes postales anciennes (ICPA), ce qu’est un jurisconsulte :

    http://droiticpa.eklablog.com/c-est-quoi-un-jurisconsulte-a130881410

     

    d’autre part, sur wikipedia, d’une manière bien plus sérieuse, la vie et l’œuvre de ce jurisconsulte :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Favre_(1557_-_1624)

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Chambéry

    7 Le Palais de Justice de Chambéry (le cachet dit « au blason », avec les lettres E et C, en bas à gauche de cette jolie carte postale colorisée, donne à penser qu’il s’agit  de celui d’E. Reynaud qui était libraire, papetier et éditeur d’articles photographiques et de cartes postales illustrées, installé à Chambéry).

     

    De notre temps. La Cour d’appel de Chambéry et le nouveau Tribunal Judiciaire de cette citée savoyarde, issu en 2020, de la fusion de ses Tribunaux de grande instance et d’instance, siègent, aujourd’hui encore, dans le bâtiment du Palais de Justice, construit entre 1850 et 1860, dont la façade principale donne sur la place elle-même dénommée « place du Palais de Justice ».

     


  •  

     

     

     

    La Maison royale de Roanne, premier Palais de Justice de Lyon, l’ancienne capitale des Gaules

    1 La Maison royale de Roanne, premier Palais de Justice de Lyon, l’ancienne capitale des Gaules (gravure sur bois de Rogalien Le Nail, reproduite dans la thèse de doctorat de Pierre Lenail : «Notice historique sur le Parlement de Dombes : 1523-1771 », soutenue le 31 mars 1900 devant la Faculté de Lyon).

     

    « Paris pour voir, Lyon pour avoir, Bordeaux pour dispendre [dépenser] et Toulouse pour apprendre ! » (Proverbe du XVIe siècle).  

     

       Lugdunum, la Colline de la Lumière. Suite au rattachement de Lyon, l’ancienne capitale des Gaules, au Royaume de France au XIVème siècle, une sénéchaussée administrative, financière et judiciaire fut installée au cœur de la ville dans la maison dite de Roanne. Il s’agissait de l’ancienne demeure de Guillaume de Roanne, un chanoine de la cathédrale Saint-Jean, léguée par celui-ci, en 1263, au sénéchal de Lyon, Hugues de la Tour du Pin. Humbert II, dauphin de Viennois, l’un des enfants de ce dernier, après en avoir hérité, l’avait vendue au roi de France Philippe VI (1293-1350). En 1467, les juridictions royales lyonnaises s‘y installèrent définitivement.

     

            Cette première maison de justice ayant été détruite par un incendie en 1622, un nouvel édifice fut construit en 1639 pour accueillir la salle d’audience, la Chambre du Conseil, la Chambre Criminelle, le Parquet des gens du Roi, le Parquet des enquêtes, des greffes civils et criminels, la Salle des Procureurs, ainsi que des prisons (durant la Terreur, des centaines de personnes furent jugées dans ce Palais de Justice, puis guillotinées place des Terreaux).

     

         Ce Palais de Justice également dénommé Palais de Roanne, Palais de Prison et Place de Roanne, étant lui-même devenu trop étroit et vétuste, fut détruit pour permettre la construction, d’un nouvel édifice au même emplacement.  

     

     

     

     

     

    Lyon : la Saône, le Palais de Justice et le Coteau de Fourvière

    2 Lyon : la Saône, le Palais de Justice et le Coteau de Fourvière* (lithographie. Auteur non identifiable. Circa 1850. Source : Paris. Bibliothèque Nationale).

     

    *La Colline de Fourvière, qui culmine à 318 mètres, est le lieu de fondation de la cité romaine de Lugdunum. L'orthographe de Fourvières comportait un "s" jusqu'au 19ème siècle (Réf. : Dictionnaire historique de Lyon p. 512).

     

         Le nouveau Palais de Justice, construit entre 1835 et 1847, est l’œuvre du peintre, graveur et architecte Louis-Pierre Baltard (1764-1846), lyonnais d’adoption et père de l’architecte Victor Baltard, célèbre pour la réalisation des anciennes Halles métalliques de Paris. Il est situé, en plein cœur du Vieux-Lyon et du quartier Saint-Jean du 5ème arrondissement, quai Romain Rolland (ancien quai de la Bibliothèque), sur la rive droite de la Saône, et entouré par la cathédrale Saint-Jean et la basilique Notre-Dame de Fourvière (il accueillait à son ouverture la Cour d’appel de Lyon et le Tribunal de Première instance). 

     

         La façade principale du Palais de Justice, qui donne sur le quai bordant la Saône, est de style néoclassique inspiré des temples grecs forts à la mode dans la première moitié du XIXème siècle (un voyage en Italie dans ses jeunes années aurait éveillé chez Louis-Pierre Baltard une fascination pour l’art antique. « Il partit peindre et revint architecte » dit l’un de ses biographes). Elle est encore inspirée du Palais Brongniart, de même style néoclassique, situé dans le 2ème arrondissement de Paris et qui venait d’être achevé en 1825 pour accueillir la Bourse de Paris.

     

     

     

     

     

    Lyon : la Saône, le Palais de Justice et le Coteau de Fourvière. Tirage papier albuminé:

    3 Lyon : la Saône, le Palais de Justice et le Coteau de Fourvière (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

         À la manière du Livre Guinness des records. Ce Palais de Justice est sans doute l’un des plus importants de France de par les dimensions exceptionnelles de sa façade principale : 85 mètres de longueur (soit 35 mètres de plus que la longueur d’une piscine olympique), et 24 mètres de hauteur, soit celle d’un immeuble de huit étages. Il comprend encore 4 cours intérieures, nombre qui évoque celui des éléments de la Grèce antique : le feu, l’air, l’eau et la terre, ainsi qu’un gâteau breton (quatre-quarts). Mais il est plus célèbre encore pour le nombre des colonnes corinthiennes de sa façade principale… 

     

     

     

     

     

    « Le Palais des vingt-quatre colonnes » (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle)

    4 « Le Palais des vingt-quatre colonnes » (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

         … En effet, bien que privé du traditionnel fronton triangulaire de divers temples antiques, on retrouve sur son frontispice (façade principale d’un édifice ou d’un temple) pas moins de 24 colonnes identiques de 12 mères de haut. C’est la raison pour laquelle ce Palais de Justice est souvent dénommé par les lyonnais, boulistes en quadrette compris, le « Palais des vingt-quatre colonnes ».

     

        Pourquoi ce nombre de 24, identique à celui du record de hauteur d’une vague pour l’hémisphère Sud établi en 2018 ? Pour certains, ce nombre aurait été retenu par l’architecte Louis-Pierre Baltard car il correspond aux 24 heures de la journée. Situées à l’Est, les colonnes du Palais de Justice se développent ainsi le long de la Saône et reçoivent tour à tour les rayons du soleil quand il ne pleut pas.

     

     

     

     

     

     

    La Saône, la Passerelle du Palais de Justice*, le Palais de Justice et le Coteau de Fourvière (image extraite d’une photographie stéréoscopique datée 1880).

    5 La Saône, la Passerelle du Palais de Justice*, le Palais de Justice et le Coteau de Fourvière (image extraite d’une photographie stéréoscopique datée 1880).

     

    * Sur cette « Passerelle du Palais de Justice », voir mes badinages sous la dernière image de la page.

       

       On ajoutera que la pensée unique d’aujourd’hui qui magnifie sans réserve le Palais historique de Justice de Lyon, « l’un des plus beaux édifices néoclassiques français » selon une formule en vogue, ne reflète guère celle, beaucoup plus ouverte, de l’époque de son inauguration.

     

         Par exemple, Léopold Niepce (1813-1893), historien, archéologue, Conseiller à la Cour d’appel de Lyon, et Président de la société historique, archéologique et littéraire de Lyon, évoquait alors « l’imprévoyance de l’architecte Baltard, constructeur du Palais, qui a tout sacrifié à la prétentieuse colonnade de la façade et à la salle des Pas-Perdus, où il a mis du grec partout, croyant sans doute que Lyon était une ville assise au pied de l’Acropole, sous le beau climat de la Grèce. » (voir l’étude très complète consacrée au Palais de Justice de Lyon, en libre accès, sous ce lien : http://www.linflux.com/lyon-et-region/24/). 

     

     

     

     

     

    Les colonnes corinthiennes de la façade principale du Palais de Justice de Lyon (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

    6 Les colonnes corinthiennes de la façade principale du Palais de Justice de Lyon (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

          Les vingt-quatre colonnes identiques du frontispice du Palais de Justice de Lyon ont encore la particularité d’être d’ordre Corinthien, à l’instar du temple de Zeus à Athènes. Cet ordre, inventé aux alentours de 380 av. J.-C, se caractérise par une grande richesse d’éléments des colonnes et de leur chapiteau (partie supérieure d’une colonne) décoré de deux rangées de feuilles d'acanthe stylisée ainsi que des frises. Il s’oppose aux deux autres ordres architecturaux grecs antiques : l’ordre Dorique (chapiteau à échine plate, nue, sans décor), fût* orné de 20 cannelures et absence de base…); et l’ordre Ionique (chapiteau à volutes, fût* orné de 24 cannelures et base moulurée).

     

    *Le fût d’une colonne désigne la partie qui se situe entre sa base et son chapiteau. 

     

     

     

     

     

    Les colonnes corinthiennes de la façade principale du Palais de Justice de Lyon (carte postale selon un procédé en phototype monochrome aquarellé. Éditeur : Léopold Verger, installé à Paris, 161 boulevard d’Ornano. Sigle : L. V. & Cie.)

    7 Les colonnes corinthiennes de la façade principale du Palais de Justice de Lyon (carte postale selon un procédé en phototype monochrome aquarellé. Éditeur : Léopold Verger, installé à Paris, 161 boulevard d’Ornano. Sigle : L. V. & Cie.).

     

          Les fûts (voir la définition au dessus de l’image) cannelés de ces vingt-quatre colonnes sont en pierre de Villebois, et  les chapiteaux en  pierre jaune de Cruas et de Rocheret, assurant ainsi une bichromie (deux couleurs) de l’ensemble. Ils reposent sur un grand soubassement de pierre à l’appareillage cyclopéen (mur de pierre d’apparence rustique) et sont surmontés d’un entablement (partie supérieure surmontant une colonne et qui comprend l'architrave, la frise, en l’espèce à têtes de lions, et la corniche), puis d’un haut bandeau d’attique (partie supérieure qui couronne l’édifice).

     

         Entre chaque colonne se trouvent des fenêtres et des bas reliefs qui représentent des  faisceaux de licteur surmontés d’une tête de lion symbolisant la force. Dans la Rome antique, le faisceau de licteur était un objet de nature symbolique porté par un licteur, officier au service d’un Magistrat, représentant deux instruments de punition : en l’espèce, un faisceau de verges pour la flagellation, surmonté d’une hache pour la peine de mort, elle-même décorée, d’une tête de lion.

     

         Un escalier monumental permet d’accéder à l’entrée principale du Palais de Justice. De part et d’autre de cet escalier se trouvent deux piédestaux en attente de statues depuis 1847, et recouverts de fientes d’oiseaux du Rhône.

     

     

     

    Lyon : le Palais de Justice et le Coteau de Fourvière (carte postale ancienne colorisée à la main, éditée par les frères Neurdein, sous le sigle « ND Photos »).

    8 Lyon : le Palais de Justice et le Coteau de Fourvière (carte postale ancienne colorisée à la main, éditée par les frères Neurdein, sous le sigle « ND Photos »).

     

    De notre temps. Le Palais de Justice de Lyon, construit au XIXème siècle, est actuellement le siège de la Cour d’appel de Lyon, de la Cour d’Assises du Rhône, et de divers services du Conseil Général.

       Quant au nouveau Tribunal judiciaire, issu en 2000, de la fusion du Tribunal de Grande Instance et du Tribunal d’Instance de Lyon, il siège, avec le Tribunal de commerce, dans un autre Palais de Justice construit en 1995 dans le quartier de la Part-Dieu (entrée des piétons au 67 rue Servient).

     

       Aussi, pour distinguer ces deux Palais de Justice en activité, le plus ancien construit entre 1835 et 1847, est dénommé « Palais de Justice  Historique », et celui achevé en 1995 « Nouveau Palais de Justice ». 

     

     

     

     

     

     

    Lyon : le Palais de Justice et le Coteau de Fourvière. La Tour* et le Restaurant Gay** (carte postale ancienne colorisée, sous la marque « L.L. », des frères Léon & Lévy [plus tard Lévy & fils]

    9 Lyon : le Palais de Justice et le Coteau de Fourvière. La Tour* et le Restaurant Gay** (carte postale ancienne colorisée, sous la marque « L.L. », des frères Léon & Lévy [plus tard Lévy & fils], les plus grands éditeurs de cartes postales après les frères Neurdein [« ND »]). 

     

        * La Tour métallique de Fourvière, qui culmine à 372 mètres d’altitude, a été construite de 1892 à 1894, sur le modèle du troisième étage de la Tour Eiffel, pour servir d’observatoire.

     

        ** En  1914, année de l'Exposition universelle à Lyon, se trouvait, près de cette Tour, le Restaurant Gay, ainsi qu’un ascenseur hydraulique permettant d’emmener une vingtaine de visiteurs au sommet de l’observatoire.

     

     

     

     

    Les Dames de la Belle Époque en manteau de sortie sur la Passerelle du Palais de Justice de Lyon (photographie tirée sur papier albuminé. Octobre 1894).

    10 Les Dames de la Belle Époque en manteau de sortie sur la Passerelle du Palais de Justice de Lyon (photographie tirée sur papier albuminé. Octobre 1894).

     

        « Lyon est une ville arrosée par trois grands fleuves: le Rhône, la Saône et le beaujolais, qui n'est jamais limoneux, ni à sec », disait l'écrivain Léon Daudet (1867-1942), fils d'Alphonse Daudet (1840-1897).  La Saône, appelée Arar dans l’antiquité, qui seule nous intéresse en ce qu’elle longe le quai des Célestins sur lequel donne l’actuelle place Paul Duquaire, devant la façade principale du Palais de Justice, est aujourd’hui encore dénommée « Passerelle du Palais de Justice ».

     

          Son histoire débuta en 1778 avec la construction d’un pont constitué de douze bateaux reliés entre eux par des amarres et des cordes rattachées sur chaque rive à des pilotis enfoncés dans le lit de la Saône. Emporté par les eaux glacées en 1795, il fut remplacé par un pont de bois à péage, lui-même remplacé, en 1833 par un pont suspendu de 90 mètres de portée, lequel sera à son tour emporté par une crue en 1840. Il sera reconstruit tel qu’on le découvre sur les diverses photographies de cette page, prises dans la seconde moitié du XIXème siècle.

     

         Démoli en 1972, ce dernier pont sera remplacé, en 1982, par une passerelle au pylône unique auquel sont rattachés les câbles de soutien du tablier. Longue de 126 mètres et large de 4 mètre, cette passerelle est réservée aux piétons qui ne peuvent y jouer aux boules lyonnaises, ainsi qu’aux plaideurs et hommes de justice résidant sur la rive gauche, pour leur permettre d’accéder plus facilement à l’entrée principale du Palais de Justice, sur la rive droite, sans avoir à faire un détour par le Pont routier Alphonse-Juin, ou le Pont Bonaparte. 

     

     

     

     


  •  

     

     

     

    Le Pavillon Daviel, Palais de Justice de Marseille de 1747 à 1862

    1 Le Pavillon Daviel, Palais de Justice de Marseille de 1747 à 1862 (carte postale pionnière d’Émile Lacour, pseudonyme de Victor Émile Rosales [1848-1913], photographe et éditeur de cartes postales, installé 56 rue de Rome, puis rue Saint Ferréol, à Marseille. Circa 1890).

     

     

    « Le séjour à Marseille m’a formé le caractère. Je suis disposé à prendre tout en gai et je guéris de la mélancolie. »  (Stendhal).

     

     

     

          Marseille, « l’Athènes des Gaules » (Chateaubriand), est non seulement la plus ancienne ville de France, fondée, vers 600 av. J.-C, par des colons grecs originaires de Phocée, sous le nom de Massalia, et celle où naquirent Pétrone, Fernandel, Marcel Pagnol et Zinédine Zidane. Elle est encore une importante cité judiciaire dont les diverses juridictions attirent moult gens de justice : Tribunal de Grande Instance (héritier, en 1958, du Tribunal de Première Instance) et Tribunal d’Instance, tous deux fusionnés en 2020 en Tribunal Judiciaire ; Tribunal de commerce ; Conseil des Prud’hommes ; Tribunal administratif ; Cour Administrative d’Appel. Elle reste toutefois privée de la Cour d’Appel Judiciaire de Provence, héritière du Parlement de Provence, qui a toujours été dévolue à sa voisine des Bouches-du- Rhône, Aix-en-Provence.

     

     

     

     

    Le Pavillon Daviel, Palais de Justice de Marseille de 1747 à 1862

    2 Le Pavillon Daviel, Palais de Justice de Marseille de 1747 à 1862 (la même carte postale pionnière d’Émile Lacour, colorisée par des « petites mains »).

     

     

        Aussi pour accueillir les juridictions de la cité phocéenne, « la plus belle ville de France…. tellement différente de toutes les autres. » (Arthur Shopenhauer), un Premier Palais de Justice fut édifié, en 1576, au nord du Vieux Port, dans le  quartier du Panier (actuel 2ème arrondissement), sur une place qui n’a cessé de changer de nom (Place des Lois, Place du Palais, Place de l’École de Médecine, et, depuis le 5 février 1895, Place Daviel).

     

      Cet édifice étant devenu trop petit pour l’activité judiciaire, un arrêté du 18 décembre 1742 du roi Louis XV décida la construction d’un nouveau Palais de Justice. Celui-ci fut construit, entre 1743 et 1747, par les frères Charles et Joseph Ignace Gérard, sur l’emplacement de l’ancien Palais de Justice, et celui de maisons voisines rachetées à cette fin, en face du calvaire de l’église Notre-Dame-des-Accoules (pendant les travaux, les services judiciaires furent installés dans la maison du marquis de Jarente-la-Bruyère, rue des Olives).

     

      Le nouvel édifice judiciaire a été construit en pierres roses extraites des carrières de calcaire burdigalien de la Couronne, utilisées de façon continue depuis le IIème siècle avant J.-C. (remparts hellénistiques encore visibles dans le Jardin des Vestiges : tour penchée et mur de Crinas), jusqu’au XVIIIème siècle, non seulement pour les bâtiments publics mais également pour les maisons particulières.

     

     

     

     

     

    La façade nord du Pavillon Daviel, ancien Palais de justice de Marseille

    3 La façade nord du Pavillon Daviel, ancien Palais de justice de Marseille (source : © Revue Marseille).

     

     

         Le sculpteur marseillais Jean-Michel Verdiguier (1706-1796) signa le fronton de ce Palais de Justice. On y voit, aujourd’hui encore, une déesse chevauchant un lion, entouré d’un enfant présentant d’une main l’écusson de la cité phocéenne et de l’autre les Tables de la Loi, et de quatre autres enfants. Jean-Michel Verdiguier réalisa également les bas reliefs situés au-dessous des fenêtres du deuxième étage, qui représentent la main de justice et la torche de Thémis, la déesse de la justice. C’est depuis ce balcon en fer forgé que, sous la Révolution française, des centaines de jugements de condamnations à mort furent publiquement prononcés (les exécutions avaient lieu juste en face du Palais de Justice, sur la Place où la guillotine était installée).  

     

       Devenu lui même trop étroit, ce Palais de Justice, siège du Tribunal de Première Instance, fut à son tour remplacé par un autre édifice achevé et inauguré en 1862 sur la Place Monthyon (voir ci-après). Le Pavillon de l’ancien Palais de Justice fut alors dévolu à l’École de Médecine de 1874 à 1893. Depuis, il accueille des services annexes de la Mairie centrale de Marseille.

     

        On notera enfin que le nom de Daviel, attribué, depuis le 5 février 1895, à la Place et à l’Hôtel (ou Pavillon), siège de l’ancien Tribunal de Première Instance de Marseille, n’a aucun rapport avec le Droit et la Justice. Il s’agit de Jacques Daviel (1693-1762), un chirurgien et ophtalmologue français qui réalisa la première opération de la cataracte, le 2 avril 1745, à l’Hôtel-Dieu de Marseille. Sa statue en bronze trône également sur cette place qui porte son nom (il a encore laissé son nom à une rue du quartier de la Butte-aux-Cailles, à Paris. dans le 13ème arrondissement).

     

     

     

     

     

    Le nouveau Palais de Justice de Marseille, place Monthyon (Photographie d’Adolphe Terris [1820-1899], tirée sur papier albuminé. Circa 1865)

    4. Le nouveau Palais de Justice de Marseille, place Monthyon (Photographie d’Adolphe Terris [1820-1899], tirée sur papier albuminé. Circa 1865).

     

     

           C’est en 1839 que le Préfet des Bouches-du- Rhône, Charles-Aristide de Lacoste du Viviers, proposa au Conseil général la construction d’un nouveau Palais de Justice à l’emplacement de l’ancien. Après avoir longtemps hésité, le Conseil général décida, en 1856, la construction d’un nouveau Palais de Justice non pas sur cet emplacement mais sur des terrains cédés par la ville de Marseille place Monthyon (Jean-Baptiste de Montyon fut, au XVIIIème siècle, intendant de Provence. J’ignore pourquoi la lettre « h » a été ajoutée au nom de la place éponyme).

     

         L’inauguration de ce nouveau Palais de Justice, parfois appelé Pavillon Monthyon, eût lieu le 4 novembre 1862. M. Mourier, Procureur impérial près le Tribunal de Marseille, prononça le discours d’ouverture de l’audience inaugurale, suivi par Édouard Luce, Président du Tribunal Civil.

     

     

     

     

     

    Le nouveau Palais de Justice de Marseille, place Monthyon (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle)

    5. Le nouveau Palais de Justice de Marseille, place Monthyon (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

     

      Néo-classissisme antiquisant. Les plans du nouveau Palais de Justice ont été dressés par Auguste Martin (1818-1877), un architecte marseillais. Celui-ci adopta naturellement le style néoclassique, inspiré de l’antiquité gréco-romaine, alors à la mode pour la construction des Palais de Justice dans toute la France.

     

     

     

     

     

    Le nouveau Palais de Justice de Marseille, place Monthyon (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle)

    6. Le nouveau Palais de Justice de Marseille, place Monthyon (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

     

         Pour nous limiter à la façade extérieure de  ce « Temple de Justice », longue de 57 mètres, on retrouve sur son frontispice (façade principale), d’ordre Ionique (voir la définition page précédente), six colonnes entièrement cannelées, surmontées d’un fronton triangulaire. Ce fronton offre une sculpture d’Eugène Guillaume (1822-1905), qui représente La Justice avec, à sa droite La Force et dans l’angle Le Crime accroupi évoqué par une tête d’homme, et, à sa gauche, La Prudence et L’Innocence.

     

          On accède à l’entrée principale du Palais de Justice par un perron monumental de vingt-cinq marches (sans rampe, ça craint !).

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice et l’ancienne statue en bronze de l’avocat Pierre-Antoine Berryer, place Monthyon (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle)

    7 Le Palais de Justice et l’ancienne statue en bronze de l’avocat Pierre-Antoine Berryer, place Monthyon (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle).

     

     

           Le 25 avril 1875 a été inaugurée à Marseille, sur la place Monthion, devant le Palais de Justice, une statue en bronze représentant Pierre-Antoine Berryer. Cette statue de Jean-Auguste Barre, dit Auguste Barre (1811-1896), avait été exposée en 1874, au Salon de Paris, dans le cadre de la Première Exposition de l’Impressionnisme.

     

         Pas de chance, cette  statue en bronze fut fondue sous l’Occupation allemande de la zone libre, en application, sauf erreur de ma part, d’une loi du 11 octobre 1941 aux termes de laquelle : « Il sera procédé à l’enlèvement des statues et monuments en alliages cuivreux dans les lieux publics… qui ne présentent pas un intérêt artistique ou historique ».

     

         Mais, fort heureusement pour le barreau de… Paris !!!, la statue en bronze en hommage à Pierre-Antoine Berryer fut remplacée, en 1948, par une statue, cette fois en marbre, due au ciseau du sculpteur marseillais Élie-Jean Vézien (1890-1982). 

     

     

     

     

     

    Pierre-Antoine Berryer (photographie en portrait carte-de-visite, tirée sur papier ou carton albuminé, par Charles Reutlinger. Circa 1870)

    8 Pierre-Antoine Berryer (photographie en portrait carte-de-visite, tirée sur papier ou carton albuminé, par Charles Reutlinger. Circa 1870).

     

     

            Qui donc était ce Pierre-Antoine Berryer (1790-1868), aussi célèbre pour les Marseillais que Fernandel, Marcel Pagnol et Zinédine Zidane, tous trois nés dans la cité phocéenne ? Pour le savoir, je vous invite à lire l’excellente biographie que lui ont consacrée les contributeurs anonymes de Wikipedia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Antoine_Berryer).

     

            Vous y découvrirez qu’il s’agit d’un des plus grands avocats de son temps : sous la Seconde Restauration (1815-1830), où il a plaidé en faveur de personnalités de l’Empire comme le maréchal Ney, les généraux Devbelle et Cambronne, et le père Lamennais ; sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), où il a défendu notamment l’écrivain Chateaubriand ; et, sous le Second Empire (1852-1870), où il a défendu Élisabeth de Jeufosse, l’une des protagonistes de la ténébreuse affaire dite de Jeufosse (https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_de_Jeufosse), ainsi que le comte Charles de Montalembert, poursuivi pour avoir écrit un article dans lequel il critiquait le pouvoir politique français (condamné, il sera en définitive gracié par l’Empereur Napoléon III).

     

        Mais, me direz-vous quel rapport avec la ville de Marseille étrangère aux lieux de naissance et de décès de Pierre-Antoine Berryer, et plus encore de son cabinet d’avocat sis à Paris. Tout simplement parce que, comme nombre d'avocats, il a été happé par le démon de la politique (voir dans les prochains mois, sur ce blog, les articles que je suis en train de préparer intitulés : Du Droit au Démon de la Politique). C’est ainsi que nous retrouvons l’avocat Pierre-Antoine Berryer, légitimiste convaincu, favorable au rétablissement de la royauté dans la personne du chef de la maison de Bourbon, à l’assaut de sièges politiques opportunément offerts par cette cité de Provence méditerranéenne, à l’origine de la bouillabaisse. Qu’on en juge… de droit :

     

    -  Il fut élu, le 23 avril 1848, à l’Assemblée nationale Constituante de la Deuxième République (1848-1852), par le département des Bouches-du-Rhône (capitale Marseille) ;

     

    -  Il fut réélu par ce même département, le 13 mai 1849, au sein de l’Assemblée nationale législative de la Deuxième République ;

     

    -   Et, après une pose pour gérer au mieux son cabinet d’avocat à Paris, il se sacrifia de nouveau pour la vie publique, sous le Second Empire, en se portant candidat aux élections législatives dans la 1ère  circonscription des Bouches-du-Rhône (celle de Marseille). Il fut alors élu, pour six années, au Corps législatif, institué par la Constitution du 14 janvier 1852, au suffrage universel direct, avec 14 425 voix sur 22 513 votants et 40 960 inscrits, contre 7 818 à Louis-Philippe Lagarde, maire de Marseille.

      

     

     

     

     

    La façade du nouveau Palais de Justice de Marseille, place Monthyon

    9 La façade du nouveau Palais de Justice de Marseille, place Monthyon (carte postale ancienne colorisée, sous la marque « L.L. », des frères Léon & Lévy [plus tard Lévy & fils], les plus grands éditeurs de cartes postales après les frères Neurdein [« ND »] avec lesquels ils fusionnèrent  en 1922 [« Lévy et Neurdein réunis »]). 

     

     

       De notre temps. Le Palais de Justice de Marseille, construit dans la deuxième moitié du XIXème siècle, étant devenu trop étroit, un autre Palais  de Justice dit Annexe a été construit par l’architecte Gaston Castel, en 1930 et 1931, rue Fortia (depuis devenue rue Émile Pollak du nom du célèbre avocat marseillais mort en 1978). Il fut inauguré, le 16 juillet 1933, par le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Eugène Penancier. Sa façade principale Art-Déco est inspirée de l’architecture classique grecque avec quatre colonnes cannelées (la façade a été restaurée en 2017 et 2018).

     

       Aujourd’hui, ces deux Palais de Justice, à proximité l’un de l’autre, se partagent encore les juridictions et services judiciaires de Marseille. Celui principal, place Monthyon (accès du public par la rue Joseph Autran), rénové de 2013 à 2015, accueille le Tribunal Judiciaire issu de la fusion des Tribunaux d’instance et de grande instance, le Tribunal de Police, le centre de médiation, ainsi que les archives et les scellés de ces juridictions. Celui Annexe de la rue Émile Pollack accueille notamment le Tribunal de commerce et des dépendances du Tribunal Judiciaire.

     

         Quant à la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, héritière du Parlement de Provence, elle compte, dans son ressort, le Tribunal Judiciaire de Marseille, ainsi que ceux d’Aix-en-Provence, Digne-les-Bains, Draguignan, Grasse, Nice, Tarascon, et Toulon. Elle couvre, de la sorte, quatre départements : celui des Bouches-du-Rhône dont Marseille est la préfecture, et ceux du Var, des Alpes-Maritimes et des Alpes de Haute Provence. 

     

     

     

     

     

    Les nounous au Cours Pierre Puget, devant la statue de l’avocat Pierre-Antoine Berryer et le nouveau Palais de Justice (carte postale colorisée par de « petites mains ». Non datée).

    10 Les nounous au Cours Pierre Puget, devant la statue de l’avocat Pierre-Antoine Berryer et le nouveau Palais de Justice (carte postale colorisée par de « petites mains ». Non datée).

     

     

    CÉSAR : Bagasse ? Pour moi, c'est le seul mot d'anglais qu'il connaisse, alors, il le dit tout le temps pour étonner le monde.

    M. BRUN : Eh bien, c'est bizarre, mais je le croyais Marseillais.

    CÉSAR : Marseillais ?

    PANISSE : Oh ! dites vous êtes pas fada ?

    M. BRUN : Dans le monde entier, mon cher Panisse, tout le monde croit que les Marseillais ont le casque et la barbe à deux pointes, et qu'ils se nourrissent de bouillabaisse et d'aïoli, en disant " bagasse " toute la journée.

    CÉSAR : Eh bien ! Monsieur Brun, à Marseille, on ne dit jamais bagasse, on ne porte pas la barbe à deux pointes, on ne mange pas très souvent d'aïoli et on laisse les casques pour les explorateurs — et on fait le tunnel du Rove, et on construit vingt kilomètres de quai, pour nourrir toute l'Europe avec la force de l'Afrique. Et en plus, monsieur Brun, en plus, on emmerde tout l'univers. L'univers tout entier, monsieur Brun. De haut en bas, de long en large, à pied, à cheval, en voiture, en bateau et vice versa. Salutations. Vous avez bien le bonjour, Gnafron.

     

    (Marcel Pagnol. Fanny. Acte I, Premier tableau, Scène VII. 1931).

     


  •  

     

     

     

    Le Palais de Justice de Montpellier, ancienne capitale du Bas-Languedoc, entre l'antique voie Domitienne, la Lez et La Mosson (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée)

    1 Le Palais de Justice de Montpellier, ancienne capitale du Bas-Languedoc, entre l'antique voie Domitienne, la Lez et La Mosson (photographie tirée sur papier albuminé. Non datée).

     

     

    VIRGO MATER, NATVM ORA, VT NOS JVVET OMNI HORA. (« Vierge mère, priez votre Fils, pour qu'il nous vienne en aide à toute heure. » La Vierge Marie, sous le vocable « Notre-Dame-des-Tables » est la sainte patronne de Montpellier).

     

     

    Au fil des siècles. Au Moyen Âge, sous le règne des Guilhem, seigneurs depuis 985 du fief de Montpellier (Mons Pestelarium), qu’ils avaient reçu du comte de Melgueil, la justice était rendue en première instance par un bailli et, en appel, d’abord, par la Cour du seigneur installée dans l’ancien château fort des Guilhem, puis devant la Cour du bailli.

     

    En 1577, sous la domination des rois de France, le château de Guilhem, devenu Palais des Gouverneurs, fut détruit. Une nouvelle Cour de justice, la Cour des Comptes, Aides et Finances, fut alors construite, en 1629, sur ses ruines. Elle devint un Tribunal révolutionnaire sous la Révolution, une Cour impériale en 1811, et une Cour royale en 1814.

     

    Les bâtiments de cette Cour de justice furent détruits à leur tour et, au même emplacement, fut édifié, entre 1846 et 1853 (Monarchie de Juillet et Seconde République), un nouveau palais de justice, siège de la Cour d’appel de Montpellier et de son Tribunal de Première instance lequel deviendra, en 1958, un Tribunal de Grande instance.

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Montpellier, « la ville où le soleil ne se couche jamais » (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle. Paul Getty Museum Collection)

    2 Le Palais de Justice de Montpellier, « la ville où le soleil ne se couche jamais » (photographie tirée sur papier albuminé. XIXème siècle. Paul Getty Museum Collection).

     

    À l’instar de la plupart des palais ce justice édifiés au XIXème siècle, celui de Montpellier est de style néoclassique inspiré des temples antiques gréco-romains. On y retrouve donc les colonnes cannelées (six en façade, et deux de chaque côté du portique), surmontées d’un fronton de forme triangulaire. Ce fronton est enrichi d’une fresque du sculpteur Joseph Marius Ramus (1805-1888), qui représente « La Justice protégeant l’innocent et dévoilant le crime ».

     

     

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Montpellier (photographie stéréoscopique tirée sur papier albuminé, par Étienne Neurdein. Ca 1860- ca 1890)

    3 Le Palais de Justice de Montpellier (photographie stéréoscopique tirée sur papier albuminé, par Étienne Neurdein. Ca 1860- ca 1890).

     

    Derrière le péristyle (galerie de colonnes faisant le tour extérieur), deux statues ont été installées et inaugurées en 1862.

     

     

     

     

     

     

    Monument du palais de justice de Montpelier en l’honneur du cardinal de Fleury

    4 Monument du palais de justice de Montpellier en l’honneur du cardinal de Fleury (sculpture de Jean-Baptiste Joseph Debay dit Debay fils [1802-1862]. Source : Documentation du Musée d’Orsay. Fonds Debuisson

    hhttps://anosgrandshommes.musee-orsay.fr/index.php/Detail/objects/2482ttps://anosgrandshommes.musee-orsay.fr/index.php/Detail/objects/2482).

     

     

           Sur la gauche, la statue du cardinal Henri Hercule de Fleury (1653-1743), précepteur puis Ministre d’État (comparable à un Premier ministre) du jeune roi Louis XV, de 1726 à 1743. Cet ecclésiastique et Homme politique était né à Lodève, au nord-ouest de Montpellier dans le département de l’Héraut en Occitanie. Son frère aîné, Gabriel Hercule de Fleury, fut Conseiller à la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier.

     

     

     

     

     

     

    Monument du Palais de Justice de Montpelier en l’honneur de Cambacérès (sculpture de Jean-Baptiste Joseph Debay dit Debay fils [1802-1862]. Source : wikipedia, photographie de Finoskov.

      5 Monument du Palais de Justice de Montpellier en l’honneur de Cambacérès (sculpture de Jean-Baptiste Joseph Debay dit Debay fils [1802-1862]. Source : wikipedia, photographie de Finoskov.

    https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Montpellier,palais_de_Justice10,Jacques_de_Cambac%C3%A9r%C3%A8s.jpg). 

     

        Sur la droite du péristyle du palais de justice, la statue de Jean-Jacques-Régis de Cambacérès (1753-1824), l’un des plus célèbres jurisconsultes français. Je rappellerai trois aspects de sa vie :

     

    -  Primo, Cambacérès naquit, le 18 octobre 1753, à Montpellier (son  père, Jean-Antoine de Cambacérès, était Conseiller-maître de la Cour des comptes, aides et finances de cette ville). Après ses études de droit, il s’installa, en 1772, comme avocat, à Montpellier, avant de succéder à son père, le 16 novembre 1774, dans la charge de Conseiller à la Cour des comptes, aides et finances.

     

    -  Secundo, Cambacérès abandonna ses fonctions judiciaires pour rejoindre Paris et la vie politique (député du Tiers-État aux États Généraux en 1789 [élu du département de l’Hérault] ; membre de la Convention en 1792, affecté au Comité de législation ; Président, successivement, de la Convention nationale sous la Première République, du Comité de Salut Public entre 1794 et 1795,  et du Conseil des Cinq Cents en 1796 ; ministre de la Justice en 1799 ; Deuxième consul en 1799 après le coup d’État du 18 Brumaire de Napoléon Bonaparte ; nommé, en 1804, Archichancelier de l’Empire [de fait, deuxième personnage de l’État].

     

    -  Tertio, Cambacérès fut l’un des pères de notre Code civil issu d’une loi du 30 ventôse an XII (21 mars 1804). D’abord, en préparant, à titre personnel, sous la Convention, trois projets de Code civil. Puis, en participant activement aux séances de  travail de la Commission de rédaction du Code civil instituée par Bonaparte, le 24 Thermidor de l’an VIII (13 août 1800). En effet, cette Commission, présidée par François Denis Tronchet, et composée de Jacques de Maleville, Jean Bigot de Préameneu, et Jean Etienne Marie Portalis, s’inspira des premiers projets de Code civil de Cambacérès et de ses observations lors des séances de travail.

     

     

     

     

    Le Palais de Justice de Montpellier (carte postale ancienne colorisée par des « petites mains ». Éditeur : J. Astay, Montpellier. Circa 1900)

    6 Le Palais de Justice de Montpellier (carte postale ancienne colorisée par des « petites mains ». Éditeur : J. Astay, Montpellier. Circa 1900). 

     

     

       De notre temps. Ce Palais de Justice, construit au milieu du XIXème siècle, accueille, aujourd’hui encore, la Cour d’appel et la Cour d’assises (1, rue Foch).  De leur côté, le Tribunal de Grande instance et celui d’Instance de Montpellier, devenus Tribunal judiciaire le 1er janvier 2020, ont été transférés, depuis 1996, dans de nouveaux bâtiments édifiés place Pierre Flotte, également siège du Tribunal pour enfants. D’autres services judiciaires, comme le Tribunal de commerce et le Conseil de Prud’hommes, ont élu domicile dans la Cité Judiciaire Méditerranée (9, rue de Tarragone).

     

     

    Montpellier

    (poésie de Michel Valat.1/11/2010)


    Elle a le charme inquiet des cités littorales,
    Entre terre et la mer qu’elle aime amignonner ;
    Son âme irrésolue sans cesse la brimbale,
    Sans pouvoir se résoudre à quelle se donner.

    Si vous la parcourez par ses vieilles venelles,
    Ses kyrielles de marches, ses courtils resserrés,
    Ses placettes craintives, ses fontaines si belles,
    Ne vous étonnez pas qu’elle vous fasse pleurer.

    C’est une ville affable, aux senteurs de genêts
    Quand les grands vents algides traversent la montagne,
    Ils allument des feux dans l’azur cotonné,
    Avant d’aller mourir aux portes de l’Espagne.

    Elle a tout pour ravir le natif ou l’aubain :
    La tour de la Babote, les prodigieux hôtels,
    L’aqueduc des Arceaux qui se voulait romain,
    Et son Arc qui triomphe vers le Puy d’Arquinel.

    Dès qu’on est en ses murs, on la fait vite sienne.
    Douce barcelonnette où chaque homme renaît,
    Pareille aux blocs antiques de la voie domitienne,
    Infrangible coquette, en mon cœur à jamais.

     

    (Source : https://poesie.webnet.fr/vospoemes/Poemes/michel_valat/montpellier)

     

     





    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique